Résistance Mumbai 2004 :
Le forum social mondial, les
ONG et le point de vue révolutionnaire.
À l'occasion de la tenue du troisième Forum
social mondial (FSM) qui se tient en janvier 2004 à
Mumbai en Inde, un regroupement d'organisations
internationalistes et anti-impérialistes a
appelé à la tenue d'une conférence
parallèle dans le but de réunir les forces qui
veulent lutter concrètement contre la guerre et la
mondialisation impérialiste. Pour appuyer cette
initiative qui se veut une autre voie face aux "
alternatives " de gauche, nous vous présentons un
résumé de deux articles publiés par les
camarades du Parti communiste de l'Inde (PCI (ML) People's
War - vous pouvez consulter ces deux articles dans leur
intégralité au site
www.peoplesmarch.com).
Tel que mentionné par l'auteur, nous espérons
que cet article critique aidera à clarifier le
caractère trompeur " d'opposition " à la
mondialisation des organisateurs du FSM et qui dupe
facilement les intellectuels et même une partie du
camp révolutionnaire
" Nous pouvons conclure de cette analyse que
le FSM est au fond un amalgame d'organisations
non-gouvernamentales (ONGs) et
social-démocrates. Leur but est de maintenir
le statu-quo tout en adoptant un ton radical. Ce
ton fait en sorte de taire les contradictions de
classe à l'intérieur du
système capitaliste et promouvoit une
approche non-classiste des problèmes du
monde contemporain sous le couvert de la "
société civile ". Cela revient
à distraire le peuple de la lutte
révolutionnaire en canalisant leur
colère et leurs désillusions envers
le système dans des voies pacifistes,
créant ainsi l'illusion que la bourgeoisie
est démocratique et que les souffrances de
cette société peuvent être
soignées par la soi-disant "
démocratie participative ". Ces
organisations tentent ainsi de remplacer l'action
politique des partis révolutionnaires en
formant des milliers de forums sociaux dotés
de programmes obscurs et qui laissent les masses
sans direction et désorganisées
".
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La mondialisation et le rôle des ONGs
Avec la mise en place de la nouvelle offensive
impérialiste vers la fin des années '70 et la
chute des régimes social-impérialistes de
l'ex-URSS et des pays de l'Est, les ONGs ont
proliféré et avec elles, un nouveau
vocabulaire : prise de pouvoir, société
civile, anti-étatisme, justice sociale, droits
humains, mouvements identitaires, auto-suffisance,
développement communautaire, développement
durable, démocratie participative, protection de
l'environnement et ainsi de suite…
Il n'est pas étonnant de voir que la Banque Mondiale,
la BAD et autres agences de l'ONU utilisent le même
vocabulaire. Cela peut paraître paradoxal, mais nous
allons voir qu'une des stratégies les plus
répandue des classes exploiteuses est d'exercer la
répression tout en appliquant des
réformes. Tout en perpétuant des massacres
envers les masses en révolte, certains gouvernements
fascistes vont consacrer des fonds dans de supposés
programmes de bien-être social ou de
développement. Pire encore, de temps en temps, ils
vont s'enquérir des violations des droits humains
perpétrés par leurs propres mercenaires et
vont mettre sur pied des commissions des droits humains.
Ainsi, récemment avons-nous pu voir
l'impérialisme américain perpétrer les
pires agressions et tueries en Afghanistan et en Iraq, et
distribuer du même coup de la nourriture et de "
l'aide humanitaire " aux victimes des bombardements. De la
même façon, l'ONU autorise l'usage de la force
pour bombarder l'Afghanistan, le Kosovo et l'Iraq, tout en
envoyant des missions pour fournir eau, aliments et
médicaments par l'entremise de ses " agences d'aide
humanitaire ". De même, la Banque Mondiale autorise
l'expropriation de milliers de personnes afin de construire
d'énormes barrages et par la suite, elle va mettre
sur pied des organisations pour construire des maisons
destinées aux déplacés. Ces mêmes
institutions impérialistes qui détruisent
l'environnement, ont mis sur pied des ONG qui luttent pour
la protection de l'environnement. De la même
manière, les impérialistes qui ravagent le
monde avec leurs politiques de libéralisation et de
mondialisation ont mis sur pied des ONG qui vont
réconforter ceux qui sont affectés par ces
mêmes politiques.
Mais malgré toute cette propagande
réactionnaire, l'intensification des luttes
anti-impérialistes se poursuit et elle prend elle
aussi un caractère mondial. Sous la direction de
partis maoïstes, la guerre populaire avance au
Népal, aux Philippines, au Pérou, en Inde, en
Turquie. Même si le socialisme - dont les reculs et
revers sont encore à expliquer pour elles- n'est pas
l'idéologie dominante aux yeux des masses, le
capitalisme lui, est de plus en plus
discrédité.
Cette unité croissante de la classe
ouvrière et la naissance de nouveaux partis
révolutionnaires dans plusieurs pays du monde
discrédite le mythe des mouvements identitaires comme
thèse dominante du monde contemporain, qui ferait de
l'unité de classe une chose du passé. Ce
développement ne fait pas l'affaire des
réactionnaires des pays impérialistes et de
leurs laquais compradores des pays du tiers monde.
La prolifération des Organisations
non-gouvernementales (ONG) vers les années 90 n'est
pas étrangère à ce fait. Cette
prolifération suit des près les luttes du
prolétariat. Ainsi, la première région
où les ONG ont proliféré comme des
champignons fut l'Amérique Latine : les
émeutes au Venezuela, la grève
générale en Bolivie, la rébellion
rurale au Mexique, la révolte autochtone au
Brésil, les soulèvements urbains dans les
grandes villes et plus particulièrement le mouvement
maoïste au Pérou ont fait trembler les
impérialistes. La répression envers la
rébellion des masses fut féroce aussi. La
Bolivie comptait 100 ONG en 1980. En 1992, elle en comptait
530, lesquelles ont reçu une somme de 738 millions de
dollars en 1991 de la part de la Banque mondiale. Selon un
rapport de l'OCDE (qui regroupe les 24 pays les plus riches
du monde ayant admis tardivement le Mexique et la Turquie)
en 1989, on comptait 4000 ONG dans les pays membres,
dépensant annuellement quelques trois milliards de
dollars. En 2000, on en comptait 50 000 oeuvrant en Asie, en
Afrique et en Amérique latine. Ces ONGs
bénéficiaient de budgets annuels totalisant 8
milliards de dollars. Et ce nombre ne fait qu'augmenter.
Les ONG dans l'histoire
Malgré leur nom, les organisations
non-gouvernementales sont financées et
dirigées par les diverses agences mondiales, les
divers gouvernements impérialistes et leurs laquais
compradores. Elles jouent le rôle d'agent de liaison
entre les peuples et le gouvernement, elles servent d'outil
pour influencer les opinions de la " société
civile ". En général seulement 10 à 15
% des fonds alloués vont servir directement les
besoins de la population, le reste servira au maintien de
l'establishment des ONG et à couvrir les frais des
soi-disant bénévoles.
Il y a trois catégories de ONG selon le type de
service offert. La première est celle qui va
prodiguer les premiers secours aux victimes de la guerre,
des catastrophes naturelles, des accidents, etc. Elles
étaient importantes jusqu'à la reconstruction
de l'Europe d'après-guerre). Nous pouvons
définir cette première catégorie comme
regroupant les ONG de charité. Elle
caractérise la période coloniale.
La seconde catégorie va se concentrer sur le
développement social et économique à
long terme. Elles seront importantes en Europe vers 1960 et
dans les pays du tiers monde où elles offriront de la
formation technique, construiront des écoles, des
hôpitaux, des installations sanitaires, etc. Elles
s'affichent pour l'autosuffisance, le développement
des ressources locales de production et des marchés
ruraux, la participation de la population dans le
développement des activités, etc. Elles
encouragent l'autogestion des groupes, les
sociétés de micro-crédit. Nous pouvons
définir cette deuxième catégorie comme
étant une ONG de développement et elle
caractérise la période de la " guerre froide
".
La troisième catégorie des ONG va se
concentrer sur l'action sociale (leur discours vise à
renforcer les capacités des gens, leur faire
découvrir leur potentiel, rehausser la conscience
sociale des masses, vaincre l'influence sociale des
systèmes pré-capitalites, etc. Ces ONG
négocient avec la Banque Mondiale, le FMI, l'OMC et
d'autres agences de l'ONU. Elles vont suggérer des
réformes, mobiliser pacifiquement les populations et
mettre de la pression afin que les agences
impérialistes et leurs gouvernements puissent mettre
en place des réformes et des changements dans leurs
politiques. Nous pouvons définir cette
troisième catégorie comme regroupant les ONG
participatives et mondialistes et elle caractérise la
période de la mondialisation.
Dans la première et dans la deuxième
catégorie, nous allons retrouver beaucoup
d'organisations religieuses. Les fonctions des ONG comme
telles sont déterminées par les changements et
les besoins de l'impérialisme à
différentes périodes.
La formation du FSM
Lors des années 90' nous avons été
témoin du développement d'un énorme
mouvement contre la mondialisation impérialiste, la
libéralisation des marchés et contre les
privatisations. D'abord dans les pays d'Amérique
latine et par la suite dans le monde entier. Au fur et
à mesure que les impérialistes passaient
à l'offensive afin d'appliquer leurs plans de
globalisation, ils ont dû contenir la
résistance des peuples contre la mondialisation, en
les canalisant dans un créneau pacifiste.
Les énormes manifestations dans les pays asiatiques,
africains et latino-américains et même dans les
pays impérialistes à la fin des années
90' tel que vu à Seattle, Prague, Québec et
autres, ont poussé les impérialistes à
créer ce forum mondial afin de canaliser cette
colère dans une voie gérable.
Le plan pour la création du FSM fut
présenté par Bernard Casen de ATTAC vers l'an
2000. Cette année-là, huit organisations
brésiliennes se sont jointes afin de former le Forum
brésilien à Sao Paulo. Elles ont
décidé d'organiser une conférence
à Porto Alegre à laquelle se sont jointes
d'autres organisations au mois de mars 2000. Plus tard, au
mois de juin de la même année, elles ont
participé à la réunion anti-Copenhague,
en plus de participer à cinq autres
conférences à Genève où la
plupart des organisations européennes se sont jointes
au FSM.
Dans les faits, il y a eu deux réunions
parallèles lors du premier Forum mondial social
à Porto Alegre. La congrégation officielle du
FSM était composée des ONGs, lesquelles n'ont
pu mobiliser que 10 000 personnes. La réunion
parallèle mobilisa quant à elle plus de 50 000
personnes. Ce fait fut plus ou moins occulté par les
organisateurs du FSM. Finalement, la conférence
officielle présenta un manifeste en 18 points.
Le COB (comité d'organisation brésilien) joue
le rôle de Secrétariat International du FSM. Il
est influencé par le courant social-démocrate
du PTB (Parti du travail du Brésil du
président Lula), lequel est lié à la
branche européenne d'ATTAC (Action pour une taxe
Tobin d'aide aux citoyens) Il y a environ 80 organisations
qui participent dans le conseil international dont ATTAC, le
Forum social de Gènes, une section de la 4e
Internationale - trotskyste (Ligue communiste
révolutionnaire), le Conseil américain de
sciences sociales, Samir Amin pour le Forum Mondial des
Alternatives et le Parti de la Refondation Communiste
italien.
Parmi les délégués français
pour le deuxième Forum Social Mondial à Porto
Alegre en janvier 2002, il y avait une
délégation de haut niveau du gouvernement
français désigné par le
président Jacques Chirac et le Premier ministre
Lionel Jospin et dans laquelle on retrouvait six ministres
et quatre conseillers du président. Le maire de
Paris, trois candidats aux élections
présidentielles et le secrétaire
général du Rassemblement pour la
République (centre-droit) ont fait parti de la
délégation. L'ex-président du Portugal
et le Premier ministre de la Belgique sont allés
aussi.
Avec la présence d'une telle
délégation il n'est pas difficile d'imaginer
la nature du débat : dette extérieure du tiers
monde, privatisation, libéralisation, etc. Il est
difficile de prendre ce débat au sérieux quand
les délégués représentent les
gouvernements qui escroquent le peuple du tiers monde. Il
faut souligner que le français Charles Josselin,
ministre de la Coopération, est le responsable du
dossier de la dette extérieure des pays africains.
Or, souvenons-nous que la France exproprie sous forme de
paiement d'intérêts plus de 60 % des budgets
nationaux des colonies françaises en Afrique du Nord,
poussant ainsi la vaste majorité de la population
dans une pauvreté extrême et dans des
conditions de vie misérables.
La rhétorique grotesque du discours
anti-mondialisation de la dite " démocratie
participative " est un écran de fumée : les
impérialistes européens vocifèrent
contre la mondialisation et la privatisation, mais mettent
à la porte des milliers de travailleurs dans leurs
propres pays et forcent les pays du tiers monde à
ouvrir leurs économies afin d'éliminer tout
obstacle à leur pillage.
Le caractère et les objectifs du FSM
Le FSM se définit comme une " place ouverte
à la réflexion, au débat
démocratique, à l'échange des
idées… un interlien pour l'action effective, par les
groupes et par la société civile qui sont
opposés au néolibéralisme et à
la domination du monde par le capital et toute forme
d'impérialisme (…) il met en contact seulement les
organisations et les mouvements de la société
civile de tous les pays… "
En premier lieu nous savons que le FSM est un amalgame
d'ONGs, d'organisations de masse, de syndicats de toutes les
sauces social-démocrates, de quelques groupes et
sections d'organisations, de quelques éléments
trotskistes, et même de maires, administrateurs,
ministres, et représentants locaux de
l'impérialisme, surtout de l'Union européenne.
Les décisions qui sont prises seront le reflet
politique de ce méli-mélo et le Forum sera
manipulé pour leur bénéfice, c'est
logique.
Le piège le plus dangereux de ce forum, est le
concept de " société civile ", qui transcende
toute différence de classe et met dans le même
paquet le capital et le travail, les oppresseurs et les
oppriméEs, les ONGs soutenues par
l'impérialisme et le véritable mouvement des
masses. C'est un beau concept séducteur et populiste,
particulièrement suite au recul du socialisme. Il est
utilisé surtout par les bourgeois libéraux et
les agences impérialistes telle la Banque Mondiale et
l'ONU. Ce concept sert à cacher l'existence des
classes. Il sert à prêcher le dialogue entre
l'oppresseur et les oppriméEs et cherche à
résoudre les contradictions irréconciliables
d'une façon amicale, i.e. à abandonner les
intérêts de base de la classe prolétaire
pour quelques reformes. Pour atteindre ces objectifs, le FSM
offre l'espace pour le débat et la discussion aux
oppresseurs et aux oppriméEs. Malgré cette
apparence démocratique son côté
hypocrite se révèle quand il interdit la
participation des forces révolutionnaires.
Ainsi la question qui se pose est la suivante : Comment le
FSM peut-il se vouloir une place pour l'échange
d'expériences, quand les expériences
sérieuses réalisées par des
organisations qui mènent des luttes armées ne
sont pas prises en considération ?
Le FSM veut résister à la violence de
l'état capitaliste avec de la résistance
non-violente : c'est le plus grand rêve utopique. Il
sera intéressant de voir ces prêcheurs de la
non-violence réciter les principes de FSM aux
combattants dans les terres de la Palestine occupés
par Israël, ou au Cachemire, ou en Afghanistan, ou en
Iraq. Puissent-elles être faites avec les meilleures
intentions du monde, elles finiront par donner raison aux
meurtriers sionistes d'Israël, à la classe
dominante en Inde et aux mercenaires assassins des
États-Unis.
Par ailleurs, le FSM interdit à ses membres le droit
d'exercer quelque forme de pouvoir que ce soit, car il
refuse de se voir comme un organe décisionnel; donc
le sens du " débat " devient inefficace car on ne
peut mettre en œuvre aucune décision.
Le FSM se veut une organisation démocratique mais
regardons de près qui est derrière cette "
démocratie ". La moitié des organisations sont
des ONGs financées par l'impérialisme. La
fondation Ford a donné environ 328 000$ en 2001 et
2002 à l'association brésilienne des ONG pour
mettre sur pied le FSM et ses séminaires, et tout
autant pour prendre en charge le Conseil International du
FSM qui aura comme tâche la mise en place de ses
politiques (65 000$ sont allés au Centre
d'études et d'assistance des femmes). Ces fonds ont
été alloués sous le nom de " Paix et
justice sociale "... Nous savons tous que les polluants tel
le MNC et le TNC ne sont pas des obstacles pour la dite
multinationale. Et le FSM croit que Ford veut la paix et la
justice sociale ?
Malgré l'inquiétude soulevée à
ce sujet lors du Forum de l'Alternative sociale à
Hyderabag, l'association brésilienne des ONG accepta
un don de 500 000$ de la fondation Ford pour
réaliser le FSM 2003.
Une autre composante du FSM est Oxfam qui pour sa part a une
longue tradition de dépendance envers les subventions
des agences impérialistes. Oxfam ou plutôt le
Oxford Committee for Famine Relief a vu le jour en
Angleterre lors de la Seconde guerre mondiale. Il se
propagea dans beaucoup des pays vers les années '60
et '70. Oxfam International est composé de 12
organisations Oxfam et il est présent dans la plupart
des pays du monde. En Irak, il fournit de l'eau potable
à la population victime des bombardements US. Dans
ses revendications, Oxfam déclare qu'il s'attaque
directement à " aux racines responsables de la
pauvreté, de l'injustice sociale et des
inégalités ".
Une autre composante est la Heinrich Boll Foundation.
Cette OGN revendique la lutte pour la justice sociale, la
démocratie des sexes, l'écologie, le
développement durable et ainsi de suite. Il est
affilié au Parti Vert, partenaire de la coalition au
pouvoir en Allemagne, et il a des bureaux et des
réseaux dans plusieurs pays et administre plusieurs
instituts tel le Feminist Institute.
Le ICCO (Inter Church Coordination Committee for Development
Projects) est un autre partenaire du FSM. C'est une ONG
protestante dont les fonds proviennent en grande partie du
gouvernement des Pays-Bas.
ATTAC qui est une des organisations fondatrices du FSM, a
été fondée en France en 1998. Elle prit
une ampleur internationale en demandant la mise en place de
la taxe Tobin - du nom de James Tobin, lauréat Nobel
de l'économie et fervent prêcheur du
libre-échange. Il s'agit d'une taxe de 0.05 % - 0.1
% de toutes les transactions internationales pour que ces
sommes soient investies dans des fonds d'aide au "
développement " et pour la " lutte à la
pauvreté ". ATTAC croit qu' "un autre monde est
possible par une meilleure administration de la
mondialisation ". ATTAC a reçu des subventions de la
Commission européenne de l'UE, du Département
d'économie sociale de France, du ministère de
l'Éducation et de la Culture et d'autres
gouvernements locaux. Selon le journal Le Monde,
ATTAC aurait reçu 80 000 Euros de la part du ministre
des Relations extérieures de France pour organiser le
FSM.
Pendant ce temps, ce même ministre criait à
tue-tête son appui à George Bush dans la
soi-disant " guerre au terrorisme ". Il n'est pas surprenant
que Susan George, porte-parole d'ATTAC, soit une opposante
féroce des actions directes et des grandes
manifestations et qu'elle mène de surcroît une
campagne pour que ceux et celles qui utilisent les actions
directes soient " excluEs ".
Les ONG subventionnées par l'impérialisme ne
sont qu'un revers d'une même pièce, celle de la
social-démocratie. Que ce soit le PT du
Brésil, l'ATTAC français, le Greenpeace
allemand, le CPI et le CPI (M) de l'Inde, tous sont des
champions de la mondialisation. Ils veulent neutraliser les
impacts négatifs envers les masses, en recommandant
la " mondialisation humaine ". Lula da Silva, le
président brésilien se réclame
d'ailleurs du titre " d'ingénieur des ponts entre
Davos (Forum Mondial Économique) et Porto Alegre
(FSM) " et porte-parole du libre-échange ! Le CPI
(M), l'équivalent en Inde du PT de Lula, est en train
d'implanter dans les West Bengal, les politiques
dictées par la Banque mondiale.
Le FSM est donc une fusion de la social-démocratie et
des ONG social-activistes. Il cherche à
éparpiller la lutte contre la mondialisation
impérialiste et essaie de trouver des alternatives
à l'intérieur du statu-quo, i.e. à
l'intérieur du système capitaliste. Il rejette
la lutte des classes et s'oppose à la violence
révolutionnaire. Il joue le rôle de soupape
pour ventiler la colère des masses à travers
des canaux pacifistes.
La rhétorique des slogans du FSM fait appel à
l'intelligentsia libérale, à la petite
bourgeoisie radicale et à la frange élitiste
de la société qui ne voient pas d'autre
alternative que de reformer le capitalisme à
l'intérieur de celui-ci. Sa raison d'être est
aussi le désenchantement des masses à
l'égard des partis politiques et le FSM se
présente comme une alternative aux partis politiques.
Les sociaux-démocrates cherchent à renforcer
ces illusions.
Les contradictions impérialistes à
l'intérieur du FSM
Il ne faut pas se laisser induire en erreur par le discours
sévère du FSM à l'égard de
l'impérialisme américain. Son silence complice
à l'égard de l'impérialisme
européen est le reflet des contradictions
inter-impérialistes. Même le discours anti-US
n'est pas anti-impérialiste mais seulement contre
quelques-unes des politiques américaines. Depuis des
décennies, l'Europe est la forteresse
social-démocrate, elle est au pouvoir dans plusieurs
pays et dans certains cas depuis la Seconde Guerre
mondiale.
C'est grâce à la longue histoire combative des
travailleurs et des travailleuses européens tout
autant qu'à cause du spectre du socialisme des pays
voisins suite à la Seconde Guerre mondiale, que la
classe dominante européenne a dû
concéder de nombreux bénéfices sociaux
au prolétariat. Face à la résistance
des masses, la classe dominante européenne ne peut
avancer avec autant d'aise que la classe dominante
américaine dans l'application des mesures de
libéralisation, de privatisation et de
mondialisation. Dès lors quelques partis liés
à la classe dominante vont parler de mondialisation
humanisante, développement durable, protection de
l'environnement ou protection de la biodiversité et
ainsi de suite.
Ces belles paroles ont peu à voir avec la
compassion envers le genre humain ou avec la philanthropie
honnête ; ce discours cherche à se tracer un
chemin dans la course contre les Etats-Unis, pour le gains
de marchés déjà saturés. Les
ONGs sont alors des instruments pour les États. Le
gouvernement français a d'ailleurs augmenté
les subventions du FSM. La plupart des ONG adoptent un
discours anti-US, mais leur silence est complice de
l'exploitation et de l'oppression de la part de leurs
propres gouvernements. Les politiques de la
social-démocratie qui caractérisent l'Europe
constituent également le courant dominant dans le
FSM.
Ainsi les campagnes des ONG pour dénoncer la
détérioration des conditions de travail et des
conditions de vie des masses travailleuses aux
États-Unis, pour dénoncer les politiques
protectionnistes pratiqués par la classe dominante
américaine, et les campagnes contre la guerre
menée par les US, reflètent les
intérêts et le point de vue des pays
européens. C'est la collaboration entre les groupes
de la " société civile " et leurs
gouvernements respectifs.
Traduction libre de Lucho Rojas
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