La bataille politique de 1978

L'organisation trotskiste de Krivine

IL EST FACILE DE SE DIRE RÉVOLUTIONNAIRE

Une fois de plus, tout en qualifiant Marchais et Mitterrand de réformistes, la Ligue
communiste révolutionnaire de Krivine appellera à voter pour le PCF et le PS au second tour: les "révolutionnaires" vous appellent à voter pour les réformistes ? Ou alors Krivine n'est pas révolutionnaire...
 
Dans la plate-forme que la Ligue communiste révolutionnaire de Krivine vient de publier, l'organisa-
tion trotskiste présente ainsi sa stratégie: "... la nécessité de se battre pour un gouvernement au service des travailleurs qui devra prendre les mesures indispensables pour marcher au socialisme".
Ce gouvernement, doit être selon Krivine, un gouvernement PCF-PS : "Face à la crise, ils (Mar-
chais et Mitterrand) doivent former un gouvernement PC- PS dont nous exigeons la satisfaction de nos revendications".
Bien sûr, pour garder leur image dure, les trotskistes font quelques critiques aux deux partis PCF et
PS et quelques propositions: détrôner Giscard, retirer la constitution de la Ve République, épurer l'administration et démanteler la hiérarchie militaire.
Mais remplacer Giscard par Mitterrand (ou par Marchais) n'est en aucun cas la question fondamen-
tale qui se pose. Tous les travailleurs savent par expérience que ce n'est pas en changeant l'homme qui tient la présidence de la république que l'on change les choses.
Retirer la constitution de la Ve république ? Mais pour la remplacer par quoi ? Une autre constitution
capitaliste, un peu amendée ? Une constitution, c'est la loi fondamentale de l'État. Elle exprime les rapports qui existent à la base, dans l'économie. En France capitaliste, toute constitution représenterait le capitalisme: les rapports entre exploiteurs et exploités, elle assurerait la continuité du capitalisme.
Démanteler l'administration et la hiérarchie militaire ? Cela non plus ne change rien au fond: si l'on
remplace un ministre par un autre, on peut aussi remplacer un haut fonctionnaire ou un général par un autre... Là encore, la nature de l'armée ne change pas pour autant.
Dans tout cela donc, pas question de révolution (le mot n'apparaît même pas dans toute la dernière
page de la plate-forme sur les "perspectives"), mais seulement d'un gouvernement de gauche (PCF, PS). Quant à la perspective d'aller au socialisme, elle se réduit à une suite de réformes proposées à la gauche.
Si c'est cela être révolutionnaire, les plus grands révolutionnaires français ont pour nom Gaston De-
fferre et Guy Mollet…

Les trotskistes:
de scissions en scissions
 
En 1938, Trotsky qui, tout au long de sa vie, a trahi la classe ouvrière en combattant sans cesse les
théories de Lénine, constitua la 4e Internationale.
Tous les trotskistes français lui donnèrent leur adhésion mais, dès 1939, une première scission se fait
jour; elle donne naissance à "Lutte ouvrière". En 1945, les autres étaient regroupés au sein du "Parti communiste internationaliste" qui allait connaître d'importantes scissions en 1947.
Mais c'est en 1952 qu'a eu lieu la plus importante. La question essentielle est l'attitude à avoir par
rapport au PCF. Faut-il pratiquer l'entrisme ou non ? (*).
Le Groupe Lambert refuse cette tactique. Les lambertistes sont organisés actuellement dans les
groupes ultra-droitiers : Organisation communiste internationale (OCI) et Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS).
Le deuxième groupe resta partisan de l'entrisme, c'est ce qui explique que l'on trouve Krivine à un
moment donné dans l'UEC (Union des étudiants communistes). Dès 1962, il y organise une fraction oppositionnelle dite de gauche. Il déclencha une scission à partir du refus de nombreux militants affiliés à l'UEC d'approuver le soutien du PCF à la candidature de Mitterrand en 1965. Puis il crée, en 1967, la "Jeunesse communiste révolutionnaire" que l'on retrouve dans les facultés en 1968.
En 1969, est créée la Ligue communiste dont les premiers animateurs furent Pierre Frank, Krivine
lui-même, Bensaïd et Weber.
En 1971, une première scission importante donnera le groupe "Révolution" qui se nomme aujourd'hui
"Organisation communiste des travailleurs" (OCT).
En 1973, l'organisation de Krivine change de nom (à cause de la répression). Elle se nomme alors
"Ligue communiste révolutionnaire". Elle a pour journal "Rouge".
 
Lors de leur deuxième congrès qui eut lieu en janvier 1977, la Ligue a fourni des
chiffres reflétant sa base sociale. 42 % de leurs militants, selon leurs propres chiffres, sont étudiants ou enseignants. Ils déclarent que 13 % de leurs militants sont ouvriers, ce qui parait exagéré quand on regarde d'un peu plus près.

(*) Tactique qui consiste à pénétrer dans d'autres organismes pour les prendre de l'intérieur.


KRIVINE SOUTIENT BREJNEV
Et il condamne la Chine

De même que les trotskistes essaient de semer des illusions sur Marchais et le PCF, en
demandant aux travailleurs de voter pour eux, de même ils sèment des illusions sur l'URSS.
L'URSS qui emprisonne ses opposants dans des camps de concentration est un pays
devenu bourgeois. L'URSS qui envahit la TchécoslovaquIe est un pays devenu impérialiste. Nous ne pouvons plus considérer l'URSS comme un pays socialiste. Le socialisme, ce n'est pas cela.
 
Or pour la Ligue communiste révolutionnaire de Krivine, l'URSS reste "un état ouvrier dé-
généré": dégénéré, mais quand même ouvrier. Cela voudrait dire que l'invasion de la Tchécoslovaquie, les camps de concentration, les extraditions, la présence russe en Afrique, sont des faits à mettre au compte d'un état ouvrier ! C'est absurde et scandaleux. !
Cela amène la Ligue à soutenir les interventions russes dans le monde: soutien au
MPLA pro-soviétique, en Angola, contre les autres mouvements de libération; soutien à l'intervention cubaine, elle aussi pro-soviétique, en Afrique; soutien aux gendarmes katangais lors de leur invasion du Zaïre, etc.
 
Par contre, la Ligue Communiste Révolutionnaire ne rate pas une occasion d'attaquer un
pays socialiste comme la Chine, que les trotskistes mettent au même plan que l'URSS de Brejnev.
 
Ils condamnent la politique extérieure de la Chine, notamment vis à vis des pays du tiers
monde d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.
Toute la politique de soutien de la Chine aux peuples et pays du tiers-monde en lutte
pour leur indépendance nationale, les trotskistes la nient.
Ils ne se contentent pas de cela, ils reprennent aussi à leur compte tous les ragots;
toutes les calomnies qui courent sur la politique intérieure chinoise: exécutions, révolutions de palais, etc. Quelle est la source de ces mensonges ? les services de renseignements de l'île de Formose, dont le régime est pour le moins policier et lié à la CIA.
Comme on le voit, la politique de la ligue communiste est un ensemble relativement
cohérent: soutien à la politique du bourgeois Brejnev et condamnation de la Chine socialiste.

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