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Le Quotidien du Peuple organe central du PCRml n 868 mercredi 7 mars 1979

L'ÉVOLUTION DU VIETNAM - Militarisation et dictature (1)

le chauvinisme au sein du parti communiste vietnamien, la référence croissante à l'URSS, puis l'alignement pur et simple sur cette superpuissance, ont poussé le Vietnam sur la voie des aventures militaires contre ses voisins. Ses dirigeants, en s'engageant ainsi, en maintenant, après la victoire sur l'impérialisme américain, leur pays sur le pied de guerre, puis en concentrant de plus en plus en Asie du Sud-Est, ont non seulement méprisé les difficultés de l'économie nationale à reconstruire mais les ont aussi aggravées, avec toutes leurs conséquences néfastes pour la vie quotidienne des masses.

Après trente années de guerre, de ravages causés par les impérialistes, les plaies à panser, dans tous les domaines, étaient considérables. Si sont ajoutées les calamités naturelles, avec des sécheresses et des inondations exceptionnelles, notamment au Sud, dans le delta du Mékong, le "grenier à riz". Recevoir en guise de réponse à ces problèmes, un ordre de départ pour une guerre menée contre des peuples et des pays avec lesquels on luttait hier côte à côte, contre l'impérialisme, est de nature à susciter un mécontentement grandissant dans la population. Le fait que ceux qui ont engagé le Vietnam sur cette pente soient des hommes comme Pham Van Dong, Giap, Le Duan, et d'autres encore qui avaient, aux côtés d'Ho Chi Minh, participé à la direction de la résistance vietnamienne, n'y change rien. Aussi, pour prévenir le mécontentement populaire, dû à des disfonctionnements croissants de l'économie, à la pénurie de biens de première nécessité dont la production est sacrifiée au profit des efforts de guerre, les autorités de Hanoï se sont efforcées d'intensifier l'encadrement de la population, en tirant parti pour ce faire, de la militarisation du pays. Ainsi, les mesures de mobilisation prises pour développer des guerres d'agression dans la péninsule indochinoise et au-delà, servent-elles également au gouvernement vietnamien, pour imposer sa dictature aux masses, à l'intérieur du Vietnam.

LA REUNIFICATION

Cela est vrai notamment au Sud, qui fut réunifié dès avril 1976, avec le Nord. Cette réunification s'est effectuée de façon expéditive, dans le cadre d'une opération qui semble avoir surtout consisté en une mainmise pure et simple du Nord, alors socialiste, sur le Sud.

La population du Sud avait consenti de très grands sacrifices dans la guerre de libération et fourni à celle-ci de nombreux cadres. Nombre de cadres de valeur du Front national de libération furent tués dans la lutte; l'extermination systématique de ces cadres avait d'ailleurs fait l'objet de plans spéciaux des Américains, tels le plan "Phoenix" ; souvent, compte tenu des liens entre ces cadres et la population locale, les impérialistes n'avaient eu d'autre recours, pour tenter de détruire l'infrastructure de la résistance, que de déporter et de massacrer massivement la population elle-même. C'est dans ce contexte qu'au lendemain de la libération de Saïgon, les autorités de Hanoï ont étendu leur pouvoir sur le Sud.

La réunification du Vietnam, historiquement divisé en deux par la politique impérialiste, française et américaine, était une aspiration fondamentale du peuple vietnamien, inscrite au programme de la lutte de libération. Mais, bien entendu, elle ne justifiait en rien la création de nouvelles inégalités.

 Or, hormis les postes attribués à des responsables de premier plan du GRP ("gouvernement révolutionnaire provisoire" du Sud-Vietnam), de nombreux cadres patriotes du Sud se sont vus fréquemment mis sur la touche par les administrateurs venus du Nord.

Cette façon de résoudre la contradiction Nord-Sud -léguée par l'occupation impérialiste -ne paraît pas sans lien de parenté avec la politique de Hanoï vis-à-vis des pays voisins où il a tenté par la "diplomatie" et par la force, d'imposer son administration. D'ailleurs, comme la suite des événements l'a prouvé, la hâte mise pour réaliser la "réunification" était motivée pour les dirigeants vietnamiens, par la volonté de constituer rapidement une grande puissance régionale, forte du potentiel militaire légué par la guerre, dans les deux parties du Vietnam. Les dirigeants de Hanoï se donnaient ainsi une base pour développer leur politique hégémoniste dans la région, avec l'aval de Moscou décernant au Vietnam le titre d'"avant-garde sûre du socialisme dans le Sud-Est asiatique".

Jean-Paul GAY

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