Solidaire -hebdo du Parti du Travail de Belgique- n°7 (1026) 16 février 1994 p.22

International

Les néo-nazis du Vlaams
Blok à propos de Staline

Les néo-nazis du Vlaams Blok affirment que le PTB pratique le "révisionnisme", c'est-à-dire que le PTB révise l'histoire en niant des faits dûment établis: il nie les "millions de morts" causés par le "communisme totalitaire (de) Lénine et Staline". C'est ce qu'affirme Frank Creyelman dans une publication récente du Vlaams Blok.

" Un vent favorable a fait parvenir sur notre bureau l'une des publications du PTB. Jouissez avec nous de cette belle prose: "Petit à petit, la vérité l'emporte sur le mensonge. Lorsque l'on voit comment Gorbatchev et Eltsine jettent leur peuple dans la misère, le chômage et la guerre, on comprend pourquoi le socialisme était tellement meilleur. Malgré l'état d'arriération dans lequel les tsars russes avaient laissé le pays, malgré les dévastations de la guerre d'agression d''Hitler, l'Union soviétique a réalisé sous Lénine et Staline le plus grand progrès économique et social de toute l'histoire de l'humanité". Apparemment, ce commissaire du peuple n'a jamais entendu parler des millions de morts que ces deux messieurs ont à leur actif. Ni des catastrophes écologiques en Union soviétique, ni des expériences nucléaires pour lesquelles des populations entières ont été sacrifiées. Ni des goulags, du KGB, de la dégradation morale, des milliers d'avortements, de l'absence de biens les plus élémentaires, du marché noir, de la mafia du parti. Tout cela, le PTB n'en a jamais entendu parler. Wir haben es nicht gewusst ? Il est clair que le PTB veut créer un état totalitaire, communiste et qu'il enflamme les esprits contre le Vlaams Blok pour gagner à sa cause le plus possible de naïfs." (Vlaams Blok, De Mechelse Blokker, décembre 1993).
Sur ce thème, Ludo Martens écrit dans Un autre regard sur Staline: " Le révisionnisme des néo-nazis "révise" l'histoire pour justifier, avant tout, les crimes barbares du fascisme contre les communistes et contre l'Union soviétique. Ils nient aussi les crimes commis par les hitlériens contre les juifs. Les néo-nazis nient l'existence des camps d'extermination où ont péri des millions de juifs. En même temps, ils inventent des "holocaustes" prétendument commis par les communistes et par le camarade Staline. Par ce dernier mensonge, ils fabriquent une justification aux tueries bestiales que les nazis ont commises en Union soviétique. Et pour ce révisionnisme au service de la lutte anticommuniste, ils reçoivent le plein soutien de Reagan, de Bush, de Thatcher et Co.

Le génocide organisé par les nazis en URSS

Sur le plus grand génocide qu'a connu l'humanité. Un autre regard sur Staline fournit les précisions suivantes.
Déjà avant l'agression contre l'URSS, Hitler avait dit, le 30 mars 1941: "Le bolchevisme est comme un crime asocial. Le communisme est un danger effrayant pour l'avenir. Il s'agit d'une lutte d'anéantissement. Sinous ne prenons pas la question sous cet angle, nous battrons certes l'ennemi mais, dans trente ans, l'ennemi communiste s'opposera de nouveau à nous. Nous ne faisons pas la guerre pour garder notre ennemi. Nous voulons la destruction des commissaires bolcheviks et de l'intelligentsia communiste."(Hans Adolf Jacobsen, La Seconde Guerre mondiale. Tome I, Casterman, 1968. p. 119-120) On aura remarqué qu'il est question ici de "solution finale" - mais point envers les juifs. Les premières promesses de "guerre d'anéantissement" et de "destruction physique" étaient adressées aux communistes soviétiques.


Le peuple soviétique a été la principale victime de la politique de génocide des nazis

5.000.000 de prisonniers soviétiques massacrés

Et effectivement, les Soviétiques ont été les premières victimes des exterminations de masse. Dans les camps de concentration d'Auschwitz et de Chelmno, "des prisonniers soviétiques étaient les premiers, ou parmi les premiers, à être délibérément tués par des injections mortelles et par le gaz". ( Arno J. Mayer, Why did the heavens not darken ? , Verso, London, 1990, p.349) Le nombre de prisonniers de guerre soviétiques morts dans les camps de concentration, "en cours de déplacement" ou dans "des circonstances diverses" se chiffre à 3.289.000 hommes ! Lorsque des épidémies se déclaraient dans les baraques des Soviétiques, les gardes nazis n'y pénétraient pas "sauf avec des équipes de lance-flammes lorsque, "pour des raisons d"hygiène", les mourants et les morts étaient brûlés ensemble sur leur lits de haillons pleins de vermine". Il peut y avoir eu 5.000.000 de prisonniers assassinés, si l'on tient compte des soldats soviétiques "simplement abattus sur place" au moment où ils se rendaient (Alan Clarc, La Guerre à l'Est, Robert Laffont. Paris, 1966, p.251).
Ainsi, les premières campagnes d'extermination, les plus vastes aussi, ont été dirigées contre les peuples soviétiques et ont fait 23 millions de morts !

"Tuer également leurs femmes et enfants"

Himmler déclara le 16 décembre 1943, à Weimar. "Quand j'ai été obligé de donner dans un village l'ordre de marcher contre les partisans et les commissaires juifs, j'ai systématiquement donné l'ordre de tuer également les femmes et les enfants de ces partisans et de ces commissaires. Je serais un lâche et un criminel vis-à-vis de nos descendants si je laissais grandir les enfants pleins de haine de ces sous-hommes abattus dans le combat de l'homme contre le sous-homme. Nous devons toujours avoir conscience du fait que nous nous trouvons dans un combat racial primitif, naturel et originel." (Himmler Heinrich, Discours secrets, Gallimard, 1978, p. 205) Le chef de la SS dira dans un autre discours à Kharkov, le 24 avril 1943: "Par quel moyen arriverons-nous à enlever au Russe le plus d'hommes, morts ou vivants ? Nous y arriverons en les tuant, en les faisant prisonniers, en les faisant vraiment travailler et en ne rendant (certains territoires) à l'ennemi qu'après les avoir complètement vidés de leurs habitants. Rendre des hommes au Russe serait une grosse erreur. "(p.187)
Cette réalité de la terreur inouïe que les nazis pratiquèrent en l'Union soviétique, contre le premier pays socialiste, contre les communistes, est presque systématiquement occultée ou minimisée dans la littérature bourgeoise. Ce silence a un but bien précis. Aux personnes ignorant les crimes monstrueux commis contre les Soviétiques, on peut plus facilement faire avaler le mensonge selon lequel Staline fut, lui aussi, un "dictateur" comparable a Hitler. La bourgeoisie escamote le véritable génocide anticommuniste pour pouvoir afficher plus librement ce qu'elle a en commun avec le nazisme: la haine irrationnelle du communisme, la haine de classe envers le socialisme.

"Le Juif sanguinaire a tué 30 millions d'hommes...."

Pour transformer ses hommes en machines à tuer, Hitler leur a inculqué qu'un bolchevik n'était qu'un sous-homme, un animal. "Hitler avertissait ses troupes que les forces ennemies étaient "largement composées d''animaux, et non de soldats', conditionnés à se battre avec une férocité animale." (Mayer, p. 244) Pour pousser les troupes allemandes à l'extermination des communistes, Hitler leur enseignait que Staline et les autres dirigeants soviétiques étaient "des criminels éclaboussés de sang (qui ont) tué et exterminé des millions d'intellectuels russes dans leur soif sauvage de sang... (et )qui ont exercé la tyrannie la plus cruelle de tous les temps" (p. 106). "En Russie, le Juif sanguinaire et tyrannique a tué, parfois avec des tortures inhumaines, ou a exterminé par la famine avec une sauvagerie vraiment fanatique environ trente millions d'hommes" (Mayer, p. 101 ). Ainsi, dans la bouche d'Hitler, le mensonge des "trente millions de victimes du stalinisme" a servi à préparer psychologiquement la barbarie nazie et le génocide des Soviétiques.
Remarquons au passage qu'Hitler avait d'abord mis ces "trente millions de victimes" sur le compte de... Lénine ! En effet, ce mensonge écoeurant figure déjà dans Mein Kampf, écrit en 1926. S'attaquant au judéo bolchevisme, Hitler écrit: "Avec une férocité fanatique, le juif a tué en Russie à peu près trente millions d'hommes, parfois sous des tortures inhumaines". (Hitler, Mijn Kamp, éd. Ridderhof, 1982, p. 400) Un demi-siècle plus tard, Brzezinski, l'idéologue officiel de l'impérialisme américain reprendra mot pour mot toutes ces infamies nazies: "Il est absolument raisonnable (!) d'estimer les victimes de Staline à pas moins de vingt et peut-être même quarante millions"." (Brzezinski, The grand failure, Charles Scribner's Sons, New York, 1989, p.27)

 

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