En 56-57, la bourgeoisie belge ne pouvait le nier:

Sous Staline, l'économie soviétique fut un succès incontestable

-Solidaire n°8 (778) -Hebdomadaire du Parti du Travail de Belgique- 19 février 1992- p.19 
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En 56-57, la bourgeoisie belge ne pouvait le nier:

Sous Staline, l'économie soviétique
fut un succès incontestable

Lors d'un séminaire sur "l'Union Soviétique et ses institutions", qui eut lieu en 1956-1957 à l'Institut de Sociologie Solvay de l'ULB, les participants - tous honorables professeurs d'université belges, industriels ou ministres - bien que ne se privant pas de cracher tout leur venin sur Staline, l'URSS et le communisme en général, ne pouvaient escamoter cette conclusion: "Aujourd'hui personne ne conteste plus le succès de la politique économique des Soviets. De nombreux Occidentaux en ont vérifié les résultats sur place. (...) En une quarantaine d'années, ce pays qui figurait parmi les plus arriérés est devenu la deuxième nation industrielle du monde. Le revenu national y a décuplé depuis 1913".(1) "Le système du planisme a contribué, plus que tous les autres éléments, au succès de l'économie soviétique"(2)
L'une des "évidences" qu'on nous lie aujourd'hui à propos de l'ex-Union soviétique est celle de la "faillite de l'économie planifiée ". Les innombrables images de files devant les magasins, comme celles d'industries obsolètes et polluantes, doivent convaincre les travailleurs occidentaux que l'économie socialiste fut un désastre. En réalité, dans ce domaine comme en bien d'autres, la dégénérescence a commencé avec Krouchtchev.


"Le développement de l'instruction générale et celui de l'enseignement technique ont incontestablement fécondé l'action du gouvernement soviétique. " C'est ce qu'a déclaré le ministre belge de l'Education nationale en 56-57, sur l'enseignement durant la période de Staline.

Développement fulgurant de l'instruction

Lors de ce séminaire, Collar, ministre Belge de l'Education nationale, devait constater " le développement de l'instruction générale et celui de l'enseignement technique ont incontestablement fécondé l'action du gouvernement soviétique. Il y a actuellement un million et demi d'étudiants dans les universités et les établissements d'enseignement supérieur de l'URSS. Rien qu'à Moscou, il y en a 270.000 dans les 102 instituts de recherche (...). En 1954, il est sorti 50.000 ingénieurs des hautes écoles (22.000 aux Etats-Unis)". (3)
Ces chiffres sur l'enseignement ne prennent toute leur valeur que pour qui se souvient du passé de l'URSS. Dans "Le dossier Russie", Colette Begaux-Francotte nous rappelle qu'avant la révolution, "76% de la population russe était illettrée ; cette proportion s'élevait à 85% chez les femmes et à plus de 90% dans les campagnes. Le nombre total de personnes ayant bénéficié d'une instruction n'était que de un million et demi".(4)
" Vers la fin du premier quinquennat, c'est-à-dire vers 1932, la quasi-totalité des enfants de 8 à 11 ans fréquentaient l'école. (...) En 1939, il n'y avait plus que 10% d'illettrés. (...) Après la guerre, il a fallu reconstruire les quelque 82.000 écoles détruites par l'envahisseur. En 1961 il ne restait que 1,5% d'illettrés. L'enseignement est totalement gratuit".

Staline contre la bureaucratie

Les actes du séminaire de 56-57 contiennent également une analyse fort intéressante de la signification de la "déstalinisation" qui commençait en URSS à l'époque: "La déstalinisation, (...) il convient d'en rechercher les causes. (..) L'une des plus importantes est la métamorphose de la société soviétique. (...) Une classe de privilégiés est née (...) La structure sociale du régime était altérée par l'apparition d'une classe de bureaucrates technocrates, confondus avec l'Etat. Ces bureaucrates menacés sans cesse par la politique policière de Staline, représentée par Beria, ont le sentiment d'une classe arrivée qui voudrait bien ne plus vivre dans cette incertitude perpétuelle et réelle". (p40) Cette analyse s'inscrit radicalement en faux contre les thèses trotskystes qui veulent faire passer Staline pour le représentant de la bureaucratie. On voit au contraire que la "répression stalinienne" avait précisément pour cible cette nouvelle classe bourgeoise qui accaparera les rênes du pouvoir avec Krouchtchev et Brejnev, et qui renversera définitivement les débris du régime socialiste avec Gorbatchev et Eltsine... sous les applaudissements des troskystes ! La "politique policière" de Staline était bien la forme concrète de la dictature du prolétariat, la répression des classes bourgeoises désireuses de renverser le socialisme.

G.M.

1. Le Régime soviétique et ses Institutions. Exposés faits au Groupe de Travail sur l'Union Soviétique et ses Institutions. Novembre 1956 - Mars 1957. Université Libre de Bruxelles. Institut de Sociologie Solvay, p. 109.
2. Idem, p. 119.
3. Idem, p. 117.
4. Begaux-Francotte Colette, Le dossier Russie, Marabout Université, Tome 1 pp 220 et suivantes.
5. Le Régime Soviétique et ses Institution, op. cit., p. 40.

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