" Le Monde veut-il
participer à la chasse aux sorcières ? "
lettre ouverte à
signature
Samedi 26 octobre 2019
- Suite au vote anti communiste du
Parlement européen, des articles dans le style
jésuite du Monde ou bien ouvertement insultants
comme le Figaro battent du tambour pour apporter de l'eau
à ce moulin.
-
- Dans 'le Monde' Adrien
Sénécat défend le
révisionnisme historique à propos du pacte
germano-soviétique. Quant à Nicolas
Lecaussin " Ian Brossat, la tête de liste du PCF
aux Européennes, serait, selon Le Parisien (8
mai), un communiste " new look ". Mais pourrait-il y
avoir aussi un nazi " new look " ? ". Cette insulte
mériterait d'ailleurs une réponse du PCF et
de Ian Brossat.
-
- Sur proposition de Jean Claude
Delaunay et de Jean Julien, plusieurs militants ont
rédigé une lettre ouverte / pétition
au journal le Monde, qui sera transmise à ce
journal avec une première liste de
signature.
-
- Nous vous invitons donc à
signer et partager largement cette lettre.
-
- Sous le titre 'Le Parlement
européen a-t-il " réécrit l'Histoire
" de la seconde guerre mondiale ?', Adrien
Sénécat publie dans vos
pages un article qui se
veut honnête quant à la vérité
historique, à propos de la
résolution du Parlement européen du 19
septembre 2019.
-
- Adrien Sénécat se
prétend aussi détenteur d'un avis
éclairé et impartial au point d'animer
votre décodex, c'est-à-dire qu'il
s'autorise à juger qui ment et qui dit la
vérité. Il aurait été bien
inspiré d'appliquer à son article les
scrupules avec lesquels il veut faire la chasse aux fake
news.
-
- Citant Annette Wieviorka il
écrit que " le pacte germano-soviétique
lève une hypothèque et tout le monde sait
à son annonce que ce sera la guerre ".
- Puis Sophie Cœuré : " Si
l'on regarde la chronologie courte, le pacte
Molotov-Ribbentrop signé le 23 août 1939
permet bien à Hitler d'envahir la Pologne le 1er
septembre, ce qui déclenche la guerre ".
-
- Or la " chronologie courte " ne
voit pas beaucoup plus loin que le bout du nez, si on
examine la succession des événements qui
ont précédé le conflit, et sur
laquelle Adrien Sénécat est
étonnamment silencieux :
- - Dès 1931 l'URSS tente
de reconstituer l'alliance franco-russo-anglaise de 1914
qui avait contraint la Reichsweihr à diviser ses
forces.
- Le " Pacte de non agression "
Herriot-Dovgalevsky (ambassadeur d'URSS à Paris)
du 29 novembre 1932 reste lettre morte
- Dès 1933 les diplomates
et attachés militaires franco-britanniques en
poste à Moscou signalent vainement la
volonté soviétique d'une triple-alliance
- Le pacte
franco-soviétique du 2 mai 1935, qualifié
de " chef d'œuvre de galimatias " par le Quai d'Orsay,
est privé jusqu'au bout de l'accord militaire
promis à Staline par Laval.
- De juillet 1936 à la
victoire de Franco en février-mars 1939, Paris et
Londres soutiennent l'agression germano-italienne contre
l'Espagne républicaine, que l'URSS est seule
à aider
- Le 17 mars 1938, soit cinq
jour après l'Anschluss, l'URSS propose une
alliance soviéto-britannico-française.
- Dans la nuit du 29 au 30
septembre 1938, Munich est signé, en l'absence de
l'URSS et de la Tchécoslovaquie, et
immédiatement suivi de " pactes d'amitié "
anglo-allemand puis franco-allemand. L'URSS a
proposé fermement de défendre la
Tchécoslovaquie jusqu'au bout, avec 90 divisions.
- Le 15 mars 1939, assaut
définitif du Reich contre la
Tchécoslovaquie, immédiatement suivi de la
proposition soviétique d'une conférence
réunissant tous les pays menacés. Les
Occidentaux traînent les pieds jusqu'en août
inclus.
- Le 20 mai 1939, l'Italie et
l'Allemagne ont signé le Pacte d'acier,
ouvertement offensif
- Enfin le pacte
germano-soviétique est signé le 23
août, soit plusieurs jours après l'aveu
clair des Français et des Anglais, à
Moscou, qu'aucun accord n'est possible puisque les
Occidentaux refusent d'autoriser l'Armée rouge
à entrer en Pologne et en Roumanie contre une
attaque allemande. L'URSS, privée de tout
allié, est alors confrontée à la
perspective d'une attaque allemande immédiate.
- Elle a alors aligné un
million d'hommes à ses frontières
occidentales. Il y en aura trois en juin 1941. En tant
qu'alliée du Reich ?
-
- Adrien Sénécat
s'est abstenu de faire allusion aux travaux de
l'historienne Annie Lacroix-Riz concernant la
stratégie de nombreux milieux d'affaire sur le
thème " Plutôt Hitler que le Front Populaire
".
-
- Les puissances "
démocratiques " européennes ont cru pouvoir
se débarrasser de l'URSS en se servant d'Hitler
pour la détruire. Ce dessein lâche,
hypocrite, criminel et stupide a été
bouleversé lors du pacte germano-soviétique
; tous les politiciens qui avaient spéculé
sur ce sombre scénario ont alors poussé des
cris d'orfraie et se sont déchaînés
contre les communistes. Le sang versé par eux et
particulièrement les 27 millions de
Soviétiques, la victoire de Stalingrad qui a
retourné le sort des armes et scellé la fin
de l'hitlérisme n'ont jamais effacé la
haine anti communiste de ceux qui ont ainsi
favorisé la montée du nazisme et la 2e
guerre mondiale.
-
- Cette détestation perdure
à tel point que certains pays d'Europe ont
maintenant criminalisé l'activité et
l'idéologie communiste. Le 20 mai 2016 le
président polonais Andrzej Duda a interdit toute
référence au communisme. Le 13 juin 2019 le
code pénal rend le communisme illégal et
punissable de 3 ans de prison.
-
- Contrairement à ce
qu'affirme Adrien Sénécat, il y a bien
falsification et révisionnisme dans le texte
voté au parlement européen, qui assimile
communisme et nazisme sous la notion de " régime
totalitaire ", concept controversé et nullement
scientifique lorsqu'il définit de manière
identique deux régimes foncièrement
différents.
-
- Un vote
européen liberticide
-
- Mais parlons des
conséquences : Bien loin de protester contre ces
lois liberticides, le vote du Parlement européen
les a entérinées pour les
généraliser à toute la
Communauté européenne. Il signale que "
dans certains Etats membres " la loi interdit
l'idéologie communiste, se dit
préoccupé par l'existence des symboles
communistes dans des espaces publics, rappelle " qu'un
certain nombre de pays européens " en ont interdit
l'utilisation, et invite à en effacer le souvenir.
Il n'y a là aucune " ambiguïté
".
-
- Peut-être serait-il
approprié de requalifier la station de
métro Stalingrad en station Daladier, afin de
réhabiliter ce héros oublié et
d'effacer une honteuse victoire contre les nazis ?
-
- Adrien Sénécat
s'est bien gardé de signaler la finalité du
révisionnisme historique dans le vote du Parlement
européen : interdire l'expression des communistes.
Au contraire il justifie son argumentaire.
- Son article n'est pas seulement
partial et mensonger sur le plan historique, il apporte
aussi une caution qui se prétend " de gauche "
à un projet liberticide, un projet qui s'inspire
du maccarthysme, de la chasse aux sorcières de la
pire espèce, et qui est initié par un
régime que vous-mêmes qualifiez dans vos
colonnes et dans une sorte d'euphémisme d' "
ultraréactionnaire ". Quelle cause et quelles
libertés défendez-vous à
présent ?
-
- Mais il serait injuste
d'incriminer seulement le Monde, alors que chez votre
confrère du Figaro, Nicolas Lecaussin écrit
dans "
Le communisme français, un cadavre qui bouge
encore, hélas ! "
: " Ian Brossat, la tête de liste du PCF aux
Européennes, serait, selon Le Parisien (8 mai), un
communiste " new look ". Mais pourrait-il y avoir aussi
un nazi " new look " ? "
- Ici l'assimilation du communisme
et du nazisme atteint un point de non-retour.
-
- Le spectre du
communisme hante le monde capitaliste
-
- Cependant Lecaussin a raison de
s'inquiéter en disant aussi " Je n'aurais jamais
imaginé que, trente ans après la chute du
communisme, il y aurait encore un parti communiste en
France. "
-
- Il faut considérer ce
sujet sous un angle plus vaste que la seule presse
bourgeoise, qu'elle soit de droite ou " de gauche ", un
champ plus vaste aussi que le Parlement européen.
-
- En Russie, celle qui a
vécu le stalinisme, il n'y a aucun amalgame avec
le nazisme. Dans son article, Sénécat
reproche précisément à la Russie sa
"tendance à réhabiliter le régime
stalinien". Il joue ici sur la corde sensible anti
Poutine de votre lectorat, pour amalgamer contre toute
logique Poutine et stalinisme, mais le nationalisme russe
y compris non communiste n'a pas vomi l'œuvre de Staline
ni les exploits de l'armée rouge contre le nazisme
au point de se renier lui-même, et c'est bien ce
qui tracasse votre collègue.
-
- Dans le même temps la
Chine redresse la tête, met en avant les valeurs
socialistes et le slogan " servir le peuple ", fait aussi
la promotion du marxisme, sort son peuple de la
misère et développe la Route de la Soie. Il
apparaît ainsi qu'en parallèle au
déclin de la domination sans partage des USA, un
ensemble idéologique, économique et
financier se lève à l'est, marqué de
la faucille et du marteau, qui pourrait bien se propager
avec la mondialisation, à la vitesse d'internet.
-
- Le regain d'intérêt
pour le marxisme est symétrique de la crise
économique du capitalisme, de l'accentuation des
contradictions au sein des pays impérialistes et
de l'OTAN, à la remise en cause du
libéralisme pur et dur par Trump, de
l'échec du démantèlement de la Syrie
et au départ des troupes US, allemande et
française, à l'ébranlement de
l'unité européenne dû aux rapports
inégaux et à la course au leadership,
à l'échec du parlementarisme et de la
démocratie bourgeois, liquidés par Macron
en France, et source d'atermoiements interminables autour
du Brexit. Mais il faut ajouter d'autres contradictions
qui fissurent le capitalisme, comme la crise de
l'écologie, l'accroissement de la pauvreté,
la montée du populisme du racisme et des
xénophobies, mais de partout s'élève
la colère des peuples.
-
- Si on considère
l'ensemble, l'article insultant et haineux de Lecaussin
transpire la peur. Vous-mêmes, car vous ne manquez
jamais une occasion de vous déchaîner contre
la Chine depuis fort longtemps et de façon
caricaturale, n'avez qu'une hantise, celle du communisme.
Et c'est l'objectif majeur de la campagne anticommuniste
à laquelle vous participez, briser ce qui
renaît.
-
- Mais rien n'y fera, ce qui
compte réellement est ce qui naît et se
développe, et non ce qui meurt. Du 18 au 20
octobre s'est tenue à Izmir en Turquie la
21ème rencontre internationale des partis
communistes et ouvriers, coorganisée par les
partis communistes de Turquie et de Grèce avec 47
partis communistes de toute la planète.
- Son titre est illustratif de ce
spectre qui vous hante toujours : " La bataille pour la paix et le
socialisme continue ! "
-
- Signer la
pétition
-
- Sur le site du réseau
"faire vivre le pcf", la lettre ouverte/ pétition
au journal 'le Monde' est en ligne :
- http://lepcf.fr/Le-Monde-veut-il-participer-a-la-chasse-aux-sorcieres#signer
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