Staline contre le révisionnisme

 

 FASCICULE D'ÉDUCATION POLITIQUE
marxiste-léniniste-maoïste.
SÈRIE : " HISTOIRE DU MOUVEMENT
OUVRIER ET COMMUNISTE " - N°1 -

 

Staline contre le révisionnisme

A La Conférence de formation du Kominform.
( Szklorska Pereba. 22-27 septembre 1947 ) 

LES PARTIS FRÈRES FONT LE PROCÈS DU RÉVISIONNISME DES PARTIS COMMUNISTES FRANÇAIS ET ITALIEN.  

PUBLICATION " LIGNE ROUGE "
Supplément au n°8.
(Décembre 1969)

 

/ SOMMAIRE : /

    p. 1 : Présentation.

    p. 3 : Le Rouge et le Jaune :
            Staline, marxisme-léninisne et révisionnisme thorézien.

    p. 5 : La Conférence.
        - 1° La formation du Kominform
        - 2 L'évolution des contradictions de classe à l'échelle mondiale... (p.7)

    p. 10 : Le P.C.F. et le P.C.I. au banc des Accusés.
        - 1° Intervention de Kardelj (Yougoslavie)... (p.12)
        - 2° Intervention de Farkas (Hongrie)... (p.16)
        - 3° Intervention de Djilas (Yougoslavie)... (p.17)
        - 4° Intervention de A. Pauker (Roumanie)... (p.20)

    p. 22 : L'auto-critique de Duclos

    p. 26 : Intervention de clôture de Jdanov

    p. 29 : conclusions : portée et limites de la Conférence.
        - 1° Aspects positifs et insuffisances.
        - 2° La pseudo-rectification du P.C.F.

 

Présentation :

    Nous inaugurons avec cette brochure une série de publications sur l'histoire du Mouvement Ouvrier et Communiste. Elles sont destinées à éclairer les militants révolutionnaires à la fois pour leur fournir une interprétation SCIENTIFIQUE, c'est à dire MARXISTE-LÉNINISTE de l'histoire, et des Armes pour la propagande et l'agitation, POUR LA LUTTE AUJOURD'HUI ;
    En effet nous ne prétendons pas fournir TOUTES les réponses à la fois et écrire une histoire systématique et monumentale. Nons nous centrerons sur les questions particulièrement débattues dans le mouvement révolutionnaire et cruciales pour le combat actuel. En particulier la question de Staline, le révisionnisme, ses origines, spécialement en France le révisionnisme thorézien.

    Sur ces questions importantes il faut bien reconnaître que les marxistes-léninistes français restent TROP SOUVENT SUR LA DÉFENSIVE ou bien refusent d'argumenter CONCRÈTEMENT, FAITS A L'APPUI ; l'exemple typique récent de cette faiblesse est celui du meeting de faux soutien à la Chine Rouge, à l'occasion du XX° anniversaire de sa fondation, à Paris par la " Ligue Communiste " (" Rouge "). Les opportunistes trotskystes y ont emporté une certaine victoire temporaire et illusoire, il est vrai, en nous déversant sur la tête une véritable douche d'"arguments historiques " anti-staliniens et anti-maoïstes, de fait anti-communistes. Il est vrai que la poignée d'intellectuels bourgeois qui composent la direction de la soit-disante " IV° Internationale " passe le plus clair de son temps depuis des dizaines d'années à falsifier l'histoire du Mouvement Communiste International. Ces faussaires sont " au point ". Les marxistes-léninistes français ne le sont pas assez. " Rouge " a surtout profité des faiblesses des marxistes-léninistes.
    Sachons honnêtement reconnaître nos insuffisances et surtout OSONS Y REMÉDIER !
Nous POUVONS et nous DEVONS répliquer, opposer une histoire VRAIE, SCIENTIFIQUE, MARXISTE-LÉNINISTE aux grossières falsifications des bourgeois, des révisos, et des trotskystes.
    Nous n'allons évidemment pas, passer tout notre temps à écrire l'histoire ; ce travail n'est qu'une petite part de nos activités révolutionnaires, mais il ne faut pas pour autant le négliger totalement, dans la mesure où le passé, ses leçons SERVENT NOTRE COMBAT POLITIQUE A NOUS AUJOURD'HUI.
    Nous répondrons. FAITS ET ARGUMENTS A L'APPUI. Aussi bien aux questions que se posent nombre de révolutionnaires sincères qui butent encore sur la " question de Staline ", qu'aux camarades, en particulier ouvriers qui n'ont pas encaissé la ligne du P.C.F. à la Libération et même avant.

                Cette première brochure sous le titre général :

STALINE CONTRE LE REVISIONNISME

Porte sur les critiques faites au P.C.F. et au P.C. Italien à la réunion du Kominform de septembre 1947 par les Partis frères d'Europe, Parti Bolchévik d'U.R.S.S. en tête ; il vise à montrer la divergence FONDAMENTALE qui sépare le marxisme-léninisme-stalinisme d'une part et le révisionnisme thorézien d'autres part. Il réfute la qualification du P.C.F. de " stalinien ".
    Sous le même titre une seconde brochure traitera de la lutte de Staline, du Parti Bolchévik et du Mouvement communiste international contre le révisionnisme yougoslave de TITO.

                                                                                                                                                                                              Décembre 1969.

 

                                                        LE ROUGE ET LE JAUNE :
                                                        SATLINE, MARXISME-LÉNINISME
                                                        ET LE RÉVISIONNISME THOREZIEN.

 

    Pour un certain nombre de SINCÈRES révolutionnaires français (nous ne mettons évidemment pas dans le même sac la poignée de chefs et de chéfaillons trotskystes quasiment irrécupérables) le Parti " Communiste " Français est STALINIEN ; c'est là son défaut congénital. Or le P.C.F. est stalinien depuis longtemps et il le resterait en dépit de la " déstalinisation " officielle. Il n'y aurait donc pas de rupture profonde dans son histoire jusqu'à aujourd'hui, c'est à dire jusqu'au P."C."F. actuel considéré unanimement par les vrais révolutionnaires comme une organisation jaune, -au moins objectivement- au service de la bourgeoisie.

    Ce qui a brouillé et brouille encore les cartes, c'est l'attitude de la direction du P.C.F. elle même et de Thorez en particulier. Jusqu'en 1956 Thorez et la direction du P.C.F. se sont proclamés " staliniens ". Cela voulait dire abreuver le peuple français de nombreuses professions de foi et -il faut bien le dire- de flagorneries à l'égard de Staline. A l'extérieur comme à l'intérieur du Parti, la tactique de la direction thorézienne consistait à louer constamment Staline POUR SE PRÉVALOIR DE SON APPUI et ainsi pour UTILISER le grand prestige justement acquis par le dirigeant du Parti Bolchévik AU SERVICE DE SA LIGNE POLITIQUE EN FRANCE.

    Or entre la LIGNE de Staline et des Bolchéviks et celle de Thorez en France, IL Y A UNE DIFFÉRENCE FONDAMENTALE en particulier dans l'immédiate après guerre. A cette époque il y avait non seulement des divergences implicites sur la ligne et les positions politiques dont nous pouvons donner maint exemple (1), mais aussi CRITIQUES ET MISES EN GARDES EXPLICITES de la part du Parti Bolchévik de Staline et des partis frères, SOUS L'INITIATIVE des bolchéviks, contre les graves déviation du P.C.F. (d'autres Partis.)

(1) Exemple : en 1945, au moment de la défaite du colonialisme français au Liban " L'Humanité " se lamente sur les " erreurs " (du colonialisme français) qui compromettent " LES INTÉRÊTS ET LA PRÉSENCE FRANCAISE AU LIBAN ". Au même moment à la tribune de l'ONU le délégué soviétique intervient pour exiger le " départ de TOUTES les troupes d'agression du Liban ", c'est à dire les troupes colonialistes anglaises et FRANCAISES.

 

    Nous voulons en faire la preuve en faisant connaître le contenu des discussions politiques qui ont eu lieu et les décisions qui ont été prises à la réunion de formation du Kominform de septembre 1947 en Pologne.
    Le contenu de cette conférence prouve :
1°) la fermeté sur les principes révolutionnaires de Staline et du Parti Bolchévik qui leur donne à cette époque le rôle de guide du MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL.

2°) L'opposition politique radicale qui existe entre la ligne de Staline et de Thorez, la contradiction entre les affirmations de la direction du PCF qui se dit " stalinienne " et la réalité : stalinien, marxiste-léniniste en paroles, anti-stalinien, opportuniste de droite, révisionniste en RÉALITÉ voilà ce qu'est la direction du PCF dès cette époque. 

    Ceci explique comment le PCF (comme une grande partie des Partis Communistes ayant dégénéré en partis révisionnistes) s'est rallié après 1956 à la " destalinisation " entreprise par le renégat Krouchtchev. Après un moment de flottement (évidemment c'est toujours un peu " gênant " de retourner complètement sa veste) Thorez et Cie ont eu pleine assurance qu'ils ne craignaient rien pour leur ligne révisionniste et que même, au contraire, Krouchtchev les surpassait encore en matière de révisionnisme. De la manière la plus écœurante ils ont alors renié Staline, toutes leurs grandes déclarations de fidélité à Staline. Sous le couvert de " lutte contre le culte de la personnalité " ils ont pu alors s'attaquer OUVERTEMENT au marxisme-léninisme et à la ligne de Staline, justifier leurs propres déviations. C'est ainsi que l'on peut voir, si on lit attentivement les publications actuelles du PCF : - La référence à la tristement fameuse " Interview au Times " de Maurice Thorez en 1947 pour justifier le " passage pacifique " au socialisme. Les textes révisos actuels ajoutent " à l'époque du culte de la personnalité ON NOUS A CRITIQUÉS ". - Le rejet de " la thèse STALINIENNE du Parti unique… ".

    Ces exemples typiques montrent clairement le sens de la " destalinisation ", mais ce qu'il faut bien voir c'est que pour le PCF (comme pour le PCI et bien d'autres) la " destalinisation " OUVERTE avait été précédée d'une " destalinisation " DE FAIT, NON OUVERTEMENT PROCLAMÉE bien avant, qui marque la rupture réelle et profonde de la direction thorézienne d'avec le marxisme-léninisme.

LA CONFÉRENCE
 

    La conférence de formation du KOMINFORM (Bureau d'Information des principaux Partis Communistes et Ouvriers d'Europe) s'est tenu en Pologne à Szkorska Poreba du 22 au 27 septembre 1947 A L'INITIATIVE DE STALINE ET DU PARTI BOLCHEVIK D'URSS.
    La conférence et ses résultats politiques ne sont pas un mystère : le rapport d'Andreï Jdanov sur la situation mondiale, intervention majeure de la Conférence fut publié à l'époque et servit de base à l'étude dans les Partis Prolétariens. De cette conférence sortit une plate forme politique et une nouvelle organisation pour le Mouvement Communiste International, le KOMINFORM, avec son organe international : la revue " POUR UNE PAIX DURABLE, POUR UNE DÉMOCRATIE POPULAIRE ".
    Le KOMINFORM était donc une organisation ouvertement connue en dépit d'opportunistes tel que GOMULKA qui aurait voulu qu'elle reste secrète. Initialement installé à Belgrade, le Kominform cessa pratiquement son activité après l'accession de Kroutchev au pouvoir et celui-ci l'a officiellement dissous en 1956.
    La reconstitution d'une Organisation Internationale des Communistes était devenue une NÉCESSITÉ URGENTE car depuis la dissolution du KOMINTERN en 1943 de grave déviations étaient apparues dans le Mouvement Communiste International, en particulier aux U.S.A., en France et en Italie.
    L'objet de cette Conférence est précisément de confronter les expériences des Partis, aboutir par la discussion à une unité idéologique et politique, critiquer les déviations des Partis et s'entendre sur la rectification.
    Jdanov le précise bien dans l'intervention de clôture de la Conférence :

" Nous sommes d'accord que lorsque nous parlons de la tactique et de la stratégie des Français et des Italiens, nous avons en vue non des modifications de détail, mais une nouvelle orientation, une politique nouvelle. L'UNE DES TÂCHES ESSENTIELLES DE LA CONFERENCE EST CELLE LÀ. JE NE VEUX PAS EN REMETTRE. "

    Unification, direction idéologique et politique du Mouvement Communiste International, le Kominform n'a cependant pas un rôle aussi étendu que l'Internationale. Il ne regroupe que les PRINCIPAUX partis d'Europe et son travail se limite à un échange d'informations et de vues, quoiqu'il ait tendu par la suite à rééditer l'Internationale (C.F. la condamnation des Yougoslaves en 1948).
    En effet il importait de tenir compte du bilan des erreurs dans le fonctionnement de l'Internationale, expliquant sa dissolution en 1943. Ce problème est débattu dans la Conférence et l'un des délégués Hongrois précise à ce sujet :

" La dissolution du Komintern était indispensable et elle était utile. ON NE S'APERCEVAIT PAS DES DIFFÉRENCES DES SITUATIONS NATIONALES, ON TRAVAILLAIT SUR DES BASES UNIFORMES. Mais nous ne pouvons pas nous passer des expériences des autres pays, sans cela nous risquerions de sombrer dans l'opportunisme et dans une politique aveugle. Nous autres communistes hongrois avons demandé conseil à Staline, à Tito et à Dimitrov et ceux-ci nous ont conseillés. Il faut que nous organisions des rapports internationaux réguliers. Voilà un an que Rakosi (1) l'avait proposé. Action coordonnée contre l'impérialisme anglo-américain. " (Mihaly Farkas)

    Ces diverses raisons expliquent pourquoi le CONTENU PRÉCIS du débat et en particulier la critique des déviations sont restés longtemps ignorés. Le P.C.F. n'y a fait que quelques allusions obscure dans sa presse et leur " auto-critique " était bien en-deçà de la portée des critiques faites à la Conférence. La direction du P.C.F. se garda bien de les publier intégralement et elle risque encore moins de la faire maintenant.

    Le contenu précis de la Conférence nous est connu d'une autre manière. L'un des délégués italien Eugenio REALE qui secondait Longo à la Conférence publia en 1958 ses notes intégrales prises à la Conférence. Ce renégat avait quitté le P.C.I. sur des positions totalement anti-communistes et publia ces notes à des fins anti-communistes : on était en pleine " déstalinisation " et REALE, digne compère de Lecoeur voulait montrer par cette publication que le Kominform dirigé par Staline s'était opposé à " la voie démocratique " (révisionniste) au Socialisme, rejetait la " pluralité des Partis " et toute acceptation de " l'aide généreuse des américains " (2). Bref, pour ce renégat anti-communiste il s'agissait de montrer la " dictature stalinienne " -en fait il s'agit de la FERMETÉ RÉVOLUTIONNAIRE DE PRINCIPE de Staline et des Bolchéviks- Le livre de REALE fut traduit en français et publié sous le titre : " AVEC JACQUES DUCLOS AU BANS DES ACCUSÉS ". Les textes que nous allons présenter ne sont donc pas à proprement parler une découverte mais on peut tout de même dire que c'en est une POLITIQUEMENT CAR à l'époque de cette publication il n'y avait pas encore de mouvement marxiste-léniniste en France. D'autre part, à notre connaissance les marxistes-léninistes français ont négligé d'utiliser ce précieux document, qui n'est plus guère aujourd'hui accessible qu'aux rats de bibliothèque, il est vrai. 

(1) Rakosi : vieux militant communiste Hongrois ; à ce moment dirigeant du Parti Communiste Hongrois et à la tête du pays. Il est mort avant 1953 et fut alors remplacé par Novotny. Il semble bien d'après les camarades Albanais qu'il avait des déviations révisionnistes sur la fin de sa vie.

(2) C'est ainsi que Reale parle du plan Marshall !

 

    La Conférence comprenait des délégations de 2 membres des principaux Partis Communistes et ouvriers d'Europe, dont la plupart était au pouvoir.
URSS : A. Jdanov et G. Malenkov ; Yougoslavie : M. Djilas et E. Kardelj. Hongrie : Revai et M. Farkas ; Bulgarie : Tchernenkov et Poptamov ;
Tchécoslovaquie : Slanski et Bastivanski ; Roumanie : A. Pauker et Georgiu Dej. Pologne : Gomulka et Mink ; France : J. Duclos et E. Fajon ; Italie : Longo et Reale.

    La première journée de la Conférence fut consacré à la lecture et à la discussion du rapport Jdanov sur la situation mondiale qui servit de guide aux débats. Puis chaque délégation fit un rapport sur la situation de son pays, la politique suivie par son Parti (Georges Malenkov fit le rapport pour le Parti Bolchévik) . Après les interventions de Duclos et Longo pour la France et l'Italie, le débat s'engage où tous les délégués sauf les polonais critiquent les déviations du Parti Italien et du Parti Français. Nous reproduisons ici l'essentiel des interventions.
    Mais auparavant nous résumerons l'essentiel du rapport Jdanov, vue son importance, aujourd'hui encore.

 

    L'ÉVOLUTION DES CONTRADICTIONS DE CLASSE A L'ÉCHELLE MONDIALE : 

    La situation de l'après guerre : la phase de la lutte anti-fasciste est maintenant révolue. Au cours de cette phase précédente la contradiction PRINCIPALE passait entre le camp fasciste réactionnaire (le nazisme allemand, le fascisme italien, le militarisme japonais avec tous leurs affiliés et fantoches) et le camp de TOUS les adversaires du fascisme.
    Dans le camp anti-fasciste coexistent des forces très différentes et elles mêmes en contradiction : des impérialistes comme les anglais et les américains luttent contre le fascisme sur leurs propres intérêts d'impérialismes concurrents menacés et se trouvent PROVISOIREMENT aux côtés des forces révolutionnaires et progressistes : l'URSS et les mouvements de Résistance dirigés par les Communistes.
    Mais dans cette phase cette contradiction demeure SECONDAIRE par rapport à la contradiction principale : fascistes/antifascistes.
    Au sein de ce Front Uni Mondial Anti-fasciste, il y a à la fois UNITÉ et LUTTE : les forces révolutionnaires dirigées par les Communistes doivent conserver leur INDÉPENDANCE et leur AUTONOMIE au sein du FRONT UNI afin d'arriver à en assumer la DIRECTION et préparer ainsi la phase ultérieure où la contradiction auparavant SECONDAIRE devient PRINCIPALE (entre les impérialistes vainqueurs du fascisme et les forces révolutionnaires et progressistes également artisans de cette victoire). La situation dans la phase ultérieure dépend en grande partie du rapport de force crée dans la phase précédente : les Communistes prendront le pouvoir s'ils ont été les PRINCIPAUX artisans de la victoire sur le fascisme. Cette tâche fut pleinement assumés par les Communistes Chinois et Albanais mais pas par les Français ni par les Italiens.

    En 1947 la situation mondiale est définitivement installée dans sa NOUVELLE PHASE que Jdanov appelle la " division du monde en deux blocs ".
        - D'un côté le BLOC RÉVOLUTIONNAIRE ET PROGRESSISTE formé par l'U.R.S.S. et les démocraties populaires (le camp socialiste qui s'édifie auquel va bientôt s'adjoindre la Chine Populaire) ; le mouvement révolutionnaire et progressiste mondial : la classe ouvrière et ses alliés luttant sous la direction des communistes pour la Révolution Socialiste dans les pays capitalistes avancés, les mouvements de libération nationale dans les pays coloniaux et semi-coloniaux luttant pour la révolution de démocratie nouvelle anti-féodale et anti-impérialiste.
        - De l'autre côté le BLOC IMPÉRIALISTE ET RÉACTIONNAIRE. Il est dirigé par l'impérialisme U.S. qui, sorti le plus fort de la guerre VISE A LA DOMINATION MONDIALE. Il s'efforce de placer dans son orbite les impérialismes affaiblis (comme l'anglais et le français), de ressusciter sous son contrôle les impérialismes écrasés (Allemagne, Japon, Italie) (1), conserve les fascistes dociles et peu dangereux pour sa domination (c.f. Portugal, Espagne), développe une politique NÉO-COLONIALISTE en ce qui concerne les pays coloniaux.

    Cette évolution culmine avec le Plan Marshall, vaste entreprise des américains destinée à contrôler à leur profit la reconstruction du monde capitaliste, dirigée directement contre l'URSS, les démocraties populaires (2) et le mouvement révolutionnaire et progressiste mondial.
    L'impérialisme U.S. évince à ce moment les impérialismes défaits et affaiblis des marchés mondiaux (c.f. Amérique Latine), contrôle le système monétaire capitaliste mondial (Accords de Bretton Woods) ; il se prépare à prendre la relève des impérialismes défaillants dans les pays coloniaux (c.f. la part grandissante des Américains dans la guerre d'Indochine). L'impérialisme US se lance dans une course effrénée aux armements, se prépare à attaquer de l'intérieur comme de l'extérieur les démocraties populaires et l'U.R.S.S., il menace gravement la paix mondiale car il est le PRINCIPAL FAUTEUR DE GUERRE dans le monde.

(1) Ainsi l'opposition U.S. à la dénazification de l'Allemagne, à la décartellisation, et leurs prêts énormes pour renflouer les capitalistes Ouest-Allemands avant même l'aide Marshall.

(2) Tous les délégués des démocraties populaires à la Conférence expliquent comment la réaction dans leur pays est encouragée et financée par les Américains pour tenter de renverser les gouvernements populaires.

    La ligne du Mouvement Communiste International doit être adaptée à cette nouvelle situation où toute lutte progressiste dans le monde se heurte rapidement à l'impérialisme U.S. (directement ou par personne interposée), au nouveau GENDARME DES PEUPLES. L'impérialisme US et ses agents sont l'ennemi PRINCIPAL contre lequel le bloc révolutionnaire et progressiste doit porter PRINCIPALEMENT ses coups. Cela signifie défendre et renforcer le camp socialiste, l'URSS et les démocraties populaires ; dans les pays capitalistes avancés balayer la bourgeoisie qui se vend aux américains (d'où à ce moment le thème de l'indépendance nationale) ; accomplir la révolution nationale anti-impérialiste et anti-féodale dans les pays coloniaux.
    Bref il s'agit de constituer un nouveau FRONT UNI MONDIAL cette fois dirigé contre l'impérialisme U.S., composé par l'U.R.S.S., les Démocraties Populaires, les prolétariats et les alliés des pays capitalistes avancés, les peuples des pays dominés et TOUS ceux que l'on peut rallier contre l'impérialisme US, même en ayant des contradictions secondaires avec eux. (1)
    La politique nouvelle du Mouvement Communiste International peut être résumée par les mots d'ordre qui servent de titre au bulletin du KOMINFORM :
            POUR UNE PAIX DURABLE, POUR UNE DÉMOCRATIE POPULAIRE !

Pour une paix durable : mettre en échec l'Impérialisme US en contrecarrant tous ses plans de guerre y compris par la force (ce qui va bientôt se passer en Corée).
Pour une démocratie populaire : faire la Révolution dans le Maximum de pays et agrandir ainsi le Camp Socialiste.

    Telle était l'essentiel de l'analyse faite par la direction Bolchévique qui sera reprise et développée par les camarades Chinois quand éclateront OUVERTEMENT les contradictions avec les révisionnistes kroutchéviens. (Propositions pour la ligne générale du MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL connues sous le nom de " Lettre en 25 points ")

(1) Jdanov dit dans son intervention de clôture : " La ligne de résistance contre les anglo-américains dans les différents pays ne passe pas par les mêmes endroits que celle contre les allemands. Cela reviendrait à schématiser. Notre nouveau programme, clair et sincère, NOUS AMÈNERA D'AUTRES ALLIÉS QUI REMPLACERONT CEUX QUI NOUS ONT QUITTÉS "

 

Le PCF et le PCI AU BANC DES ACCUSÉS.
 

    Or à cette époque se développe une grave déviation dans le Mouvement Communiste International dont sont responsables un certain nombre de dirigeants nationaux Communistes, particulièrement Browder aux U.S.A., Thorez en France, Togliatti en Italie. Seul le P.C. Français et le P.C. Italien sont représentés à la Conférence comme déviationnistes et ils sont les accusés de ce Procès anti-révisionniste qu'est pour une grande part la Conférence ; mais à travers eux sont visés TOUS les Partis qui commettent ce type de déviations d'ailleurs souvent sous leur influence. Le délégué Yougoslave Kardelj le précise bien au début de son intervention :

" Il s'agit d'un phénomène répandu dans bon nombre de Partis Communistes, grâce d'ailleurs à l'influence de français et des Italiens. Les erreurs de ces derniers ont une influence au sein d'autres Partis en Europe. (…) Il n'est pas exagéré de dire que dans le mouvement ouvrier international il y a UNE TENDANCE A LA RÉVISION DU MARXISME-LÉNINISME, à une déviation. Phénomène du Browderisme aux USA (1) (…) "

    Depuis la 2è guerre mondiale le P.C.F. et le P.C.I. se sont trouvés dans des situations comparables et ont eu à peu près la même politique, les MÊMES DÉVIATIONS.

    1°) PENDANT LA RÉSISTANCE :
Organisation de la lutte armée contre l'occupant (Partisans), Front Uni National avec tous les antifascistes y compris les bourgeois. Ce qui était juste. Mais INCAPACITÉ d'avoir la DIRECTION EFFECTIVE du Front Uni National : en France par exemple les communistes représentent l'écrasante majorité des forces de la lutte politique et armée contre les Nazis mais ils laissent Bidault, agent de De Gaulle et des Anglais occuper la présidence du Conseil National de la Résistance.
INCAPACITÉ aussi de faire de la Résistance intérieure l'élément DÉTERMINANT de la victoire militaire sur les fascistes. En France comme en Italie les Partisans ont joué un rôle ÉNORME dans la Libération mais ils n'ont été qu'une importante force d'appoint au débarquement anglo-US.

(1) BROWDERISME : Browder était à la direction du Parti Communiste Américain. Dés les années 35 il développa des thèses révisionnistes, faisant l'apologie de la démocratie bourgeoise ; après la guerre il prétend que l'URSS et le camp révolutionnaire doivent poursuivre l'unité avec l'impérialisme américain et prône sur le plan intérieur la collaboration totale avec l'impérialisme U.S. Le révisionnisme de Browder menaça le Parti Communiste Américain de pure et simple liquidation. Il fut combattu par W.Z. Foster. (c.f. Plus loin)

    2°) A LA LIBÉRATION :
    Le PCF et le PCI ont une grande popularité dans les masses mais ils n'ont pas du tout démasqué les agents doubles du genre de Gaulle. Au lieu de maintenir et de faire évoluer le rapport de forces en leur faveur ils capitulent devant les exigences de la bourgeoisie et tombent dans toutes leurs manœuvres. Ils acceptent la dissolution des milices populaires, ordonnent de rendre les armes détenues par le peuple à la bourgeoisie contre des strapontins ministériels au gouvernement. Dans ces gouvernements les postes clés sont détenus par les Partis social-démocrates et bourgeois " nouveaux " (MRP en France, Démocratie Chrétienne en Italie). L'administration bourgeoise a été entièrement réédifiée, l'armée épurée de la plupart des éléments progressistes issus de la Résistance et reprise en main par la bourgeoisie. Dans ces conditions les communistes au gouvernement n'ont que très peu de poids et SURTOUT leur politique de concession sur concession à la réaction les isole de plus en plus du peuple. La bourgeoisie les tolère car leur politique de " Retroussez vos manches " revient à la reconstruction de l'économie capitaliste AU SEUL PROFIT de la bourgeoisie ; malgré les plus honteuses concessions du PCF (comme le vote des crédits militaires pour l'Indochine en mars 1947 par les ministres communistes : Thorez dit qu' " il n'y a pas lieu de rompre la solidarité ministérielle " ( !) " le PCF est finalement chassé du gouvernement en mai 1947. Au moment de la conférence le PCI est encore au gouvernement mais il ne fait pas de doute qu'il va lui arriver la même chose.
    Au moment de la conférence la situation du PCF et du PCI n'est donc pas brillante ; Longo et Duclos ont quelque peine à camoufler que le bilan de la ligne politique de leurs Partis est UN BILAN DE FAILLITE.
    L'intervention de Duclos qui est la seule reproduite par Reale (1) est très embarrassée car il s'attend à des sérieuses critiques.
    Ces critiques pleuvent à partir du 3è jour de la Conférence de la part de tous les délégués sauf les Polonais. Nous ne reproduisons ici que 4 interventions principales dont 2 faites par les Yougoslaves. La justesse et la portée de leurs critiques peut étonner vue leur propre dégénérescence révisionniste apparue au grand jour dès 1948. Nous étudierons ce problème dans la seconde partie de ce texte.
    MAIS IL NE FAUT pas OUBLIER que les Soviétiques ont été à L'INITIATIVE de la Conférence et en particulier de la critique.

(1) Reale n'a pas reproduit les interventions des Italiens. Quand on parle des interventions reproduites par Reale que nous publions il ne s'agit pas du texte INTÉGRAL mais des NOTES prises par Reale, mais qui sont très détaillées.

                        LES INTERVENTIONS DE CRITIQUE

1°) 24 septembre : Intervention d'Edward Kardelj. (1)

(…) " Il s'agit d'un phénomène répandu dans bon nombre de Partis Communiste, grâce d'ailleurs à l'influence des Français et des Italiens. Les erreurs de ces derniers ont une influence au sein d'autres Partis en Europe. Après la guerre, collaboration temporaire avec les PC. Les Fronts Nationaux ont été constitués sur la base paritaire ; les PC étaient trop faibles pour prendre le pouvoir. Nous pensons que les P.C. ont bien fait de prendre part aux coalitions. Mais une telle situation ne peut s'éterniser.
Les communistes, représentants de la classe ouvrière ne peuvent cohabiter longtemps avec les représentants de la bourgeoisie réactionnaire et avec la Social-Démocratie. L'une et l'autre sont encore assez fortes mais ni l'une ni l'autre ne peuvent prendre le pouvoir à elles seules. Dans cette lutte le vainqueur est celui qui mène le combat avec la plus grande hardiesse, qui a les vues les plus claires, qui conserve le moins d'illusions sur les coalitions parlementaires, qui dans la lutte pour obtenir la majorité au sein des masses réussit à l'emporter et prendre le pouvoir.
    Le marxisme-léninisme et le mouvement ouvrier nous l'enseignent. Si les Partis Ouvriers se noient dans le parlementarisme, tout est fini. Nous en avons eu la preuve dès après la première guerre mondiale. Il n'est pas exagéré de dire que dans le mouvement ouvrier international il y a eu une tendance à la révision du marxisme-léninisme, à la déviation. Phénomène du Browderisme aux U.S.A. ; le système impérialiste s'est affaibli à la suite de la guerre anti-fasciste. Après la guerre certains communistes ont pensé qu'allait s'ouvrir une période pacifique, parlementaire, d'apaisement de la lutte de classe. Déviation vers l'opportunisme et le parlementarisme. Erreurs dans la politique du Parti Français et du Parti Italien ainsi que dans d'autres Partis. Erreurs de tactique du Comité Central du Parti Italien. Les communistes italiens n'ont pas compris que l'impérialisme s'était affaibli. Forme légale, pacifique de la prise du pouvoir. Le 1er septembre 1947 Togliatti affirmait : " Nous avons prévu la transformation de notre pays ". Erreurs de l'autre après guerre. Développement pacifique du Socialisme par les manœuvres parlementaires. Je ne nie rien de tout cela. Marx, Engels, Lénine, Staline admettaient une telle possibilité. Mais cela est l'affaire des pays de l'Est tels que la Pologne et la Bulgarie où le rôle dirigeant appartient aux Partis Communistes avec des positions bien solides acquises pendant la lutte armée. Gomulka a signalé cela. Mais les choses vont différemment dans les pays où la bourgeoisie détient encore les positions clés. Dans la lettre du Comité Central du 16 Août 1947 (2) nous pouvons lire : " Nombre de camarades ont eu l'illusion que…etc… ". Le Comité Central critique de telles illusions ; mais dans cette lettre il est question de la confiance, qui, si elle n'était pas de mise à l'époque, pouvait l'être dans d'autres conditions. Togliatti a affirmé le 27 septembre 1946 : " Les Partis sont la démocratie qui s'organise. Les grands partis sont pour nous une garantie de liberté. "

(1) KARDELJ : membre du B.P. du PC Yougoslave. Solidaire de Tito lors de la condamnation du révisionnisme titiste par le Kominform. Est toujours dirigeant.

(2) Lettre -résolution du CC du P.C.I. .

    J'estime beaucoup Togliatti mais je ne suis pas d'accord avec lui. Avec ses illusions en ce qui concerne notamment un Parti comme celui de De Gaspari (1) . Si les communistes ne mettent pas à profit ces coalitions pour prendre le Pouvoir ils finissent par être isolé. La bourgeoisie était faible. Elle voulait le Front Populaire, le bloc des Partis. Mais il fallait profiter de ces conditions de faiblesse de la bourgeoisie, s'emparer des positions clés. Je ne crois pas me tromper en affirmant que la conception que le PCI avait de la coalition est à la base même de sa défaite.
    Le 1er Septembre dernier Togliatti affirmait : " les perspectives restent valables dans des conditions déterminées ". Prenons l'exemple de Saragat. (2) Le PCI luttait avec acharnement contre Saragat. Mais à présent il a décider de collaborer avec Saragat au sein de la coalition des Partis de gauche. Saragat n'est pas au gouvernement mais il voudrait y entrer. Or le P.C.I. considère cela comme un fait positif. Les communistes italiens sous estiment le fait que Saragat constitue la réserve de l'Impérialisme US. Je crois que le PCI sous estime aussi la possibilité que Nenni prenne des positions plus avancées.(2) La politique du PCI à l'égard des Socialistes est juste. Mais il se peut qu'à un moment donné ce bloc se révèle insuffisamment solide.(3). Nos camarades italiens affirmaient que le gouvernement constitué par la coalition des communistes avec le Parti de Gaspari était un début de Démocratie Populaire. Togliatti : " Lorsque Tito affirme qu'en Italie il serait facile de se débarrasser d'un tel gouvernement il se trompe. L'évolution atteindra son point culminant le 2 Juin (4) ". Les communistes italiens affirmaient que De Gaspari était un homme honnête et que son Parti était un Parti de masse et ont omis de démasquer ce dernier comme un Parti à la solde du Vatican. Or à ce moment là le complot qui tendait à leur exclusion était déjà on cours d'exécution. Le 27 Mai Togliatti exprimait ses regrets de ne pas pouvoir disposer de conditions comparables à celles des camarades français et louait De Gaulle en termes enthousiastes . Or la démocratie populaire ne commence pas du tout avec la participation des communistes à un gouvernement bourgeois. Peut on affirmer que le P.C.F. et le P.C.I. se soient emparés de positions clés ? Pas du tout. Par leur théorie sur la démocratie populaire ils n'ont réussi qu'à désarmer les masses. Mots d'ordre de politique nationale et du rôle national du Parti Communiste. Certes aucun Parti ne peut être qualifié de national à l'égal du Parti Communiste. Mais une chose est le Parti national autre chose le nationalisme.
    Le P.C.I. a compris trop tard le véritable sens de la politique américaine. D'où le mot d'ordre; " Ni Londres, ni Washington ni Moscou " . (5) Il est pourtant clair que sans Moscou il n'est pas de liberté, il n'est pas d'indépendance.
Le mot d'ordre du P.C.I. qui a eu vraiment du succès est celui de la défense de l'unité nationale . L'Italie du Nord est plus avancée. Nous avons critiqué cotte position des camarades italiens dès 1944. Ils affirmaient qu'il fallait freiner l'évolution révolutionnaire dans le Word pour éviter la rupture avec le Sud.

(1) Le Parti Démocrate-Chrétien.

(2) SARAGAT, NENNI : chefs de groupes social-démocrates issus de la 1ère scission du Parti Social-Démocrate Italien.

(3) Le bloc gouvernemental auquel participe le PCI. avec la Social-Démocratie.

(4) C'est à dire les élections.

(5) Le P.C.F. a lancé aussi ce mot d'ordre jusqu'en 1947 : "Contre la politique des blocs...". L'impérialisme anglais a été dénoncé assez tôt dans l'Humanité mais l'impérialisme Américain a bénéficié jusqu'en 1947 de silence et d'indulgence.

 

A la question le savoir ce qui se serait passé si le P.C. avait provoqué l'insurrection, Togliatti avait répondu que les communistes auraient pris le pouvoir dans une partie seulement du pays et que l'Italie aurait ainsi perdu son unité, sa liberté, son indépendance. Et plus loin "L'unité nationale était menacée, nous l'avons sauvée. Et c'est là le plus grand succès remporté par notre Parti". Le Parti a donc rendu les armes et perdu toutes ses positions. Le P.C.I, est responsable de tout cela. Mais cela est la conséquence de la politique pratiquée par le P.C.I. pendant la guerre. Nous étions en rapports avec les camarades italiens. Pendant la guerre le P.C.I. disposait d'un prolétariat dont la combativité n'avait pas d'égale dans les autres pays d'Europe. Nous avons invité les camarades italiens à étudier notre expérience ; nous avions libéré la moitié du territoire, nous avions une armée. Mais les camarades italiens ne voulurent imiter notre expérience, prendre le chemin de l'insurrection. Le P.C.I. a commis des erreurs plus graves que le P.C.F. Tous nos arguments ont été inutiles, nous avons discuté sans résultat, pendant, avant et après la guerre.
    Lutte pour la conquête de la majorité. Dans ce domaine il arrive que l'on soit aveuglé par les questions secondaires et que l'on ne voie pas le principal. La fore du Parti n'est pas seulement dans le nombre des suffrages. Il faut ajouter les grèves politiques et les autres formes de lutte. Il ne faut pas avoir peur même de recourir aux moyens extrêmes. Les masses ne marchent pas seulement d'après les mots d'ordre, il leur faut aussi des exemples. Un Parti qui compte des millions d'adhérents peut perdre la bataille, tandis qu'un petit Parti peut réussir à entraîner les masses. On entend dire souvent par les dirigeants du PCF et du PCI que les communistes ne se laissent pas prendre aux provocations, que l'on ne parviendra pas à les pousser dans la voie de l'illégalité. Dans la lettre que je viens de vous citer le P.C.I. parle d'organiser des manifestations mais recommande la prudence, ne pas provoquer des incidents. Il y est dit en outre : "Nous devons tendre à un gouvernement de toutes les forces de gauche avec la Démocratie Chrétienne". C'est logique et il est juste que les communistes italiens luttent pour participer au gouvernement, mais ils n'y parviendrons pas par de tels moyens. La politique du P.C.F. décourage les masses. Elle est fondée sur l'incertitude.
    Un Journal italien affirmait que le discours de Thorez trahissait la nostalgie du gouvernement. Les communistes français et italiens justifient leur politique par le désir de ne pas perdre l'adhésion des masses. Malenkov a mis en lumière la politique des Bolcheviques qui ont su lutter contre le courant. Sous le prétexte de ne pas perdre le contact avec les masses on commet les pires erreurs.
    Problèmes grec. Souvent les Italiens, ainsi que d'autres affirment que les alliés voudraient faire de leur pays une nouvelle Grèce, créer une situation comparable à celle de la Grèce. Les Américains ne désirent nullement une situation analogue à celle de la Grèce. Cela menacerait leurs positions. De l'avis de notre C.C. la situation le la Grèce est bien meilleure que celle de l'Italie et de la France. Tandis que les communistes grecs passent a la contre offensive, les communistes français et italiens sont écrasés par le gouvernement, ils reculent. Les impérialistes italiens et français font de leurs pays des vassaux de l'Amérique. Le C.C. (1) souhaiterait une situation analogue à celle de la Grèce tant en France qu'en Italie, cela porterait un coup, sérieux à l'impérialisme anglo-U.S. .
Briser l'offensive impérialiste. Nous n'entendons pas conseiller aux Français et aux Italiens de suivre l'exemple des Grecs : nous voulons seulement leur faire remarquer que leur point de vue sur la Grèce est en accord avec leur opportunisme en matière de politique intérieure.

(1) Il s'agit du Parti Communiste Yougoslave.

Les dirigeants du Parti Français et du Parti Italien portent une grande responsabilité devant leur propre pays. Ces partis ne soutiennent point la lutte pour la libération de la Grèce; ils estiment que la partie est déjà perdue et qu'elle sera liquidée bientôt. La Yougoslavie, l'Albanie et la Bulgarie subissent l'attaque impérialiste par suite de la situation en Grèce. Si nous voyons dans la Grèce une des causes de l'humanité progressiste, si nous mobilisons l'opinion pour la défense de la Grèce, nous élèverions une barrière importante devant l'intervention U.S. L'un L'un des résultats de cette conférence devrait être le développement de l'aide à la Grèce.
    Les partis français et italiens n'ont pas encore de perspective bien nettes. Ils participent à la lutte pour la reconstruction industrielle, pour les prix, pour résoudre les difficultés économiques. (1) Je ne suis pas bien au courant. Mais je crois que dans les conditions du Capitalisme les Partis ne doivent pas appliquer pareille tactique. Un PC ne peut pas prendre une telle position à l'égard d'un gouvernement qui fait du pays un vassal de l'Amérique. C'est la voie de l'opportunisme, du parlementarisme. L'opposition dans ces conditions n'est plus q'une opposition de forme. Il n'est pas possible de ramener toute la politique à la simple lutte parlementaire. Pourquoi contribuer à l'amélioration de la situation économique d'un gouvernement que l'on se propose de renverser ? "

 

(1) C'est la fameuse politique de Thorez en France : " Retroussez vos manches ".

 

2°) INTERVENTION DE FARKAS : (1)

( texte complet des notes )

" La force d'un Parti ne réside nullement dans le nombre de ses membres mais dans ses contacts avec las masses, dans l'héroïsme de ses membres et dans leur préparation idéologique. Théorie du pont entre l'Orient et l'Occident, entre peuples libres et démocratiques d'un côté et peuples impérialiste de l'autre.
    Critiques au P.C. F. . La France n'est plus une grande Nation comme le prétend Duclos. Pourquoi ce qui a été affirmé ici par Duclos n'a-t-il pas été dit à Strasbourg (2) ? Peut-être le P.C.F. ne voulait il pas rompre définitivement avec Ramadier et avec Blum pour pouvoir aller de nouveau au gouvernement avec eux ?
Si les Communistes français s'étaient adressés directement et avec, force au peuple, Ramadier n'aurait pas osé les chasser. Quelques mots sur l'Italie. Longo a parlé d'une collaboration éventuelle avec De Gaspari en affirmant que l'on ne pouvait constituer de gouvernement sans les Démocrates Chrétiens. Je voudrais que Longo, magnifique exemple de militant communiste ne se formalise pas, mais c'est là du crétinisme parlementaire.
On peut toujours opposer les masses à la majorité parlementaire. On pourrait constituer un gouvernement de minorité, lequel dissoudrait le Parlement. Le P.C.I. est hypnotisé par la puissance numérique de la Démocratie Chrétienne. Chez nous les Paysans représentaient les 57% et nous n'étions que les 17%. Après une lutte qui a duré deux ans nous avions renversé la situation et brisé le Parti adverse. Il ne faut pas sous estimer nos propres forces. (3)
    Le problème de l'Allemagne est très grave. Tous les Allemands ne sont pas d'accord avec les Américains. Il faut soutenir les forces démocratiques et parlementaires. Lorsque nous avons dénoncé le complot (4) nous avons dit que les Américains ne donnaient de l'argent qu'à ceux qui arrachaient la terre aux paysans. Mot d'ordre : " On ne saurait mettre l'indépendance nationale à l'encan."
    La dissolution du Komintern était indispensable et elle était utile. On ne s'apercevait pas des différences des situations nationales, on travaillait sur des bases uniformes. Mais nous ne pouvons nous passer des expériences des autres pays, sans cela nous risquerions de sombrer dans l'opportunisme et dans une politique aveugle. Nous autres communistes hongrois avons demandé conseil à Staline, à Tito et à Dimitrov et ceux-ci nous ont conseillés. Il faut que nous organisions des rapports internationaux réguliers. Voilà un an que Rakosi l'avait proposé. Action coordonnée contre l'Impérialisme anglo-U.S. " 

(1) FARKAS : vieux militant hongrois, à la direction du Parti avec Rakosi. Evincé de la direction du Parti et emprisonné par Kadar avec la "destalinisation" consécutive à 1956.

(2) STRASBOURG : le XIe Congrès du P.C.F. s'y est tenu en JUIN 47. Les interventions étaient un festival d'autosatisfaction et d'optimisme de façade, malgré la faillite totale de la ligne du P.C.F. qui vient d'être chassé du gouvernement. Dans sa 1ère intervention à la Conférence Duclos, craignant la critique est plus prudent.

(3) II s'agit du Parti Paysan Hongrois manipulé par la bourgeoisie et 1'impérialisme U.S. .Les % sont ceux des élections de 45.

(4) Le chantage à l'aide américaine (plan Marshall) fait par les Partis bourgeois.

3°) INTERVENTION DE DJILAS : (1)

 (...) " Le fait essentiel de l'évolution internationale est la volonté des Américains de dominer les peuples; cela constitue pour les peuples affamés un danger peut-être plus grand que le fascisme lui-même. Il semble que tous les Partis ne s'en rendent pas compte, ils ne misent que sur le jeu parlementaire.
    Ils n'ont pas su profiter de la période insurrectionnelle. (2) Leurs gouvernements ont jeté leurs pays en pâture à l'impérialisme U.S. . Le P.C.F. est sorti le plus fort; les socialistes, sous l'emprise américaine ont fomenté une conjuration et ont chassés les communistes du gouvernement. II en a été de même en Belgique et en Italie. La presse bourgeoise elle-même a cité le fait. Seuls les communistes n'ont pas compris. Cela s'explique par la politique des socialistes à l'égard de la classe ouvrière et par la politique de guerre en Indochine. Les communistes ont été chassés parce-qu'ils l'ont bien voulu ..."
DUCLOS : " Ce n'est pas vrai."
DJILAS : " Les communistes français ont été chassés parce que les impérialistes américains l'ont exigé. Les grèves en France (3) n'ont pas du tout le caractère d'une Lutte en faveur du retour des communistes au pouvoir.
L'Humanité affirmait que la responsabilité des grèves retombait sur le gouvernement. Les communistes affirmaient que les grèves avaient des cause économiques. Ramadier a en partie satisfait les revendications ouvrières et les grèves ont cessé. Il faut se souvenir qu'au Congrès de Strasbourg Thorez qualifiait le P.C.F. de "Parti de gouvernement" bien que le Parti ne fût plus au gouvernement.
    L'attitude du P.C.F. après son exclusion n'est nullement fortuite, elle a une histoire. Le P.C. F. a constitué des blocs de toute sorte, mais pas toujours sur la base de la lutte armée, de la Résistance, d'une insurrection qui viendrait au moment opportun, au moment où toute la Nation y compris la bourgeoisie serait prête. Cela a permis à Bidault d'occuper la présidence, comme au Mihailovitch français De Gaulle de devenir le sauveur de la patrie. Le P.C.F. n'a pas fait l'insurrection. Ils se sont laissés influencer par des opportunistes, des capitalistes, par ceux qui attendaient les Anglais, qui affirmaient que les Allemands étaient encore forts. (4) Les politiciens tarés et corrompus ont eu gain de cause. Il aurait fallu réfléchir sur tout ce que nous avons appris de Lénine et de Staline, autrement dit que la guerre de l'U.R.S.S. est une lutte prolongée. En dépit de l'héroïque lutte des Partisans français; le P.C.F. n'a pas fait son devoir à l'égard de la Nation française.

(1) MILOVAN DJILAS : A ce moment jeune dirigeant du parti yougoslave. Devenu avec Tito chef de file du révisionnisme yougoslave, il a surpassé son maître en proposant de remplacer le Parti Communiste par plusieurs Partis de type Social-démocrate. Mis à l'écart par les titistes il est devenu aujourd'hui totalement bourgeois.

(2) C'est à dire 1944, la période de la Libération.

(3) Les grèves de juin 47 commencées par la grande grève des mineurs. Le PCF y eut une attitude ambiguë. Il n'osa pas donner tout son sens politique au mouvement (faire sauter le gouvernement Ramadier dont il venait d'être évincé). En de nombreux endroits les militants du P.C.F. donnèrent aux grèves un caractère très combatif et même pré-insurrectionnel (c.f. prise de la gare de Limoges, les armes déterrées…) Mais il semble que la direction ait étouffé ces " débordements " tandis que les masses découragées par la politique du PCF au gouvernement ne se soient pas mobilisées autant qu'elles auraient pu l'être. Finalement ce fut un échec.

(4) Il s'agit des réseaux de " Résistance " gaullistes et bourgeois.

 

Après la guerre, le PCF a fait des concessions successives à la réaction, il a permis la dissolution des forces de Résistance, l'exclusion des Partisans des milices, etc… Le PCF espérait prendre le pouvoir au moyen des élections. Il était ainsi poussé sur le chemin de l'attente et de la passivité. Comment le PCF explique-t-il cette attitude ? Il dit qu'il ne pouvait rien faire avant que la guerre contre les Allemands fut terminée afin de ne pas compromettre les rapports entre les Russes et les Américains. De Gaulle, sous prétexte de mettre de l'ordre dans l'armée a exclu les vrais combattants de la lutte contre l'Allemagne. Lutte de toute la Nation contre l'Allemagne. Moyens exclusivement parlementaires. Le deuxième argument est ridicule. Ce qui aurait apporté le soutien le plus efficace à l'URSS aurait été une action pour réduire l'influence américaine sur le peuple. Pendant la guerre contre les Allemands les Grecs n'ont pas hésité à s'opposer aux Anglais. Nous autres Yougoslaves n'avons jamais permis que les Anglo-Américains aient une influence déterminante. Les communistes français sont devenus de piètres représentants de la politique de l'URSS devant le peuple français pourtant combatif.
    La Constitution française (1) que les communistes comme les socialistes ont soutenu au cours du Référendum, était impopulaire, ce n'était pas une bonne Constitution. Les communistes l'ont votée par crainte d'être isolés, tandis que les socialistes ont essayé de la faire rejeter au moment du Référendum. Nos camarades ont été victimes de la machine électorale dans laquelle ils ont cru aveuglément. Une autre constitution a été faite ensuite et les communistes l'ont acceptée sous prétexte qu'il fallait en finir avec le provisoire.
    Les communistes ont continué d'accroître leurs effectifs et son devenus le Parti le plus fort, mais les événements ne se sont pas déroulés selon leurs prévisions. L'impérialisme US devenait toujours plus puissant, les guerres coloniales s'aggravaient ; pour obtenir l'aide US, la bourgeoisie a commencé à marchander avec les USA. Les communistes exclus du gouvernement ont été les premières victimes. Bevin, Bidault (2), etc... savaient fort bien que les communistes n'auraient pas abandonné le terrain parlementaire sur lequel la réaction a réussi à constituer une majorité contre eux. Les communistes français ont toujours affirmé qu'ils n'auraient jamais quitté le terrain de la légalité. Tout le travail de leur Parti était fondé sur cette affirmation.
    Aucun ordre, aucune discipline. N'importe qui peut entrer dans ce Parti. En 46 les effectifs atteignaient le million. En 47, 800.000. Où sont passés les autres ? Il n'y a pas eu d'épuration. Le mot d'ordre : augmenter les effectifs. Il s'agit d'une ligne politique et idéologique. De nombreux membres du Parti ne se considèrent tenus par aucune obligation. La réaction avait fort bien vu que si la direction du Parti avait fait la moindre tentative, la masse des adhérant n'aurait pas suivi. Les camarades français auraient du savoir que les Américains agissaient en vue de la domination mondiale et qu'ils auraient tout fait pour chasser les communistes du gouvernement.
    Les communistes français auraient du savoir que la bourgeoisie est au pouvoir, que le Parlement est un instrument de ce pouvoir. Ils auraient du préparer le Parti à affronter une telle situation. Ils ne l'ont pas fait. L'ennemi en a profité.

(1) Constitution de 46 rejetée au 1er référendum de mai 46.

(2) Ministres des affaires étrangères anglais et français.

 

La politique pratiquée à l'égard des socialistes n'est pas juste. Elle n'a apporté aucun avantage. Blum était d'accord pour un Comité d'entente (1)
Il y eut des discussions, mais il n'y a plus ni Comité ni discussions. Les communistes français perdent leur temps en discussions aux échelons élevés mais ils n'ont rien fait à la base. Les ouvriers ont pensé qu'il était possible d'aboutir à un accord avec Blum.
    Au Congrès de Strasbourg Duclos s'est exprime en misant sur un recul possible des socialistes lors des élections. Si les socialistes ne veulent pas que leur Parti perde des voix ils devront marcher avec les communistes. On dirait que Duclos pense que dans la situation présente tellement difficile pour le capitalisme français, Blum songe plus à son Parti qu'aux intérêts de la bourgeoisie. L'identité n'est pas possible entre Blum et les intérêts de la classe ouvrière.
    La politique du PCF à l'égard de De Gaulle n'est pas très claire. A Strasbourg, Thorez a critiqué De Gaulle, mais cela ne l'a pas empêché de souligner ses mérites pendant la guerre. C'est pourtant faux. De Gaulle n'a rien fait, c'est un agent de Churchill, en accord avec l'Intelligence Service, il a organisé des groupes qui ont entravé l'action des Francs Tireurs. Quelle différence avec Mihailovitch et avec Anders (2) ? Pourquoi ne pas dire la vérité aux Français, pourquoi faire de De Gaulle un héros national ? S'isoler des masses ? De quelles masses ? Certainement pas de la classe ouvrière, laquelle ne saurait être avec De Gaulle. Les communistes français sous estiment le danger de De Gaulle. Si un jour, Blum et Ramadier n'étaient plus utilisables, voilà De Gaulle tout prêt.
Politique coloniale. Le 23 Juin le P.C.F. affirmait que l'on devait avoir une attitude démocratique à l'égard des colonies. Dans les Cahiers du Communisme Lozeray affirmait en 45 que la condition pour résoudre le problème colonial était une extension de la Démocratie et Fajon (3) . . .
    Les perspectives du PCF sont loin d'être claires. Le Congrès n'a rien apporté sur ce point, il n'a été qu'une manifestation. Où aller ? Un membre du PCF ne sait que faire. Sur la politique étrangère Thorez s'est exprimé en ces termes : " La solution du problème allemand garantirait la sécurité, l'entente avec toutes les nations et d'abord l'Angleterre, l'Amérique et l'URSS. L'union franco-soviétique est la meilleure garantie contre le danger allemand, etc. " De tels propos pouvaient être tenus pendant la guerre. Mais aujourd'hui l'impérialisme US est à la tête d'une nouvelle croisade contre l'URSS ; mettre sur le même plan les Anglais et les Russes peut induire en erreur le Français moyen, lui dissimuler les vrais amis et les véritables ennemis. Lorsque je parle des erreurs des communistes français j'entends qu'ils devraient s'occuper de rectifier la ligne, laquelle ne correspond plus à la réalité de la situation internationale. Revoir leur travail, leurs erreurs et ensuite mobiliser le Parti avec la plus grande énergie. Ce n'est pas trop tard. Sous la conduite du PCF, la classe ouvrière pourra se battre et gagner la partie. (…) "

(1) Comité de discussions au sommet formé par le PCF et la SFIO fin 44 en vue de la fusion organique des deux partis en un " Parti Ouvrier Français " qui aurait été la réunification sur le plan politique du mouvement ouvrier français après la réunification syndicale de 44. L'échec fut rapide.

(2) Mihailovitch : chef du gouvernement yougoslave en exil à Londres. Agent des anglais.

(3) Fajon a fait un rapport sur la question coloniale à Strasbourg sous le titre "Pour une véritable Union Française "... Sur la politique coloniale du P.C.F. à cette époque voir article dans Ligne Rouge n°6 Sept.69.

 

4°) INTERVENTION D'ANNA PAUKER (1)

(...)"Le P.C.F. avait vu son autorité augmentée lors de l'affaire de Munich. Pourtant son attitude à ce moment là n'a pas été très claire, elle l'est devenue ensuite. Même observation en ce qui concerne son attitude à l'égard de l'U.R.S.S. .(...)
"S'ils avaient su provoquer un sursaut du peuple, les Partis Français et Italien auraient pu soulever la colère et l'indignation contre les agresseurs. En France comme en Italie les américains se comportent comme des occupants. La petite-bourgeoisie elle-même, dont le P.C.F. se préoccupe un peu trop, voit que l'Amérique veut étouffer la France politiquement et économiquement. Il y a là de quoi armer le peuple contre les Américains. Le peuple français hait les quisling. Mais que fait donc Ramadier ? Il fait un travail de Judas. C'est cela qu'il faut montrer au peuple français. Faut il attendre les élections ? AU contraire il faut démasquer cet homme, démasquer ce gouvernement. Duclos a affirmé que Guy Mollet emploie les mêmes arguments que les communistes. (2) Mais en ce qui concerne le plan Marshall Guy Mollet a exprimé son approbation. Pourquoi Duclos enjolive t-il la vérité devant nous ? Il faut attaquer Guy Mollet. L'essentiel est le point de vue à l'égard du Plan Marshall. Il ne faut pas faire de pirouettes. Il faut dire non seulement devant le peuple mais devant la nation toute entière que Guy Mollet est d'accord avec Blum, qu'il trahit. Peut-être alors une grande partie des socialistes se dressera contre Guy Mollet et l'amènera à parler un autre langage. Duclos nous dit que de Gaulle préparait des troubles, qu'il y a eu des provocations, que l'on voulait provoquer le Parti. A mon avis, les Américains et leur valet De Gaulle voient la situation mieux que nos camarades. Ils voient que les pays d'Europe Orientale marchent vers le socialisme, que la France pourrait y aller à son tour, car il existe une réelle possibilité. Si l'on mobilise la classe ouvrière il est possible de gagner le peuple. Voyez ce qui se passe en Italie. Il peut se produire la même chose en France. Il faut mobiliser le peuple français contre cette grave menace. Le MRP et bien d'autres sont les valets du capitalisme Américain et Anglais.
    La lutte ne se ramène pas uniquement à l'organisation de meetings et de campagnes électorales. On ne peut se borner à affirmer : " Nous voulons éviter l'isolement ". Le PC n'est pas un parti de gouvernement à tout prix. On gouverne lorsque l'on peut appliquer une politique déterminée. La France et l'Italie constituent un avertissement pour tous les pays du monde. Des millions d'hommes ont voté pour le Parti. Au lieu de les mobiliser et de les convier à la lutte, nous leur disons : " Nous n'avons pas été chassés, nous avons quitté le gouvernement de nous-même. " C'est là le plus sur moyen de démobiliser les masses. Lors des évènements de Hongrie nous avons mobilisé le peuple, nous avons dit : " Voyez ce qui se passe ". Si l'on disait la vérité au peuple français qui a tant souffert de la trahison des Daladier, des Pétain, etc., il comprendrait certainement.

 (1) ANNA PAUKER : Vieille militante et dirigeante du Parti Roumain, notamment chargée de sa réorganisation dans la clandestinité sous le joug fasciste. " Epurée " par les révisionnistes roumains après 1956 comme " stalinienne ".

(2) Duclos a présenté Guy Mollet comme chef d'une " gauche " dans la SFIO, avec qui le PCF pourrait s'allier.

Longo a affirmé que nous avons besoin de l'aide US (1) à certaines conditions. Si nous disons cela au peuple, celui ci pensera : " Si les communistes qui sont des honnêtes et des courageux disent cela, nous devons prendre l'argent des Américains. " Nous devons tenir un autre langage, nous devons dire que nous pouvons nous passer de l'aide américaine. Lorsque le peuple russe avait faim, les Russes n'ont pas dit : " Nous avons absolument besoin d'aide. " En plaçant toute notre confiance dans les forces du peuple, nous pouvons nous tirer d'affaire dans tous les pays, sans l'aide américaine. Ce sera plus long, ce sera plus difficile, mais nous y parviendrons. Mobiliser le peuple : le peuple Yougoslave a donné des millions d'heures de travail.
    Duclos a affirmé que nous dirons aux peuples : " Nous voulons l'amitié des Anglais, des Américains et de l'URSS. Pourquoi les mettre tous ensemble ? Il faut montrer le vrai visage de ces soi-disant alliés. Dunkerque. (2) La Ruhr (3) Montrer les chiffres au peuple, démasquer des alliées qui les exploitent. Dire que d'autres ont une toute autre attitude. Ainsi le peuple français saurait qu'il peut compter sur une amitié qui ne se démentira jamais. Il connaît la force de l'URSS. Un allié qui est fort et qui de son coté dispose de bien d'autres alliés, une centaine de millions d'hommes. Il faut dire clairement qu'il faut se ranger aux cotés de l'URSS. Si l'impérialisme américain s'efforce de soumettre la France et l'Italie, il n'est pas encore trop tard pour consolider le front de la Résistance, pour appeler à la lutte.
    Il faut reconquérir le terrain perdu. Nous souhaitons au Parti Français et au Parti Italien qu'ils acquièrent enfin une vue claire de la situation de sorte qu'ils puissent progresser. " (...)

(1) Il s'agit du plan Marshall. ( ! )

(2) le rembarquement des troupes anglaises en 1940.

(3) Les américains et les anglais ont entravé la prise des réparations dans la Ruhr prévues par les accords pour la France. Pendant ce temps ils manœuvrent pour restaurer les Krupp, Thyssen et Cie…

L'AUTOCRITIQUE DE DUCLOS.

(25 septembre 1947)

    Au terme de deux jours de débats qui ont eu pour principal objet la critique des déviations du P.C.F. et du P.C.I., Duclos et Longo répondent chacun pour leur Parti. Nous n'avons pas les notes de la seconde intervention de Longo : d'après Reale il accepta quelques critiques de détail et se référa au C.C. du P.C.I. pour le reste qui examinerait le contenu de la Conférence.
    Quant à Duclos il paraît qu'il refusa de parler aux autres délégués dans les interruptions de la Conférence. Le voilà maintenant ne sachant pas sur quel pied danser, essayant d'esquiver l'autocritique, se déballonnant finalement et concédant du bout des lèvres que le PCF a commis des erreurs.

 "D'accord avec le rapport Jdanov. La situation de l'après guerre doit retenir notre attention. Nous sommes d'accord sur l'appréciation du rôle des forces anglo-américaines et sur la possibilité de mobiliser les masses contre l'impérialisme. Il est juste de souligner l'accroissement de l'influence de l'U.R.S.S., en dépit des campagnes de la réaction. Nos ennemis s'efforcent de présenter l'U.R.S.S. comme le pays qui veut la guerre : nous dénoncerons ces calomnies. On nous reproche de ne pas avoir suffisamment démasqué auprès des masses le plan Marshall. C'est par défaut de courage que nous aurions cédé aux menaces de la réaction. Admettons que l'éloignement des communistes du gouvernement n'ait pas été un fait de politique intérieure (prix),mais une conséquence de la pression des Américains. Mais nous l'avons souligné, bien qu'insuffisamment. Comment certains aspects de la modification internationale ont-ils pu nous échapper ? Il ne fait aucun doute que dès l'instant où les communistes sont entrés au gouvernement, le plan de la réaction a été de modifier la situation. Ce que la réaction n'avait pas pu obtenir de ses seules forces, elle l'a obtenu avec l'aide des Américains. Il est certain que nous aurions du faire davantage pour dénoncer la pression des Américains. (1) Il est tout à fait compréhensible que nous autres communistes français soyons le point de mire des critiques, par suite de la position de la France, pour le mal qu'elle peut faire. Nous sommes prêts à faire notre profit des critiques. Mais il est quelque chose que nous ne pouvons pas laisser passer. Il n'est pas juste en effet de dire que nous avons cédé sciemment aux pressions de la réaction. Nous ne nous sommes pas écartés du chemin du devoir en pleine connaissance de cause. Je dis ces choses avec tout le sérieux et la gravité que les circonstances imposent.
    Une autre affirmation : on nous dit que les Communistes français ont accusé les socialistes de "glissement à droite"(2).

(1) d'avantage ? : A Strasbourg Thorez a reproché dans les couloirs du Congrès d'avoir trop attaqué l'Impérialisme Américain...

(2) Après leur éviction du gouvernement le PCF s'est justifié en disant que le "glissement à droite" du gouvernement Ramadier les avait contraints à démissionner. Et c'est ce gouvernement qui avait en Mars aggravé la guerre d'Indochine.

Nous sommes d'accord que Blum n'a jamais été… que c'est un serviteur zélé de la bourgeoisie. (1)
Le Communisme français n'a pas ménagé Blum. Thorez l'a pris à partie au Congrès de Strasbourg sur les prix, sur les positions idéologiques, sur son gouvernement, (citation) (2). Mais la formule du glissement à droite utilisée par notre Parti, l'avait été à propos du gouvernement Ramadier-Bidault qui allait toujours plus à droite après l'éloignement des communistes du pouvoir. Nous aurions du souligner avec plus de force le rôle des Impérialistes américains.
    Au cours de la dernière période nous avons accentué les attaques contre la politique américaine. C'est grâce à nous qu'aujourd'hui, dans le peuple, des tendances s'élèvent contre l'Impérialisme américain. Il n'est pas juste de dire que nous n'avons rien fait. Il fallait faire plus voilà tout.
    Nous avons dénoncé l'affaire du blé qui porte le sceau de l'Amérique. Nous avons attaqué Ramadier, Bidault et le Parti Socialiste. Nous devons nous de séparer la base des chefs, d'attirer les militants. Il n'y a aucune contradiction entre les efforts pour réaliser l'unité d'action et la critique du Parti Socialiste. AU contraire ce sont là deux aspects d'une même action.
    Djilas et Pauker. Djilas a affirmé que nous perdions notre temps en négociations au sommet sans nous préoccuper de la base. Il est mal renseigné. Depuis 45 il n'y a plus de négociations au sommet. Le Comité d!Entente a été créé en 44 et a été dissous en 45 après le Congrès Socialiste. Quant aux propos que j'ai tenus à Strasbourg, je n'en ai pas le texte ici. Mais ce n'était pas à Blum que je m'adressais alors, c'était aux travailleurs socialistes pour les mettre en garde contre leurs chefs qui défendait la bourgeoisie et non leur propre Parti. Quant à Pauker elle n'a pas compris ou alors je me suis mal exprimé. Si j'ai cité la résolution de Guy Mollet c'était pour montrer que la pression des masses pousse des hommes comme Guy Mollet à la démagogie. On ne peut nous attribuer l'idée de considérer les militants socialistes comme des demi-alliés. Mous croyons que les militants socialistes peuvent être amenés à nous et que nous devons les aider. Le % ouvrier au sein du Parti Socialiste est en baisse constante. La résistance de Guy Mollet est du même ordre que celle de Ramadier. Sans la complicité de Guy Mollet, Ramadier ne pourrait pas poursuivre sa politique.
    Je veux répondre à la critique de Jdanov sur notre formule du " Parti de gouvernent ". Comment peut-on imaginer que nous voulons assumer la responsabilité de la politique du gouvernement ? Nous voulons dire pas là que notre Parti est un parti CAPABLE de gouverner, qui a fait ses preuves et qui peut reprendre le pouvoir. "
JDANOV : " Ne croyez vous pas que le peuple aurait mieux compris si vous aviez dit que le PC est un Parti d'opposition ? Je n'ai jamais lu ce mot dans les discours de Thorez ni dans ceux de Duclos depuis le mois de mai ."
DUCLOS : " Aussitôt après notre sortie du gouvernement, il y a eu un certain flottement c'est exact. "
JDANOV : " Lorsqu'un Parti comprend qu'il s'est trompé, il doit le dire urbi et orbi. Vous ne l'avez pas fait. "
DUCLOS : "Nous avons dit qu'aucun gouvernement ne peut servir les intérêts du peuple sans les Communistes. A notre dernier Comité Central nous avons dénoncé les hésitations et nous avons décidé de les corriger.

(1) (2) Blum avait formé fin 46 un gouvernement bi-partite (M.R.P., S.F.I.O.) d'où avaient été exclus une première fois les Communistes. Les communistes sont revenus une dernière fois au gouvernement de janvier à Mars 47 ( avec Ramadier ).

 

 Le Parti rédigea une résolution dont le texte n'était pas encore prêt au moment de notre départ. Le C.C. a décidé de prendre des mesures afin que les communistes prennent la tête des masses. Il est faux de dire que notre Parti ait voulu garder un caractère exclusivement économique au mouvement ouvrier. Nous avons dit le contraire. (C.C. du 13 Nov.) Le C.C. se préoccupe d'appliquer des formes d'action qui ne sont pas exclusivement parlementaires. Il faut préciser sous quelle forme nous avons maintenant avantage à mener la lutte de classe. Nous devons mobiliser notre peuple pour défendre l'indépendance contre les Impérialistes U.S. . Je me permets de faire remarquer à Djilas qui, j'en suis sûr nous aime bien, (qui aime bien châtie bien) que nous déplorons que, ayant eu l'occasion de s'entretenir avec nous, il n'ait exprimé ses critiques à l'égard des erreur de notre mouvement pendant l'insurrection. (1) Nous sommes d'accord avec Jdanov en ce qui concerne les critiques à l'égard des Parti français et italien, de nos erreurs dans la situation présente. Que devons nous faire maintenant pour corriger nos erreurs ?
JDANOV : "Duclos parle t-il également pour l'Italie ?"
DUCLOS : " Non nous avons assez de quoi faire avec la France. Nous devons mobiliser les masses en vue des élections municipales. Nous devons mettre davantage en lumière le rôle de la politique U.S. . Il est possible de créer un vaste mouvement de masse contre l'Impérialisme US. Notre délégation prend l'engagement que tout sera mis en oeuvre pour faire échouer le plan tendant à isoler notre Parti des masses et pour mobiliser les larges masses. Nous sommes d'accord avec Jdanov quand celui-ci affirme que les communistes doivent reprendre la tête de la résistance aux plans U.S., du mouvement qui tend à démasquer les complices des Américains et à soutenir les éléments réellement patriotiques. Cela signifie que nous devons entreprendre un grand travail de masse, allant plus loin que la classe ouvrière. On n'aurait tort de dire qu'aucun socialiste ne peut être entraîner dans cette lutte. On ne peut mettre dans le même sac les dirigeants et les militants de base, car de cette façon on renforcerait la position des chefs. Critique de Djilas sur l'indépendance des Partis à l'égard de Moscou. Voilà ce que disait Thorez au XIè Congrès (Citation). Nous sommes d'accord nous autres communistes ainsi que le peuple devons soutenir la politique démocratique et de paix de Moscou. C'est la conséquence d'une prise de position nette contre les fauteurs de guerre. Si l'on est contre les fauteurs de guerre on ne peut pas ne pas être avec Moscou. Nous ne manquons jamais d'affirmer que nous devons être avec moscou. A. Pauker a reproché au Parti français de ne pas avoir voulu de contacts avec les Partis frères. Cela est faux. Nous voulons faire notre devoir de défenseurs de la France et d'internationalistes. Nous pensons que nous devons entretenir des rapports réguliers. Le PCF doit apporter bon nombre d'améliorations à sa propre organisation, à son activité, mais nous ne voudrions pas que les autres Partis emportent l'impression que le P.C.F. est tout ce que l'on veut sauf un Parti Communiste, que l'on peut y entrer et en sortir comme on veut, qu'il n'y a pas de discipline en son sein.
    S'il en était ainsi il ne pourrait certes pas accomplir la mission qu'il s'est assigné. Notre Parti ne sera pas inférieur à sa tâche. Il saura tenir comptes des critiques contenues dans le rapport. (2) C'est là un engagement que nous prenons."
MALENKOV :" Nous voudrions que Duclos précise brièvement ses conclusions, qu'il nous dise quelles sont les erreurs qui ont été commises par la direction du P.C.F."

(1) Il s'agit de l'insurrection de Paris en Août 44.

(2) C'est à dire le rapport Jdanov.

 

INTERVENTION DE CLOTURE

                        ANDREI JDANOV.             ( 27 septembre 47 )

Le dernier jour de la Conférence, JDANOV intervient pour tirer les conclusions politiques de la Conférence. Quoique Reale ait reproduit peu de notes sur les interventions de jdanov celui-ci est intervenu très souvent au cours du débat notamment dans la critique du PCF et du mot d'ordre de Thorez " le P.C est un Parti de gouvernement. ".

         INTERVENTION DE JDANOV (1)

" Echange de vues très élevé. Unanimité. (2) Prend la parole pour des remarques de détail. Sentiments de satisfaction à la suite des déclarations des français et des Italiens. Nous désirons ardemment que leurs déclarations se réalisent. Nous sommes d'accord que lorsque nous parlons de la tactique et de la stratégie des Français et des Italiens, nous avons en vue non des modifications détail, mais une orientation, une politique nouvelle. L'une des tâches essentielles de la Conférence est celle là. Je ne veux pas en remettre. Il n'y a pas lieu de dire : " Revenons à nos moutons." Pour dissiper toute équivoque je veux dire que nous ne sommes pas du tout contents de la déclaration de Duclos selon laquelle le P.C.F. est un Parti de gouvernement. Entre vouloir être un Parti de gouvernement et l'être, vraiment il y a autant de différence qu'entre désir et réalité. Je pense que Duclos comprendra notre critique. Les camarades français doivent déclarer que les communistes ne portent pas la responsabilité du gouvernement français actuel. ( Duclos intervient pour dire que cela a été une erreur.) Il fallait dire tout de suite que le P. C. F. et un Parti d'opposition. Staline est satisfait de la déclaration de Duclos. Je pense que Duclos est d'accord avec nous que nous ne voulions pas dire qu'il fallait faire l'insurrection; (3) Est-il avantageux de montrer ses cartes à l'ennemi ? Dire : "Je ne suis pas armé." ? Dans ce cas l'ennemi dira : " Bon je tire.! " . La loi de la lutte de classe est telle que seule la force compte.
    La discussion a montré que tout le monde est d'accord sur le développement de la situation, sur les changements intervenus dans les différents pays. Il y a toujours le danger de pratiquer une politique uniforme dans différents pays. Ce serait là une erreur. La ligne de résistance contre les anglo-U.S. dans les différents pays ne passe pas par les mêmes endroits que celle contre les Allemands. Cela reviendrait à schématiser. Notre nouveau programme, clair et sincère, nous amènera d'autres alliés qui remplaceront ceux qui nous ont quittés.
    Droite et gauche, réactionnaires et progressistes sont pour nous autres marxistes des définitions nullement rigides mais relatives. On ne saurait parler de la droite et de la réaction sans dire où et dans quelle situation.

(1) ANDREI JDANOV : entré au Parti Bolchévik en 1913 à l'age de 17 ans ; théoricien du réalisme socialiste ; dirigeant du P.C.(b.) depuis les années 30.

(2) Tout le monde s'est dit d'accord avec le rapport Jdanov.

(3) Il s'agit de 1947; au moment où le Parti a été évincé du gouvernement. Jdanov entend qu'il était possible de faire pression sur la bourgeoisie sans encore passer à l'insurrection.

    Cela est valable partout lorsqu'il y a de grands changements. Considérons la Gauche. Gauche avec guillemets ou sans guillemets. Gens de gauche qui veulent collaborer ou non. Amis de la Démocratie Populaire et les autres, qui veulent l'indépendance et les autres. On a l'habitude de penser que les Social Démocrates sont toujours les plus proches de nous. Mais une situation politique déterminée peut les placer plus à droite que les autres. Le problème n'est pas nouveau. Aussitôt après l'autre guerre lorsque Lénine parlait des alliés dans la lutte de Libération des peuples il affirmait que l'émir d'Afghanistan était plus à gauche que Renaudel, (1) lequel soutenait l'Impérialisme. Si nous considérons les socialistes comme plus à gauche il peut se présenter une situation dans laquelle ils auront pour tâche de sauver la bourgeoisie. Ramadier n'est-il pas la carte la plus sûre de la bourgeoisie, son meilleur atout. Il peut arriver que les socialistes soient plus éloignés que quiconque des communistes. Si les socialistes nous transmettent l'influence des impérialistes, s'ils se livrent à des marchandages dont l'enjeu est l'indépendance nationale, s'ils sont les ennemis des peuples démocratiques, ils peuvent très bien devenir les principaux ennemis et c'est contre eux que nous devons concentrer notre tir. Nous voulons que la France soit un pays fort et puissant. Mais à présent après la trahison de la bourgeoisie et de la Social-Démocratie française, après la faillite de la tentative des Partis bourgeois de placer la France sur la voie de la Reconstruction, après qu'il est devenu évident qu'ils orientent la France vers un Sedan économique et politique, il est non moins évident que la France sera prospère et forte sous la direction de la classe ouvrière et du Communisme, ou elle ne sera pas.
    Deux remarques pour Longo. J'ai l'impression qu'il estime que la lettre du C.C. du 16 Août répond à la critique qui a été faite ici. ( Longo dit qu'il a cité la lettre pour montrer que les Italiens avaient déjà commencé l'autocritique.) Il ne s'agissait pas d'un changement de détail, mais de changer du fond en comble toute la politique. Telle est l'impression que nous emportons de cette Conférence. Trois observations capitales sur les erreurs du P.C.I.. Il n'appartient pas au C.C. du P.C.I, de dire aux Démocrates Chrétiens qu'ils ont une place dans le nouveau gouvernement, ils ne méritent pas encore cette place.
    Je pense qu'il n'y a pas lieu de dire d'avance les Partis qui entreront dans le nouveau gouvernement avant que les Communistes aient créé des conditions nouvelles.(2) Ce n'est que lorsque la critique aura été exposée aux masses et que de nouveaux alliés se seront manifestés que l'on pourra décider. On ne peut vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué."
(...) "J'estime que l'unanimité a une grande signification. Il y a unité dans l'analyse et dans les résultats. Unité et solidarité dans le choix des tâches, en dépit de la longue rupture et de la séparation. Nous avons pu nous rendre compte que nos pays marcheront vers le Socialisme et le Communisme partout où la force qui animera le mouvement sera l'avant garde du Prolétariat animée de la théorie de Marx, Engels, Lénine et Staline. L'avant garde qui porte la nouvelle civilisation humaine. Les liens qui unissent les Partis qui représentent les Communistes d'Europe, c'est à dire des Millions d'hommes, nous assurent que dans les combats de grande envergure comme dans les batailles de moindre importance, la classe ouvrière remportera la victoire.. "

(1) Renaudel : un des chefs de file de l'aile droite du la Social-Démocratie française. Positions social-chauvines pendant et après la 1ère guerre mondiale. En 1933 il provoque la scission de l'aile droite de la S.F.I.O. pour constituer un Parti fascisant de type doriotiste.

(2) Allusion aux possibilités créées par le développement des grèves dans le pays.

CONCLUSIONS : PORTÉE ET LIMITE DE LA CONFÉRENCE.

    L'optimisme de la conclusion de l'intervention de Jdanov a été démenti par la réalité - du moins provisoirement : la gangrène révisionniste a envahi une grande partie du Mouvement Communiste International. Ce revers temporaire du mouvement ouvrier international prouva LA JUSTESSE du combat contre les déviations mené par Staline et la direction bolchévique ainsi que les vrais communistes, en particulier avec le Kominform. Ce juste combat a été principalement positif, il a eu certains effets immédiats importants, mais il n'a pas réussi à empêcher le triomphe du révisionnisme et sa défense ouverte dans la plupart des P.C. après la mort de Staline et l'élimination des vieux bolchéviks par le renégat Kroutchev. Ceci montre, donc aussi les insuffisances du combat anti-révisionniste à cette époque, visibles si on analyse la conférence.(1)

        1° LES ASPECTS POSITIFS ET INSUFFISANCES :
    Deux Partis sont critiqués principalement dans la Conférence: le P.C.F. et le P.C.I. . Deux points fondamentaux résument les critiques:

1°) La critique du mot d'ordre "Ni Londres ni Washington ni Moscou", c'est à dire "l'oubli" que l'impérialisme anglo-U.S. est l'ennemi principal des peuples du monde et le principal fauteur du guerre, la CAPITULATION devant l'impérialisme, en mettant sur le même plan l'U.R.S.S. socialiste et les impérialistes.

2°) La question du pouvoir, de la prise du pouvoir. "Parlementarisme, opportunisme, légalitarisme" tels sont les mots que Malenkov a bien du mal à arracher de la bouche à Duclos. Jdanov intervient avec force à plusieurs reprises pour dénoncer le mot d'ordre opportuniste de Thorez "Le P.C.F. est un Parti de gouvernement". De fait ce mot d'ordre résume très bien la dégénérescence révisionniste de la direction du P.C.F. : Jdanov montre que ce mot d'ordre fait assumer au P.C.F. la responsabilité de la politique anti-populaire et pro-américaine du gouvernement bourgeois tripartite pro-américain. C'est par anticipation le procès de la " Démocratie Avancée " du P" C "F d'aujourd'hui.

(1) Par la suite Staline et la direction bolchévique ont perçu plus clairement le danger révisionniste: condamnation du révisionnisme titiste et SURTOUT prise de conscience du danger INTÉRIEUR à l'U.R.S.S. et contre offensive contre le révisionnisme sur le plan IDÉOLOGIQUE en U.R.S.S. même dans le début des années 50. Ces 2 points seront étudiés dans les brochures n°2 et 3 de "STALINE CONTRE LE RÉVISIONNISME ".

    De fait la critique est celle du RÉVISIONNISME quoique le mot en lui-même ne soit évoqué que par un orateur (Kardelj). C'est là une des premières limites de la critique faite à la conférence. Quoique elle soit assez poussée et aborde de nombreux points elle n'est pas complètement systématique. (Ce qui explique l'illusion d'unanimité à la fin de la Conférence alors que l'unité acquise reste formelle et verbale. ) Il semble que les Partis frères se rendent compte très inégalement de l'ampleur du danger constitué par les déviations qu'ils critiquent, pour le Mouvement Communiste International. Allusion est faite à l'influence du P.C.F. et du P.C.I, sur d'autres Partis en Europe, notamment en Belgique, et un rapprochement est fait par Kardelj avec le Browderisme.
    Dès avant la guerre mais surtout après, avec la publication du livre "Téhéran" Browder avait rédigé un bréviaire systématique du révisionnisme moderne.
    Les camarades chinois écrivent au sujet du Browderisme au moment du grand débat sur la ligne général du Mouvement Communiste International :

 " (…) Le révisionnisme de Browder amena, pour un certain temps, la cause révolutionnaire du prolétariat des USA au bord de l'abîme et de plus, DES PARTIS PROLÉTARIENS D'AUTRES PAYS FURENT CONTAMINÉS, TOUCHÉS PAR LE POISON DU LIQUIDATIONNISME.
    La ligne révisionniste de Browder qui se heurta à l'opposition de bien des communistes américains ayant le camarade William Z Foster à leur tête, fut rejetée et répudiée par la plupart des partis frères. Néanmoins, DANS SON ENSEMBLE, LE MOUVEMENT COMMUNISTE INTERNATIONAL N'A PAS PROCÉDÉ À UNE CRITIQUE SANS MERCI NI À LA LIQUIDATION COMPLÈTE DE LA TENDANCE RÉVISIONNISTE REPRÉSENTÉE PAR LE BROWDERISME. LE COURANT RÉVISIONNISTE CONNUT DE NOUVEAUX DÉVELOPPEMENTS DANS LES CONDITIONS NOUVELLES DE L'APRÈS GUERRE AU SEIN DES P.C. DE CERTAINS PAYS. (…) " (1)

    Dès 1945 le camarade Mao Tse Toung avait clairement vu le danger représenté par le révisionnisme de Browder, comme en témoigne le texte du télégramme envoyé aux vrais communistes américains qui avaient entrepris la reconstruction du Parti : (Mao Tse Toung .Oeuvres Choisies T.III)

AU CAMARADE W.Z.FOSTER ET AU COMITÉ NATIONAL DU P.C. DES U.S.A. .
" Nous sommes heureux d'apprendre que la Conférence extraordinaire de 1'Association politique Communiste des U.S.A. a décidé de rejeter la ligne révisionniste, c'est à dire capitulationniste de Browder, qu'elle a rétabli (2) une direction marxiste et fait renaître le P.C. des U.S.A. Nous vous exprimons nos chaleureuses félicitations pour cette grande victoire de la classe ouvrière et du mouvement marxiste des U.S.A..

(1) extrait de l'article :"La Révolution prolétarienne et le révisionnisme de Kroutchev." publié en 1964 par les camarades chinois en réponse aux lettres du P.C.U.S..

(2) Browder avait prononcé la dissolution du Parti Communiste.

Toute la ligne révisionniste de Browder (pleinement exprimé dans son livre "Téhéran") reflète par essence l'influence des groupes capitalistes réactionnaires des U.S.A. au sein du mouvement ouvrier américain. Actuellement ces groupes s'efforcent d'étendre leur influence en Chine, où ils soutiennent la politique erronée, anti-nationale, antipopulaire, de la clique réactionnaire du Kuomintang, faisant peser sur le peuple chinois la menace d'une guerre civile et portant préjudice aux ententes des peuples de nos deux grands pays, la Chine et les U.S.A. . La victoire de La classe ouvrière américaine et de son détachement d'avant garde, le P.C. des U.S.A. sur le révisionnisme-capitulationnisme de Browder apportera sûrement une grande contribution à la cause commune de nos deux peuples : la guerre actuelle contre le Japon et l'édification d'un monde de paix et da démocratie après guerre."

    Pourtant à ce moment le révisionnisme atteint de nombreux Partis dons le monde et pas seulement en Europe. En Amérique Latine il y eut les mêmes expériences erronées de participation opportunistes à des gouvernements bourgeois (c.f. Argentine). Ces Partis rédigèrent en 1953 une autocritique, sous l'impulsion du Mouvement Communiste International, mais qui ne fut jamais mise en application. On sait maintenant qu'en Chine Liou Chao Chi prôna semblables thèses en 1945 mais il fut fermement combattu par la Ligne révolutionnaire de Mao Tsé Toung.
    Mais au cours de la Conférence on parle très peu des pays hors de l'Europe et il semble qu'à çe moment du moins -il y eut ensuite rectification sur ce point- les camarades soviétiques sous estimaient l'importance du mouvement de Libération Nationale et en particulier la proximité de la victoire en Chine. Pourquoi en effet le Parti Communiste Chinois et d'autres ne participent-ils pas à la Conférence de constitution du Kominform ?

 

        2° LA PSEUDO-RECTIFICATION DU PCF 

    Au cours de la conférence la critique, du P.C.F. et du P.C.I. a été poussée sur de nombreux points remontant en particulier dans l'histoire de ces Partis pour y trouver la source des déviations, (Erreurs dans le Front National pendant la Résistance). Sont aussi évoquées -mais allusivement par Djilas- deux déviations très graves du P.C.F. : - la dégénérescence idéologique et l'opportunisme organisationnel(un Parti où on entre et on sort comme on veut, où les militants ne sont tenus par aucun engagement...) Cette critique est reprise aussi par Farkas et A.Pauker.- d'autres part l'attitude honteuse du PCF par rapport au mouvement de libération nationale des colonies " françaises ", son soutien de fait à l'impérialisme français. Sous couvert d'être un Parti National ( ce qui peut être en soi même juste), le PCF est en fait complètement social-chauvin ; Dans son intervention " auto-critique " Duclos est obligé de concéder que le PCF a commis des déviations de " légalitarisme, opportunisme et illusions parlementaires " mais il essaye de se défiler soit en esquivant les critiques soit en présentant les déviations somme de simples insuffisances. 
    Dans la réalité, après la conférence, le PCF n'a pas fait de réelle auto-critique devant le Parti et devant les masses. " L'autocritique " de Thorez citée par certains comme bonne et anti-révisionniste n'en est en fait pas une. Elle n'insiste que sur l'aspect " unité à la base " contre " l'unité au sommet " sans aborder le problème du contenu de cette unité, de la ligne politique ce qui est pourtant l'essentiel. Si la ligne reste erronée, " l'unité à la base " ne rectifie rien du tout. D'ailleurs le PCF à ce moment a-t-il réellement pratiqué l'unité à la base ? 
    Quant à la rectification des erreurs : elle a eu lieu sur certains points importants et a permis de faire éclater plus nettement la lutte entre les Deux voies au sein même de la direction du PCF. Mais cela a été une pseudo-rectification superficielle. En effet, les mêmes thèses révisionnistes ont été reprises et justifiées après 1956.
    En 1946 (avant la Conférence) Thorez avait accordé sa tristement célèbre " interview " au Times prônant le " passage pacifique au socialisme ". Cette thèse fut provisoirement mise en veille mais les révisos s'y réfèrent aujourd'hui.
    La rectification fut la plus nette par rapport à l'impérialisme américain. Celui-ci fut dénoncé comme principal fauteur de guerre et d'agression dans le monde. L'appel de Stockholm et la création du mouvement de la paix : en dépit de l'ampleur de la campagne la mobilisation des masses se fit souvent de façon défensive et pacifiste.
    Sur l'internationalisme et en particulier la lutte contre l'agression du colonialisme français contre les peuples d'Indochine le PCF osa enfin qualifier cette guerre de colonialiste (c.f. Intervention de Jeanette Thorez-Vermesch à l'assemblée) mais le travail du Parti fut insuffisant. Comme l'a écrit A. Marty dans son livre après son exclusion (1) l'esprit des Marins de la Mer Noire ne se réveilla pas parce qu'il ne fut pas suscité par le PCF et c'est uniquement la lutte résolue des Vietnamiens qui leur permit de vaincre l'impérialisme français et l'impérialisme américain. Les tracts pour lesquels Henri Martin fut condamné avaient un contenu purement pacifiste. Un exemple typique : en 1949 les camarades vietnamiens demandèrent au CC du PCF de leur fournir une aide en armements. Thorez considéra cette demande comme complètement farfelue.
    Les actions anti-colonialistes et anti-impérialistes les plus résolues furent menées par le PCF au moment de la maladie de Thorez et du séjour de celui-ci à Moscou. (c.f. la manifestation contre Ridgway la Peste fin 52 à l'initiative d'André Marty qui la dirigea personnellement). A son retour Thorez était furieux et stigmatisa " l'aventurisme ".

(1) André Marty : " L'affaire Marty " 1955.

 De fait ce fut la véritable raison de l'exclusion de Marty. Celui-ci avait fait devant la direction du PCF un rapport sur le soutien aux luttes de Libération nationale et critiquant les déviations du PCF à ce sujet. Il avait d'autre part publié dans les cahiers du Communisme un grand article sur Blanqui mettant en lumière les aspects positifs et fondamentalement révolutionnaires de ce grand révolutionnaire prolétarien du XIX eme siècle. Après son éviction Marty fut attaqué comme " blanquiste " et " réfuté " par. . . Garaudy alors fidèle sous fifre de la direction thorézienne. En fait le débat sur Blanqui portait la question de la violence révolutionnaire, chose qui effraie le plus les révisionnistes. Le triomphe de Thorez sur ce point marqua aussi la victoire du révisionnisme thorézien dans le PCF sur le plan idéologique et théorique.
    Il est juste de parler de la lutte entre les deux voies au sein du Parti à cette époque, y compris au niveau de la direction, mais il faut bien voir que si cette lutte rend complexe et souvent contradictoire la ligne du Parti et sa pratique, le révisionnisme thorérien N'A JAMAIS RÉELEMENT PERDU LE POUVOIR dans le PCF, la ligne de Thorez est restée dominante sur le fond. Marty et d'autres camarades (1) ont représenté un moment un courant de résistance mais inconséquent au révisionnisme qu'ils ne caractérisaient d'ailleurs pas de ce mot et par là ils ont permis localement et parfois de façon importante à la base du P.C.F. de faire passer leur volonté révolutionnaire dans la réalité, pour des actions locales. Marty fut exclu comme un chien et à son exclusion un grand nombre de camarades écœurés quittèrent le PCF.

    En définitive Thorez et Togliatti qui étaient des tyranneaux dans leurs Partis étaient "suivistes", c'est à dire en fait hypocrites par rapport à Staline. Ils avaient une peur bleue de ses critiques : alors qu'à la Conférence de 47 étaient invités les plus hauts dirigeants pour le P.C.F. et le P.C.I. ils n'osèrent pas y aller en personne et envoyèrent Duclos et Longo à leur place pour s'y entendre dire leurs quatre vérités. QUEL BEL AVEU ! Quel beau démenti au soit-disant stalinisme de ces traîtres au mouvement ouvrier, de ces renégats, quelle meilleure preuve de leur véritable nature, et du MONDE qui les sépare de Staline AUTHENTIQUE MARXISTE-LÉNINISTE ET RÉVOLUTIONNAIRE PROLÉTARIEN.

    Car STALINE et les dirigeants bolchéviks avaient senti avec un grand sens prolétarien la rupture de ces renégats d'avec la Révolution; ils ne l'ont pas vue aussi clairement que nous le voyons aujourd'hui parce que les camarades chinois ont fait le bilan historique avec suffisamment de recul pour caractériser le révisionnisme moderne. Pour Staline ce bilan se heurtait à certaines limites objectives qui étaient d'ailleurs les mêmes pour les camarades chinois et albanais à cette époque.

N.B. : nous invitons tous les lecteurs intéressés par cette brochure à nous envoyer tous leurs apports, contributions et critiques afin de la retirer éventuellement en l'améliorant.

Ecrire à "LIGNE ROUGE' B.P. 151-16 PARIS 16è.

(1) tels Georges Guingoin qui fut l'héroïque dirigeant des FTP du Limousin, le foyer de Résistance le plus avancé tant sur le plan politique que militaire. Dirigeant de la fédération de la Haute Vienne il est exclu en 1953.)

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