L'HUMANITÉ ROUGE n°780 - 3 et 4 décembre 1977 (page 7)
Quotidien des communistes marxistes-léninistes de france

nouvelles intérieures

Le virus a même gagné le PCF

L'autogestion c'est
la grande mode de cet hiver !

Les dirigeants du PCF sont aujourd'hui fanatiques de l'autogestion. C'est une nouvelle maladie qui vient
de les frapper il y a un peu plus d'une semaine.
 
Il y avait déjà eu le discours de Marchais à la porte de Pantin, juste après la rupture de l'Union de la
gauche, où il était dit que la société dont rêve le premier secrétaire du PCF pouvait être qualifiée d'autogestion si l'on préférait ce terme. Puis on n'entendit plus parler de la chose.
Il y a maintenant deux semaines, le PCF publiait une déclaration intitulée : "Pour une avancée décisive
de la démocratie" et remise aux syndicats, tirée à 500 000 exemplaires. Commentant cette résolution sous forme d'interview de Juquin (un des notables du PCF), l'Humanité dimanche posait en première page la question: "Les communistes sont-ils devenus autogestionnaires ?"*
La réponse de Juquin est la suivante: "je laisse répondre la déclaration (celle dont nous parlons plus
haut ) Il s'agit d'avancer sur le chemin d'une gestion toujours plus large de la société toute entière par les travailleurs eux-mêmes, les citoyens, c'est à dire de l'autogestion".
Donc, les dirigeants du PCF sont bel et bien devenus autogestionnaires...
Juquin précise : "Cette voie est originale". Elle est aussi "originale" au Parti socialiste, à la CFDT, au
PSU, à la Ligue trotskiste de Krivine, à certains écologistes... Une voie "originale" mais commune à pas mal de monde. Et c'est-là le premier intérêt que voit le PCF à devenir autogestionnaire.
 
Cela lui permet de gagner (espère-t-il) des gens à lui en se recommandant d'un mot qui est à la mode
aujourd'hui. C'est dans le cadre de sa campagne électorale déjà lancée et dans le cadre de sa rivalité avec le PS que le Comité central du PCF devient autogestionnaire.
 
Mais il y a plus. Ceux qui se recommandent sincèrement de l'autogestion, le font par souci de la démo-
cratie. Ce qu'ils refusent c'est un pouvoir d'Etat qui soit le même que celui de la France capitaliste ( ou de l'URSS révisionniste).
 
Or les dirigeants du PCF sont de ceux qui ont bien besoin de se donner une image démocratique. La
gestion municipale qui est la leur, leur façon d'imposer la reprise du travail dans bien des grèves, la façon dont ils traitent leurs militants de base, la conception très particulière que leur allié Brejnev a de la "démocratie" sont autant de faits qui jettent le doute sur le respect que pourraient avoir les Marchais, Leroy, Laurent, Juquin et compagnie pour la démocratie.
 
Sans doute aussi un certain nombre de travailleurs, refusant ce manque de démocratie dont fait preu-
ve le PCF, ont-ils tendance à se tourner vers le Parti de Mitterrand, qui donne l'apparence d'être plus démocratique. C'est aussi pour cela que l'on assiste à une surenchère sur ce thème. Les dirigeants du PCF se veulent plus autogestionnaires, plus démocratiques, que les autogestionnaires eux-mêmes...
C'est donc une stratégie de grande ampleur que viennent de lancer les dirigeants du PCF.

* Depuis, les textes sur ce thème pleuvent, aussi bien dans l'Humanité que dans France-nouvelle, l'hebdomadaire du PCF.

 

Autogestion contre dictature du prolétariat
 
Dans son interview à l'Humanité-dimanche, de la semaine dernière, Juquin précisait que l'autogestion
que vient d'épouser le PCF correspond au rejet de la dictature du prolétariat par le 22e Congrès du PCF. Cette dictature du prolétariat, que Marx considère comme la ligne de démarcation permettant de reconnaître les marxistes et que Lénine qualifiait de l 000 fois plus démocratique que toutes les démocraties bourgeoises.

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