Ces deux dernières années ont
été marquées par une dégradation
importante des relations entre la Chine et l'Albanie. Au fil
des mois, les attaques publiques du Parti du Travail
d'Albanie contre le Parti communiste chinois et la
République populaire de Chine se sont
multipliées, se faisant chaque jour plus violentes.
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Récemment, le 7 juillet 1978, le gouvernement
chinois a été contraint de mettre fin à
son aide économique et militaire à l'Albanie.
Falsifiant la réalité, le PTA tente de faire
croire que cet arrêt de l'aide chinoise s'identifie
à la rupture unilatérale de l'assistance
soviétique à l'Albanie en
1961.
Cette tentative grossière est
particulièrement malhonnête puisqu'elle tente
d'assimiler deux situations historiques totalement
différentes :
L'arrêt de l'aide soviétique à
l'Albanie était un diktat visant à faire
pression sur la politique du PTA pour qu'il accepte les
positions révisionnistes de Khrouchtchev.
L'arrêt de l'aide chinoise résulte de la
détérioration des rapports de
coopération du fait des obstacles et ultimatums de la
partie albanaise.
La rupture de la coopération entre la Chine et
l'Albanie résulte d'une volonté politique
délibérée de la partie albanaise et de
son refus de régler les problèmes par la voie
de la consultation.
Si l'aide entre deux pays est possible, même s'il
existe entre eux des divergences politiques, ou même
entre pays à systèmes sociaux
différents, elle implique néanmoins des
rapports d'amitié et une volonté de
coopération de part et d'autre. Or, du fait de
l'Albanie, une telle situation n'existe plus entre les deux
pays. Notre Parti dénonce fermement les attaques sans
fondement des dirigeants albanais contre la politique
chinoise, d'aide et de
coopération.
Récemment, le PTA en est venu à designer
la Chine comme une superpuissance menaçant gravement
la paix mondiale. Il affirme qu'elle cherche à
provoquer dans les Balkans et vise à
l'hégémonie en Europe. Qualifiant la politique
chinoise de " politique typiquement impérialiste et
de superpuissance ", il accuse la Chine de vouloir s'allier
aux USA contre le social-impérialisme
soviétique pour provoquer la destruction de ce
dernier en vue de prendre sa place pour dominer le monde.
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La virulence et l'énormité de ces
accusations ont pu surprendre et étonner. En fait,
elles ne constituent nullement un coup de tonnerre dans un
ciel serein, mais s'inscrivent dans la droite ligne de la
politique du PTA, notamment depuis deux
ans.
En novembre 1976, s'est tenu le VIIe Congrès du
Parti du Travail d'Albanie. De nombreux thèmes
erronés y furent énoncés concernant
l'analyse de la situation
internationale.
La négation de l'existence du Tiers Monde et donc
sa constitution en force politique et de son rôle
grandissant sur la scène mondiale, la surestimation
de l'état de développement de la lutte des
classes dans les pays impérialistes, le refus de
reconnaître que l'URSS constitue la plus dangereuse
des deux superpuissances et le principal foyer d'une
nouvelle guerre mondiale, brossaient déjà un
tableau de la situation du monde contemporain fort
éloigné de la réalité.
Certaines affirmations suivant lesquelles la
révolution serait un problème concret et
à résoudre dans l'immédiat dans les
pays capitalistes, où cependant, les syndicats
seraient devenus des instruments d'encadrement de la classe
ouvrière aux mains de la bourgeoisie,
témoignaient d'une ignorance profonde de la
réalité concrète et entraient en
contradiction avec les positions et les pratiques de notre
Parti.
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Analysant le rapport adopté par le VIIe
Congrès du PTA, notre Parti constata ainsi que sur de
nombreuses questions importantes, il développait une
analyse gravement erroné de la réalité
et contradictoire sur de nombreux points avec notre
programme adopté quelques mois plus
tôt.
En juillet 1977, en faisant paraître un article
attaquant la théorie des trois mondes, le PTA
commençait ses attaques publiques contre le Parti
communiste chinois et la République populaire de
Chine
La polémique déclenchée alors par
le PTA révéla clairement son analyse
erronée de la situation internationale.
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Erronée parce que faisant abstraction de
la situation réelle du monde contemporain et
du degré de développement des quatre
contradictions fondamentales.
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Erronée parce que plaquant sur la
réalité concrète de la
situation internationale les analyses de
l'Internationale Communiste dans les années
20, utilisant le marxisme-léninisme comme un
dogme et non comme un guide de l'action,
prétendant que la situation n'a pas
changé, que la restauration du capitalisme
dans un grand nombre de pays socialistes et la
dégénérescence
révisionniste de la plupart des partis
communistes n'a pas d'effet significatif.
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Erroné parce que ne menant pas le
débat sur le fond, remplaçant la
démonstration par des formules, isolant les
faits de leur contexte.
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Erronée enfin, par le ton, un ton
inadmissible, qui tend à fermer la voie
à une persuasion réciproque, faits
à l'appui, et qui prend au contraire
vis-à-vis du parti communiste avec lequel il
existe des divergences à résoudre, la
démarche réservée à
l'ennemi.
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Examinant les critiques portées par le PTA contre
la théorie des trois mondes, notre Parti les
réfuta, réaffirmant son accord avec cette
théorie. Cette attaque du PTA contre la
théorie des trois mondes ne constituait en fait qu'un
élément d'une série d'attaques qui
allaient se développer de plus en plus violemment et
de plus en plus directement contre le Parti communiste
chinois et sa
politique.
Le PTA affirme même aujourd'hui que le PCC n'a
jamais appliqué correctement " les grandes
idées de la Grande Révolution Socialiste
d'Octobre et l'idéologie marxiste-léniniste "
aux conditions concrètes de la Chine, s'en prenant
plus particulièrement aux camarades Mao
Tsé-toung et Chou
En-laï.
Ainsi le PTA affirme que le PCC, alors dirigé par
Mao Tsé-toung ne mena pas une lutte ferme et
résolue contre le révisionnisme
khrouchtchévien au début des années 60
mais qu'il fit preuve d'opportunisme à son
égard.
En fait, chacun sait que lorsqu'en 1956 le Parti
communiste de l'Union soviétique, lors de son
20ème Congrès, énonça une
série de thèses anti-marxistes et
contre-révolutionnaires, le PCC et Mao
Tsé-toung engageaient une lutte contre elles, d'abord
dans le cadre de la polémique entre partis
communistes puis publiquement à partir de
1963.
Face aux affirmations de Khrouchtchev suivant lesquelles
la coexistence pacifique devait régir tous les
rapports fondamentaux dans le monde et devait s'appliquer
aussi bien aux relations entre les pays capitalistes et les
pays socialistes, entre les mouvements de libération
nationale et l'impérialisme, entre la bourgeoisie et
le prolétariat dans les pays capitalistes, le PCC
réaffirma que la coexistence pacifique ne peut
être qu'un aspect de la politique
étrangère d'un pays socialiste, l'aspect
principal étant l'internationalisme
prolétarien. Le PCC rappela que l'impérialisme
n'avait pas changé de nature et que seule la guerre
populaire dans les pays opprimés et la
révolution socialiste dans les métropoles
impérialistes pouvaient le détruire, rejetant
ainsi les théories révisionnistes de
Khrouchtchev sur la guerre et la paix et prônant le
"passage pacifique " au
socialisme.
Lorsque Khrouchtchev rejeta la dictature du
prolétariat au nom de " l'Etat du peuple tout entier
", Mao Tsé-toung montra sa nécessité en
rappelant que la lutte de classe se poursuit sous le
socialisme, et cela dès 1957. Dans cette lutte contre
le révisionnisme soviétique, le PCC et Mao
Tsé-toung luttent pour l'unité du Mouvement
communiste international. Par exemple, aux deux
conférences des Partis communistes à Moscou en
1957 et 1960, Mao Tsé-toung combattit pied à
pied les thèses révisionnistes tout en tentant
de maintenir l'unité du camp socialiste. Ainsi,
malgré les attaques portées par le PCUS contre
la Chine et le PCC dès 1960, le Parti communiste
chinois ne critiqua pas publiquement et nommément le
PCUS avant 1963.
Ainsi loin de s'apparenter à une attitude
hésitante ou à un manque de fermeté
dans la lutte contre le révisionnisme
soviétique comme l'affirme la direction du PTA, la
politique menée par le PCC en direction du PCUS
visait à mener jusqu'au bout le débat au sein
du Mouvement communiste international en s'appuyant sur
toutes les possibilités qui pouvaient se faire jour.
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Calomniant la grande révolution culturelle
prolétarienne, le PTA affirme : " La
révolution culturelle, dans la plupart des cas, dans
son esprit comme dans son action, se développa comme
une lutte non conforme aux principes, qui n'était pas
conduite par un véritable parti de la classe
ouvrière qui combattait pour l'instauration de la
dictature du prolétariat. Ces affrontements entre
groupes fractionnistes se terminèrent ainsi en Chine
par l'instauration d'un pouvoir aux mains
d'éléments bourgeois et
révisionnistes.
"
Le PTA nie ainsi les acquis considérables de la
Grande Révolution Culturelle Prolétarienne :
déclenchée et dirigée par le camarade
Mao Tsé-toung en personne, elle a permis par la
mobilisation des larges masses populaires de triompher des
tentatives de restauration du capitalisme, elle a
renforcé l'édification du socialisme et
enrichi la théorie marxiste-léniniste sur la
continuation de la révolution sous la dictature du
prolétariat. Elle constitue un apport
considérable à l'expérience
révolutionnaire du prolétariat
international.
Mais le PTA ne nie pas seulement les acquis de la Grande
Révolution Culturelle Prolétarienne. Il nie
l'existence de la lutte entre deux lignes aux sein du Parti.
Pour le PTA, ce qui caractérise le Parti communiste,
c'est son " unité monolithique et le fait qu'il n'a
toujours qu'une seule ligne, toujours plus juste et
marxiste-léniniste ". Le PTA nie ainsi les apports
décisifs de la pensée maotsétoung
concernant les liens d'unification du Parti et lui substitue
une vision métaphysique et figée de cette
édification.
Dans son discours en date du 8 novembre 1978, Enver Hoxha
pousse encore plus loin ses attaques contre le
marxisme-léninisme et le maoïsme en affirmant
que " la Chine n'a pas été et n'est pas un
pays socialiste (ATA du 9/11/78 p.21) " et en traitant le
maoïsme de " prétendue pensée
maotsétoung, qui ne peut être ni n'a jamais
été marxiste-léniniste " (ATA du
9/11/78 p.23). Il dévoile ainsi sans
ambiguïté l'objet des attaques
répétées du PTA contre la
République populaire de Chine et le PCC : c'est
l'œuvre et la pensée de Mao Tsé-toung, ses
apports décisifs à l'enrichissement de la
théorie marxiste-léniniste, ce sont les
enseignements même de l'édification du PCC
pendant plus de 50 ans qui sont niés,
calomniés.
Ce sont des dizaines d'années de lutte du Parti
communiste et du peuple chinois pour l'édification du
socialisme qui sont traînés dans la boue.
Ainsi, la négation des apports de la pensée
maotsétoung, le refus de la reconnaissance des
insuffisances et erreurs de Staline, les divergences d'ordre
théorique entre le PTA et les
marxistes-léninistes notamment sur la question de
l'édification du Parti, constituent des fondements
essentiels de l'évolution négative et
dangereuse des positions politiques du
PTA.
En dénaturant l'œuvre et la pensée
maotsétoung, en calomniant la politique menée
de longue date par le Parti communiste chinois et en
qualifiant aujourd'hui la République populaire de
Chine " d'impérialisme " menant une " politique de
superpuissance " qui conduit à une troisième
guerre mondiale, les dirigeants albanais se sont
placés d'eux mêmes en dehors et à
l'opposé du point de vue et des positions
marxistes-léninistes.
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Dans la situation internationale actuelle, les prises de
position anti-chinoises du PTA servent à couvrir les
visées hégémoniques du
social-impérialisme soviétique.
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Lorsque le PTA
affirme que l'Europe ne constitue en rien l'enjeu
stratégique de la rivalité des deux
superpuissances, que l'URSS frappera certainement
ailleurs, ou lorsqu'il déclare que "
l'impérialisme chinois veut
précipiter l'Europe dans une conflagration
", au delà du caractère inadmissible
et odieux d'une telle caractérisation de la
République populaire de Chine, le PTA ne
tente-t-il pas de désarmer les peuples
d'Europe face aux préparatifs de guerre des
deux superpuissances, ne favorise-t-il pas, en fait
les plans d'agression du social-impérialisme
soviétique ?
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Lorsque le PTA
affirme que la politique de la Chine dans les
Balkans vise " à troubler la situation
actuelle dans cette zone, à créer des
inimitiés entre les peuples des Balkans et
à pousser une troisième guerre
mondiale ", dit-il autre chose que les
révisionnistes soviétiques lorsqu'ils
attaquent la Chine ?
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Le soutien
apporté au Viêt-nam le jour même
ou il adhère au COMECON et la reprise mot
pour mot des accusations soviétiques suivant
lesquelles, c'est la Chine qui provoquerait le
conflit entre le Viêt-nam et le Cambodge, ne
témoigne-t-il pas d'une évolution
inquiétante de la politique du PTA ?
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Quand le PTA
dénonce le traité d'amitié
sino-japonais parce qu'il a " une couleur
anti-social impérialiste ", ou lorsqu'il
divise les pays du Tiers Monde en qualifiant
certains de " progressistes ", qu'est ce qui
distingue ces positions de celles de l'Union
soviétique ?
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Le PTA peut bien maintenir un discours en apparence
anti-social impérialisme, quel poids a-t-il lorsqu'il
concentre l'essentiel de ses coups contre la Chine, reprend
les attaques les plus virulentes de l'URSS contre le Parti
communiste chinois et la République populaire de
Chine, manifestant ainsi une évidente convergence
avec la position du social-impérialisme
soviétique sur les problèmes essentiels de la
situation internationale ?
Notre Parti condamne énergiquement la
polémique engagée par le Parti du Travail
d'Albanie contre le politique du Parti communiste chinois
qui constitue en fait une attaque contre le
marxisme-léninisme et tous les partis
marxistes-léninistes dans le monde.
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