Lu dans la presse ML...

L'impérialisme, la guerre, Lénine, l'ONU

 

Solidaire n°8 -19 février 2003- Henri Houben- (extraits)

Une guerre peut en cacher un autre "La <<vieille Europe>> fait de la résistance"

"Il se passe aujourd'hui autour de l'Irak ce que Lénine décrivait dans son analyse de l'impérialisme. Cela réfute la théorie de l'Empire impérialiste unique avec des multinationales implantées dans tous les continents et dont les intérêts sont tellement imbriqués que des conflits sérieux entre les États ou groupes d'États qui représentent leurs intérêts sont exclus.

Lénine <<ce qui caractérise notamment le capitalisme actuel, c'est la domination des groupements monopolistes constitués par les plus gros entrepreneurs. Ces monopoles sont surtout solides lorqu'ils accaparent dans leurs mains toutes les sources de matières brutes, et nous avons vu avec quelle ardeur les groupements capitalistes internationaux tendent leurs efforts pour arracher à l'adversaire toute possibilité de concurrence, pour accaparer par exemple les gisements de fer ou de pétrole, etc.

Le capital financier ne s'intéresse pas uniquement aux sources de matières première déjà connues. Il se préoccupe aussi des sources possibles; car, de nos jours, la technique se développe avec une rapidité incroyable, et des territoires aujourd'hui inutilisables peuvent être rendus utilisables demain par de nouveaux procédés (à cet effet, une grande banque peut organiser une expédition spéciale d'ingénieurs, d'agronomes, etc.), par l'investissement de capitaux importants. Il en est de même pour la prospection de richesses minérales, les nouveaux procédés de traitement et d'utilisation de telles ou telles matières premières, etc., etc. D'où la tendance inévitable du capital financier à élargir son territoire économique, et même son territoire d'une façon générale. (...) le capital financier a généralement tendance à mettre la main sur le plus de terres possible, qu'elles qu'elles soient, où par quelques moyens que ce soit, dans l'espoir d'y découvrir des sources de matières premières et par crainte de rester en arrière dans la lutte forcenée pour le partage des derniers morceaux du monde non encore partagés, ou le repartage des morceaux déjà partagés.>> (Lénine - L'impérialisme, stade suprême du capitalisme- Oeuvres complètes tome 22 p 281-)

 

Partisan n°176 -avril 2003- SM- "Face à la guerre militaire RESISTANCE !" (extraits)

En appeler à l'ONU ?

"Fallait-il soutenir le <<droit de véto>> de la France ?

Souvenez-vous de cette pétition adressée à Chirac et que nous n'avions pas signé (...) Toute la gauche l'avait signé. La gauche associative, <<la gauche>> politique, comme le PS et même la <<gauche de la gauche>> comme la LCR.

La droite aurait tout aussi bien pu la signer... On voit l'amorce d'une grande Union Nationale: tous derrière l'impérialisme français, géré aujourd'hui par le gouvernement Chirac. Gouvernement qui partage, sur le fond, les buts américain: mettre la main sur les richesses irakiennes, se partager le monde, installer un gouvernement soumis... mais à son profit. Derrière ce gouvernement qui continue à faire régner son ordre en Afrique (Côte d'Ivoir); qui expulse massivement les Sans-papiers et les réfugiés (y compris de Côte d'Ivoire); qui couvre les licenciements massifs, qui vire les emplois jeunes, etc. (...)

L'ONU, un organisme démocratique ?

Si l'assemblée générale de l'ONU avait eu à voter la guerre contre l'Irak, les USA n'auraient obtenu le soutien que de 50 pays sur 191. Et encore, il aurait fallu largement distribuer les dollars. Mais voilà, sachant les résultats d'avance le Conseil de sécurité n'a pas choisi de consulter tous les membres. C'est un tout petit groupe de membres, les 15 du Conseil de sécurité, qui devaient trancher... là aussi la loi du plus fort s'est imposée : les USA sont partis en guerre sans le vote du Conseil... qui leur auraient été défavorable. Mais si le vote avait eu lieu, certains pays (dont la France) auraient usé de leur droit de veto.

5 sur 15 ont ce droit ! Là c'est aussi le droit du plus fort qui règne ! Les USA se moquant complètement de lois qu'ils avaient, en d'autre temps, accepté. La <<démocratie>> s'est réduite de 191 à 15, de 15 à 5, pour se voir totalement supprimée par le plus fort. Comme quoi la loi n'est qu'un rapport de force; ce rapport changeant, la loi devient inopérante. C'est ce qui se passe actuellement dans le monde .(...)

On comprend mieux pourquoi il ne fallait pas signer pareille pétition: c'était nous lier les mains à l'impérialisme français; c'était entretenir des illusions sur la <<démocratie >> onusienne; c'était faire le jeu des rivalités entre grandes puissances. C'était remettre en leur main l'avenir du monde et affaiblir le camps anti-impérialiste."

 

Partisan n°176 -avril 2003- M. Roux - "Soyons clair <<Impérialisme américain>>, <<empire américain>> voilà des termes qui refont surface."

"Impérialisme ou empire ?

Pour les médias <<l'impérialisme américain>> fait réference aux guerres d'agression qui sont encore proches dans notre histoire: guerre du Vietnam, intervention au Panama... Mais les médias confondent les deux termes impérialisme et empire. <<L'empire>>, c'est un peu l'Empire Romain. Cette sorte d'empire ferait ainsi référence à un État dominateur qui envahirait et occuperait une vaste partie du globe, pour le diriger sous la coupe de cet Etat unique: les USA.

Ce que les marxistes entendent par <<impérialisme>> est très différent.

La guerre en Irak est effectivement une guerre d'agression, d'invasion et d'occupation, mais pas pour en faire un 52e état américain, ni même une colonie permanente. Il s'agit avant tout de mettre cette nation sous la domination économique américano-britannique.

L'essentiel dans l'impérialisme, défini comme stade suprême du capitalisme par Lénine, c'est la concentration et la domination du capital financier, l'importance particulière de l'exportation des capitaux, et le partage du monde entier entre les plus grandes puissances capitalistes. Ces grandes puissances sont celles que nous appelons les puissances impérialistes.

 Non pas parce qu'elles ont envahi de grandes régions du globe, mais parce qu'elles dominent économiquement, financièrement et, quand il le faut, militairement, de nombreuses autres nations.

L'enjeu est de ne pas résumer les malheurs du monde à la domination d'un seul État <<impérial>> que seraient les USA dirigés par l'empereur Bush, fou et fanatiques religieux. Laissons cela aux productions cinématographiques hollywodiennes.

Il y a un impérialisme américain, le plus militarisé aujourd'hui. Mais il y a aussi ses rivaux ou <<concurrents>> : l'impérialisme européen en construction, l'impérialisme français en son sein et bien d'autres. Le danger serait de ne point voir que leur opposition actuelle à l'impérialisme US n'est que celui de concurrents à la domination économique et financière. Il mènerait à accepter que notre bourgeoisie gagne des victoires économiques qui n'apporteraient qu'exploitation, licenciements et guerres, sans compter que ces rivalités portent en germe l'éventualité d'une troisième guerre mondiale.

À bas tous les impérialismes !

Solidarité entre les peuples !

  

La Forge n°429 -avril 2003- "L'impérialisme et la guerre" (Extraits)

Le terme "impérialiste" a deux sens. Il caractérise la politique d'une puissance qui tend a l'hégémonie et à la conquête et au-delà de son propre territoire national.

Mais il désigne aussi une phase particulière du développement capitaliste que Lénine définit ainsi: "L'impérialisme est le capitalisme arrivé à son stade de développement où s'est affirmée la domination des monopoles et du capital financier; où l'exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan; où le partage du monde a commencé entre les trusts internationnaux et où, rajoute-t-il, s'est achevé le partage du globe entre les plus grandes puissances capitalistes." Ce qui lui donne comme particularité politique d'être "la réaction sur toute la ligne et le renforcement de l'oppression nationale" (Cf. L'impérialisme stade suprême du capitalisme, Ed. de la conférence internationale de partis et organisations marxistes-léninistes, p.103 et 126).

Lorsque nous qualifions cette guerre de "guerre impérialiste", cela signifie d'abord qu'il s'agit d'une guerre de rapine, une guerre d'agression et de conquête de zones d'influence et de marchés, de domination d'autres peuples... où les USA et les pays de la "coalition" sont les pays agresseurs et l'Irak le pays agressé. La résistance armée qu'il oppose à l'avancée des troupes ennemies est légitime, et le fait que les envahisseurs n'aient pas été acceuillis en "libérateurs" par les populations, est tout à fait normal. Cette contradiction entre le peuple irakien et l'impérialisme qui veut prendre le contrôle de son pays est exacerbée par la violence des attaques. Pour nous, la dénonciation de cette guerre impérialiste et le soutien à la résistance du peuple irakien, ne peuvent être conditionnés par la nature du régime irakien. Cette question c'est le peuple irakien qui la tranchera.

Mais la qualification de "guerre impérialiste" ne recouvre pas ce seul aspect. Elle indique également qu'il s'agit d'une guerre intimement liée au stade actuel du capitalisme, l'impérialisme.

Une guerre inhérente au capitalisme de monopole

"Le capitalisme pré-monopoliste, le capitalisme où prédomine la libre concurrence, atteint la limite de son développement entre 1860 et 1880; or... c'est précisément au lendemain de cette période que commence "l'essor" prodigieux des conquêtes coloniales, que la lutte pour le partage territorial du monde devient infiniment âpre. Il est donc hors de doute que le passage du capitalisme à son stade monopoliste, au capital financier, est lié à l'aggravation de la lutte pour le partage du monde."

Appliquée à la situation d'aujourd'hui, cette remarque de Lénine écrite au printemps 1916 (idem, p.91), signifie que la guerre n'est pas seulement une option politique (celle des faucons de l'équipe Bush aux Etats-Unis, dans le cas actuel). Elle est impérialiste parce quelle s'inscrit dans la logique d'un système: le capitalisme passé au stade monopoliste, dont le moteur, la course au profit maximum, induit la lutte pour le partage et le repartage du monde.

(...)

 Pas de moralisation possible

L'impérialisme porte à leurs limites extrêmes toutes les contradictions du capitalisme : avec le règne des monopoles et de l'oligarchie financière, le degré d'exploitation des classes laborieuses (la contradiction capital/travail) ne cesse de s'intensifier; la concurrence que se livrent entre eux les pays impérialistes et la réalité de leur développement inégal, conduisent inévitablement à des guerres de repartage; le renforcement de l'oppression impérialiste nourrit sa contestation par les peuples. Lénine souligne que "cette aggravation des des contradictions est la plus puissante force motrice de la période de transition qui fut inaugurée par la victoire définitive du capital financier mondial" ( L'impérialisme stade suprême du capitalisme, Ibid. p.140.)

Cela signifie pour les marxistes-léninistes que l'hypothèse "d'un redressement réformiste des bases de l'impérialisme est une duperie" (Ibid. p.125). Il n'y a pas de possibilité de moraliser ce système, de le rendre "pacifique" et il est parfaitement illusoire de croire ou de faire croire à la réhabilitation des institutions bourgeoises internationales (telles la SDN hier, l'ONU aujourd'hui) pour gagner la paix.

Dans le manifeste que Lénine rédigea en 1915 pour servir de base à la conférence de Zimmerwald, il indiquait en parlant du pacifisme bourgeois et petit-bourgeois : " Nous nous distinguons, en ce sens que nous comprenons le lien inévitable qui rattache les guerres à la lutte des classes à l'intérieur du pays, que nous comprenons qu'il est impossible de supprimer les guerres sans supprimer les classes et sans instaurer le socialisme ; et aussi en ce sens que nous reconnaissons parfaitement la légitimité, le caractère progressiste et la nécessité des guerres civiles, c'est-à-dire des guerres de la classe opprimée contre celle qui l'opprime, des esclaves, des paysans serfs contre les seigneurs terriens, des ouvriers salariés contre la bourgeoisie."

 Définir la guerre actuelle comme une guerre impérialiste inscrite dans le vaste processus de repartage du monde, initié au début des années 1990, c'est mettre le doigt sur la réalité incontestable de ses véritables motifs. Mais c'est aussi mettre le doigt sur la nature du système impérialiste : "un système parasitaire où les dépenses militaires improductives prennent une place de plus en plus grande, un système réactionnaire où les alliances entre puissances impérialistes ne sont que des trêves entre les guerres" comme le soulignent les conclusions du rapport politique adopté au 5e congrès du PCOF, en novembre 2002. C'est pourquoi notre parti inscrit sont mot d'ordre central pour la période -"Tous ensemble contre l'impérialisme, sa politique de guerre et de misère"- dans cette perspective révolutionnaire et appelle à se battre et à s'organiser dans l'objectif d'un renversement du système impérialiste.

 

 

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