Editorial
Coopération, gestion démocratique,
autogestion... ILLUSIONS
- Le samedi 19 novembre sur FR 3, sera diffusé
un film de la CFDT qui retrace la lutte des verriers de
- Carmaux en 1895, grève dont l'issue fut la
création en 1896, de la "Verrerie ouvrière
", coopérative qui aujourd'hui encore, fonctionne
à Albi. Actuellement, les LIP, après des
années d'une lutte à bien des égards
exemplaire, se trouvent dans une situation
difficile.
Ils sont amenés à faire le
constat que le rapport de force permettant de faire
aboutir la juste revendication d'un emploi pour tous
à Palente (c'est-à-dire, d'imposer la
reprise de l'usine et des LIP par un patron) n'existe
pas.
- Aujourd'hui, ils travaillent un projet qui doit
aboutir à la création d'une
coopérative ouvrière de production.
Bref, la question des coopératives
connaît un regain d'actualité.
- Le mouvement des coopératives est né
dans la première moitié du 18e
siècle, avant que la grande
- industrie ne soit devenue dominante. Les
coopératives d'alors, traduisent d'une part
l'aspiration des travailleurs à supprimer
l'exploitation au profit de l'association des ouvriers
encore très proche des artisans à
défendre leur métier contre le capitalisme.
- Ce mouvement coopératif à
l'époque, au coeur du mouvement ouvrier deviendra
par la suite
- complètement marginal avec l'essor de la
grande industrie qui fait de l'ouvrier un auxiliaire de
la machine.
- Il est significatif que les coopératives se
soient développées surtout dans des
branches comme le bâtiment et l'imprimerie
où le caractère artisanal du travail a
subsisté le plus longtemps.
- Combattues dans leur début par la bourgeoisie,
les coopératives furent utilisées plus tard
par celle-ci
- pour essayer de détourner la classe
ouvrière de ses tâches
révolutionnaires, notamment après la
Commune de 1871.
- Au moment où la tâche des ouvriers
révolutionnaires était de construire leur
parti indépendant capable de
- diriger le renversement de l'Etat capitaliste, la
bourgeoisie trouvait avantageux de promouvoir la voie de
garage de la coopération.
- Aujourd'hui, il existe en France environ 800
coopératives employant quelques dizaines de
milliers
- d'ouvriers, elles représentent autour de 0,5 %
de la production industrielle. Malgré le discours
officiel sur
l'égalité de tous et
l'association libre, la réalité des
coopératives, c'est l'exploitation capitaliste,
L'exemple le plus frappant est celui de l'AOIP ,
Créée en 1895, avec quelques dizaines de
sociétaires, c'est aujourd'hui une entreprise de 3
500 salariés qui fabriquent du matériel
pour les télécommunications avec cinq
usines en France. Les nombreux OS payés au minimum
et soumis au rendement ont comme seul avantage
d'être syndiqués d'office à la CGT !
Le timbre syndical étant directement
prélevé sur la paye. Devenir une entreprise
capitaliste comme les autres, c'est l'issue fatale des
coopératives. Voilà pourquoi peu de gens
aujourd'hui osent présenter la coopération
comme un moyen pour l'émancipation de la classe
ouvrière.
- Mais que représentent aujourd'hui les discours
sur la gestion démocratique et l'autogestion,
sinon une
- tentative pour détourner la classe
ouvrière de la seule voie qui puisse conduire
à l'émancipation, qui permette d'en finir
avec l'exploitation: la voie de la révolution
prolétarienne. En effet, proposer aux travailleurs
de prendre "du pouvoir" dans l'entreprise, d'introduire
"de nouveaux rapports dans le travail", etc.. en
escamotant la question de savoir à quelle classe
appartient le pouvoir d'État, c'est essayer de
mystifier les travailleurs, c'est travailler à
perpétuer le système capitaliste.
- Coopération, gestion démocratique,
autogestion, c'est toujours la même illusion que
les travailleurs
- pourraient gérer les usines pour
eux-mêmes dans le cadre du système
capitaliste.
- Les justes aspirations des travailleurs à
substituer la libre-association des producteurs à
l'esclavage
- capitaliste, seule la dictature du prolétariat
pourra les faire aboutir.
|