| 
                    
               
  | 
                     
                  
                  La CGT, quant à elle,
                  multiplie les opérations " cartes en main " (comment avoir toujours sur soi les
                  cartes à placer et trouver toujours le
                  " bon moment
                  " et le
                  " bon argument
                  " pour cela !).
                  Pourtant cela ne va pas sans problème
                  ! 
                  
                  l Un courant de désyndicalisation
                  se dessine dans certains secteurs ouvriers,
                  rançon des échecs et atermoiements
                  syndicaux de la période (et dont les
                  révisionnistes dans la CGT et les
                  réformistes dans la CFDT portent
                  l'écrasante responsabilité). A la
                  faveur de ces difficultés dans le travail
                  syndical et en plein aiguisement des contradictions
                  au sein des centrales CGT et CFDT (alors que se
                  mène une offensive de l'Union de la Gauche
                  contre les pratiques et structures de lutte de
                  classes dans les Confédérations), de
                  vieilles thèses gauchistes refleurissent.
                  L'anti-syndicalisme
                  revient faire la paire avec le réformisme
                  syndical : se
                  nourrissant l'un l'autre, ils s'opposent tous deux,
                  de fait, à l'appropriation de l'outil
                  syndical par la classe ouvrière pour son
                  combat quotidien. 
                  
                  En juillet
                  dernier, lorsque Séguy fièrement
                  annonçait que " déjà le chiffre de 2,4
                  millions d'adhérents a été
                  atteint par la CGT ",
                  il y avait maldonne. D'ailleurs, depuis, l'on n'a
                  guère eu de nouvelles des 600 000
                  adhésions qui manquaient " seulement " pour
                  atteindre l'objectif fixé à
                  l'occasion des 80 ans de la CGT. Et pour cause :
                  dans un document à l'usage des responsables
                  fédéraux et départementaux, la
                  direction de la CGT avouait 1,7 million pour cette
                  même date de juillet 76 ! 
                  
                   
                 |  
          
         
         Si l'on aligne à
         côté de cela les 800 000 adhérents
         réels de la CFDT, on voit toute la marge de
         syndicalisation restant à franchir : 15% des
         salariés (mais tout de même 25% d'ouvriers)
         sont syndiqués CGT ou CFDT, actuellement. 
         
           
         
         La rançon
         du révisionnisme
         
         l La
         jeunesse ouvrière, les OS immigrés, les femmes
         travailleuses fournissent les contingents les plus notables
         de non-syndiqués, de longue date et malgré
         différentes campagnes systématiques des
         confédérations à leur endroit (Georges
         Séguy ne vient-il pas d'annoncer encore, lors du
         Congrès de l'Union Départementale CGT des
         Bouches-du-Rhône une nouvelle initiative pour la
         mi-mai " en direction de la
         jeunesse travailleuse ").
         Comme l'indiquait par exemple lors du 37e Congrès
         Confédéral CFDT, Yolande Colleret (de la
         Fédération du Papier-Carton-Livres et
         Services), " on semble
         s'accommoder bien vite de la marginalisation des femmes, des
         jeunes, des OS, des immigrés, dans l'organisation
         syndicale ". Leur sous
         représentation syndicale, le fait que ces
         travailleurs n'aient pas dans le syndicat " le poids que devraient avoir les
         catégories porteuses de la critique la plus radicale
         du capitalisme " et que "
         les organisations syndicales ne
         reposent pas sur les couches qui contestent le plus le
         capitalisme ", tout cela joue
         à plein dans le sens d'une désaffection de
         l'outil syndical. 
         
         l Mais
         la base de classe du syndicalisme est étroitement
         liée à la ligne mise en œuvre dans les
         confédérations. On ne mobilise pas
         impunément contre " l'impôt sécheresse
         " sur les positions de l'UGICT
         (cadres CGT) sans conséquence notable, par exemple,
         sur le recrutement : afflux d'éléments petits
         et moyens bourgeois " salariés " et stagnation (voir
         même cartes déchirées) en secteur
         ouvrier… La volonté de " cimenter l'unité
         syndicale " sur les programmes
         bourgeois de la gauche (fussent-ils parés des
         paillettes de l'autogestion !) amène
         révisionnistes du P"c"F dans la CGT, partisans du PS
         (ou de son courant CERES) dans la CFDT, à mettre au
         pas toute opposition. 
         
         l Les
         structures qui, par leurs prises de positions (ou même
         tout simplement par l'effectivité de leur pratique),
         remettent en cause les stratégies
         inféodées aux partis de l'Union de la Gauche,
         sont cassées, réprimées : 22e section
         du Livre CGT de Rouen (IMRO), UL CFDT 8e- 9e, UD CFDT de
         Gironde… 
         
         Les militants
         révolutionnaires dans la CGT (Télic) comme
         dans la CFDT (Berliet, SACM…) sont écartés,
         chassés…Les acquis les plus positifs d'une pratique
         syndicale issue des luttes avancées de la classe
         ouvrière sont bradés, réduits au rang
         de recettes organisationnelles (vidées de tout
         contenu prolétarien), comme les Comités de
         Grève dont les révisionnistes s'offrent le
         luxe depuis Chausson 75, par exemple. La " démocratie syndicale " marche à sens unique ; elle n'est que
         soumission à la ligne et aux directions au service du
         Programme Commun issues de Congrès triés sur
         le volet (comme à la CGT) ou truqués. C'est en
         son nom que la véritable démocratie de masse
         et surtout de classe est piétinée par les
         directions confédérales. 
         
         Quoi d'étonnant dans ces
         conditions que certains travailleurs ne soient pas chauds
         pour adhérer et même que des cartes volent
         ? 
         
         l Pour
         ces non-syndiqués ou anciens syndiqués,
         chassés de l'organisation ou écœurés,
         il est nécessaire d'avoir aujourd'hui les moyens de
         débattre entre eux et avec les syndicalistes qui
         maintiennent la lutte de classe dans les
         confédérations. Les échéances
         politiques de 78 et après, ouvrent largement la
         question du débouché politique et du
         développement de l'initiative ouvrière.
          
         
         De fait les travailleurs cherchent
         ainsi à conquérir la parole et à gagner
         leur autonomie vis-à-vis du révisionnisme et
         du réformisme syndical, dans le cours de la
         construction d'un rapport de force contre la crise, d'un
         Front de lutte effectif. Les syndicalistes y ont toute leur
         place et le syndicalisme de lutte de classe ne peut que s'en
         trouver revitalisé, politiquement dynamisé,
         dans le sens d'une alternative révolutionnaire aux
         actuelles directions confédérales sous la
         coupe du PC et du PS ! 
         
         Quelques
         aperçus sur l'anti-syndicalisme 
         
         dans le mouvement
         ouvrier en France
         
         A l'origine des déviations
         ultra-gauches, anti-syndicales systématiques, dans le
         mouvement ouvrier, on retrouve toujours, en fait, une
         réaction à l'opportunisme de droite,
         parlementariste et à la collaboration de
         classe. 
         
         l En
         France, on peut retrouver cette caractéristique de
         manière évidente au débouché des
         deux dernières guerres mondiales, comme effectivement
         la rançon du révisionnisme ancien puis
         moderne. Dans la situation de crise créée par
         les conflits, à chaque choix traître aux
         intérêts de la classe ouvrière, deux
         répliques étaient possibles : se battre pour
         arracher les organisations que les travailleurs
         s'étaient données à l'emprise
         opportuniste ou s'en aller… La lutte ou la valise… Mais
         fondamentalement, c'est bien le révisionnisme de
         chaque époque qui porte l'écrasante
         responsabilité de la division et contribue à
         nourrir les courants gauchistes (avec leur
         spécificité anti-syndicale), à leur
         fournir une " justification " en quelque sorte. 
         
         D'UN
         APRES-GUERRE…
         
         l Le
         mouvement ouvrier de France, face à la guerre de
         14-18, vacilla. Les proclamations de " guerre à la guerre ", les condamnations jauressiennes du "
         capitalisme qui porte en lui la
         guerre comme la nuée l'orage ", ne tinrent pas. La rage au cœur sans doute
         mais bien réellement quand même, des dirigeants
         syndicaux de la CGT d'alors partirent au front, Jouhaux,
         dirigeant de la Confédération, désavoua
         d'un coup toutes les résolutions de congrès
         contre les " les folies
         meurtrières de l'Europe capitaliste ", en appelant, aux obsèques
         mêmes de Jaurès assassiné, à "
         se lever pour repousser
         l'envahisseur ". C'est l' "
         Union
         Sacrée " avec la
         bourgeoisie. Prise dans la tourmente nationaliste, la CGT ne
         peut résister aux fauteurs de guerre ni "
         profiter de la crise sociale
         pour recourir à une action
         révolutionnaire "
         (comme l'avait pourtant proclamé le manifeste CGT de
         1912). Le poids de l'idéologie dominante chez les
         travailleurs et dans la CGT fut le plus fort pendant
         longtemps. Au point de voir des gens comme Jouhaux se
         retrouver dans " l'effort
         national " avec Maurras,
         Lépine (l'ancien préfet de police), des
         ministres venus du parti socialiste comme A. Thomas et J.
         Guesde lui-même… aux côtés de la
         bourgeoisie impérialiste, des " maîtres de forges " ! 
         
          
         
         l Face
         à cette déroute, la résistance de
         syndicalistes aux Fédérations Métaux,
         du Bâtiment et des Cheminots, s'organisa. Dès
         1915, Merrheim, et Bourderon (des Métaux)
         déclaraient " cette
         guerre n'est pas notre guerre
         ". Relancée par les Conférences
         Internationales de Zimmerwald et Kienthal, cette
         résistance au chauvinisme maintient le syndicalisme
         de lutte de classe, organise en 1917 grèves et
         manifestations avec le Comité de Défense
         Syndicaliste. L'écho de la Révolution
         d'Octobre accroîtra encore l'impact dans la CGT du
         syndicalisme révolutionnaire (non pas au sens du "
         syndicalisme d'action directe " de G. Sorel mais en tant que
         syndicalisme contribuant au soutien de la Révolution
         en marche). 
         
         l De son
         côté, l'essentiel de la direction de la CGT est
         passé à l'Union Sacrée (certains, comme
         Clémentel, volant au secours de l'impérialisme
         en pleine année 17 !!) et à aider à
         l'organisation de l'effort de guerre et donc de la
         production… Au sortir de la guerre (et dès 1918, avec
         le premier Comité Confédéral National
         de la CGT) se développe une nette propension du
         syndicalisme officiel à s'orienter vers des "
         réformes de
         structures ", des mesures
         permettant soi-disant " une
         remise en ordre du potentiel économique
         français, profitable pour le patronat mais dont
         pourrait aussi profite la classe
         ouvrière ". Le "
         programme
         minimum " issu du CCN de 1918,
         marqué par ces conceptions, sera suivi de la
         Constitution d'un Conseil Economique du Travail avec la CGT,
         chargé d'élaborer " un plan de reconstruction et de
         développement économique ". C'est là une origine certaine, bien
         que lointaine, de la participation CGT (qui ira croissant)
         à une multitude d'organisations " paritaires ", de
         politique de " concertation ",
         aux côtés de représentants techniques et
         politiques du pouvoir d'Etat bourgeois. Il s'agit là
         aussi, au lendemain de la guerre, d'un
         précédent de taille pour une politique de "
         reconstruction " et d'effort national pour la reconstitution
         du potentiel et de la structure de l'Etat bourgeois
         impérialiste (" Un seul
         Etat, une seule armée, une seule
         police " et " Union Française " : ces mots d'ordre retentiront à
         nouveau de la Libération à 1947, quand Thorez
         était ministre…). 
         
          
         
         l Il y
         avait de quoi soulever des tempêtes ! L'extrême
         gauche révolutionnaire au sein du Comité pour
         la Reprise des Relations Internationales puis du
         Comité pour l'Adhésion à la IIIe
         Internationale (née après octobre 1917)
         s'attacha, elle, à reconquérir la CGT à
         la lutte de classe et gagner le PS au bolchevisme. Les
         grèves se succèdent au lendemain de la guerre
         (métallos, ouvriers agricoles puis cheminots…). Les
         révolutionnaires, tels Montmousseau ou Semard,
         joueront un grand rôle dans ces mobilisations et
         imprimeront un cours favorable à la Révolution
         d'Octobre et à la lutte en France, de
         l'intérieur de la CGT. 
         
         l Mais
         dans le même temps, se développe un soutien
         ambigu à l'URSS, une appréciation anarchisante
         en fait du caractère " soviétique " de la
         Révolution. Un courant ultra-gauche, pourtant issu
         (avec un responsable de la CGT du Bâtiment,
         Péricat) du Comité de Défense
         Syndicaliste, se fait jour un moment, sur des positions
         ouvertement anti-syndicales ! Exaspérés par la
         CGT de collaboration de classe des Jouhaux et compagnie, ces
         militants (de sensibilité politique manifestement
         libertaire) en venaient à condamner en bloc le
         mouvement syndical " qui s'est
         mis à remplir un rôle dans le cadre capitaliste
         ". L'organe de cette tendance
         " L'Internationale " retentit alors de proclamations
         anti-syndicales, reprise par l'éphémère
         Parti Communiste (que fonde Péricat en 1919) puis par
         une scission de celui-ci, encore plus ouvertement libertaire
         ( la Fédération Communiste des Soviets) qui
         prône " une organisation
         spontanée des prolétaires en conseils ou
         Soviets) " . Une pyramide de
         soviets assurant la direction de la société et
         de l'Etat, tel est le but fixé par ce courant. Pour
         accomplir cette tâche, il se refuse à
         reconnaître, dès lors, une quelconque
         utilité, une activité positive, du
         syndicalisme. Le bain de sang de la révolution
         allemande de 1919, l'écrasement des spartakistes par
         la social-démocratie avec le concours des chefs
         syndicaux, leur faisait conclure au caractère
         définitivement réactionnaire du syndicalisme,
         " parce que la
         révolution a été assassinée avec
         l'aide des syndicats en Allemagne ". 
         
         Et c'est la même
         généralisation (niant toute lutte entre deux
         voies dans le mouvement syndical) qui fera dire aux
         ultra-gauches des années vingt, après
         l'échec de la grande grève des cheminots
         trahie par la CGT de Jouhaux, que " le syndicalisme marche de pair avec
         l'impérialisme " et que
         donc il faut s'en détacher absolument, d'un bloc, et
         " créer de nouvelles
         formes d'organisations ouvrières ". Ce que Lénine considéra
         à l'époque comme " une bêtise impardonnable qui
         équivaut à un immense service rendu par les
         communistes à la bourgeoisie " à un abandon des masses
         ouvrières. Et ce, même si dans
         l'après-guerre, le " syndicalisme de secours mutuel ", à la Jouhaux écœurait
         largement ! 
         
         … AU LENDEMAIN D'UNE
         LIBERATION !
         
         l Au
         lendemain de la Libération, la ligne
         révisionniste thorésienne appela la classe
         ouvrière de France à " retrousser les manches " pour " reconstruire le pays " (remettre en état l'économie
         capitaliste et participer de la restructuration du pouvoir
         bourgeois). Ainsi sous l'éclairage saisissant des
         conflits nés au sein même des " Comités de
         Libération " (sur les
         expropriations et condamnations de patrons collaborateurs,
         sur la remise des armes et le " relèvement de l'économie
         nationale ", dans les
         débats sur les nationalisations comme celui autour
         des futurs Comités d'Entreprises…) les tendances
         anti-syndicales resurgirent, contre l'attitude de la CGT
         dans la restauration du pouvoir capitaliste. Des
         grèves sauvages, des cartes déchirées
         furent le pendant d'un large recrutement syndical obtenu,
         lui, sur la base du prestige de la participation du
         mouvement syndical à la Résistance.
          
         
         l Après la scission droitière,
         pro-yankee, de FO en 1947, et la fin de la participation
         gouvernementale du PCF (notamment au Ministère du
         Travail !) ces soubresauts n'ont fait que s'accentuer, au
         rythme d'une prise de conscience inconséquente de
         l'opportunisme dans la Confédération CGT. A
         Renault, dans les mines, en même temps que la classe
         ouvrière protestait contre les mesures
         réactionnaires des gouvernements " socialistes " (en
         1947-48) des déviations ultra-gauches,
         anti-syndicales, ont pu parfois se dessiner, faute de
         perspectives… Les durs conflits de 1953 contre les
         décrets Laniel dans la Fonction Publique et
         Nationalisée, puis en 1955 dans la métallurgie
         nantaise, devaient laisser l'amertume d'échecs ou de
         demi-échecs. L'idée pointait qu'à
         nouveau le syndicalisme, dans ses objectifs, sa pratique et
         désormais sa division (avec les organisations "
         jaunes " FO et CFTC), ne faisait plus
         l'affaire… 
         
         l Naissent alors de petites organisations "
         radicales " éphémères,
         profondément hostiles aux
         confédérations (" syndicat démocratique
         Renault ", " Comités d'Action ", certains syndicats " autonomes
         "…) 
         
         La CGT d'aujourd'hui le
         reconnaît officiellement, dans son Esquisse d'une
         histoire de la CGT (de J. Bruhat et M. Piolot) : "
         Des organisations autonomes de
         catégories et d'entreprises sont nées aussi de
         la scission de 1947 " (outre
         la Fédération de l'Education Nationale qui
         refusa de choisir entre FO et CGT). Par la suite,
         l'essentiel de ces éléments anti-syndicaux,
         trotskystes et ultra-gauches, se fondront, en fait, dans les
         pires creusets " apolitiques " (FO
         dans la Loire Atlantique, certains secteurs EDF ou PTT,
         syndicats autonomes corporatistes à la RATP ou
         à la SNCF…), sous prétexte d'" autonomie ouvrière " ! 
         
         " Conquête
         ou destruction des syndicats ", un débat toujours
         actuel ! 
         
         l La
         maladie Infantile du Communisme fut entre autres tâches,
         rédigée par Lénine contre les courants,
         dont le refus de toute tactique communiste amenait alors
         à la non-participation aux syndicats, contre ceux
         qui, de la sorte, " abandonnaient les masses ouvrières
         insuffisamment développées ou
         arriérées à l'influence des leaders
         réactionnaires, des agents de la bourgeoisie, des
         aristocrates ouvriers ou des " ouvriers embourgeoisés
         " dans le mouvement
         syndical. 
         
         On voudrait aujourd'hui,
         dans les courants anti-syndicaux, de gauche en apparence,
         (qui relève ici ou là un peu la tête
         à la faveur de la relative dé-syndicalisation
         de certains secteurs, du fait du révisionnisme) faire
         passer les thèses léninistes pour "
         dépassées ", inadaptées à notre
         époque. 
         
         Or,
         précisément, le fond de ces positions
         bolcheviks est bien de faire "
         l'analyse concrète d'une situation
         concrète ". En ce sens,
         pour déterminer si nous devons rejeter ou non toute
         participation aux syndicats aujourd'hui, comme d'aucuns nous
         y incitent, c'est à la réalité du
         mouvement syndical que nous les renvoyons ! 
         
         l Depuis
         le moment ou Lénine invitait à aller lutter
         dans les syndicats (" là
         où est la masse ")
         contre l' " aristocratie
         ouvrière, corporatiste, étroite,
         égoïste,… d'esprit impérialiste,
         soudoyée et corrompue par
         l'impérialisme ", bien
         des choses ont changé. En particulier, l'apparition
         du révisionnisme moderne, la restauration du
         capitalisme en URSS. Selon les ultra-gauches modernes, ceux
         qui font de " l'anti-syndicalisme ouvrier " la pierre de touche de la révolution
         aujourd'hui, " dans ces
         conditions, l'esprit réactionnaire du syndicalisme
         s'est considérablement accentué depuis
         1920 ". Etre où sont
         les masses, serait, en outre, se situer désormais "
         en dehors des
         syndicats ". 
         
         Il est vrai (et on a vu pourquoi), que
         les couches les plus exploitées n'ont pas toute leur
         place dans le syndicalisme aujourd'hui et que les rancœurs
         légitimes contre le révisionnisme peuvent
         faire déchirer des cartes. Mais force est de
         constater aussi que la CGT est passée de 1,9 millions
         d'adhérents au 36e Congrès de 67 à 2,1
         en 1972, (38e Congrès)… Le bilan ouvrier de 68 est,
         rappelons-le en deux temps : 
         
         D'abord, des ouvriers
         révoltés contre les manœuvres
         révisionnistes (et la ligne que ceux-ci imposaient
         à la CGT) participèrent à certaines
         initiatives extra-syndicales, et se sont joints parfois
         à l'anti-syndicalisme de la Gauche
         Prolétarienne d'après 68. Mais ensuite, ils
         ont rejoint à nouveau les syndicats dans les
         années 70-72, faute d'alternative réelle
         ! 
         
          
         
         l Pendant tout un temps, des Comités
         d'Action, de Base ou de Lutte vont fleurir dans certaines
         entreprises… Des aspirations réelles à briser
         avec la politique révisionniste qui marquait le
         syndicat vont s'y faire entendre ; des travailleurs (surtout
         des jeunes) vont s'y reconnaître jusqu'en 69 : la
         réalité de ce courant rendra le P"c"F
         très satisfait de l'interdiction du 1er mai 69
         où l'anti-révisionnisme militant se serait
         manifesté, comme quelques mois plus tôt, lors
         des manifestations à l'occasion de la signature des
         accords capitulards de Tilsitt par les syndicats.
          
         
         Mais nous connaissons bien aussi ce
         qu'ont été ces Comités : "
         Instruments d'agitation pour
         diffuser des revendications correspondant aux aspirations
         des travailleurs, ils recevaient alors un écho
         favorable. Mais ils resteront toujours des organisations
         minoritaires dans les usines. Dans le meilleur des cas, ils
         prendront de l'extension au cours d'une lutte pour bien vite
         se vider à la fin de la lutte. Ainsi, un nombre
         important d'ouvriers va faire l'expérience de
         l'inefficacité des propositions mises en avant par
         les révolutionnaires ? D'autres, plus nombreux,
         observeront, pour en tirer les mêmes
         conclusions… " 
         
         (Extrait du Rapport
         Politique du Congrès Constitutif du PCRml de
         1974). 
         
         l En
         outre, la Cause du Peuple
         devait être rapidement
         le bien mauvais chantre d'un anti-syndicalisme
         systématique : bataille rangée contre les
         révisionnistes présentés
         essentiellement comme " police
         syndicale ", actions "
         exemplaires " (minoritaires ) proposées comme
         alternative au " syndicalisme
         du beefsteack, des bonzes porte-serviettes "…  
         
         Derrière l'outrance des
         critiques se cacha en fait un syndicalisme " dur " qui finit
         dans l'apolitisme d'une " Union
         Nationale des Comités de Lutte d'Ateliers
         ",
         éphémère. Pendant ce temps, mais avec
         du retard, et sans envergure, le mot d'ordre "
         des comités de base
         partout " viendra en 1970
         souligner l'opportunisme dans le mouvement
         marxiste-léniniste ; il témoignera
         déjà d'une incapacité à tracer
         les tâches concrètes pour l'avancée de
         la révolution… 
         
         La frange radicalisée de la
         classe ouvrière et de la jeunesse travailleuse va
         principalement se tourner vers les syndicats, avec la
         volonté de retourner y mener la lutte, forte des
         acquis de l'expérience de 68. Le principal
         bénéficiaire a été la CFDT,
         alors ouverte aux " courants de
         mai ", et souvent
         dirigée localement par des syndicalistes de cette "
         Gauche
         Syndicale " ( que Maire
         qualifierait aujourd'hui de " basistes ") qui
         sous le mot d'autogestion cherchait confusément une
         voie sincère vers la révolution. La CGT,
         elle-même, à son 39e Congrès du Bourget,
         signalait que " les deux tiers
         des syndiqués ont adhéré depuis
         68 ". 
         
         l A
         l'appui de leur anti-syndicalisme, certains vont
         jusqu'à appeler les déclarations de Ceyrac
         (responsable du CNPF) qui saluait en 73 " l'affaiblissement de l'autorité des
         organisations syndicales ".
         Comme si, face au capitalisme, on pouvait se réjouir
         de ne pas avoir d'organisation de masse puissante que l'on
         puisse orienter vers la lutte… Comme si, l'on devait s'en
         tenir à la constitution (à l'instar des
         ultra-gauches que critiquait Lénine en 1920) d' "
         une Union Ouvrière toute
         neuve, proprette, innocente des préjugés
         démocratiques bourgeois, des péchés
         corporatifs et étroitement
         professionnels " mais ô
         combien isolée et peu influente… 
         
         Comment apprécier, par exemple,
         que les organisations syndicales aient obtenu par l'action
         (en particulier après 68) des avantages
         matériels payés en postes de permanents
         payés par l'Etat (SNCF, EDF…), en locaux et
         subventions (" les deniers de
         Judas " disent certains) et
         des droits nouveaux (protection des
         délégués, extension des heures de
         délégation, reconnaissance de la Section
         d'Entreprise…) ? 
         
         D'un côté, c'est la base
         matérielle d'une coupure d'avec la classe
         ouvrière, de l'existence d'une aristocratie
         bureaucratique syndicale. A l'EDF, avec la gestion des "
         œuvres sociales ", dans de nombreux comités
         d'entreprises, cette couche se développe, en vient
         à se comporter en patron, licenciant ou faisant
         licencier d'authentiques syndicalistes (SNECMA, Usinor,
         Dunkerque…). 
         
         Mais lorsqu'un syndicalisme de lutte
         de classe anime les sections, il en est autrement : des
         droits nouveaux et des heures de délégation de
         plus, c'est la possibilité de préparer les
         actions, de tourner sur les chantiers, dans les ateliers et
         services pour recueillir les idées des masses, mener
         le débat et diffuser une information propagande
         rédigée sur la base de telles enquêtes,
         dans le sens des intérêts
         révolutionnaires du prolétariat ; c'est faire
         tourner le syndicalisme contre l'" esprit syndicaliste
         étroit ", le
         corporatisme et la " concertation "…
         Les travailleurs, tout l'an dernier, ne s'y sont pas
         trompés : en se mobilisant contre les attaques de
         Durafour, puis Beullac contre le droit syndical, en
         défendant des délégués
         licenciés (à la SEP à Bordeaux,
         à B.E. Dijon, à l'UIE de Cherbourg, etc), en
         participant à des campagnes pour les libertés
         démocratiques et syndicales (même lorsque le
         fond de pensée des révisionnistes qui souvent
         les impulsent, est de s'assurer à eux-mêmes la
         parole)… Ils n'ont pas voulu suivre les ultra-gauches qui
         voient dans le droit syndical " le butin de la collaboration de classe
         " et dans le syndicalisme
         essentiellement un " garant de
         l'ordre et de la paix sociale
         " (comme l'affirment certains groupes du genre
         Union
         Ouvrière, que
         dénonçait trop facilement Guy Lorant dans
         Syndicalisme
         Hebdo-CFDT pour mieux faire
         l'amalgame avec les " coucous " qui
         obsèdent les confédéraux). 
         
         D'ailleurs, si les syndicats
         étaient si faibles que cela ne vaille plus la peine
         d'y militer, comment alors prétendre qu'ils "
         encadrent " la classe ouvrière et la
         " manipulent " ? Belle logique, on le voit, que celle des
         ultra-gauches anti-syndicaux ! 
         
         l On
         voit aussi se révéler un profond
         idéalisme, une conception métaphysique de la
         lutte des classes, ses conditions et ses enjeux.
         Théorisant quelques expériences
         limitées à l'atelier, ou plus souvent encore
         un soutien extérieur et ponctuel à tel ou tel
         conflit de classe, les ultra-gauches s'exaspèrent
         contre l'apparente solidité du révisionnisme
         dans le syndicat pour affirmer, dès le fragile
         ralliement d'une mince frange ouvrière à leurs
         thèses, que " les
         ouvriers les plus conscients nous enseignent eux-mêmes
         le dégoût du syndicalisme ". 
         
         Cette impuissance à
         apprécier les rapports de forces et déterminer
         une tactique capable d'arracher la classe ouvrière au
         révisionnisme, et donc de le battre en brèche
         dans le mouvement syndical, est caractéristique de la
         démarche gauchiste, (au-delà de ses
         manifestations spécifiques à
         différentes phases de l'histoire du mouvement
         ouvrier). 
         
         l En
         effet, les accusations dirigées contre les syndicats,
         en ce qui concerne leur conservatisme, leurs traditions,
         leurs trahisons sont, le plus souvent, parfaitement
         justifiées. Mais saurait-on en conclure que
         " la lutte contre les
         côtés négatifs du mouvement syndical
         actuel offrira le maximum de succès quand tous les
         ouvriers à tendance révolutionnaire auront
         quitté jusqu'au dernier le syndicat ? " 
         
         De ce point de vue, rien ne permet de
         dire que la voie de la lutte dans le syndicat est
         bouchée… Ni les attaques contre les militants et
         structures de lutte de classe (la " chasse aux sorcières " menée tant dans la CFDT que dans la
         CGT) ni l'attentisme ou la trahison des luttes et l'"
         esprit de
         concertation " (marqués
         par exemple face au plan Barre) ne modifient les
         nécessités de la bataille pour une alternative
         révolutionnaire dans les syndicats. Citant
         Lénine, la récente réunion nationale
         des cellules d'entreprises du PCRml (cf Front Rouge n°
         10) rappelait qu'" il faut
         savoir consentir tous les sacrifices, surmonter les plus
         grands obstacles, afin de faire un travail de propagande et
         d'agitation méthodique, persévérant,
         opiniâtre et patient ",
         justement dans les syndicats dominés par le
         révisionnisme et le réformisme, afin d'y
         mobiliser et entraîner les masses pour une issue
         révolutionnaire à la crise. 
         
         l Sinon,
         c'est confondre la forme des syndicats et leur structure
         actuelle, leurs mécanismes et l'appareil qui tourne
         entre les mains du P"c"F et du PS et des chefs syndicaux qui
         leur sont proches, avec le " mouvement syndical " lui-même, traversé par la lutte
         de classes, la lutte entre les deux voies : réforme
         ou révolution. Et, avec l'approche des
         échéances politiques de 1978 et leur suite, la
         montée d'affrontements de classe puissants,
         résultant de la crise politique, plus que jamais, "
         ceux qui lancent le mot d'ordre
         de l'abandon des syndicats se condamnent, malgré
         leurs intentions généreuses ", à n'être (selon le mot de
         Lososvsky, responsable du travail syndical de la
         Troisième Internationale) " que des spectateurs passifs devant les
         évènements qui se
         développent " !
          
         
           FACE AUX
         ECHEANCES DE 78 
         
         " Militer dans les
         syndicats c'est possible et nécessaire… et c'est le
         moment ! "
         
         Lorsque l'on considère
         aujourd'hui le mouvement syndical (du point de vue de son
         fonctionnement comme de son activité) : l'existence
         du révisionnisme, la montée du PS dans les
         appareils syndicaux de la CFDT et la donnée
         d'importance que représente leur division ,
         impliquent des tâches spécifiques à la
         période pour les communistes révolutionnaires
         dans la question syndicale. Le propre d'une orientation
         léniniste en la matière est bien, en effet,
         d'articuler l'intervention communiste à la
         réalité concrète actuelle du mouvement
         des masses. C'est donc répondre à ces
         interrogations : peut-on encore valablement militer dans les
         syndicats ? Que change la proximité des
         échéances de 78, un passage de la gauche au
         pouvoir ? 
         
         l La
         lutte de tous les jours contre les empiètements du
         capital, l'organisation de la résistance
         ouvrière pour le pouvoir d'achat,
         l'amélioration des conditions de travail, la
         conquête et le développement du droit
         d'expression et d'association : autant de batailles
         quotidiennes, compatibles certes avec la survie du
         capitalisme, mais nécessaires au prolétariat
         pour grouper ses forces, ne pas se laisser
         laminer… 
         
         Avec " l'offensive de temps de crise " lancée par la bourgeoisie pour faire
         payer la note à la classe ouvrière et aux
         masses populaires, grâce à son plan Barre, ce
         combat quotidien prend de l'importance ! 
         
         Dans le cours même
         de ce combat, la conscience que des objectifs plus
         décisifs sont encore en jeu et que la question du
         système est posée, grandit. C'est dans ces
         conditions, précisément, que (selon le mot de
         Marx : " Lâcher pied,
         sans courage dans le conflit quotidien avec le capital, ce
         serait irrémédiablement perdre la
         faculté de se lancer un jour dans un mouvement plus
         vaste " ! 
         
         l Le 7
         octobre 76 a manifesté avec éclat que loin
         d'être close (enterrée par une "
         transformation
         inéluctable des syndicats en instrument typiquement
         et uniquement d'encadrement et d'oppression des masses
         ") la lutte entre deux voies,
         deux classes est aiguë, en plein essor dans le
         mouvement syndical. On y a vu à Lyon, à Nancy,
         à Bordeaux… comme à Paris, des manifestations
         partagées, secouées par l'opposition au
         Programme Commun, et à la voie réformiste dans
         les confédérations. Des sections, des
         syndicats entiers manifestaient sur des mots d'ordre de
         lutte de classe, refusant l'attentisme et
         l'électoralisme, mettant en échec le soutien
         aux partis de la gauche bourgeoise, souhaitée par les
         dirigeants confédéraux. On y vit même
         des responsables d'Unions et de Fédérations
         prendre, minoritairement mais effectivement, des positions
         révolutionnaires, impulsant les mots d'ordre de
         lutte, mettant des structures au service des
         intérêts ouvriers ! bien plus : des
         syndicalistes CGT en nombre appréciable (parfois
         même des syndicats entiers !) prenaient des positions
         offensives, de classe ; certains défilaient dans
         l'unité avec des militants et structures CFDT de leur
         entreprise (malgré les dispositions de division
         prises par les responsables révisionnistes et
         réformistes)… 
         
         l D'aucuns pourraient rétorquer que depuis
         le 7 octobre, le mouvement des masses ne s'est plus
         affirmé de manière aussi nette et que la chape
         d'un " syndicalisme
         traditionnel ", au service de
         l'Union de la gauche, s'est refermée sur bien des
         structures. Et il est vrai qu'on assiste depuis l'automne 76
         à une relance de la " chasse aux sorcières " dans les syndicats (notamment dans la CFDT)
         et à une " normalisation "
         à marche forcée des thèmes
         idéologiques et politiques dans les
         Confédérations (et aussi de leur
         fonctionnement). Cette situation amène d'ailleurs,
         comme on l'a vu, le découragement de certains
         travailleurs (écœurés à Bordeaux par la
         dissolution de l'UD 33 CFDT ou à Strasbourg par
         l'éviction de délégués CGT de la
         Télic). Elle fait que le débat politique a
         besoin, pour se développer pleinement, de structures
         de masse, impulsées par les communistes
         révolutionnaires. Celles-ci peuvent jouer -par
         rapport aux syndicats- un rôle (non concurrentiel)
         d'unification et de mobilisation, capable d'imposer la
         démocratie prolétarienne dans l'entreprise (et
         donc de briser les petits calculs étouffants du
         réformisme syndical et du révisionnisme). De
         là, la politique prolétarienne trouve un point
         d'appui de taille pour sa lutte au sein même des
         structures.  
         
         l Car
         les grandes manœuvres confédérales n'ont pas
         plus étouffé l'opposition dans la CFDT que
         dans la CGT. Au dernier Comité National de la CGT,
         J.L. Moynot ne reconnaissait-il pas que " la direction confédérale CFDT
         est, pour l'instant, très peu suivie " et que ses " mesures administratives (UL 8e-9e de Paris, UD
         de Gironde …) ne sont pas pour assainir le
         climat " ? 
         
         Ce même CCN CGT
         devait d'ailleurs essuyer les critiques de responsables
         départementaux ou fédéraux (qui, tout
         en soutenant le Programme Commun, sont contraints de
         refléter d'une certaine manière, le
         mécontentement des militants et syndiqués). La
         secrétaire du Comité Régional de
         Lorraine devait, par exemple, reconnaître que la CGT
         telle qu'elle est aujourd'hui est " trop loin des travailleurs ", " ne se
         préoccupe pas de leurs revendications
         immédiates et concrets " ; tandis que le responsable CGT de la
         Construction dénonçait le fait qu'on "
         parle trop de démocratie
         syndicale sans y mettre derrière le contenu qui y
         correspond " et
         défendait la " priorité aux bas
         salaires ". On y a vu encore
         le secrétaire de l'UD des Vosges mettre au compte de
         la politique confédérale le " décalage entre le mécontentement
         et les actions engagées
         "… Et ce n'est pas là, bien sur, que la transcription
         au plan national, dans des instances feutrées et
         largement dominées par le révisionnisme, de
         contradictions autrement plus vives dans les syndicats.
         C'est notamment le cas à la suite du renoncement
         à la dictature du prolétariat par le P"c"F et
         à son XXIIe Congrès en 76) qui a
         troublé de nombreux cadres syndicaux jusque là
         fermes soutiens de Séguy et Krasucki. 
         
         l Enfin,
         qu'on y songe : pourquoi les gens du P"c"F dans la CGT et la
         social-démocratie dans la CFDT prennent-ils autant de
         soin à structurer davantage à leur profit le
         mouvement syndical à l'approche de 78 ? Peut-on
         raisonnablement admettre la constitution d'une "
         centrale
         unifiée " sous
         direction révisionniste (comme le propose de plus en
         plus ouvertement Séguy) ou la constitution de la CFDT
         à son prochain Congrès (le 38e) en syndicat
         exclusivement " autogestionnaire " (prêt à collaborer avec le PS au
         pouvoir), sans réagir ? Il n'est pas possible
         d'imaginer un seul instant de livrer ainsi les organisations
         syndicales à la réalisation des projets
         bourgeois de la gauche ! Le rapport Maire-Decaillon-Hureau
         au Conseil National CFDT d'octobre 76 éclaire ce
         danger de transformation du syndicalisme en instrument de la
         gauche au pouvoir : information, formation, fonctionnement
         et même mode de déroulement du 38e
         Congrès, tout y est préparé de telle
         sorte que se mette en place une " cohérence
         " social-démocrate, spécifique, pour "
         faire face aux tentatives de
         débordement "
         après 78… 
         
         l En fin
         de compte, la proximité d'un passage des partis du
         Programme Commun au gouvernement, avec alors leur
         volonté de faire du syndicalisme un " instrument réfléchi d'une
         dynamique de relation avec la gauche au pouvoir
         ", ne fait que renforcer,
         très concrètement, la nécessité
         de mener hardiment et complètement (dans toutes les
         structures) la lutte de classe dans les syndicats !
         Organisant un courant d'opposition syndicale
         révolutionnaire et autour de lui, plus largement,
         toute une " nouvelle Gauche
         Syndicale ", les communistes
         révolutionnaires ont à créer de la
         sorte des centres de résistance et d'offensive
         ouvrière face aux projets capitalistes d'Etat du
         P"c"F comme à celui de gestion des affaires de la
         bourgeoisie du PS, de l'intérieur même du
         mouvement syndical… C'est là, en effet, le meilleur
         moyen de servir l'intérêt de classe du
         prolétariat. C'est lutter pratiquement contre "
         l'esprit syndicaliste
         étroit ", l'apolitisme
         que peut nourrir dans un premier temps le constat du
         syndicalisme d'échec, de trahison et
         d'intégration façonné par le
         révisionnisme à notre époque. Tracer la
         perspective d'un authentique syndicalisme de classe et de
         masse, démocratique, en convergence avec l'objectif
         stratégique de la France socialiste des ouvriers et
         des paysans, c'est vouloir remettre la politique
         prolétarienne entre les mains des syndiqués.
         C'est faire du syndicat effectivement " l'arme de tous les travailleurs ", non plus seulement pour leur défense
         quotidienne, mais pour l'émancipation de classe
         à laquelle appelle et milite notre Parti, dans
         l'unité du travail d'entreprise (dans le syndicat et
         comme Parti Communiste Révolutionnaire, par son
         action propre) ! 
         
        |