le toit du monde ? Après un cessez-le feu rompu par l'armée népalaise soutenue par des " conseillers " américains, une nouvelle offensive menée par les forces maoïstes est en cours. Trois jours de grève générale, massivement suivis à Katmandou, viennent de se terminer. C'est une nouvelle victoire de la guerre populaire menée contre le féodalisme népalais et l'impérialisme américain. 4 textes sur cette guerre populaire : 1/ Népal : l'offensive stratégique est bel et bien lancée ! (BULLETIN PROLETAIRE, hebdomadaire communiste MLM) du mercredi 17 septembre 2003. www.ifrance.com/bulletinic/ POUR COMPRENDRE La guerre
populaire au Népal | |
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L'HEBDOMADAIRE COMMUNISTE - MLM. www.ifrance.com/bulletinic/ Népal : l'offensive stratégique est bel et bien lancée ! Suite à la rupture du
cessez-le-feu (le cessez-le-feu a été rompu,
non seulement parce que les négociations ne pouvaient
aboutir, mais aussi parce que l'armée venait de
massacrer 17 personnes désarmées dans le
district de Rameshapp), cette semaine encore, la liste des
actions qu'a mené sur tout le territoire et surtout
à Kathmandu, la guerre populaire s'est encore
allongée. En voici juste quelques illustrations : "
une série de sept attentats à la bombe,
perpétrés hier à quelques heures
d'intervalle à Katmandou. Ces explosions, les plus
graves depuis un an, visaient pour la plupart des
bâtiments gouvernementaux, poste de police ou bureaux
d'enregistrement foncier. (...) Les rebelles s'en prennent
à tous les symboles du pouvoir : un journaliste
appartenant à l'agence officielle népalaise
(...) a ainsi été égorgé
dimanche. Parallèlement, les combats entre les
rebelles et l'armée font rage depuis la fin du
cessez-le-feu, le mois dernier. Une centaine de personnes
auraient été tuées depuis. "
(Libération 09.09.03) L'Armée populaire a
aussi détruit un commissariat dans une zone proche de
la capitale : " Le poste de police, situé à 25
kilomètres au nord-est du district des quartiers
généraux, a été
complètement détruit dans cette attaque, a
affirmé un officier sous condition d'anonymat. Au
total 18 policiers, dont un sous-inspecteur, étaient
à l'intérieur de ce poste de police au moment
de l'attaque. " (Radio Chine internationale 05.09.03) Il y a
encore beaucoup d'actions, mais le principal c'est de voir
que la guerre populaire est maintenant entrée dans
une nouvelle phase : celle de la prise du pouvoir dans tout
le pays, le renversement du vieil Etat - et cela affole
littéralement les impérialistes : " Ce n'est
pas juste que le Népal plonge à nouveau dans
une violence brutale et insensée qui inquiète
les gens - ils avaient déjà vu cela avant.
Mais cette fois les rebelles maoïstes disent que leur
but est Kathmandu, que le champ de bataille, qui
était avant dans les districts ruraux reculés,
sera maintenant les routes et les contre-allées de
cette ville d'un million d'habitants. ''Nous contrôlons toute la campagne, les
villages. Maintenant, nous allons entrer dans la
troisième phase de notre stratégie militaire,
qui est de prendre le centre du pouvoir d'Etat, l'antre des
gens corrompus qui ont saigné notre patrie depuis
trop longtemps'' a dit Ram
Lohani Chaudray, commissaire politique maoïste pour
leur bureau de la Vallée centrale, avant d'entrer
dans la clandestinité. " (The New Zeland Herald
06.09.03) C'est une grande réjouissance pour tous les
communistes de voir la guerre populaire aux portes du
pouvoir et de sentir la peur de la réaction. Ainsi,
pour montrer immédiatement à quel niveau ils
plaçaient la question, les maoïstes, en guise
d'introduction au combat, ont tué deux importants
colonels, les plus gradés tués depuis les
débuts de la guerre populaire : " Les tueurs
maoïstes ont aussi tiré et blessé le
Colonel Rabindra Chhetri, le présentateur TV du
programme d'information hebdomadaire de l'armée. (…)
La violence a continué le jour suivant, quand la
maison familiale du ministre des Finances Dr Prakash Chandra
Lohani a sauté dans les premières heures de
vendredi matin. Plus tard le soir, l'ancien ministre de
l'intérieur, Devendra Raj Kandel, s'est fait
tiré dessus alors qu'il sortait de sa voiture. Les
deux personnes ont survécu aux attaques sur leurs
vies. Les maoïstes ont envoyé un message clair :
personne n'est en sécurité dans Kathmandu.
Pour bien le montrer, ils ont annoncé plus tard
qu'ils avaient une liste de 217 personnes à abattre -
les ''ennemis du peuple'', ont-ils clamé dans un
média local " (idem). La réaction est
dépassée comme elle l'avoue elle-même et
les deux cents réactionnaires qui sont sur la liste
doivent suer à grosses gouttes. Ils croyaient
être en sécurité à Kathmandu
où sont concentrées les principales forces de
l'Etat, mais ils se trompaient : " ''il y a eu une
mentalité de forteresse car à Kathmandu
près de 70% de l'armée est basée, y
compris les unités d'élite. Mais maintenant,
il y a un degré de panique.''(...) Le porte-parole de
l'Armée Royale népalaise, le Colonel Deepak
Guring, a admis que l'Armée avait été
prise au dépourvu mais a insisté sur le fait
que qu'elle avait la situation en main. " (The New Zeland
Herald 06.09.03) Les forces armées
réactionnaires ont été prises par
surprise et perdent le contrôle de la situation (c'est
pour cela qu'ils disent qu'ils l'ont bien en main). Des
traîtres que le peuple népalais et le Parti
communiste du Népal (maoïste) puniront un jour
s'inquiètent pour leur devenir : " Un autre ancien
combattant maoïste, Ajay, affirme que les maoïstes
ont utilisé le cessez-le-feu pour déplacer
leurs forces depuis leurs principales bases fortes dans
l'ouest juste au nord de Kathmandu, y compris leurs
combattants d'élite'' a-t-il dit. ''Après deux
mois à créer la panique, ils essaieront
d'entrer dans la ville.'' " (idem) Tous ces traîtres
témoignent que la situation de la réaction est
désespérée : " Les maoïstes, qui
contrôlent totalement 14 des 75 districts et ont une
forte présence dans 56 autres, avaient auparavant
échoué dans leurs tentatives d'infiltrer
Kathamdu. Mais maintenant les analystes de
sécurité, les officiels du renseignement et
les diplomates pensent que les maoïstes ont
utilisé la période de cessez-le-feu pour
déménager des combattants armés
à l'intérieur de la capitale. L'ancien
commandant militaire de district maoïste, qui a
quitté la branche armée en 2001 pour
divergences idéologiques, a affirmé que la
stratégie d'infiltrer Kathmandu avait
été adoptée au début de
l'insurrection en 1996. ''C'est une stratégie
maoïste classique, de se retirer et de se regrouper, et
ensuite de se rapprocher du centre'' a-t-il dit. ''Ils ont
toujours su qu'ils devaient prendre Kathmandu et avoir des
forces à l'intérieur.'' " (idem). Et en
attendant, le couvre-feu est étendu petit à
petit à toute la région de Katmandu et la
répression se déchaîne
aveuglément. " Comme la violence pendant la semaine
dernière a eu lieu à l'est et à l'ouest
de la capitale, le gouvernement a imposé un
couvre-feu dans le Kritipur, un des trois districts de la
vallée de Kathmandu. Dhurbar Basnet, journaliste
basé dans le Kritipur a dit : ''Depuis lundi, ils ont
mené des recherches dans toutes les maisons de la
zone, et ont arrêté des centaines de personnes.
Cela rend la vie très difficile ici''. " (The New
Zeland Herald 06.09.03) Depuis le 10.09.03, le couvre-feu
commence à être appliqué dans certains
quartiers de la ville de Kathmandu elle-même.
Visiblement la prise du pouvoir et proche et il est clair
que les impérialistes ne pourront rester sans
réagir, car c'est dans toute la région
où la révolution se développe
fougueusement : " Les services de renseignements ont des
preuves que les maoïstes ont formé une
unité d'élite d'experts en explosifs
après avoir reçu un entraînement des
combattants des Tigres tamoul du Sri Lanka. Ce qui
inquiète aussi les officiels du renseignement est la
croissance de la sophistication de l'armement des
détachements maoïstes. Depuis la mi-2001, les
leaders maoïstes ont formé une alliance avec
beaucoup de groupes militants régionaux,
spécialement avec des groupes ayant des bases au
Bangladesh. ''C'est pour nous maintenant une extrême
inquiétude'' a dit D.S. Lepcha, chef du renseignement
de la police dans la région indienne du Nord Bengale,
qui est frontalière du Népal. ''Ils ont des
camps d'entraînement, des caches, des réseaux
d'approvisionnement en armes dans toute la région et
ils ont la possibilité de déstabiliser
beaucoup de pays. " (The New Zeland Herald 06.09.03) Les
impérialistes se préparent activement,
à une intervention armée : " Les analystes
étrangers sont en train de débattre si une
intervention étrangère suivrait si le
Népal s'effondrait. La plupart désignent
l'Inde comme la force qui aura à restaurer la
stabilité. Les maoïstes ont continué de
prévenir contre une intervention américaine.
L'Amérique a fourni une aide militaire significative
au Népal, les maoïstes sont sur la liste de
surveillance du terrorisme du Département d'Etat US.
''Ils se sont mis d'eux-mêmes sur la liste'' a dit un
officiel de l'ambassade américaine à
Kathmandu. ''Nous surveillons leurs actions et ils
pourraient se retrouver d'eux-mêmes sur notre liste
principale s'ils continuent avec leurs activités
actuelles.''. " (idem) D'ailleurs, la sous-secrétaire
d'Etat yankee pour l'Asie du Sud s'est immédiatement
rendue en Inde pour préparer l'intervention avec le
gouvernement indien et voici ce qu'elle a
déclaré : " Les Etats-Unis et l'Inde peuvent
aider le Népal à défaire les
'impitoyables' rebelles qui ont rompu le cessez-le-feu le
mois dernier a dit Christina Rocca la secrétaire
d'Etat assistant pour l'Asie du sud américain
à New Delhi, selon l'AFP. Rocca a dit lors d'un
déjeuner à New Delhi, selon la
dépêche de l'AFP : ''Les maoïstes se sont
montrés des ennemis impitoyables par leur tactique
sur le terrain et à travers des attaques terroristes
contre aussi bien des cibles du gouvernement et des civils
innocents'' a dit Rocca. ''Les liens historiques, culturels
et sociaux de l'Inde avec le Népal continuent
à en faire l'influence extérieure la plus
importante sur les évènements dans ce pays''
a-t-elle dit. En travaillant en tandem, nos gouvernements
peuvent aider le Népal à défaire la
menace maoïste et à rétablir des
institutions démocratiques répondant au besoin
des gens, a-t-elle ajouté. Rocca a dit que
l'investissement US au Népal était ''de
faciliter les efforts à la fois pour restaurer la
sécurité et pour se centrer sur le
développement et l'éradication de la
pauvreté - ces maux qui ont donné naissance
aux maoïstes " (nepalnews.com 12.09.03) D'ailleurs les
yankees sont déjà très actifs dans le
pays et ils fournissent une aide de plus en plus importante
: " Le gouvernement américain, avec les termes de cet
accord, a accepté de fournir une assistance de 340
000 dollars au Népal pour la campagne contre la
corruption. En vertu de cet accord modifié, deux
projets sur le professionalisme de la police et
l'établissement de la justice seront mis en
exécution, qui doivent être accomplis d'ici
deux ans. Cette assistance sera utilisée pour former
la discipline et le professionnalisme, réduire la
corruption, promouvoir un esprit de service public et de
communauté, et renforcer l'efficacité au sein
du système judiciaire du pays. " (xinhua 09.09.03)
Mais de toute façon, le Parti communiste du
Népal sait depuis longtemps que dans la phase finale
de la prise du pouvoir, ils devront se heurter
nécessairement à une intervention
étrangère, de l'Inde notamment, puissance
expansionniste régionale, et la guerre populaire sera
dans une étape de guerre nationale de
libération. Mais le Parti communiste du Népal
(maoïste) et l'héroïque peuple
népalais sont prêts à les affronter
d'où qu'ils viennent, aussi nombreux soient-ils. Les
impérialistes sont dans une très mauvaises
posture, il n'en sortiront pas et la révolution va
gagner l'Inde qui bouillonne tout contre le Népal ;
encore cette semaine de grands affrontements y ont eu lieu,
comme au Bihar, le 10 septembre, où 11 policiers sont
morts dans une attaque attribuée par la
réaction à un détachement commun du
Mouvement communiste maoïste' et du 'Groupe Guerre
Populaire'. Toute la région est en feu, les
impérialistes sont des tigres en papier, ils n'en ont
plus pour longtemps ! | |
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Un pouvoir populaire gouvernant plus de 2 millions de personnes Kris Merckx Le 13 février 1996, le CPN (m), Parti communiste du Népal (maoïste), a officiellement déclenché la lutte armée afin de libérer le peuple de l'oppression des grands propriétaires terriens, de l'impérialisme et de l'expansionnisme indien. Ces derniers mois, des informations sur la progression de cette "guerre populaire de longue durée" ont percé au grand jour dans le monde entier. Le 24 septembre 2000, plus de 100 combattants ont réalisé un assaut audacieux contre le poste de police de Dunnai, chef-lieu du district de Dolpa. 14 policiers ont été abattus. Cet événement a contraint le ministre de l'Intérieur et le chef de la police à démissionner. Début avril, les révolutionnaires ont lancé une opération militaire plus importante durant laquelle 32 policiers ont péri, ainsi que 7 révolutionnaires. Une organisation de jeunes de 100.000 membres Les premières années, le CPN(m) a évité de mener des actions armées dans les grandes villes comme Katmandou, jugeant notamment que sa base dans les villes, essentiellement des intellectuels et des petits bourgeois, était insuffisamment préparée à la répression. Des manifestations politiques y ont cependant été organisées, en guise de soutien à la guerre populaire et à la résistance contre la répression. A cet effet, le CPN(m) bénéficie, entre autres, de l'appui du syndicat allié All Nepal Trade Union Federation (ANTUF), qui compte 15.000 membres, et de l'organisation des étudiants All Nepal National Free Students'Union (Revolutionary) - ANNFSU(R), qui en compte non moins de 100.000. En décembre , les deux organisations ont protesté contre le meurtre, à Katmandou, d'un étudiant de 24 ans, abattu par la police. Le représentant de l'ANTUF avait déclaré: "Jusqu'à présent, nous avons utilisé des moyens de résistance pacifiques. Si l'Etat envoie sa police ouvrir le feu sur nos meetings, il nous oblige à prendre les armes." Les femmes népalaises jouent également un rôle remarquable dans la révolution. Dans ce pays semi-féodal, elles subissent non seulement l'oppression du régime politique, mais aussi de l'homme. 200 des 1.500 martyrs de la révolution sont des femmes. Elles sont de plus en plus nombreuses à faire partie des unités armées, aussi comme commandants. L'organisation de femmes All Nepal Women's Association (Revolutionary) est très active. Dans le seul district de Rolpa, elle compte 2.000 noyaux. Les autres organisations de masse soutenant les maoïstes sont celles des paysans (20.000 membres), des intellectuels (10.000) et des commerçants (5.000). Le parti lui-même compte actuellement 20.000 révolutionnaires professionnels. Le 20 décembre 2000, le premier gouvernement révolutionnaire unifié a été installé dans un village situé à 3 heures de marche du chef-lieu du district de Rukkum. 20.000 personnes ont participé à la fête. Des journalistes sont venus de la capitale pour interroger les élus. Parmi ceux-ci, des cadres locaux de partis gouvernementaux comme le Nepali Congress au pouvoir, le CPN (Unified Marxist-Leninist), le parti conservateur RPP et les "Marxist Leninists". Le gouvernement populaire se distingue aussi par une forte représentation de femmes, de "dalits" (la caste la plus opprimée des "intouchables") et de minorités nationales. Entre-temps, 3 autres districts se sont dotés d'un gouvernement populaire, et le nouveau pouvoir populaire démocratique est installé dans 340 des 4.000 villages. Il gouverne plus de 2 millions de personnes, perçoit les impôts des hommes d'affaires et fonctionnaires locaux, assure l'attribution de terres agricoles, organise le travail collectif sur les champs et la gestion des forêts, gère les activités artisanales et la petite industrie. Il organise par ailleurs des tribunaux populaires, ce qui implique des prisons (mobiles) et des camps de travail. Il règle également les litiges touchant au mariage et au divorce. Dans un avenir proche, le CPN(m) compte faire chapeauter ces organes locaux par un gouvernement populaire central. Kris Merckx En février 2000, le Premier ministre K.P. Battharai (du Nepali Congress Party) a autorisé son prédécesseur S.B. Deuba à entamer le dialogue avec les maoïstes. Mais en mars 2000, Battharai a été évincé par l'actuel Premier ministre Koirala, du même parti, qui a opté pour un renforcement de la terreur contre la guerre populaire. Plus de 600 personnes ont été assassinées en 2000, dont 85% au cours de "fake encounters" (fusillades fictives). Entre-temps, la mission de Deuba a complètement échoué. Lorsque le ministre de l'Intérieur, Joshi, a dû démissionner (voir plus haut), il a accusé Deuba de "se comporter davantage comme porte-parole des maoïstes que du gouvernement". En décembre, Deuba est parvenu à convaincre 56 des 113 parlementaires NC de signer une motion de méfiance envers Koirala. Comme l'opposition, ils "reprochent à Koirala de pousser le pays dans la guerre civile, d'augmenter les prix du pétrole, du sucre, de l'électricité, du téléphone et d'autres produits élémentaires, d'être responsable de corruption, d'assassinats de civils, de disparitions et de tortures".( News and reports, 28 décembre 2000) Lorsqu'en février, le président de la Cour suprême a échappé de justesse à une embuscade des rebelles - opération durant laquelle plusieurs de ses accompagnateurs ont trouvé la mort - un éditorialiste écrivait: "Manifestement, l'ensemble de la machine de sécurité du pays se trouve dans un état de démoralisation et de panique". Suite à la mort du roi Birendra
et de 9 membres de la famille royale, la crise politique et
militaire a atteint un nouveau paroxysme. Le roi refusait de
"faire assassiner des Népalais par des
Népalais" et d'engager son armée contre les
rebelles. Cela aurait été un motif important
du complot durant lequel il a perdu la vie. | |
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La révolution maoïste au Népal (3e partie) Kris Merckx Le 2 février 2001, l'ambassadeur américain Ralph Frank accordait au Nepali Times, une interview consacrée à la "révolte maoïste" au Népal. "Effectivement, concédait-il, les maoïstes se portent très bien. A considérer leur programme en 40 points (qu'ils ont proposé au gouvernement comme plate-forme des négociations, ndlr), je crois que la plupart des personnes sensées pourraient y souscrire pour la majeure partie." Mais immédiatement, il mettait les Népalais en garde affirmant qu'il ne s'agissait que d'un leurre. "Le programme des maoïstes contient également beaucoup de choses horribles et antidémocratiques. Leur remède est pire que le mal. (…) Ils sont aussi très opposés à la globalisation économique, aux activités des multinationales, aux tendances expansionnistes des puissances étrangères. Je pense qu'ils ont une vue extrêmement naïve sur toutes ces choses. Prenez leurs accusations concernant les visées impérialistes des Etats-Unis par rapport au Népal. Je ne vois vraiment pas ce qu'ils pourraient entendre par là. Quant à la globalisation, il s'agit d'un choix: soit le Népal participe à l'économie mondiale, soit il érige des barrières et continue à protéger des industries inefficaces." Mais Ralph Frank nourrit peu d'illusions de convaincre les communistes népalais des nobles intentions des Etats-Unis et des bienfaits de la globalisation. Aussi, préférant ne pas courir de risques, il conclut: "Il faut que les maoïstes aient de bonnes raisons pour s'asseoir à la table de négociation et peut-être la police armée pourra-t-elle les leur fournir." Durant la même période, l'ambassadeur américain avait rendu visite au roi Birendra - assassiné depuis et considéré comme une "divinité" par beaucoup de Népalais - afin de s'entretenir sur la situation. Il ne fait aucun doute qu'il a exercé des pressions sur le roi, comme l'avait fait le gouvernement de l'Inde, pour qu'il se décide à envoyer ses 125.000 soldats contre la guérilla. C'est spécialement en raison de la situation au Népal que les Etats-Unis ont installé, l'an dernier, un bureau du FBI à New Delhi (Inde). L'Inde considère depuis toujours le Népal comme son protectorat. Après un détournement d'avion, l'Inde a d'ores et déjà obtenu que ses officiers assurent la sécurité sur l'aéroport du Népal. L'Europe aussi s'intéresse au Népal. L'an dernier, le ministre britannique des affaires étrangères, le socialiste Robin Cook, avait conseillé au gouvernement népalais d'activer le "dialogue" avec les révolutionnaires. En avril dernier, l'Union européenne a réitéré cette demande. Mais, comme les Etats-Unis, l'Europe compte avant tout sur la violence et la terreur pour contraindre les maoïstes à négocier sous ces conditions. L'Allemagne a par ailleurs décidé de livrer 50.000 fusils automatiques G36 de la firme Heckler & Cie à l'armée népalaise ( www.humanrights.de/n/nepal, 8 juin 2001) Le CPN(m) se prépare depuis des années à une intervention de l'armée indienne. Le parti effectue un travail intensif parmi les sept millions de Népalais vivant comme ouvriers étrangers en Inde. Beaucoup de Népalais se sont même enrôlés dans l'armée indienne. Les maoïstes népalais entretiennent également d'excellentes relations avec les partis marxistes-léninistes indiens, comme le CPI ML (People's War) et le Maoïst Communist Centre. La guérilla que ceux-ci mènent dans cinq Etats indiens ne cesse de se renforcer. Une manifestation a eu lieu l'année dernière à New Delhi, en guise de soutien à la guerre populaire au Népal. Sur l'éventualité d'une intervention de l'Inde, le président du CPN(m), le camarade Prachanda, déclare: "Nous serons amenés à nous battre contre l'armée indienne. Si elle envahit notre pays avec des milliers de soldats, ce sera une énorme bataille. Mais nous n'avons pas peur de l'armée indienne car, dans un certain sens, ce sera une très bonne chose. Nous capturerons des masses d'armes et des masses de gens seront prêts à se battre contre eux. Ce sera une guerre nationale. Ils se heurteront à d'énormes obstacles. Mais s'ils sont assez stupides pour le faire, et ils le feront, nous nous préparons à leur arrivée dès à présent." (Revolutionary Worker, 20 février 2000) En mars 95, le CPN(m) a rédigé une Stratégie et tactique pour la nouvelle lutte armée au Népal. Ce texte a constitué la base politique pour la guerre populaire qui a démarré l'année d'après. A peine cinq ans après la chute du Mur, le CPN (m) a fait preuve de grande fermeté et de clairvoyance révolutionnaires. Il a analysé la stratégie de l'impérialisme comme suit: "Avec l'aide de son emprise monopolistique actuelle sur les médias dans le monde entier, l'ennemi lance une campagne de désinformation avec une propagande ciblée sur 'le terrorisme', 'la chute du socialisme' et 'la supériorité et le succès du capitalisme'. Le but poursuivi par cette guerre psychologique consiste à briser le moral du peuple". Le CPN(m) n'a pas cédé à ce découragement. Sur base d'une analyse matérialiste des conditions objectives et subjectives au Népal, il a conclu qu'une guerre populaire était nécessaire et possible. Ainsi, il s'est expressément donné pour but de contrecarrer la vague de contre-révolutions de par le monde à la fin du 20e siècle ainsi que la démoralisation et la désorientation qui en ont résulté au sein de nombreuses forces anticapitalistes et anti-impérialistes. Cinq ans après le début de la révolution au Népal, le CPN (m) peut affirmer que ses succès commencent à avoir une portée mondiale. |