LA SITUATION EN
FRANCE ET LES TACHES DE NOTRE PARTI
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....... La situation en France est dominée par
la crise économique, dont les manifestations ne
peuvent être dissociées de la crise mondiale du
capitalisme.
....... En vérité, le système
capitaliste est en crise générale depuis la
première guerre mondiale qui a marqué le
début de la phase de son pourrissement et de son
agonie, en même temps que les premières
manifestations du passage du capitalisme monopoliste au
capitalisme monopoliste d'Etat.
....... Mais la durée de cette agonie n'est pas
à la mesure de la durée de la vie d'un homme
et, naturellement, les prolétariats, les masses
populaires et les peuples opprimés aspirent à
ce que se produise plus rapidement l'effondrement
décisif et irréversible du capitalisme. C'est
là un courant général dans le
monde.
....... De façon très sommaire, on peut
considérer qu'après la fin de la
première guerre mondiale, la profonde crise des
années 1929 et suivantes provoqua les conditions
historiques du déclenchement de la seconde guerre
mondiale en 1939. Et depuis la fin de celle-ci, les crises
sont devenues encore plus fréquentes et plus
profondes qu'avant 1939, elles atteignent tous les secteurs
d'activité et touchent les uns et les autres de leurs
conséquences réciproques. Il y a interactions
entre crise industrielle et crise agricole, crise
industrielle et crise commerciale, crise de surproduction et
crise financière.
Il s'agit là,
camarades, de questions complexes, pour l'étude
desquelles nous n'avons pas une expérience et des
connaissances suffisantes.
.......
Jusqu'à la
préparation de notre IIIe Congrès, notre Parti
n'avait pas soutenu la moindre tentative d'analyser
concrètement et en profondeur la crise actuelle. Il
se satisfaisait de la description de ses manifestations
apparentes, comme l'inflation, la hausse des prix, les
licenciements, le chômage. Mais la Conférence
nationale ouvrière a souligné avec
opportunité l'impérieuse et urgente
nécessité pour notre Parti de procéder
à l'analyse concrète de la crise. Aussi, le
Comité central a-t-il commencé à
élaborer la réalisation de cette tâche
en publiant un premier travail de recherche comportant
:
--une esquisse de
l'analyse concrète de la crise économique
actuelle sur le plan mondial;
--une esquisse du
même objet concernant la crise de l'économie
française ;
--quelques indications
fondamentales et élémentaires du point de vue
marxiste-léniniste sur le problème de
l'inflation ;
--une critique encore
très sommaire de l'analyse de la crise fournie par
les économistes révisionnistes
français.
(...)
....... Dans "Matérialisme dialectique et
matérialisme historique", Staline indiquait
:
.......
"La
clé qui permet de découvrir les lois de
l'Histoire dans la société doit être
cherchée non dans le cerveau des hommes, non dans les
opinions et les idées de la société,
mais dans le mode de production pratiqué par la
société à chaque période
donnée de l'Histoire dans l'économique de la
société.
Par
conséquent, la tâche primordiale de la science
historique est à l'étude et la
découverte des lois du développement
économique de la société. Par
conséquent, le Parti du prolétariat, s'il veut
être un parti véritable, doit avant tout
acquérir la science des lois du développement
de la production, des lois du développement
économique de la
société".
En dépit de
l'absence d'une discussion suffisante dans nos rangs, que
peut retenir notre Parti des esquisses d'analyses
déjà élaborées ?
1) Tout d'abord, la crise
économique et ses conséquences
générales dans notre pays, notamment ses
conséquences politiques et sociales, correspondent au
développement de la crise sur le plan mondial. Elles
n'échappent pas aux conditions historiques
créées par le fait que la France a un
impérialisme en forte régression et sur la
défensive, d'un potentiel économique
très inférieur à ceux des deux
super-puissances. La crise économique en France est
pour une grande part tributaire :
.......
....... -1 de l'expansion
considérable des deux super-puissances et de leur
rivalité grandissante pour le partage et la
domination du monde ;
.......
....... -2 de la lutte
anti-colonialiste et anti-impérialiste menée
par les peuples et pays du tiers-monde. Il convient de tenir
compte de l'effondrement de l'immense empire colonial dont
disposait la France capitaliste avant la deuxième
guerre mondiale (12 millions de km2 et 70 millions
d'esclaves coloniaux).
.......
Même si la France recourt
à de nouvelles formes d'exploitation comme le
néo-colonialisme et l'utilisation dans des conditions
bénéfiques d'une très importante main
d'oeuvre fournie par les travailleurs immigrés, elle
n'en est pas moins contrainte de nos jours de
négocier et payer son approvisionnement en
matières premières, qu'elle pillait
naguère pour son plus grand profit.
2) L'économie
française reste en partie dépendante d'une
importante pénétration du capital
étranger, essentiellement américain, et
l'impérialisme des monopoles des Etats-Unis s'efforce
dans tous les domaines de surmonter sa propre crise en
l'exportant dans les pays capitalistes
européens.
3) La croissance des prix
à la consommation, qu'il ne faut pas confondre avec
l'inflation, se maintient à un taux
élevé.
4) Le chômage ne
connaît pas le moindre signe sérieux de
régression, au contraire, il atteint des sommets
très élevés, passant de 6,2% de la
population active fin 1975 à 8% environ fin
1977.
5) La crise du franc se
trouve liée au flottement des monnaies
européennes par rapport au dollar américain et
la fluctuation de notre monnaie traduit aussi les
contradictions aiguës qui se produisent entre les
groupes monopolistes européens
eux-mêmes.
6) Le quadruplement du
prix du pétrole fin 1973 n'a pas été
à l'origine de la crise, contrairement à ce
que veulent faire croire Giscard d'Estaing et les
capitalistes de notre pays, mais il a offert à ces
politiciens bourgeois une excellente occasion de justifier
leurs difficultés pour dissimuler que les causes
profondes de la crise et son essence... sans jeu de mot...
résident exclusivement dans la nature du
système capitaliste, fondamentalement dans la
contradiction entre le caractère privé de la
propriété des moyens de production et le
caractère collectif des forces
productives.
....... En ce qui concerne l'esquisse d'analyse de la
crise économique en France, elle ne permet pas de
caractériser de façon certaine sa nature
même. Elle débouche provisoirement sur ces
conclusions :
.......
Le problème reste
posé de la nature même de la crise ouverte en
1974 : est-elle simplement une crise classique de
surproduction, de sur-accumulation, un processus
particulièrement brutal de restructuration du
capitalisme, de rétablissement de l'équilibre
rompu, de résolution provisoire des contradictions,
ou bien est-elle la manifestation d'une crise beaucoup plus
profonde, liée aux bouleversements que connaît
la situation mondiale et avant tout aux faits que le
tiers-monde a surgi comme force motrice
révolutionnaire et que la rivalité des deux
super-puissances pour la domination du monde s'aiguise
?
.......
La politique économique
suivie par la bourgeoisie monopoliste pour faire face
à la crise économique est marquée par
l'incertitude touchant à la nature même de la
crise. Rapidement, depuis le début de 1974, se sont
succédés plan de stabilisation, plan de
relance et maintenant plan Barre. Mais quelque soit
l'habillage, le fond reste le même: il s'agit de faire
payer la crise aux travailleurs, plus
précisément de profiter de celle-ci pour
accroître le taux de plus-value, par la
paupérisation de la classe ouvrière et de la
paysannerie, la baisse du salaire réel, afin
d'aboutir au prix d'une dévalorisation d'une partie
du capital existant et par une nouvelle restructuration,
à relever le taux de profit.
.......
C'est par rapport à la
crise que les propositions de la bourgeoisie "d'opposition",
le programme commun, les propositions des
révisionnistes, prennent tout leur sens. Ces
propositions sont somme toute assez classiques et
relèvent finalement des remèdes
proposés par Keynes, cet apôtre du capitalisme
monopoliste d'Etat, au lendemain de la grande crise de
1929.
.......
Précisons que Keynes
préconisait l'inflation, le plein emploi,
l'augmentation du "pouvoir d'achat" des masses et surtout
l'intervention systématique de l'Etat. Cette
politique ne peut avoir que des effets très
temporaires car le capitalisme ne peut distribuer ses
profits aux masses. Au contraire, régi par le profit,
il doit, pour survivre, extorquer toujours plus de
plus-value. Dès lors, la contradiction entre la masse
de capitaux disponibles pour la production ( de plus-value)
et la consommation limitée des masses s'aggrave et
aboutit inévitablement à la sur-accumulation
du capital.
.......
Le programme commun,
actualisé ou pas, qui ne touche absolument pas aux
fondements du capitalisme, c'est finalement, en dehors de la
fable sur la relance de la consommation qui ne peut en rien
résoudre la crise, restructurer le capitalisme pour
la mise sous la coupe directe de l'Etat des principaux
monopoles (nationalisations) : c'est un accroissement de la
concentration monopoliste d'Etat. C'est aussi vouloir
profiter de la domination du révisionnisme sur la
classe ouvrière pour faciliter l'extorsion de la
plus-value et, par là même, du taux de profit,
par l'instauration du social-fascisme.
.......
Mais c'est aussi, tout en disant
maintenir la France dans l'orbite de l'impérialisme
américain, s'adapter à l'évolution de
la situation mondiale et spécialement au fait que le
social-impérialisme est le plus agressif, qu'il
réclame une part de la plus-value, pressions
militaires à l'appui, en vue de dominer l'Europe puis
le monde. La France, pays du second monde est, en effet,
directement soumise aux pressions des deux super-puissances.
Il n'y a plus aujourd'hui de possibilité d'un
développement autonome à long terme de
l'impérialisme français, en dépit des
voyages africains ou autres des commis voyageurs que sont
devenus Giscard et les hommes du gouvernement. Même la
Communauté économique européenne, si
elle représente sur le plan économique comme
politique, voire militaire, une solution d'attente, si elle
permet de repousser les échéances, ne
représente aucune perspective décisive
à terme face à la rivalité des deux
super-puissances. En ce sens, le Marché commun, la
construction de l'Europe permettent de gagner du temps,
d'accumuler des forces en vue des affrontements violents
inéluctables à venir. Nous pensons que,
finalement, le programme commun conduirait
irrésistiblement à placer l'économie
française dans l'orbite politique, économique
et militaire du social-impérialisme
soviétique.
.......
En fait, en France comme dans tout
autre pays impérialiste, qu'il soit du premier ou du
second monde, aucune forme de transition ne peut
s'intercaler entre la domination du capital monopoliste et
celle du prolétariat. C'est ce que semblent commencer
à comprendre certains adhérents du Parti
révisionniste français, si l'on en croit les
propos tenus par le professeur Balibar devant le cercle de
l'Institut d'études politiques de l'Union des
étudiants communistes, encore que ces propos soient
plutôt confus. La seule solution à la crise,
c'est la destruction du capital en tant que rapport social,
c'est la révolution prolétarienne, la
dictature du prolétariat.
*
* *
....... La crise économique accentue la crise
politique et sociale. Elle provoque des bouleversements dans
tous les domaines de la vie des populations de notre
pays.
....... Le chômage atteint des niveaux jamais
dépassés. D'après les statistiques du
Bureau international du travail, le nombre des
chômeurs en France est passé de 760000 en
janvier 1972 à 1465000 en janvier 1977. Nous ne
disposons pas encore du chiffre correspondant pour janvier
1978, mais tout permet de supposer qu'il dépasse
1500000 et s'approche même de 1600000 chômeurs.
Au cours de l'année 1977 en effet sont
arrivés, sur ce que les économistes bourgeois
nomment le "marché du travail", environ 700000 jeunes
et ce n'est pas la démagogie du patronat qui
prétend avoir créé à leur
intention 250000 emplois nouveaux qui a permis de leur
assurer à tous du travail, d'autant que de puissantes
vagues de nouveaux licenciements ont à nouveau
déferlé sur les usines un peu partout en
France.
.......
La hausse des prix n'a pas
été stoppée, si par contre le plan du
gouvernement a bloqué la hausse des salaires à
6,5% pour l'année 1977. D'après les indices
officiels de l'INSEE, la hausse des prix alimentaires s'est
établie à 14% entre septembre 1976 et
septembre 1977. Si l'on tient compte par ailleurs de la
dévaluation effective constante de la monnaie, qui
est de l'ordre de 10% par an, on peut facilement
établir que loin de progresser, le pouvoir d'achat
des travailleurs ne cesse de
régresser.
.......
Dans les études
statistiques présentées par le journal
bourgeois "Le Monde", sous le titre "L'année
économique et sociale 76 : l'espoir
déçu", on peut apprendre qu'au 1er juillet de
l'année en cause 59,2% des salariés de
l'industrie et du commerce percevaient moins de 2530,00F par
mois. Cette indication concernait 7050000 travailleurs. Et
ces pourcentages et chiffres recouvraient encore d'autres
éléments plus éloquents de la grave
situation sociale qui découle de la crise du
capitalisme. Parmi ces salariés, en effet, plus d'un
sur trois ne percevait que des mensualités d'un
montant inférieur à 1900,00F par mois.
Ajoutons que la proportion des femmes concernées par
cette situation était de l'ordre de 8 femmes pour 5
hommes.
.......
Si nous détaillons les
catégories d'ouvriers, environ 5000000 sur ces
7050000 salariés de l'industrie et du commerce, nous
pouvons relever quels étaient les montants moyens de
leurs salaires mensuels : les ouvriers qualifiés
percevaient 2570,00F pour les hommes et 1893,00F pour les
femmes; les ouvriers spécialisés percevaient
2160,00F pour les hommes et 1624,00F pour les femmes, les
apprentis et jeunes ouvriers sous contrat percevaient
881,00F pour les hommes et 1070,00F pour les
femmes.
Dans le même temps,
les cadres administratifs moyens, environ 58000
salariés, percevaient 5360,00F pour les hommes et
4145,00F pour les femmes, les cadres administratifs
supérieurs, au nombre de 15000 environ, percevaient
9610,00F pour les hommes et 6210,00F pour les
femmes.
.......
A ces chiffres, il conviendrait
d'ajouter ceux qui représentent les revenus des vieux
travailleurs et qui demeurent insuffisants pour leur
permettre de vivre, même modestement, en dépit
de la démagogie forcenée de Giscard d'Estaing
et de son gouvernement. Il conviendrait aussi de leur
opposer les revenus les plus élevés qui soient
perçus dans notre pays, qui se situent d'ores et
déjà entre 800000 et 900000F par mois (en
francs lourds, ce qui représente des sommes de
l'ordre de 10000000F par an, soit 1 milliard de centimes ou
anciens francs !). Voilà, camarades, c'est ça
notre société libérale avancée
tant vantée par les représentants de la
bourgeoisie monopoliste qui détiennent l'Etat et le
gouvernement.
.......
Naturellement, la
spéculation et la corruption sont pratiquées
à grande échelle et les scandales financiers
opposent des clans rivaux de politiciens quelquefois
jusqu'aux règlements de compte. Ainsi, le duc de
Broglie, parlementaire et ancien ministre a-t-il
été assassiné par ses adversaires, sans
d'ailleurs que le Ministre de l'Intérieur ne fasse
arrêter d'autres coupables que des comparses.
L'affaire plus récente du club de football
professionnel de Paris St germain connue sous le nom de
l'affaire Hechter, a révélé la
rivalité sordide du RPR de Chirac, maire de Paris et
du PR comptant dans ses rangs l'ancien maire de Deauville,
Michel d'Ornano, financier capitaliste aux trafics plus que
douteux.
.......
Et tout ce beau monde hurle
à l'unisson pour condamner la violence quand quelque
jeune ou quelque chômeur tente de se révolter,
ou lorsque se produisent des vols ou des hold-up rendus
inévitables par l'injustice sociale de notre
société. Naturellement, nous,
marxistes-léninistes, nous n'approuvons pas le vol,
ni les agressions individuelles, ni le recours à la
drogue, ni les attentats de forme terroriste qui sont
exécutés sans l'assentiment ni la
compréhension des masses. Mais nous
dénonçons la responsabilité, la
culpabilité première de la bourgeoisie qui
favorise et engendre de tels actes. La crise
économique et sociale provoque la crise
idéologique et morale et ceux qui se trouvent
atteints ne sont souvent que des victimes de la pourriture
du capitalisme.
....... D'ailleurs, cette crise est présente
partout et constitue l'ambiance générale dans
laquelle notre peuple doit vivre bien malgré lui. Il
suffit de consulter n'importe quel programme hebdomadaire
d'une chaîne de télévision, pour y
découvrir de nombreux films où sont
exaltés les crimes, le racisme, le viol et toutes
autres formes de violence en même temps que les
sentiments de haine, l'avilissement de la sexualité
et, par-dessus tout, le culte de l'argent et du
profit.
....... La femme est tenue pour un objet de
consommation, la prostitution se trouve elle-même
dépassée par la publicité
obsédante qui vise à détourner les
masses des véritables problèmes auxquels elles
sont confrontées par leur exploitation. Les
publications consacrées à l'exaltation de la
suprématie du sexe dans le prétendu bonheur
des êtres humains, figurent soit à l'accrochage
public de tous les kiosques, soit dans d'innombrables
boutiques spécialisées qu'on appelle des
sex-shops. Et le magazine "l'Humanité dimanche" a
récemment consacré plusieurs pages avec de
nombreuses photographies à la lucrative
activité des strip-teaseuses...
....... La crise culturelle est également
générale et la ligne des dirigeants
révisionnistes du Manifeste d'Argenteuil n'y est
certainement pas pour rien, même si le
phénomène de la
dégénérescence en cours a des racines
plus lointaines. Le processus de développement du
capitalisme dans l'édition comme dans la diffusion du
livre et des appareils de photographie,
cinématographie ou audition du style FNAC, les
tendances au théâtre comme dans les films sont
caractéristiques des conséquences de la crise.
Aussi le niveau de la création reste-t-il à un
niveau très bas, aussi bien dans la forme que dans le
contenu.
....... Sur le plan de la philosophie, essentiellement
bourgeoise, l'existentialisme n'a pas manqué de
provoquer les courants de
dégénérescence intellectuelle et dans
la manière de vivre qu'il préconisait
déjà voilà trente ans. Au surplus, les
jeunes bourgeois qui s'étaient transformés en
révolutionnaristes fanatiques lors du printemps
révolutionnaire de 1968 et qui avaient donné
de la Grande révolution culturelle
prolétarienne en Chine une interprétation
individualiste fausse et mystique, sont devenus aujourd'hui
des philosophes réactionnaires qui s'emploient
à réfuter non seulement Mao Tsetoung et
Lénine mais aussi Marx et Engels.
....... La crise économique et sociale qui
sévit dans tout le pays frappe inégalement
certaines régions. Un processus de
sous-industrialisation pèse sur plusieurs provinces
qui ont jadis concouru à la formation de la nation
française dans la phase ascendante du capitalisme.
Aussi voyons-nous des populations régionales
entières entrer en révolte contre le sort qui
leur est imposé par l'Etat capitaliste
centralisé.
....... Minorités nationales ou culturelles
entrent en lutte, et, quelquefois, recourent d'emblée
à la violence contre les responsables de leur
situation.
.......
En Corse, en Bretagne, au Pays
basque, chez les catalans et dans d'autres régions, y
compris la vaste Occitanie qui couvre tout le midi de la
France, naissent ainsi des mouvements autonomistes, et
même indépendantistes. Le peuple corse, sans
doute le plus touché et le plus bafoué, ne
peut plus supporter l'exploitation et l'oppression que lui
impose l'Etat capitaliste français qu'il tient pour
authentiquement colonialiste. Ailleurs, ce sont des
corporations régionales entières qui se
soulèvent contre les méfaits de la politique
économique et sociale du gouvernement.
....... La crise est partout, dans les religions
traditionnelles, dans l'enseignement, dans les organes de
l'Etat qui sont restés pendant très longtemps
à l'abri de toute contestation comme la justice, la
police et l'armée.
.......
Mais le lieu où la crise
concentre ses effets les plus tempétueux se situe
dans les formations politiques de la bourgeoisie, qu'elle se
présente comme étant de droite, du centre ou
de gauche. Nous allons aborder ce phénomène
d'une portée considérable en le rattachant
à l'étude des contradictions de classe de
notre
société.
LES
CONTRADICTIONS DE CLASSE DE NOTRE
SOCIÉTÉ
|
....... Si l'on fait exception de la période
relativement courte qui a vu triompher la ligne du IIe
Congrès, on peut considérer que notre Parti a
toujours considéré que la contradiction
fondamentale de notre société opposant la
classe ouvrière à la bourgeoisie en est aussi
la contradiction principale. Est-il besoin d'insister encore
sur cette caractérisation fondamentale de notre
société après l'autocritique
approfondie que nous avons présentée sur
l'abandon du point de vue de classe ?
.......
L'antagonisme entre les deux
classes de notre société que constituent les
propriétaires des moyens de production et les
ouvriers forcés de vendre leur force de travail, est
irréversible et ne connaîtra pas de solution
définitive avant la révolution
prolétarienne. Au surplus, après la prise du
pouvoir par la classe ouvrière, sous la dictature du
prolétariat, cet antagonisme se poursuivra mais le
rapport de domination sera renversé. La lutte entre
les deux classes ne disparaîtra qu'avec la disparition
des classes elles-mêmes, lorsque l'édification
du socialisme universel aura permis de surmonter toutes les
contradictions et de passer au stade du
communisme.
.......
Entre la classe ouvrière et
la bourgeoisie se trouvent un certain nombre de classes et
de couches sociales intermédiaires, que leurs
intérêts respectifs rattachent ou opposent aux
deux classes fondamentales à des degrés divers
qui se modifient en même temps que s'aiguise la
contradiction principale.
.......
Des camarades ont demandé
à plusieurs reprises que notre Parti élabore
de nouveau une analyse des classes approfondie, pour
remplacer celle qu'avait retenue le Congrès de
Puyricard.
.......
En vérité, de telles
analyses sont toujours nécessaires, non point pour le
plaisir de se plonger dans des études sociologiques,
même concrètes, mais parce qu'elles permettent
de définir de la façon la plus scientifique
possible qui sont nos amis, qui sont nos ennemis, quelles
sont les forces intermédiaires susceptibles
d'être neutralisées ou non. Les analyses
concrètes de la situation des classes sociales d'un
pays à une époque donnée permettent
ainsi de définir une stratégie
révolutionnaire et la ou les tactiques qui sont de
nature à la servir le plus
efficacement.
.......
Pour l'instant, notre
Comité central n'a procédé qu'à
une étude poussée de la paysannerie, de sa
composition sociale, de ses relations et contradictions
internes qui caractérisent les rapports entre ses
différentes couches, ainsi que les rapports de ces
différentes couches elles-mêmes avec les autres
classes sociales du pays, notamment avec les deux classes
fondamentales.
....... En ce qui concerne la classe ouvrière,
notre Parti s'en est tenu jusqu'ici à l'analyse
élaborée dans le cadre de la
préparation de notre Congrès constitutif, tout
en corrigeant l'erreur de principe importante qui consistait
dans cette analyse à classer l'aristocratie
ouvrière dans la classe ouvrière, alors que du
point de vue marxiste, il convient de la classer dans la
bourgeoisie.
.......
Il est bien évident que des
études théoriques nouvelles devront être
menées le plus rapidement possible en vue
d'actualiser notre analyse des classes en commençant
par la classe ouvrière et la bourgeoisie
capitaliste.
.......
Cette tâche s'avère
d'autant plus urgente que les dirigeants
révisionnistes ont entrepris une profonde
révision et trahison des concepts marxistes, jetant
délibérément une confusion totale sur
le concept de prolétariat afin de pouvoir mieux
justifier leur reniement du principe de la dictature du
prolétariat.
.......
Notre Parti doit éviter
l'erreur courante qui consiste à prendre comme base
d'analyse de la classe ouvrière les seuls salaires.
L'analyse marxiste des classes consiste avant tout à
discerner leurs positions respectives dans la production et
à caractériser leur réciprocité,
à savoir leurs liens et leurs contradictions.
....... De ce point de vue, notre Parti tient pour
l'allié le plus proche de la classe ouvrière
dans sa lutte contre l'exploitation capitaliste, la couche
la plus pauvre de la paysannerie. L'expérience
révolutionnaire du prolétariat mondial
démontre qu'en toutes circonstances l'alliance des
ouvriers avec les paysans constitue l'une des conditions de
la victoire et du maintien de la révolution, qu'elle
soit sociale ou nationale.
.......
S'il importe de savoir pratiquer
de manière constructive l'autocritique, cela ne doit
pas nous interdire de souligner un succès même
relatif quand il intervient. Aussi, notre Congrès
sera-t-il dans le vrai s'il apprécie à sa
juste valeur, ne serait-ce que dans son principe, le travail
réalisé par la commission paysanne du
Comité central. Ce travail long et minutieux, qui
s'est imposé le rejet de tout subjectivisme, a permis
la rédaction du document intitulé: "Les
classes à la campagne", qui sera rendu public
après étude approfondie du Parti. (
...)
....... En ce qui concerne les autres classes et
couches sociales de notre société, il
conviendra aussi de reprendre de façon approfondie
leur analyse.
.......
Pour l'instant, la pratique
principale et prioritaire de notre Parti vise à
assurer sa fusion fondamentale avec l'avant-garde de la
classe ouvrière, à laquelle il doit
s'identifier. Mais cette tâche dont la
réalisation s'avère chaque jour plus urgente
et plus impérative n'exclut pas les efforts pour
l'établissement de liens de masse de notre Parti avec
les autres classes et couches sociales qui ont d'ores et
déjà des intérêts objectifs
à la révolution prolétarienne du fait
de leurs positions antagoniques avec la bourgeoisie
capitaliste. Il s'agit notamment de cette couche sociale,
d'ailleurs encore dominante au point de vue quantitatif dans
nos rangs, que nous appelons la petite-bourgeoisie, couche
qui réunit l'immense majorité des petits et
moyens salariés qui ne sont pas des ouvriers.
Employés, petits fonctionnaires, personnels des
entreprises publiques et nationalisées, enseignants
des établissements primaires et secondaires,
étudiants et diverses autres catégories
constituent cette petite-bourgeoisie, que la bourgeoisie
capitaliste exploite et opprime presque aussi
férocement que la classe ouvrière.
....... Par contre, notre Parti fait preuve d'une
circonspection délibérée qu'il ne
convient pas de placer sous le signe du sectarisme, envers
les ingénieurs, cadres et techniciens de niveau
supérieur, ainsi qu'à l'égard des
professions libérales, qui sont des classes et
couches caractéristiques de la moyenne bourgeoisie
que ses positions par rapport à la bourgeoisie
capitaliste rendent encore particulièrement
conservatrice. Naturellement, cela ne signifie en rien que
nous ne devions accepter dans l'activité militante,
des camarades ingénieurs, médecins, avocats ou
professeurs de faculté qui se placent
résolument sur les positions idéologiques
révolutionnaires du prolétariat et agissent
avec conséquence.
.......
Notre Parti doit unir dans son
combat tous les éléments qui peuvent
l'être et qui acceptent la direction
idéologique et politique de la classe ouvrière
contre la bourgeoisie
capitaliste.
LA
POLITIQUE DE LA BOURGEOISIE
|
....... Les élections législatives
prochaines ne doivent pas dissimuler la
réalité fondamentale de notre
société. Les luttes acharnées qui
opposent la majorité réactionnaire sortante et
les partis qui lui font opposition ne correspondent
nullement à la contradiction principale de notre
société, mais visent à en
détourner la classe ouvrière et le peuple.
Tous les partis traditionnels qui s'entredéchirent si
spectaculairement pour conserver ou arracher le pouvoir ne
remettent absolument pas en cause la nature de classe de ce
pouvoir. Tous oeuvrent avec frénésie pour
perpétuer le système capitaliste. Ceux qui
proclament qu'ils sont pour le socialisme se refusent, soit
explicitement, soit de manière plus insidieuse,
à s'engager dans la voie d'une préparation
réelle et efficace de la destruction du capitalisme.
Le Parti socialiste reste fidèle à
lui-même, s'opposant activement à toute voie
révolutionnaire et préconisant des
réformes qui conservent intactes toutes les
structures du capitalisme. Le Parti communiste
français, soumis à l'idéologie du
révisionnisme moderne, n'agit pas différemment
et trompe les ouvriers, les petits paysans et les masses
populaires qui lui accordent encore leur
confiance.
La bourgeoisie capitaliste
a impulsé après la seconde guerre mondiale une
société dans laquelle la recherche du profit
maximum a conduit à une production
désordonnée et effrénée
destinée à provoquer la croissance continue de
la consommation. Mais, comme nous l'avons vu, cette
société a engendré ses propres
contradictions internes et inéluctablement
débouché sur la crise que nous venons
d'étudier. La profondeur et la durée de cette
crise ont créé les conditions d'une
instabilité politique que manifestent les disputes,
les rivalités, les coups bas, bref les contradictions
qui surgissent sans cesse entre les différents partis
traditionnels de la bourgeoisie.
.......
Les gaullistes, divisés en
plusieurs courants souvent incapables de réaliser
leur unité, les conservateurs de type classique, les
réformistes aux projets multiples et variés,
les socialistes et les révisionnistes
présentent des programmes respectifs d'apparence
différente, mais finalement conduisent au même
résultat : la poursuite de l'exploitation
capitaliste. Mais cette mêlée des politiciens
bourgeois de droite, du centre et de gauche, mérite
que nous tentions d'en dénouer les fils, pour
discerner qui sont les plus dangereux parmi tous ces partis
ennemis de la classe ouvrière et opposés
à la révolution socialiste.
.......
Chacun d'entre eux met en oeuvre
sa propre stratégie dictée dans
l'immédiat par les nécessités
électoralistes, mais visant par-delà les
élections à une tactique particulière
dans la gestion du pouvoir et de l'Etat capitalistes.
....... Quelles sont ces stratégies
?
.......
La stratégie du
Rassemblement pour la République dirigé par
Jacques Chirac vise à reconquérir les
fonctions de Président de la République et de
chef de gouvernement qui ont été ravies aux
gaullistes par Giscard d'Estaing et Raymond Barre. Mais,
dans cette perspective, le RPR doit tenir compte de la
menace que constitue la possibilité d'une victoire
électorale des partis de l'Union de la gauche,
même s'ils sont devenus des frères ennemis.
Chirac rejette la stratégie préconisée
par Giscard d'Estaing qui vise à isoler les
révisionnistes en réintégrant dans la
majorité les socialistes. La lutte entre le RPR et le
Président de la République est très
aiguë. Du point de vue électoral, le RPR craint
le Parti socialiste qui est susceptible de lui ravir un
certain nombre d'électeurs. Fondamentalement, la
stratégie du RPR de Chirac consiste à
défendre avec violence les intérêts de
classe de la bourgeoisie capitaliste monopoliste sans
recourir à la collaboration des
socialistes.
.......
En fait, le RPR comme le Parti
républicain que parraine ouvertement Giscard
d'Estaing, représentent les mêmes
intérêts de classe, mais recourent pour les
défendre et perpétuer les privilèges
qui en découlent à deux tactiques
différentes.
.......
Pour l'un comme pour l'autre, il
s'agit avant tout de faire supporter par la classe
ouvrière et les masses populaires le poids de la
crise économique. Giscard d'Estaing et Raymond Barre
font preuve d'une démagogie sociale plus soutenue que
Chirac qui combat frontalement ses
adversaires.
.......
Cette majorité
divisée tactiquement mais unifiée
fondamentalement, a échoué dans ses efforts et
plans successifs pour enrayer l'inflation, pour
rétablir la balance du commerce extérieur dans
les conditions d'avant la crise, pour réduire les
conséquences de la décolonisation de l'empire
français et régler au tarif le plus profitable
les prix des matières premières
importées, notamment le prix du pétrole. Elle
a recouru à l'excès à l'utilisation
éhontée de la main d'oeuvre immigrée, a
préparé un plan de reconversion de la
production de l'électricité et de toutes les
énergies en essayant de substituer progressivement
l'énergie nucléaire à celle du
pétrole, puis devant la montée du
chômage, elle a odieusement tenté d'en rendre
responsable l'immigration, essayant ainsi de diviser les
travailleurs français et immigrés. Elle a
décrété les mesures racistes et
chauvines de Stoléru, prolongement et aggravation des
dispositions déjà contenues dans les
circulaires antérieures de Marcellin et
Fontanet.
.......
Sur le plan international, elle a
suivi une politique caractéristique des pays du
second monde, impérialismes en déclin qui sont
sur la défensive vis-à-vis des deux
super-puissances et se trouvent parfois contraints de
négocier sur un pied d'égalité avec les
pays du tiers-monde. La politique africaine de Giscard
d'Estaing ne peut dissimuler son caractère
néo- colonialiste, même si elle entre en
contradiction avec l'impérialisme américain et
le social-impérialisme soviétique, et notre
Parti la condamne sans la moindre
ambiguïté.
.......
Depuis 1972, les autres partis
représentatifs d'intérêts bourgeois et
capitalistes ont poursuivi, chacun pour lui, la
stratégie de l'Union de la gauche qui s'était
réalisée autour d'un programme commun de
gouvernement. Notre Parti a dénoncé cette
alliance impulsée au départ par le parti
révisionniste, comme de nature exclusivement
électoraliste et comme ne portant en elle aucune
perspective sérieuse de satisfaction des aspirations
profondes de tous les travailleurs à des changements
réels et durables. L'alliance électoraliste
ainsi réalisée depuis plus de cinq ans a
éclaté, mais chacun des partis qui l'avait
contractée continue à se réclamer de la
stratégie du programme commun, dont chacun donne des
interprétations légèrement
différentes.
.......
Etudier la stratégie et la
politique propres au Parti socialiste, n'a pour notre Parti,
qu'un intérêt secondaire. A plusieurs reprises,
nous avons déjà rappelé la nature de
classe de ce Parti, en présentant son histoire
politique passée. Les dirigeants socialistes sont les
héritiers des politiciens de la IIe Internationale
qui révisèrent et renièrent tous les
enseignements et principes de Marx et Engels, contre
lesquels Lénine mena l'inlassable combat
théorique, politique, organisationnel, qui conduisit
à la victoire de la Révolution d'Octobre 1917
et à la naissance de l'Internationale communiste en
1919. Après la scission de Tours, que Léon
Blum et les autres chefs sociaux-démocrates
opposèrent à la majorité qui avait
voté l'adhésion à la troisième
Internationale, communistes et socialistes français
s'affrontèrent fondamentalement pendant de nombreuses
années. Mais à partir de 1934, en raison de la
menace du fascisme hitlérien et de la poussée
des ligues factieuses en France, le Parti communiste
français entreprit de gagner les ouvriers socialistes
et de passer alliance avec les chefs socialistes. Nous
n'allons pas étudier la longue période de plus
de 40 années qui nous sépare de cette
époque, nous n'en avons pas le temps ici, mais ce
qu'il convient d'en retenir d'essentiel, c'est la succession
continuelle de périodes d'unité et
d'opposition qui marque les relations du Parti socialiste et
du Parti communiste français. De 1936 à 1938,
en 1939 et 1940, en 1947, en 1956, et enfin aujourd'hui, les
chefs sociaux-démocrates ont toujours trahi leurs
engagements envers le Parti communiste français. Ils
ont même dirigé, pour le compte de la
bourgeoisie, de violentes répressions
anti-ouvrières, allant jusqu'à faire
emprisonner et même assassiner de nombreux
travailleurs et dirigeants communistes.
.......
Comme l'a si bien expliqué
Léon Blum, les chefs socialistes sont les
gérants loyaux du capitalisme.
L'idéologie
opportuniste de droite, puis le révisionnisme moderne
qui ont submergé la direction du Parti communiste
français l'ont conduit à ne tenir aucun compte
des expériences passées. Les chefs
révisionnistes ont cherché, à tout
prix, à réaliser une nouvelle unité
sans principe ( et quels principes auraient-ils mis en avant
puisqu'ils ont renié le marxisme-léninisme ?)
avec les chefs socialistes. Ils ont clamé victoire en
1972 lorsqu'ils sont enfin parvenus à la signature du
Programme commun et à la constitution de l'Union de
la gauche.
....... La rupture spectaculaire de cet accord
électoraliste avant même les élections
ne nous intéresserait pas en elle-même si elle
n'était pour notre Parti l'occasion d'effectuer une
fois encore une analyse approfondie de ce que
représente maintenant le Parti communiste
français, si elle ne révélait
brutalement l'échec complet de la stratégie
révisionniste.
LE PARTI
"COMMUNISTE" FRANÇAIS
|
....... Le Parti que dirige aujourd'hui Georges
Marchais n'a plus rien de commun avec le Parti qui
s'édifia à travers mille difficultés
avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale,
qui participa à la résistance armée
contre l'occupation nazie, et même qui conduisit de
grandes luttes de classe dans la période de mai 1947
à novembre 1952. Nous allons examiner successivement
sa transformation sociale et idéologique, ses
reniements théoriques, sa ligne et sa
stratégie politiques, son projet étatique, sa
place dans le Mouvement révisionniste
international.
.......
La mutation rapide du contenu
social du Parti "communiste" français s'est
effectuée en une dizaine d'années. Elle se
caractérise par une baisse sensible du pourcentage
des ouvriers présents dans ses rangs et par une
augmentation des représentants des classes moyennes.
Dans un ouvrage publié fin 1976, l'historien
révisionniste Elleinstein triture les chiffres pour
essayer de dissimuler cette réalité, mais il
est cependant contraint à quelques aveux.
Considérant par exemple la situation de son Parti
à Paris, il est obligé de reconnaître la
validité des indications fournies par une
étude de la Revue française de science
politique, qui relève que le contenu social du PCF
comporte 16% de professions libérales et cadres
supérieurs, 25% de cadres moyens, 21%
d'employés et seulement 16% d'ouvriers. Elleinstein
écrit alors : "Si nous
comparons ces chiffres avec l'enquête de 1966, nous
observons que le nombre d'ouvriers parait en diminution
sensible... ", et il ajoute,
pour éviter une conclusion trop grave:
"... ce qui n'est pas
forcément exact". Or,
en 1966, les pourcentages des catégories sociales des
membres du Parti "communiste" français de Paris
étaient les suivants: ouvriers 61,1 %,
employés 18,57%, ingénieurs et intellectuels
9%.
.......
L'auteur révisionniste,
utilisant d'autres statistiques en France, réussit en
fin de compte à faire la double démonstration
qu'il désire: il établit que le PCF est encore
un parti ayant une base ouvrière. Pour cela, il
utilise la répartition sociale des
délégués au XXIIe Congrès de son
parti. Cela donne: 32,2% d'ouvriers et 3,5% de
retraités issus de la classe ouvrière, soit
35,7% de délégués d'origine
ouvrière. Il note au passage que "Parti d'ouvriers et de salariés, le PC
est également un grand Parti
d'enseignants". Il y en a en
effet 16,3%, contre 4,85% en 1966. Il revient ensuite sur le
cas de Paris et établit que 49% des
délégués aux Conférences de
section n'appartenaient pas à un milieu social
ouvrier. Il y a dans ces 49%, 12% d'ingénieurs et
techniciens et 13% de cadres administratifs
supérieurs ou moyens et de professions
libérales.
.......
Voici donc une première
constatation importante pour notre analyse.
.......
Le Parti communiste
français voit diminuer sensiblement sa base
ouvrière et augmenter aussi sensiblement, quoique
dans une proportion moins forte, son recrutement dans les
classes moyennes. Toutefois, nous prendrions nos
désirs pour des réalités si nous
estimions qu'il n'est plus un parti conservant une influence
importante dans la classe ouvrière. Il reste en effet
la formation politique française qui compte encore
dans ses rangs le plus grand nombre d'ouvriers. Dans une
autre manipulation des chiffres, une étude
publiée de manière plus officielle que celle
d'Ellenstein, dans le numéro 1 des Cahier du
communisme de 1976, parvenait à prétendre
qu'il y avait encore 60,9% d'ouvriers dans le PCF en 1974.
Mais ces chiffres-là étaient
véritablement trop beaux. pour correspondre à
la réalité, et nous ne les avons pas
retenus.
.......
Une seconde constatation s'impose
: les adhérents actuels du PCF lui ont accordé
leur adhésion à raison de 61,29% d'entre eux.
depuis 1968 et de 82,89% depuis 1958, c'est à dire
postérieurement au XXe Congrès
révisionniste khrouchtchévien. Il faudrait
encore connaître avec précision le pourcentage
correspondant aux deux. années 1956 et 1957, et l'on
se rendrait compte qu'il n'y a sans doute pas beaucoup plus
d'un adhérent sur 10 dans le PCF actuellement qui ait
adhéré et milité à
l'époque où il n'avait pas encore
définitivement dégénéré
sous le signe de la baguette révisionniste
moderne.
.......
Le Parti "communiste"
français a donc bien connu une profonde
transformation de son contenu social, depuis vingt ans, et
plus particulièrement depuis une dizaine
d'années. Les hommes et les femmes qui ont
adhéré pendant la guerre pour prendre sous sa
direction les armes contre les nazis ne représentent
plus qu'un infime pourcentage de ses militants, bien que
leur génération les place dans une même
tranche d'âge allant actuellement de 54 à 75
ans approximativement.
.......
Ce phénomène, qui
n'a pu se produire sans qu'il soit
délibéré et encouragé par les
dirigeants en place, et notamment par le Secrétaire
à l'organisation qui ne fut autre pendant des
années que Georges Marchais en personne, a pour
conséquence bien évidente la transformation
complète de l'idéologie révolutionnaire
des membres du PCF en idéologie
caractéristique de la bourgeoisie. Ne nous
étendons pas sur ce sujet qui pourrait fournir de
quoi parler longuement: les majorettes, tambour major en
tête et uniformes chamarrés de style
américain sont là pour nous avertir : le PCF
est désormais placé dans la zone d'influence
morale, culturelle et idéologique de la bourgeoisie.
Ses fêtes, organisées avec l'apport d'une
publicité commerciale gigantesque, et la
participation nullement gratuite des artistes les plus
réactionnaires, voire fascisants comme Sardou, en
sont aussi d'éclatants témoignages. Les propos
sexistes et les paroles grossières de certains de ses
militants attaquant sur le marché d'Ivry nos
camarades femmes en train de diffuser notre journal
témoignent d'un mépris profond de la femme.
Cette attitude n'a rien à voir avec
l'idéologie de ceux qui veulent instaurer le
socialisme et en définitive ne traduit rien d'autre
qu'une mentalité individualiste et brutale, aussi
bien vis-à-vis de tous les hommes que des femmes
elles-mêmes. Dernier exemple de cette
idéologie, la construction et aujourd'hui
l'utilisation faite par le PCF du Palais de verre de la
place du colonel Fabien, dont le luxe et l'architecture
prouvent combien ces gens se croient déjà
définitivement installés au pouvoir, ou
proches de l'être, et ne sont donc pas des
révolutionnaires.
.......
Les révisions, abandons et
reniements théoriques du marxisme-léninisme se
sont effectués suivant un long processus qu'il faudra
bien étudier de manière approfondie un jour,
et le plus tôt sera le mieux. Les racines de ce
processus existaient déjà avant 1939 et se
révélaient dans l'esprit opportuniste de
droite et parlementaire impulsé par Maurice Thorez.
L'attitude du Parti envers les peuples colonisés
était aussi la marque d'une idéologie rompant
avec le léninisme à la fois sur le plan
théorique et dans la pratique.
.......
Pendant la guerre et l'occupation
nazie, le Parti dirigea des luttes héroïques et
des dizaines de milliers de ses militants sont morts sous
son drapeau. Mais si nous nous attachions à
étudier la ligne suivie pendant toute cette
période, nous découvririons que les dirigeants
communistes ont délibérément
placé toutes leurs forces à la remorque de la
bourgeoisie. Ils n'ont pas contesté une seconde
l'auto-institutionnalisation de la France-libre et de son
Empire par De Gaulle à Brazzaville en octobre 1940.
Ensuite, avant même le déclenchement de
l'agression hitlérienne contre l'Union
soviétique, en mai 1941, dans une résolution
célèbre du Comité central clandestin du
PCF, ils ont annoncé leur actif soutien à
toutes personnalités et tous généraux
de la bourgeoisie qui engageaient la lutte contre
l'occupant. La ligne de collaboration de classe avec la
bourgeoisie n'a pas commencé en 1945, après la
Libération, mais bien avant, au cours et à
l'occasion de la guerre elle-même. Dans la question du
Front national, les dirigeants du Parti communiste
français ont adopté une ligne opportuniste qui
consistait d'emblée à délaisser
l'objectif stratégique de tout parti communiste
authentique concernant la révolution
prolétarienne, même si se présente une
étape préalable comportant la
nécessité de réaliser d'abord une
révolution de libération nationale.
Après la Libération, Thorez, de retour de
Moscou, a pris une initiative dont on peut assurer qu'elle
fut la première manifestation du révisionnisme
moderne après les prises de position du dirigeant
américain Earl Browder aux Etats-Unis en 1939. Il
accorda en effet une déclaration au grand journal
anglais "Times" qui la publia le 18 novembre 1946. Dans le
corps de cette déclaration figurait le passage
suivant :
.......
"Les
progrès de la démocratie à travers le
monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la
règle, permettent d'envisager pour la marche au
socialisme d'autres chemins que celui suivi par les
communistes russes. De toute façon, le chemin est
nécessairement différent pour chaque pays.
Nous avons toujours pensé et déclaré
que le peuple de France, riche d'une glorieuse tradition,
trouverait lui-même sa voie vers plus de
démocratie, de progrès et de justice
sociale".
.......
Par cette déclaration, le
secrétaire général du Parti
"communiste" français, s'appuyant sur le
prétexte d'ailleurs jamais contesté par les
marxistes-léninistes des conditions
spécifiques nationales de chaque révolution
prolétarienne, préparait insidieusement la
voie à la révision et à la trahison des
principes révolutionnaires universels établis
par Marx, puis par Lénine sur la question du passage
du capitalisme au socialisme. Il renonçait à
la voie inéluctable de la violence
révolutionnaire armée.
....... Les grandes étapes ultérieures de
la pénétration du révisionnisme moderne
dans le Parti communiste français peuvent être
sommairement énumérées comme suit: de
1956 à 1960, l'approbation sans réserve des
thèses développées par Khrouchtchev
devant le XXe Congrès du Parti communiste d'Union
soviétique. En 1962, 1963 et au cours des
années suivantes, le débordement des injures
lancées contre le Parti communiste chinois et contre
le Parti du travail d'Albanie, après avoir
essayé de se faire le conciliateur auprès de
ce dernier pour le réconcilier avec les
révisionnistes khrouchtchéviens. En mars 1966,
l'adoption du fameux Manifeste d'Argenteuil sur les
problèmes idéologiques et culturels. Ensuite,
l'adoption en décembre 1968 du Manifeste de Champigny
"Pour une démocratie avancée, pour une France
socialiste". Puis, le 27 juin 1972, la signature du
"Programme commun de gouvernement du Parti communiste
français et du Parti socialiste" qui va fonder toute
la politique du PCF au cours des années suivantes et
la fonde encore aujourd'hui en dépit de la rupture.
Marchais déclare à son sujet: "Nous n'avons pas de stratégie de
rechange".
.......
Tout ce processus constituait la
révision, l'abandon et la violation des principes
révolutionnaires du marxisme-léninisme, mais
il lui restait encore à en tirer officiellement les
conséquences théoriques. Cette tâche fut
assumée par le XXIIe Congrès réuni en
février 1976. Dans ce Congrès, les dirigeants
du Parti révisionniste firent approuver le rejet
officiel du principe marxiste-léniniste de la
dictature du prolétariat et préparèrent
les conditions du rejet de tous les autres principes
marxistes-léninistes dont se réclamait encore
en paroles leur Parti. A plusieurs reprises, depuis lors,
Marchais déclara de manière fanfaronne:
"Nous irons encore beaucoup
plus loin", et, de fait, dans
deux numéros successifs de l'hebdomadaire central du
PCF, France nouvelle, les 5 et 12 décembre 1977, Jean
Kanapa a publiquement révisé et
abandonné le contenu de classe du principe de
l'internationalisme prolétarien, en annonçant
qu'il importait de le remplacer par le principe de la
solidarité internationaliste, car le premier aurait
signifié la soumission inconditionnelle au Parti et
à l'Etat d'Union soviétique, ce qui est
totalement faux. Enfin, on parle actuellement dans les rangs
du parti révisionniste de rejeter le principe du
centralisme démocratique. Il est vrai que le juste
fonctionnement prolétarien de ce principe mis au
point par Lénine est violé depuis longtemps
par les dirigeants du parti révisionniste qui
l'avaient remplacé par un autoritarisme
bureaucratique.
....... Mais, que devient donc aujourd'hui la ligne
politique du Parti "communiste" français dans les
conditions concrètes de toutes ces violations des
principes du marxisme-léninisme ?
.......
La stratégie et la ligne
politique du parti révisionniste français se
réduit ni plus ni moins à la stratégie
et à la ligne d'un parti bourgeois, qui aspire
à conquérir le parlement, le gouvernement et
l'Etat pour assurer lui-même la direction et la
gestion du système capitaliste.
.......
A cet égard, la conception
qu'avancent Marchais et ses acolytes au sujet du programme
commun de gouvernement est tout à fait claire. Pour
eux, il s'agit de parvenir, par la voie électorale
qui n'exclut pas le développement de manifestations
populaire, à entrer dans le gouvernement. La rupture
avec les socialistes traduit la volonté
forcenée des révisionnistes d'utiliser
l'infiltration dans les organismes dirigeants aussi bien des
grandes sociétés nationales ou
nationalisables, que dans les autres rouages des
Ministères, des administrations, en définitive
des organes de l'Etat, pour préparer leur domination
hégémonique du pouvoir et de la
société française. S'agit-il d'une
tactique pour passer au socialisme ? En aucune
manière puisqu'il ne serait qu'un capitalisme
monopoliste d'Etat dont ils assureraient la direction et
l'administration bureaucratique. Marchais n'a pas
manqué d'être très explicite à ce
sujet quand il a tenté de rassurer les
ingénieurs, cadres et techniciens en leur promettant
qu'ils conserveraient toutes leurs places dans la nouvelle
organisation des entreprises et de l'Etat. Naturellement, ce
qu'il ne leur a pas dit, c'est qu'ils se trouveraient alors
sous la férule de ministres et de PDG membres du
parti révisionniste. En fait, le Parti
révisionniste représente les
intérêts non point de la bourgeoisie
capitaliste monopoliste ancienne et encore en place, mais
ceux d'une nouvelle bourgeoisie révisionniste
susceptible de fournir l'encadrement bureaucratique du
capitalisme monopoliste d'Etat porté à son
point de concentration le plus achevé, exactement
comme en Union soviétique. Cette nouvelle bourgeoisie
révisionniste s'est formée à partir
d'éléments de l'aristocratie ouvrière
et de la vieille bourgeoisie infiltrée dans le
parti.
.......
Pour mettre en oeuvre sa
stratégie, le parti révisionniste croyait
pouvoir utiliser le parti socialiste en le dominant. Mais en
ce domaine, il a complètement échoué.
En remettant en selle les politiciens
sociaux-démocrates et en leur assurant un soutien qui
a rétabli leur prestige effondré, Marchais et
les dirigeants révisionnistes ont un peu joué
aux apprentis sorciers. Ils se sont trouvés
rapidement dépassés et, contrairement à
ce qu'ils avaient espéré, le parti de
Mitterrand, Deferre, Maurois et Rocard a
débordé l'influence électorale du Parti
communiste français, ce qui ne s'était jamais
produit depuis 1945. Du coup, le PCF n'est plus maître
du jeu et se trouve contraint non seulement à un
partage du pouvoir dont il espérait ne pas avoir
à endosser les conséquences, et à
accepter que ce pouvoir soit sous direction socialiste. Le
plan stratégique des révisionnistes
débouche sur un échec retentissant. C'est
là ce qui explique en majeure partie la nouvelle
tactique du PCF, qui préfère rompre avec ses
partenaires et alliés s'il ne détient pas la
première place, c'est à dire la place
dirigeante dans l'Union de la gauche et dans le gouvernement
chargé de mettre en application le programme
commun.
....... A ce sujet, la question a été
posée, essentiellement par les adversaires des
révisionnistes que sont les partis bourgeois
représentant les intérêts de classe de
la bourgeoisie monopoliste ancienne et encore au pouvoir :
le PCF a-t-il agi en obéissant à des
injonctions venues du Parti communiste d'Union
soviétique ?
.......
Il n'y a pas si longtemps,
à l'époque de notre IIe Congrès, nous
aurions répondu par l'affirmative sans nulle
hésitation. Pour nous, le PCF n'était autre
que la cinquième colonne du
social-impérialisme soviétique.
.......
Les événements, les
faits, les réalités, nous ont amenés
à corriger cette affirmation totalement
unilatérale et subjectiviste. Depuis
déjà plusieurs années, le
Président Mao avait indiqué que les partis
révisionnistes occidentaux n'étaient pas des
cinquièmes colonnes du Parti et de l'Etat
soviétiques. (...)
.......
En fait, Mao Tsetoung
prévoyait fort bien le phénomène que
l'on désigne aujourd'hui couramment sous le nom
d'euro-communisme, que nous nommons nous-mêmes
euro-révisionnisme. Il s'agit encore d'un
phénomène dont l'analyse est assez
délicate. Il importe en effet d'effectuer à
son sujet une analyse profonde de la portée
historique de la dégénérescence des
partis communistes d'Europe occidentale placés sous
la domination de l'idéologie révisionniste
moderne. De nombreux camarades sont pressés que nous
fournissions des réponses claires et
catégoriques à ce sujet. Ils ne comprennent
pas qu'il est extrêmement délicat d'avoir une
connaissance définitive d'un phénomène
avant même qu'il ne soit parvenu à la fin de
son processus de développement, à son
dénouement. Dire que maintenant le PCF est
irréversiblement un Parti révisionniste et
bourgeois, voilà qui est aisé et sans risque
d'erreur. Indiquer de façon assurée s'il va
continuer un processus l'éloignant ou le rapprochant
du Parti révisionniste soviétique, centre
mondial du révisionnisme moderne, voilà qui
est plus difficile à l'heure actuelle.
.......
Un fait est certain: les partis
révisionnistes d'Europe occidentale agissent de
manière de plus en plus indépendante par
rapport au parti révisionniste d'Union
soviétique. Mais cette indépendance s'affirme
pour le moment essentiellement dans la détermination
de leurs lignes politiques à l'intérieur des
pays respectifs où ils interviennent. A l'exception
du parti révisionniste espagnol, les partis
euro-révisionnistes n'en définissent pas moins
une ligne internationale qui soutient concrètement et
activement celle du Parti révisionniste d'Union
soviétique. En ce qui concerne le Parti
révisionniste français, c'est là un
fait indéniable et ses prises de position condamnant
la brutalité de la répression en Union
soviétique, après avoir aussi
stigmatisé l'intervention militaire et l'occupation
de la Tchécoslovaquie ont moins de portée
internationale en définitive que le soutien aux
agissements des dirigeants soviétiques pour semer les
illusions de la détente à travers
différentes conférences réunies
à Helsinki ou Belgrade. D'ailleurs, le PCF a
rigoureusement les mêmes positions que l'URSS au sujet
de tous les conflits et événements qui
surviennent dans les pays du tiers-monde, notamment en
Afrique et dans le Proche-Orient à l'heure actuelle.
Lors des événements du Chili, d'Angola, du
Zaïre, du Liban, la politique suivie par les deux
partis a été la même.
.......
Mais le point le plus important
qui permette de souligner la convergence des lignes
internationales des révisionnistes français et
soviétiques, concerne leur attitude vis-à-vis
du Parti communiste chinois et de la République
populaire de Chine. A cet égard, il suffit de lire
l'article publié par les "Cahiers du communisme" de
novembre 1977 sur le XIe Congrès du Parti communiste
chinois, ou encore le passage consacré à ce
dernier dans l'article de Kanapa sur le Mouvement communiste
international publié dans "France nouvelle", le 12
décembre 1977, pour constater l'identité ou la
proximité des appréciations et positions des
deux partis révisionnistes.
.......
Naturellement, nous ne devons pas
ignorer que d'autres aspects paraissent intervenir en sens
inverse, notamment au sujet des relations entre partis
révisionnistes au sein de leur communauté
internationale. Aussi l'opposition ou les réticences
du Parti révisionniste français à
participer à de nouvelles conférences
internationales ne sont nullement ambiguës. Ses
protestations contre les ingérences
soviétiques dans la vie interne des partis
euro-révisionnistes sont aussi très
nettes.
.......
Que signifient ces faits,
contradictoires pour les uns, convergents pour les autres ?
Il est délicat d'en fournir une explication
définitive. Mais nous pensons que le parti
révisionniste français est aujourd'hui
traversé par des courants divergents de plus en plus
opposés. Par exemple, il est assuré que
subsiste dans ses rangs un courant favorable à une
politique entièrement subordonnée aux
intérêts de l'Union soviétique. Le
journal du groupe "Le Communiste" s'en fait ouvertement le
porte-parole et, même si leurs âges assez
avancés autorisent à penser que certains
dirigeants comme Jeannette Thorez-Vermersch n'ont plus
d'activités militantes soutenues, il reste certain
qu'ils interviennent pour soutenir à fond les
révisionnistes sociaux-impérialistes et
sociaux-fascistes. Mais ce courant, ces militants ne sont
pas vraiment en mesure de faire triompher leur ligne. A
l'opposé, un ou plusieurs autres courants se
développent, que nous pourrions caractériser
comme se rattachant à un révisionnisme
"national", exigeant sa totale indépendance par
rapport au parti soviétique. Ce ou ces courants ne
peuvent pas non plus, pour le moment imposer
l'intégralité de leur projet politique. De
plus, il ne faut pas oublier que le Parti
révisionniste soviétique n'hésite pas
quand il le juge indispensable, à recourir à
la création de nouveaux partis pro-soviétiques
s'opposant aux partis euro-révisionnistes ou
qualifiés d'opportunistes de droite. C'est là
ce qui s'est passé pour l'Espagne, en
Grande-Bretagne, en Grèce, ainsi que dans des pays
nordiques.
.......
Notre Parti a pour tâche de
suivre avec le maximum d'attention et de vigilance
l'évolution en cours du Parti révisionniste
français, dans la mesure où il continue
à exercer une influence néfaste non
négligeable sur la classe ouvrière et les
masses populaires de notre pays.
.......
Il se pourrait d'ailleurs que sa
rupture avec le Parti socialiste, si elle se poursuit
à l'occasion du second tour des élections
législatives, renforce cette influence dans la classe
ouvrière, tout en réduisant la
clientèle électoraliste des dirigeants
révisionnistes dans les couches moyennes.
....... Quelle attitude notre Parti doit-il adopter
vis-à- vis du Parti "communiste" français
?
.......
Notre Parti a pour tâche
fondamentale de dénoncer systématiquement les
reniements et trahisons du révisionnisme moderne. Il
doit attaquer prioritairement le centre mondial de cette
idéologie qui s'est transformé en bastion
social-impérialiste et social-fasciste, ennemi
commun, avec l'impérialisme américain, de tous
les peuples du monde, et danger principal à l'heure
actuelle pour le déclenchement d'une guerre
mondiale.
....... Mais en France même, notre Parti a
également pour tâche de dénoncer
systématiquement la politique, l'idéologie et
la stratégie des dirigeants du Parti communiste
français, tant sur le plan intérieur que sur
le plan international.
.......
Cependant, notre Parti commettrait
une grave erreur à la fois idéologique et
tactique s'il n'effectuait pas une distinction claire et
précise entre les dirigeants révisionnistes
modernes français d'une part et les militants de base
et sympathisants d'autre part. Comment pourrions-nous penser
un seul instant dans les conditions actuelles en effet que
ces derniers, y compris les millions d'électeurs et
électrices qui ont l'habitude d'accorder leur
confiance au Parti "communiste" français, ne soient
pas plongés dans un trouble profond par la rupture de
l'Union de la gauche ? Tous ces gens croyaient
déjà détenir la clef des changements
avec la perspective d'un changement de majorité et
donc de gouvernement. Ils ne doutaient pas une seconde de la
victoire et voyaient déjà les dirigeants de
leur Parti ou les députés pour lesquels ils
allaient voter, devenir Ministres, et, qui sait,
peut-être même Georges Marchais devenir
Président ou vice-président du gouvernement.
L'électoralisme conjugué avec le
révisionnisme moderne a provoqué les plus
dangereuses illusions dans la classe ouvrière de
France et parmi les masses populaires sur la
possibilité d'un passage pacifique du capitalisme au
socialisme. Nous devons en parler avec gravité,
camarades, car c'est ce genre de rêves, c'est cette
drogue qui ont paralysé pendant des années et
des années les travailleurs de notre pays, qui ont
affaibli leur esprit révolutionnaire pourtant
conforme aux traditions historiques de notre
prolétariat et de notre peuple. Nous devons en parler
avec gravité, oui, car l'expérience historique
d'une telle démobilisation par les dirigeants
révisionnistes, c'est le Chili et les dizaines de
milliers d'ouvriers et paysans assassinés par cette
armée que Luis Corvalan, le Marchais chilien, vantait
si ardemment pour ses qualités
démocratiques.
.......
La période qui s'ouvre sera
fertile en événements politiques, elle est une
période d'instabilité politique de la France
dominée par la crise générale du
capitalisme ici et dans le monde. Les dirigeants du PCF
proclament qu'ils n'ont pas de stratégie de rechange.
Notre Parti offre à la classe ouvrière et aux
masses populaires une stratégie fondée sur les
principes révolutionnaires éprouvés du
marxisme, du léninisme et de la pensée
maotsetoung.
....... Notre Parti présente des candidats dans
un certain nombre de circonscriptions et mène la
bataille dans les conditions que vous savez, dans les
circonscriptions où il ne présente pas de
candidats. Mais nous n'allons pas nous arrêter
longuement sur cette question dans un Congrès qui
doit fixer notre ligne idéologique et politique pour
une période beaucoup plus longue que les deux mois
à venir. Tout en participant à cette bataille
électorale législative, notre Parti sait
très bien et doit dire partout qu'elle ne
règlera rien en elle-même, quel qu'en soit le
résultat. Les changements profonds auxquels aspirent
légitimement tous les ouvriers, les petits paysans et
les masses populaires ne sortiront pas des urnes. Le seul et
unique résultat que notre Parti attend des urnes,
c'est le renforcement de ses liens de masse avec tous les
travailleurs des villes et des campagnes, c'est
l'amélioration de son édification, c'est un
premier recul de l'influence des dirigeants
révisionnistes sur la classe ouvrière.
Là et là seulement, réside le sens de
notre participation à ces élections, que nous
ne tenons ni pour une fin ni même pour un
commencement, mais seulement comme un moment plus favorable
à l'élévation des capacités
d'intervention de notre Parti dans la bataille fondamentale
qui oppose en France le prolétariat et ses
alliés à la bourgeoisie capitaliste sous ses
différents visages.
LA LIGNE
IDEOLOGIQUE ET POLITIQUE FONDAMENTALE DE NOTRE
PARTI
|
(…………………………………………………………………………………….. )
....... En fait, toutes les thèses qui ont
été discutées et qui vont sortir de nos
assises enrichies par les critiques, les suggestions, les
amendements intervenus dans le cadre du centralisme
démocratique, se rapportent à trois questions
essentielles :
1) La lutte contre la
bourgeoisie capitaliste impérialiste, colonialiste et
néo-colonialiste
2) La lutte contre les
entreprises hégémoniques des deux
super-puissances, l'impérialisme américain et
le social-impérialisme soviétique, et
notamment contre ce dernier considéré comme
danger principal en Europe et dans le monde à l'heure
actuelle
3) L'édification du
Parti
*
* *
I- La lutte contre la bourgeoisie
capitaliste de notre pays doit se concentrer avant tout dans
ce mot d'ordre qui effraie tant les dirigeants
révisionnistes :
Classe contre
classe. Notre IIIe
Congrès doit décider de faire de ce juste mot
d'ordre le mot d'ordre principal de notre Parti dans son
combat contre les représentants de l'ennemi de classe
fondamental de la classe ouvrière et de ses
alliés.
.......
"Classe contre classe", que nous
avons repris depuis 1971, comme juste conséquence
politique de la Conférence nationale
d'édification prolétarienne du 12 juin 1971,
est un mot d'ordre stratégique et tactique. La
Conférence nationale ouvrière d'août
1976 n'a pas accordé à ce mot d'ordre une
attention suffisante parce qu'elle était surtout
préoccupée de rejeter les erreurs du IIe
Congrès avant de commencer l'élaboration de la
ligne que doit réaliser notre IIIe Congrès. Du
point de vue stratégique, "classe contre classe"
correspond fondamentalement à la nature de la
révolution que nous préparons, dont le contenu
de classe sera prolétarien. Il souligne que la force
dirigeante et la force principale de cette révolution
n'est autre que la classe ouvrière en tant que
classe.
.......
Il laisse aussi au Parti de la
classe ouvrière la possibilité de passer des
alliances de classe pour mener les luttes
révolutionnaires sous sa propre direction, avec les
couches de la paysannerie et de la petite-bourgeoisie qui
ont intérêt à la destruction du
système capitaliste. On peut parler dans ce cas de la
réalisation d'un Front uni contre le capitalisme et
contre le révisionnisme.
.......
Il implique aussi que notre Parti
soit un Parti authentiquement prolétarien,
dirigé par des ouvriers authentiques et par des
éléments qui se placent sur les positions
idéologiques et politiques de la classe
ouvrière.
.......
Du point de vue tactique, "classe
contre classe" vise à la reconstitution indispensable
de l'unité de combat de la classe ouvrière,
sur la base de son idéologie de classe. En ce sens,
il s'oppose directement à la ligne idéologique
et politique du Parti révisionniste qui divise les
travailleurs, freine leurs luttes de classe ou les
dévie, préconise la collaboration de classes
avec la bourgeoisie. On comprend pourquoi dans l'article
déjà cité du journal "France nouvelle",
Kanapa s'en est pris à ce mot d'ordre en essayant de
le discréditer par la qualification stupide de "mot
d'ordre stalinien". Pourquoi donc ce membre du Bureau
politique du Parti révisionniste est-il intervenu
contre "classe contre classe" ? Est-ce là une attaque
tombée du ciel ? En aucune façon, c'est tout
simplement une contre-attaque, une riposte au succès
de notre Rassemblement national du 6 novembre dernier,
où le mot d'ordre en cause a été
compris et acclamé par plusieurs milliers de
personnes, en majorité par des
travailleurs.
.......
Car la stratégie de ce mot
d'ordre est la seule possible pour la classe ouvrière
de notre pays, c'est la seule stratégie qui puisse
conduire, par une voie révolutionnaire, à de
réels changements en faveur des intérêts
de classe des travailleurs dans l'immédiat, à
la réalisation victorieuse de la révolution
prolétarienne ensuite.
.......
C'est aussi un mot d'ordre dont le
contenu n'écarte aucun travailleur, tout au
contraire, et peut unir dans les luttes de classe les
travailleurs immigrés avec leurs camarades
français.
.......
Enfin, sur la base même de
"classe contre classe", notre Parti peut efficacement
impulser "l'unité à la base et dans l'action",
ainsi que rendre de plus en plus populaire l'idée du
"Tous ensemble et en même temps".
.......
A ce sujet, que l'on ne vienne pas
nous faire proclamer ce que nous ne disons pas. Nous ne
sommes pas des adeptes de l'anarcho-syndicalisme et nous ne
pensons pas que seul un puissant mouvement de grèves,
même d'ampleur généralisée, peut
conduire à la destruction du système
capitaliste. Nous pensons qu'un tel mouvement, et la
répétition de mouvements de cette ampleur,
peut contribuer efficacement à préparer la
voie de la victoire de la Révolution
prolétarienne, mais ne peut suffire pour
l'assurer.
.......
En effet, la révolution
prolétarienne ne vaincra qu'au bout du
fusil.
(……………………………………………………………………………………..
)
.......
La lutte "classe contre classe"
exigera d'être conduite jusqu'au bout sous toutes les
formes possibles et dans tous les domaines. Ce mot d'ordre
central de notre Parti est un mot d'ordre fondamentalement
révolutionnaire prolétarien.
*
* *
II- La lutte contre les entreprises
hégémoniques des deux super-puissances est une
nécessité historique actuelle. Elle correspond
au rapport dialectique qui existe entre la guerre et la
révolution.
.......
Cette question a soulevé
beaucoup de discussions et parfois d'incompréhensions
dans nos rangs. Des camarades voulaient absolument qu'on
choisisse entre les deux cibles du capital monopoliste et
des deux super-puissances une cible principale et
centrale.
.......
Certains, tordant à
180° le bâton des erreurs du IIe Congrès,
préconisaient que la lutte de notre Parti soit
considérée comme principale et prioritaire
contre la bourgeoisie, et seulement secondaire contre les
deux super-puissances. Ils adoptaient la position exactement
inverse des défenseurs de la ligne bourgeoise du IIe
Congrès, mais faisaient preuve d'une tendance tout
aussi erronée à ne voir qu'un seul aspect de
la situation, à n'en fournir qu'une analyse
unilatérale.
.......
A cet égard, il convient de
souligner que le rapport entre guerre et révolution
tel qu'il a été conçu par le
Président Mao constitue la base d'une
stratégie internationale et non point locale. Quand,
en 1969, Mao Tsetoung déclare: "Ou bien la guerre engendre la révolution
ou bien la révolution conjure la
guerre", il n'envisage pas une
guerre locale ou régionale, mais la guerre mondiale;
il n'envisage pas une révolution limitée
à un seul pays mais il évoque la
révolution mondiale. Cette indication qui fut suivie
de l'appel aux peuples du monde en 1970 pour écraser
les agresseurs américains en Indochine, est
restée valable par la suite et Chou En laï l'a
reprise quand il a formulé devant la 4ème
session de l'Assemblée populaire chinoise que
"les facteurs de guerre et les
facteurs de révolution augmentaient en même
temps".
.......
Enfin, la théorie des trois
mondes a apporté le fondement théorique
complet de cette analyse.
.......
Elle implique que nous luttions
pour la révolution et contre la guerre en même
temps. Or, lutter pour la révolution dans notre pays,
c'est à la fois lutter contre la bourgeoisie, c'est
mener la lutte "classe contre classe" jusqu'au bout et
lutter contre les entreprises des deux super-puissances qui
préparent la guerre mondiale et se disputent dores et
déjà la domination de l'Europe. Ces deux
luttes sont indissociables et finalement se rejoignent en se
soutenant mutuellement.
.......
De ce point de vue, notre Parti
doit porter à un niveau beaucoup plus
élevé son activité pour la
dénonciation des agissements des deux
super-puissances et plus particulièrement du
social-impérialisme soviétique. Il doit faire
davantage pour préparer la classe ouvrière et
les masses populaires à la défense de la paix
en même temps qu'en prévision de la
guerre.
.......
A ce sujet nos camarades doivent
accorder une grande importance à un passage d'une
déclaration commune que notre Parti a faite avec le
Parti marxiste-léniniste des Pays-Bas :
"...les deux partis
conçoivent la défense de l'indépendance
nationale, dans les pays du second monde, comme devant
nécessairement être placée sous la
direction du prolétariat et de son parti et comme
faisant partie intégrante de la révolution
prolétarienne". Cette
proclamation est une application vivante de la
théorie des trois mondes aux conditions
spécifiques de notre pays dominé par une
bourgeoisie capitaliste monopoliste, en qui nous ne pouvons
nullement placer notre confiance, c'est à dire la
confiance du prolétariat, pour conduire
jusqu'à sa victoire la résistance de notre
peuple aux agressions des deux ou de l'une des deux super-
puissances. Cette considération et cette
méfiance n'excluent pas que notre Parti puisse
considérer, temporairement et ponctuellement, dans
des circonstances données, que la bourgeoisie
française du second monde puisse agir dans le sens de
la résistance aux super-puissances, elle signifie
seulement que nous ne lui accordons pas notre confiance pour
mener cette résistance jusqu'à sa victoire, et
de fait elle établit le lien dialectique
indissociable qui lie la résistance, c'est à
dire la guerre à la révolution
prolétarienne.
....... Pour mener à bien la réalisation
de notre double tâche centrale, la lutte contre la
bourgeoisie capitaliste française et contre les deux
super-puissances, la lutte pour la révolution
prolétarienne et contre la guerre
impérialiste, nous avons pour tâche
impérieuse et décisive d'assurer
l'édification de notre Parti. C'est sur cette
question combien capitale que nous achèverons ce
rapport politique (...).
(...................................................................................................................................................)
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