- Il y a 50 ans, victoire
         décisive sur le fascisme 
         
         La bataille de Stalingrad -Solidaire n°4 (823) 27 janvier 1993-
         p.18-19
         
           
         
         
         Le 31 décembre 1937, le ministère nazi
         de la Propagande diffuse la directive suivante: "La lutte
         contre le bolchevisme mondial est le but principal de la
         politique allemande. La tâche principale la propagande
         national-socialiste est de l'expliquer. Pendant les
         années qui ont suivi l'effondrement en 1918
         jusqu'à la prise du pouvoir par le
         national-socialisme, le communisme dirigé par les
         juifs était l'ennemi déterminé du
         mouvement national-socialiste et de la renaissance du peuple
         allemand. Dans un lutte impitoyable, le national-socialisme
         a vaincu et écrasé définitivement cet
         ennemi en Allemagne. Après la prise du pouvoir, le
         bolchevisme est devenu au niveau mondial l'ennemi mortel du
         Peuple Allemand. Le combat contre le communisme que nous
         avons mené en Allemagne jusqu'en 1933, nous devons le
         mener après 1933 contre le bolchevisme mondial. A la
         propagande incombe la tâche de montrer au Peuple
         Allemand que le bolchevisme est son ennemi mortel et de
         montrer au monde qu'il est l'ennemi de tous les peuples et
         de toutes les nations et qu'il est dès lors l'ennemi
         mondial. Heil Hitler !" (1) Signé: Goebbels, chef
         de propagande national du NSDAP. L'offensive finale contre
         l'ennemi mortel du nazisme a commencé en 1941 par
         l'opération Barbarossa. Mais deux années plus
         tard - il y a 50 ans aujourd'hui - l'Armée Rouge et
         les partisans obtiennent à Stalingrad une victoire
         décisive contre les nazis. Ce fut le tournant de la
         deuxième guerre mondiale. 
         
         Le 3 mars 1941, dans le cadre de l'Opération
         Barbarossa (nom codé de l'attaque contre l'Union
         soviétique préparée pour le 22 juin
         1941), Hitler décrète l'ordre suivant : "
         le caractère que représente notre guerre
         contre la Russie est tel qu'il doit exclure les formes
         chevaleresques. Il s'agit d'une lutte entre deux
         idéologies, entre deux conceptions raciales. Il
         importe donc de la mener avec une rigueur sans
         précédent et implacable. Tous, vous allez
         devoir vous libérer de vos scrupules
         périmés. L'idéologie soviétique
         est aux antipodes de celle qui régit le
         national-socialisme. Par conséquent, les Soviets
         doivent être liquidés. Les soldats allemands
         coupables de contrevenir aux lois internationales de la
         guerre seront innocentés.» (2) 
         
         Le 22 juin 1941, l'orsque les troupes allemandes
         pénètrent en Union soviétique avec
         leurs alliés, c'est en effet le début d'une
         guerre d'extermination sans précédent contre
         le bolchevisme, contre les peuples slaves et les cinq
         millions de juifs qui y vivent et contre le nouvel Etat
         soviétique construit avec d'immenses efforts. La
         guerre en Europe de l'Est visait à anéantir
         complèment le "judéo-bolchevisme" et à
         "vider " ces régions de leurs habitants et de leur
         culture. Plus de quatre millions de juifs de Pologne et de
         Russie -porteurs du virus communiste selon les nazis- ont
         été assassinés. En dehors des combats
         proprements dits, encore sept à huit millions de
         personnes ont été assassinées pour des
         raisons racistes et anticommunistes. 
         
           
         
         
            
               | 
                   Des ouvriers de l'usine Octobre Rouge partent
                  en patrouille à Stalingrad. Les fascistes
                  occupaient presque toute la ville, à
                  l'exception de trois grandes usines sur les rives
                  de la Volga. Les soldats, les ouvriers et la
                  population avaient constitué de petites
                  unités, de manière à ne
                  laisser aucune trêve aux fascistes dans la
                  ville occupée. C'est ainsi qu'une large
                  offensive a pu être préparée,
                  qui a débuté le 19 novembre 1942.
               
                 |  
          
         
         Le prix de la
         victoire
         
         Après quelques mois épouvantables de
         défaites soviétiques, les troupes fascistes
         sont arrêtées devant Leningrad et Moscou. C'est
         la première fois dans l'histoire que l'assaut des
         fascistes nazis est arrêté. A partir de
         décembre 1941, l'armée soviétique est
         en mesure de passer à la contre-attaque. Au printemps
         de 1943, l'Armée Rouge et les partisans obtiennent
         des victoires décisives près de Stalingrad,
         dans le Caucase et près de Koersk. Les fascistes sont
         repoussés jusqu'à Berlin et Vienne et sont
         écrasés. 
         
         Du 22 juin 1941 et le 9 mai 1945 -soit près de
         quatre années ou 1.418 jours- en moyenne
         17.000soldats et civils soviétiques sont mort chaque
         jour: 25,3 millions au total.. 27% de la population active
         d'Union soviétique a péri dans cette
         guerre. 
         
         80% des pertes allemandes sont le fait de
         l'Armée Rouge. Rappelons les pertes subies par les
         alliés occidentaux: 187.000 Américains,
         400.000 Britanniques et 650.000 Français (chaque fois
         soldats et civils) sont morts pendant la deuxième
         guerre mondiale. Sept à huit millions de soldats
         soviétiques sont morts, dont plus d'un million hors
         de Russie, en Europe de l'Est et en Europe centrale, dans
         les combats de l'Armée Rouge pour libérer ces
         pays des hordes nazies: 600.000 en Pologne, 69.000 en
         Roumanie, 8.000 pour aider à libérer la
         Yougoslavie, plus de 140.000 pour libérer la
         Tchécoslovaquie, 26.000 pour vaincre les fascistes en
         Autriche et 102.000 dans la seule bataille de
         Berlin.(3) 
         
         Les forces engagées, la nature, le lieu, et
         l'envergure des affrontements démontrent que la
         deuxième guerre mondiale était en premier lieu
         une guerre d'extermination menée par le fascisme
         capitaliste contre le communisme et l'Union
         soviétique. Et que c'est le peuple soviétique,
         sous la direction des bolcheviks et de Joseph Staline, qui a
         assumé l'immense majorité de l'effort et du
         sacrifice pour la libération de l'Europe. 
         
         Stalingrad
         
         
         Fin juillet 1942, le front soviétique près
         de Stalingrad comptait 187.000 soldats, 360 chars, 337
         avions et 7.900 canons et mortiers, en face de ce front,
         l'ennemi avait concentré 250.000 hommes, environ 740
         chars, 1.200 avions et 7.500 canons et mortiers (4). 
         
         Dans l'été de 1942, les hordes nazies
         -soutenues par des divisions roumaines, hongroises et
         italiennes -lancent une deuxième offensive de grande
         envergure dans le Caucase et dans la vallée de la
         Volga, en direction de Stalingrad. A partir du mois
         d'août, les combats sont impitoyables. On se bat pour
         chaque rue, chaque maison, chaque étage, ou
         même pour chaque chambre, car les batteries
         anti-aériennes, les batteries anti-char, les
         lance-missiles et les armes automatiques sont
         répandues dans toute la ville. La gare, par exemple,
         change treize fois d'occupant. La population et les soldats
         mènent une guérilla urbaine massive. Les
         Soviétiques avaient appris et élaboré
         cette tactique pendant la guerre civile en Espagne. Ainsi
         par exemple, les débris des bombardements sont
         évacués ou non de manière à
         empêcher l'entrée des chars et des armes
         lourdes de l'ennemi tout en laissant l'accès aux
         lignes d'approvisionnement de la ville. Partout, on se
         réfugie dans les caves, les égouts, les
         grottes et les galeries souterraines, où on
         aménage également magasins et entrepôts.
         On se bat en petits groupes éparpillés
         s'approchant le plus près possible des troupes
         fascistes, de sorte que les Allemands n'osent plus bombarder
         de crainte de toucher leurs propres soldats. La grande
         majorité de la population de Stalingrad reste sur
         place et participe aux combats, continue à travailler
         dans les usines et les ateliers dévastés,
         s'occupe des lignes d'approvisionnement... En septembre, les
         fascistes atteignent tout de même la Volga et
         parviennent à conquérir toute la ville, mais
         ils n'arrivent pas à conquérir les grandes
         usines situées le long de la rivière. Ces
         usines portent des noms mémorables et historiques:
         Traktor, où l'on répare les chars la nuit,
         Barrikade, Oktober. Elles seront de véritables
         bastions et des tête-de-pont importants pour
         l'Armée Rouge qui a du se replier derrière la
         Volga. 
         
         Plans
         
         
         Le 12 septembre, les premiers plans d'une
         contre-offensive soviétique sont
         élaborés dans le quartier
         général à Moscou. Sont présents:
         Joseph Staline, commandant en chef de l'Armée Rouge,
         le général Joukov, adjoint militaire de
         Staline, et le général Vasilevsky. Les deux
         derniers sont envoyés sur place pour examiner en
         détail tous les aspects, sans toutefois
         révéler quoi que ce soit des plans en
         élaboration. Fin septembre, Ils se réunissent
         à nouveau. Staline envoie une deuxième fois
         Joukov et Vasilevsky au front avec la mission suivante:
         "Sans dévoiler l'intention de notre plan, il faut
         demander l'opinion des commandants de Front en ce qui
         concerne leurs opérations ultérieures."(5)
         En 1956, Khrouchtchev a lancé le mensonge grotesque,
         repris aujourd'hui dans les livres d'histoire tant à
         l'Est qu'à l'Ouest, que Staline dirigeait les
         opérations militaires... en regardant un globe
         terrestre dans son bureau. Dans ses mémoires, Joukov
         raconte que Staline s'informait très minutieusement,
         jour après jour, qu'il connaissait personnellement
         les commandants, leurs points forts et leurs points faibles,
         qu'il suivait de près la situation des
         différents fronts. Il explique comment Staline
         développait la démocratie dans les prises de
         décision, ce qui n'est pas évident dans une
         telle situation de guerre ! 
         
           
         
         
            
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                   Des fascistes sont faits prisonniers à
                  Stalingrad. Le 23 novembre 1942, les
                  Soviétiques encerclent la 6ème
                  Armée. Plus de 300.000 soldats sont pris au
                  piège. Le 8 janvier 1943, les
                  Soviétiques proposent au
                  général Paulus de se rendre. Il
                  refuse. Trois semaines et quelques centaines de
                  milliers de morts plus tard, il finit quand
                  même par se rendre, avec les 90.000 hommes
                  qui lui restent.
                 |  
          
         
         Offensive
         d'hiver
         
         En octobre et novembre 1942, les Soviétiques
         attirent le plus possible de troupes allemandes vers
         d'autres fronts en lançant systématiquement
         des offensives d'envergure plus réduite. Entre-temps,
         les troupes nazies sont harcelées sans cesse en ne
         leur laissant aucun repos et aucune occasion de se
         regrouper. La grande contre-offensive est
         préparée avec le plus grand soin et
         gardée secrète. Entre le 1er et le 19
         novembre, 160.000 soldats, 10.000 chevaux, 430 chars, 600
         canons, 14.000 camions et quelque 7.000 tonnes de munition
         sont acheminés vers le front près de
         Stalingrad. 
         
         1.300 wagons de trains arrivent par jour. 27.000
         camions font la navette. Attention, novembre, sur la Volga,
         c'est la boue, le brouillard, la neige, la tempête.
         Après la guerre, Jodl, le commandant allemand a bien
         dû le reconnaître: "Nous n'avions absolument
         aucune idée de la force des Russes dans cette
         région. Antérieurement, il n'y avait rien ici
         et, soudain, fut lancée une attaque de grande
         puissance, qui eut une importance décisive. "(6)
         Le travail de préparation politique, lui aussi, est
         abordé avec soin e t en profondeur. Manoeïlski,
         le président du Komintern, est sur place depuis
         octobre et dirige directement ce travail, au nom du
         Comité Central. L'unité, la force de frappe et
         la volonté inflexible - à tous les
         échelons de l'armée Rouge, parmi la population
         et dans les unités de partisans - de donner un coup
         décisif au fascisme, est la principale explication de
         la victoire soviétique. Le 19 novembre, l'offensive
         soviétique débute. Les troupes roumaines qui,
         du côté des nazis, doivent encaisser le premier
         choc ne résistent pas, elles sont encerclées
         et se rendent. Le 23 novembre, les troupes
         soviétiques du nord-ouest et celles du sud-ouest se
         rejoignent et prennent en tenaille les troupes allemandes.
         Début décembre, l'encerclement est solidement
         bouclé: plus de 300.000 soldats sont pris au
         piège. 50.000 d'entre eux parviennent encore à
         s'échapper mais le reste est de plus en plus
         coupé du gros de l'armée allemande, contrainte
         de se retirer vers l'ouest. Le 8 janvier 1943, les
         Soviétiques proposent au général Paulus
         de se rendre. Celui-ci refuse. Trois semaines et quelques
         centaines de milliers de morts plus lard, le 31 janvier,
         Paulus finit par se rendre. Le 2 février, le drapeau
         rouge soviétique flotte à nouveau sur
         Stalingrad. 
         
         LIEVEN SOETE 
         
         (1) Reinhard Rürup (red.), Dcr Krieg gegen die
         Sowjetunion, 1941-1945, Berlin,1991,p.29; (2)W.L.Shirer, Le
         Troisième Reich, des origines à la chute, Tome
         2. Paris. 1961. p. 291-292; (3) Sources: Atlas
         zurGeschichte, Band 2, Gotha (DDR), 1981 /V.KOULIKOV, l'Aide
         internalionaliste accordée aux peuples d'Europe,
         Histoire de l'U.R.S.S.: Nouvelles Recherches, N° 4,
         Moscou, 1985; 
         
         (4) G. Joukov. Mémoires, Tome 2, Paris, 1970, p.
         22-23; 
         
         (5) G. Joukov, op. cil., p. 44; 
         
         (6) G. Joukov, op. cit., p. 58. 
         
           
         
         
            
               | 
                   Une réunion d'une cellule du parti dans
                  l'Armée Rouge, à Stalingrad. La
                  règle "Les communistes doivent aller en
                  première ligne" a été
                  appliquée à la lettre. La confiance
                  dans le parti s'est ainsi énormément
                  développée. En 1943, 2,7 millions de
                  membres du parti étaient dans l'Armée
                  Rouge et presqu'autant de membres du Komsomol,
                  l'organisation de jeunes du Parti.
                 |  
          
       | 
   
      
         La victoire,
         grâce 
         
         au
         système soviétique 
         
         et au
         PC
         
         Le facteur matériel déterminant de la
         victoire des Soviétiques sur les fascistes a
         été la force de mobilisation et d'endurance
         économique. Les mesures stratégiques prises
         avant la guerre en ont jeté la base
         nécessaire, décisive: l'industrialisation et
         ses plans quinquennaux, que seule la collectivisation
         accélérée de l'agriculture a rendue
         possible. Le démantèlement et le
         déplacement massif et rapide de la production vers
         des zones sûres, à partir de 1941, ainsi que
         l'énorme production d'armement - accompagnée
         d'innovations déterminantes dans
         l'aéronautique, la construction de tanks et de
         lance-fusées - auraient été impossibles
         sans les infrastructures nécessaires, les formations
         et les apports de capitaux, des mesures prises de nombreuses
         années avant la guerre. 
         
         Les prestations incroyables de l'ensemble du peuple
         soviétique, jusque dans les recoins les plus
         reculés du pays, ont permis la victoire sur le
         fascisme. Les allies occidentaux (Etats-Unis et
         Grande-Bretagne) tardant à ouvrir le "Deuxième
         Front" promis en Europe de l'Ouest, les Soviétiques
         se sont bien vite emparés de ce vocable pour
         désigner leur propre front industriel. 
         
         La motivation et l'encadrement idéologique et
         politique par le parti bolchevique ont joué un
         rôle déterminant. Avant la guerre, des mesures
         sévères mais nécessaires avaient
         été prises à temps afin de purifier le
         parti, l'armée et tous les postes à
         responsabilité de tous les agents et complices des
         fascistes. Parallèlement, un travail
         d'éducation intense avait été
         réalisé pour accroître la vigilance face
         à toutes les formes de capitulation et de
         défaitisme. Depuis le début de la guerre, le
         mot d'ordre "les communistes doivent être en
         première ligne" avait été
         appliqué littéralement. En juin 1943, par
         exemple, chaque comité provincial du parti a dû
         mettre à la disposition de l'armée, dans les
         trois jours, de 500 à 3.000 communistes. En quelques
         jours, 95.000 membres du parti ont ainsi été
         mobilisés. 58.000 d'entre eux ont été
         envoyés au front. Le prestige du parti s'est
         énormément accru pendant la guerre. En 1943,
         2,7 millions de membres du parti et presque autant de
         membres du Komsomol (l'organisation des jeunes du parti)
         étaient actifs dans les forces armées. 
         
         Le 9 février 1946, Staline s'adresse à ses
         électeurs à Moscou: "La guerre a fait subir
         une sorte d'examen à notre régime
         soviétique, à notre Etat, à notre
         gouvernement, à notre parti communiste; elle a fait
         le bilan de leur activité. Notre victoire signifie
         avant tout que c'est notre régime social
         soviétique qui a triomphé; que le
         régime social soviétique a subi avec
         succès l'épreuve du feu de la guerre et a
         prouvé sa parfaite vitalité. La guerre a
         montré que le régime social soviétique
         est un régime véritablement populaire, issu
         des profondeurs du peuple et bénéficiant de
         son appui; que le régime social soviétique est
         une forme d'organisation sociale absolument viable et bien
         assise. Maintenant, il est question de ceci, que le
         régime soviétique s'est
         révélé plus viable et plus solidement
         assis que le régime social non soviétique;
         qu'il est une forme d'organisation sociale meilleure que
         tout autre régime social non soviétique."
         (J. Staline, Oeuvres, Tome XVI, Paris, 1975, p.
         190-197). 
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