LE
COMMENCEMENT DE LA MISE OEUVRE DE LA LIGNE DU
IIè CONGRÈS
|
....... Immédiatement après la tenue du
IIe Congrès, plusieurs activités de notre
Parti ont eu pour but la mise en oeuvre de la ligne contenue
dans son programme.
.......
S'il est absolument certain qu'au
niveau du Bureau politique et du Secrétariat ce
dernier ne fut pas interprété de la même
façon que par certains membres du Parti de la
région parisienne qui crurent le moment venu pour
agir avec frénésie dans le sens voulu par eux,
il n'empêche que la recherche d'alliance contre les
deux super-puissances a pris un tour
équivoque.
.......
Elle nous a en effet conduit
à des entretiens avec l'UJP , la revue "l'Appel" et
Michel Jobert, ainsi qu'à des participations en
commun à des manifestations diverses avec l'UJP ,
"l'Appel" et le "Centre pour l'indépendance
nationale". Il paraît certain aujourd'hui que de
telles initiatives replacées dans le strict cadre du
Front uni mondial contre les deux super-puissances pouvaient
se justifier. Ces formations et personnalités,
quoique liées à la bourgeoisie, ne
participaient pas au pouvoir. Leurs positions permettaient
de les situer parmi la bourgeoisie progressiste. Depuis
lors, d'ailleurs, l'UJP aussi bien que le Mouvement des
Démocrates de Jobert ont affiché des lignes
politiques qui les opposent aussi bien à la
majorité qu'aux partis de l'opposition, à la
bourgeoisie réactionnaire de droite et de gauche.
L'UJP et le Mouvement des Démocrates ont
annoncé qu'ils refuseront tout désistement au
second tour des élections législatives
prochaines en faveur des candidats de la majorité
actuelle ou des partis de gauche.
.......
Malheureusement, la conception que
nous avions rendue publique avec le programme issu du IIe
Congrès a donné à ces contacts le
caractère d'une alliance sans principe avec des
représentants de la bourgeoisie. C'est ainsi que nos
initiatives ont été comprises, et tous nos
adversaires en ont profité pour nous créditer
d'une politique d'alliance effective avec la bourgeoisie,
tournant le dos aux justes nécessités de la
lutte contre le pouvoir et l'Etat
capitaliste.
.......
Nous allons donner dans quelques
instants quelques premières idées sur ce que
doit être le Front uni mondial contre les deux
super-puissances, et la distinction que nous devons en faire
d'avec le Front uni contre le capital monopoleur. Nous
comprendrons alors qu'à la condition d'avoir une
ligne fondamentale juste sur le plan des luttes de classes
dans notre pays, la recherche et la pratique d'alliances
dans le cadre d'un Front uni mondial contre les deux
super-puissances ne risquent plus de provoquer le
caractère équivoque, ambigu, de nos relations
avec des formations ou personnalités comme celles que
nous avions établies après le IIe
Congrès.
.......
Au passage, il est
nécessaire de rappeler que nous n'avons pas
organisé un meeting avec la NAF , contrairement
à ce qu'ont proclamé tous nos contradicteurs
gauchistes, trotskistes et révisionnistes. Nous avons
participé à un forum organisé par le
"Centre pour l'indépendance nationale" que dirigeait
le nommé Patrice Gélinet, étroitement
lié au groupe de la revue "l'Appel" et à l'UJP
gaulliste. Ce que nous avons déclaré dans ce
forum sur la situation internationale fut fondamentalement
juste et reste d'ailleurs différent de ce que dirent
tous les autres participants. Parmi ces derniers figurait le
dirigeant de la NAF, Bertrand Renouvin, dont l'intervention
ne contint aucun passage qui permette de lui appliquer
l'étiquette de fasciste. Au sujet de cette formation,
il importe d'ailleurs de préciser que ses positions
dès cette époque comme actuellement, ne
justifient pas le qualificatif de "fasciste" que lui
accolent volontiers trotskistes et gauchistes en raison du
passé particulier de la vieille Action
française. De toute façon, en allant à
ce forum, nous n'avions aucune intention d'établir
des relations bilatérales avec la NAF, et nous n'en
établîmes pas. Par la suite, on nous accusa
aussi d'avoir eu des contacts avec Patrice Gélinet,
présenté comme ancien de l'OAS et originaire
d'une famille de collaborateurs avec les nazis.
Naturellement, nos rencontres peu nombreuses avec ce
militant eurent lieu sans que nous n'ayons connaissance de
ces accusations. Mais nous avons depuis lors fait une
enquête dont il ressort que notre interlocuteur n'est
pas l'individu portant le même patronyme qui fut OAS
et ancien collabo. Il ressort de tous ces faits que nos
initiatives ont pu donner des arguments contre nous en
raison du contenu précis de la ligne bourgeoise du
IIe Congrès. Les dirigeants révisionnistes
firent savoir à leurs militants de base que nous nous
étions alliés avec la bourgeoisie, mais ils ne
s'en empressèrent pas moins d'établir
justement des relations avec l'UJP et même avec
"l'Appel". On peut ainsi discerner la valeur des accusations
portées contre notre Parti. A nous, dans l'avenir, de
savoir éviter de prêter le flanc à de
pareilles attaques, en affirmant plus que jamais dans le
programme de notre Parti qu'il comporte, avec la lutte
contre les deux super-puissances, la lutte contre le capital
monopoleur français.
.......
La mise en oeuvre du programme du
IIe Congrès, sans l'accord du Comité central
et en dépit des directives contraires de son
Secrétariat, fut par ailleurs l'objet d'entreprises
précipitées et plus que suspectes de la part
d'un certain nombre de militants de base et de quelques
cadres intermédiaires de la région parisienne.
On sait dans quelles conditions ces gens, depuis lors
écartés de nos rangs, s'efforcèrent
d'entrer en relations politiques avec les
représentants aux niveaux les plus
élevés des partis réactionnaires de la
majorité, étroitement liés au
gouvernement et à Jacques Chirac eux-mêmes. Des
rencontres furent organisées entre des membres de
notre Parti et des politiciens comme Roger Chinaud, le
troisième personnage des Républicains
indépendants, aujourd'hui Parti républicain
(PR), après Giscard d'Estaing et Michel Poniatowski,
alors ministre de l'Intérieur, ou comme Joël Le
Tac, de l'UDR, bien connu pour ses activités de
barbouze. Un meeting où devaient s'exprimer
côte à côte notre Parti et des
réactionnaires fut envisagé dans le XVIIIe
arrondissement, et l'interdiction d'y participer
lancée par notre Secrétariat du Comité
central fut violemment contestée par un cadre
intermédiaire et quelques militants de base qui s'y
étaient préparés.
.......
Il est clair aujourd'hui que cette
ultime phase du développement de la ligne bourgeoise
du IIe Congrès mit en évidence l'existence
d'une ligne cohérente qui s'était
dissimulée jusque-là sous la ligne juste de
critique des positions du CTP, mais qui se démasqua
à partir de la rectification et déboucha pour
certains militants sur des positions antagonistes et
même fractionnelles.
.......
La lutte pour combattre ces
représentants de l'idéologie de l'ennemi de
classe fut difficile au début, puis réussit
peu à peu à reprendre le dessus, notamment
à partir des succès constitués par le
Rassemblement ouvrier du 14 février 1976 puis par la
tenue de la Conférence nationale ouvrière. Sur
la région parisienne, elle a porté atteinte
temporairement au développement de notre Parti et
s'est soldée par une régression d'environ cent
militants au point de vue quantitatif. Mais cette
épuration indispensable a créé les
conditions objectives d'un renforcement qualitatif de notre
Parti et, désormais, la voie est à nouveau
ouverte à des progrès sensibles sur la base de
la lutte contre la bourgeoisie capitaliste et contre les
deux super-puissances.
.......
Il est à noter qu'à
l'occasion du dernier voyage de Brejnev à Paris, les
tenants de la ligne du IIe Congrès ne se sont
manifestés concrètement que par l'absence de
toute manifestation réelle, que ce soit par
l'intervention de la formation squelettique qu'ils ont
créée en provoquant une scission du MIL
(Mouvement pour l'indépendance et la liberté)
ou par celle du groupe tout aussi maigre qu'ils ont
essayé de créer en utilisant abusivement et de
façon provocatrice les différences d'analyses
de la situation internationale du Parti du travail d'Albanie
et d'autres partis marxistes-léninistes comme le
nôtre.
Toujours est-il qu'il importait de
révéler tous ces faits, car ils
témoignent avec éclat des torts importants
portés à notre Parti par les erreurs
intervenues au IIe
Congrès.
LE
PROCESSUS DE DÉVELOPPEMENT DES IDÉES
FAUSSES
|
....... Comment donc une orientation si grave a-t-elle
pu triompher au IIe Congrès ?
.......
Avant d'en arracher les
vénéneuses racines de classe d'un point de vue
autocritique approfondi, examinons le processus concret du
développement de toutes ces idées
fausses.
.......
Le point de départ n'est
autre que la juste et nécessaire lutte
idéologique menée contre les conceptions et la
ligne présentes dans nos rangs qui reflétaient
la pression du révisionnisme moderne, cette ligne
qu'avaient surtout mise en oeuvre les dirigeants parisiens
constitués en CTP .
.......
Nous nous trouvons en
présence d'un éclatant exemple confirmant
l'indication de Mao Tsetoung d'après laquelle au
cours d'une lutte entre deux lignes, la ligne juste peut
parfaitement recouvrir une ligne fausse qui ne se manifeste
pas encore ouvertement et ne se développe qu'à
partir d'un certain moment, notamment quand la ligne
combattue aura été vaincue et
détruite.
.......
La lutte idéologique et
politique contre la ligne représentée par le
CTP fut-elle utile ? Nous pouvons assurer qu'elle fut
indispensable et contribua à rejeter efficacement la
pression du révisionnisme moderne sur nos rangs. Ce
qui ne signifie pas qu'une ligne ou une tendance
temporairement écartées ne sont pas
susceptibles de revenir ultérieurement à
l'offensive à l'intérieur du
Parti.
.......
En fait, si nous examinons
sérieusement les matériaux de notre Parti,
nous nous rendons compte que la ligne du IIe Congrès
est en germe dans nos rangs dès le
déclenchement officiel de la lutte contre la ligne de
tendance révisionniste, et même quelque temps
auparavant.
.......
Le déclenchement officiel
par le Comité central de la lutte idéologique
active contre les conceptions et pratiques du CTP se situe
en avril 1974, lors de la 3ème session du
Comité central issu de la 2ème
Conférence nationale ayant suivi le 1er
Congrès. Mais dès la 2ème session de
l'organisme dirigeant du Parti, en décembre 1973, les
idées fausses portant atteinte à la ligne
fondamentale du Parti sont déjà
présentes au sein du Comité central. Voici un
passage éloquent à cet égard extrait du
Rapport de décembre 1973, présenté
devant le Comité central sur la question de la
rivalité entre les deux super-puissances ; à
propos de la "situation politique en France", il est dit
:
.......
"...Les contradictions de la
société française peuvent se ramener
à deux grandes catégories: les contradictions
entre les diverses classes et couches de la bourgeoisie, les
contradictions de la bourgeoisie.
....... Ces
derniers temps, les luttes des masses populaires contre le
capital monopoleur se sont développées en
profondeur et en largeur: chaque mois, de nouvelles
catégories sont entrées dans la lutte, chaque
fois, les luttes ont gagné en intensité et en
détermination. Cependant, est-ce que cela suffit pour
dire que désormais et pour toujours la contradiction
principale chez nous c'est celle qui oppose le
prolétariat et les masses populaires à la
bourgeoisie ?.. ".
....... Excusez la longueur de la citation, mais elle
parait indispensable pour accéder à une juste
conscience du processus des erreurs commises. Ce rapport
poursuit :
.......
"La
France est un pays capitaliste: depuis que la bourgeoisie y
a renversé la féodalité, la
contradiction fondamentale y oppose le prolétariat
dominé à la bourgeoisie dominante. C'est
là une réalité de base qui ne se
transformera qu'avec la révolution
prolétarienne (prolétariat dominant -
bourgeoisie dominée) et qui ne disparaîtra
qu'avec la société
communiste.
....... Cependant,
l'Histoire nous enseigne que cette contradiction essentielle
qui détermine la nature même du système
actuel n'a pas toujours été dans le
passé dominante, elle n'a pas toujours
été celle qui détermine, qui commande
de façon décisive l'évolution des
autres. Ainsi, au cours de la 2ème guerre mondiale,
n'est-il pas vrai que c'est la contradiction entre
l'occupant nazi, ses collabos et le front anti-fasciste
national qui fut dominante ? Regardez l'essor
impétueux des forces révolutionnaires du
prolétariat au cours de la lutte: c'est parce que le
PCF fut le parti d'avant-garde pour la défense de la
patrie que les forces de la révolution
prolétarienne ont grandi. A la fin de la guerre, le
développement du prolétariat et
l'affaiblissement de la bourgeoisie mit au premier plan de
nouveau la contradiction entre ces deux pôles: c'est
cette contradiction qui domina les autres contradictions de
la société en dépit de la ligne
opportuniste du PCF, c'est son développement
après la guerre qui suscita la panique de la
bourgeoisie monopoliste française et détermina
son étroite alliance avec l'impérialisme U.S.
".
....... Et, écoutez bien ce qui va suivre,
camarades, car nous allons trouver le germe de notre erreur
fondamentale:
.......
"Ainsi, nous devons combattre les vues
figées des phénomènes, mais nous devons
étudier sérieusement le processus de
développement de la situation, notamment les rapports
qu'entretiennent entre elles la contradiction
bourgeoisie-prolétariat et la contradiction partisans
du capital monopoleur-partisans des deux super-puissances,
notamment le social-impérialisme
soviétique".
.......
Suit un développement sur
les comportements des révisionnistes du PCF, et le
rapport conclut :
.......
"Tout
indique que dans le développement inégal des
contradictions, c'est la contradiction entre la bourgeoisie
monopoliste européenne et les représentants
des deux super-grands, surtout les
sociaux-impérialistes, qui connaît un
début de transformation avec l'apparition d'une phase
nouvelle dans les rapports où la lutte a pris le
dessus sur l'alliance... ".
.......
Toutefois, la dernière
proposition restera en-deçà des
conséquences directes de cette analyse, puisqu'elle
lancera ces mots d'ordre :
.......
"Impulser, développer l'action
révolutionnaire des masses et se préparer et
préparer le peuple en prévision d'une
agression ou d'une subversion, telle doit être notre
ligne".
.......
A quoi s'ajoutera cette ultime
phrase encore fort imprécise, mais sans doute
déjà assez explicite si elle avait
été poussée au-delà :
"Cette ligne politique fixe
notre ligne militaire
".
.......
Chers camarades, nous avons
parfois pensé que la ligne bourgeoise du IIe
Congrès pouvait n'être qu'un simple accident,
survenu fortuitement dans le processus d'élaboration
de la ligne de notre Parti. Rappeler les extraits du rapport
de décembre 73, qui figure dans le Cahier rouge
N°9 édité par nos soins en janvier 1975,
nous aide à constater une réalité
infiniment plus sérieuse. C'est en
vérité beaucoup plus tôt qu'au cours des
deux ou trois derniers mois précédant le
Congrès que la ligne erronée sur le plan
fondamental s'est insinuée dans nos rangs,
directement au sein de notre Comité central et nous
devons le souligner d'un point de vue autocritique
approfondi.
.......
Examiner ensuite les contenus des
rapports présentés successivement devant les
sessions ultérieures de l'organisme dirigeant de
notre Parti ne peut que confirmer ce fait en décelant
dans ses détails concrets le développement du
processus d'élaboration politique conduisant au
programme du second Congrès.
.......
La 3ème session du
Comité central issu de la 2ème
Conférence nationale suivant le 1er Congrès,
s'est tenue au mois d'avril 1974. Elle revêtit une
importance particulière car y fut prise la
décision de lancer "une grande campagne de lutte
contre l'opportunisme, de critique du subjectivisme et de
l'idéalisme et de rectification afin de renforcer la
direction de la ligne prolétarienne et d'augmenter la
capacité combative du Parti". C'est au cours de cette
session que fut proclamé: "La tâche centrale du Parti, c'est de
lutter contre le révisionnisme. Combattre le
révisionnisme, c'est combattre le pilier N° 1 de
la bourgeoisie et de l'impérialisme; c'est travailler
à abattre l'obstacle principal à la
révolution prolétarienne, c'est faire la
Révolution". La
conclusion du rapport présenté devant le
Comité central comportait cette phrase explicite:
"La grande campagne
lancée par le Comité central contre les
manifestations du révisionnisme moderne est une
campagne de rectification et d'éducation, qui
intervient au moment où s'exacerbe partout dans le
monde la lutte du marxisme-léninisme contre le
révisionnisme moderne, dernier rempart de la
bourgeoisie et de l'impérialisme... ".
....... Sans trop user de citations, voyons quelles
étaient les erreurs déjà contenues dans
ce rapport approuvé par la 3ème session du
Comité central. Concrètement, la contradiction
principale de la société française
était réduite à la contradiction entre
prolétariat et révisionnisme moderne. On
calquait de surcroît sur la France ce que l'on
proclamait être la contradiction principale sur le
plan mondial, celle opposant le prolétariat et les
super-puissances, la plus dangereuse étant le
social-impérialisme russe. Et du coup, on omettait la
fonction de classe exploiteuse, oppressive et
répressive de la bourgeoisie capitaliste monopoliste
détentrice du pouvoir et de l'Etat, alors qu'en
dépit de la force nullement négligeable
représentée par le parti révisionniste,
surtout considéré dans son allégeance
à son homologue russe, cette bourgeoisie capitaliste
monopoliste d'Etat constituait bel et bien un
élément concret et nullement escamotable de la
situation. La session du Comité central qui suivie,
la 4ème session, qui se tint en juin 1974,
approfondit encore l'orientation ainsi
commencée.
.......
Il est absolument
indéniable que le rapport alors
présenté apporta une contribution utile
à une juste compréhension de la situation
internationale, notamment par rapport à la ligne de
tendance révisionniste qu'il convenait de combattre.
Mais si sous cet aspect, ce rapport peut paraître bon
dans l'ensemble et même excellent pour certain
passages, le ver était déjà dans le
fruit et poursuivait son mauvais travail.
.......
Au début de la campagne de
rectification, nous avions décidé de mener la
lutte contre l'influence du révisionnisme dans nos
rangs. C'était certes une condition importante de
l'efficacité de nos activités pour nous
efforcer "d'arracher la classe ouvrière à
l'influence du révisionnisme moderne", mais aussi
pour que notre parti, en cours d'édification,
devienne un authentique parti marxiste-léniniste. Or,
dans ce rapport à la 4ème session du
Comité central, on s'attaqua davantage aux causes
externes qu'aux conditions internes. En quoi aurait dû
consister la lutte contre les tendances
révisionnistes apparues dans nos rangs ? Il eut alors
fallu les corriger dans l'action contre la bourgeoisie et
contre le patronat.
Notre parti aurait
dû soutenir de grands efforts pour imposer sa
démarcation critique et offensive de la ligne et des
pratiques contre-révolutionnaires des
révisionnistes dans les entreprises et dans les
syndicats. Malheureusement, dès ce rapport, on
éludait la contradiction principale et l'on se
préparait à l'abandon du point de vue de
classe, parce que l'on était complètement
ébloui et aveuglé par ce seul et unique
représentant de l'ennemi : le Parti
révisionniste "cinquième colonne" du
social-impérialisme russe. Du coup, dans une usine,
on exigeait de commencer par démasquer les bonzes
révisionnistes du PCF et de la CGT, et ce
n'était qu'ensuite qu'on pensait pouvoir lutter
contre le patronat. En fait, on préconisait
d'opérer exactement à l'inverse de la
meilleure façon d'agir, car c'est à l'occasion
de la lutte de classe que l'on peut démasquer
efficacement la fonction traîtresse des
révisionnistes. Aujourd'hui, il noua suffit de voir
comment ont agi nos camarades grévistes des foyers
Sonacotra, entre autres exemples, pour mieux comprendre
quelle est la meilleure et surtout la juste tactique
à employer. En affirmant de manière exclusive
que le révisionnisme était l'obstacle
principal à la révolution
prolétarienne, nous escamotions la fonction
même de l'Etat capitaliste qui, selon Marx comme
Lénine est et reste jusqu'au bout le fondement le
plus solide du capitalisme et de la classe bourgeoise. Il
eut fallu dire que le révisionnisme était
l'obstacle principal A LA PRÉPARATION de la
Révolution prolétarienne dans les rangs de la
classe ouvrière, mais nous proclamions alors que le
révisionnisme constituait l'obstacle principal au
niveau de l'ensemble de notre société, sans
tenir compte des organes répressifs de la classe au
pouvoir , tels la police, l'armée, la justice,
etc.
.......
Peu après intervint la
dissolution du CTP annoncé en juillet 1974 et la
5ème session du Comité central se tint au mois
de juillet 1974. A cette occasion encore, des progrès
furent accomplis dans la compréhension de la
situation internationale, même si l'on relève
des passages confus et même erronés dans le
rapport alors présenté. Mais il y eut
également dans ce rapport confirmation et
développement des idées fasses
déjà exprimées antérieurement.
On introduisit l'idée que la Révolution
prolétarienne en France dépendait
exclusivement non pas de la contradiction principale et
fondamentale de notre société, mais de la
situation internationale.
.......
"C'est pourquoi nous pouvons dire maintenant que
la question centrale c'est de bien comprendre les liens
existant entre les conditions internes des bouleversements
en France et les conditions externes. De quoi s'agit-il ? Il
s'agit d'abord et avant tout de bien saisir ce que veut dire
"la révolution prolétarienne en France est une
partie de la révolution mondiale". "
.......
Suivons bien le raisonnement qui
va suivre: il semble confus au début mais n'en est
pas moins explicite dans sa cohérence et sa
persévérance vers l'erreur.
.......
"La
ligne de droite dons nos rangs a tenté d'escamoter
cette réalité de base selon laquelle la
révolution prolétarienne en France est une
partie de la révolution mondiale, en
infléchissant la ligne du Parti de façon
à la faire dévier de sa cible. Car telle est
pour nous la question centrale: comment viser la cible de
notre révolution avec la flèche du marxisme-
léninisme ?
....... L'objectif de la révolution mondiale
socialiste, c'est le renversement définitif du
système impérialiste dont les piliers
principaux sont, à l'heure actuelle, les deux
super-puissances".
.......
Et voyez comment nous allions
passer du niveau mondial au niveau national :
.......
"La
cible de la révolution prolétarienne en
France, c'est le renversement du capitalisme et de
l'impérialisme dont les plus acharnés
défenseurs sont l'impérialisme
américain et le social-impérialisme
soviétique, ainsi que le capital monopoliste et les
autres forces de la réaction intérieure qui
trahissent les intérêts de la
nation ".
.......
Ici, nous avions repris en la
forme le point 10 des Propositions en 25 points, mais voyons
maintenant comment nous allions, sur le fond, en escamoter
une partie :
.......
"Dans
les faits, sous la pression de la ligne opportuniste, le
parti a bien souvent perdu de vue cette cible. Combien de
camarades n'ont pas eu dans la tête cette idée
qu'il faut d'abord renverser le capital monopoleur dans
notre pays et après "on verra"
!
Mais c'est
là une vue coupée de la réalité
car pour conduire la révolution à la victoire
en France, il s'agit non seulement de préparer le
Parti sur tous les plans à la Révolution
violente mais également d'éduquer et de
préparer les masses. Or, peut-on parler de
préparation et du parti et des masses si l'on imagine
un instant que les deux super-puissances et notamment le
social-impérialisme soviétique resteraient les
bras croisés alors qu'une bonne part de
l'économie nationale est investie par les capitaux
américains et que les expansionnistes
soviétiques nourrissent des ambitions sur l'Europe
tout entière ?".
.......
Et ici, le rapport à la
5ème session du Comité central issu de la
2ème Conférence nationale suivant le 1er
Congrès, parvenait à une affirmation qui
réapparaîtra à peu près
exactement dans les mêmes termes dans le programme du
IIe Congrès :
.......
"Du
point de vue de la révolution prolétarienne en
France, il n'existe que deux solutions: ou bien la
révolution éclate en France ( et probablement
dans d'autres pays de l'Europe de l'ouest) et cela suscite
l'intervention des deux super-puissances rivales, ou bien de
la guerre entre les deux super-puissances pour
contrôler l'Europe sortira la révolution
prolétarienne".
....... Il faut pourtant remarquer que notre processus
créateur se heurtait aux enseignements
antérieurs et nous imposait des hésitations
qui sont encore manifestes dans la fin de ce
rapport.
De fait, n'envisager que
de façon quasi-exclusive la menace d'un autre ou de
plusieurs autres impérialismes intervenant contre
notre Révolution pouvait conduire à reprendre
à notre compte la fameuse ligne qu'imposa Maurice
Thorez par exemple au peuple algérien: "Ne faites pas
la révolution contre le colonialisme français
parce que les fascistes italiens et nazis vous guettent et
ne manqueraient pas d'en profiter !". Heureusement, notre
Comité central n'en vint cependant jamais
jusque-là.
....... Quels sont les enseignements de la
Révolution d'octobre 1917 ? Abattre le pouvoir des
tsars puis de leurs successeurs bourgeois ne risquait-il pas
de provoquer l'effondrement militaire devant l'offensive
étrangère ? Faire la révolution russe
ne risquait-il pas de provoquer l'intervention des allemands
mais aussi d'autres impérialismes, ce qui se
produisit en définitive d'ailleurs ? Mais
Lénine sut choisir le moment le plus opportun du
point de vue tactique, et de ce fait, au prix même du
compromis passé par la paix de Brest-Litovsk, put
assurer la victoire de la Révolution
prolétarienne.
N'était-ce pas une
ligne franchement pessimiste et opportuniste que de ne
discerner que les menaces effectives des deux
super-puissances pour définir la voie de notre
Révolution prolétarienne ?
....... Nous avons établi par cette étude
de nos documents les plus officiels émanant du
Comité central que le processus d'apparition des
erreurs, fondamentales ou non, contenues dans le programme
du IIe Congrès s'étendit sur une
période d'environ une année et ne fut
nullement fortuit, comme nous avions tendance à le
croire à une certaine
époque.
MANIFESTATION
ACCELÉRÉE DE LA LIGNE
ERRONÉE
A LA VEILLE DU
IIè CONGRÈS
|
....... Nous allons voir maintenant comment ce
processus s'affirma, se confirma et s'accéléra
dans le cadre de la préparation du IIe
Congrès, et comment il se trouva renforcé par
un courant politique assez important à la base
même du Parti, notamment dans la région
parisienne.
.......
Les positions de tendance
révisionniste du CTP firent l'objet d'autocritiques
des camarades qui en avaient assumé la
responsabilité, et la campagne d'active
préparation du Congrès put s'engager
début 1975 sur cette base juste en même temps
que sur celle contenue dans les rapports et autres documents
du Comité central, tels que nous venons de les
évoquer de manière critique. De fait, en
janvier 1975, le Comité central édita le
"Cahier rouge N°9" sous le titre: "La lutte contre le
social-impérialisme soviétique et le
révisionnisme moderne", qui contint les textes des
rapports politiques présentés devant les
2ème (extrait seulement), 3ème, 4ème et
5ème sessions plénières du
Comité central issu de la 2ème
Conférence nationale suivant le 1er Congrès du
PCMLF.
.......
Le Comité central avait
exprimé le désir d'améliorer
sensiblement le fonctionnement du centralisme
démocratique. Dans ce but, il avait
désigné deux commissions exclusivement
composées de camarades dirigeants centraux, une
commission chargée d'élaborer le projet des
nouveaux statuts à soumettre à la discussion
des cellules, une commission chargée
d'élaborer le projet de programme à soumettre
également aux cellules. Ces commissions
travaillèrent de manière inégalement
efficace. La première parvint assez rapidement
à soumettre au Comité central un document,
qu'il retint après quelques amendements, comme
premier projet de Statuts transmis aux cellules. Celles-ci
firent remonter leurs remarques, critiques et suggestions,
la Commission en tint compte pour mettre au point un
deuxième projet plus élaboré et
ratifié par le Comité central, et ce fut
finalement ce deuxième document, sous réserve
de quelques ultimes corrections et rajouts qui fut
adopté par le IIè Congrès. Il y a
vraiment lieu de considérer qu'en la circonstance
avait fonctionné correctement le centralisme
démocratique.
.......
Mais il n'en fut pas de même
pour le programme. Certes des efforts
délibérés furent entrepris par le
Comité central, mais ils se heurtèrent sans
nul doute aux difficultés que dressaient les erreurs
déjà entérinées lors des
2ème et 5ème sessions, même si dans son
ensemble le Comité central n'en avait pas encore
claire conscience.
.......
La Commission chargée
d'élaborer le projet de programme commença par
mal fonctionner, ne se réunissant pas ou qu'avec une
minorité de ses membres, d'autres étant
absents. Finalement, le Comité central dut se
résoudre pour ne plus laisser passer le temps,
à transmettre aux cellules un projet à la
rédaction duquel avaient participé
effectivement deux camarades. La décision de
publication intervint dans la précipitation à
la fin d'une session du Comité central, la
rédaction n'étant pas achevée.
C'était là bien évidemment une
très mauvaise méthode de travail qui
nécessite une autocritique et une rectification dans
la méthode. Le Comité central n'avait pu
apporté lui-même l'attention suffisante
à l'examen et à l'amélioration
nécessaire de ce projet. Ce projet fut envoyé
à la base du Parti. Il avait été
décidé lors de la session du Comité
central tenue en novembre 1974, adopté lors de la
session de janvier 1975 il fut donc transmis tel quel. Il
figura dans le Bulletin intérieur N°35. Si nous
le relisons aujourd'hui, nous nous rendons compte qu'il ne
contenait pas les erreurs sur la ligne fondamentale qui
figureront dans le programme du IIe Congrès, mais ce
n'était cependant pas un bon document, il comportait
de nombreux passages confus, avec des
répétitions et ne reposait sur aucun plan
clairement ordonné pour constituer un programme. Au
surplus, il avait le défaut d'être trop
général.
.......
Que se passa-t-il par la suite
?
.......
Une campagne critique assez
soutenue condamna ce projet, tout particulièrement
dans certaines cellules de la région parisienne, qui
se déchaînaient furieusement contre l'ancienne
direction critiquée et dissoute, le CTP ( ces
cellules étaient animées par les futurs
partisans acharné du IIe Congrès
).
.......
D'autre part, ce projet ne
remporta pas le soutien enthousiaste du Parti en province.
Faisant le point, le Bureau politique en vint à
s'alarmer sans doute outre mesure d'une telle situation,
décida l'annulation de ce projet et chargea le
secrétaire politique de rédiger "en
catastrophe" un nouveau texte de projet. Celui-ci fut soumis
uniquement aux membres du Comité central
résidant dans la région parisienne, puis
ratifié après discussion il fut
ronéoté et transmis aux cellules fin
février semble-t-il (document comportant six pages et
trois titres, le dernier étant " Ligne tactique
actuelle ".
.......
Quand on sait que le IIe
Congrès s'est tenu les 8 et 9 mars 1975, on peut
remarquer que les cellules n'ont pas pu étudier,
discuter, critiquer et amender ce nouveau projet de
programme. Différentes régions et de
nombreuses cellules ont indiqué par la suite ne
l'avoir pas eu à temps. Seuls les
délégués le reçurent
effectivement et ne purent l'étudier
sérieusement faute de temps suffisant.
.......
Quel était le contenu de ce
projet !
.......
Il définissait l'objectif
final et l'objectif stratégique actuel de notre Parti
dans des termes qui ont presque entièrement
subsisté dans le programme du IIè
Congrès. Mais la totalité de sa partie
intitulée "Ligne tactique actuelle" n'a plus du tout
figuré dans le programme issu du IIe
Congrès.
.......
Nous avons procédé
à un rapprochement systématique de ce projet
et de ce qui en a été retenu globalement par
le IIe Congrès. Nous y avons trouvé quelques
modifications, dont nous ignorons si elles furent
imposée lors d'une discussion des membres du
Comité central présents à Paris avant
la transmission aux cellules ou lors de la discussion au IIe
Congrès lui-même. Tel est le cas,
révélateur de l'offensive menée par la
ligne qui triompha au Congrès, en ce qui concerne un
passage figurant à la première page à
propos de la Révolution prolétarienne. Le
programme définitif a supprimé la phrase
suivante : "...que la victoire
(donc de la Révolution prolétarienne)
intervienne avant où à l'issue d'une guerre
mondiale... ". La suppression
de ce passage revenait à rejeter
l'éventualité de la Révolution
prolétarienne avant la guerre, c'est-à-dire
dans le cadre intérieur par l'assaut du
prolétariat contre la bourgeoisie capitaliste
monopoliste et tous les défenseurs du système
capitaliste.
....... Nous avons aussi déjà
souligné que ce projet, et même ce qu'il en est
demeuré après le IIe Congrès,
comportait l'énoncé explicite de la
contradiction fondamentale de notre société.
Mais poursuivant nos efforts critiques et autocritiques
aussi bien que le recherche des idées justes
auxquelles nous étions alors parvenus, voyons ce qui
figurait dans la deuxième partie de ce projet que ne
retint pu le IIe Congrès.
.......
Cette partie prévoyait la
capitulation et la trahison de la bourgeoisie en cas de
crise mondiale due à une guerre entre les deux
super-puissances, elle réaffirmait la
possibilité de la Révolution sans guerre, elle
indiquait que "l'indépendance nationale s'identifierait
à la Révolution
prolétarienne", mais
reflétant le processus d'élaboration de la
ligne à travers les sessions successives du
Comité central, dont le Secrétaire politique
tout comme l'unanimité du Bureau politique et du
Comité central avaient adopté les rapports
politiques successifs, cette deuxième partie du
projet, en contradiction avec sa première partie,
présentait les deux super-puissances comme "cible
principale". Au cours du Congrès, toutefois, cette
deuxième partie fut jugée insuffisante par
plusieurs délégués, dont on sait
aujourd'hui qu'ils étaient de farouches partisans de
l'abandon de la lutte contre l'ennemi principal du
prolétariat en France pour concentrer tous les
efforts exclusivement contre les deux super-puissances, elle
fut entièrement rejetée et une commission du
Congrès comportant d'ailleurs des membres du
Comité central sortant rédigèrent la
nouvelle mouture que nous avons critiquée en
détail au début de ce document. A
l'unanimité moins le délégué de
Strasbourg, dont les positions correspondaient à
celles du CTP, le Congrès adopta ce programme sans
réelle discussion approfondie et à l'issue
d'une seule lecture rapide.
.......
Pour compléter cette
relation des circonstances, nous devons encore souligner que
le rapport politique, réédité en mai
1975 dans le Cahier rouge N° 11, fut envoyé par
le Secrétariat aux délégués des
conférences locales avant le Congrès
lui-même pour permettre son étude dans le cadre
du fonctionnement du centralisme démocratique. Mais
il arriva dans des délais trop brefs pour permettre
une étude sérieuse. Quelques
conférences locales, certains
délégués, même, n'en eurent
connaissance qu'après le Congrès à
cause des difficultés dans l'acheminement des textes.
Mais, plus grave, ce document ne fut pas même
évoqué ni discuté au IIe
Congrès. Ce fut là d'autant plus
néfaste qu'il comportait un important contenu en cinq
chapitres :
I.- La
légitimité historique et statutaire de notre
IIe Congrès ;
II.- Le bilan positif et
autocritique de l'activité du Parti du 1er au IIe
Congrès;
III.- Nos tâches
d'édification du Parti (la discipline, le fondement
théorique de notre Parti : le
marxisme-léninisme et la pensée maotsetoung,
pratiquer l'autocritique, lier le Parti au
prolétariat et aux masses populaires)
;
IV.- L'activité
prolétarienne du Parti dans la classe ouvrière
( comment doivent travailler nos cellules d'entreprise ?)
;
V.- Une conclusion
intitulée : "Seul le Parti de la classe
ouvrière dirigeant le mouvement
révolutionnaire des masses peut faire triompher la
révolution prolétarienne et préserver
l'indépendance nationale".
.......
Deux annexes présentaient
des textes anciens du Parti, notamment sur "la nature de la
révolution en France, notre objectif
stratégique", ce document étant fondé
sur la contradiction principale de notre
société entre prolétariat et
bourgeoisie.
....... Indépendamment des
responsabilités propres au Comité central, sur
lesquelles nous allons revenir d'un point de vue
autocritique, il importe ici de souligner que la tenue du
IIe Congrès comme de certaines conférences
régionales ou assemblées de cellule qui le
précédèrent, manifestèrent
l'existence du courant politique qui triompha dans le
programme adopté par le IIe Congrès. Cette
orientation se manifesta de manière assez vive dans
la région parisienne, ou des cellules et des
comités de Parti qui s'étaient opposés
depuis des années avec le CTP, profitèrent de
son élimination pour déchaîner une
campagne idéologique et politique passionnée.
Plusieurs des militants qui y participèrent
recoururent non point à la lutte idéologique
active au sein du peuple, mais dénoncèrent les
membres du CTP qui venaient de présenter leurs
autocritiques de façon sincère et approfondie,
comme les représentants du révisionnisme
moderne infiltré par l'ennemi dans le Parti, et
agirent en vue d'obtenir leurs éliminations pures et
simples. Cet militants transformaient les contradictions du
CTP et de la masse des membres du Parti au niveau national
en contradictions antagonistes avec l'ennemi.
.......
Ce sont aujourd'hui tous ces gens
que nous avons dû nous résoudre à
écarter du Parti en raison de leur refus d'en
respecter les principes statutaires et organisationnels,
sous prétexte de "défendre la ligne du IIe
Congrès" ce sont ces gens qui ont provoqué la
scission du MIL, ce sont encore ces gens qui ont
tenté d'user des différences d'analyses
internationales du Parti frère albanais et de notre
Parti pour provoquer une scission de nos rangs, mais comme
on sait, ils ont lamentablement
échoué.
LES RACINES DE LA
LIGNE BOURGEOISE DU IIe CONGRÈS
|
....... Passons maintenant à la recherche des
racines des erreurs, fondamentales ou non, du IIe
Congrès, en vue de pratiquer les autocritiques
nécessaires.
.......
La Conférence nationale
ouvrière de 1976 a amendé, enrichi et
adopté à l'unanimité le rapport
autocritique de notre Comité central, après
qu'il ait été l'objet d'un large et profond
débat centraliste démocratique. Ce rapport
contenait le rappel de la Résolution votée par
la 7ème session plénière du
Comité central issu du IIe Congrès,
présenté après les constatations
critiques et autocritiques suivantes :
.......
"En
1973 a été généralisée
une lutte contre une ligne révisionniste qui fut
poursuivie jusqu'à la réalisation d'une
nouvelle unité, sur la base de l'autocritique des
camarades qui défendaient ces
positions.
....... Malgré cette victoire, ce n'est pas la
ligne prolétarienne mais l'expression d'une ligne
bourgeoise qui est apparue au IIe congrès. Elle
plaçait le Parti sur les positions de classe de la
bourgeoisie.
....... C'est le
Comité central sortant qui est le principal
responsable de cette erreur fondamentale".
.......
Rappelons la Résolution de
la 7ème session plénière du
Comité central issu du IIe Congrès
:
.......
"Au
cours de sa 7ème session plénière
suivant le IIe Congrès, le Comité central a
estimé :
1- a) que la
composition sociale du Parti a été un terrain
favorable pour le développement d'une telle ligne,
mais elle ne peut être considérée comme
la seule explication valable ;
b) que le
centralisme démocratique avant et pendant le
Congrès n'a pas fonctionné correctement, sauf
en ce qui concerne les Statuts.
2- Le Comité
central s'engage, dans le cadre de la préparation du
IIIe Congrès, à approfondir les racines
idéologiques et politiques de la ligne
exprimée dans le programme en y faisant largement
participer tous les organismes du
Parti.
3- Le Comité
central estime que la lutte d'idées qui s'est
déroulée dans les rangs du Parti d'août
1973 ( Déclaration du BP ) au IIe Congrès sur
la nature impérialiste de l'URSS, sa position de
danger principal en Europe, sur les rapports entre les deux
super-puissances, sur la nature du PCF, agent du
social-impérialisme russe et partie intégrante
de la bourgeoisie, a contribué à
élaborer des points fondamentaux de la ligne du
Parti".
.......
Nous allons successivement
étudier les erreurs et insuffisances du Comité
central en les passant aux cribles successifs du
fonctionnement organisationnel et du contenu
idéologique et politique.
.......
Il est exact qu'en dépit de
la volonté subjective délibérée
du Comité central, le centralisme démocratique
n'a pu fonctionné dans les meilleurs conditions, sauf
pour l'élaboration des Statuts.
.......
Nous avons relevé les
difficultés rencontrées pour la
rédaction du programme au niveau de la Commission du
Comité central qui en était chargée,
puis de nos organismes dirigeants eux-mêmes. Ces
difficultés ont provoqué une certaine
précipitation et, de ce point de vue, on doit
considérer que l'organisme dirigeant du Parti n'a pu
assumé correctement sa tâche. Il lui
appartenait en effet de mettre au point avec plus de
sérieux, de persévérance et de justesse
le texte devant servir à la discussion
démocratique des cellules. Il devait aussi prendre le
temps de centraliser efficacement les avis, les
propositions, les amendements et les critiques
exprimées par les cellules à l'occasion de
l'examen approfondi qu'elles devaient effectuer. La
combinaison efficace entre le sommet et la base du Parti par
une ou plusieurs navettes de discussion et
d'élaboration n'a pu se développer
convenablement. Il suffit de comparer les conditions de
réalisation de cette tâche par rapport à
celles qui ont prévalu pour la mise au point des
Statuts, ou par la suite pour la préparation de notre
dernière Conférence nationale ouvrière,
pour discerner de graves insuffisances dans le
fonctionnement organisationnel du centralisme
démocratique.
.......
D'ailleurs, à cette
époque, les organismes dirigeants du Parti
eux-mêmes n'étaient pu encore parvenus à
un style de travail périodique et collectif assumant
leur pleine et totale efficacité. C'est sur la base
autocritique du IIe congrès que des progrès
importants ont été réalisés sur
ce plan. Quand on étudie rétrospectivement
cette question du fonctionnement de notre Comité
central et de ses organes exécutifs, on discerne
clairement le processus d'édification de notre centre
et son fonctionnement qui s'est déroulé depuis
le Congrès constitutif du Parti, et qu'a
entravé gravement durant une assez longue
période l'interdiction du Parti et ses
conséquences de fonctionnement
clandestin.
.......
Il n'est donc pas douteux que nous
devions incriminer de sérieuses insuffisances
à propos du centralisme démocratique et des
méthodes de direction. Mais ces insuffisances
peuvent-elles expliquer à elles seules les erreurs,
fondamentales ou non, du IIe Congrès ? Certainement
pas, même si elles ont contribué à en
aggraver les effets dans une certaine mesure. Il faudrait
pouvoir établir que la majorité de la base du
Parti était en désaccord conscient et
délibéré avec le programme et les
documents issus du IIe Congrès pour nous permettre
d'affirmer que le seul mauvais fonctionnement du centralisme
démocratique est à l'origine des erreurs. Or
tel n'est pas le cas, car au lendemain de la publication, il
n'y eut que très peu de désaccords
exprimés par les cellules. En général,
la réaction de nos camarades se traduisit dans une
espèce d'expectative et, seules des cellules
d'entreprises confrontées à la pratique d'une
ligne très difficile à mettre en oeuvre dans
leurs usines, exprimèrent quelques
réactions.
.......
Nous devons donc pas
considérer que la source, la racine fondamentale de
la ligne bourgeoise du IIe Congrès s'est
trouvée dans le fonctionnement organisationnel
insuffisant du centralisme démocratique, ni
même dans des méthodes de direction
erronées.
....... Dans l'exposé du processus de
développement que nous avons fait, à travers
les rapports présentés et adoptés par
les sessions plénières successives du
Comité central comme à travers les
rédactions successives des projets de programme, nous
avons discerné le phénomène de
l'apparition et de la croissance des idées fausses.
Comment en définir le mécanisme ?
....... Prenons un exemple concret, que nous avons
déjà analysé entre nous. Comment
sommes-nous parvenus à proclamer que la guerre
était "imminente" ? La réponse est simple et
double à la fois: ce qualificatif est passé
une fois, une seule fois paraît-il, dans un article
publié par l'Agence Chine nouvelle et peut-être
s'agissait-il d'un article repris de notre propre presse !
Du coup, l'un d'entre nous l'a retenu, l'a introduit plus
systématiquement dans notre vocabulaire et personne
ne s'est véritablement préoccupé de la
portée idéologique et politique d'un si petit
mot. Au surplus, et c'est en cela que sa fonction fut d'une
double portée, c'est-à-dire non seulement
formelle mais conceptuelle, cette imminence de la guerre a
rencontré un état d'esprit extrêmement
réceptif chez un certain nombre d'entre nous, ne
serait-ce qu'en raison de la multiplicité des
événements mondiaux qui survenaient alors. Il
ne faut pas oublier le bouillonnement subjectiviste des
esprits de plusieurs d'entre nous, par exemple au moment de
l'offensive du Parti révisionniste portugais. Des
camarades voyaient déjà les chars russes dans
les rues de Lisbonne et ne s'en tenaient pas calmement
à la simple réalité des faits, dont il
ne s'agit pas de minimiser les éléments
inquiétants.
.......
Il se trouva que des questions
posées par la base nous conduisirent à
préciser ce que nous entendions par guerre
"imminente", et sans doute ce fut là pour nous la
première occasion d'y réfléchir plus
profondément. Mais nous nous sommes
dégagés de ce délicat problème
par une référence sommaire à
Lénine: la guerre était "imminente" parce que
"toutes les conditions de son déclenchement
étaient réunies".
.......
Le tour était joué,
certes involontairement. Mais pourquoi donc ? Tout
simplement parce que nous procédions par
affirmations, parce que nous nous convainquions
nous-même de faits, de situations qui n'étaient
pas la réalité, mais naissaient de nos
interprétations.
....... Voilà: la guerre étaient-elle sur
le point d'éclater ? Non point. Même
actuellement les deux super-puissances dont on ne peut ni ne
doit nier les volontés expansionnistes et
hégémonistes en particulier sur l'Europe, ne
sont pas encore prêtes à s'affronter, ni l'une
ni l'autre. Plusieurs occasions sérieuses se sont
présentées qui aurait pu servir de
détonateur à la guerre: la situation au Liban,
l'intervention soviéto-cubaine en Angola, l'agression
de mercenaires contre le Zaïre et la contre-attaque
soutenue par l'impérialisme français et les
troupes marocaines. Mais voilà, les deux
super-puissances préparent la guerre sans être
parvenue pour l'instant au bout de leurs préparatifs,
ni au déséquilibre de l'une ou l'autre par
rapport à son adversaire. Et nous, nous proclamions
voilà maintenant deux ans que les combats
étaient imminents. Dans nos rangs, des esprits
surchauffés exigeaient des séances
d'entraînement militaire, des camarades voulaient un
service militaire pour les femmes, et, fait combien plus
grave, nous ne cessions de demander à la bourgeoisie
l'amélioration de son armée et la mise en
oeuvre de moyens de combat dont nous espérions qu'ils
resteraient exclusivement au service de la défense
nationale. Si bien qu'un officier supérieur de la
bourgeoisie donna en exemple "L'Humanité Rouge" dans
une caserne !!
.......
Comment qualifier de si graves
errements et cette méthode de pensée et
d'élaboration politique ?
.......
C'était du subjectivisme,
de l'intellectualisme et du suivisme envers tout ce que nous
lisions sous la plume de nos camarades chinois, mais avec
cette précision que nous lisions fort mal et que nous
interprétions à notre manière ces
écrits.
D'un seul mot, nous pouvons dire
que nous étions tombés en plein
idéalisme. Nous ne partions pas de l'ensemble des
réalités concrètes du moment et nous ne
discernions pas les composantes contraires des
événements. Nous ne fixions nos jugements et
notre ligne qu'en fonction de nos hypothèses et des
constructions de nos imaginations. Quant au suivisme, il
nous décollait des réalités nationales
françaises.
....... Sur le plan philosophique, cela signifie que
nous avions complètement abandonné la
méthode d'analyse et de synthèse
préconisée par Marx, Lénine et Mao
Tsetoung, le matérialisme dialectique. Nous avions
une pratique de pensée et d'action propres à
la bourgeoisie, et notamment à la petite-bourgeoisie
intellectuelle, opposée à celle du
prolétariat.
....... Nous pouvons affirmer d'un point de vue
autocritique que la racine des erreurs, fondamentales ou
non, du IIe Congrès se situe dans l'idéologie
alors dominante dans nos rangs, dans notre direction en
particulier, l'idéologie de la
petite-bourgeoisie.
....... Il est exact que notre Comité central ne
comptait pas encore un nombre suffisant de camarades
ouvriers, riches d'expériences politiques et sociales
concrètes effectuées sur la base de leur
travail.
....... Mais, devons-nous, dans ces conditions, "couper
les têtes" de tous les camarades non ouvriers sous
prétexte qu'ils ne disposent pas d'une connaissance
pratique des conditions d'existence et de lutte des
travailleurs ? Et devons-nous n'accorder confiance, les yeux
fermés, qu'à des camarades qui viennent des
usines ou autres entreprises ?
....... Nous agirions encore de manière
idéaliste si nous nous abandonnions à de
telles réactions. La vérité, c'est
qu'il ne s'agit pas d'une opposition
irrémédiable entre ouvriers et
petits-bourgeois en ne retenant que leurs origines de classe
respectives.
.......
La contradiction réside
entre idéologies prolétarienne et
petite-bourgeoise. C'est là un
phénomène différent. Un ouvrier peut
parfaitement faire preuve d'idéologie bourgeoise.
Malheureusement, le révisionnisme moderne a largement
enraciné cette dernière dans les esprits de
nombreux travailleurs qui, d'ailleurs, vivent et travaillent
dans une société où domine
l'idéologie de la bourgeoisie servie par la puissante
superstructure que l'on sait. Un petit-bourgeois peut par
contre, fort bien accéder à des positions
idéologiques prolétariennes. Les choses ne
sont donc pas si simples.
.......
Il importe d'agir de façon
à empêcher l'infiltration et le
développement de l'idéologie et par suite de
la politique de la bourgeoisie dans nos propres
rangs.
....... Dans ce but, il convient de réaliser
concrètement le juste mot d'ordre qui incite à
donner tous les leviers de commande du Parti à la
classe ouvrière. La connaissance et
l'expérience des luttes par la classe ouvrière
lui confèrent une capacité supérieure
aux autres classes exploitées. Cela ne signifie pas
qu'il faut promouvoir tous nos camarades ouvriers aux postes
de commande du Parti à tous les niveaux, mais qu'il
est impérieux de placer aux fonctions dirigeantes des
militants et des cadres qui s'en tiennent dans la pratique
de leur pensée et de leur activité à
l'idéologie prolétarienne et naturellement,
c'est bien parmi nos camarades authentiquement ouvriers
qu'ils sont les plus nombreux.
....... Depuis le IIe Congrès, nous avons
effectué une rectification profonde de nos
méthodes de pensée, d'élaboration de la
ligne et d'action, et nous avons rejeté dans la
pratique les erreurs antérieures.
....... Cependant, nous devons continuer à faire
preuve de la plus extrême vigilance car la lutte entre
deux voies, entre deux lignes, entre deux idéologies
et entre deux classes, n'est pas et ne sera pas
terminée dans les rangs de notre Parti aussi
longtemps qu'il grandira et vivra.
....... La critique et l'autocritique auxquelles
s'appliquent les membres du Comité central sont
collectives et engagent les responsabilités de chacun
d'entre eux, y compris, bien entendu, du Secrétaire
politique en personne. Elles ne peuvent qu'aider
efficacement tout le Parti à réaliser de
nouveaux progrès sur tous les plans,
idéologique, politique et organisationnel. Elles ont
un caractère éducateur positif.
....... Le Comité central n'a pas
enregistré dans ses propres rangs de contradictions
portant sur la ligne fondamentale et sur le principe de
l'autocritique. Les discussions parfois vives qui sont
intervenues en son sein depuis le IIe Congrès ont
toujours conservé le caractère de lutte
idéologique active au sein du peuple. C'est pourquoi
le Comité central n'a pas recouru à des
mesures de sanction contre l'un quelconque de ses
membres.
.......
Conscient de la gravité et
du caractère de classe des erreurs du IIe
Congrès, le Comité central souhaite que les
cellules enrichissent encore concrètement sa propre
autocritique en participant à la critique approfondie
de la ligne bourgeoise dont il a porté la
responsabilité principale. Ainsi seulement triomphera
efficacement dans l'ensemble du Parti la ligne
prolétarienne que le IIIe Congrès du Parti
devra opposer avec justesse, fermeté et
conséquence à la ligne bourgeoise du IIe
Congrès.
.......
Agissons tous ensemble pour que le
IIIe Congrès du Parti communiste
marxiste-léniniste de France constitue une victoire
idéologique, politique et organisationnelle de la
classe ouvrière et des masses populaires de notre
pays dans la préparation de la révolution
prolétarienne !
|