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POLITIQUE DES TRUSTS CAPITALISTES FRANÇAIS, OU SOLIDARITÉ DES CLASSES OUVRIÈRES ?
Depuis l'annonce du nouveau plan de
licenciements, le PCF a fait connaître son
explication. et il la martèle. Pour ce parti, les
responsables de la crise en France -et donc des
licenciements dans la sidérurgie- ce sont les autres
pays d'Europe, et spécialement l'Allemagne.
QUI DÉNATURE LA RÉALITÉ Dans un tract de la fédération de Moselle. le PCF déclare: "En mai 1950, on avait prôné l'heureux mariage du charbon et de l'acier (...). En fait d'heureux mariage, il y a eu un "cocu" et ce furent la France et son indépendance, les mineurs et les sidérurgistes. Comme nous l'avions prévu, les heureux bénéficiaires ont été les maîtres de forge allemands". Et les maîtres de forge français, les De Wendel et les autres, les range-t-on du côté des victimes ? C'est vraiment leur faire la part belle. Est-ce pour
le compte des capitalistes allemands que les
sidérurgistes et mineurs ont été
durement exploités, ou pour celui des capitalistes
français ?
Dans un tract diffusé à USINOR, le PCF déclare : "Davignon, ce vicomte et technocrate, servant bien les intérêts des grandes sociétés multinationales-européennes et surtout allemandes, a mis dans son plan, la destruction d'une partie importante de la sidérurgie et des mines de fer françaises". A l'en croire, ce serait un "technocrate" tout puissant qui prendrait des décisions. Et il s'en prendrait aux usines françaises. En réalité, le plan Davignon est un plan de réduction concertée de la production d'acier dans chaque pays d'europe. Il fixe des "quotas" de production pour chaque pays, par produit et par usine. Et
curieusement, quoi qu'en dise le PCF, sa première
version, qui ne concernait que les ronds à
béton a été adoptée sous la
pression des maîtres de forge français, que
craignaient la concurrence, des "bresciani", les producteurs
italiens spécialisés dans les ronds à
béton. ET CAPITAUX FRANÇAIS Le PCF se
félicite des succès à l'exportation de
la sidérurgie française. Mais d'après
lui c'est en Europe que ça ne va pas, puisque les
importations l'emportent sur les
exportations. Et bien par exemple, la plus grande partie des importations de produits plats vient de Dilling -à Dilligen, en Sarre - (tôles fortes). Qui contrôle Dilling ? SOLLAC-SACILOR, donc les capitalistes et l'Etat français, en majorité. A Dilling, ce sont les capitalistes français qui exploitent les sidérurgistes d'Allemagne. L'argumentation économique du PCF, dont on voit qu'elle est souvent discutable, sert en réalité de justification à une campagne douteuse. L'Humanité du 7/2/79 écrit : "Jamais les Lorrains n'accepteront que les capitalistes ouest- allemands obtiennent ( ...) ce qu'ils n'ont pu obtenir au cours des guerres de 1914 à 1940". Serait-on à la veille d'une nouvelle guerre contre l'Allemagne qui nous agresserait ? Banderoles du PCF déployée à Longlaville près de Longwy. Si en 1940,
il était juste de défendre
l'indépendance nationale contre l'invasion, la
référence à 1914 est curieuse de la
part du PCF. Car ce sont bien alors les bourgeoisies
française et allemande, dans leur rivalité,
qui ont entraîné des millions d'hommes dans
cette boucherie. Et en 1920, le PCF s'est crée en
bonne part en réaction contre cette sale guerre,
alors que les "socialistes" de la S.F.I.O. y avaient
entraîné la classe ouvrière par leur
chauvinisme. Une fois de plus, l'Humanité
n'hésite pas à renier le passé
révolutionnaire du PCF de cette
époque. Ce slogan,
c'est celui que le FLS (les hommes de main de Giscard) ou le
sinistre Kiffer placardaient sur les murs de Moselle
l'année dernière, pour justifier le renvoi des
travailleurs étrangers. POUR DÉFENDRE LES TRUSTS CAPITALISTES FRANÇAIS On voit que lorsque le PCF prétend s'en prendre seulement aux trusts allemands, les choses ne sont pas si claires. Et de toute façon la question se pose : qui est. responsable de la crise; contre qui nous battons-nous : les trusts allemands ou les trusts et l'Etat de la bourgeoisie de notre pays ? N'est-ce pas un raisonnement de bon
capitaliste que tient le PCF lorsqu'il écrit par
exemple dans France
nouvelle (12/2/79) :
"Si par son excédent
commercial global la sidérurgie française a
rapporté à la France 2,6 milliards de francs
de devises, le déficit en acier dans nos
échanges avec les pays européens a fait sortir
de nos caisses 2,9 milliards (...). Vis à vis des
"nouveaux producteurs", l'acier sort et l'argent rentre. Vis
à vis de la CEE (Europe), et notamment de
l'Allemagne, l'acier entre et l'argent sort". Les communistes révolutionnaires refusent cette logique de défense des positions du capitalisme français. Ils rejettent l'analyse simpliste qui ferait de Giscard, Barre, Labbé des "vendus à l'étranger". Ces gens-là sont les dignes représentants de la bourgeoisie de notre pays, cette bourgeoisie en difficulté, cette bourgeoisie intransigeante face aux luttes des sidérurgistes.
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