Intervention de
Max Cluzot (extraits)
Secrétaire général du PCRML
(...) Dans ces conditions il nous faut apprécier
justement les résultats de notre propre campagne,
avant de définir nos perspectives.
Des candidats soutenus par nos deux
partis se sont présentés dans un peu moins de
120 circonscriptions, soit à peu près le quart
du pays. Ils ont obtenu les voix de 28 000 travailleurs.
Bien sûr, ce n'est pas un score miraculeux ; il n'y a
pas eu, vous vous en doutez, de raz-de-marée
électoral en notre faveur.
Mais tout de même, ce
résultat n'a rien d'humiliant. Projeté au plan
du pays, on peut valablement l'interpréter en
indiquant que ce seraient plus de 100 000 travailleurs qui
auraient voté pour nos camarades, s'ils avaient
été partout présents. 100 000 voix,
voilà ce que nous mesurons aujourd'hui à la
toise électorale qui est, vous le savez bien, la plus
truquée de toutes.
En
effet, on ne remarque presque jamais la différence
sensible entre les endroits où nous nous sommes
présentés en disposant d'une bonne
implantation militante et les endroits où nous avons
mené campagne sans implantation préalable et
avec des forces extrêmement réduites. A une
certaine échelle, il n'y a pas de correspondance
entre le travail de masse développé et les
scores électoraux. Cela a pu nous surprendre, mais
c'est parfaitement exact.
Alors, apprécions ce qu'a
indiqué ce baromètre fantaisiste, d'une
approximation douteuse, que représentent les
élections.
28 000 travailleurs, dans le quart
du pays, ont fait le choix de voter UOPDP. Ce n'est pas si
mal, camarades, si nous remarquons en même temps
que:
-- c'est la première fois que nous nous
présentons aux élections, alors que nous
avions, les uns et les autres, préconisé
l'abstention au cours de toutes les élections
précédentes. Les autres candidats
d'extrême gauche en sont au moins à leur
cinquième candidature ; nous ne sommes pas encore
très connus, mais nous avons commencé à
nous faire connaître, et y compris par ce moyen.
-- notre campagne a été courte,
extrêmement courte, guère plus d'un mois. Il a
fallu simultanément formé nos comités
de l'Union Ouvrière et Paysanne, et faire
connaître et nos camarades candidats, et la
plate-forme de notre rassemblement, bien nous entendre entre
nous et travailler avec de nouveaux militants au
développement de notre union. Nous n'avons pas
chômé, mais le temps passe vite. Mais avant
tout, notre campagne a été claire,
extrêmement claire. Nous n'avons pas cherché
à rassembler des votes sur des bases faciles, nous
n'avons pas dissimulé nos positions politiques et
nous n'avons pas renoncé à aller, sur des
questions importantes, à contre-courant.
Qui
d'autre que nous a parlé, au cours de ces
élections, de la réalité de la
situation internationale ? Qui a, ne serait-ce
qu'évoqué, les risques de guerre qui menace
notre peuple ? Qui a dit la vérité sur les
dangers représentés par les deux
superpuissances ?
Qui a
clairement exprimé l'identité profonde de
nature de classe entre les projets de la droite et les
projets de la gauche ?
Qui n'a fait preuve d'aucun souci de conciliation avec les
partis bourgeois de gauche, sinon nous, et avec nous,
les écologistes courageux, eux aussi relativement
pénalisés par cette fermeté
nécessaire.
C'est
pourquoi, camarades, dans cette campagne à
l'américaine dans laquelle le rôle
prépondérant a été rempli par
les moyens modernes d'information, par la radio, la
télévision et la grande presse, nous n'avons
guère été privilégies. Bien au
contraire. Songez que pour développer nos positions,
nous avons disposé en tout et pour tout de sept
minutes de télévision, en début de
campagne, alors que c'était la première fois
que nous apparaissions sur les grandes chaînes quand
d'autres, à l'occasion des présidentielles
notamment, avaient pu largement se manifester, et surtout
quand les partis bourgeois monopolisaient la
quasi-totalité des émissions. Songez que notre
combat a été pratiquement dissimulé par
la grande presse, quand il n'était pas purement et
simplement travesti, dénaturé.
Aussi, les travailleurs qui ont
voté pour nous l'ont-ils fait en connaissance de
cause. Dans cette consultation pseudo-démocratique,
au cours de laquelle, comme à l'accoutumée,
les questions politiques fondamentales n'ont fait l'objet
d'aucun véritable débat, dans cette campagne
truquée, subtilement truquée, marquée
par le vedettariat de quelques politiciens et la
passivité de tous, réduits au rôle de
spectateurs, comment les révolutionnaires
prolétariens pourraient-ils trouver leur
véritable place ? Nous avons commencé à
faire pratiquement l'expérience, et à faire
faire cette expérience aux travailleurs, du
caractère fallacieux, trompeur et faussement
démocratique des élections bourgeoises; nous
sommes passé du stade de la dénonciation de
principe de l'électoralisme au stade de la
démonstration concrète, en participant
nous-mêmes à ces élections, et c'est une
bonne chose.
Aussi n'y a-t-il nulle comparaison
possible entre ceux qui disent clairement la
vérité aux travailleurs, ceux qui leur disent
que les élections ne résoudront rien et qu'il
faut se préparer à la lutte, ceux qui les
appellent à s'organiser et à ne rien attendre
des élections, et ceux qui les endorment de promesses
pour mieux les exploiter et les soumettre, les
élections finies. Il n'y a guère de
comparaison possible non plus avec ceux qui sont devenus la
caution de gauche de ce système de manipulation de
masse et qui en épousent les règles, ces
vedettes sympathiques de télévision, au
discours contestataire anodin, présentes chaque fois
que la bourgeoisie organise ses élections et absentes
le reste du temps sur le terrain des luttes, ces opposants
iiréductibles du premier tour qui se ramollissent
entre les deux et fléchissent tout à fait le
dimanche suivant.
Si l'on prend en compte tout cela,
non camarades, nous n'avons pas fait une si mauvaise
campagne et il y a plutôt lieu de se réjouir de
ce que notre voix ait été entendue
par-delà le cercle de ceux que nous rassemblons plus
largement, bien plus largement, que les lecteurs de notre
presse, les travailleurs que nous connaissons et qui ont
lutté avec nous. Ces 28 000 voix recueillies ne
pèsent pas lourd dans les urnes de la bourgeoisie,
mais ces votes sans ambiguïté, ces claires
prises de position doivent être mobilisées sans
délai pour renforcer notre combat commun. Ce
potentiel de 100 000 travailleurs dans le pays n'est-il pas
un rassurant point de départ. (...)
(...) Et puis, il faut à présent, pour
renforcer la voix des marxistes-léninistes, la rendre
une. N'est-ce pas un des principaux acquis de cette campagne
que d'avoir favorisé le rapprochement des
marxistes-léninistes entre eux ?
Quelques semaines ont plus fait pour l'unification que les
mois qui ont précédé ; une à
une, les contradictions qui apparaissaient ont pu être
réglées ; l'accord sur les buts de la campagne
réalisé, une action véritablement
commune et prolongée a pu être menée.
Les préjugés réciproques ont
sérieusement été
ébranlés, les différences
cernées de près et réduites à
leur juste proportion font déjà l'objet de
discsussion positives. Tant les exigences présentes
de la lutte de classe, que le bilan positif du travail en
commun engagé appellent l'unification des
marxistes-léninistes, et nous le disons
solennellement ici ce soir, nous ferons tout, pour notre
part, afin que cette année ne s'achève sans
voir réalisée l'unification de nos deux
partis.
Alors
camarades, on entendra davantage la voix des
marxistes-léninistes. Alors, de nombreux
travailleurs, hésitants jusque-là, nous
rejoindront, alors, la réunion de nos forces et
l'apport de celles qui se joindront à elles donneront
aussi une autre physionomie à notre pratique
militante. Ces efforts que nous faisons trop souvent en
double lorsque nous disons les uns et les autres presque la
même chose, nous les ferons mieux, ces
expériences que nous avons acquises les uns et les
autres, nous les mettrons en communs.
Comment ne pas voir s'esquisser déjà
notre réunion proche au sein d'un même parti
dans la bataille commune que nous avons commencé
à mener ?
Aussi nous sommes-nous vivement
réjouis de la décision du Bureau politique du
PCMLF de poursuivre l'initiative conjointe de
création de l'Union
Ouvrière et Paysanne pour la Démocratie
Prolétarienne, car nous sommes
persuadés de la sorte que notre lutte commune va se
renforcer et favoriser de façon décisive le
processus d'unification.
En avant pour l'unification des
marxistes-léninistes !
Eh
bien, camarades, puisque nous sommes tous d'accord pour
soutenir l'Union Ouvrière et Paysanne pour la
Démocratie Prolétarienne après le 19
mars prochain prochain, il est clair qu'elle continuera et
que, non seulement elle continuera, mais elle se
développera. C'est une bonne, c'est une excellente
chose.
Développer sur la base des
premiers acquis notre Union est plus que jamais
nécessaire, car quelle que soit la coalition
victorieuse, les tâches ne nous manqueront pas. Les
lendemains des élections ne seront pas à
l'évidence des lendemains sans voix, sans luttes et
sans mouvements. Bien sûr, l'aggravation de la crise
politique de la bourgeoisie n'est pas telle encore qu'elle
doive se transformer rapidement en crise
révolutionnaire. Ce qui fait encore largement
défaut, c'est la claire volonté
révolutionnaire des masses. Ce qui pèse
extrêmement lourd, c'est le poids du
révisionnisme, mais entre l'explosion d'une crise
révolutionnaire et le calme à peu près
plat de ces longs derniers mois
pré-électoraux, il y a place pour de forts
mouvements de lutte de la classe ouvrière et du
peuple, au sein desquels s'engage avec de plus en plus de
force et de netteté la lutte entre la voie
révolutionaire, dont les marxistes-léninistes
représentent l'élément le plus
conséquent, et la voie réformiste et
révisionniste.
Si,
comme il possible, on l'a vu, la droite reste aux affaires,
elle poursuivra immanquablement la politique
d'austérité, de chômage et de
répression qui est la seule qu'elle connaisse. Mais
alors, comment les travailleurs entendraient-ils plus
longtemps les appels à la fausse raison
électorale que lancent depuis 4 ans les partis
bourgeois de gauche, PS et PC ? D'ailleurs, pour escamoter
leur défaite, ceux-ci, et particulièrment le
PCF, ne seront-ils pas tenter de changer d'attitude ? Ne
vont-ils pas plutôt chercher à canaliser
à leur profit les mouvements de lutte de la classe
ouvrière et, pour autant qu'ils espèrent les
contrôler, les encourager même dans certains cas
? Nous connaissons bien ce type de situation et,
particulièrement actifs dans ces luttes, nous nous
efforcerons de leur donner, contre le gré des
révisionnistes, l'ampleur nécessaire pour
faire reculer la bourgeoisie sur le seul terrain, où
ce soit possible, le terrain de la lutte de classe (...).
(...) Et si la gauche passe, ce qui n'est pas impossible
non plus, alors il nous reviendra de prendre l'initiative de
l'opposition révolutionnaire au gouvernement de
gauche, de refuser toute logique d'austérité
comme tout chantage au consensus. Il nous faudra contrer,
sans la moindre complaisance, les plans du PCF visant
à préparer l'instauration d'un capitalisme
bureaucratique d'État, son appropriation progressive
de l'appareil d'État, sa colonisation de celles des
entreprises nationalisées qu'il aura réussi
à faire nationaliser. La tâche, là
aussi, sera rude, mais comment ne pas voir, qu'elle que soit
la coalition gagnante, que nous ne serons pas seuls
évidemment à la mener.
Nous
ne sommes pas seuls à dire aujourd'hui qu'il ne faut
pas choisir entre la peste et le choléra, entre la
bourgeoisie de droite et la bourgeoisie de gauche. Mais
à coup sûr notre position est très
minoritaire et la trêve signée pour une semaine
entre Marchais et Mitterrand va favoriser une grande vague
électoraliste que ces politiciens tentent de toutes
leurs forces de soulever pour l'emporter peut-être,
avant de se quereller à nouveau.
Malgré cela, nous ne sommes pas seuls, enfin
pas tout à fait, mais demain une grande partie de
ceux qui, malgré tout, préfèrent voter
pour la gauche, vont nous rejoindre car leur vote n'a
guère de signification : ce qui compte pour un grand
nombre d'entre eux, c'est bien la lutte de classes, c'est
bien l'autonomie de leurs mouvements. Et comment ne se
détourneraient-ils pas d'une gauche incapable de
gagner les élections ou, dans l'autre cas, devenue
gérante plus ou moins loyale du capitalisme ?
Aussi
faut-il nous préparer à élargir
très sensiblement notre Union, à rassembler
avec nous ces travailleurs déçus, ces
syndicalistes peu souples, ces militants de base des partis
de gauche ouvrant les yeux sur la réalité
bourgeoise de leurs partis, en fait tous ceux qui, comme
nous, entendent mener les luttes de l'après-mars,
quelle que soit la coalition qui l'ait emportée, sur
de fermes bases anti-capitalistes et
anti-révisionnistes.
Élargir nos comités, discuter et
transformer leur plate-forme, rassembler les revendications,
nouer des liens étroits avec les associations et les
organisations de masse qui partagent certains de nos
objectifs, et bannir tout sectarisme ce faisant,
voilà ce que propose le PCR ml.
Car dans cette bataille, il n'y
aura pas de temps à perdre.
Alors
Camarades, un pas sérieux sera franchi dans cette
voie longue, sinueuse, difficile mais aussi exaltante qui
mène à la révolution
prolétarienne et au socialisme, dans cette lutte qui
est toute notre raison de vivre.
Ni bourgeoisie de droite, ni
bourgeoisie de gauche !
En avant pour développer
notre Union Ouvrière et Paysanne !
En avant pour l'unification des
marxistes-léninistes !
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