Raymond Casas

Né le 12 juin 1926, Raymond Casas fut un très jeune résistant FTP. Il adhère aux Jeunesses communistes en Mai 1944, à l'age de 18 ans. Il deviendra plus tard un cadre actif du PCF dans la règion de Blois. Militant à la CGT, puis l'un des fondateurs du PCMLF (Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France), il fut l'ami d'Enver Hodja et de Félix Guattari, prit la parole à la Sorbonne en 1968, fut reçu à Pékin par Zhou Enlai. Sans jamais cesser de travailler ni de militer en usine.

 

 

LA GRANDE QUESTION OU LA 21ème CONDITION

En novembre 2002, pour le 85ème anniversaire d'octobre 1917, une foule immense de communistes du monde entier se pose cette question : Pourquoi ? Pourquoi notre grand rêve a-t-il échoué ? Pourquoi l'oeuvre de nos pères et l'enthousiasme de notre jeunesse sont-ils détruits ?
Pourquoi notre engagement certitude, nos espoirs, sont-ils brisés, anéantis, dénoncés, calomniés, salis, ridiculisés, criminalisés ? Pourquoi ?
De toute les régions de France et du globe s'interrogent des hommes et des femmes déboussolés, jaillissent des feuilles de réflexions, d'invitations, s'adressant aux militants internationalistes.
Chacun se cherche, sent en lui la vérité brisée mais aussi le doute, chacun ressent la force spirituelle considérable que représentent les communistes divisés, atomisés, éparpillés, et chacun en revient à cette énorme question, à cette question unique, à cette Grande Question:
Pourquoi cet échec destructeur ? Comment reconstruire ?
Or, la réponse à cette question existe pages 401-402 de "l'Histoire du PCB" (éditions de Moscou 1949). C'est une citation de Staline en forme de testament spirituel et politique sur l'avenir du PCB et par voie de conséquence du communisme.
Staline cite la légende mythologique d'Antée dont l'invincibilité réside dans la liaison avec Gê, la terre, sa mère, le peuple. Staline prévient les hommes de l'avenir que ce qu'ils croient indestructible périra, que les communistes deviendront des "nullités" s'ils n'ont plus les pieds sur terre, s'ils se coupent du peuple, s'ils se couvrent de rouille bureaucratique et forment une nouvelle classe "d'apparatchiks", de "nouveaux tsars", s'ils se laisent aller à l'esprit de présomption, de suffisance, de supériorité, s'ils cachent leurs erreurs. <<
Rester liés au peuple, les pieds sur terre, là est le secret de l'invincibilité du parti bolchevique>> conclut Staline.
En 1956, un apparatchik flagorneur, le pire laudateur de Staline, celui que certains bolcheviks appelaient non sans raison le "bouffon", N. Kroutchev, renie Staline, le criminalise. En 1960-62, il fait détruire toutes ses oeuvres, particulèrement "l'Histoire du PCB" qui sera remplacée en 1965 par une "Histoire du PCUS" (non datée) expurgée de l'essentiel et surtout des citations de Staline.
En France, des milliers d'ouvrages du CDLP et des fédérations seront détruits clandestinement sur ordre de Gaston Plissonier, secrétaire à "l'org".
Informé en dehors des instances légales du Parti, je m'oppose avec ma cellule à ce crime politique et déclare : <<
les nazis, eux, brûlaient les livres publiquement; pour nous, l'autodafé est clandestin>>.
Cet incident, passé sous silence par toute la presse aux ordres complice, me vaudra une "démission-exclusion" du Parti en mai 66. Nous réunîmes (déjà) 500 camarades contestataires au plan national et créâmes le MCF puis le PCMLF, avec un journal d'opposition, "L'Humanité Nouvelle" (lire à ce propos mon ouvrage "
Mes années 68 ou le Chant des Lendemains" -1998)
Nous sommes désormais en 2002, les pieds toujours sur terre. Dans le courrier des lecteurs d'"Initiatives Communistes" de novembre 2002 n°18, le camarade A. FLORENCE de Lille propose <<
une méthode analytique pour reconstruire le Parti>>. Sa contribution honnête, simple et logique a été publiée dans le "Tribune Libre" de "Liberté Hebdo" (Hebdomadaire communiste du Nord). Florence l'a également proposé à "l'Humanité" <<La reconstruction du Parti nécessitera dit-il, de nombreuses discussions entre les adhérents et l'envoi de messages clairs à ceux dont on peut espérer l'adhésion et pour certains le retour>>.
A. Florence craint à juste titre la <<
cacophonie stérile, une confusion des idées, des conclusions bâclées, sans principes durables des ruptures et nouvelles démissions>>.
Florence propose donc 23 points de débats ou une liste de thèmes dont 21 ne me posent pas de problèmes mais curieusement le 21ème "l'analyse critique objective de l'expérience soviétique, faisant suite avec le passé de notre PCF m'interpelle.
Lénine avait mis 21 conditions pour l'ahésion à la 3ème Internationale. Souvenez-vous ? Est-ce un hasard ? Lénine a-t-il fait un clin d'oeil au camarade Florence ?
Le 21ème thème ou condition proposé par ce camarade est pour moi le seul point difficile, essentiel, crucial, le seul qui pose réellement question.
Tous les autres points c'est-à-dire 21/23 ne peuvent que provoquer un accord fructueux après discussions, débats, échanges.
Mais dans l'analyse critique objective de l'expérience soviétique liée intimement comme la chair et l'os au passé glorieux de notre parti, il y a un os et cet os se nomme Staline.
Refuser ou éviter de voir, d'admettre, de reconnaître l'évidence, la vérité, <<cette vérité qui tel le soleil est difficile à regarder en face>> selon Robespierre, c'est capituler.
Cette réalité de destruction de l'URSS de l'Internationale et donc de notre Parti qui a commencé avec la criminalisation de Staline dès 1956-1961-1962, si elle n'est pas acceptés, relève de la cécité politique, du révisionnisme, de l'opportunisme professionnel.
"Initiative Communiste" n°18 rend compte de la conférence internationale des 9 et 10 novembre à Malakoff pour le 85ème anniversaire d'octobre, à l'initiative du Comité Honecker, et cite l'intervention de Léo Figuières sans relever ses propos antistalinien à la tribune.
Nous sommes là en plein sur la 21ème condition du camarade Florence. Léo Figuières, un vieil apparatchik du PCF, ancien adulateur et déïficateur de Staline pour toute une partie de sa vie de journaliste engagé, alors que le PCUS et notre Parti étaient "glorieux", crache aujourd'hui dans la soupe avec tous les antis staliniens qui vont de Robert Hue à Le Pen.
Cher camarade A. Florence, il n'y aura pas, il n'y aura jamais de "commencement de début" d'un véritable parti tel que tu le souhaites tant que des "révisios" de la taille de Figuières pourront salir leur propre passé, par opportunisme d'apparatchiks.
Je n'oublierais jamais le "Vel d'Hiv" du 24 décembre 1947 ; nous étions 20000 militants réunis pour fêter le 70ème anniversaire de Staline. La tribune de nos apparatchiks faisaient ovationner le nom du "Père du Peuple" de manière quasi religieuse, hystérique, fanatique. Au premier rang, menant la claque : Yves Montant et Figuières.
Je n'aimais pas cette adoration bruyante, aveugle, infantile ; je n'était pas le seul à en être gêné, troublé. Or, le jour où ces laudateurs hystériques ont déboulonné la statue de la roche tarpéïenne et craché sur l'idole, je me suis révolté, j'en ai déduit qu'il ne suffit pas de se proclamer communiste pour être sérieux et conséquent.
Je n'ai jamais adoré Staline, mais toujours respecté, jamais trahi, je continue à agir en communiste. 400 de mes camarades m'ont diffusé 8000 ouvrages sur la Résistance et j'ai pu créer un lieu de mémoire visité depuis 8 ans par quantité de jeunes, où, avec un dernier carré de communistes mais aussi de chrétiens et antifascistes, nous transmettons aux nouvelles générations les messages démocratiques et politiques essentiels de notre " glorieuse " jeunesse comme le Parti des fusillés. J'aimerai savoir ce que font les insulteurs de Staline, concrètement, pratiquement pour défendre notre idéale ?
Je suis persuadé qu'il est tout à fait impossible de reconstruire un parti révolutionnaire digne de ce nom, de type léniniste, dans les conditions historiques actuelles, où la " Pensée Unique " règne en maîtresse.
Ce qui signifie nullement qu'il faille baisser les bras (je ne les baisse pas), bien au contraire, il faut travailler avec ténacité, patience, volonté, mais aussi lucidité, après avoir comme dit Mao " rejeté les illusions ". Il faut travailler pour préparer cette renaissance future, en créant un mouvement plus qu'un véritable parti. Mouvement communiste qui le jour venu se transformera, se concrétisera en véritable parti, en outil de la Révolution.
Oui ! Regroupons tous ceux et celles qui ont la volonté de faire surgir cette renaissance , même s'ils ne voient pas l'aboutissement de leurs efforts.
Mais, de grâce, laissons nos illusions à porte, le nouveau 1917 reviendra, c'est une loi historique.
L'acier se coule, se forge, prend forme, se modèle, puis vient le moment de la trempe, le moment décisif où il prend sa dureté : " comme dans tout phénomène se produit l'accumulation quantitative qui aboutit au bond qualitatif ". Et l'acier fût trempé ! !
Après, ce n'est plus qu'une question d'affûtage.

Raymond CASAS

Ex-secrétaire du PCMLF 

Réflexions de R. CASAS au sujet du livre " L'HORREUR ECONOMIQUE "
EP-Infos n°5 (décembre 1998) pages 22 à 27

 

 

L'Horreur Economique (Réflexions sur un ouvrage)

 

L'horreur que nous inspire la société actuelle et future, au travers du livre de VIVIANE FORRESTER est-elle seulement économique ? N'est-elle pas aussi et la fois politique et spirituelle ?

-Staline (toujours lui) que condamne l'auteur d'un trait de plume, disait en son temps (1952) que les lois de l'économie étaient indépendantes de la volonté individuelle des hommes. Il entendait par là, qu'elles obéissaient à des principes " non écrits ", non codifiés, résultant d'une volonté collective, voire inconsciente de la société, héritages de traditions, d'intérêts, d'habitudes, de travail, de production et d'échange, de marché. Et il envisageait l'apparition de l'automatisation de la production, c'est-à-dire de l'abondance des biens de consommation, comme un problème politique, philosophique, de première importance, particulièrement pour ce qui concernait la main d'oeuvre humaine; sa participation, sa répartition, sa diversification, sa fusion continue entre travail manuel et intellectuel, la transformation de la loi du marché.

Et il concluait que la société socialiste restait fragile devant les problèmes que posaient l'esprit de suffisance, la présomption et la rouille bureaucratique chez les cadres chargés des choix politiques, et par voie de conséquence de l'économie future.

Suite à la destruction programmée de la société socialiste en URSS et " pays frères ", phénomène historique que personne n'ose encore analyser sincèrement donc sérieusement, car il faudrait analyser également le testament de Staline, il ne reste donc au monde qu'une seule société hybride et mafieuse, dite "libérale", le terme de capitaliste ayant été banni par les révisionnistes modernes, comme obsolètes, ces messieurs les nouveaux tsars considérant qu'il était disparu avec le socialisme.

--OR, tous les paramètres de la société capitaliste et de la lutte de classe, non seulement demeurent, mais se renforcent, se multiplient et s'approfondissent. L'écroulement de l'URSS en tant que société nouvelle, aura duré plus de 30 ans (1956-1986), un processus relativement court au regard de la vie humaine.

--Cet écroulement en analyse purement marxiste fut une accumulation quantitative de trahisons sociales, baptisées "erreurs" par les "faux-cul" du marxisme. Cette accumulation se transforma en bond "qualitatif" avec l'apparition d'un nouveau Tsar alcoolique, pur produit d'un système dégénéré.

--Ce bond qualitatif (si l'on peut parler de qualité dans ce cas précis), correspond en fait à un tremblement de terre planétaire " tous azimuts ", politique, philosophique, spirituel, et économique.

Brutalement en quelques années, le monde se trouve " géré " pour la première fois de son existence par un mode de pensée unique, un seul système de développement avec au poste de commande y compris en Chine, la concurrence et le profit maximum, mode de pensée unique au sens où Lénine disait: " Les idées dominantes d'une époque ont toujours été celles de la classe au pouvoir ".

--Que les notions de prolétariat, d'exploitation de l'homme par l'homme, de lutte de classe, soient selon les beaux esprits, devenues du coup: périmées, désuètes, dépassées, comme la société socialiste en échec ne peut convenir à des Marxistes-Léninistes, qui dénoncèrent la dérive trahison dés 1960.

Je pense donc au contraire, que l'amplitude énorme, terrible, horrible pour reprendre le terme de Viviane Forrester, prise par ces phénomènes, illustre cette phrase toujours neuve de St Just: " La vérité est comme le soleil, elle ne peut être regardée en face sans dommage ".

Il est normal, naturel, que dans un temps les masses, victimes de ce " bon qualitatif " de l'horreur, abandonnées de toute avant-garde révolutionnaire conséquente et reconnue, de tout guide pour l'action soient désormais passives, voire désespérées et culpabilisées, car avec l'échec annoncé et constaté de l'URSS, l'humanité a subi une défaite énorme, défaite pour une moitié de l'humanité qui considérait la première expérience socialiste comme la vérité révélée. Défaite pour l'autre moitié, qui la considérait comme expérience de référence et facteur d'équilibre mondial. Et toute défaite désoriente et désespère un certain temps, car personne n'a encore lancé ce cri "l'humanité a perdu une bataille sociale, mais elle n'a pas perdu la guerre de classe".

--Quand l'homme touchera le fond, qui n'est pas loin, il rebondira, car telle est la loi non écrite du développement inégal de la société des hommes depuis toujours.

En attendant un nouvel élan révolutionnaire positif, l'horreur économique en question engendre une multitude de conflits sanglants qui, observés objectivement, n'en forment en vérité qu'un seul, soit un véritable multi égorgement universel, frappant tous les peuples et nations, particulièrement les plus pauvres.

--La motivation des charniers humains de l'an 2000 n'est plus la révolution politique de l'Internationale, mais les raisons prétextes et motifs ethniques, nationalistes, tribales, religieux, ou révoltes d'exclus sans buts.

On s'égorge pour du territoire, du pétrole, des ressources hydrauliques, un Dieu diffèrent ou identique, une religion, la haine raciale ou de caste. C'est le retour aux vieux motifs et conflits de notre histoire ancienne, mis longtemps en sommeil par la révolution socialiste, mais avec des moyens fantastiques d'anéantissement, du couteau au laser.

--De Guise en 1562, justifiait les massacres des guerres de religion dans le Blaisois, par cette phrase: " Le monde a trop de fils ". Ce prophète de l'horreur religieuse fait toujours école et recette alors qu'on parle du retour des rois. Voici quelques générations, on trouvait dans les fosses communes de la révolution, des têtes de rois, princes, tyrans et tsars, aujourd'hui seulement des millions de cadavres décharnés, " d'exclus ", dont personne ne réclamera jamais la réhabilitation car ce ne sont pas les victimes des révolutionnaires, mais celle du capital " libéral " à son apogée.

--L'horreur actuelle au quotidien, qui n'implique plus désormais la révolution marxiste, devrait être suffisante pour condamner sans retour, le " libéralisme " régnant sans partage. Or, il ne suffit pas que tous les ingrédients existent pour conduire à un mouvement salutaire et réaliste débouchant sur une société nouvelle, il faut un germe, un noyau, un catalyseur capable de motiver, convaincre, entraîner, organiser.

--Quand une idée s'empare des masses, disait Lénine, elle devient une force. Encore faut-il dégager cette idée et y croire.

Curieusement mais naturellement, la décomposition rapide du camp socialiste laissant le champ libre à la rapacité mafieuse, sans retenue du capital, a précipité, accéléré la crise de ce dernier.

Encore une fois, crise économique, mais avant tout spirituelle, morale, politique. Le noyau qui fera comprendre à l'homme qu'il doit changer sa conception du monde ou disparaître. Ce noyau ouvrira à l'humanité une ère nouvelle, la Révolution qu'il reste à faire est culturelle et profonde, l'esprit de l'homme doit se hisser au niveau de ses propres découvertes, de ses récentes possibilités scientifiques qui doivent inspirer sagesse et non griserie, car plus que jamais notre choix est entre l'horreur et le bonheur.

L'avenir de l'humanité réside dans la conscience de l'homme, conscience ou inconscience collective, celle qui produit les lois " non écrites " qui sont indépendantes de la volonté individuelle comme le prédisait Staline, même si le législateur est le mieux intentionné du monde.

Le long monologue d'horreur économique de Viviane Forrester paraît à certains lecteurs, outré et archi-pessimiste. Par contre une autre catégorie humaine se sent terriblement en osmose avec beaucoup des arguments mis à nu, disséqués et analysés dans ses pages. Certains en sont purement effrayés et proposent toutes affaires cessantes un débat public, d'urgence sur le thème qui devient à leurs yeux, unique, super urgent, prioritaire, indispensable pour la survie de l'espèce humaine. Comme toujours en de pareil cas, les hommes jugent relativement en fonction de leur tempérament propre et de leur situation sociale, en fonction aussi de leur éducation politique; le mot " politique " ici se rattachant à l'étude des sciences sociales et de l'histoire humaine, et non pas aux jeux stériles de l'électoralisme et crétinisme parlementaire.

--Pour ce qui me concerne, je ne trouve pas les outrances de l'auteur déplacées, car en ce sens, elle est en " avance prémonitoire " sur la marche au chaos de la société, et que si nous avions annoncé en 1958, année en France de l'instauration du Pouvoir Personnel, quand le pays comptait 25000 chômeurs que ce chiffre serait multiplié par 120 en 30 ans en cas de survie du capitalisme ; Qui nous aurait cru ?

Or, Mai 68, n'a été qu'un sursaut " outré " et prémonitoire contre une société de consommation capable d'horreur économique. Cela était ressenti par notre avant-garde révolutionnaire minoritaire et par une nouvelle génération s'éveillant aux réalités de la civilisation cybernétique.

--Voici un siècle et demi, l'écriture du " Capital " et du " Manifeste " qui n'était rien d'autre que l'horreur économique du moment, proposait cependant une solution en ces termes: " Un spectre hante l'Europe, celui du communisme ! Prolétaires de tous les pays Unissez vous ! ".

Mais qui ose répéter de nos jours, 150 ans après les prophètes du socialisme, une telle conclusion, une telle solution révolutionnaire après l'échec de l'URSS ? et du camp collectiviste ?

--Et pourtant, si nous relisons " le Capital " et le " Manifeste ", nous découvrons qu'hormis la forme, la quintessence de l'oeuvre n'a pas vieilli. Daniel Rops en son temps disait: "Quel dommage que Karl Marx n'ait pas été chrétien, son message aurait transformé plus sûrement la société ". De nos jours il pourrait dire : " Quel dommage que Karl Marx ne soit pas contemporain, la force de son message adapté au stade actuel de développement de la société déboucherait sur une véritable révolution universelle. "

Oui ; nous devons oser adapter le Manifeste aux temps présents en nous inspirant de cette pensée de Mao: (processus - échec - succès), " La défaite est la mère du succès " " chaque insuccès nous rend plus avisé ".

--Considérant l'avenir du marché socialiste, Staline proposait l'étude et un début d'application, d'échanges de produits entre unités de production, entre producteurs consommateurs du futur. Ce projet devant faire évoluer la notion de rentabilité financière et de profit vers celle de l'utilité de la chose produite, fruit du travail des membres de la société.

En d'autres termes, la satisfaction des besoins essentiels et naturels du peuple ne devait en aucun cas être faussée par la création artificielle de " besoins nouveaux " inutiles sinon pour les profiteurs.

Cette évolution de la contrainte du marché capitaliste de la nécessité vers le règne de la liberté économique fut tenue par les détracteurs du Stalinisme les révisionnistes modernes pour une utopie et une stupidité irréalisable, et cela à la grande satisfaction des spéculateurs maffieux - nouveaux milliardaires Russes - vampires de la revanche anticommuniste.

--Or, que voyons-nous dans le système actuel qui a triomphé du socialisme ? Viviane FORRESTER nous brosse un tableau très lucide et réaliste du marché actuel qui régit la planète et y fait régner l'horreur qu'elle dénonce. Les pages 122-123 et suivantes de son livre se passent de commentaires à ce sujet, elle dénonce " Tout un trafic où l'on achète et vend ce qui n'existe pas " où s'échangent non pas des actifs réels, mais des marchés virtuels de la spéculation et cela à l'infini, on spécule sur la spéculation et cet énorme " traficotage " planétaire du marché " libéral " débouche sur des gains gigantesques, rapides, brutaux pour une minorité maffieuse - réfugiée - embusquée derrière ses moyens numériques, internet du crime économique planétaire, protégée par des paradis fiscaux intouchables.

Ce hold up gigantesque tient tous les pouvoirs politiques en otages et leur fait réciter une leçon bien apprise sur les " créations de richesses " et " l'effort national pour l'emploi " qui n'est rien d'autre qu'une assistance au peuple du Tiers-monde désormais devenu Européen, résultat de l'accélération des immenses restructurations des multinationales tentaculaires dont le bon public conditionné par les médias prononce respectueusement les noms, car elles " sponsorisent " châteaux du Val de Loire et tours du monde à la voile. Ce qui illustre magnifiquement ces deux vers de l'internationale de Pottier " Nul devoir ne s'impose au riche - le droit du Pauvre est un mot creux ".

Les penseurs de la veine de Viviane Forrester nous rejoignent dans la dénonciation du crime d'exploitation capitaliste, nous leurs devons cette reconnaissance de lucidité. Cependant ils n'offrent aucune solution, car ils croient comme beaucoup de citoyens à l'échec irrémédiable, définitif du socialisme, du communisme, du marxisme alors que nous venons seulement d'en vivre la première expérience historique.

--Nous n'avons pas le droit de désespérer de la volonté et de la conscience humaine, les révolutionnaires de l'an 2000 doivent faire table rase du vieux sectarisme et s'unir avec l'immense masse des hommes de bonne volonté, qui sur cette planète sont le plus grand nombre. C'est une condition essentielle pour repartir à l'assaut du ciel.

Il nous faut simultanément rejeter cette fausse civilisation puritaine pour laquelle une pipe présidentielle est plus importante que l'horreur économique présente dénoncée par Viviane Forrester.

 

Raymond CASAS, Blois le ( 24 Août 1998 )

correspondant pour les EP.

 

LE TROTSKISME DE NOS JOURS
-texte de Raymond CASAS -2002-

 

Jamais le trotskisme qui se présente comme " ''la branche'' " communiste anti stalinienne et anti marxiste-léniniste, jamais ce " courant " des champions de la " révolution permanente " dont le seul fait d'armes historiques fût d'avoir participé à la destruction de l'URSS avec tout ce que le monde compte de fascistes réacs intégristes et impérialistes, jamais ce " label " de la Révolution théorique n'aura autant fait parler de lui en France particulièrement où chaque " élection piège à con " fait surgir une ribambelle de ses chapelles se réclamant des " travailleurs et travailleuses " dans le seul but de ratisser des voix pour un premier ministre entriste hélas balayé par l'abstention massive des communistes lucides, écoeurés, révoltés par la trahison du " parti des fusillés ".

Jamais le trotskisme n'a été comme le socialisme et le communisme classique, en France et ailleurs, un mouvement réel et profond issu du peuple travailleur. L'histoire du trotskisme en chez nous avant mai 1968 n'a pas de visage et reste un phénomène ultra-minoritaire depuis le passage de Trotsky après son expulsion d'URSS de 1932 à 1935.

De 1940, date de l'assassinat de Trostky par l'un de ses proches, à 1945 la nébuleuse trotskiste ignorée de la classe ouvrière et de la résistance au nazisme souhaite l'écrasement de l'URSS qui elle dénonce parallèlement l'activité de sape des " hitléros trotskistes " infiltrés par " entrisme " dans les partis communistes de tous les pays.

Le fameux procès de Moscou du 2 au 13 mars 1938, qui fut suivi d'ailleurs par les observateurs et journalistes des pays capitalistes, a révélé l'activité des agents de Trotsky avec les réseaux nazis et réacs d'Europe préparant l'invasion de l'URSS et le renversement du pouvoir stalinien ; ce qui ne pourra jamais se faire par la force mais uniquement par entrisme et décomposition interne du stalinisme puis du marxisme-léninisme, ce qui aura pour seul résultat de livrer l'ex URSS à la mafia actuelle enfin sortie du "goulag".

Staline sauva l'URSS à l'époque en écrasant cette 5ème colonne hétérogène ayant infiltré l'armée rouge et le Comité Central du P.C.B.

Ceux qui accusent Staline de "paranoïa " de répression aveugle, oublient que la France fut livrée aux nazis par la 5ème colonne ayant pénétré notre appareil d'Etat et de défense. Seuls en 39-40 les communistes furent arrêtés, poursuivis, puis livrés aux nazis. Ceux qui, nombreux de nos jours, rabâchent les calomnies trotskistes contre Staline oublient ou veulent ignorer que Léon Bronstein dit Trotsky fut le pire des paranoïaques.

La légende de son train blindé semant la terreur en Russie Blanche et la répression sanglante de Kronstadt le 5 mars 1920, où il fera massacrer la garnison des marins révolutionnaires révoltés, ne sont que des tristes réalités mises depuis longtemps au compte de Staline.

Staline qui à cette époque avait la charge de commissaire aux nationalités, sa formation de révolutionnaire caucasien le désignant en effet comme le meilleur diplomate négociateur et organisateur des nombreuses nationalités composant l'ex-empire tsariste et se ralliant à l'URSS. Vingt nationalités qui (sauf la Tchétchéne) 20 ans plus tard deviendront l'URSS comme une seule et même patrie socialiste. Trotsky fut tué le 20 août 1940 par son premier secrétaire Ramòn Marcader dit Jacques Monard dit " Jakson " d'un coup de piolet. Monard travaillait pour Trotsky comme agent de liaison entre le PC de Mexico et l'URSS où il devait acheminer les directives clandestines de Trotsky aux membres des réseaux de sabotages antisoviétiques ; de plus, il était fiancé avec une amie proche de Trotsky.

Cet assassinat fut une affaire de famille, " Mornard " ayant refusé de retourner clandestinement en URSS pour des missions qu'il n'approuvait plus, les procès de Moscou l'ayant ébranlé. Le 20 août, de retour d'une escalade du Popocatepelt, il eut une vive discussion avec son " patron " ; furieux, il saisit son piolet d'alpiniste et en porta un coup violent dur le crâne de Trotsky en s'exclamant " tu n'est qu'un salaud, c'est tout ce que tu mérites ".

Bien entendu, l'histoire officielle actuelle fait de " Mornard " un tueur envoyé par Staline ; pour un peu ce serait Staline qui aurait offert le fameux piolet au tueur comme arme idéale pour occire son patron, et nos fameux trotskistes fantaisistes électoraux actuels ont fait du piolet le symbole de l'arme stalinienne absolue, comme quoi la connerie humaine ne connaît pas de limites en politique.

Ainsi, durant près de 30 ans le trotskisme fut une " denrée " révolutionnaire pratiquement ignorée en France. La force du PCF devenu le premier parti de France limitait à l'extrême le travail de sape des émules de Trotsky.

Cependant en Mai 68 au plus fort des manifs à caractère insurrectionnel, les médias, presse et télé en chœur mettent en avant des personnages qui seraient selon les maîtres à penser de l'époque, de grands dirigeants trotskistes transfuges des JEC : Krivine sort de l'ombre, c'est la génération des Jospin et Strauss-Kahn qui poursuivent leurs talents " entristes " au P.S., à la MNEF en bons gérants loyaux du capitalisme.

Le véritable problème interne du PCF en 68 n'est cependant pas le trotskisme mais la sauvegarde du marxisme-léninisme par une avant-garde soutenue de Pékin et Tirana. (le MCF puis PCMLF). Notre journal (l'Humanité Nouvelle) est saisi puis interdit. Nous sommes arrêtés par la Cour de Sûreté de L'Etat, notre parti interdit, nous sommes poussés, réduits à la clandestinité. Curieusement, cette opération se fait dans un silence absolu des médias alors qu'à la télé les Trotskistes dénoncent les " crapules staliniennes " à grands cris, et nous prenons conscience d'un fait évident : s'il est vrai que les trotskistes n'existent pas à la base, ils sont bien présents dans tous les états majors médiatico-politiques. La présence de Jospin à la tête du gouvernement et la procédure judiciaire contre Srauss-Kahn pour le pillage des caisses de la MNEF sont les étapes du parcours " entriste " des trotskistes depuis mai 1968.

A ce jour tous les partis communistes et socialistes sérieux, c'est-à-dire ayant assemblé assez de forces pour accéder au pouvoir d'état, ont été noyautés par l'entrisme trotskiste.

L'Union Soviétique a été l'exemple le plus évident et aussi le plus tragique, mais la France n'échappe pas à ce phénomène, et loin d'apporter par leur présence et leur travail souterrain un système communiste idéal comme le proclament leurs chantres, les émules de Trotsky n'ayant aucune base de masses, livrent les peuples à la mafia et au capitalisme triomphant.

Même Lionel Jospin, cependant trotskiste " sérieux " faisant surgir 3 listes " fantaisistes révolutionnaires " pour se faire élire président au second tour dans un fauteuil, fait le jeu du FN contraignant plus de 60% d'électeurs inscrits à voter Chirac.

Autant le trotskisme est un danger sérieux pour un parti révolutionnaire, autant il peut devenir une comédie ridicule au niveau de l'appareil d'état bourgeois comme dans la France de 2002.

Les communistes sincères et lucides doivent être persuadés que la reconstruction d'un véritable parti révolutionnaire exige la plus grande vigilance en regard du trotskisme, cancer mondial de tout parti communiste sérieux. L'expérience doit nous rendre impitoyable sur ce critère, sous peine de ne jamais connaître un parti solide souhaité et attendu par les masses laborieuses.

La plus grande difficulté que rencontreront les " reconstructeurs " d'un véritable parti révolutionnaire sera celle de l'" entrisme trotskiste " qui bénéficie de 60 années d'expérience en direction des partis socialistes communistes et appareils d'états.

C'est pourquoi un débat profond à la lumière des textes marxistes léninistes et de l'expérience vécue doit avoir lieu au sein des nouvelles structures communistes où il apparaîtra rapidement que la pierre de d'achoppement, le point de référence marxiste-léniniste reste Staline.

L'anti-stalinisme des gens se réclamant du Communisme dépasse le seul clan des trotskistes hélas ! Tous les communistes anti-staliniens ne sont pas trotskistes mais tous les trotskistes le sont. La seule différence entre un communiste " ordinaire " anti-stalinien et un trotskiste véritable, c'est que le premier a subi l'influence trotskiste involontairement.

Ne pas aborder ces questions et transiger sur ce problème clef essentiel revient à courir à l'échec historique une fois de plus.

Dans les " Questions du Léninisme " Staline rappelle l'insistance de Lénine sur les caractéristiques d'un véritable parti révolutionnaire qui doit être une avant garde solide et importante absolument liée et reconnue par les masses issue de ses rangs. Les communistes doivent être les meilleurs défenseurs des travailleurs, ceux-ci doivent les désigner, les élire comme délégués et dirigeants de leurs syndicats, de leurs conseils et comités.

Quand le PCF était le 1er parti de France, la CGT alors était forte de plusieurs millions d'adhérents et les militants communistes jouissaient de la confiance des ouvriers et employés de tout le pays.

De nos jours, le PCF est pratiquement liquidé par son trajet révisionniste, en effectifs adhérents et aux élections, et la CGT a suivi la même courbe ascendante; désormais les travailleurs agissent d'instinct par corporations dans un désordre social sans perspectives, guidés uniquement par l'instinct de classe.

Les trotskistes ne négligent pas de pratiquer l'entrisme dans les syndicats, mais comme en politique il pénètrent à la tête et en 40 ans de vie militante à la base je n'en ai jamais rencontré.

Cependant avec Arlette et son facteur, il semblerait que les choses aient changé, du moins pour le temps d'une élection.

Mais qui trop embrasse mal étreint: Lionel, l'électoraliste trotskiste suprême a été victime du piolet électoral saisi par Le Pen qui venait d'escalader le pic des 13% d'électeurs inscrits.

 

 

CONTRIBUTION -par Raymond Casas- septembre 2002

 

La naissance ou renaissance, l'émergence et la construction d'un véritable parti révolutionnaire digne de ce nom ne peut se réaliser historiquement, se concrétiser, qu'en période révolutionnaire.

Car, si les hommes ont bien une influence sur les événements au plan politique économique ou spirituel, en retour ce sont les événements qui font surgir les hommes, plus particulièrement les hommes d'avant-garde, minorité alliant la lucidité à l'esprit de décision, armée d'une théorie révolutionnaire à la fois fruit de l'expérience historique et projet objectif concret de la société nouvelle.
Il en a toujours été ainsi et la société a toujours " touché le fond " pour s'y appuyer solidement et rebondir.

Cela ne signifie nullement qu'il faut attendre cet instant historique pour entreprendre la construction du nouveau parti révolutionnaire. Bien au contraire, il faut préparer et prévoir ce moment où les masses seront prêtes et l'avant-garde forgée, sinon trempée comme l'acier de Nicolas OSTROVSKY (" et l'acier fut trempé " 1932).

Nous sommes actuellement au premier stade de la renaissance, du " forgeage " de l'outil, nous en ébauchons les formes et façonnons la structure ; mais les alliages politiques ont de la peine à se fondre en un tout homogène, cependant condition essentielle d'un bon outil avant la trempe finale.

Que 98% de communistes aient pris conscience en l'an 2002 de la trahison révisionniste du marxisme-léninisme est un fait positif, et comme le dit Pierre Thorez : " les travailleurs en mai 2002 n'ont pas rejeté le communisme, mais ils ont condamné l'abandon de ses principes essentiels ".

Ce constat ne peut faire oublier que différentes couches et classes d'âge de communistes se sont dressées contre la trahison sur une longue période (40 années) soit depuis la dénonciation de Staline par le clown Nikita Krouchtchev (1956 - 1964).

Or, cette prise de conscience échelonnée dans le temps amène forcément les hommes à des analyses différentes dans la mesure où ces hommes ont été trompés plus ou moins longtemps.

Il est difficile, pour ne pas dire impossible, à un militant communiste qui s'est rebellé en 1990 d'admettre qu'il n'a rien dit en février 1968 à la formation du F.N. par TIXIER VIGNANCOURT appelant comme le PCF à voter MITTERRAND ; au mieux il vous répondra qu'il ne se souvient pas, et c'est bien en effet de mémoire dont il est question.

De même si vous demandez à beaucoup de camarades à quelle époque Gaston Plissonnier, secrétaire à l'organisation fit brûler clandestinement les œuvres de Staline (particulièrement l'histoire du PCB) par les fédérations, vous serez étonné des réponses ; c'est l'ignorance quasi générale, d'autant plus qu'à l'époque la presse et les médias de toutes couleurs passèrent ce ''détail'' sous silence, en marche vers la pensée unique.

Or je fus exclu du PCF et envoyé à l'hôpital pour avoir dit à Plissonnier : " les nazis eux au moins brûlaient les livres en public, vous clandestinement ". Je suis obligé de m'en souvenir.

Nous pourrions poursuivre par une longue liste d'exemples et incidents politiques tout à fait caractéristiques de la trahison programmée, mais remuer le passé pour en tirer des leçons paraît inutile voire néfaste pour beaucoup de camarades, et l'autocritique sincère n'est plus de mise depuis longtemps.

C'est pourquoi la forge de l'outil sera longue et difficile, et, si la " trempe " doit intervenir avant l'alliage homogène souhaité et indispensable, alors nous risquons de briser l'outil aux premières épreuves.
Nous ne manquerons pas d'ailleurs de nouveaux émules de Trotsky pour y aider.

Septembre 2002

 

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