|
|
Le caractère spécifique de l'infiltration policière dépend plus des erreurs dans l'organisation révolutionnaire que de la capacité des appareils contre-insurrectionnels de l'État. La gauche et l'infiltration, c'est un sujet brûlant en relation avec la confrontation entre révolution et contre-révolution. L'expérience historique montre que ce problème, celui de l'infiltration, est quelque chose de semblable à une lance empoisonnée qui, si elle n'est pas arrêter à temps, peut faire des dommages mortels dans toute organisation politique. Au Pérou, comme nulle part ailleurs, l'infiltration a été un facteur de premier ordre pour faire reculer et affaiblir la guérilla maoïste. Ce texte, que nous livrons ici, correspond à un des chapitres du livre intitulé : La guerre révolutionnaire au Pérou. Histoire du Parti Communiste du Pérou (PCP). (1). Jusqu'à présent, les coups les plus significatifs contre le PCP sont venus de l'infiltration dans les plus hauts niveaux de la direction, dans ses organismes générés, et surtout dans les prisons et au sein de ses organismes à l'étranger. Étudier et analyser ce problème, indépendamment de la responsabilité qui lui incombe, se présente comme une partie de l'étude de l'histoire sociale au Pérou et de l'Amérique latine. Infiltrer la gauche par la gauche, c'est une vieille méthode qui provient d'époques très réculées quant à ses origines, lorsque la classe ouvrière internationale commençait à poser les fondations du parti de la révolution. Les cibles préférées de la police secrète sont les partis révolutionnaires ou toute organisation qui soutient (en théorie et en pratique) son action par une stratégie de pouvoir politique pour les pauvres. Les méthodes pour l'infiltration peuvent être nombreuses et différentes, mais leur objectif est le même: liquider la révolution, détruire l'organisation politique et éliminer ses principaux chefs et dirigeants. Dans l'histoire de la lutte sociale, peu nombreuses sont les organisations politiques de gauche qui n'ont pas dû faire face au grave problème de l'infiltration. La redoutable Okhrana, la police secrète tsariste, a infiltré avec maestría la plus haute instance de direction du parti bolchevique. Rodino Malinovski a été, en même temps, un agent de la police et un des hauts dirigeants du Parti communiste fondé et dirigé par Lénine. L'agent Malinovski était le principal représentant bolchevique à la Douma (Parlement) tsariste. Pour son élection parlementaire, il a disposé de l'appui secret de la police tsariste. En octobre 1917, les bolcheviques ont pris le pouvoir, et en révisant les archives de la police secrète, ils ont découvert qu'un de ses meilleurs cadres et membre du Comité Central était un agent. Malinovski a été accusé de traîtrise et par la suite a été exécutée. En Amérique latine, l'infiltration policière est une méthode qui a toujours été à l'ordre du jour. Dans de nombreux cas, comme le confirme l'expérience historique, l'infiltration a causé d'importants dommages à l'intérieur des organisations politiques, syndicales et populaires. Pour mentionner quelques exemples : En Equateur, entre les années 1960 et 1965, la CIA américaine a infiltré toutes les instances de direction du Parti Communiste d'Équateur (PCE). Parmi les agents, se trouvait même le secrétaire général du parti. D'après Philip Agee, "cette opération de pénétration a été le coup le plus important que la CIA ait porté au parti communiste équatorien". (2) En 1963, Enrique Amaya Quintana, un péruvien et militant du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire du Pérou (MIR), de sa propre initiative, chercha à contacter la CIA américaine dans la ville de Quito (Équateur). Amaya, comme le raconte Philip Agee, a livré des informations précieuses sur les préparatifs du groupe Luis de la Puente Uceda (chef du MIR) pour entamer la guerre de guérillas dans les Andes péruviennes. Cet agent et militant du MIR, a livré un rapport détaillé à la CIA sur les entraînements militaires des militants du MIR à Cuba, et les contacts de ce groupe avec d'autres organisations d'Amérique latine. (3). En Uruguay, Héctor Amodio Pérez, un des dirigeants et fondateur en 1966 du Mouvement de Libération Nationale (MLN), mieux connu sous le nom des Tupamaros, s'est mis à travailler en prison comme agent secret des militaires uruguayens. En juin 1973, les forces armées de ce pays ont pris le contrôle de l'État par un coup militaire. Ils ont immédiatement entamé une répression violente contre les organisations populaires et spécialement contre la guérilla du MLN. La majorité de ses chefs et dirigeants, y compris Raúl Sendic et Amodio lui-même, ont été arrêtés et ont été enfermés dans des prisons militaires. C'est là, comme le raconte José Surra, ex militant tupamaro et aussi prisonnier à cette époque, qu'Amodio a révélé son lien secret avec les militaires. Selon Surra, Amodio "sortait chaque nuit de la prison camouflé d'un vêtement militaire pour indiquer les maisons de sécurité et les lieux où vivaient clandestinement les militants et les cadres moyens de l'organisation". (4) Au milieu des années 1980, quand les tupamaros furent battus et que la "démocratie" bourgeoise fit son retour en Uruguay, Amodio a disparu comme par magie. Personne n'a la moindre idée où il se trouve, et certains croient qu'il réside aux Etats-Unis, avec une nouvelle identité, protégé par la CIA. Vivant ou mort, la personnalité de cet individu est encore l'objet d'une polémique politique et on ne manque pas de se rappeler de lui comme "un révolutionnaire audacieux et un chef capable des actions les plus spectaculaires". (5) Edén Pastora, le mythique "Comandante Cero" et un des dirigeants les plus célèbres de la guérilla sandiniste (Armée Sandiniste de Libération Nationale - FSLN -) a fini par travailler pour la CIA américaine. Pendant toute la guerre contre la dictature somoziste (1963-1979), il a été le chef du front sud de la guérilla et en août 1978, il dirigea avec succès la prise du Congrès National du Nicaragua, action qui permit aux sandinistes de recueillir d'immenses gains politiques. Mais à partir de 1979, Pastora, soutenu par la CIA et l'Etat nord-américain, a dirigé un groupe armé (contras) contre le gouvernement nouvellement en place du FSLN. En 1994, en Colombie , les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) ont publié un communiqué et un enregistrement (une vidéo-cassette) où il annonçait qu'elles avaient exécuté (fusillé) tous les membres d'une colonne de guérilla composée de plus de 70 soldats et agents de la police. L'infiltration dans les rangs de la guérilla péruvienne, sans être un cas isolé dans le processus de la lutte sociale contemporaine, représente une expérience récente en ce qui concerne l'infiltration de la police et son impact politique dans le futur de la révolution socialiste et anti-impérialiste. Le Parti Communiste du Pérou (PCP), depuis sa fondation le 7 octobre 1928, a subi les tentatives de la police secrète de pénétrer sa base et sa direction. C'est José Carlos Mariatégui lui-même qui proposa que Eudocio Ravines, récemment de retour de France (février 1930) où il avait été un des responsables de la cellule du parti à Paris, le succède à la direction. C'est ainsi qu'à la mort de Mariatégui (16 avril 1930), Ravines devint le secrétaire général du Parti Communiste du Pérou (PCP). Dans son discours, Ravines se décrivait comme " le fidèle continuateur des idées de Mariatégui ", et n'avait pas de concurrents, incarnant le prototype du fier bolchevique à la péruvienne. Il se déclarait partisan d'établir les " soviets " dans la campagne et dans les villes du Pérou. Aux yeux de la classe ouvrière et des militants de gauche, il était le marxiste le plus connu et le légitime héritier politique du fondateur du parti. Mais Ravines, le successeur de José Carlos Mariatégui, était un agent de la CIA américaine. Jusqu'à aujourd'hui, aucun historien n'a pu vérifier si Ravines fut " introduit" par la police à l'intérieur du PCP, ou s'il se convertit en agent de la police au cours de sa carrière de militant du parti dans l'organisation fondé par Mariategui. Il est possible que c'est en France que Ravines entra en relation avec les services secrets et que sa soudaine arrivée au Pérou en 1930, peu avant le décès de Mariatégui, corresponde à un plan de la police pour infiltrer et détruire de l'intérieur l'organisation récente du prolétariat péruvien. Quoi qu'il en soit, Ravines fut en Amérique Latine un des agents les plus distingué des Etats-Unis. Il a été renvoyé du PCP comme traître, et en 1938 il a quitté le pays sous une nouvelle identité. Sous le nom de Jorge Montero, il s'installa au Chili où il entra en relation avec les partis réactionnaires et les grands moyens de communication de ce pays. Postérieurement, il récupéra sa vraie identité et dans les années 60, il entreprit une croisade anticommuniste contre la révolution cubaine pour le compte des Etats-Unis. Il écrivit le livre " La Grande Escroquerie ", dont l'objectif était de dénoncer comme mensonges ce qu'il avait défendu lorsqu'il était connu comme militant communiste et partisan du socialisme scientifique. Jusqu'à sa mort violente à la fin des années 70 (renversé par un automobiliste au Mexique), il est resté en relation avec les services secrets des Etats-Unis. Il faudra attendre 34 ans (1930-1964) pour que le PCP puisse se remettre des ravages politiques causés dans sa structure organisationnelle par l'infiltration. Avec l'expulsion de Ravines, les problèmes pour le PCP ne prirent pas fin, et pendant une longue période se succédèrent à sa direction des révisionnistes, opportunistes et droitiers de tous genre. Durant plus de 30 ans, le PCP fut une organisation dirigé caricaturalement par des petits-fonctionnaires rétribués par l'ex Union Soviétique. Un des personnages les plus connus de cette époque noire pour les communistes péruviens fut Jorge del Prado, un individu médiocre et sans aucune valeur politique qui montra pour tout crédit personnel, une photographie où il est à coté de Mariatégui. Le parti de l'époque de Jorge del Prado, sans ligne politique de classes, s'éloigna des luttes populaires et politiquement se soumit à tous les gouvernements civils et militaires du pays. L'infiltration et ses diverses formes La méthode de l'infiltration de la police se résume à " introduire " à l'intérieur des rangs des révolutionnaires un ou plusieurs agents secrets de la police. Cet agent peut être issu de la pépinière même de la police ou des rangs de l'organisation elle-même ciblée pour l'infiltration. Dans le premier cas, l'agent est un policier professionnel qui a suivi un entraînement " doctrinaire " comme s'il était un cadre politique de premier ordre. Cet agent est obligé d'acquérir une rigoureuse préparation politique, et doit être capable de réciter de mémoire des passages importants de textes marxistes, et ainsi pouvoir se présenter comme un inflexible et orthodoxe partisan de la lutte des classes et de la violence révolutionnaire. Cet agent sera sélectionné minutieusement et jusqu'à son aspect physique et vestimentaire doit correspondre avec l'aspect général des militants de l'organisation qu'il doit infiltrer. Dans le second cas, l'agent n'est pas un policier professionnel, et sera alors issue des rangs même du parti ou des organisations ou de personnes qui sont simplement en relation avec les subversifs. En général, cet agent est issu de la partie la moins solide de l'organisation révolutionnaire, mais il peut aussi provenir de ses plus hautes instances. Les candidats de prédilection sont les militants avec le moins de conscience politique, et dans certains cas ceux qui ont peu de différence de fond avec la direction politique de l'organisation. Sur ce terrain, les services secrets ne laissent pas passer la moindre faiblesse du parti et n'importe quelle opportunité pour recruter. Comme le dit un manuel de préparation pour les experts de l'Ecole des Amériques (USA), " on ne doit jamais négliger la possibilité d'utiliser les services des personnes en relation d'une manière ou d'une autre avec le mouvement insurrectionnel… " (6). Souvent, comme le rappelle les manuels eux-mêmes de renseignement, l'infiltration peut venir de quelqu'un de la famille du militant, et dans ce but, les services secrets ne connaissent aucune limite pour fabriquer des montages et présenter la recrue comme une victime de la répression. Le texte suivant, qui provient du manuel de renseignement américain, est éloquent sur la diversité des méthodes employées pour arriver à casser, de l'intérieur, l'organisation subversive. : " Lors d'effort pour trouver une personne qui puisse infiltrer l'organisation Huk*, le commandement militaire Philippin se mis en contact secrètement avec les parents de plusieurs commandant Huks jusqu'à ce qu'il rencontre la cousine d'un commandant qui était prête à coopérer. Après quelques mois d'entraînement spécial, la cousine fut envoyée où était son parent Huk. En tant que parente, elle rencontra son cousin, et pour appuyer sa volonté d'entrée dans les rangs des Huks, l'Armée philippine incendia sa maison, emprisonna son frère et évacua ses parents. Le gouvernement, par la suite, accepta de payer tous les dommages et les ennuis que cela lui avaient occasionnés. Au vu des raisons évidentes qui motivait son antipathie pour le gouvernement, la cousine fut acceptée sans aucun problème dans l'organisation Huk, en se voyant nommé à un commandement dans l'organisation. ". (7)
Les prisons ou les centres de tortures sont les endroits où la police se meut avec facilité pour tenter de recruter des agents. Mais la police réalise aussi (comme le montre le cas péruvien) ses recrutements dans les organisations du parti les plus visibles (dans la légalité) implanté dans le pays ou à l'étranger. Historiquement, la prison par son extrême dureté et ses risques même pour la survie, est comme on le sait, une expérience incomparable qui met à l'épreuve la fermeté idéologique et l'engagement révolutionnaire du militant. La prison peut avoir un double effet dans la conduite du prisonnier. Ainsi, soit la personnalité du militant se trouve mis à l'épreuve et renforcer, soit la résistance morale du prisonnier est fragilisé et lâche. Cette dernière éventualité est un risque objectif dans n'importe qu'elle organisation politique et il ne faut pas écarter l'étude qu'a fait la police dans ce domaine sur la résistance humaine. Si en temps normal (sans guerre révolutionnaire), les organisations communistes sont une cible préférée de l'infiltration de la police, c'est encore plus vrai en temps de guerre quand la subversion menace de renverser l'Etat. Contre la guérilla maoïste dirigée par le Parti Communiste du Pérou (PCP), la police péruvienne et la CIA américaine ont utilisé pour l'infiltration les deux formes décrites, et le terrain d'opération a été indistinctement les organisations secrètes du parti et celles de caractère légal suspecté par la police de faire partie de la structure de l'organisation subversive. Pour avoir une idée générale du degré d'infiltration dans les rangs de la guérilla maoïste, il est bon de prendre en compte l'envergure politique de ce groupe subversif. Le Parti Communiste du Pérou (PCP), à la différence des autres organisations politique d'Amérique Latine, depuis ses premières actions en mai 1980, a eu comme stratégie fondamentale la prise du pouvoir et la liquidation du système d'exploitation et des intérêts des nord-américains dans le pays. Depuis 1980, divers organismes spécialisés nord-américains, aussi bien ceux faisant partie des renseignements comme ceux qui se consacrent à l'analyse universitaire de la situation politique et sociale en Amérique Latine, se sont donné pour tache l'étude et la connaissance de la nature révolutionnaire du groupe qu'ils nomment péjorativement Sentier Lumineux. La Corporation RAN, organisation d'études dépendant du Bureau du Secrétaire de la Défense des Etats-Unis, fut un de ces organisations qui étudia le mieux la guerre subversive au Pérou. En 1990, elle publia un rapport où elle prédisait entre autres choses le triomphe de la guérilla maoïste. Un résumé de ce rapport est le suivant : " Le Pérou est un pays au bord de l'effondrement interne. Le défi le plus grave sur une large échelle est le groupe guérillero connu comme le Sentier Lumineux. Autrefois confiné dans la région isolée et pauvre d'Ayacucho, au cours des neuves dernières années ses opérations se sont étendues à tous les départements du pays… Dans le meilleur des cas, le Pérou doit s'attendre à une guerre prolongée contre le Sentier… Dans le pire des cas, le Sentier Lumineux gagnera. Bien que cela paraissait encore inconcevable jusqu'en 1987, cela est devenu à présent plausible. Le fait qu'aujourd'hui nous pouvons discuter de cette possibilité témoigne de la vitalité du Sentier Lumineux comme force politique… ". (8) L'" introduction " d'agents En 1982 (seconde année du début de la lutte armée), les services secrets de l'armée arrivèrent à infiltrer une des bases de la guérilla du Parti Communiste du Pérou (PCP). L'agent fut José Colina Gaige, capitaine de l'armée et membre du Service de Renseignement National (SIN). Son entrée, il le fit par les Andes et sa couverture fut de se faire passer pour un anthropologue français, arrivé récemment dans le pays, et qui désirait collaborer avec les forces de la guérilla. A ce moment-là, les services secrets de l'Etat étaient convaincus que le président Gonzalo se trouvait quelque part dans les Andes (Ayacucho, Apurimac, Huancavelica, Pasco, etc.) et l'infiltré avait comme mission principale de détecter le lieu exact où se trouvait le chef révolutionnaire. Le personnage avait été bien préparé et demeura libre de ses mouvements. L'agent était grand et blanc (très différent de la population andine du Pérou), et son langage et on ne suspecta pas que derrière le discours incendiaire et soigné se trouvait un agent des services secrets du pays. Son apprentissage du renseignement, de l'infiltration et des couvertures, il le fit au Fort Gulix des américains au Panama. Il fut abattu en 1984 dans le village de Jésus (Ayacucho) et jusqu'à aujourd'hui on ne connaît pas avec exactitude si ceux qui l'ont exécuté étaient des membres de l'armée qui ne connaissait pas sa véritable identité ou s'il fut jugé par les guérilleros après avoir été démasqué comme agent militaire.
C'est Vladimiro Montesinos lui-même qui a expliqué les méthodes utilisées par le Service de Renseignement National (SIN) pour infiltrer les subversifs maoïstes et détecter les sympathisants de ce groupe. Selon l'ex chef du SIN, il avait formé " une équipe " pour trouver les " sendéristes " dans les universités et dans les quartiers populaires. Depuis 1980, les universités et les quartiers pauvres du pays étaient pour la police des " nids de terroristes " et des foyers de recrutement de la subversion. En mai 1991, Alberto Fujimori disait : " Nous mettrons de l'ordre dans les universités ", et il militarisa l'Université San Marcos et La Cantuta (Lima). La même chose se produisit dans la majorité des villages et quartiers populaires qui furent pratiquement occupé par les troupes de l'armée. D'après Montesinos, ceux qui faisaient partie de cette " équipe ", dénommé dans le jargon militaire "agent de renseignement opérateur (AIO) ", avaient étudié " tous les documents du Sentier Lumineux ", et comme le raconte Montesinos, ils furent entraînés à la langue, " l'habillement, le comportement ", pour ensuite aller dans les universités et entamer " le débat politique ". La même méthode, explique Montesinos, a été utilisée dans les occupations précaires urbaines où les agents " sendéristes " du SIN défendaient la continuation de la lutte armée. Par ce moyen, conclu Montesinos, " nous avons découvert comment était fait le travail politique… nous avions maintenant une base de données importantes à un moment donné, en une nuit nous avons fait un coup de filet… " (9)
Santiago Martin Rivas, le chef des opérations du groupe paramilitaire " Colina " qui depuis 1990 travaillait dans le Service de Renseignement National (SIN), a pu compter pour sa préparation politique sur les informations recueillies par un agent infiltré dans les rangs des étudiants maoïstes de l'université La Cantuta. William Tena Jacinto, était un étudiant en philosophie et un agent du SIN. C'est cet infiltré qui prépara le rapport sur les neuf étudiants et un professeur de La Cantuta, activistes du PCP, qui furent séquestrés le 18 juillet 1992, torturés et assassinés par le groupe clandestin dirigé par Martin Rivas. Le 3 novembre 1991, Yulisa Ayme membre du groupe " Colina ", se fit passer pour une " camarade " pour infiltrer une réunion festive (pollada) qu'organisait un groupe de sympathisant de la guérilla maoïste. La mission de cette fausse " camarade " de base était de trouver les principaux " membres sendéristes ". Cette information servit à un commando du groupe " Colina " qui débarqua dans le lieu de la " pollada " et assassina 15 adultes et un enfant de huit ans. Ce crime eu lieu le 3 novembre 1991. Bruxelles, février 2004
Source : 1. La guerre révolutionnaire au Pérou. Histoire du Parti Communiste du Pérou (PCP). (Actuellement en correction). Auteur : Luis Arce Borja. 2. Philip Agee, Journal d'un agent secret, 10 ans dans la CIA, 1976, édition en français. 4. José Surra, déclaration à Luis Arce, février 2004. 5. Hugo Fontana, " La peau de l'autre ", le roman d'Hector Amodio Pérez, 2004. 6. Ecole des Amériques. Manuel de base, publié en août 2001 par Equipo Nizkor. *Huk, un mouvement rebelle est né pendant la seconde Guerre mondiale pour lutter contre l'envahisseur japonais qui occupait les Philippines. Ce mouvement de composante paysanne dota sa lutte d'une direction socialiste. 7. Ecole des Amériques. Manuel de base, publié en août 2001 par Equipo Nizkor. 8. Gordon H. McCormick, Le Sentier Lumineux et le futur du Pérou, préparé pour le Département d'Etat américain, mars 1990. 9. Vladividéo, conversation entre Vladimiro Montesinos, le général Briones et Luisa Maria Cuculiza, 1995.
Note de la rédaction. La seconde partie de cette série, traitera de l'infiltration chez les prisonniers de guerre et dans les organismes à l'étranger. On verra comment Vladimiro Montesinos dirigeait, depuis le Service de Renseignement National (SIN), la " lutte des deux lignes " dans les prisons, et comment des dirigeants historiques sont passé à l'ennemi pour travailler avec la police.
Traduit de l'espagnol (version non-certifiée). Source : El Diario Internacional N° 102 - 26 février 2004. Edition électronique
|