Chaque jour, l’ordre mondial et les intérêts des
groupes impérialistes maintiennent dans la misère et la
famine des centaines de millions de personnes. L’arme
alimentaire est devenue une arme de guerre pour affamer les pays
pauvres qui ne se plient pas à la politique
étrangère des dominants ou aux diktats
économiques du FMI et de la Banque Mondiale. Pourtant, la
Chine a rompu il y a 50 ans avec la domination impérialiste en
se lançant dans un grand bond en avant pour
l’indépendance et le socialisme. Des dizaines de
témoins occidentaux ont rapporté ce qu’ils ont vu
au cours de la période entre 1958 et 1961.
Sommaire:
Introduction
Les famines millénaires ne sont plus une
fatalité
De la Mongolie à la province du Shaanxi
Des grands travaux hydrauliques pour servir le
peuple
De Hankou au Sichuan
La démocratie populaire dans les
Communes
« Sans la commune populaire, nous
n’aurions pas pu supporter la sécheresse.»
Le gouvernement chinois a-t-il mal
réagi?
Une période de conflits sociaux et de lutte
entre 2 lignes
« Ce que peut faire un homme, une femme le
peut aussi »
Une révolution industrielle différente
et l’autonomie ouvrière
La Chine rattrape l’Union Soviétique et
dépasse l’Inde
Quel est le bilan économique du
maoïsme?
Notes
Introduction
Le travail de dénigrement et de falsification des pays
socialistes par les anti-communistes est crucial pour
décourager les pauvres et empêcher de voir
au-delà de leur système impérialiste moribond.
Que le quart de l’humanité s’émancipe comme
la Chine, sorte de la pauvreté, du féodalisme et de la
domination impérialiste en devenant socialiste offre un trop
grand contraste avec l’état misérable du
Tiers-Monde.
Les opérations de révisions historiques sont nombreuses
sur le Grand Bond en Avant mais l’obsession quasi unique des
anti-communistes est de compter « les morts du
communisme ». Le progrès social,
l’élévation du niveau de vie et le bien
être des gens les intéressent peu ou pas du tout.
Quelques exemples. Parmi les 30 millions déclarés de
« victimes au bas mot de la famine» lors du Grand Bond
en Avant, d’après Jasper Becker (Cf. Les forçats
de la Faim dans la Chine de Mao, L’‘Esprit frappeur,
1999), celui-ci inclus les chiffres de la baisse du taux de
natalité de 1959-60 (par rapport à 1958).
Résultat : On atteint une estimation triplée et
sur 27 millions de victime supposés de la faim, 17 millions
n’étaient pas nés ou même pas conçu
à l’époque.
Dans Le Livre noir du communisme (sous la direction de
Stéphane Courtois), Jean-Louis Margolin multiplie tout
simplement par dix les taux de mortalité des années
1958-1961, convertissant en pourcentages les estimations pour mille.
Mais les mystifications anti-communistes ne se limitent pas au Grand
Bond en Avant. Un article du Time Magazine de 1996 affirme que la
Révolution Culturelle a coûté la vie à un
million de personnes tandis que le site web du Dalai Lama parle de 40
millions de morts (1)…
Les articles de l’économiste Utsa Patnaik, de
l’Université Jawaharlal Nehru (Inde), montrent les
formidables réalisations économiques de la Chine de Mao
et dévoilent le mensonge médiatique de la
« grande famine» du Grand Bond en Avant. Un autre
moyen d’aborder cette époque, ce sont les
témoignages des dizaines d’observateurs occidentaux
indépendants qui étaient présent en Chine
pendant et après le Grand Bond en Avant comme les journalistes
Edgar Snow et Tibor Mende, l’agronome français
René Dumont, le sociologue Jan Myrdal et d’autres qui
n’ont jamais vu ou entendu parler de « grande
famine » au cours de leurs voyages à travers le
pays.
En 1960, Edgar Snow qui visite la Chine à cette époque
raconte : «Je me rends compte qu’il existe un mythe
de la « famine générale » qui
sévirait en Chine (…) S’il est actuellement aussi
répandu, c’est grâce à la propagande de la
presse mobilisée dans la guerre froide (...) Pendant mon
séjour en Chine, Look me demanda des informations sur la
« famine » : mes investigations furent
infructueuses et je fus incapable de photographier des gens mourant
de faim, ou mendiant de la nourriture. Personne n’eut
d’ailleurs plus de succès (…)Autant que je sache,
aucun voyageur non communiste, ayant séjourné en Chine
pendant cette période, n‘a apporté la preuve
indiscutable d’une telle famine. Je ne parle pas ici de
rationnement alimentaire, ni de restrictions sur le superflu que
j’ai maintes fois signalé ; je parle de gens qui
meurent de faim, au sens que la plupart d’entre nous donnent au
mot « famine » et dont je fut jadis
témoin. »
Il poursuit : « mes affirmations sont
corroborés par des informations toutes fraîches en
provenance d’observateurs occidentaux ayant
séjourné en Chine plus récemment que moi encore.
Tel est le cas de Gilbert Etienne, l’économiste suisse,
professeur à l’Institut International des Etudes
Supérieures de Genève, qui a publié ses
impressions dans Le Monde ; de même Clare Mc Dermott,
correspondant attitré de l’agence Reuter à
Pékin ; ou encore le docteur Armand Forel, membre de
l’Assemblée Fédérale Suisse ;
à son retour de Chine, en juin 1962 il me fit savoir
« qu’il avait été libre de parcourir
les rues et qu’il n’avait constaté aucun
symptôme de famine, qu’il n’avait rencontré
aucun mendiant, aucun enfant sous-alimenté ou
rachitique. ». (3)
Dans cet article, la plupart des mythes anti-communistes sur cette
période seront abordés à travers les
différents témoignages. Les extraits choisis touchent
plus particulièrement les provinces chinoises
concernées par les chiffres des taux de surmortalité,
calculés et publiés vingt ans après, au
début des années 80. Il ne s’agit pas de dire
qu’il n’y a pas eu de surmortalité. Comme
l’a expliqué Utsa Patnaïk, l’augmentation du
taux de mortalité pendant les années 1959-61 par
rapport à 1958 démontre qu’il y a bien eu une
surmortalité au cours de 1959 à 1961. Nous verrons
pourquoi. Mais comme l’explique aussi Utsa Patnaïk, un
rationnement alimentaire a été maintenu de façon
équitable. La surmortalité c’est produit
indirectement, touchant les populations les plus vulnérables
en soi, même dans une société égalitaire,
comme les femmes enceintes, les enfants en bas âges et les
personnes âgées.
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Les famines millénaires ne sont plus
une fatalité
Il est nécessaire de rappeler l’état social et
sanitaire de la Chine avant la révolution de 1949 car comme
l’écrit un observateur de l’époque,
« ce n’est qu’à l’aune du
passé qu’on peut mesurer le bilan sur lequel
s’édifie maintenant l’avenir de la
Chine ». (4)
Visitant en 1964 la commune populaire de Yang-Ling, dans la province
du Shaanxi, l’agronome René Dumont rappelle la situation
qui prévalait auparavant: « En 1929, une famine
effroyable a sévi sur la région qui aurait fait mourir
40% de la population de cette commune et obligé nombre de
foyers à vendre leurs enfants et leurs terres ; ceux qui
ne pouvaient rembourser leurs dettes étaient odieusement
battus. Là-dessus intervinrent les bandits qui
volèrent, mirent le feu aux maisons, blessèrent des
centaines et tuèrent des dizaines de paysans. La commune est
venue à bout de calamités naturelles du même
ordre –on dit même supérieures–survenues en
1959-1961. Aussi les vieux, qui peuvent comparer les deux
époques, disent que sous la direction du Parti-Mao, on peut
vaincre les calamités. » (5)
Tibor Mende, correspondant pour de nombreux journaux, qui voyagea
longuement à travers la Chine en 1959, rappellent
qu’avant la Libération de 1949, la situation
était telle que « les animaux de trait étant
rares, leur travail était mieux rémunéré
que celui des innombrables laboureurs (…) En 1939, un ouvrier
agricole gagnait en moyenne 0.58 dollars chinois par journée
de travail, sans être nourri ni logé, alors qu’on
payait 1.16 dollars chinois pour un animal de trait. »
(6)
En 1920-1921, la famine avait une nouvelle fois sévit en Chine
du Nord suite à la sécheresse des provinces du Jilin,
Shandong, Henan, Shanxi, et Shaanxi :
« Les statistiques partielles d’un comité
protestant de secours aux victimes estimaient que dans 317 xian
(districts) de ces cinq provinces, 19 millions de paysans sur 48
millions étaient totalement sinistrés (…) On
mangeait les feuilles et les écorces des arbres. On mangeait
les animaux de trait, on mettait en gage le matériel agricole,
on vendait les enfants à la ville pour le travail ou pour le
plaisir. » (7)
Dans un livre consacré à la santé en Chine, le
médecin argentin Gregorio Bermann saluant « le plus
grand mouvement en faveur de l’hygiène et de la
santé publique que le monde ait connu » entrepris
après la Libération, rappelle qu’en 1927,
«le centre de la santé publique de Pékin faisait
savoir que dans la capitale 39.4% des habitants mouraient sans que
leur soit donné aucun soin médical, 44.3%
étaient traités par des médecins pratiquant la
médecine traditionnelle, et seulement 16.3% étaient
traités par des médecins modernes. Dans une des usines
du Nord parmi les mieux équipés, 95% des travailleurs
qui y étaient employés souffraient de trachome, et plus
de la moitié présentaient des symptômes de
malnutrition.(...) Alors que des provinces, surtout les provinces
côtières avec 200 habitants et plus au kilomètre
carré, n’avaient presque aucun médecin, Shanghai
en avait un pour mille habitants (…) En 1949, il y avait pour
toute la Chine 90.000 lits d’hôpital pour plus de 500
millions d’habitants (…) Seul un plan de socialisation de
la médecine, structuré par l’Etat, embrassant
tout le pays, pouvait affronter d’aussi importantes
tâches (…)Avant la Libération, 40% seulement des
habitants de Pékin disposaient de l’eau courante ;
aujourd’hui, 90% l’ont. (…) Depuis la
Libération, 240.000 kilomètres de canalisations
d’eau ont été construits ou remises en
état, à travers tout le pays (…) Au bout de dix
ans, il y avait 1.200 hôpitaux d’une capacité
totale de 467.000 lits, et environ 200.000 cliniques et centres
sanitaires dans les communes rurales (...) Le taux de tuberculose
passa dans ce laps de temps de 230 pour mille à 46 pour mille
à Pékin (en 1958). Les maladies
vénériennes avaient pratiquement disparu. La peste
bubonique et le choléra, qui étaient endémiques
dans certaines régions, avaient disparu, la variole fut
extirpée ; on avait pris la mesure du typhus, des
fièvres récurrentes et des autres maladies
infectieuses. Le taux de mortalité infantile, qui atteignait
300 pour mille dans certaines régions avaient
été réduites au minimum. » (9)
Bermann parle aussi des campagnes de masse pour le diagnostic du
cancer et de la lutte contre le paludisme. « En 1957, neufs
médecins anglais parcoururent la Chine en tous sens et
confirmèrent les déclarations des autorités sur
la situation de la santé publique. Une des interventions les
plus enthousiastes fut celle du Dr Fox éditeur de la revue
Lancet la plus prestigieuse revue de langue anglaise. Il
considérait que les Chinois se trouvaient en avance, dans
plusieurs domaines, dans leur effort de médecine de masse par
rapport au travail de santé publique fait en Angleterre.
Ainsi, dans une région de Chine, le taux de mortalité
infantile était tombé à 22 cas pour mille
naissances, alors qu’il était de 25 pour mille à
Londres » (10)
Lors de la Révolution Culturelle dans les années 60 et
70, on alla plus loin encore en établissant des cliniques dans
les zones rurales les plus éloignés grâce aux
« médecins aux pieds nus »,
c’est-à-dire des paysans qui étudiaient la
médecine préventive et étaient formé pour
répondre aux besoins de santé de base.
Mais revenons au Grand Bond en Avant. Le témoignage d’un
observateur occidental qui aborde le plus longuement la rumeur
propagée par la CIA d’une «grande
famine » est le journaliste américain Edgar
Snow, présent en Chine durant cette période.
Dans un livre de 550 pages, il décrit son voyage en
1960 : « pendant 5 mois(…) dans dix-neuf grandes
villes et 14 des 22 provinces chinoises, j’avais eu plus de 70
entretiens avec des leaders chinois (…)jusqu’au jeunes
cadres et j’avais pu aussi parler librement avec des soldats,
des paysans, des ouvriers, des intellectuels, des avocats, des
journalistes, des acteurs, des pédiatres, des nomades, des
piroguiers, des prêtres, d’anciens propriétaires
terriens, etc. » (11)
Répondant aux accusations qui rendent la collectivisation
responsable des « années noires », Edgar
Snow explique que les inondations, la sécheresse et les
insectes nuisibles avaient ravagé près d’un tiers
des terres cultivées en 1959. Mao et le gouvernement chinoise
s’étaient mobilisés autour des mots d’ordre
« que personne ne meure de faim » et
« servir le peuple ».
« Les restrictions alimentaires n’en sont pas moins
réelles. Ce n’est pas un fait nouveau. (…)Le fait
nouveau est que des millions de gens ne meurent plus de famille,
comme c’était le cas pendant les famines chroniques dans
les années 20, 30 et 40. Le fait nouveau est qu’un
système de rationnement équitable a été
imposé pour la première fois en Chine. Il est à
peine croyable que le gouvernement chinois (quoique l’histoire
puisse au demeurant lui reprocher) ait pu payer en devises des
millions de tonnes de céréales dont l’importation
avait été rendue nécessaire par le
déficit de la récolte de 1960. (…)La restauration
de l’agriculture est la préoccupation principale de la
Chine depuis 1961. (…) Les gouvernants chinois prennent de nos
jours la famine très au sérieux ; pour en
être convaincu, il n’est pas nécessaire de
prêter à la direction du Parti des intentions
humanitaires. Beaucoup d’Occidentaux ne comprennent pas que,
pour ne pas se désavouer lui-même, le Parti doit veiller
à ce que la population soit alimentée. C’est de
sa population que la Chine tire sa force. » (12)
« En général, il faut à la Chine deux
années ou davantage de récolte normale pour se relever
d’une année comme 1960. Mais 1959 avait
déjà été déficitaire et, en 1961,
les précipitations sur les terres à blé de la
Chine du Nord ne furent guère plus abondantes qu’en 1960
(…) Les récoltes de ces années furent
anéanties ou insuffisantes, sur des superficies telles
qu’une famine catastrophique eût jadis été
inévitable. Or elle fut évitée, pour les raisons
suivantes : d’abords parce que le rendement dans quelques
provinces favorisées fut exceptionnellement bon ; ensuite
le régime de collecte et de distribution des
céréales fut tant bien que mal maintenu en dépit
des conditions de transport encore très archaïques, par
l’exploitation des terres marginales ou par l’affectation
de tous terrains privés ou communaux à l’usage de
jardins de fortune ; un rationnement strict mais
équitable fut imposé par des gens parfaitement
conscients du caractère critique de la situation à
l’échelon national, pour l’Etat
l’application de ces mesures fut facilitée par
l’interdépendance et l’entraide mutuelle qui
caractérisent toute société collective ou
communautaire.» (13)
« Un spécialiste étranger des questions
agricoles a fait une étude (…)Des tests effectués
dans 586 cantines communales, en 1958 et 1959,
révélèrent que des paysans absorbaient une
alimentation qui apportait 2 245 calories par individu et par jour au
mois d’août, et jusqu’à 3000 et 4000
calories pendant la saison pénible de la moisson.
Protéines, graisse, hydrates de carbone, calcium et vitamines
furent généralement trouvés à suffisance.
La conclusion de l’auteur était que, même en 1961,
la nourriture bien que monotone et manquant d’aliments
protecteurs, considérés comme essentiels dans la
consommation de type occidentale, étaient suffisants pour
maintenir la population chinoise en
bonne santé et dans des conditions favorables au
travail.(…)Ma propre conclusion basée sur des
observations faites sur place et sur des faits indiscutables, est que
le minimum de « la ration alimentaire moyenne »
d’un Chinois de la ville en 1960-62, variable suivant les
saisons, représente environ 1 350 à 1450 calories par
jour, sous forme de céréales ou de produits
équivalents. Cela signifie que la ration minimale de
céréales est tombée pratiquement au niveau de la
« mauvaise année » de 1952 (…) La
situation s’est graduellement améliorée depuis
1960 et actuellement les disponibilités alimentaires de la
Chine sont certainement bien meilleures qu’on le suppose
à l’étranger. Le gouvernement a
« constitué des réserves
fraîches » de grain, ainsi que Mao Tsé-toung
l’a précisé ; les rations sont devenues
quantitativement plus substantielles que par le
passé. » (14)
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De la Mongolie à la province du
Shaanxi
Au cours de son voyage, Edgar Snow visite le Nord-Ouest de la Chine
en particulier Baotou en Mongolie, gravement atteinte par la
sécheresse. «Le rationnement existait évidemment
dans le pays
comme partout ailleurs, mais je ne vis ni mendiants, ni gens mourant
d’inanition, ni marmots déguenillés. Du reste,
les ouvriers d’aciéries et des industries lourdes, comme
les mineurs, bénéficient, d’un bout à
l’autre de la Chine, de rations prioritaires. »
(15)
Il visite aussi le Shaanxi. « Vers la mi-septembre 1960, la
presse américaine commença à faire état
de nouvelles, venant de Hong Kong, sur la famine saisonnière
en Chine. J’ai déjà dépeint la situation
d’une région gravement atteinte par la
sécheresse : Baotou. Hongkong disait que l’autre
zone affectée était le Shaanxi : le bruit courait
que les gens y vivaient de deux repas par jours de « riz
à l’eau ». Par ailleurs, quelque
impressionnante que puisse être l’industrialisation de la
Mandchourie, on pouvait mieux juger, comme je l’ai
déjà dit, de l’impact du nouveau régime
dans des régions que la vie moderne avait auparavant peu
touchées. Et peu avaient été aussi retardataires
que l’arrière-Shaanxi et, dans la vallée du
fleuve Jaune les terres qui bordent les parties droites de son cours
moyen. J’avais fait de longues expéditions dans toute
cette province au temps où la guerre faisait les jours
véritablement austères, et ces terrifiantes vieilles
collines de lœss exerçaient encore sur moi un attrait
sentimental.» (16)
Ce que voit le journaliste américain n’a rien avoir avec
la campagne de désinformation américaine.
« La Chine du Nord-Ouest est géographiquement plus
vaste que l’Inde et possédait autrefois moins du
dixième de la population de ce pays mais le nouveau
régime a donné au développement de cette
région une priorité numéro 1. (…)
Dans la vallée du fleuve Wei, les récoltes
étaient particulièrement luxuriantes et abondantes.
Nous n’étions plus dans une région de pure
économie agricole. Où je me gardais en mémoire
que des villages et agglomérations urbaines,
disséminés le long du fleuve, s’étendaient
maintenant des forêts de cheminées d’usines, des
dédales d’embranchements ferroviaires et
d’importantes villes industrielles.» (17)
Dans le Nord de la province, « les résultats obtenus
étaient maintenant déjà suffisamment
impressionnants (…)Des milliers de mètres carrées
avaient été construits en terrasses en profil, et
parsemés de pins, de vastes verges et vignobles. On vint
à bout de pentes très raides et des ravins, et les rus
et les ravines furent hermétiquement arrêtés par
des barrages de contrôle, des bassins de captation des eaux, et
des digues en terre, entre des centaines de corniches en palier qui
retenaient et enrichissaient fortement le sol utile. Ce que les
Suisses ont fait avec leurs terrasses en moellon
(édifiée au cours des siècles) autour du Lac
Léman pour garantir leurs précieux vignobles, se
reproduit ici aujourd’hui sur une large échelle dans des
digues de boue et de terres hautes de deux mètres environ, et
larges de trente à soixante centimètres. Des
systèmes très étudiés de drainage et de
contrôle retiennent et dirigent le limon ; la
productivité des champs anciens a été
doublée ou triplée, des terres neuves ont
été gagnées, les dangers d’inondation
grandement réduits et des réservoirs d’eau propre
prévus pour les besoins des hommes, et pour l’irrigation
et l’énergie dans les vallées. »
(18)
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Des grands travaux hydrauliques pour
servir le peuple
Une des raisons qui empêchèrent que les mauvaises
récoltes ne deviennent une catastrophe humanitaire se sont les
barrages et les réservoirs hydrauliques construits durant
cette période. Dans La Chine et son ombre, Tibor Mende
explique pourquoi « ces ouvrages ne servent pas seulement
à préserver les récoltes des inondations,
à contrebattre les effets de la sécheresse, ils gardent
les eaux en réserve pour l’irrigation, et favorisent
l’extension des moissons bi-annuelles (…) Les 16 millions
d’hectares déjà irrigués se sont
élevé à 70 millions au cours de la
dernière décade : un sixième des terres
cultivées en 1949, les deux tiers en douze ans (…) En
1958, la surface des terres cultivées s’élevait
à 1 617 millions de mu (le mu égalant 0.06 hectares).
La surface irriguée en 1952 était de 320 millions de
mus, qui passa en 1958 à 1.000 millions de mus. On y ajouta 70
millions de mus en 1959 et 60 millions supplémentaires sont
prévus pour 1960. Ainsi, à la fin de 1960, la
totalité des terres irriguées doit être de 1.130
millions de mus environ (…) L’effort des hommes a encore
fait merveille dans le domaine du reboisement. Les campagnes
chinoises ont changé de visage parce qu’on y voit
maintenant des arbres. Sauvagement dépouillées de leurs
forêts, les montagnes dénudées ont
été les principales responsables des calamités
naturelles qui ont si souvent dévasté le pays. Pendant
ces dernières années, des centaines de
kilomètres de rideaux végétaux ont
été plantés, et les collines qui bordent les
rivières commencent à reverdir. De chaque
côté des routes poussiéreuses, s’alignent
des peupliers et des acacias. Des sapins, rangés par quatre,
montent la garde le long des voies de chemin de fer. Ces millions
d’arbres fraîchement plantés retiendront le sol et
les eaux, préviendront les inondations et la
sécheresse, et fourniront plus tard le bois de charpente dont
on a tant besoin. Depuis 1962, les surfaces reboisées sont
passées d’un million de demi d’hectare à
presque 60 millions d’hectares, et l’on espère
qu’en dix ans, les espaces forestiers auront
doublé. » (19)
Dans la province d’Anhui, se déroule aussi un projet
d’irrigation gigantesque, dont la construction a demandé
neuf ans. Rejoignant trois rivières par de nombreux canaux
creusés parmi montagnes et collines, il irrigue environ
350.000 hectares, fournissant un réseau de navigation
intérieure, des viviers à poissons et de
l’énergie. (20)
Edgar Snow visite «les barrages-réservoirs de Kuanting et
de Miyun(Hubei) et celui de Sanmen (qui) représentaient trois
de la douzaine des
nouveaux grands travaux de retenue des eaux qui avaient
été terminés dans le cadre d’un programme
national prévoyant plus de quatre cent barrages principaux,
alors à des stades divers de construction ou de
préparation » (21) «Le barrage de Sanmen
était en 1960, le troisième lac de retenue du monde,
assurait l’irrigation et protégeait de
l’inondation 2.700.000 hectares (…) Il y a des
années, des spécialistes américains des
problèmes de la famine, parmi eux l’éminent O.J.
Todd, avaient partiellement entrevu la solution radicale
exigée pour la domestication du fleuve Jaune (Yang
tsé). Pourtant pas un gouvernement chinois n’a entrepris
ce travail gigantesque avant 1954, date à laquelle le
gouvernement de Pékin institua la Commission de planification
du fleuve Jaune. La question fut très largement
étudiée et un plan à fins multiples fut
prêt en 1955. Les travaux commencèrent réellement
en 1956 (…) En novembre 1960, la Chine à juste titre
avec un an d’avance sur le programme, pouvait prétendre
avoir « radicalement » rossé le
Dragon-dieu du Fleuve, que les paysans superstitieux
s’étaient attachés depuis des siècles
à se rendre favorables. » (22)
Autre région visitée par Snow, durement touchées
par les inondations et victime « d’une grande
famine » selon la presse réactionnaire : le Hunan,
en particulier les villes de Lo-Yang et Chen Tcheou.
« J’ai visité en dehors de Lo-Yang, une
importante brigade de production rurale, appelée Kouei-tcheou,
composée de 2000 membres répartis en cinquante
équipes (…) Selon les renseignements que me fournirent
les cadres, il n’avait plu dans le Hunan que 14 jours sur les
300 qui venaient de s’écouler, avec une
précipitation totale inférieure à 4
centimètres. C’était la pire sécheresse
que la province ait connue depuis 50 ans, et pourtant disaient-ils,
le Hunan aurait une récolte suffisante pour se nourrir. Dix
millions de mou étaient maintenant irrigués par un
système de canaux et de puits. (Des millions de paysans ne
furent pas moins pris dans des zones sans eau suffisante. Mais au
lieu de rester dans le désert à attendre la famine
comme autrefois, ils ont pu, grâce à
l’organisation des Communes populaires, se déplacer
momentanément vers des exploitations plus heureuses où,
pour leur nourriture, ils travaillaient à
l’amélioration du sol, à des travaux de
construction, en ateliers ou à d’autres tâches.)
Kouei-tcheou, elle, avait une récolte superbe. Un large canal
à débit rapide, amené depuis le fleuve Yi,
traversait le village (...) et depuis 1957, 9 petits groupes
hydroélectricités ont été construits par
la municipalité. » (23)
Discutant avec un vieux paysan, Edgar Snow lui demande s’il a
reçu de la terre dans le partage des terres fait à la
Libération. « Nous avons reçu six mous pour nos
familles, répondit-il (…) Maintenant c’est une
partie des terres de la tui (brigade). Est-ce que la récolte y
est maintenu plus grosse que du temps où vous cultiviez en
famille ? demande alors Snow. « Quatre fois plus.
Nous n’avions pas de canal à l’époque et
qui pouvait acheter de l’engrais, des tracteurs, qui pouvait
avoir de « l’énergie » ?
(…) Sans le canal, nous serions morts de faim une année
comme celle-ci». (24)
Snow évoque aussi le deuxième barrage, par la taille,
sur le fleuve Jaune à Lanzhou dans le Gansu. Il devait
produire autant d’énergie qu’à Sanmen.
« Trois autres grands barrages et bassins de retenues, 41
moins importants, dont certains sont déjà construits,
parachèveront un système de réservoirs dont la
capacité totale dépassera le volume d’eaux que
déverse le fleuve Jaune en une année (…) Cette
puissance installée représente quatre fois celle de la
Chine avant la guerre, et dépassent de 40% la capacité
de l’Inde en 1960 ».(25)
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De Hankou au Sichuan
Dans le centre de la Chine, Snow visita Hankou qui fait partie de
Wuhan (Hubei) où fut construit le complexe industriel
probablement le plus vaste de tous ceux qui furent projetés et
réalisés à l’époque avec
l’aide des Soviétiques.
Au Sichuan, explique le journaliste américain, « je
n’avais guère mieux à faire qu’à
noter les transformations observables à Chungking même
et dans ses environs. Les Américains qui ont
résidé ici pendant la guerre auront quelque peine
à croire que la ville soit devenue presque propre. Des rues
pavées ont remplacé les allées boueuses, 400 Km
d’égouts, et les efforts des équipes sanitaires
de blocs ont détrôné et presque
éliminé les rats (…) Sans conteste, c’est
le changement le plus spectaculaire observable à Chungking et
dans le reste du Sichuan, par la mise en service de moyens de
communications modernes. Dans le Sichuan de jadis les transports
s’effectuaient à dos d’homme, qu’il
s’agisse de charbon, de porcs, ou de pèlerins en route
vers les monts sacrés de Omeï Shan. Cela coûtait
moins cher d’user des hommes que d’entretenir des routes
(…) Sous le nouveau régime, le chemin de fer
Chungking-Chengtu (480 Km) fut construit en deux ans et
l’exploitation commença en 1953. En 1956, la section
Chengtu-Paochi, plus longue (650 Km) et d’un tracé plus
tourmenté, fut ouverte à la circulation (…) et
relie le Sichuan au Nord-Ouest et à tous les points de la
Chine du Nord. D’autres voies ferrées sont en cours de
réalisation en direction du Sud (…) La ligne
Chungking-Hankéou dont un tiers seulement est terminé
joindra le Sichuan à la moyenne vallée du
Yang-tsé.» (26)
«La longueur des routes construite en 1949 (8000 km) a
été triplée en 1960. Particulièrement
impressionnante est à cet égard la nouvelle route qui
relie, sur 2250 Km, Yen-An, près de Chengtu et Lhassa,
constituant l’une des trois grandes routes construites depuis
1949 pour aller de Chine au Tibet. Sur cette route furent
transportés les générateurs géants,
construits à Chungking, et destinés à la
Centrale électrique de Lhassa(…) Le Sichuan s’est
rapidement industrialisée de façon à produire
tout ce qui contribue à créer des moyens de transports
modernes »(28). Finalement, « la région a
une production alimentaire excédentaire (…) et a lui
seul serait en mesure d’expédier vers d’autres
régions suffisamment de denrées alimentaires pour
atténuer les effets des ruptures de stock chroniques
constatées dans les zones orientales et méridionales,
balayées par les typhons ou victimes de la sécheresse.
(…)les mesures sanitaires et le contrôle de la
santé publique ont donné dans le Sichuan des
résultats qui n’ont rien à envier à ceux
des autres régions de l’intérieur ».
(27)
Au terme de son voyage, Edgar Snow pouvait constater :
« Je n’ai pas observé de communes qui aient
été des « échecs »
flagrants. Tant dans le Hunan qu’à Baotou, j’ai vu
un pays peu gâté par la nature et d’une
façon générale, j’ai choisi librement mon
itinéraire. J’ai décrit aussi fidèlement
que possible ce que j’ai vu et appris dans des fermes où
les conditions étaient loin d’être idéales,
ou même simplement approchant de la prospérité
occidentale. Et pourtant ce que j’ai vu et entendu c’est
moins qu’un éminent journaliste américain
n’en avait appris sur la Chine, lors d’une visite
qu’il avait faîte à Macao, un an auparavant. En
arrivant à Sian à mon retour de Yenan, je trouvai
quelques lettres qu’on m' avait fait suivre. Dans l’une
d’elles, il y avait des coupures de presse dépeignant
les conditions de vie en Chine en novembre 1959. L’auteur en
était Joseph Alsop. Examinant la situation de la colonie
portugaise, Mr. Alsop écrivait « qu’ une
famine dévorante, aggravée par les conditions de vie en
Chine sont celles de forçats, régnait désormais
dans toute la campagne chinoise ». Il affirmait ensuite que
les « graisses et les protéines…
n’étaient plus dans les communes que des rêves du
passé. » Dans « beaucoup »
d’entre elles, il fallait travailler « seize heures
par jour pendant au moins la moitié de chaque
mois ». Il avait aussi appris, toujours à Macao
où les communistes font de la propagande, mais le Kuomingtang
aussi qu’on signalait de « nombreux cas de gens
mangeant de l’herbe (…)et des feuilles » en
Chine, et que « des paysans étaient forcés de
travailler debout, 24 heures par jours pendant deux à quatre
jours. » J’ai une certaine expérience
personnelle de la manière de déceler la privation parmi
les réfugiés de guerre. Dans les zones de famine des
temps passées, j’ai vu des centaines de chinois se
nourrir réellement d’écorces, de feuilles et
même de boue. Ils ne travaillaient pas seize ou vingt-quatre
heures par jour ; ils étaient en train de mourir.
Après une rapide visite à Hongkong et un autre coup
d’œil à travers le rideau de bambou au début
de 1961, M. Alsop battit ses confrères du lieu avec un
‘scoop’ encore plus sensationnel. Il
télégraphia à son journal que les Chinois en
étaient réduits à se nourrir de placenta humain.
Le très célèbre éditorialiste du Herald
Tribune prétendait tenir cette information
« d’une infirmière qualifiée de la
Chine du Nord dont l’équilibre personnel ne faisait
aucun doute. » (29)
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La démocratie populaire dans les
Communes
L’enquête du sociologue suédois Jan Myrdal est un
autre témoignage capital sur la période du Grand Bond
en Avant. Il retrace la vie quotidienne en 1962 de Lieou Lin, un
village de la province du Shaanxi qui avait perdu une bonne partie de
ces récoltes pendant les années 1959-1960 à
cause des mauvaises conditions climatiques.
Jan Myrdal explique qu’il vécut avec des amis dans le
village tout le temps de l’enquête et qu’il a pu
librement parler avec les villageois, qu’ils
n’étaient « en aucune sorte des invités
du gouvernement chinois et ce voyage a pu être effectué
par nos propres moyens ».(30)
Les villageois expliquent eux-mêmes comment ils se sont
organisés collectivement. Interrogé, Tsin Tchong-ying
de l’équipe de culture maraîchère retrace
l’histoire de la formation des communes populaires :
« En 1955, on a transformé la coopérative
agricole de Lieou-lin en coopérative agricole avancé
«L’Orient est rouge »( …) Depuis 1955 la
vie s’est améliorée. Il n’y a pas eu de
changements spectaculaires mais la vie est devenue meilleure peu
à peu, d’année en année. Avec la
transformation de la commune populaire en 1958.(…) Nous
décidons nous-mêmes notre méthode de travail et
ce que nous allons cultiver. La direction est collective, car nous
discutons toutes les questions jusqu’au moment où tout
le monde est d’accord. » (31)
Ma hai-hiu, un autre membre de l’équipe
maraîchère, raconte ses réticences au
début de la collectivisation et comment il les dépassa.
« J’ai trouvé que notre terre était
bonne et qu’elle était meilleure que celle des autres
dans la montagne et j’ai pensé que je ne voulais pas
entrer dans une coopérative agricole : il était
suffisant d’être membre de l’équipe de
production pour l’aide mutuelle. Après de longues
discussions et plusieurs réunions et beaucoup de propagande,
j’y suis tout de même entré en novembre ou
décembre 1953 (…)En 1954, les autres villageois se sont
également joints à la coopérative agricole. Ils
voyaient que tout marchait mieux pour nous qui en faisions partie
(…)en 1955,nous avons eu une récolte moyenne. A peu
près comme d’ordinaire. Après cette
récolte, nous avons discuté pendant un mois pour savoir
s’il fallait fonder une coopérative agricole
avancée. J’étais pour. Il y avait une
majorité pour. Ca va mieux quand il y a davantage de gens.
Mais il ne pouvait y avoir de répartition de terre tant
qu’une minorité était contre. Ils disaient :
« Ce n’est pas la liberté. Nous n’avons
plus le droit de décider ce qu’on va cultiver sur nos
terres. Nous ne voulons pas que d’autres décident de
nous. ». Mais la plupart trouvaient que la
coopérative agricole avancée était juste, parce
qu’on pourrait mieux exploiter la terre. C’était
plus rentable de faire des plans prévoyant plus de gens, plus
de terres et plus de ressources. Le travail en devenait meilleur et
tout le monde vivrait mieux. Finalement nous nous sommes
tombés d’accord pour et nous avons fondé la
coopérative agricole avancée avec quelques autres
villages de la région». (32)
Il aborde alors la venue des mauvaises récoltes.
« L’automne après la fondation de la commune
populaire, j’ai travaillé dans le village de
Wang-kia-kou pour le canal. Nous étions 200 à y
travailler, nous habitions nos propres grottes et nous allions tous
les jours à Wang Kiakou. En 1959, je me suis aussi
occupé du réglage des eaux
(…)C’était une année moyenne comme
d’habitude. 1960 a été mauvais et sec. 1961
passable. Un peu mieux que la moyenne (…)1962 a l’air de
devenir une mauvaise année : la récolte sera sans
doute mauvaise. Pourtant, la vie est meilleure que jadis.»
(33)
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« Sans la commune populaire,
nous n’aurions pas pu supporter la
sécheresse. »
Le président de la brigade de production, Fong Tchang-ye,
explique que de son côté : « la fondation de
la commune populaire comportait une transformation du système
d’assistance sociale (…) nous avons pu augmenter
considérablement ces allocations. Nous pouvons
désormais verser une aide non seulement à ceux qui sont
malades mais aussi aux familles qui, pour une raison ou une autre,
ont éprouvé de difficultés. Il peut s’agir
de familles nombreuses où il n’y a que peu de membres en
mesure de travailler, il peut s’agir d’une aide fournie
à des gens venus de l’extérieur et qui
désirent s’établit dans la commune ou de jeunes
gens qui veulent fonder un ménage. Mais le principe est le
même qu’auparavant. Les équipe de production
décident la part de récolte qui sera affectée
à çà et, ensuite, le comité
d’administration de la brigade de production dispose des
allocations pour chaque famille, sur la proposition des
équipes de production (…)
Le travail est la seule base. On ne peut pas demander l’aide
sociale au ciel. Il faut que ceux qui travaillent soient
eux-mêmes d’accord pour décider de
l’importance de la part qu’ils sont disposés
à donner à leurs voisins qui ont des
difficultés. C’est une question de responsabilité
et de solidarité sociale. On ne peut pas résoudre cette
question en enlevant aux travailleurs la possibilité de
décider eux-mêmes. Sinon, on diminue la conscience
sociale et la solidarité cesse. Il n’y a donc pas de
différence non plus en ce qui concerne ceux qui ont le droit
de décider : la décision incombe toujours aux
membres des équipes de production et à leur
assemblée générale. Ca aussi c’est
nécessaire dans une société démocratique.
Il faut que ceux qui travaillent prennent eux-mêmes la
responsabilité. La différence réside en ceci
qu’avec l’introduction de la commune populaire et
à la suite des campagnes de propagande que nous avons faites,
la conscience sociale des membres s’est accrue et leur
sentiment de responsabilité s’est affirmé au
point qu’il a été possible d’introduire un
système d’assistance social rationnel (…)
La responsabilité mutuelle des membres est aussi l’un
des points essentiels de notre travail de propagande. En même
temps, il faut veiller à ce que les allocations sociales ne
prennent pas une extension telle que l’assistance sociale
devienne plus importante que le revenu des travailleurs. Il ne faut
pas saper la valeur du travail. Mais il faut veiller à ce que
tous les hommes même ceux qui pour différentes raisons
traversent des difficultés, puissent vivre une vie
convenable.(…) La maladie, la mort et les accidents ne sont
plus des catastrophes. Les citoyens vivent maintenant en
sécurité. Si toute la brigade de production
était frappée par quelques catastrophes naturelles, il
y aurait la possibilité de demander de l’assistance par
l’intermédiaire de l’administration du hien. La
commune populaire comporte une garantie de sécurité
pour ses membres. C’est ce désir de
sécurité qui, en grande partie, se trouve à
l’origine des communes populaires. Même la
coopérative agricole avancée était trop petite
pour offrir de véritables garanties. » (34)
Au début du Grand Bond en Avant, des petits hauts fourneaux,
décriés par les spécialistes occidentaux, furent
construits localement. « De septembre 1958 à
février 1959, nous avons essayé d’exploiter le
fer selon les méthodes locales. Dans nos montagnes nous avons
aussi bien le charbon que le fer. Nous avons construit un bas
fourneau et j’étais responsable des travaux. Il y avait
70 personnes qui y travaillaient et qui recevaient des points de
travail comme pour tout autre travail. Mais c’était un
cas unique. Je ne me souviens pas des chiffres exacts, mais, autant
que je me souvienne, ce n’était pas rentable. Il vaut
mieux que tu te renseignes auprès des bureaux de la commune
(…)Cependant ce n’était pas une question de
rentabilité. Nous avons appris la technique et c’est bon
de la connaître au cas où quelque chose arriverait
», explique le président de la brigade de production,
Fong Tchang-ye. (35)
De son côté, Lieou Sin-min, 32 ans, cadre du Parti,
revient sur cette période : « En 1958-1959,
nous avons fabriqué du fer selon les vieilles méthodes.
Nous exploitions notre propre minerai et pendant 4 mois,
d’octobre 1958 à janvier 1959, 67 ouvriers
étaient occupés à cela (mais) chaque tonne de
fer que nous produisions équivalait à la perte de
près de dix journées de travail. Nous avons donc
décidé de ne pas continuer cette expérience.
Cependant, il faut dire que nos ouvriers ont appris cette technique
et de plus, l’expérience était d’un certain
intérêt puisqu’en 1958-59, au moment du
« Grand Bond », il était difficile
d’acheter du fer. Au cours de la réunion où nous
avons discuté de la question après cette
expérience, nous avons trouvé que l’essentiel
était cependant le fait que nous pouvions de nouveau
acheté du fer et qu’à partir de ce
moment-là nous avions aussi la possibilité
d’utiliser notre main d’œuvre dans
l’agriculture où nous en avions plus besoin. »
(36)
Li Kouei-ying, une des femmes pionnière de la Commune raconte
à son tour la situation pendant les mauvaises récoltes:
« L’hiver 1958-1959, nous avons accompli de grands
travaux d’irrigation. Nous avons construit des champs en
terrasses et ceci nous avons pu le faire à
l’intérieur de la commune populaire car nous avions
arrangé un échange de travail entre les brigades. La
sécheresse a été dure en 1959. Nous avons
dû mener un dur combat contre la nature. Mais la récolte
de 1959 n’a pas été mauvaise du tout et cela a
confirmé les membres dans leur pensée que la commune
populaire était la bonne formule. Sans la commune populaire,
nous n’aurions pas pu supporter la
sécheresse. » (37). A côté,
« nous nous sommes tout le temps appliqué à
enseigner l’hygiène et les soins aux malades mais
surtout depuis 1958, lorsque nous avons fondé la commune
populaire. Le travail d’hygiène a été
mieux organisé à ce
moment-là. »(38)
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Le gouvernement chinois a-t-il mal
réagi?
Un des grands enjeux du gouvernement chinois et des maoïstes
pendant cette période fut de planifié un système
qui nourrisse à l’avenir une population en pleine
explosion démographique. Le critère social était
« Faire la révolution, promouvoir la
production », slogan finalement résumé au
cours de la révolution culturelle.
René Dumont qui se rendit dans le Guangxi et le district de
Hsin Houeï près de Hongkong visita des réseaux
hydrauliques (pompes, digues, réservoirs d’eau) et de
petites usines pour les cultures.
A Hsin Houeï, « on a construit 389 km de lignes
électriques à haute tension et 300 stations de pompage,
soit 10 000 kW de puissance installée, assurant la
maîtrise de l’eau sur 90% des terres. Elles suffisent
à l’irrigation, même avec une sécheresse du
type de 1963 ; et elles assurent le drainage , même avec
des inondations comparables à celles de 1959-1961»
(39)
Les anticommunistes présentent l’attitude du
Président Mao et du gouvernement chinois devant les
difficultés que connurent la Chine comme irresponsable et
utopique. En réalité, c’est exactement le
contraire qui s’est passé: les mesures énergiques
prises par le gouvernement chinois empêchèrent la Chine
de connaître « une grande famine » comme
par le passé lorsque les gens mourraient de faim, errant sur
les routes et vendant leurs enfants.
Devant l’ampleur des catastrophes climatiques,
l’approvisionnement alimentaire de toutes les provinces devint
la priorité pour le gouvernement. Celui-ci décida
d’importer des céréales pour maintenir une
réserve alimentaire.
De décembre 1960, lorsque s’effectuent les
premières livraisons de céréales
jusqu’à fin 1963, environ 16 millions de tonnes de
céréales (blé, farine de blé, orge et
maïs) furent livrées. Le Canada, l’Australie
étaient les principaux fournisseurs mais aussi
l’Allemagne fédérale et la France. Le 14 juillet
1959, un arrêté d’urgence pris conjointement par
le Comité Central et le Conseil d’Etat fut pris à
propos des calamités naturelles.
L’Armée Populaire de Libération fut largement
mobilisé. Selon l’agence Xinhua, en 1960,
« les officiers et les soldats de l’APL ont fourni
plus de 46 millions de journées de travail productif, dont
plus de 70% ont été consacrées à aider
les communes populaires pour les travaux hydrauliques et pour les
semailles et les récoltes. L’automne dernier, les hommes
de l’APL ont aidé aux récoltes sur une surface de
6.55 millions de mus.» (40)
Mao insista pour que les régions sinistrées ne soient
soumises à aucun prélèvement de grain ou
d’autres aliments de base. Les paysans consommèrent sur
place tout ce qu’ils produisirent et les villes subirent un
rationnement très strict. « On n’a jamais
évalué à sa juste valeur l’exploit
réalisé par le Gouvernement chinois, qui réussit
à maintenir la stabilité des prix et assurer le
ravitaillement de plus de 600 millions d’individus. Cela
représente une organisation incroyable. En 3 ans, le pays
retrouva son équilibre, et en 1964 on commençait
d’enregistrer de petits excédents de viande,
d’œufs et de légumes.» (41)
Il ne s’agit pas d’avoir une vision angélique car
le gouvernement fit des erreurs comme au début du Grand Bond
en surestimant les chiffres de production en 1958 mais il
s’agit de comprendre comme on l’a vu que ce fut une
situation agricole très dure et avant tout une intense
période de lutte de classes et de bataille pour la production.
N’oublions pas que lorsqu’ils parlent avec horreur
d’échec ou de désorganisation, c’est
précisément de cela dont font référence
les anti-communistes.
Très vite, les communistes chinois adaptèrent leur
politique économique de planification qui consista en une
direction centralisée et en une gestion
décentralisée. Dans la pratique, les paysans
regroupés collectivement dans les communes disposaient comme
toujours de leurs moyens de production, mais organisaient aussi leur
travail, contrôlaient la production et la distribution de
celle-ci tout en adhérant à la politique
économique centrale, élaborée sous la direction
de la classe ouvrière et du Parti Communiste pour
éviter une logique de compétition et de
différentiation d’intérêts entre
régions et unités de production comme en
Yougoslavie.
Utsa Patnaïk explique comment les estimations chiffrées
de la formation du capital collectif de 1955 à 1977 comme les
grands travaux ont été sous-estimés car les
universitaires étrangers ont ignoré dans leurs
études l’investissement en travail non-monétaire.
Ainsi, dans les zones rurales, la formation du capital,
n’était pas mesurable et a souvent été
exprimé non en terme de valeur mais en terme de volumes, comme
le volume de terres déblayées par les grands travaux,
les terres conquises et les terrassements, le nombre de barrages
hydrauliques construits, ou encore le nombre de canaux assainis,
etc.
De même, dans une société égalitaire, la
qualité de la vie ne se résume pas au pouvoir
d’achat. Avec les Communes, il y a « un certain
nombre de services qu’on ne peut pas évaluer en termes
monétaires : services de santé, écoles,
routes, moyens de communications, et parfois même courant
électrique. Tout ceci ajouté à d’autres
satisfactions telle que la protection contre les fléaux
naturels, la diffusion de l’enseignement qui favorise
l’avenir des enfants, et le recul de la maladie, compense
peut-être l’austérité du régime
alimentaire des paysans. » (42)
L’éducation est aussi un secteur qui ne peut pas
simplement se mesurer en termes comptables.«La construction
d’écoles et la formation de maîtres ont fait
passer les effectifs des écoles primaires de 51 millions en
1952 à 90 millions en 1959, et l’on prévoit
qu’ils atteindront 110 millions à la fin de 1960. Le
nombre d’élèves des établissements
d’enseignement secondaire qui dépassait
légèrement 3 millions en 1952, était
monté à 13 millions en 1959 et pourrait dépasser
sans doute 14 millions à la fin de 1960 (…) Autrefois
les étudiants chinois qui entraient dans les
universités appartenaient presque exclusivement aux classes
des commerçants et des intellectuels, comme c’est
d’ailleurs le cas dans maints pays d’Occident ; on y
rencontrait très rarement des fils d’ouvriers et de
paysans. Chaque fois qu’il m’a été
donné de visiter une université chinoise, on m’a
toujours fait remarquer que les choses avaient radicalement
changé. Entre 1952 et 1958, d’après les chiffres
officiels, le nombre des étudiants d’origine
ouvrière ou paysanne aurait augmenté de 30 à 50
pour cent (...) Les femmes –il faut le signaler
également- sont de plus en plus nombreuses dans les
écoles chinoises. Dans les Instituts d’Enseignement
supérieur, la proportion de leur nombre est passée de
18% à 23% entre 1949 et 1958 ; de 20 à 31% dans
les écoles d’enseignement technique ; et d’un
quart à un tiers dans les écoles primaires. »
(43)
Cette nouvelle génération éduquée de
jeunes issue de la classe ouvrière et paysanne fera parler
d’elle quelques années après pendant la
révolution culturelle dans sa lutte contre les vieilles
idées, les méthodes conservatrices et le danger de
restauration capitaliste.
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Une période de conflits sociaux et de
lutte entre 2 lignes
Le Grand Bond en Avant fut une période de luttes sociales dans
les campagnes pour décider de l’avenir du socialisme, un
large mouvement populaire de socialisation et d’autosuffisance
‘venue d’en bas’ entrepris par les paysans les plus
avancé. Ce mouvement fut soutenu et
généralisé par Mao et la gauche du Parti et
devint une lutte entre 2 lignes au sein du Parti Communiste Chinois
et dans l’ensemble de la société. La question de
savoir si la Chine allait suivre la voie capitaliste ou la voie
socialiste était loin d’être résolu.
Selon la perspective socialiste, la réforme agraire
n’est en soi qu’une mesure bourgeoise même si elle
constitue la condition nécessaire pour que tout autres
changements soient possibles. Ainsi que l’explique Mao,
« la nouvelle démocratie est une révolution
bourgeoise démocratique sous la direction du
prolétariat. Elle ne touche que les propriétaires
fonciers et la bourgeoisie compradore, elle ne touche pas du tout la
bourgeoisie nationale. Distribuer la terre aux paysans, c’est
transformer la propriété des féodaux en
propriété individuelle des paysans et cela reste dans
les limites de la révolution bourgeoisie. Distribuer la terre
n’a rien de remarquable. Mac Arthur l’a fait au Japon.
Napoléon l’a fait aussi. La réforme agraire ne
saurait abolir le capitalisme pas plus qu’elle ne saurait mener
au socialisme » (44)
En 1950, pendant la première vague de collectivisation, la
lutte des classes avait été vive dans les villages. Les
paysans riches refusaient de vendre à l’Etat le grain,
le coton et l’huile à prix fixe. Ils concluaient
directement des contrats avec les organisations urbaines
conformément au projet de « marché
libre ». Han Suyin raconte dans Le premier jour du monde
que le revenu de certains paysans riches augmentait plus rapidement
que « le revenu global du village auquel ils
appartiennent». (45)
En 1954-55, certains paysans moyens « créent des
troubles. Ils soutiennent tantôt secrètement,
tantôt ouvertement, les propriétaires fonciers exclus et
les paysans riches. Ils travaillent contre les coopératives
(…) en 1954, la droite du parti ordonne subitement la
suppression des coopératives de la province du Zhejiang :
15.000 coopératives sur 53.000 sont
liquidées. » (46)
Un mouvement d’insatisfaction se développe chez les
paysans pauvres, alors que se renforcent les paysans moyens souvent
liés à certains cadres du Parti.
Les paysans aisés disposaient de main-d’œuvre
familiale plus active, d’outils, de semences, d’animaux
et avaient tiré parti de l’extension du marché
libre (jusqu’en août 1957) et de l’extension du
lopin privé (10% de la surface arable par tête). Les
paysans pauvres, chargés d’enfants et sans capitaux ni
réserves, ne pouvaient que souhaiter une collectivisation plus
poussée. Les mêmes clivages ont durci le débat
sur le salariat, dont les paysans aisés refusaient la
suppression.
Dans les usines, les ouvriers les plus conscients et les plus actifs
contestaient la direction gestionnaire.
Le mouvement qui allait aboutir à l’établissement
des communes populaires commença spontanément par la
fusion de certaines coopératives dans le Hunan, dix-huit mois
avant que l’organisation des communes ne devint, en 1958, un
programme officiel. Un projet d’irrigation de 80.000 hectares
de plaines sèche fut mis à exécution devant
amener l’eau à travers les montagnes du Taihang.
Informé, Mao alla visiter la Commune de Tsiliying en avril qui
avait souffert de sécheresse depuis de nombreuses
années. D’autres coopératives
décidèrent de fusionner en communes populaires.
La droite du Parti dénonça aussitôt les
distributions publiques comme un appel à la paresse. Peng
Dehuai, ministre de la Défense ou Bo Yibo, vice- ministre du
gouvernement et président de la Commission économique
d’Etat dénoncèrent comme passéistes les
références aux acquis de Yanan, la base rouge pendant
la guerre populaire, ou à la Commune de Paris.
La gauche du Parti soutint le mouvement des paysans pauvres en
suivant la formule « partir des masses et retourner aux
masses » et « la politique au poste de
commandement ». Visitant la province du Shantung en juin
1958, Mao déclara que les communes populaires étaient
«une nouvelle création des masses ».
L’exemple se généralisa et
s’institutionnalisa sur la base du volontariat. En août
1958, le mouvement suivi par la majorité des paysans pauvres
mais aussi des paysans moyen fut très rapide : un mois
à peine après l’adoption de la résolution
qui généralisait la commune, 98% des familles paysannes
s’étaient regroupées en communes. En 6 mois,
26.000 communes furent instituées. (En 1962, ces 26.000
communes trop vastes fut fractionnées en un total de
74.000).
A l’été 1959, lors de la Conférence de
Lushan, la lutte des classes continue et Peng Dehuai, ministre de la
Défense s’opposa à une armée
modelée selon les préceptes de Mao sur la guerre
populaire. Il considérait qu’il fallait en finir avec
les soldats utilisés comme ouvriers agricoles auxiliaires et
avec le peuple armé organisé en milice.
Les révisionnistes comptaient sur l’appui de
l’Union Soviétique qui avait pris la voie capitaliste
avec Khrouchtchev. Peng Dehuai échoua mais l’URSS
chercha a saboté l’économie chinoise en rappelant
ses conseillers. Le grand projet de Sanmen dut être
abandonné par suite du départ des Russes. Le Grand Bond
en Avant étaient à leurs yeux une déviation du
premier devoir du peuple : c’est-à-dire travailler
au lieu de s’occuper des affaires de l’Etat et de
poursuivre la révolution.
Vingt ans après, malheureusement, la ligne de Deng Xiaoping
qui triompha après la mort de Mao en 1976 fut là
même que celle de ses amis de l’époque : Liu
Shaoqi et Peng Dehuai.
Les articles économiques de Utsa Patnaïk sur le Grand
Bond en Avant montrent à travers de nombreux exemples que le
virage économique à droite de Deng Xiaoping pendant la
période de 1976-1978 a été en fait une
restauration du capitalisme, liquidant tous les acquis du Grand Bond
en Avant et de la Révolution Culturelle, en reprenant purement
et simplement la formule de Liu Shaoqi, qualifiant la
collectivisation de « Grand Bond en
Arrière ». Peng Dehuai fut de son côté
réhabilité. Pour tromper et acheter les paysans, Deng
utilisa les énormes excédents de céréales
de l’Etat, produits en particulier pendant la Révolution
Culturelle.
En même temps, les maoïstes furent emprisonnés ou
tués et le nouveau gouvernement s’acharna à
discréditer et salir l’époque maoïste ce
dont on l’a vue, est largement utilisé par les
anti-communistes.
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« Ce que peut faire un homme, une femme
le peut aussi »
Le Grand Bond en Avant fut aussi un profond changement dans les
traditions familiales et de travail. Les activités
ménagères comme la cuisine et la garde des enfants
étaient socialisées avec la mise en place de cuisines
collectives et de crèches pour libérer les femmes et
permettre qu’elles participent aux grands travaux.
Une offensive massive contre les superstitions et les
préjugés envers les femmes fut lancée. Dans
beaucoup de villages, des femmes avaient symboliquement jeté
leurs casseroles par les fenêtres à l’annonce de
la création des cantines. Beaucoup d’hommes, aussi parmi
les paysans pauvres, supportèrent très mal
l’entrée massive des femmes dans la production et leur
« abandon » des tâches domestiques
traditionnelles.
Dans Un village en Chine populaire, la pionnière Li Kouei-ying
raconte comment la lutte contre les traditions s’est
déroulé dans son village dans le Shaanxi:
« Nous nous sommes tout le temps appliqué à
enseigner l’hygiène et les soins aux malades, mais
surtout depuis 1958, lorsque nous avons fondé la commune
populaire. Le travail d’hygiène a été
mieux organisé à ce moment-là. Nous allons voir
les femmes enceintes et nous leur disons comment se soigner. Nous
leur apprenons la nouvelle méthode d’accouchement et
nous leur racontons comment elles doivent s’occuper des
nourrissons. Autrefois, il fallait que la femme reste assise toute
droite sur son k’iang trois jours et trois nuits après
la naissance. Et tu peux t’imaginer comment elle se sentait.
Maintenant, nous leur disons : « Ce ne sont que des
bêtises et des superstitions ». Nous leur enseignons
le contrôle des naissances et la technique des moyens
contraceptifs. Les femmes suivent nos conseils, car elles ont vu
qu’avec l’ancienne méthode beaucoup
d’enfants mourraient, mais qu’avec nos nouvelles
méthodes scientifiques la mère et l’enfant
survivaient. (…) Les vieilles femmes ont du mal à
comprendre que les femmes rient et plaisantent maintenant avec les
hommes. Elles grondent leurs filles et leurs brus et leurs
petites-filles parce qu’elles ne se conduisent pas comme il
faut. Alors il faut parler aux vieilles femmes de
l’égalité des sexes. Nous disons que maintenant
la femme doit être l’égale de l’homme, dans
la famille et dans la société. Elle ne s’occupe
pas seulement de la maison, elle travaille aussi aux champs. Elle
choisit et elle peut être choisie. Alors il est évident
qu’elle parle aux hommes et qu’elle plaisante avec eux
comme un camarade. Nous rappelons aux vieilles combien leur propre
jeunesse a été amère et nous disons tout le
temps que, du moment que la femme est maintenant l’égale
de l’homme, elle a aussi le droit de parler et de
plaisanter. » (47)
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Une révolution industrielle
différente et l’autonomie ouvrière
La révolution du Grand Bond eu aussi lieu dans les villes et
dans le secteur industriel. L’économiste Jean Deleyne
qui a longtemps résidé en Chine fait le compte du
développement industriel à cette
époque :
« Les usines mises en chantier au cours du Premier Plan
sont alors entrées en production : 428 des 921 grands
projets entrepris sous le Premier Plan quinquennal étaient
achevés fin 1957 et produisaient, 109 l’étaient
en partie et produisaient partiellement. En 1958, 500 nouveaux
projets furent réalisés et beaucoup d’autres
entrepris. Le Grand Bond a été la période de
naissance de nombreuses usines. ». (48)
Le journaliste K.S Karol qui a visité la Chine en 1964
raconte :« Une chose nous a frappé :
c’est que plus de la moitié des usines
« lourdes » que nous avons visité ont
été construites (et beaucoup d’autres
sensiblement agrandies) pendant la période du Grand
Bond. » (49)
Le développement industriel maoïste qui accompagna le
Grand Bond dans les campagnes fut un projet rationnel pour que le Sud
du pays ne dépende pas du Nord pour le charbon, ou que le Nord
ne dépende plus du Sud pour sa nourriture ; que les
villes ne dépendent pas totalement des campagnes. C’est
pourquoi on a évité la spécialisation de la
production qui induisait une dépendance pour certains besoins
et effritait le sens collectif.
« La première loi de l’industrialisation
–tout soumettre aux impératifs du secteur le plus
productif et accumuler sur sa base- devenait caduc : dans son
projet il assignait des parts égales à tous les
secteurs, en particulier l’agriculture. Deuxièmement,
l’objet des principaux investissements n’était
plus les grandes usines ; toute unité productive tendait
à acquérir une dignité égale,
l’accent étant mis sur le travail global de 700 millions
de Chinois, dans les villes et dans les campagnes, oeuvrant ensemble
et essayant d’unifier leur rythme. Troisièmement, tant
que les formes d’exploitation capitaliste (le
prélèvement de la plus-value) subsisteraient (et
l’on ne pouvait y mettre fin avant une longue période,
avant le passage au véritable communisme), il faudrait
promouvoir des contre-tendances idéologiques
égalitaires, à l’usine et hors de l’usine,
pour empêcher que tout au moins la hiérarchie de la
division technique du travail ne se traduise immédiatement par
des différences de statut social au détriment des
ouvriers ». (50)
Cette stratégie et la place de l’industrie ne pouvait
compter que sur l’initiative et l’autonomie de la classe
ouvrière. La Classe participa massivement au Grand Bond en
Avant. En 1958, les ouvriers réalisèrent une
réforme mettant en question la responsabilité
traditionnelle du directeur d’usine
dans le contrôle, l’initiative. Les tâches de
comptabilité et de gestion furent le plus souvent
transférées aux travailleurs eux-mêmes, aux
équipes de travail qui discutaient des objectifs,
vérifiaient leur accomplissement avec un pouvoir de
décision par rapport aux cadres qui eux aussi devaient
participer au travail manuel. Les entreprises suivirent la
règle de la Triple Union
(travailleurs-techniciens-cadres).
L’institution scolaire devait « servir le
peuple » et « aller vers les masses »
ouvrières et paysannes contre le monopole des examens et les
privilèges des intellectuels diplômés. Certains
cadres urbains, par solidarité de privilégiés,
s’opposèrent à la promotion d’ouvriers
comme cadres et techniciens. La résistance larvée des
intellectuels au Bond en Avant, à l’appel au savoir
empirique des travailleurs, allait devenir ouverte en 1961 et
1962.
La Chine de Mao était gouverné ainsi par la lutte des
classes. L’augmentation de la production et la stabilité
économique n’était pas une fin en soi mais
était subordonnée à l’amélioration
du bien être du peuple qui signifiait d’être
maître de ses moyens de production, c’est-à-dire
l’autosuffisance, la réduction des
inégalités entre régions et entre classes ainsi
que la réduction de la loi de la valeur et du
« droit bourgeois » (différence de
salaires, lutte contre la parcellisation des tâches, etc).
L’économie chinoise n’était pas
menée avec des préoccupations abstraites comme
l’investissement, les exportations et la croissance mais par
les principes : « Faire la révolution,
promouvoir la production » ou « Se
préparer contre la guerre et les calamités
naturelles ; servir le peuple », « Ne
jamais oublier la lutte des classes » et
« Etre rouge et experts ».
Mais, même en termes de chiffres et selon les normes de
l’économie classique, les résultats des presque
30 ans de construction socialiste maoïste furent
excellentes.
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La Chine rattrape l’Union
Soviétique et dépasse l’Inde
Déjà, à l’époque du Grand Bond,
Tibor Mende fut étonné par le développement
économique de la Chine.
« En 1949, la base industrielle de la Chine était
infiniment plus modeste que celle de la Russie de 1928 ;
infiniment plus rare aussi le personnel qualifié. En outre les
ressources naturelles de la Russie étaient bien plus
considérables que celles dont la Chine pensait disposer en
1949. Et l’Union Soviétique enfin n’avait devant
elle aucun problème de population alors que ce problème
revêtait en Chine une importance capitale. » (51)
Pourtant après dix ans de construction du socialisme,
« ce qui dès aujourd’hui, est clair,
c’est que la puissance industrielle qui s’élabore
en Chine grandit beaucoup plus vite que dans n’importe quel
pays sous-développé. Bien plus vite qu’en Inde,
plus vite même qu’en Union Soviétique, à la
période correspondante. (…)
A partir de 1958, un grand nombre d’usines et de
générateurs commencèrent à produire, une
foule de techniciens sortait des nouvelles universités et les
nouvelles voies ferrées donnaient accès aux ressources
des régions naguère isolées. Sur toutes ces
choses, la dépendance absolue de la Chine en matériel
d’équipement lourd allait s’atténuant, au
fur et à mesure que le pays le construisait lui-même. La
croissance industrielle s’accélérait sans cesse.
Si la vitesse du développement des deux pays demeure
comparable au cours de leurs premiers Plans quinquennaux, la Chine a
gagné du terrain entre 1957 et 1960, et le rythme de ses
progrès a dépassé de loin ceux de l’URSS
d’après 1932. En réalité, la production de
la Chine de 1960 a cessé de correspondre au niveau
soviétique de 1935 (trois ans après
l’achèvement du premier Plan quinquennal russe) ;
elle égale plutôt le niveau de l’URSS de 1940,
quand l’invasion allemande est venue interrompre son
troisième Plan quinquennal. En d’autres termes,
après huit années de planning, la production
industrielle de la Chine s’est élevée à un
niveau comparable à celui de l’Union Soviétique
après douze ans de planification. La performance industrielle
de la Chine entre 1953 et 1960 ne doit donc plus se comparer à
celle de l’Union Soviétique de 1928-1935, mais
plutôt aux progrès accomplis par la Russie de 1928
à 1940. Dans ce cadre, la production du fer s’est
développée en Chine trois fois plus vite qu’en
Russie. Celle de l’acier deux fois plus vite. Celle du charbon
un fois et demie plus vite. La cadence a été seulement
un peu plus rapide pour le tissu de coton et le ciment, mais par
contre,
beaucoup plus lente pour l’électricité et les
engrais chimiques. Quant aux quantités réelles, la
Chine a produit en 1960, trois fois autant de ciment que
l’Union Soviétique en 1940, deux fois et demi la
quantité de charbon, près de deux fois autant de fer et
de tissu de coton, une fois un quart
d’électricité, et elle a égalé le
niveau soviétique de 1940 pour la production du pétrole
brut, la Chine de 1960 la rejoint à grands pas dans la
fabrication des camions, des tracteurs et des locomotives. On ne le
dira jamais assez, cette production est destinée à
trois fois plus de consommateurs (...)
S’il est instructif de comparer deux pays qu’une
même idéologie et de mêmes méthodes ont
transformés, peut-être est-il aussi intéressant
de confronter les résultats obtenus par la Chine et par
l’Inde, avec des principes et des méthodes totalement
différentes. La Chine et l’inde sont les deux pays les
plus peuplés du monde. Ils ont démarré
l’un et l’autre dans la misère presque
généralisée. Leurs structures offraient des
caractéristiques très voisines. Après avoir
trotté d’un pas égal pendant cinq ans sur le
terrain de l’agriculture, la Chine a laissé l’Inde
loin derrière elle en prenant le galop, puis sur le plan de
l’industrie, elle a pris une distance plus grande encore.
L’économie libérale de l’Inde favorise
peut-être la production de certains biens de consommation. Mais
pour l’ensemble de la production industrielle, et de
l’industrie lourde en particulier, l’essor chinois a
été infiniment plus rapide. Acier, charbon, ciment,
engrais, électricité : dans tous ces secteurs
décisifs, l’Inde est partie à
égalité avec la Chine, parfois même un peu en
avant. Aujourd’hui après 10 ans de planning en Inde et
huit années en Chine, la production chinoise est de deux
à sept fois plus importante dans toutes ces catégories.
Si en 1957, l’Inde gardait encore quelque avantage dans la
répartition par tête du ciment et des engrais, la Chine
l’avait nettement battue dès 1960. » (52)
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Quel est le bilan économique du
maoïsme ?
Comme on le voit, l’idée largement répandue que
les réussites obtenues par la Chine sont d’abord le
fruit des réformes de marché depuis 1980 est tout
simplement fausse.
L’économiste Samir Amin a tracé un bilan
socio-économique du maoïsme : «Sans
l’infrastructure économique, politique et
idéologique construite par les trente ans de maoïsme
(1950-1980), on comprendrait mal la nature de
l’accélération des quinze dernières
années. Car (aujourd’hui) en termes de croissance il ne
s’agit que d’accélération. La Chine avait
déjà enregistré dans la période 1957-1975
un taux de croissance de 5.3% du PIB, soit 3.3 % du PIB per capita
(contre moins de 2% pour le reste du tiers-monde) et avait
déjà enregistré des taux de croissance records
dans l’industrie légère (11.2%) et lourde (8.3%)
dès cette époque. Elle avait déjà mis en
place des structures sociales garantissant une répartition du
revenu infiniment meilleurs (c’est-à-dire moins
inégale) que partout ailleurs, en Inde, en Afrique, ou en
Amérique Latine. Sans ces réalisations le
« miracle » contemporain eut été
impensable. » (53)
Dans L’Avenir du maoïsme (1980), Samir Amin décrit
à l’aide des chiffres les progrès
réalisés. L’espérance de vie augmenta de
moins de 30 ans avant 1949 à 65 ans en 1975. Les grandes
épidémies et maladies épidémiques furent
vaincus grâce à la production
céréalière si bien que la mortalité passa
de 22% en 1953 à moins de 10% dans les années 70. Le
développement des soins et de l’hygiène
s’est généralisée dans tout le pays.
Dans l’agriculture, avant la Libération, seules 26000
hectares étaient irrigués. En 1974, il y en avait plus
de 40 millions, le pays étant doté du système
d’irrigation le plus étendue au monde. Plus de 70% des
cultures de riz et de blé employait des semences de haut
rendement. De 1960 à 1975, la production
céréalière a augmenté de 3.2% à 4%
chaque année, supérieur à la croissance de la
population. La production de céréales était
passée de 161 millions de tonnes en 1952 à 305 en 1978.
Les estimations officielles sont les suivantes : 1949 :
111 ; 1952 : 161 ; 1958 : 206 ; 1961 :
168 ; 1962 : 180 ; 1966 : 215 ; 1970 :
243 ; 1973 :266 ; 1977 : 285. Les
résultats de ce développement sont tout à fait
remarquables.
Il poursuit : « L’inscription sur un graphique
de tous les points concernant les estimations de la production
agricole de chaque année –que se soient les estimations
officielles, critiques, optimistes ou pessimistes – ne laissent
que peu de doute : ‘le nuage’ est croissant autour
d’un trend régulier dont la pente (moyenne de toutes les
croissances, positives ou négatives, d’une année
sur l’autre) se situe toujours entre 3 et 4 %. (…) Mais
la réussite la plus remarquable de la Chine est
d’être parvenue à absorber dans
l’agriculture 100 millions d’actifs en 18 ans (de 1957
à 1975), soit une augmentation de 40%. Cette réussite a
été rendue possible par la collectivisation et un
progrès rapide de l’industrialisation de ce secteur. La
croissance des inputs industriels consommés par
l’agriculture a été de 20 à 25% l’an
durant une période de 15 à 18 ans (…) la
proportion des terres portant plus une récolte par an de 30%
en 1949 à 50% en 1978 ; le parc de tracteurs (550.000
tracteurs et 1.300.000 motoculteurs en 1978) assure 40% des labours,
tandis que la consommation d’engrais a été
multipliée par 14.5 en 20 ans. » (54)
Le niveau de croissance industrielle fut le plus élevé
au monde, le taux annuel atteignant 14% de 49 à 1952 et 11% de
1953 à 1976. L’extension des routes fut multiplié
par 9 et des provinces comme le Sichuan, le Guangxi et le Fujian
rompirent leur isolement. A la fin des années 70, le
degré de mécanisation de la Chine atteint celui du
Japon dans les années 50.
Pour finir, à travers les larges extraits des
témoignages d’observateurs, de témoins de
l’époque et du bilan économique global, on peut
voir la réalité de ce qu’à
été le Grand Bond en Avant, une époque aussi
importante que la collectivisation des années 30 sous la
direction de Staline en Union Soviétique. Le comprendre,
c’est voir ainsi la continuité de la révolution
sous le socialisme.
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NOTES
(1) Cf. Great leap distortions uncovered by the MIM à
l’adresse web: :
www.etext.org/Politics/MIM/mn/text.php?mimfile=mn203Lleap.txt
(2) Cf l’adresse
web :http://www.flonnet.com/fl1621/16210150.htm.
(3) Edgar Snow, La Chine en Marche, Robert Laffont, 1966, p.492 et
493.
(4) Tibor Mende, La Chine et son ombre, Le Seuil, 1960,
p.197-198.
(5) René Dumont, Chine surpeuplée, Tiers-Monde
affamée. Le Seuil, 1965, p.145)
(6) Idem, p.47.
(7) Jean Chesneaux : La Chine. Tome 2. L’illusoire
modernité 1885-1921. Hatier, 1976, p190.
(8) G. Bermann, La Santé mentale en Chine, Maspéro,
1973, p.12
(9) Idem, p.12-18.
(10) Idem, p.19.
(11) La Chine en Marche, Robert Laffont, 1966, p.15-26.
(12) Idem, p.492.
(13) Idem, p.493-494.
(14) Idem,p.500.
(15) Idem, p.39.
(16) Idem, p.353.
(17) Idem, p.354-355
(18) Idem, p.362.
(19) Tibor Mende, La Chine et son ombre, Le Seuil, 1960, p.244.
(20) Han Suyin, La Chine en l’an 2001,Stock, 1968, p.77.
(21) La Chine en marche, p.393.
(22) Idem, p.393.
(23) Idem, p.397-398.
(24) Idem, p.409.
(25) Idem, p.398.
(26) Idem, p.462-463.
(27) Idem, p.463.
(28) Idem, p.461 et 466.
(29) Idem, p.385.
(30) Jan Myrdal, Un village de la Chine populaire, Gallimard, 1972,
p.14.
(31) Idem, p.153.
(32) Idem, p.168.
(33) Idem, p.169.
(34) Idem, p.182-184.
(35) Idem, p.184-185.
(36) Idem, p.372.
(37) Idem, p.234.
(38) Idem, p.237.
(39) René Dumont, Chine surpeuplée..., p.189.
(40) Mao Zedong, les années noires, Inédits,
Chronologie du 27 janvier 1961, Le Sycomore, 1980, p.363.
(41) Han Suyin, La Chine en l’an 2001, p.72.
(42) La Chine et son ombre, p.199-200.
(43) Idem, p.237.
(44) Sur des questions de philosophie, 18 août 1964, in Mao
parle au peuple PUF 1977 p.205.
(45) Le premier jour du monde, Le Livre de poche 1975, p.59..
(46) Hans Suyin, Le premier jour du monde, p.63.
(47) Jan Myrdal, Un village en Chine populaire, Gallimard, 1972,
p.236-237.
(48) Jean Deleyne L’économie chinoise, Seuil 1971
p.25.
(49) K.S Karol, La Chine de Mao, Robert Laffont, p.245.
(50) K.S Karol, La deuxième révolution chinoise, 1973,
p. 97.
(51) La Chine et son ombre, Idem, p.29-30.
(52) Idem, p.255-258.
(53) Samir Amin, Les Défis de la Mondialisation,
L’Harmattan, 1996, p.231.
(54) Samir Amin, L’Avenir du maoïsme, Editions de Minuit,
1981, p.46 et 47.-AVRIL 2002-