Le 6 avril à
Dunkerque pour une lutte sur l'ensemble du trust
Usinor
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Des avant la marche sur Paris
du 23 mars, les militants CFDT de Dunkerque, Longwy et
Denain avaient mis au point un projet de marche sur
Dunkerque des sidérurgistes des
différentes unités de production du
groupe Usinor. La date avait été
fixée au 27 mars. Proposition faite aux
intersyndicales dans les bassins, le projet
était repris par l'ensemble des syndicats mais
reporté au 6 avril ; pour deux raisons : 1 - la
CGT voulait reprendre souffle après les efforts
importants déployés par elle pour le 23.
2 - Le 6 avril, se tient la réunion dite "de
synthèse", la dernière discussion entre
Etchegaray, le PDG d'Usinor, et les syndicats. Ce
jour-là devrait, en principe, être
scellé le sort des travailleurs du groupe.
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En fait, il n'est rien
ressorti de la suite de réunions usine par
usine et, logiquement, il n'y a donc pas grand chose
à synthétiser. Appuyé par le
gouvernement, Etchegaray ne veut rien lâcher ;
il ne veut pas revenir sur son plan, ni bien
sûr, sur les milliers de licenciements qu'il a
décidés. Il était donc judicieux
de faire coïncider cette initiative sur Dunkerque
et la réunion "de la dernière chance"
comme l'ont déjà appelée des
sidérurgistes d'Usinor.
UNE LUTTE COMMUNE DES SIDERURGISTES
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L'idée de
départ pour le rassemblement à
Dunkerque, c'est de s'attaquer à la production
et de porter la lutte au niveau de l'ensemble du trust
et, plus loin, de l'ensemble de la sidérurgie.
C'est en effet, l'une des questions majeures qui se
posent aujourd'hui pour les sidérurgistes. Pour
marquer des points, pour continuer à construire
le rapport de forces, pour faire reculer les
capitalistes de l'acier et le gouvernement qui les
appuie, il est maintenant indispensable de les
attaquer là ou ça leur porte des coups,
c'est-à-dire à la production. Bien
sûr, toutes les actions qui peuvent être
menées en dehors de l'entreprise sont
positives. On a vu le rôle de mobilisation, de
popularisation qu'elles jouent. Mais, le moment est
venu de porter la lutte à un autre niveau, de
s'en prendre à la production. C'est dans cet
esprit que les militants cédétistes
d'Usinor ont proposé le rassemblement de
Dunkerque.
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- Samedi et dimanche derniers, immense
succès des
- journées portes-ouvertes
à Usinor-Denain.
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- Par ailleurs, il s'agit
également de développer largement
l'idée que TOUS les sidérurgistes sont
touchés d'une manière ou d'une autre par
la crise et les restructurations capitalistes. A
Longwy et Denain, ils ferment, ils licencient, ils
mutent, ils déclassent. A Dunkerque et à
Fos, ils augmentent la charge de travail, ils font
pression sur les salaires, ils dégradent les
conditions de travail et de sécurité.
Les mouvements de grève tous récents
à Usinor-Dunkerque et à la Solmer de Fos
pour l'augmentation des salaires et contre la
répression indiquent cette situation et
montrent la combativité qui existe dans ces
usines. La question de la lutte commune de TOUS les
sidérurgistes contre TOUS les aspects de la
restructuration est donc posée. Elle sera
débattue le 6 à Dunkerque.
DEFENDRE LA PRODUCTION OU LES
TRAVAILLEURS
Cette démarche toute
entière tournée vers la construction du
rapport de force contre les barons de l'acier aura
à lutter pour s'imposer. Tout le monde en effet ne
partage pas ce point de vue. Il en est qui, au nom de la
défense de la sidérurgie française,
se refusent énergiquement à envisager une
lutte dure au niveau de l'ensemble du trust Usinor ou de
toute la sidérurgie. Quand ils parlent de lutte
d'ensemble, c'est par exemple à propos du 23 mars,
un point c'est tout. S'attaquer à la production,
toucher les patrons de la sidérurgie là
où ça leur fait mal, il n'en est pas
question pour eux. Leur raisonnement simpliste se
résume en ceci : il faut que la sidérurgie
française soit compétitive pour s'opposer
aux tentatives de mainmise des trusts
germano-américains. On voit en quoi une telle
démarche conduit de fait à la division des
travailleurs.
Une telle attitude connaît
déjà des applications concrètes :
pendant la grève à Fos récemment, la
direction CGT ne s'est manifestée que pour appeler
à reprendre le travail. Déjà, pour
Dunkerque, ils ne voulaient envoyer qu'une
délégation pour "prendre contact".
Curieusement dans L'Humanité, après
les pages entières pour le 23 mars, l'initiative
du 6 avril sur Dunkerque n'a droit qu'à quelques
lignes très vagues. Visiblement, cette marche ne
dit rien qui vaille à la direction CGT. Elle y
participe contrainte et forcée, mais avec
l'objectif de peser de tout son poids pour éviter
que ne se produise ce qu'elle appelle des
"débordements", que ne s'engage une nouvelle
dynamique de lutte prenant pour cible la production.
Tel n'est pas le point de vue
des militants CFDT. Depuis plusieurs jours
déjà, à Longwy, à Denain et
dans d'autres usines du groupe Usinor, ils mobilisent les
travailleurs autour d'eux pour essayer de faire du 6
avril une grande journée, d'opposer au refus
intransigeant d'Etchegaray un nouveau départ dans
le combat pour la vie de leurs bassins
sidérurgiques. Encore une fois, il faudra mener
bataille pour imposer la voie de la lutte.
Gérard PRIVAT
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