Arrestation de José Bové (réactions)

Communiqué du PCOF

Ensemble contre la criminalisation de la contestation sociale

Ce matin, la gendarmerie a arrêté José Bové et l'a transporté en hélicoptère à la prison, comme s'il s'agissait d'un dangereux "terroriste". Même si cette arrestation était attendue (des messages d'alerte avaient été lancés pour avertir de l'imminence d'une opération policière contre lui), la méthode, le moment, les premières déclarations du ministre de la justice, Perben, montrent que cette décision politique s'inscrit dans la volonté de répression de la contestation sociale, sous toutes ses formes. Pour la première fois, depuis longtemps, un militant syndicaliste est mis en prison pour une action syndicale revendiquée publiquement, menée collectivement, bénéficiant d'un large courant de sympathie ; la destruction de plants OGM, quel crime ! Pour les monopoles de l'agro-alimentaire et de l'agrobusiness, c'en est effectivement un car il pourrait mettre en danger leurs profits.. Pendant ce temps, des PDG et hauts fonctionnaires sortent blanchis dans des affaires mettant en jeu des milliards et des vies humaines, car eux sont " responsables mais pas coupables ".

L'incarcération de J. Bové est à mettre en lien avec la décision du gouvernement Chirac Raffarin de faire payer au prix fort la grève aux grévistes, une volonté de revanche haineuse vis à vis de ce mouvement et d'intimidation vis à vis de ceux qui s'annoncent sur d'autres terrains. La droite et le gouvernement, qui se sentent forts d'avoir fait passer la réforme sur les retraites, utilisent l'arsenal répressif qu'ils ont mis en place ces derniers mois pour provoquer et s'attaquer au mouvement ouvrier et populaire, pour essayer de briser la contestation sociale.

C'est cet arsenal qui est également utilisé contre les militants iraniens dont l'opposition ancienne, connue et revendiquée au régime réactionnaire iranien est aujourd'hui taxée de " terrorisme ". Les contrats pétroliers ont, à l'évidence, pesé lourd dans cette décision.

Avec tous les démocrates, les syndicalistes, les militants du mouvement ouvrier, les femmes et les hommes qui luttent pour défendre leurs droits, qui contestent cette société que la droite veut toujours plus inégalitaire, plus répressive, nous disons :

 

Non à la criminalisation de la contestation sociale

Liberté pour José Bové

 

Nous appelons à participer aux actions de protestation pour exiger la libération de Bové

 

Paris, le 22 juin 2003

La Forge

Organe central du Parti Communiste des Ouvriers de France

Paraît tous les mois

adresse nationale 15 Cité Popincourt - 75011 PARIStél/fax : 01 48 05 30 14

email : enavant@club-internet.frsite : www/pcof.net

 

Communiqué Coordination Anti-répressive de Bretagne

José Bové: les larmes de crocodile du P.C.F et du P.S

Communiqué de presse.

 

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti Communiste Français voit dans l'emprisonnement du syndicaliste paysan José Bové "un acte très grave » ; elle a réclamé sa libération immédiate.

De son côté, le dirigeant socialiste François Hollande a jugé « choquantes » les conditions de l'arrestation de José Bové.

L’arrestation et l’emprisonnement de José Bové sont effectivement choquants.

Cependant, Madame Buffet et Monsieur Hollande sont particulièrement mal placés pour protester aujourd’hui.

Les faits qui valent aujourd’hui à Monsieur Bové d’aller en prison ont, pour l’essentiel, sous le gouvernement de la « gauche plurielle ». Les poursuites contre lui ont donc été conduites sous l’autorité de ministres socialistes de la Justice, alors que des dirigeants du P.C.F. faisaient partie du gouvernement…

Il est notoire qu’en juin 2000, le P.C.F. et le P.S. étaient au pouvoir en France.

Leur police politique D.N.A.T. a alors utilisé des méthodes extrêmement brutales à Tremeven (Finistère) et à Saint-Nazaire.

Voici par exemple ce que publiait le quotidien « Le Télégramme » le 14 juin 2000, en page « Quimperlé » :

« Deux militants bretons interpellés par le GIPN

Un couple de militants bretons : MariJo Mellouët et Fanch Bideault, membres du parti politique Emgann a été interpellé, hier, à 6 h à son domicile, à Tréméven, par les hommes du SRPJ de Rennes et de la section antiterroriste de Paris. Pour cette opération, les policiers ont fait appel à leurs collègues du groupement d'intervention de la police national. Le fameux GIPN (1).Les policiers, lorsqu'ils le veulent, savent se faire discrets. Visiblement, hier à 10 h, ils avaient choisi l'option inverse. Jugez plutôt.

Un croissant entre les dents

Des hommes avec gilet pare-balles, tout de noir vêtu version Ninja, avec un super GIPN inscrit dans le dos qui déambulent le long du square Jean-Moulin un croissant ou un pain au chocolat entre les dents, c'est pas courant. C'est même surprenant. Puis ça se complique avec l'arrivée des journalistes. Finie la pause. Vite, il faut mettre la cagoule. Qu'est ce qui se passe ? Pas le temps de comprendre. De nouveaux ordres semblent être arrivés. Il est temps de passer à l'action. Agitation. Va et vient rapides entre la gendarmerie et les voitures qui stationnent devant. Selon une indiscrétion, dans quelques instants deux personnes qui viennent d'être arrêtées doivent sortir. On ne sait pas encore qui c'est. Ouverture brusque de la porte et apparition de MariJo Mellouët, les mains dans le dos, entravées par des menottes. Celle que l'on connaît d'habitude toujours avenante et souriante dès qu'il s'agit de défendre son commerce de la place Saint-Michel, a le visage tendu. Une femme l'accompagne jusqu'à une Clio dans laquelle elle s'engouffre.

Un homme torse nu

A nouveau la porte de la gendarmerie s'ouvre. Pour le témoin de base, la scène est hallucinante. Un homme torse nu, les cheveux ébouriffés et les mains entravées surgit. Il est encadré par trois hommes du GIPN. Ceux qui le connaissent, l'on tout de suite reconnu. Il s'agit de Fanch Bideault, le compagnon de MariJo Mellouët. Lui aussi disparaît dans une voiture. Claquements de portières, gyrophares, klaxon deux tons, crissements de pneus. Apparemment, les feux tricolores, c'est fait pour les autres. Et hop, c'est fini. Huit voitures prennent la direction de Lorient (ou de Rennes ?). Pour les initiés, le doute n'est pas permis. Le couple, bien connu pour son militantisme au sein d'Emgann (2) a dû être interpellé le matin même dans le cadre des coups de filets que mènent actuellement les policiers suite aux deux attentats commis en avril contre les Mac Do, à Pornic et à Quévert.

La porte a volé en éclats

Quelques minutes plus tard, l'info se vérifie. Une voisine du couple qui vit à Kerlescouarn, à Tréméven, raconte. " Il devait être 5 h 45. J'ai été réveillée par des bruits. Cela ressemblait à des gens qui couraient. Je me suis levée et je suis allée voir ce qui se passait. J'ai alors aperçu des hommes en cagoule et casqués qui entouraient la maison. Il y avait aussi des hommes en civil. En tout, ils devaient être une vingtaine. Ils avaient dû venir de loin à pied parce qu'il n'y avait aucune voiture dans le coin. Quelques minutes plus tard, MariJo qui était accompagnée par une femme est venue me confier ses deux enfants. Ce sont eux qui m'ont raconté la suite. Les policiers, pour entrer, ont fait voler en éclats la porte de verre ".

Pas le temps de s'habiller

" Puis, ils sont montés brusquement dans les chambres avant de rassembler tout le monde dans la cuisine. Fanch n'avait pas eu le temps de s'habiller. Il était encadré par des hommes qui étaient casqués et qui portaient une matraque. Pendant près de deux heures, ils ont fouillé la maison de fond en combles. Puis MariJo est revenue me donner les clés de la maison. Et ils sont partis ". Quelques minutés plus tard, ils arrivaient dans les locaux de la gendarmerie de Quimperlé où les policiers ont poursuivi pendant près de deux heures leurs investigations.

Yann Le Scornet

(1) Deux autres couples ont été interpellés dans les secteurs de Fougères et de Saint-Nazaire (lire par ailleurs en dernière page). (2) MariJo Mellouët, 35 ans et Fanch Bideault, 40 ans, ont participé, samedi dernier, à l'action qui a consisté à rebaptiser la rue Jules-Ferry "rue Glenmor" (voir Le Télégramme de lundi). « Précisons que ni Madame Mellouet, ni Monsieur Bideault ne sont poursuivis dans le cadre des informations ouvertes par le parquet « antiterroriste » de Paris…

A l’époque, non seulement ces politiciens n’ont bien sûr pas protesté, mais de plus leurs élus et leur presse ont systématiquement bavé sur les personnes poursuivies.

C’est ce qui a valu à Messieurs Patrick Le Hyaric, directeur de publication du quotidien français « L’Humanité », et Cyril Petit, journaliste, d’être poursuivis devant le Tribunal Correctionnel de Lorient, respectivement pour « diffamation publique envers un particulier » et « complicité de diffamation publique envers un particulier » en raison d’un article publié le 6 août 2002 en page 6 de leur journal.

Ils étaient représentés par un avocat, utilisant ainsi la possibilité que leur laisse la loi. Cette procédure fait suite à la plainte en diffamation déposée par Monsieur Gérard Bernard, militant d’Emgann (gauche indépendantiste bretonne) et ancien membre actif du Comité C.G.T. de Chômeurs du Pays de Lorient, resté en détention « provisoire » pendant deux ans, onze mois et vingt jours…

Soutenu par Maître Georges Bénabès, du Barreau de Lorient, Gérard Bernard a demandé 8 000 euros de dommages et intérêts, 1500 euros au titre de l’article 475-1 du Code de Procédure Pénale et la publication par extraits significatifs du jugement dans les quotidiens « Ouest-France », « Le Télégramme » et « L’Humanité ».

L’avocat des prévenus a demandé leur relaxe, notamment au motif que le rédacteur de l’article était un « journaliste stagiaire » qui avait eu à rédiger un article sur les journées Internationales de Corti/Corte (Corse), et ce sans bouger de la rédaction de « L’Humanité » à Montreuil, en région parisienne, en se basant essentiellement sur des dépêches d’agences de presse.

Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 23 juillet 2003.

S’en prendre à la réputation d’un détenu n’assure donc pas forcément l’impunité. Ce n’était pas la première fois que « L’Humanité », journal largement subventionné par le gouvernement français de la « gauche plurielle » dont il a été pendant cinq ans un porte-parole officiel, puis par son successeur, s’en prenait à un militant breton…

Déjà, le 6 avril 2001, ce quotidien progouvernemental nous rappelait sa vision de l’information équilibrée: « Bretons. Deux militants indépendantistes ont été libérés et placés sous contrôle judiciaire. Ils avaient été arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Quévert. » En fait, si on compare avec la même information traitée par « Le Télégramme » (5 avril 2001), quotidien morlaisien qui manque pourtant parfois de nuance, on apprend que « deux militants indépendantistes bretons ont été libérés lundi et placés sous contrôle judiciaire » (…) »P. J. et P. S. (note C.A.R.B. : inutile de citer les noms en entier) étaient incarcérés depuis octobre 2000 dans le cadre d'enquêtes sur des attentats ou des tentatives d'attentats en Bretagne. P. J. est soupçonné d'avoir participé à la tentative d'attentat de 1994 contre la perception de Saint-Brice-en-Coglès (35), P. S. à l'attentat de 1996 contre la perception de Combourg (35). » Toujours avec le même sens de l’objectivité et de l’équilibre, on trouvait ceci sous la plume de Jacques Moran dans « L’Humanité », 11 août 2001 : « Et un jour d'avril 2000, un militant breton pose une bombe meurtrière au McDonald de Quévert » (chargé du dossier, le juge d’instruction Gilbert Thiel aurait bien fait de lire « L’Humanité » et d’envoyer les fonctionnaires de la Division Nationale Anti-Terroriste dès l’aube chez Monsieur Moran, ça lui aurait permis peut-être de faire avancer ce dossier qui n’apporte visiblement rien de probant…et cela aurait permis à Monsieur Moran d’effectuer un reportage vivant sur le déroulement très spécial d’une garde à vue de 96 heures).

Et Monsieur Cyril Petit, en page 6 de « L’Humanité » du mardi 6 août 2002, de nous asséner la propagande habituelle : « Sept membres de l’Armée révolutionnaire bretonne (dont la vitrine légale est l’organisation Emgann) sont actuellement incarcérés, accusés d’avoir commis plusieurs attentats, dont celui perpétré, il y a un peu plus de deux ans, contre le McDonald’s de Quévert, près de Dinan. Le 19 avril 2000, une explosion avait coûté la vie à une employée de vingt-sept ans ».

Bien évidemment, ces grands démocrates du P.C.F. et du P.S. ne se sont jamais émus de l’évident abus de détention « provisoire » que subissent les 6 prisonniers politique bretons ; le doyen de ces prisonniers, Alain Solé, en est aujourd’hui à 44 mois et 17 jours d’emprisonnement malgré un triple pontage coronarien subi la semaine dernière.

Leur indignation, ils peuvent donc se la garder !

Quant à nous, nous exigeons la libération immédiate des six prisonniers politiques bretons qui sont en détention « provisoire » depuis si longtemps :

-- Alain Solé, 44 mois et 20 jours. SA GRAVE MALADIE LE MET EN DANGER DE

MORT. Son adresse : n°905131, cell. 206 (provisoire), 1, allée des Thuyas 94705

Fresnes (France);

-- Kristian Georgeault, Paskal Laizé, Gaël Roblin et Stefan Philippe, 37 mois et 18 jours ;

-- Jérôme Bouthier, 20 mois et 20 jours. La justice française ose le garder en prison

dans l’attente d’un procès qui ne pourra avoir lieu avant 2004.

Pour la Coordination Anti-répressive de Bretagne,

Le porte-parole,

Claude Le Duigou.

 

 

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