LE QUOTIDIEN DU PEUPLE n°850 -vendredi 9 février 1979-

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Sidérurgie : élargir l'action -page 1-
Les sidérurgistes sont très mécontents des résultats de la réunion entre les syndicats et le gouvernement. L'action est l'exigence la plus immédiate qu'ils formulent en préparant activement la journée du 16. Motif de colère supplémentaire : la fonderie à Longwy va commencer à licencier à partir du 15 février. A Hagondange, vendredi, les syndicats de Sacilor organisent une journée ville-morte.

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LUTTES OUVRIERES    

SIDÉRURGIE LORRAINE: ÉLARGIR L'ACTION

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    La journée de mercredi à Longwy n'aura pas connu d"actions de coups de poing" comme la veille. Pour la plupart des syndicalistes CFDT, la journée a permis de tirer le bilan de l'intervention à la sous-préfecture de Briey et à préparer de nouvelles actions.
 
    L'ensemble des militants ne s'attendaient pas à ce que la presse locale et nationale leur fasse de cadeaux à la suite de l'action à la sous-préfecture de Briey. Une assez vive discussion au retour de la sous-préfecture de Meurthe et Moselle avait d'ailleurs opposé les militants de la CFDT à des journalistes d'un certain nombre de journaux qui, en particulier depuis le début du mois, ne cessent de déformer la lutte des sidérurgistes de Longwy. Mercredi, la colère était vive contre la presse locale et aussi contre France Soir à cause de son titre de "Une" provocateur de mercredi : "Un commando saccage la sous-préfecture de Briey", du sous-titre extrait d'une déclaration du sous préfet : "Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de sidérurgistes", et surtout à cause d'un montage photo visant à créer l'illusion que des fusils avaient été utilisés par des sidérurgistes... Pourtant, il s'agissait bien de travailleurs d'Usinor, la CFDT et la CGC ont d'ailleurs revendiqué l'action. Contrairement aux porte-parole de l'UL CGT qui ont nettement condamné la visite à la sous-préfecture, nul à l'IUS CFDT ne l'a critiqué dans son principe.
Boulin se moquait des sidérurgistes à Paris en refusant de mettre en cause les licenciements, il avait donc eu la réponse qu'il mérite. L'Intersyndicale, réunie mercredi matin, avait d'ailleurs souligné que tant que les licenciements n'étaient pas remis en cause, elle ne prenait pas au sérieux ces négociations. De plus en plus de militants toutefois sentent la nécessité d'associer le plus largement possible les travailleurs de la région, sidérurgistes ou non, à l'action.
 
ÉLARGIR L'ACTION
 
    L'Union Interprofessionnelle de Secteur (U.I.S.) CFDT de Longwy relance un certain nombre de propositions permettant justement de résoudre la contradiction existant entre la très forte révolte populaire à Longwy et la relativement faible mobilisation des sidérurgistes en dehors des journées d'action naturellement. Un des principaux leaders de la CFDT d'Usinor ne cache pas que "les travailleurs de la région ne veulent plus de simples défilés". Par ailleurs, il ajoute : "Il est vrai que les actions "coups de poing" sont nécessaires mais ne sont pas suffisantes". C'est bien dans cet objectif que le tract n°10 de la série "SOS Emploi" édité par l'UIS CFDT rappelle qu'elle soutient les propositions de la CSCV (Confédération Syndicale du Cadre de Vie) de bloquer le premier tiers provisionnel, proposition permettant d'élargir l'action. Il s'agit là d'une proposition parmi d'autres. Si le blocage du tiers provisionnel est suivi, ce sont plusieurs milliers de travailleurs qui participeront à la lutte. Cette mobilisation sera sans commune mesure avec ce qu'on a connu jusqu'à présent, les journées d'action exceptées.
 
LA PRÉPARATION DU 16
 
    A ce propos, on peut déjà avoir la quasi certitude que la journée d'action du 16 dans la sidérurgie sera un grand succès. La CFDT note d'ailleurs dans son tract : "La journée du 16, si elle ne reste pas sans lendemain, doit être une étape importante : ce jour là, les travailleurs de tout le bassin, toute la sidérurgie vont se mobiliser". Bien que le déroulement de la journée ne soit pas encore arrêté dans le détail, il est probable que Longwy sera bloqué au moins quelques heures mais ce ne sera sans doute pas là, la plus significative des actions de ce jour...

MOBILISATION A HAYANGE

 
    D'ici là, la température risque encore de monter. Pas plus tard que mercredi, on apprenait que le directeur du service général de Sacilor à Hayange, à 10 kilomètres de Thionville, était "retenu" par les ouvriers de l'entretien. Mardi, à la réunion du Comité d'Entreprise, le patron a annoncé la suppression du chômage partiel, sauf à l'entretien. Les travailleurs, qui chômaient un, deux ou trois jours par mois depuis assez longtemps, n'ont pas apprécié cette discrimination. Cela n'a pas traîné, le directeur a été "retenu".
 
LES PREMIÈRES LETTRES
 
    On apprenait par ailleurs qu'à partir du 15 février, à la fonderie Gorcy, propriété du patron Labbé "le sauveur du bassin de Longwy" des travailleurs commenceraient à recevoir leurs lettres de licenciement. "Avec un coup comme ça, ça risque de bouger" nous dit un délégué du personnel du train à fil d'Usinor. Le bruit court que le patron leur paierait leur préavis sans qu'il leur demande de travailler durant cette période. L'envoi des lettres de licenciement a d'ailleurs été retardé, dit on, car le patron devait satisfaire un certain nombre de commandes. "Cela rend les licenciements encore plus révoltant. On nous utilise vraiment jusqu'à la dernière minute tant qu'on a besoin de nous" dit un autre délégué de l'usine du train à fil d'Usinor. Il ajoute : "Ce qu'il faut, c'est se mobiliser le plus rapidement possible. Il faut empêcher les lettres de partir". L'Intersyndicale envisage une manifestation qui convergerait vers Gorcy (10 kilomètres environ de Longwy) siège de l'usine. La mobilisation des sidérurgistes, on le voit, n'est pas prête de retomber dans le bassin.

François MARCHADIER    

La sous-préfecture de Briey, occupée mardi soir, par des sidérurgistes.

 

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