FRONT ROUGE n°154 -1er mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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Vietnam, Cambodge, Laos vers la victoire totale (Grégoire Carrat)

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VIETNAM, CAMBODGE, LAOS VERS LA VICTOIRE TOTALE

(Grégoire Carrat)

PHNOM PENH : le peuple fête la victoire

      Les défenseurs du monde libre qui. hier encore, se taisaient sur les bombardements US au Cambodge, qui ignoraient ces faits prouvés de l'utilisation par l'aviation américano-fantoche de bombes asphyxiantes sur la zone libérée. ceux là même fabriquent une information de toutes pièces pour accréditer l'idée qu'une sanglante " épuration " est en cours à Phnom-Penh. Comme tout le monde, ils ne disposent d'aucune information directe en provenance de Phnom-Penh ; leurs sources sont des rumeurs, la plupart du temps colportées par la CIA; comme cette radio prétendument du FUNK qui annonçait des exécutions massives : il a suffi de quelques jours pour que la supercherie soit dévoilée : cette radio était l'œuvre de la CIA et émettait à partir de la Thaïlande. Ce qui n'a pas empêché " L'Aurore " de fournir ces mensonges en guise d'informations et la télévision de ne pas démentir les informations qu'elle y avait puisées.

      Ce flot de calomnies tente de mettre à profit l'interruption des liaisons avec le Cambodge pour faire oublier la réalité : dès l'entrée des forces populaires dans la ville les Phnom-penhois sont venus massivement au-devant d'elles. Une extraordinaire fête de toute la population a salué la libération de Phnom-Penh. En ce moment même, le peuple cambodgien, après s'être recueilli plusieurs jours pour honorer la mémoire des héroïques combattants qui ont donné leur vie pour la libération du pays, organise dans tout le pays de grandes fêtes, les fêtes d'un peuple qui a conquis son indépendance et entreprend la construction de son pays.

      Le GRUNK a déjà décide des baisses massives des prix du riz. du porc, du boeuf, une réévaluation du riel de 120 % qui accroîtra d'autant le pouvoir d'achat des masses.

      Ce flot de mensonges hystériques vise à déformer la politique qui a toujours été celle du FUNK et du GRUNK, réaffirmée lors du 2 Congrès National du Cambodge, les 24 et 25 février 1975 :

      " Quant aux fonctionnaires, officiers et soldats, officiers et agents de toutes les polices, gardes d'autodéfense, membres de toutes les organisations militaires et para-militaires, hommes politique et autres personnalités, membres de divers organismes du régime félon, le Congrès National déclare que ces compatriotes peuvent rallier le FUNK. la nation et le peuple du Cambodge dès lors qu'ils cessent toutes activités au service des sept traîtres et toute collaboration avec eux. "


5e anniversaire de la conférence des 3 peuples d'Indochine
5 années de victoires de la guerre du peuple !

      " Les peuples d'Indochine luttent pour une cause juste, ils ont une ligne juste, ils sont animes d'une détermination inébranlable, ils ont forgé une solidarité indestructible, par ailleurs, il possèdent des forces plus considérables et bénéficient d'une sympathie et d'un soutien plus vigoureux que jamais de la part des peuples du monde... ils remporteront infailliblement la victoire totale ", affirmait la Conférence au sommet des trois peuples indochinois les 24 et 25 avril 1970.

      La Conférence au sommet des trois peuples indochinois s'est tenue au lendemain de l'agression US contre le Cambodge. L'impérialisme US tentait de dresser les uns contre les autres les peuples d'Indochine ; Lon Nol organisait des massacres de Vietnamiens au Cambodge, les troupes de Saigon pillaient et massacraient au Cambodge. Dans le fol espoir de dominer l'Indochine, malgré ses défaites au Vietnam, d'isoler le peuple vietnamien des autres peuples indochinois, l'impérialisme US étendait la guerre à toute l'Indochine.

      La Conférence au sommet était la ferme riposte des peuples indochinois : face à l'agression et aux tentatives de division, les trois peuples scellaient leur unité dans leur volonté commune de chasser l'impérialisme US hors d'Indochine, la où l'impérialisme US avait concentré des forces gigantesques, l'une des pièces maîtresses de sa domination en Asie du Sud-Est et dans le monde.

      Cinq ans plus tard, l'ambassadeur US s'est enfui de Phnom-Penh ; même s'ils tentent de s'accrocher au Vietnam, les Yankees doivent quitter précipitamment Saïgon.

      Cinq ans plus tard, la victoire, la voilà : le peuple cambodgien a chassé l'agresseur, le peuple vietnamien le poursuit dans ses derniers retranchements, le peuple lao fera de même.

      " Le peuple d'un petit pays triomphera à coup sûr de l'agression d'un grand pays s'il ose se dresser pour la lutte, recourir aux armes et prendre en main le destin de son pays ", affirmait Mao Tse Toung. le 20 mai 1970.

      Cette loi de l'histoire est confirmée par l'éclatante victoire des peuples Indochinois. Les peuples du monde entier y reconnaissent un exemple héroïque pour leur lutte contre l'hégémonisme, le pillage impérialiste. Jamais, l'impérialisme, même contraint à des reculs importants, n'accordera de son plein gré l'indépendance. Pas d'indépendance réelle, pas de souveraineté entière, sans une puissante mobilisation de tout le peuple pour chasser les impérialistes, sans une puissante armée populaire pour détruire les forces contre-révolutionnaires, en menant la guerre du peuple.

Exemple héroïque pour les peuples opprimés, en leur montrant leur force réelle, la victoire des peuples Indochinois a permis les profonds bouleversements de notre époque. Elle est une victoire de tous les peuples, elle a rencontré un large soutien de toutes les forces révolutionnaires dans le monde : la conférence des peuples Indochinois était saluée par les peuples, les pays socialistes, Chine et Albanie qui offraient une aide sans condition aux peuples indochinois, notamment au peuple cambodgien. A l'inverse, les sociaux-impérialistes misaient sur Lon Nol, tout en faisant mine de soutenir le peuple; vietnamien. C'était une tentative pour briser l'unité des peuples indochinois, c'était faire cause commune avec l'impérialisme US. Aux côtés des peuples indochinois, le camp de la révolution, contre eux le camp de la contre-révolution.


ENFONCÉS DANS LA TRAHISON

      Tass annonce la libération de Phnom Penh comme " la fin d'une guerre fratricide de 5 ans ". Jusqu'au bout, les sociaux impérialistes tresseront des couronnes à Lon Nol, cacheront sa soumission totale à l'impérialisme US, pour masquer honteusement leur politique systématique de sabotage de la lutte de libération nationale. Alors que la plupart des pays avaient retiré leur personnel diplomatique, les diplomates soviétiques se sont réfugiés à l'ambassade de France après la libération de Phnom Penh. Ils ont accompagné le régime Lon Nol jusque dans son tombeau.

      Cette trahison ignoble donne son sens exact aux déclarations de Kossyguine : " l'Union soviétique s'efforcera comme par le passé de développer ses relations amicales avec le peuple cambodgien et lui accorder son soutien dans ses efforts d'édification d'un Cambodge pacifique, indépendant et neutre ". Comme par le passé, l'Union soviétique poursuivra sa politique de trahison des intérêts fondamentaux du peuple cambodgien.


      A Son My, 7 ans après les crimes US…

 

      Dans la zone libérée, en appliquant la politique de réconciliation nationale, le peuple vietnamien entreprend la reconstruction du pays.
Le correspondant de Giai Phong revient de Son My, le village connu du monde entier où 500 personnes, vieillards, femmes et enfants, avaient été assassinés sous les ordres du lieutenant US Calley, le 16 avril 1968. Calley a été amnistié par Nixon, il a empoché des milliers de dollars pour ses " mémoires " de tortionnaires. Mais son procès a montré que ce crime s'est répété des dizaines de fois au Vietnam, que c'était une politique délibérée de génocide organisée par les yankees.
      " Je suis arrivé au moment où la population était occupée à reconstruire la localité. Les préparatifs ont été faits pour réparer le grand barrage pour permettre l'irrigation, une école était en cours de construction, des dizaines de maisons surgissaient dans l'ancien no man's land.
      Mme Thiet, 60 ans, a perdu 5 enfants dans le massacre, deux de ses voisines, chacune 3. Elles m'ont raconté comment, avec d'autres, elles avaient lutté contre les tentatives de l'ennemi de parquer la population, de s'approprier les terres, et comment dans les derniers jours, elles avaient participé aux soulèvements populaires pour la prise du pouvoir dans la localité.
      Huyn Lai reconstruisait sa maison à son ancien emplacement. Il revenait de Quang Ngai où l'ennemi l'avait obligé de s'installer pendant 7 ans. Il a 8 enfants, les trois aînés se sont engagés dans les forces révolutionnaires. Sa fille, libérée de la prison Quang Ngai à la libération, était aussitôt repartie au combat.
      Partout des témoignages émouvants de l'attachement entre la population et les forces révolutionnaires ; cet attachement remontait aux jours difficiles de la lutte. J'ai vu des cadres s'affairer tout le jour pour aider les habitants revenus au village, les habitants leur témoignaient une chaleureuse affection.
      Nguyen Sam, responsable à l'information, m'apprend que la petite fille qui joue à côté de moi est rescapé du massacre : elle avait été ensevelie sous les cadavres de sa mère et d'autres personnes, ce qui l'avait sauvée.
      " Ma femme et deux de mes enfants, dont un bébé de 8 mois, ont été tués ce jour-là ", me dit-il d'un ton lourd de chagrin.
      Parmi ceux qui construisent l'école, deux frères. L'un est ancien secrétaire communal de l'administration Thieu à Son My, l'autre était agent de police dans un autre district. Tous deux se sont ralliés et revenus au village.
      " Ma femme, mes 5 enfants et moi avons bénéficié de la clémence et de l'aide du pouvoir révolutionnaire de la population. J'ai construit une maison et je refais actuellement ma vie. Il en est de même pour la famille de mon frère. Maintenant, nous n'aurons rien à craindre et nous nous préoccupons seulement de contribuer à la reconstruction du pays.
" 


Yankees nazis, hors d'Indochine

      A Xuan Loc. les impérialistes yankees ont ordonné aux débris de I'armée fantoche d'utiliser les bombes CBU 135, bombes à dépression qui absorbent tout l'oxygène dans un rayon de 200 mètres, et détruisent toute vie. Ces bombes avaient été expérimentées contre la zone libérée du Cambodge, en février 75. " Des centaines, peu être des milliers de cadavres gisaient sur une étendue de plusieurs hectares ", rapporte l'AFP. " Ils n'avaient aucune blessure, les morts avaient la bouche largement ouverte et leurs mains étreignaient leur gorge. "

      Jusqu'au bout, l'impérialisme US poursuivra sa politique de " tout détruire, tout massacrer " . Ces nouveaux crimes soulèvent une haine encore plus grande du peuple vietnamien contre l'agresseur, et aiguise encore sa volonté de vaincre pour connaître la paix.

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