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Pour éclairer la réflexion des militants qui préparent le 40e congrès, nous voulons revenir aujourd'hui sur le 37e congrès. C'est ce congrès qui, en 1969. en modifiant les statuts, a tourné définitivement une page de l'histoire du syndicat et l'a enfermé dans l'orientation de ces dernières années : soumettre toute l'activité syndicale à l'objectif de la victoire du Programme commun. En effet, ces modifications sont significatives : - Article 1 : "La CGT régie par les présents statuts a pour but de grouper, sans distinction d'opinions politiques, philosophiques et religieuses, toutes les organisations composées de salariés conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat, et désireux de défendre leurs intérêts moraux et matériels, économiques et professionnels. " Sont considérés comme salariés tous ceux qui vivent de leur travail sans exploiter autrui, quelle que soit la fonction qu'occupent ces salariés. Nul ne peut se servir de son titre de confédéré ou d'une fonction de la Confédération dans un acte politique ou électoral quelconque. " Il devient : " ... conscients de la lutte à mener pour défendre leurs intérêts moraux et matériels, économiques et professionnels. S'inspirant dans son orientation et son action des principes du syndicalisme de masse et de classe qui dominent l'histoire du mouvement syndical français, la CGT s'assigne pour but la suppression de l'exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d'échange. Dans l'intérêt même de tous les salariés, la CGT se prononce pour la réalisation d'une organisation syndicale unique et agit dans ce sens. Nul ne peut se servir de son titre de confédéré ou d'une fonction de la Confédération dans un acte politique ou électoral extérieur à l'organisation. " Ainsi sont exprimés l'objectif de l'abolition du salariat et la définition du salarié, ce qui permet des interprétations diverses : la socialisation des moyens de production ne supprime pas forcément l'exploitation et surtout, comme le dit Bertelot à la tribune, cette nouvelle formulation permet l'éventualité d'étapes intermédiaires à la suppression du régime capitaliste, un programme de gouvernement de la gauche. Et tout se tient, car c'est dans ce même congrès qu'ont été adoptés un rapport d'orientation qui donne comme objectif la constitution de l'Union de la gauche et une annexe sur les nationalisations. Les leçons de 1968 sont tirées, " il manquait un programme de gouvernement " disait Séguy, et à peine un an après, tout est mis en œuvre pour orienter la lutte des travailleurs dans ce sens. C'était en même temps enlever son caractère de classe au syndicat et le pousser dans l'ornière de la collaboration de classe. Les difficultés rencontrées aujourd'hui dans le recrutement montrent sans doute que si on n'a plus " un syndicat de classe ", on a du mal à garder un " syndicat de masse " !
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