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Infos RESISTER 26 mars 2004 Pourquoi sommes-nous concernés ? Entre avril et juin 1994, plus d'un million de personnes ont été tuées en 100 jours au Rwanda parce qu'elles n'appartenaient pas à la "bonne race". Les Tutsi, fichés ou identifiés "au faciès" (selon les préjugés répandus), ont été systématiquement exterminés, des vieillards aux nourrissons. Les opposants Hutu qui ne voulaient pas participer aux massacres ont également été sauvagement massacrés. Ce génocide prévisible, et qui aurait pu être empêché, a été commis avec la complicité des autorités françaises. L'héritage colonial Pourtant, avant la colonisation, le Rwanda était depuis plusieurs siècles un État-Nation dont les composantes démographiques (Hutu, Tutsi et Twa) éparpillées sur toute l'étendue du pays partageaient la même langue, pratiquaient les mêmes coutumes et une même religion. Hutu, Tutsi et Twa n'étaient donc ni des races ni des ethnies, mais plutôt des catégories socio-économiques liées aux différentes activités, avec des possibilités de passage de l'un à l'autre. Ce sont les colons, Allemands, puis Belges, avec le soutien de l'église catholique qui ont appliqués aux africains les thèses du "racisme scientifique". Pour administrer le pays, ils se sont appuyés sur les notables de l'aristocratie Tutsi, décrétée "race supérieure" et ont mis en place une classification raciale de la population. Mais lorsque les idées d'indépendance et de laïcité prennent de l'ampleur, les colons Belges opèrent un retournement d'alliance et appuient une nouvelle politique ethnique du "peuple majoritaire" Hutu, qui donnera lieu à des massacres à répetition et à un exode massif de populations vers les pays voisins. Arrivée de la France En 1990, au début de la lutte pour la libération du Rwanda par le Front Patriotique Rwandais (FPR, luttant pour permettre le retour des expatriés), le gouvernement a lancé une nouvelle vague de massacres. C'est la même année, à la suite d'un débat parlementaire mouvementé sur la situation au Rwanda et l'implication de la Belgique, que l'opinion publique belge bascule, et pousse au retrait le gouvernement, qui n'avait plus de toute façon les moyens de sa politique impérialiste. Ce territoire laissé libre est une aubaine pour la France qui n'hésite pas à y installer son armée. Le Rwanda représente pour elle une pièce maîtresse sur "l'échiquier" africain, notamment afin de contrôler le Zaïre voisin, et ses immenses richesses. C'est donc en 1991 que la France intervient pour la première fois officiellement afin d'aider le gouvernement du dictateur Habyarimana à repousser les attaques du FPR. L'armée française n'a bien sûr pas fait que passer. Une fois installée, elle est restée. L'implication française dans le génocide Le 7 avril 1994, la nuit est donc tombée sur le Rwanda, après cette opération Amaryllis (qui avait pour but officiel d'évacuer les ressortissants étrangers du Rwanda) pendant laquelle les légionnaires et les paras français se déplaçaient au milieu d'un bain de sang. Les tueurs en action, militaires et miliciens qu'ils avaient formés, les saluaient avec respect, fusils ou machettes au poing. Les "comités d'autodéfense populaire", fruits de la coopération militaire franco-rwandaise, se livraient sous leurs yeux, dans la connivence, à l'extermination des civils. A la fin de l'opération Amaryllis, le tri
était fait. Les Blancs étaient
évacués. On avait tiré le rideau.
Les responsables français avaient clairement
donné leurs consentements aux tueurs en laissant
faire. Les massacres pouvaient alors se développer
dans tout le pays, sans témoin étranger, dans
"la nuit rwandaise"… La Françafrique au travail De 1990 à 1994, des membres de l'armée
française, le Détachement d’Assistance
Militaire d’Instruction (DAMI) ont aidé à
former l'armée officielle rwandaise, 100 % Hutu, en
la faisant passer de 5000 à 50 000 hommes, sans
compter les escadrons de la mort “Interahamwe”. Cette
armée a bien sûr besoin d'armes, de
matériel, de logistique… pas de problème, la
France pourvoit très bien à ses besoins…
C'est ensuite cette armée, bien
entraînée et équipée par la
France, qui va organiser, encadrer et perpétrer, avec
l'aide des miliciens et d'une grande partie de la
population, les massacres et le génocide.
Finalement, en juin 1994, à la fin du
génocide grâce à la fameuse
opération Turquoise, faussement qualifiée "
d'humanitaire ", la France va, sous couvert du mandat de
l’ONU, réussir à faire évacuer vers le
Zaïre les principaux génocidaires, dont des
membres éminents du gouvernement, qui avaient
contribué à la planification et à
l'organisation des massacres. Lors de la session
annuelle de la commission des droits de l’homme des Nations
Unies de 1994, notre pays a tout au contraire bloqué
la mise en accusaiton “d’actes de génocides contre
les Tutsi” portée par la commission internationale
d’enquête sur les violations des droits de l’homme au
Rwanda, pour éviter que le Rwanda ne fasse l’objet
d’un débat public. En 1998, la mission d'information
parlementaire française sur le Rwanda
présidée par Paul Quilès, qui a
écarté la demande d'une commission
d'enquête, a été manipulée pour
que ne soit pas reconnue la responsabilité de la
France. Aujourd'hui encore le Gouvernement Français
et son ministre des Affaires étrangères de
Villepin participent au négationnisme ou au
révisionnisme en prônant la thèse du
double génocide que tentaient déjà de
faire accroire en 1994 les services de propagande de notre
armée. Nous ne pourrons pas dire une seconde fois : "nous ne savions pas...." Comment peut-on tolérer que le peuple français soit maintenu dans l'ignorance ? On ne peut accepter que les plus hautes autorités politiques et militaires aient pu, en toute impunité, se faire les complices d'un génocide, pas plus que nous ne pouvons accepter qu'aujourd'hui comme hier, la France continue de soutenir des dictateurs qui oppriment de façon sanglante les peuples Africains. -- Il nous faut dire non à tout ce qui a permis cette complicité de génocide, et qui, s'il reste non dit et inchangé, permettra sa répétition. -- Il faut que la question de la politique africaine de la France occupe le devant de la scène médiatique française. -- Il faut briser le silence complice. -- Il nous faut (ré)agir et dénoncer cette politique odieuse de la France en Afrique. --- Pour plus d'infos : - www.enquête-citoyenne-rwanda.org - Alison des Forges (FIDH), Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, 1999 - Jean-Paul Gouteux, Un génocide sans importance, Tahin Party, 2001 - Jean-Paul Gouteux, La Nuit rwandaise. L'implication française dans le dernier génocide du siècle, L'Esprit Frappeur, 2002 - Michel Sitbon, Un génocide sur la conscience, L'Esprit Frappeur, 1998 - Jean-Pierre Chrétien (dir.), Rwanda : Les médias du génocide, Karthala, 1995 - François-Xavier Verschave, La Françafrique, Stock, 1998 - Roméo Dallaire, J'ai serré la main du Diable, Libres Expression, 2003
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