FRONT ROUGE n°155 -08 mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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pages réalisées par Grégoire CARRAT

30 ANNÉES DE GUERRE DU PEUPLE :

UNE VICTOIRE HEROÏQUE

1965-1968 : défaite de la guerre locale

      En 1964, les impérialistes US commencent à bombarder massivement la République Démocratique du Vietnam. En 1965, à Da Nang, les marines US débarquent. C'est la " guerre locale " menée directement par les troupes US contre le peuple vietnamien pour pallier l'échec de la guerre spéciale. Chaque jour, des milliers de tonnes de bombes de la guerre spéciale sont larguées au Nord. 500000 GI'S ratissent le Sud.
      Ho Chi Minh lance un appel à la nation en 1966.
      " Que Johnson et ses acolytes se le disent : ils peuvent faire venir 500 000 hommes, un million ou même davantage pour intensifier la guerre d'agression au Sud Vietnam ; ils peuvent utiliser des milliers d'avions pour multiplier les attaques contre le Nord, jamais ils ne pourront ébranler notre volonté de fer de combattre l'agression américaine pour le salut national... ".


La barbarie Yankee suscite une haine
sans borne pour l'agresseur

      La barbarie yankee se déchaîne : " tout brûler, tout détruire, tout massacrer ". Des villages entiers sont massacrés, des forêts entières arrosées de défoliant, des champs immenses rendus impropres à la culture pour de longues périodes. Toute une gamme de matériel ultramoderne est utilisée pour ce génocide : appareils pour détecter la présence d'êtres vivants, pour guider les bombardements, bombes anti-personnelles... Au Nord, bombardement de villes, hôpitaux, écoles.
      La barbarie yankee, loin d'abattre le peuple vietnamien, suscite une haine sans borne pour l'agresseur.
      La formidable puissance US, à peine arrivée au Vietnam, est mise en échec. Au Nord, plus de 4 000 avions sont abattus, au Sud les bataillons US seront tenus en échec par les FAPL appuyées par la population.
      L'offensive du Têt. déclenchée le 30 janvier 1968. met en pièces le corps expéditionnaire yankee. A Khé Sanh. assiégée pendant 170 jours, !es Américains fuient comme des lapins de peur de connaître un nouveau Dien Bien Phu : 7000 yankees sont mis hors de combat. 122 avions détruits, une importante base stratégique démantelée. La lutte dans les villes qui n'avait jamais cessé depuis 1954, se transforme en un immense soulèvement dans le cadre de l'offensive généralisée. Dans Saigon, des quartiers entiers sont libérés, tous les sièges des organismes fantoches et yankees sont attaqués. Les ouvriers et les marchands organisés dans les forces d'auto-défense font la chasse aux mercenaires. Les enfants étaient agents de liaison, les vieilles femmes s'occupaient des blessés.
      Les pertes US et fantoches sont immenses. Du 31 janvier au 15 mars 1968. 150000 hommes (45000 yankees) sont tués, blessés ou faits prisonniers, dont 48 600 à Saïgon , 2 200 avions sont détruits, dont 560 à Saigon ; 1 750 véhicules, dont 900 à Saigon.
      L'offensive de 1968 soudait l'alliance du FNL et des autres forces qui luttaient dans les villes. Elles constituèrent, en pleine offensive, l'Alliance des Forces Nationales Démocratiques et de Paix (AFNDP).


Khe Sanh 68 : les américains fuient comme des lapins

LES FORCES DE LA RÉVOLUTION VIETNAMIENNE

Le Duan, 1er secrétaire du PC du PTV, extrait de : " En avant sous le glorieux drapeau de la Révolution d'Octobre ".

      Au Sud-Vietnam, les plaines et deltas qui couvrent de vastes régions comportent une économie naturelle très peu dépendante des villes, avec une population en grande majorité paysanne vivant de l'agriculture. Les agresseurs et leurs valets, même s'ils règnent dans les villes, ne peuvent exercer un contrôle serré sur les campagnes. C'est pourquoi, quand les conditions sont mûres pour la révolution, les villages constituent le maillon le plus faible du système colonialiste où le pouvoir fantoche est le plus rapidement ébranlé, en proie à la crise ; de ce fait, le peuple a les possibilités de déclencher des insurrections locales, démolissant systématiquement le pouvoir ennemi.
      Après avoir libéré de vastes régions rurales, le peuple a édifié des forces armées et organisé des forces politiques puissantes, impulsé vigoureusement le mouvement révolutionnaire à travers tout le pays, menant en même temps la lutte politique et la lutte armée, restant constamment sur une position d'offensive, brisant successivement toutes les manœuvres politiques et militaires de l'ennemi et faisant avancer la révolution, Jusqu'à l'heure actuelle, la combinaison étroite de la lutte politique et de la lutte armée constitue la forme fondamentale de la violence révolutionnaire au Sud-Vietnam, forme la mieux adaptée pour s'opposer au néo-colonialisme. Elle a été utilisée non seulement au cours de l'insurrection, mais également pour faire face à la " guerre spéciale ", puis à la " guerre locale " des Impérialistes américains . Cette association de la lutte politique et de la lutte armée est menée sous des formes diverses adaptées au rapport des forces dans trois zones stratégiques différentes : dans les campagnes, dans les villes, dans les régions montagneuses, formes variables selon les tâches générales de la révolution et celles particulières à chaque moment donne.
      Comme la révolution nationale démocratique menée auparavant dans tout le pays, la révolution au Sud-Vietnam à l'heure actuelle a pour forces principales les ouvriers et les paysans : l'alliance des ouvriers et des paysans sous la direction de la classe ouvrière constitue le fondement du front national unifié. C'est pourquoi elle ne saurait s'appuyer seulement sur les forces révolutionnaires rurales ; elle doit édifier les forces révolutionnaires, impulser les mouvements révolutionnaires dans les villes comme dans les campagnes. Dans l'évolution de la lutte, les mouvements révolutionnaires urbain et rural ont été étroitement coordonnés, l'un impulsant l'autre de façon vigoureuse. Le raz-de-marée révolutionnaire qui a secoué les campagnes il y a quelques années a exercé une action profonde sur le mouvement des villes. et la lutte bouillonnante des masses citadines a créé des conditions éminemment favorables pour les soulèvements dans les villages et l'extension de la guerre du peuple. La lutte politique acharnée des populations citadines a entravé, parfois paralysé ou bouleversé les activités militaires de l'ennemi, et soutenu ainsi efficacement l'offensive des forces armées révolutionnaires. Et réciproquement, les victoires militaires, comme les coups portés sans répit contre les bases et les repaires ennemis dans les villes, ont contribué grandement à une maturation rapide du mouvement révolutionnaire dans les villes.

1969-1972 : la faillite de la doctrine Nixon

      En 1969, le FNL et l'AFNDP convoquèrent ensemble le congrès des représentants du peuple du Sud Vietnam, sur la base des élections aux Comités Populaires Révolutionnaires. Le Congrès décida la constitution du Gouvernement Révolutionnaire Provisoire (GRP) le 8 juin 1969. Désormais, les Etats-Unis ont à faire à un Etat souverain, à un gouvernement légitime du pays, qui conduira le peuple vietnamien à la victoire.

      La défaite de la " guerre locale " contraint Johnson à stopper les bombardements sur le Nord le 1er novembre 1968, Nixon devait ouvrir des négociations en janvier 1969, les troupes US sont obligées de se retirer partiellement.

      Nixon met sur pied une " nouvelle doctrine " : poursuivre la guerre au moyen d'une armée fantoche organisée et encadrée par des conseillers US, bien armée et bénéficiant de l'appui aéro-naval US. C'est la " vietnamisation " de la guerre. En même temps, il étend la guerre du Vietnam au Laos et au Cambodge, dans l'espoir de couper le Sud du Nord, de séparer le peuple vietnamien des peuples cambodgien et laotien. La lutte unie des trois peuples Indochinois met en déroute les grandes opérations lancées en 1971 par les troupes saïgonnaises au Cambodge et au Laos.

      La grande offensive de 1972 met hors de combat des divisions fantoches entières. Le programme de " pacification ", ratissages, déportation, massacre de la population, s'effondre par pans entiers : près de 5 millions d'habitants ont réussi à reconquérir le pouvoir. Les dispositifs de défense de la vietnamisation sont démantelés. La " vietnamisation ", ébranlée jusque dans ses fondements, Nixon " re-américanise " la guerre. Les bombardements sur la RDV reprennent massivement contre les villes, contre les digues ; les ports de la RDV sont minés. Le peuple vietnamien résiste héroïquement à cette guerre de destruction totale : 556 avions sont abattus d'avril à octobre. En décembre, Nixon lance contre RDV les 140 B52 disponibles dans le Sud-Est asiatique, 400 avions tactiques, dont des F111 à géométrie variable ; Nixon voulait créer un " Hiroshima sans arme atomique " contre Hanoi. En 12 jours, 81 avions sont abattus, dont 34 B52. " La bataille de Hanoï " est la plus grande victoire de toutes les guerres aériennes. Nixon doit reculer, stopper les bombardements sur le Nord.


laos 71 : les fantoches saïgonnais en déroute...

1973-1975 : la victoire totale

      Nixon-Kissinger doivent signer les Accords de Paris selon les conditions fixées par le GRP. Les USA doivent reconnaître l'indépendance du Vietnam, s'engager à se retirer, après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars pour dominer le peuple vietnamien.

      Pendant deux ans, le peuple vietnamien luttera pour l'application des Accords de Paris. Les yankees font tout pour poursuivre la " vietnamisation ", rester au Vietnam malgré la défaite. Au cours de la lutte, l'ensemble de la population reconnaît que ses profondes aspirations à la paix et à la réconciliation nationale ne se réaliseront pas tant que Thieu est au pouvoir, tant qu'une administration à la solde des yankees est à Saigon. En deux mois, de mars à mai 1975, les soulèvements populaires libèrent toutes les zones contrôlées par Thieu. Le GRP administre la plupart des régions du Vietnam.

      Les yankees s'enfuient dans les derniers jours d'avril. Dans une pagaille indescriptible, ils prennent d'assaut les hélicoptères venus les récupérer sur les toits des immeubles, Sur les porte-avions, les yankees jetaient les hélicoptères à la mer pour que les nouveaux arrivants puissent se poser.

      Le 30 avril 1975, à 11 h 30 précises, le drapeau du GRP est hissé sur le palais de la présidence fantoche. Le glas de la politique d'agression US avait sonné. Dans les rues, la population assiégeait les voitures et les chars des FAPL pour leur parler, pour leur offrir des boissons, leur serrer la main. Saigon devenait " Saïgon - ville Ho Chi Minh ".

      Sur le port où 65 ans auparavant le jeune Ba, le futur président Ho Chi Minh, s'expatriait comme des milliers de ses compatriotes réduits au chômage par le colonialisme, flotte le drapeau à l'étoile d'or, le drapeau de l'indépendance. Un vieux docker serre les mains des soldats : " Saigon est libérée ! Je regrette seulement que l'oncle Ho ne soit plus ! Les Sud-Vietnamiens ne pourront donc plus l'accueillir à Saïgon ! "

      L'immense tâche définie par Ho Chi Minh, chasser l'agresseur, est réalisée. Le peuple vietnamien peut construire son pays comme l'annonçait Ho Chi Minh dans son testament :

" Nos fleuves, nos monts
nos hommes toujours resteront.
Le yankee battu,
nous bâtirons le pays
dix fois plus beau.
"


Dans Saigon, ville Ho chi Minh libérée… la population en liesse.

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