nouvelles
intérieures
"L'Expansion" raconte
comment...
LE PATRONAT
FRANÇAIS
DEVIENT AUTOGESTIONNAIRE
- " L'Expansion", " premier journal
économique français " est-il
précisé sur la couverture,
- est un journal patronal bon teint. Son dernier
numéro, daté du mois de mai, est
consacré à l'autogestion. Le patronat
français serait plutôt pour...
-
- " Par petits groupes bigarrés, les
employés du Plaza-Athénée descendent
à l'assemblée géné-
- rale annuelle. Blouse bleu ciel, coiffe blanche,
la femme de chambre vient de refaire le lit d'un ministre
roumain ; noir de pied en cap, le sommelier a servi tout
à l'heure du Grevrey-Chambertin à Pierre
Balmain ; gilet et toque rouges, le groom ouvrait
l'ascenseur au président d'une multinationale.
L'espace d'une heure, et cinq fois en deux jours par
roulement, ils quittent ainsi leur poste de travail. Les
propriétaires du capital le savent, mais ils
laissent faire. Ici, au coeur des beaux quartiers, au
contact des milliardaires, l'autogestion fait ses
classes ".
- Tableau idyllique, larme à l'oeil et
émotion au fond du coeur devant tant de
démocratie et un si beau
- mélange du haut et du bas de l'échelle
sociale, "l'Expansion " décrit l'assemblée
générale du personnel de l'hôtel
Plaza-Athénée, avec son directeur.
- " Le syndicaliste Edmond Maire, le politique
Michel Rocard comme le théoricien Pierre
Rosan-
- vallon vous le diront; en France, aujourd'hui
l'autogestion ..ça n'existe pas encore". Pourtant
sur le terrain, en fouillant bien, on peut en rencontrer
quelques ébauches et quelques prototypes ",
tel est le cas du dossier de l'"Expansion " . On y cite
trois entreprises " en autogestion ", on y fait un
sondage montrant que les Français sont
plutôt favorables, on fait l'éloge de
l'autogestion yougoslave (avec quelques réserves)
et on conclut par une " rencontre exclusive "
entre Ceyrac et Maire sur l'autogestion.
- Ceyrac déclare d'emblée : l'autogestion
" ce n'est pas quelque chose que, a priori, nous
jugeons
- antipathique ou condamnable ". Tous deux
parlent très vite de négociations, puisque
cela reste le thème à la mode.
- Le grand patronat français a son idée
à lui de l'autogestion. Ce n'est pas une
idée irrécupérable.
- Il faut l'adapter un petit peu et cela devient
même rentable. Pour deux raisons :
" Le patron peut manquer d'une autre
façon ; non plus comme patron-guide, mais comme
patron adversaire. On rencontre des ouvriers
désemparés de ne pas avoir à lutter
avec des armes classiques sur des griefs classiques.
L'autogestion d'une certaine manière,
altère la solidarité ouvrière ".
- -" L'autogestion est assez favorable à la
performance sociale et économique. Le Plaza-
- Athénée, Manuest et
Markétube, toutes trois parties de situations
désespérées, ont effectué de
brillants redressements ".
- L'ouverture sociale comme la conçoit Ceyrac
assurerait donc au patronat la paix sociale et de
- meilleurs profit. Qu'on se le dise...
Ouverture et concertation battent leur plein
- La bourgeoisie a plus d'un tour dans son sac pour se
maintenir au pouvoir. Dix ans après Mai 68,
- dix ans après les slogans Sur le " pouvoir
personnel " de De Gaulle, Giscard-Barre ne parlent que
d'ouverture et de concertation. Dans " l'Expansion ",
journal économique du grand patronat, on se montre
favorable à une certaine forme d'autogestion.
Souvenons-nous de la " Société nouvelle "
du Premier ministre Chaban-Delmas et de la "
participation " gaulliste.
- Démagogie ? En partie oui, bien sûr. La
politique de Barre reste celle de
l'austérité et de la
- répression. Le gouvernement et le patronat ne
cèderont que les miettes qu'ils veulent bien
céder ou sont obligés de céder sous
les coups de la lutte.
- Mais il y a plus que de la démagogie. Les
idées " d'ouverture " et de " concertation " ont
pour but de
- niveler les contradictions de classe. L'article de "
l'Expansion " que nous citons, comme les
déclarations gouvernementales, le disent en toutes
lettres : pour la bourgeoisie, il faut par tous les
moyens étouffer la lutte de classe, la "
division de la France en deux " le " climat
social tendu ".
- Comme c'est son intérêt, la bourgeoisie
et son gouvernement peuvent tenter de mettre
réellement en
- place une certaine " ouverture " , une certaine "
participation des travailleurs " .
- Cette politique est nettement lancée au niveau
de la " concertation entre partenaires sociaux ".
- Giscard, Barre et Ceyrac reçoivent. N'est-il
pas grave que les dirigeants syndicaux jouent ce jeu,
qu'ils se nomment Bergeron, Maire ou Séguy ?
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