A propos de la
manifestation antifasciste du 21 juin 1973.
|
Quand les grands
médias (télévision…) évoquent la
manifestation du 21 juin 1973 contre la tenue d'un meeting
fasciste d'Ordre Nouveau, c'est souvent pour en extraire
deux choses :
la " violence " des " gauchistes " et la
conséquence " logique " de celle-ci,
c'est-à-dire l'interdiction de la Ligue Communiste et
l'arrestation d'Alain
Krivine.
Cependant il nous apparaît important de
rappeler et de rétablir certains faits qui ont
tendance à être occultés. Car ceux-ci
posent des questions diverses : sur la violence, sur le
fascisme, sur l'analyse en terme de fascisation, sur
l'unité face à la répression. Plus de
trente ans après le 21 juin 73, ces questions ne
sont-elles pas toujours d'actualité ?
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Le contexte
historique
Le début des années 1970 voit se
développer et se renforcer une large contestation de
la société bourgeoise, des luttes
ouvrières très offensives (notamment chez les
OS et les immigrés), LIP etc… parallèlement
à ça, se renforce le caractère
répressif de l'Etat bourgeois, violences
organisés contre les grévistes, assassinat du
maoïste Pierre Overney -après celui de Gilles
Tautin militant UJCML en 1968-, attentats et crimes
racistes, circulaire Fontanet…
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Manif antifasciste, affrontements avec les CRS,
interdiction de la Ligue Communiste…
Le 21 juin 1973 se tient à la Mutualité un
meeting fasciste d'Ordre Nouveau sur le thème "Halte
à l'immigration sauvage !" . Une manifestation
organisée notamment par la Ligue Communiste et
L'Humanité-Rouge -PCMLF- pour protester et interdire
ce meeting fasciste se " frotta " directement aux forces de
police protégeant les fascistes. A la suite de ces
affrontements, le local de la LC fut saccagé par la
police.
Le
magazine Actuel -ancienne série- n°36
-octobre/novembre 1973- revient sur l
'événement dans un article d'Antoine Gleizes
et Jean-Paul Naury " Les 7 jours qui
ébranlèrent l'ex-Ligue Communiste " et raconte
le saccage par les flics, l'arrestation de Pierre Rousset
-membre du Bureau politique de la Ligue, celle de
Krivine…etc.
L'article d'Actuel, raconte aussi comment la bourgeoisie
a utiliser ses médias pour préparer l'opinion
public a des mesures répressives << Les
journaux télévisés fonctionnent
dès lors comme des caisses de résonance.
Largement commentés, les événements du
21 juin se gonflent, nourrissent la tension : deux
policiers, brûlés par des cocktails sont,
paraît-il en danger de
mort.
''Dés ce moment, le ton des médias
faisait vivre la dissolution comme inéluctable,
raconte une sympathisante de la Ligue.'' >> Le
journal L'Humanité rouge n°193 -du 5
juillet 1973- parlera d'une " véritable campagne
d'intoxication de l'opinion
publique.".
Le 28
juin 1973 le Conseil des ministres décide, sur
proposition du ministre de l'Intérieur, Raymond
Marcellin, de dissoudre la Ligue communiste. Le groupe
fasciste Ordre nouveau est également
interdit.
|
Trente ans
après
Le journal de la LCR " Rouge " n°2023 du
26/06/2003 dans un article : " Les débats. - 21 juin
1973 - Dissous pour antifascisme ", François
Duval revient sur l'événement : " Il y a
trente ans, suite à des affrontements entre les
"forces de l'ordre" et des militants antifascistes, la Ligue
communiste était dissoute. Retour sur une page de
notre histoire. " (…) " Plusieurs dirigeants de la
Ligue sont incarcérés, son local et sa
librairie sont mis à sac par la police. Le
prétexte de ces décisions pour le moins
étonnantes ? Les affrontements violents qui avaient
opposé, une semaine auparavant, les forces
policières et plusieurs milliers de manifestants
antifascistes protestant contre la tenue d'un meeting
d'Ordre nouveau au thème sans ambiguïté :
"Halte à l'immigration sauvage !" Les affrontements
avaient causé plusieurs dizaines de blessés
dans les rangs des forces de l'ordre. La Ligue communiste
était la principale organisatrice de cette
manifestation au but explicite : "meeting fasciste, meeting
interdit !" Retranchés dans la Mutualité, les
fascistes étaient protégés par un
impressionnant dispositif policier. Situation peu commune :
ce sont les manifestants, casqués et armés de
cocktails Molotov, qui ont chargé la police,
l'obligeant à reculer à plusieurs reprises. Il
est aujourd'hui difficile de comprendre ces
événements sans les replacer dans le contexte
de l'époque. " (…) " Pour briser l'offensive
sociale et conserver son pouvoir, la bourgeoisie se
servirait de tous les moyens : mesures répressives,
utilisation de l'armée ou des bandes fascistes. Cette
dernière hypothèse s'appuyait sur une
réalité vécue : violences
policières et utilisation de milices privées
contre les grévistes, filatures et fichage de
militants politiques et syndicaux, écoutes
téléphoniques illégales, ratonnades
contre les immigrés, assassinat de Pierre Overney,
jeune ouvrier maoïste, par un vigile de la régie
Renault. Il fallait donc s'y préparer. " (…) "
Les organisations syndicales, tous les partis et
dirigeants de gauche, des magistrats ainsi que de nombreux
artistes et intellectuels protestèrent contre la
dissolution de la Ligue. Grande première : le Cirque
d'hiver accueillit un meeting de solidarité
où, après de nombreux autres orateurs, Jacques
Duclos, dirigeant du PCF, déclara "élever une
vigoureuse protestation contre l'arrestation d'Alain Krivine
et contre la dissolution de la Ligue communiste". " (… )
" le 21 juin avait-il été une erreur ?
Fallait-il pour autant ne rien faire ? La Ligue avait-elle
failli basculer dans la violence minoritaire ? "
l'article se termine sur les luttes de l'après 68 "
Lip, le Larzac, les comités de soldats, la
confrontation avec l'Union de la gauche. " et
déclare vouloir construire une " organisation
révolutionnaire indépendante immergée
dans le mouvement social. Et toujours résolument
antifasciste."
|
Et les
marxistes-léninistes dans tout ça ?
L'article de Rouge ne dit rien sur la participation des
marxistes-léninistes à la manifestation
elle-même ni sur la solidarité organisée
par les ML contre la
répression.
Ce silence en fait se retrouve également dans un
magazine diffusé sur Canal + le 19 avril 2004 "
Lundi investigation -Trotskistes, tout ce que vous
avez toujours voulu savoir…- ". Une présentation du
21 juin 1973 est faite dans ce reportage " La situation a
basculé un jour de juin 1973. Ce jour là
à Paris le mouvement d'extrême-droite " Ordre
Nouveau " tenait meeting à la mutualité,
'contre l'immigration
clandestine'.
Le commentaire poursuit et donne la parole à
Gérard Filoche -il avait 28 ans à
l'époque, il était sur place- " ont
voulaient tenter d'interdire le meeting " Le commentaire
du reportage continue " En avant pour la
Mutualité, casque sur la tête et manche de
pioche à la main. Une vrai scène de
guérilla urbaine, les trotskistes n'iront pas
jusqu'à attaquer le meeting d'Ordre Nouveau,
heureusement il aurait pu y avoir des morts. Bilan, 170
policiers blessés, le lendemain la Ligue Communiste
était dissoute par le ministre de l'intérieur.
"
Romain
Goupil en 1982 dans son film " Mourir à trente
ans ", consacré à Michel Recanati
responsable du SO de la Ligue, montre en partie la
manifestation antifasciste et les affrontements avec la
police " 21 juin 1973, l'organisation fut dissoute, ses
dirigeants arrêtés. Michel Recanati,
considéré comme le responsable fut abriter
clandestinement à l'étranger ". Suite
à la dissolution Michel Recanati fit 3 mois de
prison. Il se suicida en 1978.
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Rétablissons certains faits
En 1973, les marxistes-léninistes de
l'Humanité-Rouge dénoncent déjà
depuis quelques années ce qu'ils appellent la
fascisation.
Sous le titre HALTE A LA FASCISATION ! un tract de
l'Humanité-Rouge est diffusé pour
préparer la contre-manifestation antifasciste. Voici
ce que disait ce tract :
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HALTE
A LA FASCISATION !
A Saint-Etienne, pendant la
grève de Peugeot, des commandos fascistes attaquent
les grèvistes (7 blessés) et repartent sous la
protection des gardes mobiles dans des cars de police. A
Saint-Etienne encore, la maison d'un des grévistes
les plus actifs de l'usine Jacquemard est plastiquée.
Pur hasard si l'attentat ne fait pas de victime
!
Après la grève de Renault : 26
licenciements à Flins et 3 à
Billancourt.
Tout
dernièrement, à l'usine Lip de
Besançon, on a pu voir les gardes mobiles escalader
l'enceinte de l'usine pour en chasser brutalement les
grévistes.
A
Grasse, la police et les fascistes se livrent à des "
ratonnades ".
Ce ne
sont là que quelques exemples parmi les multiples
actes de répression et déploiement des
méthodes fascistes utilisées récemment
par les patrons et l'Etat à leur service, contre la
classe ouvrière.
Cette
accentuation de la répression dans les entreprises
est intimement liée à la situation politique
dans notre pays, situation que nous, communistes
marxistes-léninistes, dénonçons depuis
1968 sous le terme de fascisation. La fascisation
c'est, dans la situation de crise économique et
politique du capitalisme, la mise en place de nouvelles lois
et l'intoxication des esprits préparant un recours au
fascisme légalement, en " douceur
".
Toute
l'activité du pouvoir est dictée par la peur.
Peur de la classe ouvrière, peur de la jeunesse, peur
de tous ceux qui ont assez des méfaits de ce
régime, peur des idées révolutionnaires
qui ne cessent de gagner du
terrain.
Plus le temps passe et moins la
réaction peut contenir le mouvement des masses
populaires par les vieilles méthodes de la
démagogie sociale, de la collaboration de classe, la
tromperie, les
mystifications.
C'est
pour cela qu'elle a de plus en plus recours aux
méthodes fascistes. D'ailleurs, il faut bien se
rendre compte que la Constitution de la Ve République
rend légal, par l'article 16, le recours au fascisme
: le Président de la République peut faire
appel à un gouvernement militaire qui ne
dépend que de lui, avec, par exemple, Massu le
criminel de guerre comme premier ministre ! !
!
Ceci
sans parler des lois scélérates comme la loi "
anti-casseurs " que la bourgeoisie s'est donnée
après le printemps révolutionnaire de 1968.
LA BATAILLE CONTRE LA FASCISATION,
POUR LA DEFENSE DES
LIBERTES DEMOCRATIQUES EST PLUS QUE
JAMAIS A L'ORDRE DU JOUR !
A toute
agression, à toute menace, il doit y avoir riposte de
masse.
Rester les bras
croisés ne peut qu'encourager la réaction
à faire plus.
Face au
pouvoir fascisant doit se forger dans l'action à la
base, l'unité de la classe ouvrière et du
peuple, dans les entreprises, dans les quartiers. Tout pas
fait dans ce sens est un gage de succès pour les
combats à venir.
C'est
pour cela que nous avons appelé à participer
à cette manifestation et que nous poursuivrons
à l'avenir un travail d'agitation et de propagande
pour développer la mobilisation du peuple dans cette
voie.
CONTRE LA FASCISATION, POUR LA DEFENSE DES LIBERTES
DEMOCRATIQUES, UNITE A LA BASE ET DANS L'ACTION !
DEMAIN . LES NAZIS D' " ORDRE NOUVEAU "
PRETENDENT TENIR UN
MEETING RACISTE. C'EST UNE INSULTE LANCEE A TOUS LES
ANTI-FASCISTES : NOUS NE DEVONS PAS TOLERER QUE LES
FASCISTES PUISSENT AGIR AINSI.
Tous à
la
Contre-manifestation
(Métro :
Cardinal-Lemoine)
|
Le n°192 de l'HR en date du 21 juin 1973, titre : "
TOUS UNIS CONTRE LA FASCISATION
" l'éditorial signé J.J -Jacques Jurquet-
déclare :
Fidèles aux enseignements de
Dimitrov et Staline, à Paris comme en province, les
communistes marxistes-léninistes manifesteront les 20
et 21 juin 1973 contre la fascisation de l'Etat bourgeois,
contre la politique fascisante du gouvernement, contre les
fascistes et racistes d'Ordre
Nouveau.
Depuis le 12 juin 1968, les
marxistes-léninistes n'ont cessé de
dénoncer le régime actuel en le
caractérisant comme une " démocratie bourgeoise en cours de
fascisation ". Dans sa course
avec le mouvement révolutionnaire de masses, qui tend
à la Révolution socialiste, la bourgeoisie
capitaliste prépare le recours brutal à une "
dictature terroriste ouverte et
sanglante ", le fascisme. Au
début de ce mois, l'Humanité-Rouge publiait,
en supplément, une brochure destinée à
expliquer les raisons et exposer les manifestations
concrètes de " la Fascisation en France
".
Cette brochure indique aussi le moyen essentiel
de s'opposer victorieusement au processus en cours
développé de plus en plus ouvertement par la
bourgeoisie capitaliste monopoliste d'Etat. Ce moyen, si
magistralement défini par Dimitrov sur la base de
l'expérience de la montée du fascisme en
Allemagne, c'est la réalisation du Front unique prolétarien, puis sous sa direction, du Front uni populaire
antifasciste. Ce moyen, c'est
avant tout la pratique de l'unité à la base et dans
l'action, en premier lieu dans
les grandes entreprises industrielles de tout le
pays.
L'aspect
principal des manifestations
des 20 et 21 juin ne réside nullement dans la nature
idéologique et politique, dans les
responsabilités antérieures et
présentes, des dirigeants qui en ont pris les
initiatives. L'aspect
principal, c'est celui que
proclame depuis cinq ans les marxistes-léninistes,
c'est la nécessité que les plus larges masses
populaires, classe ouvrière en tête, engagent
les luttes indispensables contre la fascisation. Ainsi les
marxistes-léninistes, plus que jamais, ont-ils le
devoir de se trouver au coude-à-coude avec les masses
populaires porteuses d'une volonté de lutte
antifasciste.
L'aspect secondaire des manifestations du 20 juin réside
dans le fait que, subissant la forte pression de leur base
et de l'opinion démocratique la plus large, les
dirigeant du Parti " communiste " français tentent de
récupérer un prestige qu'a sensiblement
détérioré leur politique opportuniste
d'unité sans principe avec les vieux traîtres
sociaux-démocrates. Au demeurant, ils ne renoncent
pas à leurs manœuvres pour perpétuer cette
politique basée sur un " programme commun " qui n'est
parvenu jusqu'ici qu'à remettre en selle le Parti
prétendu " socialiste " dirigé par les
Mitterrand, Mollet et autres Deferre, chevaux de retour de
la trahison des intérêts de classe du
prolétariat. C'est pourquoi les
marxistes-léninistes dénoncent le
résultat néfaste, et prévu par eux
longtemps à l'avance, de la ligne idéologique
et politique des dirigeants révisionnistes, mais n'en
sont pas moins décidés à lutter aux
côtés des travailleurs manuels et
intellectuels, adhérents et sympathisants de base de
ce Parti qui aspirent sincèrement à des
changements profonds, réels et durables, et qui se
dressent contre la fascisation
accélérée voulue par le capitalisme
monopoliste d'Etat. Secondaire aussi
reste l'aspect de la participation de groupes non
prolétariens, tels les trotskystes, à la
contre-manifestation antifasciste du 21 juin contre les
nazis d'Ordre Nouveau.
Quand les fascistes sortent de leurs trous et
tentent de redresser la tête, il faut
immédiatement s'opposer à leurs tentatives
criminelles. A cet égard, les dirigeants
révisionnistes assument une lourde
responsabilité en propageant parmi leurs militants
l'idée qu'"Ordre nouveau ne représente rien "
!
Même s'il n'y avait plus qu'un seul
fasciste en France il justifierait que soient combattues
activement et son idéologie et son
activité.
Du ventre encore fécond de la
société capitaliste est toujours prête
à sortir la bête
immonde du fascisme ! disait
en substance Brecht, et quelques instants avant sa pendaison
par les nazis, Julius Fucik lançait cet avertissement
solennel : " hommes, soyez
vigilants ! ".
.........Aujourd'hui, " Ordre nouveau " essaye de
sécréter son odieux et criminel racisme contre
nos frères les travailleurs immigrés. Il faut
combattre et détruire l'entreprise de tous ces
nostalgiques du pétainisme et de la kollaboration
traîtresse avec l'occupant hitlérien, de
l'Algérie française, du colonialisme, de la
torture et des assassinats
!
Tout en proclamant, en diffusant et en
défendant le mot d'ordre du camarade François
Marty, toujours vivant dans leurs luttes : " Ni révisionnisme, ni gauchisme, une
seule voie : le marxisme-léninisme ! ", les marxistes-léninistes savent la
nécessité de lutter en s'unissant aux plus
larges masses prolétariennes et populaires, partout
où elles se trouvent et engagent l'action, même
si restent encore provisoirement dominantes dans leurs rangs
des idéologies non prolétariennes, non
concrètement révolutionnaires. Les
marxistes-léninistes, comme le leur enseigna encore
Staline peu avant sa mort, doivent être aux premiers
rangs pour entraîner les masses populaires dans la
lutte contre la fascisation, doivent brandir très
haut le drapeau des libertés démocratiques
attaquées par la bourgeoisie et tous les
réactionnaires.
A
bas la fascisation !
Vive
l'unité des travailleurs manuels et intellectuels des
villes et des campagnes de France dans l'indispensable
combat antifasciste !
19 juin
1973.
J.
J.
|
La réaction des
marxistes-léninistes après le
21…
L'Humanité-Rouge n°193 -5 juillet 1973-
Sous la photo de Marcellin il est indiqué : "
Celui-ci fut autrefois décoré de l'ordre de la
francisque ", et sous celle de Pompidou : " Celui-là
a gracié le Kollabo Touvier
"
Sous le titre -Unité la plus large contre la
menace fasciste - est précisé : " Ils sont
prêts à tout pour défendre l'ordre
capitaliste - Ils interdisent une organisation antifasciste,
la " Ligue Communiste ", et arrêtent ses dirigeants.
Contre les ouvriers en lutte il envoient les CRS et
protègent les bandes nazies.
L'encadré de première page
précise :
En décrétant le
28 juin la dissolution de la Ligue communiste, les
dirigeants politiques de la bourgeoisie monopoliste
ont porté une nouvelle fois atteinte, d'une
façon extrêmement grave, aux
libertés fondamentales dans notre pays.
Cette atteinte à la liberté
d'association et à la liberté
d'opinion est loin d'être un coup de tonnerre
dans un ciel serein : elle s'inscrit
entièrement dans le processus entamé
depuis plusieurs années, et notamment depuis
68, pour acheminer la France vers une dictature
fasciste. Depuis le 12 juin 1968, date
d'interdiction de plusieurs organisations dont le
Parti communiste marxiste-léniniste de
France, la fraction dirigeante de la bourgeoisie
monopoliste fait maints efforts pour se constituer
rapidement un appareil policier, judiciaire, ainsi
qu'un appareil de propagande de type fasciste. La
mise en place de brigades spéciales qui ne
sont pas sans rappeler les S.A. hitlériennes
à leurs débuts, la promulgation de la
loi scélérate dite " anti-casseurs "
aujourd'hui utilisée pour inculper des
antiracistes et des antifascistes, la
préparation idéologique à un
nouvel ordre pétainiste par l'amnistie du
nazi Touvier, par le retour sur la scène
politique des pires fascistes de la guerre
d'Algérie, ou encore par la nomination au
poste d'adjoint à la défense de Paris
du général criminel de guerre et
tortionnaire Bigeard, l'orchestration d'une vaste
campagne raciste et d'un appel au meurtre contre
les travailleurs immigrés, tous ces faits
montrent à l'évidence que le pouvoir
fascisant n'a pas été " surpris " par
les manifestations du 21 juin, qu'il n'a pas
improvisé une réponse à des "
troubles " dans la rue mais qu'il avait
soigneusement préparé son
opération. Comme toujours les groupuscules
néo-nazis, qu'il manipule DIRECTEMENT, lui
ont servi à monter sa provocation. Il
était du devoir de tous les antifascistes de
répondre comme il se devait à la
propagande criminelle contre les travailleurs
immigrés ainsi qu'à l'odieuse
propagande antisémite. N'y pas
répondre eût été un
encouragement pour les tenants du fascisme dans les
rangs de la bourgeoisie à aller plus
loin.
Riposter du tac-au-tac aux
menées fascistes, riposter en masse,
voilà la seule voie à suivre pour
éviter à notre peuple de nombreuses
souffrances. Les diverses mesures prises
récemment par les représentants du
capital monopoleur illustrent,
répétons-le, la grande peur de la
bourgeoisie monopoliste devant les luttes du
prolétariat, devant la montée du
mouvement révolutionnaire des masses et la
vive impression que lui a fait la
détermination des manifestants
antifascistes. C'est en comptant sur une
démobilisation populaire que le pouvoir a
monté son opération en juin. L'avenir
ne tardera pas à lui montrer son
erreur.
Pour
leur part, les marxistes-léninistes
appellent solennellement tous les travailleurs,
tous les antifascistes et antiracistes à
s'unir et à s'organiser sans tarder à
la base, sans distinction d'opinion ou
d'appartenance politique afin de stopper nette
l'offensive fascisante du pouvoir, afin d'exiger le
rétablissement des libertés
élémentaires garanties par la
bourgeoisie elle-même :
- La
cessation de toute agression et de tout appel
à l'agression contre les travailleurs
immigrés ;
- La
libération immédiate d'Alain Krivine
et des autres militants inculpés en vertu de
la loi scélérate " anti-casseurs " et
l'abrogation de cette loi fasciste.
...................................................................................Le 2 juillet 1973.
|
|
Les 2 pages centrales den°193 seront
reproduites en affiche
Il sera également édité un journal
unitaire de quatre pages (HR, CDP, Rouge, Tribune
socialiste, Révolution, Lutte ouvrière, etc.)
contre la dissolution de la Ligue communiste, contre le
racisme, les bandes fascistes…
|
--A la page 12 de n°193 est
publié un
Appel aux militants et sympathisants
du P.C.F.
Le
défi
Ce n'est pas par hasard qu'a eu lieu le 21 juin le
meeting fasciste d'"Ordre nouveau " contre l'"immigration
sauvage " !
Vous et
nous qui manifestions la veille pour les libertés le
savons bien : ces libertés, nos frères
immigrés en sont totalement dépourvus depuis
que le pouvoir a réglementé l'immigration dite
" sauvage " par la circulaire fasciste " Fontanet-Marcellin
". A la riposte résolue, et déjà
partiellement victorieuse, qu'y opposent depuis des mois les
travailleurs immigrés le pouvoir répond par
une intensification de la propagande raciste. Puis, il
commente abondamment un certain meeting prochain du
groupuscule nazi " Ordre nouveau ", lui donne les moyens de
couvrir plus qu'abondamment les murs de la capitale… et lui
assure la protection d'une des plus fortes concentrations de
forces de répression depuis
1968.
Il est
donc clair qu'" Ordre nouveau " était un outil
qu'utilisait le pouvoir pour mener à bien son
offensive contre nos frères immigrés. Ce n'est
pas le seul dans le genre : qui d'entre vous ne s'est pas
profondément inquiété de la
multiplication et de l'activité croissante des
milices patronales des S.A.C. et C.D.R., de l'utilisation
croissante contre les grèves des C.R.S. et " Mobiles
" ?
Le problème qui nous était posé
à tous, le 21 juin, était alors le suivant :
fallait-il " passer sous silence " cette attaque du pouvoir
ou y riposter ?
Ignorer ou relever le défi
?
Est-ce
juste de dire que c'était bien donner de l'importance
à un groupuscule comme " Ordre nouveau " que de
s'élever contre son meeting
?
Mais,
nous venons de le voir ! Ce n'était pas son
meeting mais celui du gouvernement
lui-même.
Le
pouvoir avait décidé de porter le coup au su
et au vu de tout le monde. Le problème ne se posait
donc plus d'" ignorer " mais d'" encaisser " sans
réaction ou de
riposter.
Le
pouvoir avait décidé de porter le coup au su
et au vu de tout le monde. Le problème ne se posait
donc plus d'" ignorer " mais d'" encaisser " sans
réaction ou de
riposter.
Eh bien,
camarades, mettez à l'étude dans vos cellules
les enseignements de Georges Dimitrov et du 7e
Congrès de l'Internationale communiste sur ce qu'il
faut faire en pareil cas ! Ce sont les leçons que les
communistes ont tiré de la lutte contre la
montée du fascisme : elles ont été
payées de beaucoup de sang. Les ignorer serait, pour
un communiste, un crime. Réfléchissez à
la façon dont les sociaux-démocrates allemands
ont fait le lit du fascisme en endormant la classe
ouvrière ; ils disaient aussi : " Riposter, c'est
leur donner de l'importance, laissons passer. " Et Hitler a
pu dire ensuite : " Un seul danger pouvait briser notre
développement : si l'adversaire en avait compris le
principe et si, dès le premier jour, avec la plus
extrême brutalité, il avait brisé le
noyau de notre nouveau mouvement… "
Ne pas tomber dans la
provocation !
Ignorer
le défi du pouvoir…, il ne pouvait donc en être
question. Il fallait riposter. Mais comment ? Nous
marxistes-léninistes, qui avons appelé, avec
la Ligue communiste et d'autres, à manifester le 21,
sommes convaincus que la riposte de masse était
possible. Ce serait faire injure aux 100 000 manifestants du
20 que de penser que quelques milliers d'entre eux
n'étaient pas assez clairvoyants et résolus
pour répondre à un appel à manifester
le lendemain, qui aurait été lancé par
votre Parti !
Réfléchissez bien à ce fait
: les estimations les plus prudentes confirment toutes qu'il
y avait au moins 5 000 manifestants le 21 ! Pourquoi "
l'Humanité ", comme la totalité des journaux
bourgeois et l'O.R.T.F., a-t-elle tenu à largement
minimiser le caractère de masse qu'a tout de
même eu la riposte opposée au pouvoir le 21
?
Il est bien
évident que Marcellin n'avait aucun
intérêt à ce qu'il y ait 5 000
manifestants pour représenter les sentiments
anti-fascistes du peuple de France. Et il y aurait eu encore
moins intérêt à ce qu'il y en ait 10 ou
20 000 comme ça aurait été le cas si
votre Parti avait appelé
!
Nous
l'affirmons : la riposte de masse était
nécessaire et possible. Réglons au passage
une question : Fallait-il avoir un service d'ordre solide ?
Quand on sait que l'on va inévitablement rencontrer
les matraques et les lances-grenades des C.R.S., faut-il ou
non avoir un service d'ordre capable d'éviter que la
manifestation soit dispersée en quelques minutes ? Un
communiste ne peut hésiter sur la
réponse.
Riposter
résolument n'était donc pas tomber dans le "
piège de la provocation ". Car on ne voit pas du tout
quel intérêt pouvait avoir le pouvoir à
tendre un tel piège du moment qu'il savait qu'on
riposterait. Le piège tendu, c'était bel et
bien, de sa part, de miser sur la reculade de votre Parti,
en particulier, pour installer comme un fait accompli,
officiel, qui ne se discute même plus, les plus
abominables slogans racistes et fascistes. Il aurait eu
ainsi les mains plus libres pour agir contre les
travailleurs immigrés et tous les
démocrates.
Voilà le vrai piège que 5 000
manifestants ont eu le courage de déjouer !
Montée des " tendances
autoritaires " ou " fascisation "
?
Vous
n'ignorez pas les atteintes de plus en plus graves
portées à toutes les libertés
démocratiques par le pouvoir ; ni les
déclarations fascisantes de ses ministres, ni la
manière dont il oppose de plus en plus la seule force
aux grèves et luttes quelles qu'elles soient. Mais on
porte généralement moins d'attention à
l'arsenal de lois et de moyens de répression que
perfectionne sans cesse le régime : la loi dite "
anticasseurs " que le gouvernement applique actuellement
contre les dirigeants de la Ligue communiste est justement
une des armes les plus dangereuses que s'est donné le
régime ces dernières années : elle
permet de décapiter légalement toute
organisation qui lui apparaît comme gênante. Et
pourtant… la Constitution de la Ve République est
déjà bien dangereuse comme ça en
possibilités répressives : Savez-vous que les
colonels grecs la prennent en exemple
?
Face
à cela, est-il correct de parler de " tendances
autoritaires "… comme si c'était question de
caractère de Pompidou ou d'autres ? Non ! Cela ne
nous éclaire en rien sur les raisons de tous ces
faits préoccupants et par conséquent sur la
façon dont il faut
agir.
La
vérité toute crue, aussi
désagréable soit-elle, nous,
marxistes-léninistes, la répétons
depuis 1968. En résumé
:
Le pouvoir des
monopoles est pris dans la crise mondiale du capitalisme qui
ne cesse de s'approfondir. Il essaye de s'en sortir en
pressurant de plus en plus la classe ouvrière et tous
les travailleurs. Face aux luttes que nous lui opposons, il
a de moins en moins de marge de manœuvre pour sauver ses
profits. Il sait fort bien que cette évolution
conduira inévitablement à une remise en cause
par la masse de la classe ouvrière et du peuple de sa
domination. Aussi prépare-t-il tous les moyens qu'il
faut pour exercer, le jour où il le jugera
nécessaire, une dictature terroriste ouverte : le
fascisme. Et il tente d'habituer l'opinion à
tolérer cette préparation grâce à
une intoxication savamment
dosée.
Cette tendance du
pouvoir qui existe depuis des années et que nous
appelons fascisation, s'aggrave ces derniers temps de
façon évidente pour tout le
monde.
L'enjeu est alors clair
: soit nous bloquons résolument tout pas en avant du
régime dans ce sens, soit nous continuons à
reculer de loi en décret, de défi ouvert en
attentats cachés.
Si nous continuons
à nous laisser entraîner dans la
deuxième voie, nous connaîtrons le même
sort que le peuple allemand après 1934. Car
l'aggravation de la crise du capitalisme est
indépendante de la volonté aussi bien de
Pompidou que de nous. Et ce serait pure folie de penser
que le régime prépare tous ces dispositifs
fascisants sans avoir l'intention de s'en servir le jour
où ses profits seront vraiment menacés
!
Bien sûr… en
regardant ainsi les choses en face, nous voilà bien
loin des rêves de transformer " en douceur " le
capitalisme en socialisme ! Les événements
actuels viennent nous rappeler qu'il vaut mieux s'arracher
à ce genre de rêve le plus vite possible !
Quelle riposte
?
Sous ce titre, notre journal développe comment
nous concevons la riposte qu'il faut opposer aux actes
fascisants du pouvoir.
Nous insistons sur la nécessité de
l'unité à la base et dans l'action que nous
devons forger avec tous ceux, sans aucune exclusive, qui
refusent l'évolution fascisante du régime.
C'est pourquoi nous sommes profondément
indignés que votre Parti ait rejeté toute
unité avec les mouvements qui ont organisé la
manifestation du 21 et d'autres pour le meeting du 4
juillet. Il va même jusqu'à refuser la
présence officielle de dirigeants de la Ligue
communiste alors que ce meeting prétend être un
meeting de protestation contre la dissolution de la Ligue !
A qui profite cette division
?
Camarades ! Les communistes doivent travailler au
développement de l'unité de tous les
anti-fascistes dans chaque lieu de travail, chaque quartier
sans jeter aucune exclusive !
Nous
nous engageons quant à nous à œuvrer dans ce
sens. Nous souhaitons ardemment pouvoir le faire au coude
à coude avec vous !
|
n°193 -5 juillet 1973- page
3
Le 21
juin
RIPOSTE DE MASSE AU
FASCISME
Bien des choses ont été dites sur la
journée du 21 juin. Marcellin et la presse pourrie se
sont livrés à une véritable campagne
d'intoxication de l'opinion publique. Il faut donc en
rappeler les faits.
Et
d'abord tout à été mis en œuvre pour
que le motif de la contre-manifestation à laquelle
diverses organisations antifascistes, parmi lesquelles "
l'Humanité rouge ", avaient appelé,
soit passé sous
silence.
Il
s'agissait de protester et de s'opposer à la tenue
d'un meeting raciste des nazis d'" Ordre nouveau ". Il
fallait montrer que les anti-fascistes n'admettaient pas
qu'en 1973 les nazis puissent impunément s'exprimer,
inciter à la haine
raciale.
Le gouvernement pouvait
interdire ce meeting en vertu de la loi de juillet 1972 qui,
paraît-il, est faite pour réprimer les
activités racistes. Il ne l'a pas fait. Loin de
là.
A partir
de 18 heures, des centaines de C.R.S. prennent position pour
protéger le meeting
nazi.
A 19 heures 20, plusieurs milliers d'anti-fascistes
se rassemblent. La presse à la botte de Marcellin
dira : " Ils étaient casqués, armés
de barres de fer. " Doit-on rappeler que lors d'un
précédent meeting nazi, les fascistes et les
C.R.S. s'étaient acharnés après les
contre-manifestants et qu'un grand nombre avaient
été blessés
?
Les anti-fascistes s'étaient simplement
donnés les moyens de se défendre. Que des
anti-fascistes se fassent matraquer, cela c'est normal pour
Marcellin. Mais qu'ils se défendent, voilà le
scandale pour la presse
pourrie.
Les
anti-fascistes marchent en direction de la Mutualité,
ou doit avoir lieu le meeting nazi. On entend les mots
d'ordre : " Ordre nouveau, ordure nazie ! ", "
Français, immigrés, même patrons,
même combat ". Bientôt les C.R.S. barrent la rue
et commence à charger. Mais les contre-manifestants
n'en continuent pas moins leur marche. Devant la
détermination des contre-manifestants, les C.R.S.
reculent, sont enfoncés. Certains sont alors
corrigés.
Rapidement, les C.R.S. tirent de nombreuses grenades
lacrymogènes, extrêmement violentes. Les
anti-fascistes reculent en
ordre.
Ce sont
environ 5 000 antifascistes qui se regroupent un peu plus
tard. Là encore, la presse qui ment ne parlera que de
quelques centaines de manifestants pour cacher le fait qu'il
s'agit bel et bien d'une riposte de
masse.
Les
manifestants lancent le mot d'ordre : " La police
protège les fascistes ! ". En effet, à ce
moment-là, à la Mutualité, où
une poignée de fascistes sont rassemblés, de
la tribune sont lancés des cris racistes, anti-arabes
et antisémites. Sous la protection de la
police.
Les contre-manifestants se dirigent vers la Bastile.
Là, un car de police fonce dans la foule, ce que
Marcellin et la presse pourrie se gardent bien de
dire.
Des
contre-manifestants se dirigent vers le siège des
nazis d'" Ordre nouveau " ; des fascistes de service tirent
plusieurs coups de fusil qui, par pur hasard, ne font pas de
victimes.
Tandis
que le meeting nazi se termine, la police encadre et
protège les fascistes casqués qui se dirigent
en manifestation vers leurs siège. La boucle est
bouclée. Du début à la fin, la police
de Marcellin aura protégé le meeting nazi,
elle aura protégé une " milice
privée " et une " organisation qui entretient
des relations étroites avec des partis
néo-fascistes ou néo-nazis étrangers
" comme l'indique le décret gouvernemental de
dissolution !
Le 21
juin aura démontré une fois de plus que c'est
à partir de l'Etat que sont organisées les
campagnes fascistes, que c'est à partir de l'Etat
qu'est organisée la résurgence du nazisme. Le
groupuscule néo-nazi, " Ordre nouveau " n'est qu'un
instrument entre les mains de ce pouvoir
fascisant.
Voilà qui montre la mascarade que
constitue la soi-disant dissolution d'Ordre nouveau. Ce
groupuscule nazi n'existait que par la volonté du
pouvoir, sa " dissolution " n'a été qu'un
prétexte pour " légitimer " la dissolution de
la Ligue communiste. Le pouvoir fascisant comptait ainsi,
sous l'apparence d'une fausse symétrie, pouvoir faire
admettre la dissolution de la Ligue
communiste.
Certains, qui se complaisent dans le rôle
de donneurs de leçons (et c'est vrai aussi bien des
dirigeants révisionnistes que du groupuscule " Front
rouge ", ou de l'A.J.S. voire de " Lutte ouvrière "),
ont prétendu que le 21 juin il fallait laisser faire.
" Ne pas donner à ce groupuscule nazi plus
d'importance qu'il n'en a ", " ne pas tomber dans la
provocation ", les prétextes sont différents,
l'attitude est identique : l'esprit de
reculade.
Une
telle attitude a toujours été chèrement
payée. Laisser faire le fascisme c'est lui permettre
de se frayer la voie, laisser se déverser le poison
raciste et fasciste, c'est préparer les
défaites populaires. Il y a une expérience
payée suffisamment cher par les peuples pour ne pas
en tirer les leçons. Tout recul devant le fascisme ne
fait que l'enhardir. Le fascisme se combat pied à
pied, dès qu'il dresse la tête il faut
l'abattre. Ce n'est pas lorsqu'il est trop tard qu'il faut
engager le combat.
En
dépit des donneurs de leçons, plusieurs
milliers d'anti-fascistes ont montré le 21 juin
qu'ils ne l'oubliaient pas. Ce sont eux qui ont
montré la voie à suivre dans la lutte
anti-fasciste. Et cela de très nombreux travailleurs
l'ont compris et l'ont approuvé. Dans les
entreprises, de nombreux ouvriers, des gars du P." C ".F.
ont fait savoir à nos camarades qu'ils ont eu raison.
Certains disant même : " La prochaine fois on sera
avec vous ."
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n°194 -25/07 au 5/09/1973- article
encadré page 1
S'opposant à la
demande de mise en liberté formulée
par le juge d'instruction, le gouvernement a fait
maintenir en prison Alain Krivine et Pierre
Rousset. Marcellin, avec la
bénédiction de Pompidou,
n'hésite pas ainsi à mettre à
nu la prétendue " indépendance " de
la justice. Comme c'est là le propre des
éléments fascisants, il ne
s'embarrasse pas des formes de la démocratie
bourgeoise.
Plus que jamais reste donc
la nécessité de combattre pour la
libération des emprisonnés. Mais pour
Marcellin les choses ne vont pas comme il l'aurait
souhaité.
Apparemment , tout
semblait au point : la vaste campagne
d'intoxication orchestrée après le 21
juin devait permettre de frapper sans provoquer de
riposte.
Mais il est une chose avec
laquelle Marcellin n'a pas compté : les
traditions antifascistes du peuple de notre pays et
son attachement aux libertés
démocratiques.
Et bien vite Marcellin a
dû se défendre, se justifier, car aux
yeux des travailleurs et de l'opinion
démocratique c'est le gouvernement et lui
seul, qui porte l'entière
responsabilité des affrontements du 21
juin.
L'autorisation d'un
meeting raciste en plein Paris, sa protection par
la police sont autant de faits qui sont venus au
premier plan. Jusqu'à un syndicat de
policiers qui déclare que ce meeting aurait
dû être
interdit.
L'isolement des
antifascistes, sur lequel misait Marcellin, n'a pas
eu lieu : Parmi les travailleurs, nombreux sont
ceux qui approuvent les antifascistes. Dans "
France-Soir ", il cherche à se justifier.
Là, il va de contradiction en contradiction
et profère de nouvelles menaces en
manifestant sa volonté d'interdire se qu'il
nomme les " groupes violents " et " d'emprisonner
leur chefs par application des textes du code
pénal concernant la sûreté
intérieur de l'Etat
".
Et voilà que le
passé de Marcellin refait jour, un
passé qu'il aimerait faire oublier : celui
d'un kollabo de l'occupant nazi. Le chef fasciste
Brigneau lui rappelle qu'ils furent tous deux de
fidèles valets du traître
Pétain. Autant de faits que Marcellin
n'avait pas
prévus.
Autre chose : En
interdisant la Ligue communiste et en
arrêtant ses dirigeants, Marcellin misait sur
le silence des dirigeants révisionnistes. Il
espérait que l'histoire allait se
répéter et que tout recommencerait
comme lors de l'assassinat de Pierre Overney. Mais
il est des choses qui aujourd'hui ne sont plus
possibles. La masse des militants du P."C."F. ne
pouvait admettre que leur parti reste silencieux ;
les travailleurs ne pouvaient accepter que les
actes fascisants du pouvoir restent sans
réponse. Les dirigeant du P."C."F. ne
pouvaient aller contre cette volonté. Le
meeting du " Cirque d'hiver " a exprimé ce
fait. Oh ! bien sûr, ce n'est pas de
gaieté de cœur qu'ils ont organisé ce
meeting, comme l'a montré leur refus de
laisser la parole à un représentant
de l'ex Ligue
communiste.
Mais ce qu'ils ont
dû faire ne rentrait pas dans les plans de
Marcellin.
Il a trouvé sur son
chemin une riposte à laquelle il ne
s'attendait
guère.
Mais, en aucun cas, il ne faudrait
relâcher notre vigilance, nos efforts dans le
sens de la riposte à la fascisation, de la
réalisation de l'unité
antifasciste.
En proie à une crise
monétaire qui évolue dans le sens
d'une crise économique, à une
concurrence qui prend la tournure d'une " guerre
économique ", la bourgeoisie cherchera par
tous les moyens à faire payer la note aux
travailleurs, à s'opposer par toutes les
armes aux luttes des travailleurs. Elle cherchera
son salut par une marche
accélérée dans la fascisation,
par de nouvelles atteintes aux libertés,
ouvertement annoncées par Marcellin. Plus
elle se sentira affaiblie, plus elle ira dans ce
sens. Il suffit d'avoir entendu Galley,
récemment, devant les gendarmes, les
exhorter à la défense de l'ordre
capitaliste ; ces députés U.D.R. de
Paris demander il y a peu de temps " des cars
bondés de C.R.S. ", " une présence
nombreuse et active de policiers à pied, en
uniforme, et jusqu'au cœur de la nuit ", pour
comprendre le fond de leur
pensée.
Chacun doit être
prêt à assumer sa place dans les
batailles à venir : des batailles entre la
révolution et la
contre-révolution.
|
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n°194 -25/07 au 5/09/73- " Quelques
problèmes de l'unité " page 2
QUELQUES PROBLÈMES DE
L'UNITÉ
A Paris
comme en province, des contacts ont été pris
entre militants antifascistes et la riposte unitaire s'est
engagée sous des formes différentes : du tract
au meeting. Des comités se sont constitués ou
sont en voie de constitution : dans des quartiers comme dans
des entreprises. Ce sont là des faits positifs. Mais
comme il est normal, un certain nombre de problèmes
se posent qui constituent des
freins.
Certains s'opposent à ce que ces
comités aient d'autres objectifs que l'abrogation de
l'arrêté de dissolution de la Ligue communiste
et la libération de ses
dirigeants.
Mais comment ne pas
voir que ces faits n'en constituent que quelques-uns parmi
beaucoup d'autres : les agressions et crimes racistes, les
milices patronales, les activités des bandes
fascistes, etc.
Refuser
que ces comités se fixent comme tâche de
combattre toute manifestation de ce que nous appelons la
fascisation, c'est en fait s'interdire de pouvoir expliquer
la signification de la dissolution de la Ligue communiste ;
plus grave, c'est mettre un obstacle pour que ces
comités aient un caractère de masse. Nombre
d'antifascistes sont prêt à s'unir pour
combattre le racisme, les atteintes aux libertés, et
non pas pour rejoindre ce qui dans les faits ne serait que
des comités de soutien à l'ex Ligue
communiste.
Aujourd'hui, c'est contre toutes les attaques
fascisantes et toutes les menaces qu'il faut s'unir. Les
marxistes-léninistes s'attacheront à ce que
ces comités, aussi larges que possible, se donnent
pour tâche de combattre tous les aspects de la
fascisation.
D'autres
s'opposent à ce que des comités soient
crées pour leur substituer des cartels
d'organisations ; enfin, d'autres ont de ces comités
une conception qui en fait des
cartels.
Ce sont
là des obstacles à une unité
réelle ; on sait bien que les regroupements sous
formes de cartels ne tardent généralement pas
à voir les contradictions s'aiguiser, et deviennent
le champ clos d'affrontement. Là encore, le
résultat le plus net est de nombreux antifascistes
qui ne se reconnaissent pas dans ces regroupements. Ce qu'il
faut, c'est que ces comités soient capables d'unir,
de rassembler les travailleurs, les antifascistes
organisés ou non sans distinction d'opinion. Tout ce
qui empêche ces comités d'avoir un
caractère de masse doit être combattu. C'est
dans ce sens que les marxistes-léninistes agiront
pour que la riposte soit unie et de
masse.
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n°194 -25/07 au 5/09/73-
" APRÈS LE 21 JUIN - TÉMOIGNAGE "
page 3
A la
manifestation antifasciste du 21 juin, pendant une charge on
a ramassé par terre un jeune de quinze ans. Il avait
reçu en plein visage une grenade lacrymogène
tirée par les flics pour protéger les
fascistes d'Ordre nouveau. A l'hôpital, on a
trouvé un jeune ouvrier de vingt ans ; pendant une
attaque contre Ordre nouveau, un fasciste a tiré sur
lui avec on ne sait quoi, il a eu un œil crevé et
l'autre abîmé (des blessés comme
ça, il y en a eu des dizaines ce jour-là, six
pour une ambulance), mais la radio n'en parle
pas.
Dans la
même pièce, en urgence, il y avait le flic qui
a eu les mains et le visage brûlé dans son car
par un cocktail molotov. On n'avait pas de pitié pour
lui après ce qu'on avait vu. S'il était
blessé, c'est parce qu'il était de la police
qui sert les patrons, attaques les grévistes et
protège les fascistes. Chacun de son
côté de la barrière, et nous on est du
côté de la classe ouvrière, des
travailleurs immigrés contre les flics et les
néo-nazis.
Alors le jeune travailleur est allé le voir,
et je vous rapporte ce qu'il a dit (le plus
fidèlement possible) :
" Quand il y a une manifestation comme ça, vous
feriez mieux de vous porter malade. Avec ce qui t'est
arrivé, toi maintenant tu vas penser que les
gauchistes c'est des salauds. Mais je vais te dire une chose
: moi, je fais parti d'aucune organisation " gauchiste "
mais je trouve que là les " gauchistes " ils ont
raison de se battre contre les fascistes. Regarde, ton
père il a peut-être fait la Résistance,
et nous, on les laisserait faire en France ? Les
travailleurs immigrés il vivent dans des taudis
dégueulasses, ils se font exploiter à mort. Et
en plus, les patrons leur envoient sur le dos les
néo-nazis d'Ordre nouveau. Vous protégez les
fascistes, voilà ce que vous
faites.
Regarde-moi : j'ai vingt ans, j'ai un œil
crevé, et toi à trente ans t'as le visage
complètement brûlé. Moi, c'était
ma première manif, pas celles où on
défile gentiment, mais une vraie manif : seulement,
tu peux être sûr que c'est pas ma
dernière, j'ai encore un œil de bon, et je vais m'en
servir ! "
...Alors le flic a dit que
tout ça, ça servait à rien. Alors le
jeune travailleur a dit : " Non, ça sert pas a rien,
parce que nous, on lutte contre les fascistes alors que
vous, vous les protégez. A force de nous pousser
jusqu'au bout, un jour on se révoltera, on vous
balaiera, toi aussi, et ça sera peut-être moi
qui sera dans le coup. "
Nous, en écoutant ce gars à
moitié aveugle qui pensait encore à la lutte,
on s'est dit qu'on allait venger tous ces camarades. En
définitive, le plus fort, c'est le peuple, pas les
fascistes et les flics.
Tous unis contre les provocations fascistes !
Un communiste de
l'H.R.
|
HR et FR :
polémiques et divisions
Sur la question de la fascisation et de l'unité
contre l'interdiction de la Ligue communiste, les
marxistes-léninistes de l'Humanité Rouge et de
Front Rouge seront divisés. Les divisions HR et FR
sont anciennes et FR combat totalement l'analyse de l'HR sur
la fascisation.
En 1970,
un groupe principalement issu de l'ex-UJCML va opérer
une scission au sein du PCMLF historique qui publie
légalement l'HR et clandestinement
l'Humanité Nouvelle. Ce groupe s'appellera "
Front Rouge " publiera un journal du même nom
et deviendra en 1974 le PCRml.
Pour les diverses éléments de
cette division historique se reporter à :
-OCTOBRE n°3/4 (1974) revue théorique des
Communistes Marxistes-Léninistes de France -Les
cahiers du marxisme-léninisme- "Quelques
éléments sur le Mouvement
Marxiste-Léniniste en France
"-
-CAHIER ROUGE n°7 -mars 1974- -(Revue
théorique du comité central du PCMLF )- "Mise
au point au sujet des allégations contenues dans le
n°3/4 de la revue Octobre" - "Appel au militants de
Front Rouge"-
Déjà dans son n°25 du 11 mai
1972 -Front Rouge- publiait un article intitulé " A
propos d'un mot d'ordre de confusion : ''Halte à la
fascisation !'' ".
|
Après le 21 juin 1973, Front-Rouge
n°78 -5 juillet 1973- publie un article " à
propos des théories de la fascisation " et un autre
article intitulé " à propos de la dissolution
de la ligue trotskiste : Interview de Bernard Rey militant
marxiste-léniniste condamné en 1970 sous
l'inculpation de reconstitution du P.C.M.L.F. ".
(
Notes des EP : Bernard REY sera un des
fondateurs du PCRML en 1974 et sera responsable de ce parti
pendant plusieurs années sur la région
Lyonnaise. )
Pour mieux comprendre les
éléments de la polémique entre FR et HR
sur la fascisation et l'attitude de FR sur le 21 juin, voici
quelques articles :
Front-Rouge n°78 -5 juillet 1973- page
4
" à propos des théories
de la fascisation "
La vague de répression qui s'abat sur les luttes
ouvrières (Fos, Besançon, Grasse), la
dissolution de la Ligue " Communiste " la manifestation du P
" C " F pour " la défense des libertés ",
remettent à l'ordre du jour une question politique
importante : oui ou non, existe-t-il en France un danger
fasciste ? La bourgeoisie s'engage-t-elle dans un processus
qui mène au fascisme ?
des mesures répressives dans le
cadre de la démocratie
bourgeoise
nA l'appui de la
théorie de la " fascisation du pouvoir ", ses
partisans apportent une série de preuves
matérielles du renforcement de la dictature de la
bourgeoisie : renforcement considérable de la police,
développement de la branche " Défense
Opérationnelle du Territoire " de l'armée,
(spécialisée dans la répression
d'éventuels mouvements insurrectionnels), adoption de
lois répressives réactionnaires (notamment la
fameuse loi " anti-casseurs "
etc…
nMais chacun sait que
le pouvoir de la bourgeoisie s'exerce par son appareil
d'Etat répressif, et que, dans le cadre même du
régime de démocratie bourgeoise, la
bourgeoisie n'hésite pas à le faire intervenir
pour réprimer la classe ouvrière et les
révolutionnaires, et se préoccupe constamment
de le renforcer. Des " lois scélérates "
d'avant 1914 à l'emprisonnement des communistes en
1920, de la constitution des CRS (avec des débris des
GMR Vichystes) à la répression des
grèves de 48, du " complot des pigeons " à
l'application de l'article 16 pendant la guerre
d'Algérie, de telles mesures n'ont pas manqué
dans l'histoire de nos " républiques
Démocratiques ".
Aussi est-ce dans la situation politique, dans la
réalité des rapports de classe au moment
présent de l'histoire, et non dans l'existence d'une
série de mesures réactionnaires qu'on peut
trouver la réponse à la question des projets
politiques de la
bourgeoisie.
L'expérience de l'instauration ou des
tentatives d'instauration du fascisme dans les
métropoles impérialistes montre que le
fascisme est le produit politique de l'impérialisme,
du capitalisme des monopoles : le fascisme comme le montrait
Dimitrov au VIIe congrès de l'Internationale
Communiste visait alors à faire retomber tout le
poids de la crise économique sur la classe
ouvrière, à préparer la guerre pour
l'asservissement des peuples semi-coloniaux et le repartage
du monde, à devancer la montée des forces de
la Révolution en écrasant le mouvement
Révolutionnaire des ouvriers et des
paysans.
Crise économique d'une profondeur et d'une
durée sans précédent, lutte pour le
repartage du monde, montée de la Révolution
Prolétarienne : ces trois traits sont effectivement
typiques de l'impérialisme, du capitalisme agonisant.
Aussi les communistes avaient-ils raison, au lendemain de la
victoire dans la guerre anti-fasciste, de souligner que le
germe du fascisme demeurait, que le danger fasciste ne
disparaîtrait de la surface du globe qu'avec la
formation qui le secrète : l'impérialisme. De
là à faire de la lutte contre le fascisme leur
tactique permanente sous la dictature impérialiste,
il y a un pas que les communistes ne franchiront pas.
Revenons à notre pays aujourd'hui : la situation
justifie-t-elle les théories sur la " montée
du fascisme " ?
ou en est la crise de
l'impérialisme ?
Sur le
plan économique, la classe ouvrière
connaît une aggravation de ses conditions de vie et de
travail, marquée par l'intensification du travail,
l'extension du chômage et la baisse du salaire
réel ; les couches petites-bourgeoises
traditionnelles et les paysans individuels se voient
progressivement chassés de leurs anciennes positions
et réduits à la condition de
prolétaires, tandis que se développent des
couches parasitaires ; à l'intérieur de la
bourgeoisie elle-même, la concentration du capital
progresse de jour en jour. Autant de trait typiques de
l'impérialisme à l'époque de sa crise
générale.
Autant de signes de la dépression qui vient,
auxquels il faut ajouter la crise monétaire
désormais permanente et l'aiguisement de la
concurrence inter-impérialiste ; mais non pas de
traits d'une période de crise économique du
type de celle des années 30 ; le grippage de toute la
machine capitaliste, la régression
considérable de la production qu'ont connus toutes
les métropoles impérialistes, entre les 2
guerres, ne se sont pas encore produits. Tant bien que mal,
les bagnes capitalistes produisent chaque année plus
d'automobiles, plus de biens de toutes sorte, amenant
progressivement le marché vers une saturation qu'il
n'a pas encore atteinte. Pour féroce qu'il soit dans
sa course aux profits maximums, la question ne se pose pas
encore à l'impérialisme de faire porter
à la classe ouvrière le poids de la crise "
extrêmement profonde " dont parlait Dimitrov et qui
n'est pas encore là.
la question de l'influence du
révisionnisme
Serait-ce alors dans la situation politique, dans
la montée du mouvement révolutionnaire de la
classe ouvrière qu'il faudrait chercher la
justification de l'urgence de la lutte contre le danger
fasciste ? Dans les conditions de notre pays, quiconque ne
se paye pas de mots doit lier son appréciation de la
montée du mouvement révolutionnaire
prolétarien à la perte de l'influence
révisionniste sur une fraction appréciable de
la classe ouvrière. Pour les
marxistes-léninistes, la situation objective de la
classe ouvrière en fait une classe
révolutionnaire. La paupérisation qu'elle
subit accélère sa tendance profonde à
rejeter l'influence du P " c " F passé à la
bourgeoisie, à envisager l'issue
révolutionnaire et à s'organiser dans ce but.
Dès aujourd'hui, l'expérience accumulée
dans les luttes quotidiennes tend à lui montrer que
le P " c " F lui est étranger, qu'il ne sert en
définitive que les intérêts d'une mince
couche achetée par la bourgeoisie. Mais notre
confiance profonde dans les capacités
révolutionnaires de la classe ouvrière notre
certitude qu'elle saura rejeter le révisionnisme ne
nous cache pas qu'il s'agira d'une lutte longue, difficile
et complexe. Si au lendemain de mai-juin 68, une frange de
la classe ouvrière rejetait la direction du P " c "
F, et recherchait une perspective révolutionnaire,
force est bien de constater que quelques années plus
tard, ce germe de prise de conscience avait
été gâché par l'opportunisme, que
les mêmes travailleurs étaient pour un temps
rentrés dans le rang militaient à la CGT et se
montraient particulièrement furieux contre les "
gauchistes " qui les avaient déçus. Les
grandes grèves qui, en 1971, ont vu les OS se dresser
contre l'exploitation et ébranler l'édifice de
collaboration de classe se sont déroulées sur
des mots d'ordre qui, dans la lutte économique
même, traduisaient encore l'influence du
révisionnisme. Et si aujourd'hui, après
l'échec électoral subi par " l'Union de la
Gauche ", de nombreux travailleurs entrent en lutte sur
leurs propres mots d'ordre, rejetant le point de vue et les
calculs de ceux qui se préparent à
gérer le capitalisme, et exprimant parfois leurs
aspirations à la Révolution, nous sommes
encore loin d'un mouvement révolutionnaire de masse,
posant la question du pouvoir et disputant aux perspectives
électorales révisionnistes en cul-de-sac, les
larges masses de la classe
ouvrière.
Les
dernières élections législatives, la
place qu'y a occupé " l'Union de la gauche " et les
illusions qu'elle a pu semer, la préoccupation qu'a
eue à cette occasion la bourgeoisie de reconstituer,
à côté du parti révisionniste, un
fort parti social-démocrate susceptible de participer
à l'entreprise de tromperie électoraliste ne
tracent pas le tableau d'une situation où la
bourgeoisie se préparerait à renoncer aux
commodités de la duperie parlementaire pour recourir
au fascisme. Le révisionnisme et le réformisme
sont encore pour un temps, de trop bons garants pour le
maintien de son pouvoir.
Les
théoriciens de la " fascisation " ont coutume de nier
la difficile bataille contre le révisionnisme, de la
considérer comme d'ores et déjà
gagnée. Peu avant les élections de mars, au
moment où le P " C " F et le PS avec la CGT et la
CFDT, parvenaient à mettre pour l'essentiel sous
l'éteignoir les luttes ouvrières en agitant
leur " Programme commun " ; au moment où nos
camarades dans les entreprises nous disaient combien notre
juste position d'abstention Révolutionnaire
était à contre-courant face aux faux espoirs
de la victoire électorale de " l'union de la Gauche
", les plus bêtes de ces pourfendeurs du danger
fasciste trouvaient le moyen de claironner que
l'électoralisme était définitivement
battu en brèche dans la classe ouvrière !
Seule une secte étrangère dans son essence
à la classe ouvrière, sourde à la voix
des militants ouvriers qu'elle peut compter dans ses rangs,
peut s'illusionner au point de prendre de cette
manière son rabâchage de dogmes pour l'analyse
de la situation concrète.
Les petits bourgeois à la
traîne du P"C"F
Les
théoriciens de la " fascisation ", du " fascisme qui
vient d'en haut " ont en effet deux traits fondamentaux qui
leur sont communs : leur nature de classe et leur fonction
politique.
Leur
nature de classe d'abord : la petite-bourgeoisie, avec les
illusions qu'elle traîne sur la démocratie
bourgeoise, s'avère incapable de comprendre son
caractère répressif, répressif à
l'égard de la classe ouvrière et des larges
masses. Chaque mesure de répression de la
bourgeoisie, chaque renforcement de la dictature de la
bourgeoisie, les voient redouter immédiatement le
fascisme et voler au secours de la " démocratie "
même quand elle n'est pas menacée par
l'essentiel.
Leur
fonction politique ensuite, profondément liée
à cette nature de classe. Aujourd'hui que les
premières brèches s'ouvrent dans la domination
du révisionnisme sur la classe ouvrière, la
tâche des révolutionnaires est de consacrer
toute leur énergie à les élargir,
à mobiliser les masses indépendamment des
vieux partis dégénérés, à
leur ouvrir, chemin faisant, la perspective de la
Révolution Prolétarienne, à
édifier dans cette lutte le Parti prolétarien.
Ouvrir la perspective de la Révolution,
établir sans hésiter une démarcation
nette avec le révisionnisme, ces deux tâches
sont indissolublement liées. Or les
révolutionnaristes petits-bourgeois, tout en
proclamant que la seule alternative au fascisme est la
révolution Prolétarienne, le socialisme,
s'acharnent dans la pratique à maintenir la classe
ouvrière dans le sillage du P " c " F, sous
prétexte d'édifier, qui le Front Unique
prolétarien, qui le Front Populaire antifasciste.
Certains s'adressent ouvertement aux directions
révisionnistes et réformistes pour leur
proposer l'unité. D'autres préfèrent
proclamer que le Front Unique, le Front Populaire doivent se
réaliser à la base. Dans la pratique, alors
que malgré ses progrès, l'édification
d'une force politique Révolutionnaire
prolétarienne est encore à ses débuts,
ils en viennent régulièrement à
gesticuler comme les premiers à la queue des
initiatives révisionnistes : c'est ce qu'ils avaient
fait le 1er mai, c'est ce qu'ils viennent de faire le 20
juin : c'est ce qu'ils ne manqueront pas de faire
ouvertement à l'occasion de la dissolution de la "
Ligue communiste ". Les uns comme les autres, en brandissant
le drapeau de la révolution prolétarienne pour
mieux détourner les masses vers le
révisionnisme, font diversion dans la tâche
d'édification du Parti prolétarien.
à bas la répression
contre le classe ouvrière !
Face à ces
diversions. Les marxistes-léninistes ne se laissent
pas détourner de leurs tâches de l'heure :
commencer à arracher au révisionnisme,
à gagner à la Révolution
Prolétarienne une première fraction de la
classe ouvrière, en visant principalement les plus
exploitées.
Face aux diverses mesures de renforcement de la
dictature bourgeoise, ils appelleront les masses à
l'action en montrant le véritable visage de la "
démocratie " sous le signe du capital.
L'expérience de ces derniers mois montre, avec la
circulaire Fontanet, avec la répression sauvage des
dernières grèves ouvrières, que la
bourgeoisie use particulièrement de son arsenal
répressif contre les secteurs de la classe
ouvrière qui tendent à échapper au
révisionnisme. Aussi, c'est dans la défense du
droit de grève et de liberté des
manifestations pour la classe ouvrière dans la lutte
contre les milices patronales que réside aujourd'hui
pour l'essentiel l'application du mot d'ordre de Staline : "
relever le drapeau des libertés démocratiques
".
C'est
autour de ces tâches dans la perspective de la
Révolution Prolétarienne, que nous appelons
à s'unir la classe ouvrière et tous les
progressistes disposés à soutenir son combat.
|
Front-Rouge n°78 -5 juillet 1973- page
5
" à propos de la dissolution de
la ligue trotskiste : INTERVIEW D'UN MILITANT
MARXISTE-LÉNINISTE "
Front
Rouge à l'occasion de l'interdiction de la Ligue
trotskiste a interrogé Bernard Rey militant marxiste
léniniste, qui a été condamné
après une inculpation de reconstitution du PCMLF en
1970. Il donne ici le point de vue des
marxistes-léninistes.
O
Front Rouge - Que penses-tu des affrontements
du jeudi 21 juin ; lors du meeting d'" Ordre Nouveau " ?
Bernard Rey - La tenue de meeting en plein Paris
devait immanquablement provoquer une contre-manifestation
comme cela avait été le cas lors du meeting
précédent d'" Ordre Nouveau " au Palais des
Sports en 71. Faire protéger les quelques centaines
de nazillons rassemblés, par les forces de
répression, c'était être sûr que
les contre-manifestants les affronteraient ! C'est le
caractère extrêmement violent de cet
affrontement qui a surpris : 80 policiers blessés !
Le " Monde " et l'" Humanité " ont publié des
témoignages émanant du Syndicat majoritaire de
la police qui apportent une explication à l'ampleur
de cet affrontement : les forces de répression sur le
terrain auraient été privées par leurs
responsables des renseignements, du matériel, des
directives qui leur sont habituellement prodigués
pour réprimer les manifestations ! Marcellin a
mollement démenti.
En
tous cas, cela a déclenché toute une campagne
de propagande orchestrée à la radio et dans
les journaux, pour dénoncer l'usage de la violence.
Tout est fait pour convaincre les travailleurs que la
violence ne mène qu'à l'échec, qu'il
faut renoncer à son usage, qu'il faut se
détourner des révolutionnaires qui la
prônent.
FR - Pourquoi cette campagne
particulièrement aujourd'hui ?
BR - A mon avis, cela s'explique directement par
la situation actuelle et les difficultés
qu'éprouvent la bourgeoisie dans les luttes
actuelles. Depuis l'échec de la gauche aux
élections de Mars, la classe ouvrière rejetant
la tutelle des syndicats a en de nombreux endroits
engagé des grèves sur ses véritables
revendications, conduisant elle-même la lutte. Sur des
franges importantes de travailleurs, les perspectives de la
" gauche unie " n'ont pas de prise aujourd'hui :
l'échec de 73 a éclairé pour une
période ces travailleurs sur le projet que constitue
le programme commun. Ils sont parfaitement réceptifs
aux idées
révolutionnaires.
Cela, la bourgeoisie s'en rend parfaitement
compte, dans plusieurs endroits, elle a lâché
ses forces de police pour convaincre les travailleurs
à arrêter leur lutte. Elle ne veut ni que se
produise la soudure avec les révolutionnaires, ni que
les travailleurs recourent à la violence pour refuser
leur exploitation. La campagne orchestrée au
lendemain du 21 juin, répond à merveille
à cet objectif.
FR - Que penser de l'interdiction de la Ligue
trotskyste ?
BR - Pour notre part, nous dénonçons
la fausse symétrie pratiquée par la
bourgeoisie : en mettant " Ordre Nouveau " et le Ligue
trotskyste dans le même sac, elle cache habilement que
sa politique d'immigration élaborée par
Fontanet et Gorse, converge avec la revendication d'"Ordre
Nouveau" : " Halte à l'immigration sauvage ". Ceci
dit, les Marxistes-léninistes maintiennent
intégralement leur appréciation sur la
fonction des groupes trotskystes, sans nier la
présence dans leurs rangs de jeunes aspirant à
faire la révolution et qu'il s'agit
d'éclairer. Car la politique de la ligue trotskyste
depuis qu'elle existe a consisté effectivement en
cela : récupérer les franges des masses en
rupture avec le révisionnisme à l'aide d'une
phraséologie révolutionnaire, et par le biais
d'un détour, les engager à nouveau dans la
voie réformiste derrière les
états-majors de la gauche. C'est ce qu'on a pu
vérifier par exemple lors des dernières
élections, lorsque la Ligue après avoir
présenté des candidats, a appelé
à voter pour la gauche au 2ème tour. Mais
aujourd'hui visiblement, ce groupe trotskyste n'avait aucune
prise sur l'énergie révolutionnaire
manifestée par les masses.
FR - Mais que penser alors de la propagande qui
se répand largement dans les journaux
présentant la Ligue trotskiste comme le groupe
révolutionnaire, le seul, le véritable.
BR - C'est vrai, la propagande des journaux comme
" le Figaro " ou " le Monde ", ce que l'on raconte à
la radio, développe cette idée. Pourtant rien
n'est plus faux en ce qui concerne la Ligue trotskyste :
c'est une organisation en déclin qu'a dissoute
Marcellin. Et les preuves ne manquent pas. Aux
élections de mars, la Ligue n'a même pas pu
retrouver dans les circonscriptions où elle
présentait des candidats, le pourcentage de voix
acquis lors des élections présidentielles de
69 par Krivine. Le FSI, l'organisation mise sur pied par la
Ligue pour faire croire qu'elle soutient la lutte des
peuples indochinois, ne se manifeste plus en France depuis
les accords de Paris. A Paris, alors que tout un temps, la
Ligue a pu imposer sa loi dans l'organisation des
manifestations, cette année, de cinglants
échecs lui ont été infligés :
comme lors du mouvement lycéen où les
tentatives d'encadrement bureaucratique des trotskistes ont
échoué, comme le 19 mai, lors de la
manifestation unitaire de soutien à la Palestine,
où la Ligue qui prétendait imposer des mots
d'ordre provocateurs s'est fait expulser ; comme le 1er Mai
où la seule manifestation autonome par rapports aux
révisionnistes a été le fait des
marxistes-léninistes.
Il
faut comparer la manière dont la presse bourgeoise
traite la Ligue trotskiste, à celle utilisée
contre les marxistes-léninistes, ou même contre
la Gauche Prolétarienne en 1970. En 1970, plusieurs
militants marxistes-léninistes ont été
arrêtés, traduit devant la cour de
sûreté de l'Etat sous l'inculpation de
reconstitution du P.C.M.L.F. ; plusieurs d'entre eux ont
été condamnés à des peines
d'emprisonnement. Qui, sinon la presse
marxiste-léniniste en a parlé ? En 1971
encore, c'est une dizaine de militants qui ont
été à leur tour, inculpés de
reconstitution de ce Parti ; certains même deux ans
après n'ont toujours pas été
jugés. Qui en a parlé ? De même, le
Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France,
interdit le 12 juin 68, à ce que nous pouvons savoir,
poursuit son édification dans la
clandestinité, édite et diffuse
régulièrement sa presse " L'Humanité
Nouvelle ", développe son activité
révolutionnaire dans la classe ouvrière. Qui
en parle ? Qui proteste contre l'interdiction du PCMLF,
contre l'interdiction de sa presse, si ce n'est la presse
des marxistes-léninistes et les masses qui les
soutiennent ?
De
même, si la presse a réservé une
certaine part dans ces colonnes au procès de la
Gauche Prolétarienne en 70, c'était pour
traîner dans la boue ses militants, les traiter de
voyous, d'illuminés… Le P"C"F à
l'époque avait réclamé avec
hystérie, avant que cela soit fait la dissolution de
cette organisation qualifiée de " gauchiste-Marcellin
". Aujourd'hui le P"C"F appelle à manifester contre
l'interdiction de la Ligue, et des journaux comme " Le Monde
", " Le Figaro " présentent cette organisation comme
" l'organisation Révolutionnaire qui a réussi
" ! Alors posons simplement la question, pourquoi les
plumitifs bourgeois encensent-ils à ce point la Ligue
trotskiste ? N'est-ce-pas pour aiguiller les travailleurs
à la recherche de perspectives
Révolutionnaires, dans le marais trotskiste ?
FR - Quelles autres conséquences de
cette interdiction ?
BR - Une telle mesure rappelle que la bourgeoisie est
prête à réaliser toute une série
de mauvais coups, en frappant directement la classe
ouvrière. La fermeté manifestée par
Marcellin n'est pas dirigée contre la Ligue
trotskiste, mais bien contre les travailleurs et les
Révolutionnaires : la campagne contre la violence "
de gauche ou de droite ", prétexte à
l'interdiction , vise aussi à dissuader les
travailleurs de recourir à la violence pour s'opposer
à celle quotidienne de la bourgeoisie. Le
précédent de la journée du 21 juin va
être brandi contre les travailleurs qui voudront
manifester contre la politique de la bourgeoisie, et sera le
prétexte à les réprimer
sévèrement. Les Marxistes-Léninistes
appellent à la vigilance contre de telles mesures et
mobiliseront les travailleurs contre elles. Poursuivons la
lutte pour faire abroger la circulaire Fontanet !
Poursuivons la lutte pour nos revendications !
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Front-Rouge n°79 -12 juillet 1973- page
5
" un tournant bien significatif de
l'humanité rouge "
Dans leur dernière publication, les dirigeants de
l'Humanité "Rouge" : amorcent un virage très
intéressant. Nous n'embarrasseront pas nos colonnes
de réponses à leurs diverses calomnies ; nous
ne reprendrons pas une à une toutes leurs
bêtises politiques : nous avons déjà eu
l'occasion de stigmatiser le comportement anti-unitaire et
opportuniste de cette organisation petite bourgeoise, mais
aujourd'hui nous avons le devoir de mettre en garde tous les
militants qui se rattachent de près ou de loin au
marxisme-léninisme contre l'évolution
particulièrement dangereuse de la ligne de
l'Humanité "Rouge".
En
effet, dans les derniers mois, une lutte semblait se
dessiner au sein de cette organisation entre des positions
de principes, vagues et générales mais
correctes, notamment contre l'électoralisme, contre
les orientations réformistes du programme commun des
partis de gauche d'un côté, et d'un autre
côté des positions particulièrement
opportunistes tendant à mettre une partie du
mouvement révolutionnaire à la remorque des
révisionnistes modernes. La coexistence de ces
diverses positions dans le journal dissimulait mal cette
lutte : il est clair aujourd'hui qu'a triomphé sans
partage la ligne opportuniste à 100%. En quoi
consiste-t-elle ?
Les deux
derniers numéros de l'Humanité "Rouge"
désignent à l'évidence la lutte
antifasciste comme l'axe principal de lutte offert à
ses militants. Le dernier numéro lui est pratiquement
consacré en entier. De ce choix résultent de
très graves conséquences : --d'abord dans un
appel aux militants du P"c"F disparaît toute critique
marxiste-léniniste des positions bourgeoises,
contre-révolutionnaires de ce parti. Alors même
qu'une large partie de la classe ouvrière, par
delà ces militants, est abusée par des
illusions réformistes développées par
le P"c"F, alors même qu'elle est
détournée de la perspective de la
révolution par la voie sans issue de la
démocratie avancée, s'adresser au P"c"F quand
on prétend être marxiste-léniniste, sans
souligner le rôle d'auxiliaire précieux de la
bourgeoisie joué par le révisionnisme, c'est
abdiquer toute conscience révolutionnaire, c'est
sombrer dans le plus grand opportunisme.
-- ensuite caractériser
principalement la Ligue trotskiste comme une
organisation anti-fasciste, c'est se vouer
délibérément à être
aveugle sur le rôle effectif joué par les
trotskistes au profit du révisionnisme donc de la
bourgeoisie.
Ces
conséquences proviennent d'une très grave
erreur politique commise par les dirigeants de
l'Humanité "Rouge". Cette erreur consiste à
intervertir systématiquement causes et effets. Au
moment même où d'important détachements
de la classe ouvrière principalement chez les OS
entrent en lutte de façon résolue contre leurs
exploiteurs, les révisionnistes du P"c"F et de la
CGT, leurs acolytes réformistes du PS et de la CFDT
se montrent incapables de donner un débouché
à ces luttes dont les mots d'ordre entrent en
contradiction avec les perspectives du programme commun. Il
en va de même avec le mouvement résolu des
travailleurs immigrés contre la circulaire Fontanet.
Face à ces mouvements, la bourgeoisie qui trouve les
réformistes ou débordés ou absents des
luttes, emploie fréquemment la répression
brutale des ses forces de police. Répression directe
et répression indirecte par l'entremise des
organisations réviso-réformistes, telle sont
les deux armes absolument solidaires de la bourgeoisie face
à la révolte des travailleurs. Quand les
révisionnistes et les réformistes rencontrent
cette impasse, comme au lendemain de leur échec
électoral, la bourgeoisie a tendance à
utiliser la répression directe, peu confiante qu'elle
est dans ses propres tentatives démagogiques.
Au
moment même où se font jour les bases d'une
cassure entre les révisionnistes et une frange
avancée des masses, s'agit-il comme le
préconise l'Humanité "Rouge" de tendre la main
aux militants du P"c"F pour les inviter à une
illusoire unité antifasciste ou s'agit-il d'ouvrir
les yeux à la classe ouvrière,
d'étendre en la rendant consciente cette cassure,
constatée dans les principaux mouvements actuels
entre les révisionnistes et les travailleurs en lutte
?
En
réalité, ce que l'Humanité "Rouge" et
avec elle quelques autres mouvements petits bourgeois,
baptise fascisation n'est que l'apparition à visage
découvert de la démocratie bourgeoise
là où le révisionnisme et le
réformisme sont en recul. Ce que l'Humanité "
Rouge " est incapable de comprendre, c'est que la menace
fasciste n'a de sens et de réalité qu'avec un
recul qualitativement différent du
révisionnisme et du réformisme, qu'avec une
progression plus large et plus conséquente de la
perspective Révolutionnaire dans les masses.
.Là où
la tâche des Révolutionnaires consistent
à prendre en main l'organisation des travailleurs et
la défense de leurs aspirations réelles, et
par la riposte à la répression de la
bourgeoisie qu'ils encourent dans leurs luttes, l'HR trouve
le moyen de proposer un front défensif contre le
fascisme, masquant et la nature de la démocratie
bourgeoise, dictature violente sur les masses
exploitées, et la nature du révisionnisme, au
moment où il se trouve en recul.
O au
moment où les révisionnistes du P"c"F tentent
de refaire leur image de marque en se présentant
comme les meilleurs défenseurs de libertés, au
moment où ils rivalisent avec le PS pour occuper
toute la place que la bourgeoisie assigne à la
sociale-démocratie en vue des élections
à venir, au moment donc où le P"c"F cherche
à rallier à lui, pour faire l'appoint de voix,
les couches indécises de la petite bourgeoisie, la
tâche des révolutionnaires n'est pas de se
faire les instruments de cette manœuvre.
O au
moment où la bourgeoisie tente de dévoyer les
aspirations révolutionnaires des travailleurs en
présentant comme le parti révolutionnaire, la
Ligue trotskiste, pour cela réprimée et pour
cela dissoute, le rôle des marxistes-léninistes
n'est pas d'entrer dans le jeu. Pendant 5 ans, le parti
authentiquement communiste, le Parti Communiste
Marxiste-Léniniste a été constamment
réprimé, ses militants pourchassés,
sans que la presse bourgeoise consacre aux arrestations des
militants suspectés de sa reconstitution plus de cinq
lignes. De cela l'HR depuis 3 ans ne s'est guère
émue et a partagé ce silence.
C'est
pour tout cela que nous mettons en garde les militants
révolutionnaires contre les tentatives
stériles de l'Humanité " Rouge " de
dévoyer leur combat vers l'axe principal de la lutte
pour les libertés démocratiques. Ne vous
laissez pas abuser camarades par les gesticulations
groupusculaires à la remorque des
révisionnistes, depuis la manifestation du 20 juin
jusqu'au dernier meeting du cirque d'Hiver. La place des
Révolutionnaires est dans les entreprises aux
côtés des travailleurs qui prennent
progressivement conscience des illusions réformistes,
avec les travailleurs immigrés, pour contrer la
circulaire anti-grève de Fontanet, pour organiser sur
le terrain comme à Ivry par exemple la riposte aux
crimes racistes qui l'accompagnent ; le rôle des
communistes est d'être actifs, présents en tant
que tels dans les luttes des travailleurs contre la
bourgeoisie, d'aider à la prise de conscience
progressive des travailleurs de la nature bourgeoise du
réformisme, d'être à l'offensive contre
la bourgeoisie et le réformisme ; là où
l'HR s'efforce péniblement de dévoyer les
révolutionnaires vers la lutte contre les
conséquences des luttes de classe en cours : la
répression ; les communistes doivent mettre au
premier plan le développement de ces luttes et leur
approfondissement politique.
Les raisons des erreurs politiques très
graves de l'HR sont claires : groupe petit bourgeois
coupé de la réalité de la lutte de
classe, l'HR est voué à enregistrer les
conséquences de ces luttes sur la mise à nu de
démocratie bourgeoise, de son caractère
répressif. Sa seule réponse consiste à
reprendre mécaniquement le schéma de la lutte
anti-fasciste de 1934, à préconiser un front
populaire anti-fasciste alors même que rien ne
rappelle la situation d'alors. Ni l'organisation
révolutionnaire des masses (comment comparer la large
organisation des travailleurs par le Parti Communiste et la
liaison embryonnaire des révolutionnaires avec la
classe ouvrière aujourd'hui), ni la crise
économique et politique de la bourgeoisie ne sont
comparables. L'histoire d'ailleurs, ne se
répète pas.
L'HR qui
fait grand bruit autour de sa participation, au demeurant
modeste à la manifestation contre Ordre Nouveau du 21
juin, manifestation à laquelle nous avons
également participé, tente aujourd'hui au nom
de la lutte anti-fasciste de ramener dans le sillage du P" C
"F les militants révolutionnaires qui ont plus que
jamais à le combattre. A propos où en sont les
Comités d'Unité Populaire censés
organiser cette unité à la base contre le
fascisme !
Même si son influence est ridiculement
faible, nous ne devons pas négliger nos efforts pour
ouvrir les yeux des militants qu'HR trompe et qui ont mieux
à faire que s'embourber dans le marais opportuniste.
A ces militants, nous tendons une main fraternelle. Quittez
ces piètres staliniens qui participent à leur
manières aux tentatives grossières de la
bourgeoisie pour redorer le blason terni du trotskisme,
quittez ces piètres marxistes-léninistes qui
au nom de l'unité anti-fasciste se réfugient
dans le giron du P" C "F. Vous connaissez tous l'histoire de
celui qui criait au loup chaque fois qu'il croyait le voir
et que personne n'a cru quand le loup est effectivement
venu. HR depuis plus de 5 ans joue ce jeu dangereux.
A BAS L'OPPORTUNISME, VIVE LE MARXISME-LENINISME !
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Front-Rouge n°79 -12 juillet 1973- page
5
" au cirque d'hiver…le chef de piste s
'appelait marchais "
(dans un encadré, au dessus de ce titre
et sous la photo de Jacques Duclos s'adressant aux militants
venus protester contre l'interdiction de la Ligue
communiste, la légende suivante
:
" Ecouter Duclos faire acclamer " le P" C "F, le
grand parti révolutionnaire de notre temps :, Detraz
(CFDT) faire applaudir les flics démocrates, ou la
claque du P" C "F scander " Union populaire pour les
libertés…
…Les communistes n'avaient vraiment aucune raison
d'appeler à ce meeting. " )
Le 5 juillet, la gauche réformiste P" C "F
en tête, tenait un meeting contre la dissolution de la
Ligue " communiste ", avec le soutien de nombreux groupes
trotskistes et de quelques camarades se réclamant du
marxisme-léninisme qui avaient eu la
naïveté d'emboîter le
pas.
La
mobilisation au regard du nombre et de l'importance des
organisations participantes a été faible
(quelques milliers) malgré un effort certain du P" C
"F qui avait distribué des tracts jusque dans les
banlieues. Ce fait témoigne doublement de la coupure
entre les trotskistes et la classe ouvrière : d'une
part parce que la clientèle petit-bourgeois de ces
diverses sectes était en vacances, d'autre part parce
que les ouvriers que le P" C "F parvient encore à
tromper ne se sont guère dérangés pour
l'occasion.
Cependant, ce meeting éclaire bien le sens
de la provocation policière du 21 juin, dans laquelle
la Ligue avait donné à tête
baissée. En effet, la dissolution de la Ligue qui a
suivi, a donné l'occasion au P" C "F et au PS de se
livrer à une nouvelle opération
démagogique dans leur course à
l'électorat petit-bourgeois. Tandis que Mitterrand
recevait Krivine, le P" C "F prenait l'initiative du
meeting, et marquait un nouveau point dans sa tentative de
se dédouaner de son passé communiste en se
présentant pour ce qu'il est : un vulgaire parti
bourgeois. Ainsi se prolongeait l'entreprise du 20 juin.
Ainsi, P" C " et PS détournaient-ils l'attention de
l'offensive de la bourgeoisie contre la classe
ouvrière, et soutenant par là cette offensive.
D'un
autre côté, au moment même où elle
était dissoute, la Ligue obtenait la
réalisation de son rêve de toujours :
l'unité - fragile, difficile, mais l'unité -
avec le P" C "F. Le soutien qui lui a été
accordé à cette occasion montre que les
révisionnistes n'ont rien à craindre d'une
organisation dont la fonction a consisté, au cours
des années passées, à ramener dans le
sillage des initiatives du P" C "F les jeunes qui se
dégoûtait de lui, et à détourner
par sa nature petite-bourgeoise la classe ouvrière de
la Révolution. En appelant au meeting du P" C "F qui
leur refusait la parole les dirigeants de la Ligue ont
confirmé une fois de plus cette orientation
fondamentale. Le chahut de leurs militants n'y a rien
changé : au cirque d'hiver, le chef de piste
s'appelait Marchais.
En
définitive, la dissolution de la Ligue et le meeting
qui l'a suivi auront été un facteur de
clarification politique, montrant comment la lutte contre la
répression peut devenir le prétexte à
une unité sans principes et sans perspectives des
opportunistes de toute espèce.
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Front-Rouge n°80 -26 juillet 1973- page
10
" à propos de l'emprisonnement
de krivine "
Il est clair, à présent, que le
ministre de l'intérieur a favorisé et, au
besoin, provoqué la débandade de certains de
ses flics, lors de la manifestation du 21 juin contre le
meeting raciste d'" Ordre Nouveau ".
Cette
opération policière visait d'abord à
répandre largement, une fois de plus, une image
complètement déformée des
Révolutionnaires et de la violence
révolutionnaire, pour inciter les masses à
s'en détourner. Et cela au moment où la
bourgeoisie lançait ses flics, ses nervis à
St-Etienne, à Besançon, à Fos, à
Grasse, contre les ouvriers en lutte, partout où elle
ne pouvait pas compter sur la collaboration des
révisionnistes.
Il s'agissait de
faire croire que les révolutionnaires n'avaient pas
d'autre idéal que la violence pour la violence, pas
d'autre but que de " casser du flic ", de brûler des
cars de police-secours… Il s'agit d'autre part, de justifier
et de multiplier les actes de contrôle des
travailleurs en faisant passer la violence de classe des
ouvriers en lutte pour des " provocations gauchistes ".
Mais
l'opération avait en même temps, un autre but :
en décrétant, à la suite du 21 juin la
dissolution de la Ligue trotskiste, la bourgeoisie visait
à désigner publiquement cette organisation en
perte de vitesse comme le parti révolutionnaire,
à redorer son blason. Toute une série de
groupe petits bourgeois trotskistes et néotrotskistes
en tête, y compris " l'Humanité Rouge ", ont
emboîté le pas à cette opération
et ont pris, en chœur la " défense " de la Ligue. Ce
faisant, au nom de la lutte " antifasciste ", il ont
appelé à s'accoler encore plus
étroitement au P" C "F (et au PS) et leur ont permis
au cirque d'Hiver, de se poser en défenseurs des "
libertés ", en protecteurs de "
l'extrême-gauche ". Ce faisant, ils ont tenté
de colmater la brèche ouverte entre les
révisionnistes et les travailleurs, et de
détourner la classe ouvrière de la bataille
contre la répression de ses luttes.
Krivine
et Rousset en prison ; c'est le clou de cette
opération. Après avoir façonné
l'image de marque " révolutionnaire " de Krivine
(élections présidentielles de 69, face
à face avec STASI à la télé,
longues déclarations à la radio après
le 21 juin), la bourgeoisie le met quelques temps
derrière les barreaux. Cela lui permet d'en faire un
martyr et de mieux préparer sa publicité pour
un éventuel procès, à la rentrée
par exemple.
A vrai
dire, la campagne pour la libération de Krivine, n'a
rencontré pratiquement aucun écho parmi les
travailleurs. Par exemple sur les marchés, les
ouvriers indifférents aux slogans " Marcellin
démission " soutiennent activement nos interventions
contre les agressions racistes, contre les bombardements US
au Cambodge.
Toutefois, cette mise en scène, cette
manœuvre ne peut que semer la confusion. Elle a assez
duré.
Halte à la politique hypocrite de la bourgeoisie !
Krivine, Rousset hors de prison !
|
La fascisation en
France
En avril 1973, une brochure d'André Colère
(supplément à l'HR n°186) avait
été publiée " La fascisation en France
".
Après le 21 juin, cette brochure fut
rééditée avec une " Postface "
actualisant la première édition à la
mi-août 1973.
La postface pages 48 à 55 revient principalement
sur LIP et sur le 21 juin 1973.
La fascisation en France -Brochure HR- André COLERE
-2è édition mi-août 1973.
Postface pages 48 à 55 -supplément à
l'Humanité Rouge n°198 (lire
la version complète de cette brochure en
PDF)
POSTFACE (août 1973)
Depuis
la première édition de cette brochure, des
faits importants sont intervenus qui ont amené de
nombreuses personnes à prendre conscience de la
réalité de la fascisation. Certains parlent de
" nouvelle droite " et ont pouvait lire dans " le Nouvel
observateur " du 21 mai 1973 : " …Une droite
musclée et volontiers terroriste, qui existait
jusqu'à présent à l'état latent,
est en train de s'affirmer.
"
Il ne
faudrait cependant pas croire que l'on a assisté ces
derniers mois à la naissance d'un
phénomène, alors qu'il s'agit de
l'approfondissement d'un processus, d'une phase nouvelle
dans ce processus.
Avec le
recul du temps, il apparaît que le gouvernement
Messmer, constitué à la suite des
élections législatives de mars, a
marqué l'accession à la suprématie des
éléments fascisants et un choix en faveur des
" solutions " fascisantes.
Ces
déclarations de Pompidou à la sortie d'un
conseil des ministres constituent un programme : " Le
gouvernement va se trouver devant des difficultés
sérieuses… L'opinion publique en a assez. Elle veut
la tranquillité et le calme. Le pays nous jugera sur
la fermeté et la justice…
"
Nous
allons voir en quoi a consisté l'évolution de
la situation.
Pas de trêves dans les
luttes…
Depuis
mars 1973, on a assisté à une succession
ininterrompue de luttes ouvrières et
populaires.
...Celle qui se
déroule chez Lip est particulièrement
caractéristique. L'élan de solidarité,
inégalé depuis bien longtemps. Témoigne
du fait que la classe ouvrière se reconnaît
dans ce combat. Lip est exemplaire à un double titre
: d'abord en ce que cette lutte concrétise les
tendances , les caractéristiques d'une période
historique ; ensuite parce qu'elle indique dans quel sens il
faut aller.
Lip
exprime de façon claire certaines
particularités présentes dans la plupart des
luttes de ces derniers temps.
a)
D'abord l'attitude vis-à-vis de la
légalité bourgeoise
:
C'est là un point fondamental. La "
légalité " n'est plus aujourd'hui
considérée comme un impératif absolu,
comme inviolable et " sacrée ". Les masses, dans la
pratique de la lutte, remettent en cause de plus en plus
souvent la " légalité ". Elles sont de plus en
plus souvent amenées à rejeter la
légalité bourgeoise dans le cours de la lutte,
à la " violer ", car elle apparaît comme un
obstacle pour la défense de leurs
intérêts, comme étant au service de la
bourgeoisie. Sans que cela soit encore conscient, la classe
ouvrière est en train de faire l'expérience
pratique que pour défendre ses intérêts
vitaux, elle ne peut pas rester dans les limites
fixées par la bourgeoisie, dans les limites des lois
bourgeoises. Le mythe de la loi au " service de tous " est
en train d'être détruit par la pratique des
masses. Bien sûr, il s'agit là d'un processus
relativement lent et complexe, qui ne fait que s'engager
mais qui se développe.
On
comprend quel danger constitue de ce point de vue la lutte
des travailleurs de Lip pour la bourgeoisie : ils ont
démontré aux yeux de la classe ouvrière
tout entière qu'il ne fallait pas hésiter
à " violer " la loi bourgeoise dans la lutte, ils ont
mis à jour le caractère de classe de cette
légalité. Cet exemple est d'autant plus
dangereux aux yeux de la bourgeoisie qu'il s'appuie sur une
tendance des luttes de la période que nous
vivons.
Il est
clair que cette remise en cause de la légalité
bourgeoise fait voler en éclats les cadres de la
collaboration de classes, la rend impraticable. La pratique
de la collaboration de classes suppose le respect des
règles fixées par la bourgeoisie, l'engagement
à se maintenir dans le cadre de la
légalité
bourgeoise.
b) Autre
particularité : la pratique de la
démocratie prolétarienne. Le recours aux
assemblées générales, le contrôle
des travailleurs sur les représentants sont autant de
mesures qui remettent également en cause la
collaboration de classes.
Devant
l'impossibilité grandissante de recourir à la
collaboration de classes, la bourgeoisie ne peut que
recourir à la force. De ce point de vue, là
aussi l'exemple de Lip est exemplaire. L'attitude du pouvoir
dans ce cas précis a concrétisé pour
une bonne part son attitude générale. Comptant
d'abord sur le pourrissement, la lassitude, puis voyant
qu'il ne viendrait pas à bout de la
détermination des travailleurs, il leur a
opposé la violence des C.R.S., comme il l'a fait
à Fos ou à
Fougères.
Voyons
maintenant la façon dont a évolué le
processus de fascisation.
...Le
gouvernement était à peine constitué
que le nouveau ministre de la " Culture ", Druon, donnait le
ton : " Les gens qui viennent à la porte de ce
ministère avec une sébile dans une main et un
cocktail molotov dans l'autre devront choisir. " Ce qui
en clair voulait dire : Seuls auront droit aux subventions
les artistes qui font l'apologie du capitalisme ; les autres
devront soit se renier soit se taire. C'était
là une menace ouverte contre la liberté
d'expression et de création. Ces déclarations
sont révélatrices de la volonté de
certains de créer un art officiel et de leur
détermination à faire taire les voix qui
accusent le capitalisme. A l'Assemblée nationale,
Druon devait à nouveau développer ses
conceptions. C'est à cette occasion qu'il a
donné la " liberté " une définition qui
mérite qu'on s'y arrête car elle est lourde de
menaces : " Pour nous français, la liberté
doit être ce qui nous unit, non ce qui nous divise
", ce qui exclut la liberté de critique au seul
profit de l'apologie du pouvoir. La liberté
d'expression s'arrête là où commence la
remise en cause du
capitalisme.
Peu de
temps après, Galley, ministre des Armées,
allait préciser cette conception de la "
liberté d'expression ". Devant le congrès de
l'Union nationale des officiers de réserve, il devait
qualifier de " criminelle " la critique de l'armée.
Et parallèlement, en compagnie du Haut Etat-Major, il
se livre à une justification du rôle de
l'armée en tant qu'instrument de guerre civile. A
Lille, il devait déclarer : " L'armée
demeure le dernier recours de notre société
libérale ." Plus récemment, devant les
gendarmes, il s'exclamait : " Votre corps, liaison avec
l'armée et les forces de police, est l'un des plus
sûrs garants de la solidité de l'édifice
national. " Ce qui est nouveau, c'est le fait d'affirmer
ouvertement, sans honte, que l'armée a pour
rôle d'assurer le maintien de l'ordre capitaliste.
Galley n'en reste pas aux menaces verbales : il
agit.
La nomination de Bigeard au poste de gouverneur
adjoint de la place de Paris est là pour le confirmer
si besoin en était. Bigeard est un spécialiste
de " l'état de siège ". Ayant
été de toutes les guerres coloniales , c'est
en Algérie qu'il s'est fait une solide
réputation de tortionnaire. Lors de la lutte des
lycéens contre la loi Debré, un
député s'était exclamé : "
C'est Bigeard qu'il faudrait leur envoyer. " C'est
chose faite.
Depuis,
on assiste à une véritable campagne d'appel
à " l'ordre moral ".
Citons Jacques
Marette, ancien ministre des P. et T.,
dénonçant : " L'entreprise de
démoralisation et de perversion de l'esprit public
menée depuis des années, avec l'appui d'une
large fraction de la presse, par une coterie d'intellectuels
de gauche, monopolisant au profit de leurs fantasmes
masochistes tous les moyens d'information modernes.
"
Citons encore
le recteur Capelle qui, devant l'" Union nationale des
combattants " appelle à la défense de
l'Occident, ou bien le ministre André Bord s'en
prenant à ce qu'il appelle " la pollution des esprits
". Plus récemment, Marcellin devait déclarer :
" …Tout le monde doit s'attacher à faire cette
revigoration morale, à essayer de faire un
encadrement spirituel pour les jeunes… il est évident
qu'il y a eu un certain relâchement des mœurs.
"
C'est
à cet " encadrement spirituel " que songe le triste
Royer lorsqu'il envisage de ramener l'âge limite de la
scolarité à quatorze ans, de mettre les jeunes
en apprentissage à partir de cet âge. Il est
d'ailleurs révélateur que la presse fasciste
du genre " Rivarol " ait aussitôt applaudi à ce
projet.
A propos du 21 juin
La tenue du meeting
fasciste et raciste d'" Ordre nouveau ", la
contre-manifestation antifasciste qui a eu lieu, l'attitude
du pouvoir, ainsi que les suites, ont constitué des
faits extrêmement importants sur lesquels nous devons
nous arrêter.
Et d'abord revenons
sur les liens qui unissent les nazis d'" Ordre nouveau " et
l'aile fascisante au pouvoir. Certains faits permettent de
les préciser.
En janvier 1973,
s'est tenue à l'hotel Matignon une réunion
regroupant deux dirigeants d'" Ordre nouveau ", un dirigeant
des C.D.R. et Jacques Godfrain, membre du bureau
exécutif de l'U.D.R. et chargé de mission
à l'Elysée. Ceci confirme une fois de plus que
c'est à partir de l'Etat que sont tenues les
ficelles. Il ne s'agit pas de " complaisance " mais bel et
bien de contrôle. Le meeting raciste du 21 juin
était voulu par les éléments fascisants
au pouvoir et il était prévisible que la
police en assurerait la protection ; ce qui n'a pas
manqué.
Et la
pseudo-dissolution d'" Ordre nouveau " ne peut faire
illusion à ce sujet. Outre qu'aucun responsable
fasciste n'a été arrêté, alors
que la présence de stocks d'armes a été
révélée, il est clair que cette fausse
dissolution ne visait qu'à justifier, sous le
fallacieux prétexte de " symétrie ", la
dissolution de la Ligue
communiste.
Certains
ont pu dire qu'il ne fallait pas de contre-manifestation car
c'était donner au groupuscule nazi " Ordre nouveau "
plus d'importance qu'il n'en
avait.
Cet "
argument " est dangereux. Certes, " Ordre nouveau "
est un groupuscule, mais faudrait-il attendre qu'il n'en
soit plus un pour se décider à agir ? Faut-il
attendre que le danger soit menaçant pour se
décider à y faire face ?
Laisser le racisme
et le fascisme s'installer sur la place publique, comme si
de rien n'était, ne peut que les encourager à
plus d'audace.
D'autre
part, ce meeting s'inscrivait dans une campagne raciste,
d'incitation à la haine raciale sur laquelle nous
reviendrons. Il n'était pas possible de laisser
faire.
Avec un
peu de recul , il est d'autant plus clair que les
antifascistes ont eu raison de contre-manifester. Loin
d'être " coupée des masses ", la
contre-manifestation a été largement
approuvée parmi les travailleurs. Elle a fait la
démonstration que le pouvoir protège les
fascistes ; qu'il y a aujourd'hui un danger à
combattre.
Quelle a
été dans ces conditions l'attitude des
dirigeants du P."C."F. ? Se contentant de
déclarations et de vœux pieux, voici ce qu'on pouvait
lire sous la signature de Georges Bouvard dans "
L'Humanité " : " Il ne suffit donc plus au
pouvoir de mettre en place un arsenal répressif
renforcé contre la classe ouvrière et les
démocrates. Le voilà qui enrôle à
ses côtés, comme auxiliaires, les groupes
fascistes
eux-mêmes…
En se livrant à des provocations
délibérées, en semant le
désordre et la violence qui rejettent du
côté du pouvoir une partie de l'opinion, mise
en condition par la télévision, la radio et la
presse officielle, avides d'exploiter de tels agissements,
les gauchistes servent non la liberté mais le
pouvoir.
Eux aussi se
conduisent, à leur manière comme des
auxiliaires de ce gouvernement. "
...Ainsi fascistes et
antifascistes sont mis sur le même plan en tant qu'"
auxiliaires du pouvoir ".
...
Rien de nouveau dans cette attitude.
Fascisation de la police
A la
suite du 21 juin, l'existence au sein de la police d'une
fraction fasciste a été largement mis en
évidence.
Déjà,
à Courbevoie, lors du congrès de la "
Fédération des personnels de la
préfecture de police de Paris " des appels
fascistes avaient été lancés du haut de
la tribune : " Les étrangers n'ont pas à
faire la loi chez nous ", " La rue est à nous,
il faut y descendre " sont quelques uns des propos
entendus.
Après le 21,
on a assisté à une tentative, appuyée
par Marcellin, de développer ce courant fasciste. Des
tracts fascistes, des appels à la grève ont
été lancés. Il y a eu alors l'essai de
monter des opérations " punitives " dans le style du
tristement célèbre " escadron de la mort
".
Il faut aussi noter l'attitude des C.R.S. et
gendarmes-mobiles à Besançon lors de
l'occupation de Lip. C'est à un véritable
terrorisme qu'ils se sont livrés. Les violences
exercées contre la population ont duré
plusieurs jours. " passages à tabac ", aveux sous les
coups, menaces de mort, tirs de grenades dans les
appartements, faux témoignages : tels sont les
méfaits de la police. Plus de trente condamnations
ont été prononcées dans ces conditions
grâce à des mesures " d'exception ", les sels
témoins étaient des C.R.S., refus de
vérifier les alibis des accusés, menaces et
pressions du tribunal.
Atteinte à la liberté
d'association
La
dissolution de la Ligue communiste a été une
des suites du 21 juin ainsi que l'arrestation et
l'inculpation de ses dirigeants au titre la loi "
anti-casseurs ". Il s'agit là d'une nouvelle atteinte
d'importance à la liberté d'association.
D'après des informations non démenties, un
débat assez vif aurait eu lieu en conseil des
ministres sur l'opportunité d'une telle mesure ; un
petite minorité des ministres s'y opposant. Ceci
confirme la nature de ce gouvernement et la
prédominance des éléments fascisants en
son sein.
La campagne raciste
Le
développement d'une campagne raciste constitue un
fait d'une extrême importance dans le
développement de la fascisation. Il est significatif
que cette campagne se soit développée tout
particulièrement après l'importante lutte des
travailleurs immigrés contre la circulaire
Fontanet.
La
circulaire Fontanet et la campagne raciste constituent deux
aspects d'une même politique visant à diviser
la classe ouvrière, à faire vivre les
travailleurs immigrés sous la loi du
terrorisme.
Par le
racisme, la réaction vise trois objectifs : Diviser
la classe ouvrière ; détourner la
colère des travailleurs français ; faire vivre
les travailleurs immigrés dans la
crainte.
Le racisme, en tant
qu'élément indissociable de la fascisation,
doit être combattu avec d'autant plus de vigueur
qu'il peut fournir une certaine base de masse au
fascisme. L'idéologie raciste, en particulier
sous sa forme anti-arabe, a dans notre pays une influence
qui ne doit absolument pas être
négligée. L'idéologie raciste est le
produit direct du colonialisme qui a considéré
les peuples autrefois colonisés comme des "
sous-hommes ".
On doit
aussi souligner la responsabilité historique du
révisionnisme qui en ne faisant rien pour
développer la solidarité de classe des
travailleurs français et immigrés a
laissé l'idéologie raciste
pénétrer assez largement dans les rangs
mêmes de la classe
ouvrière.
Le racisme
tend ces derniers temps à prendre l'allure de "
pogroms ".
...Rappelons ce qui s'est
passé à Grasse. Le 12 juin, des travailleurs
immigrés se rendent en cortège pacifique
à la mairie pour demander des papiers. Le maire fait
intervenir les sapeurs-pompiers contre les travailleurs
immigrés. Des commerçants agressent les
travailleurs immigrés. Les gardes-mobiles quadrillent
la ville, matraquent les immigrés, certains sont
torturés. Derrière tout cela, les nazis d'"
Ordre nouveau ".
A Marseille,
prenant prétexte d l'assassinat d'un traminot par un
malade mental de nationalité algérienne, les
racistes et fascistes de tout poil, d'Ordre nouveau à
l'U.D.R. en passant par l'U.J.P., le " Centre
démocrate ", les gangsters du S.A.C. et des C.D.R.,
se sont livrés à une campagne
d'hystérie raciste envers les travailleurs
immigrés, tentant d'entraîner une partie de la
population dans le terrorisme anti-arabe. Le quotidien
fasciste " le Méridional " lance de véritables
appels au meurtre. Plusieurs travailleurs immigrés
sont assassinés par balles. Voilà le racisme
sous sa forme la plus ignoble ; le racisme d'Hitler
n'était pas autrement, à ses
débuts.
A Toulouse des
parachutistes se livrent à des " ratonnades ". A
Ollioules, des voyous fascistes agressent les travailleurs
immigrés. A Ivry, des cafés arabes sont
attaqués ; à Vitry, un commando fasciste
assassine un travailleur portugais. C'est dans ce contexte
que s'inscrivait le meeting raciste d'" Ordre nouveau
".
Aujourd'hui, la lutte antiraciste devient un axe
essentiel de la lutte antifasciste. Cette lutte doit se
mener quotidiennement ; toute manifestation du racisme doit
être dénoncée pour combattre l'influence
de l'idéologie raciste. A titre d'exemple parmi bien
d'autres, citons une initiative de nos camarades de l'usine
Alsthom à Saint-Ouen : Un chef insulte un travailleur
algérien, le provoque. Sans tarder, nos camarades
sortent un tract où ils dénoncent l'individu
et son idéologie raciste. C'est là un bon
exemple de cette lutte antiraciste quotidienne, qui utilise
chaque fait pour faire reculer le racisme.
La riposte
Pour mettre en
échec la fascisation, il faut que les antifascistes
s'unissent Mais il faut une unité véritable.
Dans les entreprises, les bureaux, les chantiers, les
campagnes, les lycées, les facultés, les
quartiers, les antifascistes, les démocrates doivent
se regrouper, quelles que soient les organisations
auxquelles ils appartiennent, ou qu'ils soient
inorganisés.
Bien sûr, il
y a des divergences , mais ce qui doit unir, cimenter, c'est
la volonté de mettre en échec, de combattre
chaque mauvais coup du
pouvoir.
Nous entrons dans
une période qui va voir inévitablement de
grandes luttes de la classe ouvrière et du peuple.
Pour maintenir l'exploitation, pour assurer son pouvoir, la
réaction utilisera toutes les armes. C'est maintenant
qu'il faut s'unir pour se battre. Qu'on y
réfléchisse : des énergies, des
volontés sont aujourd'hui dépensées en
ordre dispersé, d'autres ne trouvent pas à
s'employer, faute d'avoir un point de ralliement où
se raccrocher. Que ces énergies se rassemblent dans
la lutte contre la fascisation, voilà ce que nous
voulons.
|
A contre-courant 1983-1986 -Jacques
Jurquet -Le temps des Cerises -2001-
p.158-159-161.
(Dans ce livre de 2001 retraçant sa
période " mao ", Jacques Jurquet évoque le 21
juin -une petite erreur il parle de la LCR, c'est
évidemment LC qu'il faut lire- ) voici son
témoignage :
" Par ailleurs, lors d'un meeting de fascistes
convoqué à la Mutualité, les services
d'ordre de notre parti et de la Ligue communiste
révolutionnaire, coordonnés sous la direction
commune de Jean-Luc Einaudi et Récanati, se
trouvèrent engagés côte à
côte dans des actions violentes contre les forces de
police chargées de protéger l'initiative
d'extrême-droite au nom toujours facile de la
démocratie. Des dizaines de cocktails Molotov avaient
été préparés et la surprise des
CRS ou gardes mobiles fut totale. J'était
présent sur place, mais, un peu trop âgé
peut-être, ou tout simplement incapable de courir en
raison de ma patellectomie, je fus plus spectateur
qu'acteur. Je vis une fourgonnette de police effectuer un
virage à 180 degrés, sur deux roues, dans le
crissement aigu de ses pneus, dont les grillages
latéraux avaient reçu plusieurs bouteilles
incendiaires et se trouvaient en feu. On me dit que
c'était des camarades espagnols qui avaient
repoussé de la sorte ce véhicule. La foule des
antifascistes, de nombreux jeunes gens, se structura bras
à bras sur plusieurs rangées de profondeur et
fonça délibérément, au pas de
course, sur les protecteurs des fascistes. Au cours de cette
offensive effréné, de nombreux policiers,
enfoncés et séparés les uns des autres,
furent renversés et piétinés. On
évoqua publiquement le nombre de soixante dix
victimes des " gauchistes ", en réalité de
jeunes antifascistes.
Le soir
même la Ligue communiste révolutionnaire fut
dissoute et interdite par le Ministre de l'Intérieur.
En ce qui concerne le PCMLF, aucune mesure de ce genre ne
pouvait être prise, et pour cause, puisque nous
étions illégaux depuis cinq ans. Alain
Krivine, leader de la LCR, fut
arrêté.
Je
jugeais opportun de ne pas rester à Paris et
rejoignis Marseille, accompagné par deux militants
chargés de ma
protection.
Dans ma
ville bien-aimée, le soir même, se
réunissait un meeting de protestation à
l'initiative du PSU et d'autres
organisations.
Les
militants locaux du PCMLF avaient donné leur accord.
Je décidai de me rendre à cette
réunion. Et découvris, surprise, qu'elle
était présidée par mon vieux camarade
du PCF Jean Espana que j'avais connu naguère au sein
du Mouvement de la Paix. Il avait été exclu
lui aussi un an auparavant. Ignorant ou non la ligne dont
j'allais pouvoir faire l'exposé, les trotskistes
présents dans la salle voulurent s'opposer à
ce que la parole me soit accordée. Mais, soutenu par
les adhérents du PCMLF et par les membres du PSU
présents, je finis par imposer ma présence et
mon intervention. Il est vrai qu'Espana m'appuya en la
circonstance. Mais il ne me donna que cinq minutes de
paroles, comme, disait-il, à chaque intervenant. Les
cris de quelques excités ne
m'empêchèrent nullement d'aller au bout de ce
que j'avais à dire et je réussis à
parler pendant onze minutes. Je proclamais que
l'Humanité-rouge protestait contre l'interdiction de
la LCR et demandait la libération immédiate de
son leader. Les applaudissements couvrirent largement
l'hostilité de ceux qui n'en croyaient pas leurs
oreilles. Un mao défendant un " trotsk ", on n'avait
jamais vu çà ! En vérité tous
ces militants ignoraient le principe tactique du grand
dirigeant chinois : savoir ne frapper qu'une seule cible
à la fois, la cible principale et conserver ses
forces pour ne frapper la cible secondaire que lorsqu'elle
deviendrait à son tour principale après la
défaite de la première. Dans les circonstances
du moment notre cible principale n'était
évidemment pas la LCR, mais le gouvernement qui avait
toléré sinon encouragé la tenue d'un
meeting fasciste à Paris. "
|
Sources :
Actuel -ancienne série- n°36
-octobre/novembre 1973- " Les 7 jours qui
ébranlèrent l'ex-Ligue Communiste "
Antoine Gleizes et Jean-Paul Naury.
|
Rouge n°2023 du 26/06/2003 - " Les
débats. - 21 juin 1973 - Dissous pour
antifascisme " François Duval " -
|
Canal + le 19 avril 2004 " Lundi investigation
-Trotskistes, tout ce que vous avez toujours voulu
savoir…- ".
|
" Mourir à trente ans " film de 1982 -
Romain Goupil -
|
Tract de l'Humanité-Rouge " HALTE A LA
FASCISATION ! " -juin 1973.
|
L'Humanité-Rouge n°192 - Editorial
de Jacques Jurquet 19 juin 1973.
|
L'Humanité-Rouge n°193 - 5 juillet
1973 - article page 1 du 2 juillet 1973
|
Affiche " Tous unis contre la fascisation "
pages centrales HR n°193 - 5 juillet 1973.
|
L'Humanité-Rouge n°193 " Appel aux
militants et sympathisants du PCF " 05/07/73
|
L'Humanité-Rouge n°193 " Le 21 juin
- Riposte de masse au fascisme " 5 juillet 1973
|
L'Humanité-Rouge n°194 -25 juillet
au 5 septembre 1973- article encadré page 1
|
L'Humanité-Rouge n°194 -25/07 au
5/09/73- " Quelques problèmes de
l'unité " page 2
|
L'Humanité-Rouge n°194 -25/07 au
5/09/73- " Après le 21 juin -
Témoignage " page 3
|
Front-Rouge n°78 -5 juillet 1973- "
à propos des théories de la
fascisation " page 4
|
Front-Rouge n°78 -5 juillet 1973- "
à propos de la dissolution de la ligue
trotskiste : Interview d'un militant
marxiste-léniniste " page 5
|
Front-Rouge n°79 -12 juillet 1973- " Un
tournant bien significatif de l'humanité
rouge " p.5
|
Front-Rouge n°79 -12 juillet 1973- " au
cirque d'hiver… le chef de piste s'appelait
marchais "
|
Front-Rouge n°80 -26 juillet 1973- "
à propos de l'emprisonnement de krivine "
|
La fascisation en France -Brochure HR-
André COLERE -2è édition
mi-août 1973.
|
A contre-courant 1983-1986 -Jacques Jurquet -Le
temps des Cerises -2001- p.158-159-161.
|
|