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La collectivisation en Union soviétique Le prétendu Le 18 février 1935, la presse du groupe Hearst
commence la publication d'une série d'articles de
Thomas Walker, qui a traversé pendant plusieurs
années l'Union soviétique. En tête de la
première page du Chicago American, ce 25
février, un titre immense: "Six millions meurent dans
la famine soviétique. Récolte des paysans
saisie, eux et leurs bêtes crèvent." Au milieu
de la page, un autre titre: "Un journaliste risque sa vie
pour faire des photos montrant la sous-alimentation". En bas
de page: "Famine -crime contre l'humanité". Sous la photo d'une fille et d'un petit enfant squelettique, Walker a écrit: "Effroyable ! Au-dessus de Kharkov, une fille très maigre et son frère de deux ans et demi. Cet enfant rampait par terre comme un crapaud et son pauvre petit corps était si déformé par manque de nourriture qu'il ne ressemblait pas à un être humain." Douglas Tottle a retrouvé cette photo de l'Enfant-crapaud, prétendument datée du printemps 1934... dans une publication de 1922 sur la famine en Russie ! Une autre photo a été identifiée comme étant celle d'un soldat de la cavalerie autrichienne, à côté d'un cheval mort, prise au cours de la première guerre mondiale. Triste monsieur Walker: son reportage, un faux, ses photos, des faux...et lui-même un faux. L'homme s'appelait de son vrai nom Robert Green et il s'était échappé de la prison d'Etat de Colorado, après y avoir passé deux ans d'une condamnation de huit ans. Puis il s'en vint faire son faux reportage en Union soviétique. A son retour aux Etats-Unis, il fut arrêté et reconnut devant le tribunal ne jamais avoir été en Ukraine. Le multimillionnaire William Randolph Hearst avait rencontré Hitler à la fin de l'été 1934 pour conclure un accord stipulant que l'Allemagne achèterait désormais ses nouvelles internationales chez International News Service, appartenant à Hearst. A cette époque, la presse nazie avait déjà commencé une campagne sur "la famine en Ukraine", et Hearst la reprendra bientôt grâce à son grand explorateur, monsieur Walker. D'autres témoignages sur la famine, de la même facture, suivront dans la presse de Hearst. Ainsi, un certain Fred Beal tiendra la plume. Ouvrier américain condamné à 20 ans de prison à la suite d'une grève, il fuit en Union soviétique où il travaille pendant deux ans dans l'usine de tracteurs de Kharkov. En 1933, il publie un petit livre où il relate avec sympathie les efforts du peuple soviétique. Fin 1933 il est de retour aux Etats-Unis, où l'attendent le chômage, mais aussi la prison. En 1934 il se met à écrire sur la famine en Ukraine. Grâce à quoi les autorités réduiront de façon significative sa peine de prison. Lorsque son "témoignage" est publié par Hearst, en juin 1935, J. Wolynec, un autre ouvrier américain qui a travaillé cinq ans dans la même usine à Kharkov, montera les mensonges dont ce texte est parsemé. A propos des nombreuses conversations que Beal prétend avoir captées, Wolynec note que Beal ne parlait ni le russe, ni l'ukrainien. Pourtant, Beal affirme que le président de la République Soviétique d'Ukraine lui a accordé une audience pour lui dire que " des millions" étaient morts de la famine...
En 1935 sort un livre en langue allemande du Dr Ewald Ammende "Muss Russland hungern?"(La Russie souffre-t-elle de famine ?). Ses sources: la presse nazie allemande, la presse fasciste italienne, la presse des émigrés ukrainiens et des "voyageurs" et "experts" cités sans autre forme de précision. Il publie des photos dont il affirme qu'elles "comptent parmi les sources les plus importantes sur la réalité actuelle en Russie". "La plupart ont été prise par un spécialiste autrichien", dit Ammende laconiquement. Puis, il y a des photos appartenant au Docteur Ditloff, jusqu'en août 1933 directeur de la Concession Agricole du Gouvernement Allemand au Caucase du Nord. Il prétend avoir réalisé les photos en été 1933 "dans les régions agricoles de la zone de famine". Fonctionnaire du gouvernement nazi, comment Ditloff aurait-il pu se déplacer du Caucase en Ukraine pour y faire la chasse aux images ? Parmi les photos de Ditloff, il y en a sept, dont celui de "l'enfant-crapaud", déjà publié par... Walker, et datant de 1922. Une autre "photo" présente deux garçons squelettiques, symboles de la famine ukrainienne de 1933. Nous avons pu voir la même image dans la série télévisée "La Russie" de Peter Ustinov: elle provient d'une film documentaire sur la famine en 1922 en Russie ! Une autre photo d'Ammende a été publié d'abord par l'organe des nazis, Volkischer Beobachter du 18 août 1933. Ammende a donc puisé directement dans des sources nazies. Cette photo aussi, a pu être identifiée dans des livres datant de 1922. Ammende avait travaillé dans la région de la Volga en 1913. Pendant la guerre civile en 1917-1918, il avait occupé des postes dans les gouvernements contre-révolutionnaires pro-allemands de l'Estonie et de la Lettonie. Puis il a travaillé pour le gouvernement Skoropadski, installé par l'armée allemande en Ukraine, en mars 1918. Il affirme avoir participé aux campagnes d'aide humanitaire lors de la famine en Russie en 1921-1922... d'où sa familiarité avec le matériel photographique de cette époque. Ammende était pendant des années le secrétaire-général du soi-disant "Congres Européen des Nationalités", regroupant des émigrés de l'Union soviétique et proche du Parti nazi. Fin 1933, Ammende devient Secrétaire honoraire du Comité d'Aide aux régions de la Famine en Russie dirigé par le cardinal pro-fasciste Innitzer à Vienne. Ammende était donc étroitement lié à toute la campagne antisoviétique des nazis. Lorsque Reagan a lancé sa croisade anticommuniste
au début des années quatre-vingt, le
professeur James E. Mace de l'Université de Harvard a
jugé approprié, en 1984, de
rééditer et d'introduire le livre d'Ammende
sous le titre Human Life in Russia. Ainsi, toutes les
falsifications nazies, y compris les faux documents-photos,
y compris le faux reportage de Walker en Ukraine, ont
reçu la respectabilité académique. Tottle Douglas: Fraud, Famine and Fascisme-The Ukrainian Genocide. Myth from Hitler to Harvard, Progress Books, Toronto, 1987, pages 4à31. |