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Un certain nombre d'indices font penser que la direction du PS va dans les mois et les années à venir donner plus d'importance que par le passé a l'accroissement de son influence dans la CGT. Le premier indice est la désignation de Claude Germont au secrétariat du PS avec la responsabilité du secteur entreprise. Germont était jusqu'au dernier congrès de la CGT, rédacteur en chef de l'organe officiel de cette centrale syndicale Le Peuple, dont d'ailleurs il reste rédacteur. Il constitue donc une personnalité syndicale importante et son apparition dans l'instance la plus élevée du PS n'est sans doute pas fortuite. Un second signe est le soutien apporte par la direction du PS à la marche des sidérurgistes le 23 mars. La CFDT dont les dirigeants sont pourtant très proches du PS avait refusé de s'associer à cette marche comme on s'en souvient. Pourquoi la direction du PS semble-t-elle si empressée à l'égard de la CGT. Tout d'abord, il semble que tout comme pour le PCF, le recrutement du PS stagne depuis la rupture de la gauche. Sa presse comme celle du PCF connaît des difficultés. Sauf dans le Nord, le PS est peu influent dans les régions ouvrières où il espère sans doute se renforcer. Il comporte en son sein très peu d'ouvriers. Enfin, il n'est pratiquement pas organisé dans les entreprises. Malgré sa force électorale, le PS est en réalité un parti encore relativement faible. Pour parvenir au pouvoir, pour durer, le PS ne peut pas se contenter de son avantage électoral. Il a besoin d'accroître son influence sur les travailleurs. Le meilleur moyen pour y parvenir est d'utiliser les syndicats. En ce qui concerne la CFDT, sa direction lui est acquise (malgré des analyses divergentes entre les deux organisations). Maire n'a-t-il pas déclaré la semaine dernière que les travailleurs avaient besoin d'un fort parti socialiste ? Cependant, la CFDT ne constitue pas une base suffisante pour la direction socialiste. La CGT pèse bien plus lourd dans la vie du pays et auprès des travailleurs. Grâce à la direction qu'ils exerce sur ce syndicat, les dirigeants du PCF ont un atout maître qui donne une très solide assise à leur parti. La faiblesse de l'influence du PS dans la CGT, à l'inverse, est un point noir pour les dirigeants du PS. D'où les efforts qu'ils semblent faire pour renforcer leurs positions dans cette centrale, particulièrement dans les postes clés, les postes de direction. A cet égard, l'ouverture du 40e congrès leur a ouvert quelques perspectives puisqu'ils ont pu doubler en gros le nombre de leurs membres à la commission exécutive de la CGT. Sans espérer concurrencer l'influence du PCF dans la CGT, les dirigeants du PS entendent certainement se tailler une place dans la première centrale syndicale de notre pays. Henri MAZEREAU
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