LUTTES OUVRIERES
SIDÉRURGIE LORRAINE:
ÉLARGIR L'ACTION
De notre
envoyé spécial
- La journée
de mercredi à Longwy n'aura pas connu d"actions
de coups de poing" comme la veille. Pour la plupart
des syndicalistes CFDT, la journée a permis de
tirer le bilan de l'intervention à la
sous-préfecture de Briey et à
préparer de nouvelles actions.
-
- L'ensemble
des militants ne s'attendaient pas à ce que la
presse locale et nationale leur fasse de cadeaux
à la suite de l'action à la
sous-préfecture de Briey. Une assez vive
discussion au retour de la sous-préfecture de
Meurthe et Moselle avait d'ailleurs opposé les
militants de la CFDT à des journalistes d'un
certain nombre de journaux qui, en particulier depuis
le début du mois, ne cessent de déformer
la lutte des sidérurgistes de Longwy. Mercredi,
la colère était vive contre la presse
locale et aussi contre France Soir
à cause de son titre de "Une" provocateur de
mercredi : "Un commando
saccage la sous-préfecture de
Briey", du sous-titre
extrait d'une déclaration du sous préfet
: "Je ne suis pas sûr
qu'il s'agisse de sidérurgistes", et surtout à cause d'un montage
photo visant à créer l'illusion que des
fusils avaient été utilisés par
des sidérurgistes... Pourtant, il s'agissait
bien de travailleurs d'Usinor, la CFDT et la CGC ont
d'ailleurs revendiqué l'action. Contrairement
aux porte-parole de l'UL CGT qui ont nettement
condamné la visite à la
sous-préfecture, nul à l'IUS CFDT ne l'a
critiqué dans son principe.
- Boulin se moquait des
sidérurgistes à Paris en refusant de
mettre en cause les licenciements, il avait donc eu la
réponse qu'il mérite. L'Intersyndicale,
réunie mercredi matin, avait d'ailleurs
souligné que tant que les licenciements
n'étaient pas remis en cause, elle ne prenait
pas au sérieux ces négociations. De plus
en plus de militants toutefois sentent la
nécessité d'associer le plus largement
possible les travailleurs de la région,
sidérurgistes ou non, à l'action.
-
- ÉLARGIR
L'ACTION
-
- L'Union
Interprofessionnelle de Secteur (U.I.S.) CFDT de
Longwy relance un certain nombre de propositions
permettant justement de résoudre la
contradiction existant entre la très forte
révolte populaire à Longwy et la
relativement faible mobilisation des
sidérurgistes en dehors des journées
d'action naturellement. Un des principaux leaders de
la CFDT d'Usinor ne cache pas que "les travailleurs de
la région ne veulent plus de simples
défilés". Par ailleurs, il ajoute :
"Il est vrai que les actions
"coups de poing" sont nécessaires mais ne sont
pas suffisantes". C'est
bien dans cet objectif que le tract n°10 de la
série "SOS Emploi" édité par
l'UIS CFDT rappelle qu'elle soutient les propositions
de la CSCV (Confédération Syndicale du
Cadre de Vie) de bloquer le premier tiers
provisionnel, proposition permettant d'élargir
l'action. Il s'agit là d'une proposition parmi
d'autres. Si le blocage du tiers provisionnel est
suivi, ce sont plusieurs milliers de travailleurs qui
participeront à la lutte. Cette mobilisation
sera sans commune mesure avec ce qu'on a connu
jusqu'à présent, les journées
d'action exceptées.
-
- LA PRÉPARATION
DU 16
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- A ce propos,
on peut déjà avoir la quasi certitude
que la journée d'action du 16 dans la
sidérurgie sera un grand succès. La CFDT
note d'ailleurs dans son tract : "La journée du 16, si elle ne reste
pas sans lendemain, doit être une étape
importante : ce jour là, les travailleurs de
tout le bassin, toute la sidérurgie vont se
mobiliser". Bien que le
déroulement de la journée ne soit pas
encore arrêté dans le détail, il
est probable que Longwy sera bloqué au moins
quelques heures mais ce ne sera sans doute pas
là, la plus significative des actions de ce
jour...
MOBILISATION A
HAYANGE
-
- D'ici
là, la température risque encore de
monter. Pas plus tard que mercredi, on apprenait que
le directeur du service général de
Sacilor à Hayange, à 10
kilomètres de Thionville, était
"retenu" par les ouvriers de l'entretien. Mardi,
à la réunion du Comité
d'Entreprise, le patron a annoncé la
suppression du chômage partiel, sauf à
l'entretien. Les travailleurs, qui chômaient un,
deux ou trois jours par mois depuis assez longtemps,
n'ont pas apprécié cette discrimination.
Cela n'a pas traîné, le directeur a
été "retenu".
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- LES PREMIÈRES
LETTRES
-
- On apprenait
par ailleurs qu'à partir du 15 février,
à la fonderie Gorcy, propriété du
patron Labbé "le
sauveur du bassin de Longwy" des travailleurs commenceraient à
recevoir leurs lettres de licenciement.
"Avec un coup comme
ça, ça risque de bouger" nous dit un délégué
du personnel du train à fil d'Usinor. Le bruit
court que le patron leur paierait leur préavis
sans qu'il leur demande de travailler durant cette
période. L'envoi des lettres de licenciement a
d'ailleurs été retardé, dit on,
car le patron devait satisfaire un certain nombre de
commandes. "Cela rend les
licenciements encore plus révoltant. On nous
utilise vraiment jusqu'à la dernière
minute tant qu'on a besoin de nous" dit un autre délégué
de l'usine du train à fil d'Usinor. Il ajoute :
"Ce qu'il faut, c'est se
mobiliser le plus rapidement possible. Il faut
empêcher les lettres de partir". L'Intersyndicale envisage une
manifestation qui convergerait vers Gorcy (10
kilomètres environ de Longwy) siège de
l'usine. La mobilisation des sidérurgistes, on
le voit, n'est pas prête de retomber dans le
bassin.
François
MARCHADIER
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- La sous-préfecture de Briey,
occupée mardi soir, par des
sidérurgistes.
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