Staline contre le
révisionnisme
FASCICULE D'ÉDUCATION
POLITIQUE
marxiste-léniniste-maoïste.
SÈRIE : " HISTOIRE DU MOUVEMENT
OUVRIER ET COMMUNISTE " - N°1 -
Staline contre le
révisionnisme
A La Conférence de formation du Kominform.
( Szklorska Pereba. 22-27 septembre 1947 )
LES PARTIS FRÈRES FONT LE PROCÈS DU
RÉVISIONNISME DES PARTIS COMMUNISTES FRANÇAIS ET
ITALIEN.
PUBLICATION " LIGNE ROUGE "
Supplément au n°8.
(Décembre 1969)
Présentation :
Nous inaugurons avec cette brochure une série
de publications sur l'histoire du Mouvement Ouvrier et Communiste.
Elles sont destinées à éclairer les militants
révolutionnaires à la fois pour leur fournir une
interprétation SCIENTIFIQUE, c'est à dire
MARXISTE-LÉNINISTE de l'histoire, et des Armes pour la
propagande et l'agitation, POUR LA LUTTE AUJOURD'HUI ;
En effet nous ne prétendons pas
fournir TOUTES les réponses à la fois et écrire
une histoire systématique et monumentale. Nons nous centrerons
sur les questions particulièrement débattues dans le
mouvement révolutionnaire et cruciales pour le combat actuel.
En particulier la question de Staline, le révisionnisme, ses
origines, spécialement en France le révisionnisme
thorézien.
Sur ces questions importantes il faut bien
reconnaître que les marxistes-léninistes français
restent TROP SOUVENT SUR LA DÉFENSIVE ou bien refusent
d'argumenter CONCRÈTEMENT, FAITS A L'APPUI ; l'exemple typique
récent de cette faiblesse est celui du meeting de faux soutien
à la Chine Rouge, à l'occasion du XX° anniversaire
de sa fondation, à Paris par la " Ligue Communiste " (" Rouge
"). Les opportunistes trotskystes y ont emporté une certaine
victoire temporaire et illusoire, il est vrai, en nous
déversant sur la tête une véritable douche
d'"arguments historiques " anti-staliniens et anti-maoïstes, de
fait anti-communistes. Il est vrai que la poignée
d'intellectuels bourgeois qui composent la direction de la
soit-disante " IV° Internationale " passe le plus clair de son
temps depuis des dizaines d'années à falsifier
l'histoire du Mouvement Communiste International. Ces faussaires sont
" au point ". Les marxistes-léninistes français ne le
sont pas assez. " Rouge " a surtout profité des faiblesses des
marxistes-léninistes.
Sachons honnêtement reconnaître
nos insuffisances et surtout OSONS Y REMÉDIER !
Nous POUVONS et nous DEVONS répliquer, opposer une
histoire VRAIE, SCIENTIFIQUE, MARXISTE-LÉNINISTE aux
grossières falsifications des bourgeois, des révisos,
et des trotskystes.
Nous n'allons évidemment pas, passer
tout notre temps à écrire l'histoire ; ce travail n'est
qu'une petite part de nos activités révolutionnaires,
mais il ne faut pas pour autant le négliger totalement, dans
la mesure où le passé, ses leçons SERVENT NOTRE
COMBAT POLITIQUE A NOUS AUJOURD'HUI.
Nous répondrons. FAITS ET ARGUMENTS A
L'APPUI. Aussi bien aux questions que se posent nombre de
révolutionnaires sincères qui butent encore sur la "
question de Staline ", qu'aux camarades, en particulier ouvriers qui
n'ont pas encaissé la ligne du P.C.F. à la
Libération et même avant.
Cette
première brochure sous le titre général :
STALINE CONTRE LE REVISIONNISME
Porte sur les critiques faites au P.C.F. et au P.C. Italien
à la réunion du Kominform de septembre 1947 par les
Partis frères d'Europe, Parti Bolchévik d'U.R.S.S. en
tête ; il vise à montrer la divergence FONDAMENTALE qui
sépare le marxisme-léninisme-stalinisme d'une part et
le révisionnisme thorézien d'autres part. Il
réfute la qualification du P.C.F. de " stalinien ".
Sous le même titre une seconde
brochure traitera de la lutte de Staline, du Parti Bolchévik
et du Mouvement communiste international contre le
révisionnisme yougoslave de TITO.
Décembre 1969.
LE ROUGE ET LE JAUNE :
SATLINE,
MARXISME-LÉNINISME
ET LE
RÉVISIONNISME THOREZIEN.
|
Pour un certain nombre de SINCÈRES
révolutionnaires français (nous ne mettons
évidemment pas dans le même sac la poignée de
chefs et de chéfaillons trotskystes quasiment
irrécupérables) le Parti " Communiste " Français
est STALINIEN ; c'est là son défaut congénital.
Or le P.C.F. est stalinien depuis longtemps et il le resterait en
dépit de la " déstalinisation " officielle. Il n'y
aurait donc pas de rupture profonde dans son histoire jusqu'à
aujourd'hui, c'est à dire jusqu'au P."C."F. actuel
considéré unanimement par les vrais
révolutionnaires comme une organisation jaune, -au moins
objectivement- au service de la bourgeoisie.
Ce qui a brouillé et brouille encore les
cartes, c'est l'attitude de la direction du P.C.F. elle même et
de Thorez en particulier. Jusqu'en 1956 Thorez et la direction du
P.C.F. se sont proclamés " staliniens ". Cela voulait dire
abreuver le peuple français de nombreuses professions de foi
et -il faut bien le dire- de flagorneries à l'égard de
Staline. A l'extérieur comme à l'intérieur du
Parti, la tactique de la direction thorézienne consistait
à louer constamment Staline POUR SE PRÉVALOIR DE SON
APPUI et ainsi pour UTILISER le grand prestige justement acquis par
le dirigeant du Parti Bolchévik AU SERVICE DE SA LIGNE
POLITIQUE EN FRANCE.
Or entre la LIGNE de Staline et des
Bolchéviks et celle de Thorez en France, IL Y A UNE
DIFFÉRENCE FONDAMENTALE en particulier dans l'immédiate
après guerre. A cette époque il y avait non seulement
des divergences implicites sur la ligne et les positions politiques
dont nous pouvons donner maint exemple (1), mais
aussi CRITIQUES ET MISES EN GARDES EXPLICITES de la part du Parti
Bolchévik de Staline et des partis frères, SOUS
L'INITIATIVE des bolchéviks, contre les graves
déviation du P.C.F. (d'autres Partis.)
(1) Exemple : en 1945, au moment de la
défaite du colonialisme français au Liban "
L'Humanité " se lamente sur les " erreurs " (du
colonialisme français) qui compromettent " LES
INTÉRÊTS ET LA PRÉSENCE FRANCAISE AU
LIBAN ". Au même moment à la tribune de l'ONU
le délégué soviétique intervient
pour exiger le " départ de TOUTES les troupes
d'agression du Liban ", c'est à dire les troupes
colonialistes anglaises et FRANCAISES.
|
Nous voulons en faire la preuve en faisant
connaître le contenu des discussions politiques qui ont eu lieu
et les décisions qui ont été prises à la
réunion de formation du Kominform de septembre 1947 en
Pologne.
Le contenu de cette conférence prouve
:
1°) la fermeté sur les principes
révolutionnaires de Staline et du Parti Bolchévik qui
leur donne à cette époque le rôle de guide du
MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL.
2°) L'opposition politique radicale qui existe entre la ligne
de Staline et de Thorez, la contradiction entre les affirmations de
la direction du PCF qui se dit " stalinienne " et la
réalité : stalinien, marxiste-léniniste en
paroles, anti-stalinien, opportuniste de droite, révisionniste
en RÉALITÉ voilà ce qu'est la direction du PCF
dès cette époque.
Ceci explique comment le PCF (comme une grande
partie des Partis Communistes ayant
dégénéré en partis révisionnistes)
s'est rallié après 1956 à la " destalinisation "
entreprise par le renégat Krouchtchev. Après un moment
de flottement (évidemment c'est toujours un peu " gênant
" de retourner complètement sa veste) Thorez et Cie ont eu
pleine assurance qu'ils ne craignaient rien pour leur ligne
révisionniste et que même, au contraire, Krouchtchev les
surpassait encore en matière de révisionnisme. De la
manière la plus écœurante ils ont alors renié
Staline, toutes leurs grandes déclarations de
fidélité à Staline. Sous le couvert de " lutte
contre le culte de la personnalité " ils ont pu alors
s'attaquer OUVERTEMENT au marxisme-léninisme et à la
ligne de Staline, justifier leurs propres déviations. C'est
ainsi que l'on peut voir, si on lit attentivement les publications
actuelles du PCF : - La référence à la
tristement fameuse " Interview au Times " de Maurice Thorez en 1947
pour justifier le " passage pacifique " au socialisme. Les textes
révisos actuels ajoutent " à l'époque du culte
de la personnalité ON NOUS A CRITIQUÉS ". - Le rejet de
" la thèse STALINIENNE du Parti unique… ".
Ces exemples typiques montrent clairement le sens de
la " destalinisation ", mais ce qu'il faut bien voir c'est que pour
le PCF (comme pour le PCI et bien d'autres) la " destalinisation "
OUVERTE avait été précédée d'une "
destalinisation " DE FAIT, NON OUVERTEMENT PROCLAMÉE bien
avant, qui marque la rupture réelle et profonde de la
direction thorézienne d'avec le marxisme-léninisme.
La conférence de formation du KOMINFORM
(Bureau d'Information des principaux Partis Communistes et Ouvriers
d'Europe) s'est tenu en Pologne à Szkorska Poreba du 22 au 27
septembre 1947 A L'INITIATIVE DE STALINE ET DU PARTI BOLCHEVIK
D'URSS.
La conférence et ses résultats
politiques ne sont pas un mystère : le rapport d'Andreï
Jdanov sur la situation mondiale, intervention majeure de la
Conférence fut publié à l'époque et
servit de base à l'étude dans les Partis
Prolétariens. De cette conférence sortit une plate
forme politique et une nouvelle organisation pour le Mouvement
Communiste International, le KOMINFORM, avec son organe international
: la revue " POUR UNE PAIX DURABLE, POUR UNE DÉMOCRATIE
POPULAIRE ".
Le KOMINFORM était donc une
organisation ouvertement connue en dépit d'opportunistes tel
que GOMULKA qui aurait voulu qu'elle reste secrète.
Initialement installé à Belgrade, le Kominform cessa
pratiquement son activité après l'accession de
Kroutchev au pouvoir et celui-ci l'a officiellement dissous en
1956.
La reconstitution d'une Organisation
Internationale des Communistes était devenue une
NÉCESSITÉ URGENTE car depuis la dissolution du
KOMINTERN en 1943 de grave déviations étaient apparues
dans le Mouvement Communiste International, en particulier aux
U.S.A., en France et en Italie.
L'objet de cette Conférence est
précisément de confronter les expériences des
Partis, aboutir par la discussion à une unité
idéologique et politique, critiquer les déviations des
Partis et s'entendre sur la rectification.
Jdanov le précise bien dans
l'intervention de clôture de la Conférence :
- " Nous sommes d'accord que lorsque nous parlons de la tactique
et de la stratégie des Français et des Italiens,
nous avons en vue non des modifications de détail, mais une
nouvelle orientation, une politique nouvelle. L'UNE DES
TÂCHES ESSENTIELLES DE LA CONFERENCE EST CELLE LÀ. JE
NE VEUX PAS EN REMETTRE. "
Unification, direction idéologique et
politique du Mouvement Communiste International, le Kominform n'a
cependant pas un rôle aussi étendu que l'Internationale.
Il ne regroupe que les PRINCIPAUX partis d'Europe et son travail se
limite à un échange d'informations et de vues,
quoiqu'il ait tendu par la suite à rééditer
l'Internationale (C.F. la condamnation des Yougoslaves en
1948).
En effet il importait de tenir compte du
bilan des erreurs dans le fonctionnement de l'Internationale,
expliquant sa dissolution en 1943. Ce problème est
débattu dans la Conférence et l'un des
délégués Hongrois précise à ce
sujet :
- " La dissolution du Komintern était indispensable et
elle était utile. ON NE S'APERCEVAIT PAS DES
DIFFÉRENCES DES SITUATIONS NATIONALES, ON TRAVAILLAIT SUR
DES BASES UNIFORMES. Mais nous ne pouvons pas nous passer des
expériences des autres pays, sans cela nous risquerions de
sombrer dans l'opportunisme et dans une politique aveugle. Nous
autres communistes hongrois avons demandé conseil à
Staline, à Tito et à Dimitrov et ceux-ci nous ont
conseillés. Il faut que nous organisions des rapports
internationaux réguliers. Voilà un an que Rakosi
(1) l'avait proposé. Action
coordonnée contre l'impérialisme
anglo-américain. " (Mihaly Farkas)
Ces diverses raisons expliquent pourquoi le CONTENU
PRÉCIS du débat et en particulier la critique des
déviations sont restés longtemps ignorés. Le
P.C.F. n'y a fait que quelques allusions obscure dans sa presse et
leur " auto-critique " était bien en-deçà de la
portée des critiques faites à la Conférence. La
direction du P.C.F. se garda bien de les publier intégralement
et elle risque encore moins de la faire maintenant.
Le contenu précis de la Conférence
nous est connu d'une autre manière. L'un des
délégués italien Eugenio REALE qui secondait
Longo à la Conférence publia en 1958 ses notes
intégrales prises à la Conférence. Ce
renégat avait quitté le P.C.I. sur des positions
totalement anti-communistes et publia ces notes à des fins
anti-communistes : on était en pleine " déstalinisation
" et REALE, digne compère de Lecoeur voulait montrer par cette
publication que le Kominform dirigé par Staline s'était
opposé à " la voie démocratique "
(révisionniste) au Socialisme, rejetait la " pluralité
des Partis " et toute acceptation de " l'aide généreuse
des américains " (2). Bref, pour ce
renégat anti-communiste il s'agissait de montrer la "
dictature stalinienne " -en fait il s'agit de la FERMETÉ
RÉVOLUTIONNAIRE DE PRINCIPE de Staline et des
Bolchéviks- Le livre de REALE fut traduit en français
et publié sous le titre : " AVEC JACQUES DUCLOS AU BANS DES
ACCUSÉS ". Les textes que nous allons présenter ne sont
donc pas à proprement parler une découverte mais on
peut tout de même dire que c'en est une POLITIQUEMENT CAR
à l'époque de cette publication il n'y avait pas encore
de mouvement marxiste-léniniste en France. D'autre part,
à notre connaissance les marxistes-léninistes
français ont négligé d'utiliser ce
précieux document, qui n'est plus guère aujourd'hui
accessible qu'aux rats de bibliothèque, il est
vrai.
(1) Rakosi : vieux militant communiste
Hongrois ; à ce moment dirigeant du Parti Communiste
Hongrois et à la tête du pays. Il est mort
avant 1953 et fut alors remplacé par Novotny. Il
semble bien d'après les camarades Albanais qu'il
avait des déviations révisionnistes sur la fin
de sa vie.
(2) C'est ainsi que Reale parle du
plan Marshall !
|
La Conférence comprenait des
délégations de 2 membres des principaux Partis
Communistes et ouvriers d'Europe, dont la plupart était au
pouvoir.
URSS : A. Jdanov et G. Malenkov ;
Yougoslavie : M. Djilas et E. Kardelj. Hongrie : Revai
et M. Farkas ; Bulgarie : Tchernenkov et Poptamov ;
Tchécoslovaquie : Slanski et Bastivanski ;
Roumanie : A. Pauker et Georgiu Dej. Pologne : Gomulka
et Mink ; France : J. Duclos et E. Fajon ; Italie :
Longo et Reale.
La première journée de la
Conférence fut consacré à la lecture et à
la discussion du rapport Jdanov sur la situation mondiale qui servit
de guide aux débats. Puis chaque délégation fit
un rapport sur la situation de son pays, la politique suivie par son
Parti (Georges Malenkov fit le rapport pour le Parti
Bolchévik) . Après les interventions de Duclos et Longo
pour la France et l'Italie, le débat s'engage où tous
les délégués sauf les polonais critiquent les
déviations du Parti Italien et du Parti Français. Nous
reproduisons ici l'essentiel des interventions.
Mais auparavant nous résumerons
l'essentiel du rapport Jdanov, vue son importance, aujourd'hui
encore.
L'ÉVOLUTION DES CONTRADICTIONS DE CLASSE A
L'ÉCHELLE MONDIALE :
La situation de l'après guerre : la phase de
la lutte anti-fasciste est maintenant révolue. Au cours de
cette phase précédente la contradiction PRINCIPALE
passait entre le camp fasciste réactionnaire (le nazisme
allemand, le fascisme italien, le militarisme japonais avec tous
leurs affiliés et fantoches) et le camp de TOUS les
adversaires du fascisme.
Dans le camp anti-fasciste coexistent des
forces très différentes et elles mêmes en
contradiction : des impérialistes comme les anglais et les
américains luttent contre le fascisme sur leurs propres
intérêts d'impérialismes concurrents
menacés et se trouvent PROVISOIREMENT aux côtés
des forces révolutionnaires et progressistes : l'URSS et les
mouvements de Résistance dirigés par les
Communistes.
Mais dans cette phase cette
contradiction demeure SECONDAIRE par rapport à la
contradiction principale : fascistes/antifascistes.
Au sein de ce Front Uni Mondial
Anti-fasciste, il y a à la fois UNITÉ et LUTTE : les
forces révolutionnaires dirigées par les Communistes
doivent conserver leur INDÉPENDANCE et leur AUTONOMIE au sein
du FRONT UNI afin d'arriver à en assumer la DIRECTION et
préparer ainsi la phase ultérieure où la
contradiction auparavant SECONDAIRE devient PRINCIPALE (entre les
impérialistes vainqueurs du fascisme et les forces
révolutionnaires et progressistes également artisans de
cette victoire). La situation dans la phase ultérieure
dépend en grande partie du rapport de force crée dans
la phase précédente : les Communistes prendront le
pouvoir s'ils ont été les PRINCIPAUX artisans de la
victoire sur le fascisme. Cette tâche fut pleinement
assumés par les Communistes Chinois et Albanais mais pas par
les Français ni par les Italiens.
En 1947 la situation mondiale est
définitivement installée dans sa NOUVELLE PHASE que
Jdanov appelle la " division du monde en deux blocs ".
- D'un côté le
BLOC RÉVOLUTIONNAIRE ET PROGRESSISTE formé par
l'U.R.S.S. et les démocraties populaires (le camp socialiste
qui s'édifie auquel va bientôt s'adjoindre la Chine
Populaire) ; le mouvement révolutionnaire et progressiste
mondial : la classe ouvrière et ses alliés luttant sous
la direction des communistes pour la Révolution Socialiste
dans les pays capitalistes avancés, les mouvements de
libération nationale dans les pays coloniaux et semi-coloniaux
luttant pour la révolution de démocratie nouvelle
anti-féodale et anti-impérialiste.
- De l'autre côté
le BLOC IMPÉRIALISTE ET RÉACTIONNAIRE. Il est
dirigé par l'impérialisme U.S. qui, sorti le plus fort
de la guerre VISE A LA DOMINATION MONDIALE. Il s'efforce de placer
dans son orbite les impérialismes affaiblis (comme l'anglais
et le français), de ressusciter sous son contrôle les
impérialismes écrasés (Allemagne, Japon, Italie)
(1), conserve les fascistes dociles et peu
dangereux pour sa domination (c.f. Portugal, Espagne),
développe une politique NÉO-COLONIALISTE en ce qui
concerne les pays coloniaux.
Cette évolution culmine avec le Plan
Marshall, vaste entreprise des américains destinée
à contrôler à leur profit la reconstruction du
monde capitaliste, dirigée directement contre l'URSS, les
démocraties populaires (2) et le mouvement
révolutionnaire et progressiste mondial.
L'impérialisme U.S. évince
à ce moment les impérialismes défaits et
affaiblis des marchés mondiaux (c.f. Amérique Latine),
contrôle le système monétaire capitaliste mondial
(Accords de Bretton Woods) ; il se prépare à prendre la
relève des impérialismes défaillants dans les
pays coloniaux (c.f. la part grandissante des Américains dans
la guerre d'Indochine). L'impérialisme US se lance dans une
course effrénée aux armements, se prépare
à attaquer de l'intérieur comme de l'extérieur
les démocraties populaires et l'U.R.S.S., il menace gravement
la paix mondiale car il est le PRINCIPAL FAUTEUR DE GUERRE dans le
monde.
(1) Ainsi l'opposition U.S. à
la dénazification de l'Allemagne, à la
décartellisation, et leurs prêts énormes
pour renflouer les capitalistes Ouest-Allemands avant
même l'aide Marshall.
(2) Tous les
délégués des démocraties
populaires à la Conférence expliquent comment
la réaction dans leur pays est encouragée et
financée par les Américains pour tenter de
renverser les gouvernements populaires.
|
La ligne du Mouvement Communiste International doit
être adaptée à cette nouvelle situation où
toute lutte progressiste dans le monde se heurte rapidement à
l'impérialisme U.S. (directement ou par personne
interposée), au nouveau GENDARME DES PEUPLES.
L'impérialisme US et ses agents sont l'ennemi PRINCIPAL contre
lequel le bloc révolutionnaire et progressiste doit porter
PRINCIPALEMENT ses coups. Cela signifie défendre et renforcer
le camp socialiste, l'URSS et les démocraties populaires ;
dans les pays capitalistes avancés balayer la bourgeoisie qui
se vend aux américains (d'où à ce moment le
thème de l'indépendance nationale) ; accomplir la
révolution nationale anti-impérialiste et
anti-féodale dans les pays coloniaux.
Bref il s'agit de constituer un nouveau
FRONT UNI MONDIAL cette fois dirigé contre
l'impérialisme U.S., composé par l'U.R.S.S., les
Démocraties Populaires, les prolétariats et les
alliés des pays capitalistes avancés, les peuples des
pays dominés et TOUS ceux que l'on peut rallier contre
l'impérialisme US, même en ayant des contradictions
secondaires avec eux. (1)
La politique nouvelle du Mouvement
Communiste International peut être résumée par
les mots d'ordre qui servent de titre au bulletin du KOMINFORM
:
POUR UNE PAIX
DURABLE, POUR UNE DÉMOCRATIE POPULAIRE !
Pour une paix durable : mettre en échec
l'Impérialisme US en contrecarrant tous ses plans de guerre y
compris par la force (ce qui va bientôt se passer en
Corée).
Pour une démocratie populaire : faire la
Révolution dans le Maximum de pays et agrandir ainsi le Camp
Socialiste.
Telle était l'essentiel de l'analyse faite
par la direction Bolchévique qui sera reprise et
développée par les camarades Chinois quand
éclateront OUVERTEMENT les contradictions avec les
révisionnistes kroutchéviens. (Propositions pour la
ligne générale du MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL
connues sous le nom de " Lettre en 25 points ")
(1) Jdanov dit dans son intervention
de clôture : " La ligne de résistance contre
les anglo-américains dans les différents pays
ne passe pas par les mêmes endroits que celle contre
les allemands. Cela reviendrait à schématiser.
Notre nouveau programme, clair et sincère, NOUS
AMÈNERA D'AUTRES ALLIÉS QUI REMPLACERONT CEUX
QUI NOUS ONT QUITTÉS "
|
Le PCF et le PCI AU BANC DES
ACCUSÉS.
|
Or à cette époque se développe
une grave déviation dans le Mouvement Communiste International
dont sont responsables un certain nombre de dirigeants nationaux
Communistes, particulièrement Browder aux U.S.A., Thorez en
France, Togliatti en Italie. Seul le P.C. Français et le P.C.
Italien sont représentés à la Conférence
comme déviationnistes et ils sont les accusés de ce
Procès anti-révisionniste qu'est pour une grande part
la Conférence ; mais à travers eux sont visés
TOUS les Partis qui commettent ce type de déviations
d'ailleurs souvent sous leur influence. Le
délégué Yougoslave Kardelj le précise
bien au début de son intervention :
- " Il s'agit d'un phénomène répandu dans
bon nombre de Partis Communistes, grâce d'ailleurs à
l'influence de français et des Italiens. Les erreurs de ces
derniers ont une influence au sein d'autres Partis en Europe. (…)
Il n'est pas exagéré de dire que dans le mouvement
ouvrier international il y a UNE TENDANCE A LA RÉVISION DU
MARXISME-LÉNINISME, à une déviation.
Phénomène du Browderisme aux USA
(1) (…) "
Depuis la 2è guerre mondiale le P.C.F. et le
P.C.I. se sont trouvés dans des situations comparables et ont
eu à peu près la même politique, les MÊMES
DÉVIATIONS.
1°) PENDANT LA RÉSISTANCE :
Organisation de la lutte armée contre l'occupant
(Partisans), Front Uni National avec tous les antifascistes y compris
les bourgeois. Ce qui était juste. Mais INCAPACITÉ
d'avoir la DIRECTION EFFECTIVE du Front Uni National : en France par
exemple les communistes représentent l'écrasante
majorité des forces de la lutte politique et armée
contre les Nazis mais ils laissent Bidault, agent de De Gaulle et des
Anglais occuper la présidence du Conseil National de la
Résistance.
INCAPACITÉ aussi de faire de la Résistance
intérieure l'élément DÉTERMINANT de la
victoire militaire sur les fascistes. En France comme en Italie les
Partisans ont joué un rôle ÉNORME dans la
Libération mais ils n'ont été qu'une importante
force d'appoint au débarquement anglo-US.
(1) BROWDERISME : Browder
était à la direction du Parti Communiste
Américain. Dés les années 35 il
développa des thèses révisionnistes,
faisant l'apologie de la démocratie bourgeoise ;
après la guerre il prétend que l'URSS et le
camp révolutionnaire doivent poursuivre
l'unité avec l'impérialisme américain
et prône sur le plan intérieur la collaboration
totale avec l'impérialisme U.S. Le
révisionnisme de Browder menaça le Parti
Communiste Américain de pure et simple liquidation.
Il fut combattu par W.Z. Foster. (c.f. Plus loin)
|
2°) A LA LIBÉRATION :
Le PCF et le PCI ont une grande
popularité dans les masses mais ils n'ont pas du tout
démasqué les agents doubles du genre de Gaulle. Au lieu
de maintenir et de faire évoluer le rapport de forces en leur
faveur ils capitulent devant les exigences de la bourgeoisie et
tombent dans toutes leurs manœuvres. Ils acceptent la dissolution des
milices populaires, ordonnent de rendre les armes détenues par
le peuple à la bourgeoisie contre des strapontins
ministériels au gouvernement. Dans ces gouvernements les
postes clés sont détenus par les Partis
social-démocrates et bourgeois " nouveaux " (MRP en France,
Démocratie Chrétienne en Italie). L'administration
bourgeoise a été entièrement
réédifiée, l'armée épurée
de la plupart des éléments progressistes issus de la
Résistance et reprise en main par la bourgeoisie. Dans ces
conditions les communistes au gouvernement n'ont que très peu
de poids et SURTOUT leur politique de concession sur concession
à la réaction les isole de plus en plus du peuple. La
bourgeoisie les tolère car leur politique de " Retroussez vos
manches " revient à la reconstruction de l'économie
capitaliste AU SEUL PROFIT de la bourgeoisie ; malgré les plus
honteuses concessions du PCF (comme le vote des crédits
militaires pour l'Indochine en mars 1947 par les ministres
communistes : Thorez dit qu' " il n'y a pas lieu de rompre la
solidarité ministérielle " ( !) " le PCF est finalement
chassé du gouvernement en mai 1947. Au moment de la
conférence le PCI est encore au gouvernement mais il ne fait
pas de doute qu'il va lui arriver la même chose.
Au moment de la conférence la
situation du PCF et du PCI n'est donc pas brillante ; Longo et Duclos
ont quelque peine à camoufler que le bilan de la ligne
politique de leurs Partis est UN BILAN DE FAILLITE.
L'intervention de Duclos qui est la seule
reproduite par Reale (1) est très
embarrassée car il s'attend à des sérieuses
critiques.
Ces critiques pleuvent à partir du
3è jour de la Conférence de la part de tous les
délégués sauf les Polonais. Nous ne reproduisons
ici que 4 interventions principales dont 2 faites par les
Yougoslaves. La justesse et la portée de leurs critiques peut
étonner vue leur propre dégénérescence
révisionniste apparue au grand jour dès 1948. Nous
étudierons ce problème dans la seconde partie de ce
texte.
MAIS IL NE FAUT pas OUBLIER que les
Soviétiques ont été à L'INITIATIVE de la
Conférence et en particulier de la critique.
(1) Reale n'a pas reproduit les
interventions des Italiens. Quand on parle des interventions
reproduites par Reale que nous publions il ne s'agit pas du
texte INTÉGRAL mais des NOTES prises par Reale, mais
qui sont très détaillées.
|
LES INTERVENTIONS DE
CRITIQUE
1°) 24 septembre : Intervention d'Edward Kardelj.
(1)
- (…) " Il s'agit d'un phénomène répandu
dans bon nombre de Partis Communiste, grâce d'ailleurs
à l'influence des Français et des Italiens. Les
erreurs de ces derniers ont une influence au sein d'autres Partis
en Europe. Après la guerre, collaboration temporaire avec
les PC. Les Fronts Nationaux ont été
constitués sur la base paritaire ; les PC étaient
trop faibles pour prendre le pouvoir. Nous pensons que les P.C.
ont bien fait de prendre part aux coalitions. Mais une telle
situation ne peut s'éterniser.
- Les communistes, représentants de la classe
ouvrière ne peuvent cohabiter longtemps avec les
représentants de la bourgeoisie réactionnaire et
avec la Social-Démocratie. L'une et l'autre sont encore
assez fortes mais ni l'une ni l'autre ne peuvent prendre le
pouvoir à elles seules. Dans cette lutte le vainqueur est
celui qui mène le combat avec la plus grande hardiesse, qui
a les vues les plus claires, qui conserve le moins d'illusions sur
les coalitions parlementaires, qui dans la lutte pour obtenir la
majorité au sein des masses réussit à
l'emporter et prendre le pouvoir.
- Le marxisme-léninisme et le mouvement
ouvrier nous l'enseignent. Si les Partis Ouvriers se noient dans
le parlementarisme, tout est fini. Nous en avons eu la preuve
dès après la première guerre mondiale. Il
n'est pas exagéré de dire que dans le mouvement
ouvrier international il y a eu une tendance à la
révision du marxisme-léninisme, à la
déviation. Phénomène du Browderisme aux
U.S.A. ; le système impérialiste s'est affaibli
à la suite de la guerre anti-fasciste. Après la
guerre certains communistes ont pensé qu'allait s'ouvrir
une période pacifique, parlementaire, d'apaisement de la
lutte de classe. Déviation vers l'opportunisme et le
parlementarisme. Erreurs dans la politique du Parti
Français et du Parti Italien ainsi que dans d'autres
Partis. Erreurs de tactique du Comité Central du Parti
Italien. Les communistes italiens n'ont pas compris que
l'impérialisme s'était affaibli. Forme
légale, pacifique de la prise du pouvoir. Le 1er septembre
1947 Togliatti affirmait : " Nous avons prévu la
transformation de notre pays ". Erreurs de l'autre après
guerre. Développement pacifique du Socialisme par les
manœuvres parlementaires. Je ne nie rien de tout cela. Marx,
Engels, Lénine, Staline admettaient une telle
possibilité. Mais cela est l'affaire des pays de l'Est tels
que la Pologne et la Bulgarie où le rôle dirigeant
appartient aux Partis Communistes avec des positions bien solides
acquises pendant la lutte armée. Gomulka a signalé
cela. Mais les choses vont différemment dans les pays
où la bourgeoisie détient encore les positions
clés. Dans la lettre du Comité Central du 16
Août 1947 (2) nous pouvons lire : "
Nombre de camarades ont eu l'illusion que…etc… ". Le Comité
Central critique de telles illusions ; mais dans cette lettre il
est question de la confiance, qui, si elle n'était pas de
mise à l'époque, pouvait l'être dans d'autres
conditions. Togliatti a affirmé le 27 septembre 1946 : "
Les Partis sont la démocratie qui s'organise. Les grands
partis sont pour nous une garantie de liberté. "
(1) KARDELJ : membre du B.P. du PC
Yougoslave. Solidaire de Tito lors de la condamnation du
révisionnisme titiste par le Kominform. Est toujours
dirigeant.
(2) Lettre -résolution du CC
du P.C.I. .
|
- J'estime beaucoup Togliatti mais je ne suis pas
d'accord avec lui. Avec ses illusions en ce qui concerne notamment
un Parti comme celui de De Gaspari (1) . Si
les communistes ne mettent pas à profit ces coalitions pour
prendre le Pouvoir ils finissent par être isolé. La
bourgeoisie était faible. Elle voulait le Front Populaire,
le bloc des Partis. Mais il fallait profiter de ces conditions de
faiblesse de la bourgeoisie, s'emparer des positions clés.
Je ne crois pas me tromper en affirmant que la conception que le
PCI avait de la coalition est à la base même de sa
défaite.
- Le 1er Septembre dernier Togliatti affirmait : "
les perspectives restent valables dans des conditions
déterminées ". Prenons l'exemple de Saragat.
(2) Le PCI luttait avec acharnement contre
Saragat. Mais à présent il a décider de
collaborer avec Saragat au sein de la coalition des Partis de
gauche. Saragat n'est pas au gouvernement mais il voudrait y
entrer. Or le P.C.I. considère cela comme un fait positif.
Les communistes italiens sous estiment le fait que Saragat
constitue la réserve de l'Impérialisme US. Je crois
que le PCI sous estime aussi la possibilité que Nenni
prenne des positions plus avancées.(2)
La politique du PCI à l'égard des Socialistes est
juste. Mais il se peut qu'à un moment donné ce bloc
se révèle insuffisamment
solide.(3). Nos camarades italiens
affirmaient que le gouvernement constitué par la coalition
des communistes avec le Parti de Gaspari était un
début de Démocratie Populaire. Togliatti : " Lorsque
Tito affirme qu'en Italie il serait facile de se
débarrasser d'un tel gouvernement il se trompe.
L'évolution atteindra son point culminant le 2 Juin
(4) ". Les communistes italiens affirmaient
que De Gaspari était un homme honnête et que son
Parti était un Parti de masse et ont omis de
démasquer ce dernier comme un Parti à la solde du
Vatican. Or à ce moment là le complot qui tendait
à leur exclusion était déjà on cours
d'exécution. Le 27 Mai Togliatti exprimait ses regrets de
ne pas pouvoir disposer de conditions comparables à celles
des camarades français et louait De Gaulle en termes
enthousiastes . Or la démocratie populaire ne commence pas
du tout avec la participation des communistes à un
gouvernement bourgeois. Peut on affirmer que le P.C.F. et le
P.C.I. se soient emparés de positions clés ? Pas du
tout. Par leur théorie sur la démocratie populaire
ils n'ont réussi qu'à désarmer les masses.
Mots d'ordre de politique nationale et du rôle national du
Parti Communiste. Certes aucun Parti ne peut être
qualifié de national à l'égal du Parti
Communiste. Mais une chose est le Parti national autre chose le
nationalisme.
- Le P.C.I. a compris trop tard le
véritable sens de la politique américaine.
D'où le mot d'ordre; " Ni Londres, ni Washington ni Moscou
" . (5) Il est pourtant clair que sans Moscou
il n'est pas de liberté, il n'est pas
d'indépendance.
- Le mot d'ordre du P.C.I. qui a eu vraiment du succès
est celui de la défense de l'unité nationale .
L'Italie du Nord est plus avancée. Nous avons
critiqué cotte position des camarades italiens dès
1944. Ils affirmaient qu'il fallait freiner l'évolution
révolutionnaire dans le Word pour éviter la rupture
avec le Sud.
(1) Le Parti
Démocrate-Chrétien.
(2) SARAGAT, NENNI : chefs de groupes
social-démocrates issus de la 1ère scission du
Parti Social-Démocrate Italien.
(3) Le bloc gouvernemental auquel
participe le PCI. avec la Social-Démocratie.
(4) C'est à dire les
élections.
(5) Le P.C.F. a lancé aussi ce
mot d'ordre jusqu'en 1947 : "Contre la politique des
blocs...". L'impérialisme anglais a été
dénoncé assez tôt dans l'Humanité
mais l'impérialisme Américain a
bénéficié jusqu'en 1947 de silence et
d'indulgence.
|
- A la question le savoir ce qui se serait passé si le
P.C. avait provoqué l'insurrection, Togliatti avait
répondu que les communistes auraient pris le pouvoir dans
une partie seulement du pays et que l'Italie aurait ainsi perdu
son unité, sa liberté, son indépendance. Et
plus loin "L'unité nationale était menacée,
nous l'avons sauvée. Et c'est là le plus grand
succès remporté par notre Parti". Le Parti a donc
rendu les armes et perdu toutes ses positions. Le P.C.I, est
responsable de tout cela. Mais cela est la conséquence de
la politique pratiquée par le P.C.I. pendant la guerre.
Nous étions en rapports avec les camarades italiens.
Pendant la guerre le P.C.I. disposait d'un prolétariat dont
la combativité n'avait pas d'égale dans les autres
pays d'Europe. Nous avons invité les camarades italiens
à étudier notre expérience ; nous avions
libéré la moitié du territoire, nous avions
une armée. Mais les camarades italiens ne voulurent imiter
notre expérience, prendre le chemin de l'insurrection. Le
P.C.I. a commis des erreurs plus graves que le P.C.F. Tous nos
arguments ont été inutiles, nous avons
discuté sans résultat, pendant, avant et
après la guerre.
- Lutte pour la conquête de la
majorité. Dans ce domaine il arrive que l'on soit
aveuglé par les questions secondaires et que l'on ne voie
pas le principal. La fore du Parti n'est pas seulement dans le
nombre des suffrages. Il faut ajouter les grèves politiques
et les autres formes de lutte. Il ne faut pas avoir peur
même de recourir aux moyens extrêmes. Les masses ne
marchent pas seulement d'après les mots d'ordre, il leur
faut aussi des exemples. Un Parti qui compte des millions
d'adhérents peut perdre la bataille, tandis qu'un petit
Parti peut réussir à entraîner les masses. On
entend dire souvent par les dirigeants du PCF et du PCI que les
communistes ne se laissent pas prendre aux provocations, que l'on
ne parviendra pas à les pousser dans la voie de
l'illégalité. Dans la lettre que je viens de vous
citer le P.C.I. parle d'organiser des manifestations mais
recommande la prudence, ne pas provoquer des incidents. Il y est
dit en outre : "Nous devons tendre à un gouvernement de
toutes les forces de gauche avec la Démocratie
Chrétienne". C'est logique et il est juste que les
communistes italiens luttent pour participer au gouvernement, mais
ils n'y parviendrons pas par de tels moyens. La politique du
P.C.F. décourage les masses. Elle est fondée sur
l'incertitude.
- Un Journal italien affirmait que le discours de
Thorez trahissait la nostalgie du gouvernement. Les communistes
français et italiens justifient leur politique par le
désir de ne pas perdre l'adhésion des masses.
Malenkov a mis en lumière la politique des Bolcheviques qui
ont su lutter contre le courant. Sous le prétexte de ne pas
perdre le contact avec les masses on commet les pires erreurs.
- Problèmes grec. Souvent les Italiens,
ainsi que d'autres affirment que les alliés voudraient
faire de leur pays une nouvelle Grèce, créer une
situation comparable à celle de la Grèce. Les
Américains ne désirent nullement une situation
analogue à celle de la Grèce. Cela menacerait leurs
positions. De l'avis de notre C.C. la situation le la Grèce
est bien meilleure que celle de l'Italie et de la France. Tandis
que les communistes grecs passent a la contre offensive, les
communistes français et italiens sont écrasés
par le gouvernement, ils reculent. Les impérialistes
italiens et français font de leurs pays des vassaux de
l'Amérique. Le C.C. (1) souhaiterait
une situation analogue à celle de la Grèce tant en
France qu'en Italie, cela porterait un coup, sérieux
à l'impérialisme anglo-U.S. .
- Briser l'offensive impérialiste. Nous n'entendons pas
conseiller aux Français et aux Italiens de suivre l'exemple
des Grecs : nous voulons seulement leur faire remarquer que leur
point de vue sur la Grèce est en accord avec leur
opportunisme en matière de politique intérieure.
(1) Il s'agit du Parti Communiste
Yougoslave.
|
- Les dirigeants du Parti Français et du Parti Italien
portent une grande responsabilité devant leur propre pays.
Ces partis ne soutiennent point la lutte pour la libération
de la Grèce; ils estiment que la partie est
déjà perdue et qu'elle sera liquidée
bientôt. La Yougoslavie, l'Albanie et la Bulgarie subissent
l'attaque impérialiste par suite de la situation en
Grèce. Si nous voyons dans la Grèce une des causes
de l'humanité progressiste, si nous mobilisons l'opinion
pour la défense de la Grèce, nous
élèverions une barrière importante devant
l'intervention U.S. L'un L'un des résultats de cette
conférence devrait être le développement de
l'aide à la Grèce.
- Les partis français et italiens n'ont pas
encore de perspective bien nettes. Ils participent à la
lutte pour la reconstruction industrielle, pour les prix, pour
résoudre les difficultés économiques.
(1) Je ne suis pas bien au courant. Mais je
crois que dans les conditions du Capitalisme les Partis ne doivent
pas appliquer pareille tactique. Un PC ne peut pas prendre une
telle position à l'égard d'un gouvernement qui fait
du pays un vassal de l'Amérique. C'est la voie de
l'opportunisme, du parlementarisme. L'opposition dans ces
conditions n'est plus q'une opposition de forme. Il n'est pas
possible de ramener toute la politique à la simple lutte
parlementaire. Pourquoi contribuer à l'amélioration
de la situation économique d'un gouvernement que l'on se
propose de renverser ? "
(1) C'est la fameuse politique de
Thorez en France : " Retroussez vos manches ".
|
2°) INTERVENTION DE FARKAS : (1)
( texte complet des notes )
- " La force d'un Parti ne réside nullement dans le
nombre de ses membres mais dans ses contacts avec las masses, dans
l'héroïsme de ses membres et dans leur
préparation idéologique. Théorie du pont
entre l'Orient et l'Occident, entre peuples libres et
démocratiques d'un côté et peuples
impérialiste de l'autre.
- Critiques au P.C. F. . La France n'est plus une
grande Nation comme le prétend Duclos. Pourquoi ce qui a
été affirmé ici par Duclos n'a-t-il pas
été dit à Strasbourg (2)
? Peut-être le P.C.F. ne voulait il pas rompre
définitivement avec Ramadier et avec Blum pour pouvoir
aller de nouveau au gouvernement avec eux ?
- Si les Communistes français s'étaient
adressés directement et avec, force au peuple, Ramadier
n'aurait pas osé les chasser. Quelques mots sur l'Italie.
Longo a parlé d'une collaboration éventuelle avec De
Gaspari en affirmant que l'on ne pouvait constituer de
gouvernement sans les Démocrates Chrétiens. Je
voudrais que Longo, magnifique exemple de militant communiste ne
se formalise pas, mais c'est là du crétinisme
parlementaire.
- On peut toujours opposer les masses à la
majorité parlementaire. On pourrait constituer un
gouvernement de minorité, lequel dissoudrait le Parlement.
Le P.C.I. est hypnotisé par la puissance numérique
de la Démocratie Chrétienne. Chez nous les Paysans
représentaient les 57% et nous n'étions que les 17%.
Après une lutte qui a duré deux ans nous avions
renversé la situation et brisé le Parti adverse. Il
ne faut pas sous estimer nos propres forces.
(3)
- Le problème de l'Allemagne est
très grave. Tous les Allemands ne sont pas d'accord avec
les Américains. Il faut soutenir les forces
démocratiques et parlementaires. Lorsque nous avons
dénoncé le complot (4) nous
avons dit que les Américains ne donnaient de l'argent
qu'à ceux qui arrachaient la terre aux paysans. Mot d'ordre
: " On ne saurait mettre l'indépendance nationale à
l'encan."
- La dissolution du Komintern était
indispensable et elle était utile. On ne s'apercevait pas
des différences des situations nationales, on travaillait
sur des bases uniformes. Mais nous ne pouvons nous passer des
expériences des autres pays, sans cela nous risquerions de
sombrer dans l'opportunisme et dans une politique aveugle. Nous
autres communistes hongrois avons demandé conseil à
Staline, à Tito et à Dimitrov et ceux-ci nous ont
conseillés. Il faut que nous organisions des rapports
internationaux réguliers. Voilà un an que Rakosi
l'avait proposé. Action coordonnée contre
l'Impérialisme anglo-U.S. "
(1) FARKAS : vieux militant hongrois,
à la direction du Parti avec Rakosi. Evincé de
la direction du Parti et emprisonné par Kadar avec la
"destalinisation" consécutive à 1956.
(2) STRASBOURG : le XIe
Congrès du P.C.F. s'y est tenu en JUIN 47. Les
interventions étaient un festival d'autosatisfaction
et d'optimisme de façade, malgré la faillite
totale de la ligne du P.C.F. qui vient d'être
chassé du gouvernement. Dans sa 1ère
intervention à la Conférence Duclos, craignant
la critique est plus prudent.
(3) II s'agit du Parti Paysan
Hongrois manipulé par la bourgeoisie et
1'impérialisme U.S. .Les % sont ceux des
élections de 45.
(4) Le chantage à l'aide
américaine (plan Marshall) fait par les Partis
bourgeois.
|
3°) INTERVENTION DE DJILAS : (1)
- (...) " Le fait essentiel de l'évolution
internationale est la volonté des Américains de
dominer les peuples; cela constitue pour les peuples
affamés un danger peut-être plus grand que le
fascisme lui-même. Il semble que tous les Partis ne s'en
rendent pas compte, ils ne misent que sur le jeu parlementaire.
- Ils n'ont pas su profiter de la période
insurrectionnelle. (2) Leurs gouvernements
ont jeté leurs pays en pâture à
l'impérialisme U.S. . Le P.C.F. est sorti le plus fort; les
socialistes, sous l'emprise américaine ont fomenté
une conjuration et ont chassés les communistes du
gouvernement. II en a été de même en Belgique
et en Italie. La presse bourgeoise elle-même a cité
le fait. Seuls les communistes n'ont pas compris. Cela s'explique
par la politique des socialistes à l'égard de la
classe ouvrière et par la politique de guerre en Indochine.
Les communistes ont été chassés parce-qu'ils
l'ont bien voulu ..."
- DUCLOS : " Ce n'est pas vrai."
- DJILAS : " Les communistes français ont
été chassés parce que les
impérialistes américains l'ont exigé. Les
grèves en France (3) n'ont pas du tout
le caractère d'une Lutte en faveur du retour des
communistes au pouvoir.
- L'Humanité affirmait que la responsabilité des
grèves retombait sur le gouvernement. Les communistes
affirmaient que les grèves avaient des cause
économiques. Ramadier a en partie satisfait les
revendications ouvrières et les grèves ont
cessé. Il faut se souvenir qu'au Congrès de
Strasbourg Thorez qualifiait le P.C.F. de "Parti de gouvernement"
bien que le Parti ne fût plus au gouvernement.
- L'attitude du P.C.F. après son exclusion
n'est nullement fortuite, elle a une histoire. Le P.C. F. a
constitué des blocs de toute sorte, mais pas toujours sur
la base de la lutte armée, de la Résistance, d'une
insurrection qui viendrait au moment opportun, au moment où
toute la Nation y compris la bourgeoisie serait prête. Cela
a permis à Bidault d'occuper la présidence, comme au
Mihailovitch français De Gaulle de devenir le sauveur de la
patrie. Le P.C.F. n'a pas fait l'insurrection. Ils se sont
laissés influencer par des opportunistes, des capitalistes,
par ceux qui attendaient les Anglais, qui affirmaient que les
Allemands étaient encore forts. (4)
Les politiciens tarés et corrompus ont eu gain de cause. Il
aurait fallu réfléchir sur tout ce que nous avons
appris de Lénine et de Staline, autrement dit que la guerre
de l'U.R.S.S. est une lutte prolongée. En dépit de
l'héroïque lutte des Partisans français; le
P.C.F. n'a pas fait son devoir à l'égard de la
Nation française.
(1) MILOVAN DJILAS : A ce moment
jeune dirigeant du parti yougoslave. Devenu avec Tito chef
de file du révisionnisme yougoslave, il a
surpassé son maître en proposant de remplacer
le Parti Communiste par plusieurs Partis de type
Social-démocrate. Mis à l'écart par les
titistes il est devenu aujourd'hui totalement bourgeois.
(2) C'est à dire 1944, la
période de la Libération.
(3) Les grèves de juin 47
commencées par la grande grève des mineurs. Le
PCF y eut une attitude ambiguë. Il n'osa pas donner
tout son sens politique au mouvement (faire sauter le
gouvernement Ramadier dont il venait d'être
évincé). En de nombreux endroits les militants
du P.C.F. donnèrent aux grèves un
caractère très combatif et même
pré-insurrectionnel (c.f. prise de la gare de
Limoges, les armes déterrées…) Mais il semble
que la direction ait étouffé ces "
débordements " tandis que les masses
découragées par la politique du PCF au
gouvernement ne se soient pas mobilisées autant
qu'elles auraient pu l'être. Finalement ce fut un
échec.
(4) Il s'agit des réseaux de "
Résistance " gaullistes et bourgeois.
|
- Après la guerre, le PCF a fait des concessions
successives à la réaction, il a permis la
dissolution des forces de Résistance, l'exclusion des
Partisans des milices, etc… Le PCF espérait prendre le
pouvoir au moyen des élections. Il était ainsi
poussé sur le chemin de l'attente et de la
passivité. Comment le PCF explique-t-il cette attitude ? Il
dit qu'il ne pouvait rien faire avant que la guerre contre les
Allemands fut terminée afin de ne pas compromettre les
rapports entre les Russes et les Américains. De Gaulle,
sous prétexte de mettre de l'ordre dans l'armée a
exclu les vrais combattants de la lutte contre l'Allemagne. Lutte
de toute la Nation contre l'Allemagne. Moyens exclusivement
parlementaires. Le deuxième argument est ridicule. Ce qui
aurait apporté le soutien le plus efficace à l'URSS
aurait été une action pour réduire
l'influence américaine sur le peuple. Pendant la guerre
contre les Allemands les Grecs n'ont pas hésité
à s'opposer aux Anglais. Nous autres Yougoslaves n'avons
jamais permis que les Anglo-Américains aient une influence
déterminante. Les communistes français sont devenus
de piètres représentants de la politique de l'URSS
devant le peuple français pourtant combatif.
- La Constitution française
(1) que les communistes comme les socialistes
ont soutenu au cours du Référendum, était
impopulaire, ce n'était pas une bonne Constitution. Les
communistes l'ont votée par crainte d'être
isolés, tandis que les socialistes ont essayé de la
faire rejeter au moment du Référendum. Nos camarades
ont été victimes de la machine électorale
dans laquelle ils ont cru aveuglément. Une autre
constitution a été faite ensuite et les communistes
l'ont acceptée sous prétexte qu'il fallait en finir
avec le provisoire.
- Les communistes ont continué
d'accroître leurs effectifs et son devenus le Parti le plus
fort, mais les événements ne se sont pas
déroulés selon leurs prévisions.
L'impérialisme US devenait toujours plus puissant, les
guerres coloniales s'aggravaient ; pour obtenir l'aide US, la
bourgeoisie a commencé à marchander avec les USA.
Les communistes exclus du gouvernement ont été les
premières victimes. Bevin, Bidault
(2), etc... savaient fort bien que les
communistes n'auraient pas abandonné le terrain
parlementaire sur lequel la réaction a réussi
à constituer une majorité contre eux. Les
communistes français ont toujours affirmé qu'ils
n'auraient jamais quitté le terrain de la
légalité. Tout le travail de leur Parti était
fondé sur cette affirmation.
- Aucun ordre, aucune discipline. N'importe qui
peut entrer dans ce Parti. En 46 les effectifs atteignaient le
million. En 47, 800.000. Où sont passés les autres ?
Il n'y a pas eu d'épuration. Le mot d'ordre : augmenter les
effectifs. Il s'agit d'une ligne politique et idéologique.
De nombreux membres du Parti ne se considèrent tenus par
aucune obligation. La réaction avait fort bien vu que si la
direction du Parti avait fait la moindre tentative, la masse des
adhérant n'aurait pas suivi. Les camarades français
auraient du savoir que les Américains agissaient en vue de
la domination mondiale et qu'ils auraient tout fait pour chasser
les communistes du gouvernement.
- Les communistes français auraient du
savoir que la bourgeoisie est au pouvoir, que le Parlement est un
instrument de ce pouvoir. Ils auraient du préparer le Parti
à affronter une telle situation. Ils ne l'ont pas fait.
L'ennemi en a profité.
(1) Constitution de 46 rejetée
au 1er référendum de mai 46.
(2) Ministres des affaires
étrangères anglais et français.
|
- La politique pratiquée à l'égard des
socialistes n'est pas juste. Elle n'a apporté aucun
avantage. Blum était d'accord pour un Comité
d'entente (1)
- Il y eut des discussions, mais il n'y a plus ni Comité
ni discussions. Les communistes français perdent leur temps
en discussions aux échelons élevés mais ils
n'ont rien fait à la base. Les ouvriers ont pensé
qu'il était possible d'aboutir à un accord avec
Blum.
- Au Congrès de Strasbourg Duclos s'est
exprime en misant sur un recul possible des socialistes lors des
élections. Si les socialistes ne veulent pas que leur Parti
perde des voix ils devront marcher avec les communistes. On dirait
que Duclos pense que dans la situation présente tellement
difficile pour le capitalisme français, Blum songe plus
à son Parti qu'aux intérêts de la bourgeoisie.
L'identité n'est pas possible entre Blum et les
intérêts de la classe ouvrière.
- La politique du PCF à l'égard de
De Gaulle n'est pas très claire. A Strasbourg, Thorez a
critiqué De Gaulle, mais cela ne l'a pas
empêché de souligner ses mérites pendant la
guerre. C'est pourtant faux. De Gaulle n'a rien fait, c'est un
agent de Churchill, en accord avec l'Intelligence Service, il a
organisé des groupes qui ont entravé l'action des
Francs Tireurs. Quelle différence avec Mihailovitch et avec
Anders (2) ? Pourquoi ne pas dire la
vérité aux Français, pourquoi faire de De
Gaulle un héros national ? S'isoler des masses ? De quelles
masses ? Certainement pas de la classe ouvrière, laquelle
ne saurait être avec De Gaulle. Les communistes
français sous estiment le danger de De Gaulle. Si un jour,
Blum et Ramadier n'étaient plus utilisables, voilà
De Gaulle tout prêt.
- Politique coloniale. Le 23 Juin le P.C.F. affirmait que l'on
devait avoir une attitude démocratique à
l'égard des colonies. Dans les Cahiers du Communisme
Lozeray affirmait en 45 que la condition pour résoudre le
problème colonial était une extension de la
Démocratie et Fajon (3) . . .
- Les perspectives du PCF sont loin d'être
claires. Le Congrès n'a rien apporté sur ce point,
il n'a été qu'une manifestation. Où aller ?
Un membre du PCF ne sait que faire. Sur la politique
étrangère Thorez s'est exprimé en ces termes
: " La solution du problème allemand garantirait la
sécurité, l'entente avec toutes les nations et
d'abord l'Angleterre, l'Amérique et l'URSS. L'union
franco-soviétique est la meilleure garantie contre le
danger allemand, etc. " De tels propos pouvaient être tenus
pendant la guerre. Mais aujourd'hui l'impérialisme US est
à la tête d'une nouvelle croisade contre l'URSS ;
mettre sur le même plan les Anglais et les Russes peut
induire en erreur le Français moyen, lui dissimuler les
vrais amis et les véritables ennemis. Lorsque je parle des
erreurs des communistes français j'entends qu'ils devraient
s'occuper de rectifier la ligne, laquelle ne correspond plus
à la réalité de la situation internationale.
Revoir leur travail, leurs erreurs et ensuite mobiliser le Parti
avec la plus grande énergie. Ce n'est pas trop tard. Sous
la conduite du PCF, la classe ouvrière pourra se battre et
gagner la partie. (…) "
(1) Comité de discussions au
sommet formé par le PCF et la SFIO fin 44 en vue de
la fusion organique des deux partis en un " Parti Ouvrier
Français " qui aurait été la
réunification sur le plan politique du mouvement
ouvrier français après la réunification
syndicale de 44. L'échec fut rapide.
(2) Mihailovitch : chef du
gouvernement yougoslave en exil à Londres. Agent des
anglais.
(3) Fajon a fait un rapport sur la
question coloniale à Strasbourg sous le titre "Pour
une véritable Union Française "... Sur la
politique coloniale du P.C.F. à cette époque
voir article dans Ligne Rouge n°6 Sept.69.
|
4°) INTERVENTION D'ANNA PAUKER (1)
- (...)"Le P.C.F. avait vu son autorité augmentée
lors de l'affaire de Munich. Pourtant son attitude à ce
moment là n'a pas été très claire,
elle l'est devenue ensuite. Même observation en ce qui
concerne son attitude à l'égard de l'U.R.S.S. .(...)
- "S'ils avaient su provoquer un sursaut du peuple, les Partis
Français et Italien auraient pu soulever la colère
et l'indignation contre les agresseurs. En France comme en Italie
les américains se comportent comme des occupants. La
petite-bourgeoisie elle-même, dont le P.C.F. se
préoccupe un peu trop, voit que l'Amérique veut
étouffer la France politiquement et économiquement.
Il y a là de quoi armer le peuple contre les
Américains. Le peuple français hait les quisling.
Mais que fait donc Ramadier ? Il fait un travail de Judas. C'est
cela qu'il faut montrer au peuple français. Faut il
attendre les élections ? AU contraire il faut
démasquer cet homme, démasquer ce gouvernement.
Duclos a affirmé que Guy Mollet emploie les mêmes
arguments que les communistes. (2) Mais en ce
qui concerne le plan Marshall Guy Mollet a exprimé son
approbation. Pourquoi Duclos enjolive t-il la vérité
devant nous ? Il faut attaquer Guy Mollet. L'essentiel est le
point de vue à l'égard du Plan Marshall. Il ne faut
pas faire de pirouettes. Il faut dire non seulement devant le
peuple mais devant la nation toute entière que Guy Mollet
est d'accord avec Blum, qu'il trahit. Peut-être alors une
grande partie des socialistes se dressera contre Guy Mollet et
l'amènera à parler un autre langage. Duclos nous dit
que de Gaulle préparait des troubles, qu'il y a eu des
provocations, que l'on voulait provoquer le Parti. A mon avis, les
Américains et leur valet De Gaulle voient la situation
mieux que nos camarades. Ils voient que les pays d'Europe
Orientale marchent vers le socialisme, que la France pourrait y
aller à son tour, car il existe une réelle
possibilité. Si l'on mobilise la classe ouvrière il
est possible de gagner le peuple. Voyez ce qui se passe en Italie.
Il peut se produire la même chose en France. Il faut
mobiliser le peuple français contre cette grave menace. Le
MRP et bien d'autres sont les valets du capitalisme
Américain et Anglais.
- La lutte ne se ramène pas uniquement
à l'organisation de meetings et de campagnes
électorales. On ne peut se borner à affirmer : "
Nous voulons éviter l'isolement ". Le PC n'est pas un parti
de gouvernement à tout prix. On gouverne lorsque l'on peut
appliquer une politique déterminée. La France et
l'Italie constituent un avertissement pour tous les pays du monde.
Des millions d'hommes ont voté pour le Parti. Au lieu de
les mobiliser et de les convier à la lutte, nous leur
disons : " Nous n'avons pas été chassés, nous
avons quitté le gouvernement de nous-même. " C'est
là le plus sur moyen de démobiliser les masses. Lors
des évènements de Hongrie nous avons mobilisé
le peuple, nous avons dit : " Voyez ce qui se passe ". Si l'on
disait la vérité au peuple français qui a
tant souffert de la trahison des Daladier, des Pétain,
etc., il comprendrait certainement.
(1) ANNA PAUKER : Vieille
militante et dirigeante du Parti Roumain, notamment
chargée de sa réorganisation dans la
clandestinité sous le joug fasciste. " Epurée
" par les révisionnistes roumains après 1956
comme " stalinienne ".
(2) Duclos a présenté
Guy Mollet comme chef d'une " gauche " dans la SFIO, avec
qui le PCF pourrait s'allier.
|
- Longo a affirmé que nous avons besoin de l'aide US
(1) à certaines conditions. Si nous
disons cela au peuple, celui ci pensera : " Si les communistes qui
sont des honnêtes et des courageux disent cela, nous devons
prendre l'argent des Américains. " Nous devons tenir un
autre langage, nous devons dire que nous pouvons nous passer de
l'aide américaine. Lorsque le peuple russe avait faim, les
Russes n'ont pas dit : " Nous avons absolument besoin d'aide. " En
plaçant toute notre confiance dans les forces du peuple,
nous pouvons nous tirer d'affaire dans tous les pays, sans l'aide
américaine. Ce sera plus long, ce sera plus difficile, mais
nous y parviendrons. Mobiliser le peuple : le peuple Yougoslave a
donné des millions d'heures de travail.
- Duclos a affirmé que nous dirons aux
peuples : " Nous voulons l'amitié des Anglais, des
Américains et de l'URSS. Pourquoi les mettre tous ensemble
? Il faut montrer le vrai visage de ces soi-disant alliés.
Dunkerque. (2) La Ruhr
(3) Montrer les chiffres au peuple,
démasquer des alliées qui les exploitent. Dire que
d'autres ont une toute autre attitude. Ainsi le peuple
français saurait qu'il peut compter sur une amitié
qui ne se démentira jamais. Il connaît la force de
l'URSS. Un allié qui est fort et qui de son coté
dispose de bien d'autres alliés, une centaine de millions
d'hommes. Il faut dire clairement qu'il faut se ranger aux
cotés de l'URSS. Si l'impérialisme américain
s'efforce de soumettre la France et l'Italie, il n'est pas encore
trop tard pour consolider le front de la Résistance, pour
appeler à la lutte.
- Il faut reconquérir le terrain perdu.
Nous souhaitons au Parti Français et au Parti Italien
qu'ils acquièrent enfin une vue claire de la situation de
sorte qu'ils puissent progresser. " (...)
(1) Il s'agit du plan Marshall. ( ! )
(2) le rembarquement des troupes
anglaises en 1940.
(3) Les américains et les
anglais ont entravé la prise des réparations
dans la Ruhr prévues par les accords pour la France.
Pendant ce temps ils manœuvrent pour restaurer les Krupp,
Thyssen et Cie…
|
L'AUTOCRITIQUE DE
DUCLOS.
(25 septembre 1947)
|
Au terme de deux jours de débats qui ont eu
pour principal objet la critique des déviations du P.C.F. et
du P.C.I., Duclos et Longo répondent chacun pour leur Parti.
Nous n'avons pas les notes de la seconde intervention de Longo :
d'après Reale il accepta quelques critiques de détail
et se référa au C.C. du P.C.I. pour le reste qui
examinerait le contenu de la Conférence.
Quant à Duclos il paraît qu'il
refusa de parler aux autres délégués dans les
interruptions de la Conférence. Le voilà maintenant ne
sachant pas sur quel pied danser, essayant d'esquiver l'autocritique,
se déballonnant finalement et concédant du bout des
lèvres que le PCF a commis des erreurs.
- "D'accord avec le rapport Jdanov. La situation de
l'après guerre doit retenir notre attention. Nous sommes
d'accord sur l'appréciation du rôle des forces
anglo-américaines et sur la possibilité de mobiliser
les masses contre l'impérialisme. Il est juste de souligner
l'accroissement de l'influence de l'U.R.S.S., en dépit des
campagnes de la réaction. Nos ennemis s'efforcent de
présenter l'U.R.S.S. comme le pays qui veut la guerre :
nous dénoncerons ces calomnies. On nous reproche de ne pas
avoir suffisamment démasqué auprès des masses
le plan Marshall. C'est par défaut de courage que nous
aurions cédé aux menaces de la réaction.
Admettons que l'éloignement des communistes du gouvernement
n'ait pas été un fait de politique intérieure
(prix),mais une conséquence de la pression des
Américains. Mais nous l'avons souligné, bien
qu'insuffisamment. Comment certains aspects de la modification
internationale ont-ils pu nous échapper ? Il ne fait aucun
doute que dès l'instant où les communistes sont
entrés au gouvernement, le plan de la réaction a
été de modifier la situation. Ce que la
réaction n'avait pas pu obtenir de ses seules forces, elle
l'a obtenu avec l'aide des Américains. Il est certain que
nous aurions du faire davantage pour dénoncer la pression
des Américains. (1) Il est tout
à fait compréhensible que nous autres communistes
français soyons le point de mire des critiques, par suite
de la position de la France, pour le mal qu'elle peut faire. Nous
sommes prêts à faire notre profit des critiques. Mais
il est quelque chose que nous ne pouvons pas laisser passer. Il
n'est pas juste en effet de dire que nous avons cédé
sciemment aux pressions de la réaction. Nous ne nous sommes
pas écartés du chemin du devoir en pleine
connaissance de cause. Je dis ces choses avec tout le
sérieux et la gravité que les circonstances
imposent.
- Une autre affirmation : on nous dit que les
Communistes français ont accusé les socialistes de
"glissement à droite"(2).
(1) d'avantage ? : A Strasbourg
Thorez a reproché dans les couloirs du Congrès
d'avoir trop attaqué l'Impérialisme
Américain...
(2) Après leur éviction
du gouvernement le PCF s'est justifié en disant que
le "glissement à droite" du gouvernement Ramadier les
avait contraints à démissionner. Et c'est ce
gouvernement qui avait en Mars aggravé la guerre
d'Indochine.
|
- Nous sommes d'accord que Blum n'a jamais été…
que c'est un serviteur zélé de la bourgeoisie.
(1)
- Le Communisme français n'a pas ménagé
Blum. Thorez l'a pris à partie au Congrès de
Strasbourg sur les prix, sur les positions idéologiques,
sur son gouvernement, (citation) (2). Mais la
formule du glissement à droite utilisée par notre
Parti, l'avait été à propos du gouvernement
Ramadier-Bidault qui allait toujours plus à droite
après l'éloignement des communistes du pouvoir. Nous
aurions du souligner avec plus de force le rôle des
Impérialistes américains.
- Au cours de la dernière période
nous avons accentué les attaques contre la politique
américaine. C'est grâce à nous qu'aujourd'hui,
dans le peuple, des tendances s'élèvent contre
l'Impérialisme américain. Il n'est pas juste de dire
que nous n'avons rien fait. Il fallait faire plus voilà
tout.
- Nous avons dénoncé l'affaire du
blé qui porte le sceau de l'Amérique. Nous avons
attaqué Ramadier, Bidault et le Parti Socialiste. Nous
devons nous de séparer la base des chefs, d'attirer les
militants. Il n'y a aucune contradiction entre les efforts pour
réaliser l'unité d'action et la critique du Parti
Socialiste. AU contraire ce sont là deux aspects d'une
même action.
- Djilas et Pauker. Djilas a affirmé que
nous perdions notre temps en négociations au sommet sans
nous préoccuper de la base. Il est mal renseigné.
Depuis 45 il n'y a plus de négociations au sommet. Le
Comité d!Entente a été créé en
44 et a été dissous en 45 après le
Congrès Socialiste. Quant aux propos que j'ai tenus
à Strasbourg, je n'en ai pas le texte ici. Mais ce
n'était pas à Blum que je m'adressais alors,
c'était aux travailleurs socialistes pour les mettre en
garde contre leurs chefs qui défendait la bourgeoisie et
non leur propre Parti. Quant à Pauker elle n'a pas compris
ou alors je me suis mal exprimé. Si j'ai cité la
résolution de Guy Mollet c'était pour montrer que la
pression des masses pousse des hommes comme Guy Mollet à la
démagogie. On ne peut nous attribuer l'idée de
considérer les militants socialistes comme des
demi-alliés. Mous croyons que les militants socialistes
peuvent être amenés à nous et que nous devons
les aider. Le % ouvrier au sein du Parti Socialiste est en baisse
constante. La résistance de Guy Mollet est du même
ordre que celle de Ramadier. Sans la complicité de Guy
Mollet, Ramadier ne pourrait pas poursuivre sa politique.
- Je veux répondre à la critique de
Jdanov sur notre formule du " Parti de gouvernent ". Comment
peut-on imaginer que nous voulons assumer la responsabilité
de la politique du gouvernement ? Nous voulons dire pas là
que notre Parti est un parti CAPABLE de gouverner, qui a fait ses
preuves et qui peut reprendre le pouvoir. "
- JDANOV : " Ne croyez vous pas que le peuple aurait mieux
compris si vous aviez dit que le PC est un Parti d'opposition ? Je
n'ai jamais lu ce mot dans les discours de Thorez ni dans ceux de
Duclos depuis le mois de mai ."
- DUCLOS : " Aussitôt après notre sortie du
gouvernement, il y a eu un certain flottement c'est exact. "
- JDANOV : " Lorsqu'un Parti comprend qu'il s'est trompé,
il doit le dire urbi et orbi. Vous ne l'avez pas fait. "
- DUCLOS : "Nous avons dit qu'aucun gouvernement ne peut servir
les intérêts du peuple sans les Communistes. A notre
dernier Comité Central nous avons dénoncé les
hésitations et nous avons décidé de les
corriger.
(1) (2) Blum
avait formé fin 46 un gouvernement bi-partite
(M.R.P., S.F.I.O.) d'où avaient été
exclus une première fois les Communistes. Les
communistes sont revenus une dernière fois au
gouvernement de janvier à Mars 47 ( avec Ramadier ).
|
Le Parti rédigea une résolution dont le texte
n'était pas encore prêt au moment de notre
départ. Le C.C. a décidé de prendre des mesures
afin que les communistes prennent la tête des masses. Il est
faux de dire que notre Parti ait voulu garder un caractère
exclusivement économique au mouvement ouvrier. Nous avons dit
le contraire. (C.C. du 13 Nov.) Le C.C. se préoccupe
d'appliquer des formes d'action qui ne sont pas exclusivement
parlementaires. Il faut préciser sous quelle forme nous avons
maintenant avantage à mener la lutte de classe. Nous devons
mobiliser notre peuple pour défendre l'indépendance
contre les Impérialistes U.S. . Je me permets de faire
remarquer à Djilas qui, j'en suis sûr nous aime bien,
(qui aime bien châtie bien) que nous déplorons que,
ayant eu l'occasion de s'entretenir avec nous, il n'ait
exprimé ses critiques à l'égard des erreur de
notre mouvement pendant l'insurrection. (1) Nous
sommes d'accord avec Jdanov en ce qui concerne les critiques à
l'égard des Parti français et italien, de nos erreurs
dans la situation présente. Que devons nous faire maintenant
pour corriger nos erreurs ?
JDANOV : "Duclos parle t-il également pour l'Italie
?"
DUCLOS : " Non nous avons assez de quoi faire avec la
France. Nous devons mobiliser les masses en vue des élections
municipales. Nous devons mettre davantage en lumière le
rôle de la politique U.S. . Il est possible de créer un
vaste mouvement de masse contre l'Impérialisme US. Notre
délégation prend l'engagement que tout sera mis en
oeuvre pour faire échouer le plan tendant à isoler
notre Parti des masses et pour mobiliser les larges masses. Nous
sommes d'accord avec Jdanov quand celui-ci affirme que les
communistes doivent reprendre la tête de la résistance
aux plans U.S., du mouvement qui tend à démasquer les
complices des Américains et à soutenir les
éléments réellement patriotiques. Cela signifie
que nous devons entreprendre un grand travail de masse, allant plus
loin que la classe ouvrière. On n'aurait tort de dire qu'aucun
socialiste ne peut être entraîner dans cette lutte. On ne
peut mettre dans le même sac les dirigeants et les militants de
base, car de cette façon on renforcerait la position des
chefs. Critique de Djilas sur l'indépendance des Partis
à l'égard de Moscou. Voilà ce que disait Thorez
au XIè Congrès (Citation). Nous sommes d'accord nous
autres communistes ainsi que le peuple devons soutenir la politique
démocratique et de paix de Moscou. C'est la conséquence
d'une prise de position nette contre les fauteurs de guerre. Si l'on
est contre les fauteurs de guerre on ne peut pas ne pas être
avec Moscou. Nous ne manquons jamais d'affirmer que nous devons
être avec moscou. A. Pauker a reproché au Parti
français de ne pas avoir voulu de contacts avec les Partis
frères. Cela est faux. Nous voulons faire notre devoir de
défenseurs de la France et d'internationalistes. Nous pensons
que nous devons entretenir des rapports réguliers. Le PCF doit
apporter bon nombre d'améliorations à sa propre
organisation, à son activité, mais nous ne voudrions
pas que les autres Partis emportent l'impression que le P.C.F. est
tout ce que l'on veut sauf un Parti Communiste, que l'on peut y
entrer et en sortir comme on veut, qu'il n'y a pas de discipline en
son sein.
S'il en était ainsi il ne pourrait
certes pas accomplir la mission qu'il s'est assigné. Notre
Parti ne sera pas inférieur à sa tâche. Il saura
tenir comptes des critiques contenues dans le rapport.
(2) C'est là un engagement que nous
prenons."
MALENKOV :" Nous voudrions que Duclos précise
brièvement ses conclusions, qu'il nous dise quelles sont les
erreurs qui ont été commises par la direction du
P.C.F."
(1) Il s'agit de l'insurrection de
Paris en Août 44.
(2) C'est à dire le rapport
Jdanov.
|
INTERVENTION DE
CLOTURE
ANDREI JDANOV.
( 27 septembre 47 )
|
Le dernier jour de la Conférence, JDANOV intervient pour
tirer les conclusions politiques de la Conférence. Quoique
Reale ait reproduit peu de notes sur les interventions de jdanov
celui-ci est intervenu très souvent au cours du débat
notamment dans la critique du PCF et du mot d'ordre de Thorez " le
P.C est un Parti de gouvernement. ".
INTERVENTION DE JDANOV
(1)
- " Echange de vues très élevé.
Unanimité. (2) Prend la parole pour
des remarques de détail. Sentiments de satisfaction
à la suite des déclarations des français et
des Italiens. Nous désirons ardemment que leurs
déclarations se réalisent. Nous sommes d'accord que
lorsque nous parlons de la tactique et de la stratégie des
Français et des Italiens, nous avons en vue non des
modifications détail, mais une orientation, une politique
nouvelle. L'une des tâches essentielles de la
Conférence est celle là. Je ne veux pas en remettre.
Il n'y a pas lieu de dire : " Revenons à nos moutons." Pour
dissiper toute équivoque je veux dire que nous ne sommes
pas du tout contents de la déclaration de Duclos selon
laquelle le P.C.F. est un Parti de gouvernement. Entre vouloir
être un Parti de gouvernement et l'être, vraiment il y
a autant de différence qu'entre désir et
réalité. Je pense que Duclos comprendra notre
critique. Les camarades français doivent déclarer
que les communistes ne portent pas la responsabilité du
gouvernement français actuel. ( Duclos intervient pour dire
que cela a été une erreur.) Il fallait dire tout de
suite que le P. C. F. et un Parti d'opposition. Staline est
satisfait de la déclaration de Duclos. Je pense que Duclos
est d'accord avec nous que nous ne voulions pas dire qu'il fallait
faire l'insurrection; (3) Est-il avantageux
de montrer ses cartes à l'ennemi ? Dire : "Je ne suis pas
armé." ? Dans ce cas l'ennemi dira : " Bon je tire.! " . La
loi de la lutte de classe est telle que seule la force compte.
- La discussion a montré que tout le monde
est d'accord sur le développement de la situation, sur les
changements intervenus dans les différents pays. Il y a
toujours le danger de pratiquer une politique uniforme dans
différents pays. Ce serait là une erreur. La ligne
de résistance contre les anglo-U.S. dans les
différents pays ne passe pas par les mêmes endroits
que celle contre les Allemands. Cela reviendrait à
schématiser. Notre nouveau programme, clair et
sincère, nous amènera d'autres alliés qui
remplaceront ceux qui nous ont quittés.
- Droite et gauche, réactionnaires et
progressistes sont pour nous autres marxistes des
définitions nullement rigides mais relatives. On ne saurait
parler de la droite et de la réaction sans dire où
et dans quelle situation.
(1) ANDREI JDANOV : entré au
Parti Bolchévik en 1913 à l'age de 17 ans ;
théoricien du réalisme socialiste ; dirigeant
du P.C.(b.) depuis les années 30.
(2) Tout le monde s'est dit d'accord
avec le rapport Jdanov.
(3) Il s'agit de 1947; au moment
où le Parti a été évincé
du gouvernement. Jdanov entend qu'il était possible
de faire pression sur la bourgeoisie sans encore passer
à l'insurrection.
|
- Cela est valable partout lorsqu'il y a de grands
changements. Considérons la Gauche. Gauche avec guillemets
ou sans guillemets. Gens de gauche qui veulent collaborer ou non.
Amis de la Démocratie Populaire et les autres, qui veulent
l'indépendance et les autres. On a l'habitude de penser que
les Social Démocrates sont toujours les plus proches de
nous. Mais une situation politique déterminée peut
les placer plus à droite que les autres. Le problème
n'est pas nouveau. Aussitôt après l'autre guerre
lorsque Lénine parlait des alliés dans la lutte de
Libération des peuples il affirmait que l'émir
d'Afghanistan était plus à gauche que Renaudel,
(1) lequel soutenait l'Impérialisme.
Si nous considérons les socialistes comme plus à
gauche il peut se présenter une situation dans laquelle ils
auront pour tâche de sauver la bourgeoisie. Ramadier
n'est-il pas la carte la plus sûre de la bourgeoisie, son
meilleur atout. Il peut arriver que les socialistes soient plus
éloignés que quiconque des communistes. Si les
socialistes nous transmettent l'influence des
impérialistes, s'ils se livrent à des marchandages
dont l'enjeu est l'indépendance nationale, s'ils sont les
ennemis des peuples démocratiques, ils peuvent très
bien devenir les principaux ennemis et c'est contre eux que nous
devons concentrer notre tir. Nous voulons que la France soit un
pays fort et puissant. Mais à présent après
la trahison de la bourgeoisie et de la Social-Démocratie
française, après la faillite de la tentative des
Partis bourgeois de placer la France sur la voie de la
Reconstruction, après qu'il est devenu évident
qu'ils orientent la France vers un Sedan économique et
politique, il est non moins évident que la France sera
prospère et forte sous la direction de la classe
ouvrière et du Communisme, ou elle ne sera pas.
- Deux remarques pour Longo. J'ai l'impression
qu'il estime que la lettre du C.C. du 16 Août répond
à la critique qui a été faite ici. ( Longo
dit qu'il a cité la lettre pour montrer que les Italiens
avaient déjà commencé l'autocritique.) Il ne
s'agissait pas d'un changement de détail, mais de changer
du fond en comble toute la politique. Telle est l'impression que
nous emportons de cette Conférence. Trois observations
capitales sur les erreurs du P.C.I.. Il n'appartient pas au C.C.
du P.C.I, de dire aux Démocrates Chrétiens qu'ils
ont une place dans le nouveau gouvernement, ils ne méritent
pas encore cette place.
- Je pense qu'il n'y a pas lieu de dire d'avance
les Partis qui entreront dans le nouveau gouvernement avant que
les Communistes aient créé des conditions
nouvelles.(2) Ce n'est que lorsque la
critique aura été exposée aux masses et que
de nouveaux alliés se seront manifestés que l'on
pourra décider. On ne peut vendre la peau de l'ours avant
de l'avoir tué."
- (...) "J'estime que l'unanimité a une grande
signification. Il y a unité dans l'analyse et dans les
résultats. Unité et solidarité dans le choix
des tâches, en dépit de la longue rupture et de la
séparation. Nous avons pu nous rendre compte que nos pays
marcheront vers le Socialisme et le Communisme partout où
la force qui animera le mouvement sera l'avant garde du
Prolétariat animée de la théorie de Marx,
Engels, Lénine et Staline. L'avant garde qui porte la
nouvelle civilisation humaine. Les liens qui unissent les Partis
qui représentent les Communistes d'Europe, c'est à
dire des Millions d'hommes, nous assurent que dans les combats de
grande envergure comme dans les batailles de moindre importance,
la classe ouvrière remportera la victoire.. "
(1) Renaudel : un des chefs de file
de l'aile droite du la Social-Démocratie
française. Positions social-chauvines pendant et
après la 1ère guerre mondiale. En 1933 il
provoque la scission de l'aile droite de la S.F.I.O. pour
constituer un Parti fascisant de type doriotiste.
(2) Allusion aux possibilités
créées par le développement des
grèves dans le pays.
|
CONCLUSIONS : PORTÉE ET
LIMITE DE LA CONFÉRENCE.
|
L'optimisme de la conclusion de l'intervention de
Jdanov a été démenti par la
réalité - du moins provisoirement : la gangrène
révisionniste a envahi une grande partie du Mouvement
Communiste International. Ce revers temporaire du mouvement ouvrier
international prouva LA JUSTESSE du combat contre les
déviations mené par Staline et la direction
bolchévique ainsi que les vrais communistes, en particulier
avec le Kominform. Ce juste combat a été principalement
positif, il a eu certains effets immédiats importants, mais il
n'a pas réussi à empêcher le triomphe du
révisionnisme et sa défense ouverte dans la plupart des
P.C. après la mort de Staline et l'élimination des
vieux bolchéviks par le renégat Kroutchev. Ceci montre,
donc aussi les insuffisances du combat anti-révisionniste
à cette époque, visibles si on analyse la
conférence.(1)
1°
LES ASPECTS POSITIFS ET INSUFFISANCES :
Deux Partis sont critiqués
principalement dans la Conférence: le P.C.F. et le P.C.I. .
Deux points fondamentaux résument les critiques:
1°) La critique du mot d'ordre "Ni Londres ni Washington ni
Moscou", c'est à dire "l'oubli" que l'impérialisme
anglo-U.S. est l'ennemi principal des peuples du monde et le
principal fauteur du guerre, la CAPITULATION devant
l'impérialisme, en mettant sur le même plan l'U.R.S.S.
socialiste et les impérialistes.
2°) La question du pouvoir, de la prise du pouvoir.
"Parlementarisme, opportunisme, légalitarisme" tels sont les
mots que Malenkov a bien du mal à arracher de la bouche
à Duclos. Jdanov intervient avec force à plusieurs
reprises pour dénoncer le mot d'ordre opportuniste de Thorez
"Le P.C.F. est un Parti de gouvernement". De fait ce mot d'ordre
résume très bien la dégénérescence
révisionniste de la direction du P.C.F. : Jdanov montre que ce
mot d'ordre fait assumer au P.C.F. la responsabilité de la
politique anti-populaire et pro-américaine du gouvernement
bourgeois tripartite pro-américain. C'est par anticipation le
procès de la " Démocratie Avancée " du P" C "F
d'aujourd'hui.
(1) Par la suite Staline et la
direction bolchévique ont perçu plus
clairement le danger révisionniste: condamnation du
révisionnisme titiste et SURTOUT prise de conscience
du danger INTÉRIEUR à l'U.R.S.S. et contre
offensive contre le révisionnisme sur le plan
IDÉOLOGIQUE en U.R.S.S. même dans le
début des années 50. Ces 2 points seront
étudiés dans les brochures n°2 et 3 de
"STALINE CONTRE LE RÉVISIONNISME ".
|
De fait la critique est celle du
RÉVISIONNISME quoique le mot en lui-même ne soit
évoqué que par un orateur (Kardelj). C'est là
une des premières limites de la critique faite à la
conférence. Quoique elle soit assez poussée et aborde
de nombreux points elle n'est pas complètement
systématique. (Ce qui explique l'illusion d'unanimité
à la fin de la Conférence alors que l'unité
acquise reste formelle et verbale. ) Il semble que les Partis
frères se rendent compte très inégalement de
l'ampleur du danger constitué par les déviations qu'ils
critiquent, pour le Mouvement Communiste International. Allusion est
faite à l'influence du P.C.F. et du P.C.I, sur d'autres Partis
en Europe, notamment en Belgique, et un rapprochement est fait par
Kardelj avec le Browderisme.
Dès avant la guerre mais surtout
après, avec la publication du livre "Téhéran"
Browder avait rédigé un bréviaire
systématique du révisionnisme moderne.
Les camarades chinois écrivent au
sujet du Browderisme au moment du grand débat sur la ligne
général du Mouvement Communiste International :
- " (…) Le révisionnisme de Browder amena, pour un
certain temps, la cause révolutionnaire du
prolétariat des USA au bord de l'abîme et de plus,
DES PARTIS PROLÉTARIENS D'AUTRES PAYS FURENT
CONTAMINÉS, TOUCHÉS PAR LE POISON DU
LIQUIDATIONNISME.
- La ligne révisionniste de Browder qui se
heurta à l'opposition de bien des communistes
américains ayant le camarade William Z Foster à leur
tête, fut rejetée et répudiée par la
plupart des partis frères. Néanmoins, DANS SON
ENSEMBLE, LE MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL N'A PAS
PROCÉDÉ À UNE CRITIQUE SANS MERCI NI À
LA LIQUIDATION COMPLÈTE DE LA TENDANCE RÉVISIONNISTE
REPRÉSENTÉE PAR LE BROWDERISME. LE COURANT
RÉVISIONNISTE CONNUT DE NOUVEAUX DÉVELOPPEMENTS DANS
LES CONDITIONS NOUVELLES DE L'APRÈS GUERRE AU SEIN DES P.C.
DE CERTAINS PAYS. (…) " (1)
Dès 1945 le camarade Mao Tse Toung avait
clairement vu le danger représenté par le
révisionnisme de Browder, comme en témoigne le texte du
télégramme envoyé aux vrais communistes
américains qui avaient entrepris la reconstruction du Parti :
(Mao Tse Toung .Oeuvres Choisies T.III)
- AU CAMARADE W.Z.FOSTER ET AU COMITÉ NATIONAL DU P.C.
DES U.S.A. .
- " Nous sommes heureux d'apprendre que la Conférence
extraordinaire de 1'Association politique Communiste des U.S.A. a
décidé de rejeter la ligne révisionniste,
c'est à dire capitulationniste de Browder, qu'elle a
rétabli (2) une direction marxiste et
fait renaître le P.C. des U.S.A. Nous vous exprimons nos
chaleureuses félicitations pour cette grande victoire de la
classe ouvrière et du mouvement marxiste des U.S.A..
(1) extrait de l'article :"La
Révolution prolétarienne et le
révisionnisme de Kroutchev." publié en 1964
par les camarades chinois en réponse aux lettres du
P.C.U.S..
(2) Browder avait prononcé la
dissolution du Parti Communiste.
|
- Toute la ligne révisionniste de Browder (pleinement
exprimé dans son livre "Téhéran")
reflète par essence l'influence des groupes capitalistes
réactionnaires des U.S.A. au sein du mouvement ouvrier
américain. Actuellement ces groupes s'efforcent
d'étendre leur influence en Chine, où ils
soutiennent la politique erronée, anti-nationale,
antipopulaire, de la clique réactionnaire du Kuomintang,
faisant peser sur le peuple chinois la menace d'une guerre civile
et portant préjudice aux ententes des peuples de nos deux
grands pays, la Chine et les U.S.A. . La victoire de La classe
ouvrière américaine et de son détachement
d'avant garde, le P.C. des U.S.A. sur le
révisionnisme-capitulationnisme de Browder apportera
sûrement une grande contribution à la cause commune
de nos deux peuples : la guerre actuelle contre le Japon et
l'édification d'un monde de paix et da démocratie
après guerre."
Pourtant à ce moment le révisionnisme
atteint de nombreux Partis dons le monde et pas seulement en Europe.
En Amérique Latine il y eut les mêmes expériences
erronées de participation opportunistes à des
gouvernements bourgeois (c.f. Argentine). Ces Partis
rédigèrent en 1953 une autocritique, sous l'impulsion
du Mouvement Communiste International, mais qui ne fut jamais mise en
application. On sait maintenant qu'en Chine Liou Chao Chi prôna
semblables thèses en 1945 mais il fut fermement combattu par
la Ligne révolutionnaire de Mao Tsé Toung.
Mais au cours de la Conférence on
parle très peu des pays hors de l'Europe et il semble
qu'à çe moment du moins -il y eut ensuite rectification
sur ce point- les camarades soviétiques sous estimaient
l'importance du mouvement de Libération Nationale et en
particulier la proximité de la victoire en Chine. Pourquoi en
effet le Parti Communiste Chinois et d'autres ne participent-ils pas
à la Conférence de constitution du Kominform ?
2° LA
PSEUDO-RECTIFICATION DU PCF
Au cours de la conférence la critique, du
P.C.F. et du P.C.I. a été poussée sur de
nombreux points remontant en particulier dans l'histoire de ces
Partis pour y trouver la source des déviations, (Erreurs dans
le Front National pendant la Résistance). Sont aussi
évoquées -mais allusivement par Djilas- deux
déviations très graves du P.C.F. : - la
dégénérescence idéologique et
l'opportunisme organisationnel(un Parti où on entre et on sort
comme on veut, où les militants ne sont tenus par aucun
engagement...) Cette critique est reprise aussi par Farkas et
A.Pauker.- d'autres part l'attitude honteuse du PCF par rapport au
mouvement de libération nationale des colonies "
françaises ", son soutien de fait à
l'impérialisme français. Sous couvert d'être un
Parti National ( ce qui peut être en soi même juste), le
PCF est en fait complètement social-chauvin ; Dans son
intervention " auto-critique " Duclos est obligé de
concéder que le PCF a commis des déviations de "
légalitarisme, opportunisme et illusions parlementaires " mais
il essaye de se défiler soit en esquivant les critiques soit
en présentant les déviations somme de simples
insuffisances.
Dans la réalité, après
la conférence, le PCF n'a pas fait de réelle
auto-critique devant le Parti et devant les masses. " L'autocritique
" de Thorez citée par certains comme bonne et
anti-révisionniste n'en est en fait pas une. Elle n'insiste
que sur l'aspect " unité à la base " contre "
l'unité au sommet " sans aborder le problème du contenu
de cette unité, de la ligne politique ce qui est pourtant
l'essentiel. Si la ligne reste erronée, " l'unité
à la base " ne rectifie rien du tout. D'ailleurs le PCF
à ce moment a-t-il réellement pratiqué
l'unité à la base ?
Quant à la rectification des erreurs
: elle a eu lieu sur certains points importants et a permis de faire
éclater plus nettement la lutte entre les Deux voies au sein
même de la direction du PCF. Mais cela a été une
pseudo-rectification superficielle. En effet, les mêmes
thèses révisionnistes ont été reprises et
justifiées après 1956.
En 1946 (avant la Conférence) Thorez
avait accordé sa tristement célèbre " interview
" au Times prônant le " passage pacifique au socialisme ".
Cette thèse fut provisoirement mise en veille mais les
révisos s'y réfèrent aujourd'hui.
La rectification fut la plus nette par
rapport à l'impérialisme américain. Celui-ci fut
dénoncé comme principal fauteur de guerre et
d'agression dans le monde. L'appel de Stockholm et la création
du mouvement de la paix : en dépit de l'ampleur de la campagne
la mobilisation des masses se fit souvent de façon
défensive et pacifiste.
Sur l'internationalisme et en particulier la
lutte contre l'agression du colonialisme français contre les
peuples d'Indochine le PCF osa enfin qualifier cette guerre de
colonialiste (c.f. Intervention de Jeanette Thorez-Vermesch à
l'assemblée) mais le travail du Parti fut insuffisant. Comme
l'a écrit A. Marty dans son livre après son exclusion
(1) l'esprit des Marins de la Mer Noire ne se
réveilla pas parce qu'il ne fut pas suscité par le PCF
et c'est uniquement la lutte résolue des Vietnamiens qui leur
permit de vaincre l'impérialisme français et
l'impérialisme américain. Les tracts pour lesquels
Henri Martin fut condamné avaient un contenu purement
pacifiste. Un exemple typique : en 1949 les camarades vietnamiens
demandèrent au CC du PCF de leur fournir une aide en
armements. Thorez considéra cette demande comme
complètement farfelue.
Les actions anti-colonialistes et
anti-impérialistes les plus résolues furent
menées par le PCF au moment de la maladie de Thorez et du
séjour de celui-ci à Moscou. (c.f. la manifestation
contre Ridgway la Peste fin 52 à l'initiative d'André
Marty qui la dirigea personnellement). A son retour Thorez
était furieux et stigmatisa " l'aventurisme ".
(1) André Marty : " L'affaire
Marty " 1955.
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De fait ce fut la véritable raison de l'exclusion de
Marty. Celui-ci avait fait devant la direction du PCF un rapport sur
le soutien aux luttes de Libération nationale et critiquant
les déviations du PCF à ce sujet. Il avait d'autre part
publié dans les cahiers du Communisme un grand article sur
Blanqui mettant en lumière les aspects positifs et
fondamentalement révolutionnaires de ce grand
révolutionnaire prolétarien du XIX eme siècle.
Après son éviction Marty fut attaqué comme "
blanquiste " et " réfuté " par. . . Garaudy alors
fidèle sous fifre de la direction thorézienne. En fait
le débat sur Blanqui portait la question de la violence
révolutionnaire, chose qui effraie le plus les
révisionnistes. Le triomphe de Thorez sur ce point marqua
aussi la victoire du révisionnisme thorézien dans le
PCF sur le plan idéologique et théorique.
Il est juste de parler de la lutte entre les
deux voies au sein du Parti à cette époque, y compris
au niveau de la direction, mais il faut bien voir que si cette lutte
rend complexe et souvent contradictoire la ligne du Parti et sa
pratique, le révisionnisme thorérien N'A JAMAIS
RÉELEMENT PERDU LE POUVOIR dans le PCF, la ligne de Thorez est
restée dominante sur le fond. Marty et d'autres camarades
(1) ont représenté un moment un
courant de résistance mais inconséquent au
révisionnisme qu'ils ne caractérisaient d'ailleurs pas
de ce mot et par là ils ont permis localement et parfois de
façon importante à la base du P.C.F. de faire passer
leur volonté révolutionnaire dans la
réalité, pour des actions locales. Marty fut exclu
comme un chien et à son exclusion un grand nombre de camarades
écœurés quittèrent le PCF.
En définitive Thorez et Togliatti qui
étaient des tyranneaux dans leurs Partis étaient
"suivistes", c'est à dire en fait hypocrites par rapport
à Staline. Ils avaient une peur bleue de ses critiques : alors
qu'à la Conférence de 47 étaient invités
les plus hauts dirigeants pour le P.C.F. et le P.C.I. ils
n'osèrent pas y aller en personne et envoyèrent Duclos
et Longo à leur place pour s'y entendre dire leurs quatre
vérités. QUEL BEL AVEU ! Quel beau démenti au
soit-disant stalinisme de ces traîtres au mouvement ouvrier, de
ces renégats, quelle meilleure preuve de leur véritable
nature, et du MONDE qui les sépare de Staline AUTHENTIQUE
MARXISTE-LÉNINISTE ET RÉVOLUTIONNAIRE
PROLÉTARIEN.
Car STALINE et les dirigeants bolchéviks
avaient senti avec un grand sens prolétarien la rupture de ces
renégats d'avec la Révolution; ils ne l'ont pas vue
aussi clairement que nous le voyons aujourd'hui parce que les
camarades chinois ont fait le bilan historique avec suffisamment de
recul pour caractériser le révisionnisme moderne. Pour
Staline ce bilan se heurtait à certaines limites objectives
qui étaient d'ailleurs les mêmes pour les camarades
chinois et albanais à cette époque.
- N.B. : nous invitons tous les lecteurs
intéressés par cette brochure à nous envoyer
tous leurs apports, contributions et critiques afin de la retirer
éventuellement en l'améliorant.
Ecrire à "LIGNE ROUGE' B.P. 151-16 PARIS 16è.
(1) tels Georges Guingoin qui fut
l'héroïque dirigeant des FTP du Limousin, le
foyer de Résistance le plus avancé tant sur le
plan politique que militaire. Dirigeant de la
fédération de la Haute Vienne il est exclu en
1953.)
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