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Une polémique importante de par ses enjeux, a eu lieu (avant le 30ème congrès du P"C"F) au sujet de la "Coordination Communiste"(1) et de son bilan. Suite à la publication dans le journal du PTB: "SOLIDAIRE" (n°5 du 2 Février 2000), d'une interview de Jean-Luc Sallé responsable nationale de la CC, un de nos militant aux EP a envoyé un message le 05/02/2000 à Solidaire, précisant qu'au sujet du P"C"F, nous avions publiés plusieurs articles dans EP-Infos. Le lancement d'une liste de diffusion et de débat (en français) sur internet consacré au Marxisme-Léninisme fut l'occasion de lancer le sujet sur la CC. L'interview de Jean-Luc Sallé agrémentée de commentaires, est le point de départ de cette polémique. Nous publions plusieurs textes de cette liste ML, ainsi qu'un échange de courriers entre Mao Ning du PTB et un membre des EP. |
DEBAT SUR LE PCF (au sujet du débat proposé par les Editions prolétariennes et Roger Romain) 1. La trahison social-démocrate La trahison social-démocrate et opportuniste de
Parti Com-muniste français pose un problème
fondamental à l'opposition
anti-impérialiste. Rappelons en effet que la social-démocratie, du fait de ses trahisons et alliances de classes multiples, fut le précurseur historique du fascisme, prônant l'alliance sacrée des classes sociales au nom de la nation. La troisième internationale a juste-ment démontré ce phénomène dans les années 1920, rejetant la démagogie bourgeoise de front capitaliste et impérialiste contre le fascisme pour affirmer la nécessité impérieuse de lutter contre les traîtres sociaux-démocrates et non exclusivement contre leur reflet autoritaire fasciste. L'union sacrée contre le fascisme est une union bourgeoise, impérialiste, qui prétend combattre un autre impérialisme et entraîner le prolétariat dans une guerre capitaliste. Le PCF, soumis au nouveau monopole impérialiste américain au cours du conflit en Yougoslavie, conflit capitaliste masqué par des considérations morales petites bourgeoises, a prouvé de manière éclatante la continuité de cette logique. Au lieu de tenir le seul discours léniniste possible, à savoir la volonté d'aider le peuple yougoslave à conserver son unité au sein d'un Etat anti-impérialiste rénové, donc débarrassé de toutes considérations ethniques, le PCF a soutenu l'action impérialiste. Aux côtés des partis capitalistes, il a soutenu la mafia indé-pendantiste de l'UCK, sorte de nouvelle guérilla nationaliste plus proche de l'UNITA ou des contras que du guévarisme, et il a encouragé les prétentions ethni-ques de l'Albanie, pays où l'Etat populaire d'Enver Hoxha n'est plus qu'un lointain souvenir. Fort de son monopole de "la gauche contestataire", le PCF a aidé l'Etat bourgeois à légitimer son combat impérialiste, entraî-nant une fois de plus la classe prolétarienne dans une guerre stupide et fondamentalement contre-révolutionnaire. 2. Une réforme est-elle possible ? La question de savoir si des militants sincères peuvent réformer le PCF de l'intérieur n'est pas simple. Tout discours "gauchiste" au sein de ce parti peut être légitimement interprété comme une stratégie démagogique de récupération du prolétariat, ce dernier découvrant chaque jour un peu plus les contradictions idéologiques qui fondent l'action du PCF. Peut-on faire le postulat de l'honnêteté des velléités de retour au communisme révolutionnaire des membres du parti ? C'est un risque que les militants marxistes-léninistes sincères auront du mal à prendre, compte tenu de l'hégémonie du courant social-démocrate au PCF. Gageons qu'une scission au nom d'un retour aux valeurs progressistes, à la lutte des classes et à l'objectif révolutionnaire permettrait la formation d'un parti qui, sans forcément connaître d'entrée un succès important, pourrait fédérer l'opposition anti-impérialiste française. Combien sommes-nous, en effet, à être orphelin d'un parti de masse contestataire et indépendant qui soit ni un appareil de pouvoir bourgeois, ni un groupuscule petit-bourgeois animé par des étudiants en mal de romantisme révolutionnaire ? Une structure militante et partisane léniniste énergique pourrait rassembler rapidement des soutiens populaires et intellectuels réels. Mais c'est peut-être parce que les communistes "purs" du PCF ont conscience de la force révolutionnaires qu'un tel mouvement pourrait avoir qu'ils se gardent justement de sortir du Parti. Les faits sont là: à attendre une telle scission, nous nous contentons de miser sur la volonté progressiste d'un courant du PCF qui n'agit que peu en dehors des slogans. Ne les condamnons pas sans appel, mais n'oublions pas que l'observation du PCF infirme tout espoir de retour à l'orthodoxie léniniste. Et comme ce parti joue parfaitement son rôle de constitution d'un pôle social-démocrate capable d'attirer à lui le prolétariat et de monopoliser la contestation légitime, sans que ce monopole ne serve à autre chose qu'à écarter la concurrence, la constitution d'un nouveau mouvement communiste est presque impossible. Et ce ne sont pas les stratégies des partis "trotskistes" plus ou moins sectaires qui provoqueront l'apparition d'un nouvel appareil révolutionnaire. Difficile en effet de croire à la volonté révolutionnaire de LO, par exemple, tant la capacité de cette organisation à reprendre des mots d'ordre petits-bourgeois est impressionnante (il ne s'agit pas ici d'une critique du trotskisme, sur lequel nous pouvons tout à fait discuter, mais de ses prétendues incarnations françaises). Monopoliste, opportuniste, le PCF est l'obstacle majeur à la formation d'un mouvement révolutionnaire en France. Ni européen, ni communiste, l'euro-communisme affilié aux intérêts impérialiste internationaux a engendré la trahison social-démocrate du PCF. Quel attitude concrète devrions nous avoir vis à vis de ce parti ? Tout d'abord nous devons observer avec vigilance les volontés de retour au marxisme-léninisme qui peuvent y apparaître, sachant que toute réforme de l'intérieur semble impossible, et que tout discours "gauchiste" qui n'aurait pas pour objectif une scission structurelle peut être apparenté à une démagogie social-démocrate. Peut-être est-il alors nécessaire d'effectuer un travail de conscientisation des éventuels cadres sincères du PCF afin de les persuader du seul chemin à suivre qui ne soit pas contre-révolutionnaire. Il existe un vide à combler en France, et pour le moment, le PCF l'occulte par sa capacité de détournement du prolétariat. Ce vide, occupé par la démagogie ou les petits-bourgeois moralistes, est celui de la contestation de l'impérialisme, du militantisme progressiste structuré et organisé, et du retour d'un pensée révolutionnaire capable de s'opposer au grand consensus capitaliste qui règne depuis la fin de la Guerre Froide. G.Thomas. le 10/02/2000 |
(1) Notes de la rédaction d'EP-I :
signalons que la CC a " éclaté " lors de sa
3ème conférence en Décembre 99. |
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Après le débat engagé dans cette liste sur le PCF, il semble établi que les courants dits "authentiques" du point de vue du marxisme-léninisme, au sein de ce mouvement, ne semblent pas en mesure de le replacer sur une ligne révolutionnaire sincère. Les membres de ces courants sont en effet potentiellement: . Des démagogues bourgeois dont la rhétorique révolutionnaire cache une volonté de détourner les prolétariat des éventuelles organisations authentiques. . Des militants conscients de la dérive social-démocrate mais trop attachés à leurs privilèges électoraux et impérialistes pour agir. . Des marxistes-léninistes qui s'entêtent à vouloir agir au sein d'un parti en fait engagé dans une voie qui le place au delà de toute possibilité de réalignement révolutionnaire. Dans tous les cas, le résultat, et c'est ce qui compte, est le même, à savoir la nécessité pour le marxisme-léninisme de s'organiser autour d'un mouvement de masse révolutionnaire. Je ne crois pas que l'anti-impérialisme puisse se passer d'un Parti. Mais les obstacles sont nombreux: . Tout d'abord, le monopole politique du PCF est le monopole d'un ensemble de réseaux de mobilisation partisane du prolétariat. Ce parti détient une légitimité contestataire capable de d'ôter tout crédit à la concurrence. Le prolétariat soutient mécaniquement le PCF, du fait de cette prétendue légitimité. . Un nouveau mouvement devra donc partir de rien, ou de peu. Il devra reconstituer un ensemble de réseaux politiques en dehors de ceux qui sont accaparés par le PCF. . Il existe en France et en Europe un grand nombre d'organisations qui revendiquent un marxisme-léninisme authentique. Mais sont-elles capables de déboucher sur la construction d'un parti ? Les querelles idéologiques sont nombreuses, les impasses sectaires se multiplient.
Quelles sont alors les priorités ? . Il n'existe pas de recette miracle, mais l'union des dizaines de petites structures isolées et indépendantes qui existent en France et en Europe, et qui peuvent s'entendre sur une ligne commune me paraît nécessaire. Je ne crois pas en une fédération qui grouperait telle revue, telle association. Vouloir une fusion est peut-être utopique, mais la constitution d'un parti centralisé semble indispensable. . Les querelles idéologiques ont leur importance. Le léninisme nous montre que ces querelles doivent déboucher sur l'affinement doctrinal du parti, mais que l'adoption d'une ligne commune doit permettre, dans un premier temps, de fonder un groupe d'action soudé. . Le maoïsme, le léninisme, le modèle soviétique, et plus loin de nous le juche, le castrisme, le sandinisme... me semblent des références compatibles. Le trotskisme, à part, peut poser problème, mais l'action anti-impérialiste ne doit plus s'encombrer de querelles historiques trop exacerbées. Ce genre de projet est peut-être, en apparence, vain et ridicule, et ressemble sans doute au énième programme groupusculaire de petits-bourgeois en mal de frisson révolutionnaire. Mais s'entendre sur ces différents points, et je dis bien juste "s'entendre" serait, à mon avis, un pas en avant. Au diable les railleries bourgeoises qui font de toute ambition révolutionnaire le signe d'une mégalomanie archaïque. En clair: union partisane, ligne idéologique, agit-prop commune et un peu de bonne volonté pour parvenir à développer une action de propagande qui comble le vide anti-impérialiste. Tout cela peut sembler flou et lointain mais je compte sur vos critiques et idées pour éclaircir le débat, sachant qu'il n'est pas question ici de sombrer dans l'aparatisme, et de créer des structures politiques vides de tout militantisme et de toute participation des masses. G.Thomas |
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Je suis assez d'accord avec le message de G. Thomas, en fait l'interview de J-L Sallé dans SOLIDAIRE pose plusieurs problèmes et à plusieurs niveaux: Il n'est un secret pour personne que le PTB est une force politique importante pour les communistes ML en Belgique (et ailleurs….). Le PTB s'est impliqué, soutien, et a soutenu des organisations se réclamant du communisme en France. La disparition des organisations et partis historiques du ML issus du P"C"F des années 60, l'absence d'un Parti Communiste Révolutionnaire se basant sur le Marxisme-Léninisme, la difficulté de créer, fonder, édifier ce Parti sont des éléments qui ont contribués à ce que le PTB apparaisse comme un précieux soutien aux idées du communisme en France. La CC est un courant au sein du P"C"F, il y en a d'autres. Seulement, cela fait près de 10 ans, qu'elle crie sur tout les tons "halte à la disparition du Parti" etc… et entretenant des confusions très graves sur la nature de ce Parti, son passé, son évolution, sa politique et son programme. Pour moi, la CC est un courant opportuniste, et cela n'est pas sans incidences sur les tâches politique de l'heure, à savoir: ---organiser clairement le combat contre ce gouvernement bourgeois (gauche plurielle). Des lois Chevénement aux lois Aubry (en passant par l'intervention en Serbie ), nous devons combattre l'Impérialisme Français qui est déjà notre premier ennemi. ---contribuer à la construction d'un véritable Parti Communiste, cela ne peut se faire qu'en ayant conscience que passé avec armes et bagages du côté de la bourgeoisie il y a plus d'un demi-siècle, le P"C "F ne peut pas générer aujourd'hui en son sein un courant marxiste-léniniste organisé capable d'en reconquérir la direction et le ramener sur des positions communistes. L'aile la plus " à gauche " se réfère au mieux à l'époque Marchais-Brejnev, c'est à dire à une époque où le P" C "F était déjà révisionniste à 100% et où l'URSS avait tourné le dos depuis longtemps irrévocablement au socialisme. D. le 11/02/2000 |
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J'ai récemment lu votre article dans EP n°10 (pp. 13-14) à propos du PCF. Je pense que votre synthèse à propos du PCF est fondamentalement correcte. Le PCF est effectivement un parti dégénéré, et il ne subsiste que trop peu d'espoirs de le sauver pour ne pas dire aucun. Vous retracez bien le parcours de dégénérescence du PCF, tant idéologiquement que politiquement. Néanmoins, si je suis en général d'accord pour dire qu'un véritable Parti Communiste (m-l) reste encore à fonder en dehors du PCF et qu'il faut rompre radicalement avec le PCF, je pense que votre attitude n'est pas correcte vis à vis de la Coordination Communiste. Poser la question d'un nouveau PC en France me fait réfléchir sur l'attitude du PTB vis à vis du PCUS à la fin des années 1980. Comment le PTB a-t-il posé la question : Le dialogue est impossible en tout cas avec la direction du PCUS, parce que comme celle du PCF, elle refuse même de rencontrer des " Staliniens ", et de surcroît des maoïstes. Mais pour autant, devons nous rompre tout contact avec le PCUS et cracher sur les initiatives marxistes-léninistes qui étaient au sein même du PCUS ? Non, je ne le pense pas. Des camarades comme Nina Andréïeva menaient à cette époque déjà la lutte pour révolutionnariser leur section locale (1). En Azerbaïdjan, des camarades comme Saïad Saïadov (2), travaillaient à leur niveau pour un nouveau PC révolutionnaire et léniniste-stalinien. Refuser de discuter avec ces camarades-là, aurait eu un effet uniquement négatif. A l'époque, le PTB a pris l'initiative de s'ouvrir aux discussions avec ceux qui se revendiquaient encore de Lénine et de Staline (3). Pourtant, la fin était proche… Mais ainsi, nous n'avons pas nié le fait qu'il y encore des marxistes-léninistes dans ces partis-là. Je pense qu'en ce qui concerne le mouvement communiste en France, la meilleure chose que nous pouvons faire pour aider tous ces camarades m-l au PCF ou pas au PCF, c'est d'accélérer la reconstruction du véritable PCF (m-l). Je pense que l'attitude des camarades du CEP, peut avoir un autre effet néfaste pour les camarades m-l en France : il est de notoriété publique, que les agents trotskistes minent le PCF pour faire passer leur marchandise frelatée en contrebande. Des taupes comme " Gauche Communiste " avec leur mentor " Parti des Travailleurs " sont là pour récupérer les déçus du PCF, sans parler du gang Krivine et Laguillier. Pour s'opposer à eux, comme à la direction du PCF, je pense qu'il faut d'abord dialoguer constructivement. Ce n'est pas un vain mot : évitons les critiques acerbes qui nous éloignent de ces camarades de la Coordination Communiste, évitons ces attaques inutiles qui retardent la reconstruction d'un vrai PCML. Je pense qu'il y a au fond de la Coordination Communiste un véritable souhait de révolutionnariser le PCF. Même si j'émets beaucoup de doutes quant à la réalisabilité de ce projet, je pense que ces camarades sont à même de détourner les travailleurs au PCF, à la CGT et ailleurs de toutes les calomnies anticommunistes. Nous souhaitons tous un succès de la Coordination Communiste, mais nous ne nous faisons aucune illusion. Néanmoins, succès ou échec, la bataille du PCF ne doit pas être laissée aux professionnels de l'anticommunisme (les trotskistes, fascistes, PSistes et autres soi-disant et prétendus intellectuels), mais au contraire doit nous stimuler à rassembler tous ceux qui croient encore à un parti de la classe ouvrière. En cas d'échec de la Coordination Communiste, nous devrons convaincre alors les marxistes qu'il est temps de participer à la reconstruction ailleurs. Mais aujourd'hui, la Coordination mène la bataille contre les mutants. Faute de pouvoir les épauler, évitons de les attaquer. Mao Ning 24/02/2000 |
1. Voir, Ludo Martens, " De Tian An Men à Timisoara, la démocratie au PTB comme si vous y étiez ", EPO, 1990 2. Saïadov est l'actuel dirigeant du Parti Communiste Unifié de l'Azerbaïdjan, et collabore avec le PC Bolchevique de toute l'Union Soviétique de Nina Andréïeva 3. Voir Etudes Marxistes, revue théorique du PTB, N°43, octobre 1998, éd. PTB
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Je vais réagir directement à ton message intitulé:" à propos de l'article du CEP sur le PCF, à propos du mouvement communiste international.". Il est normal que toi, en tant que membre du PTB soit en désaccord sur la question de la Coordination Communiste. Tu dis :" je pense que votre attitude n'est pas correcte vis à vis de la Coordination Communiste". Bien évidemment, je ne suis pas d'accord avec l'analyse que tu fait et ta conclusion " Nous souhaitons tous un succès de la Coordination Communiste, mais nous ne nous faisons aucune illusion."…" Mais aujourd'hui, la Coordination mène la bataille contre les mutants. Faute de pouvoir les épauler, évitons de les attaquer." A la suite de la publication par SOLIDAIRE d'une page consacrée à l'interview de Jean-Luc Sallé (JLS), j'ai envoyé un mail précisant la liste des articles consacré au P"C"F par EP-Infos. Je suis assez surpris de l'importance et de la place que
vous donner à la CC. Il aurait été plus
correcte, je crois d'informer aussi sur les autres positions
et analyses sur le P"C"F (voir dans EP-Infos). Sur la liste
francophone consacré au
marxisme-léninisme.
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J'ai bien reçu ton message. Je pense qu'il y a malentendu. Que l'initiative de la CC ait pris dès le départ un caractère réformiste/révisionniste, je suis tout à fait d'accord pour le dire. Sur ce point, je peux te confirmer, que l'avis du PTB est certainement qu'il faut sortir du P"C"F et fonder un véritable PCML. Mais pour autant, devons-nous considérer que la CC est l'Adversaire principal ? Je pense que ceux qui actuellement quittent le PCF, ne se retrouvent que trop rarement dans les organisations ML, et sont en général perdus, pour ne pas parler de tous ces travailleurs qui aujourd'hui travaillent avec les trotskistes. A qui la responsabilité ? Je ne pense pas qu'on puisse attribuer à la CC la responsabilité de cet échec programmé. En outre, je suis convaincu qu'à la direction de la CC se trouvent des camarades ML, sans doute trop nostalgiques de l'ancien PCF pour le quitter. L'initiative en 1991 de la CC, malgré son aspect révisionniste, est selon moi, le courant du PCF le plus proche du mouvement communiste international. La critique que j'adresse souvent aux camarades des organisations ML, je la fait également pour la CC : les temps changent. Il faut un nouveau PCML. Pour le fonder, il faut lancer les bases idéologiques nouvelles, une sorte de ligne de démarcation. Au PTB, nous avons choisi le livre de Ludo Martens, "Un Autre Regard sur Staline". C'est clairement exposer la ligne idéologique et politique du PTB face aux masses populaires. Nous sommes conscients que ce n'est qu'en accélérant la construction du PTB que tous les opprimés vont se reconnaître dans le mouvement communiste. Il nous faut donc une plus grande organisation, avec un plus grand impact dans les masses. Et pour cela, nous avons "aplani", comme le dit souvent Ludo Martens, pas mal de divergences avec les différents courants initiateurs du PTB : Maoïstes, Albanais, pro-soviétiques, guévaristes, etc… Pas mal de camarades nous critiquent pour cela et nous taxent de révisionnistes. Je pense que face à l'impérialisme aujourd'hui hégémoniste nous n'avons pas d'alternative : il faut réaliser l'union de tous ceux qui se disent m-l. D'ailleurs, ce n'est qu'ainsi, qu'en Belgique, nous avons réduit l'ancien P"C"B à un placard de morts-vivants. Si je dis tout cela, c'est parce que je pense qu'en France, si aujourd'hui, les camarades m-l prennent l'initiative de relancer le PCML, il est toujours temps de convaincre par notre action résolue à travers les masses, les anciens militants honnêtes du PCF ainsi que toutes les forces m-l. Mais pour cela, je pense qu'il n'est pas bon de critiquer la CC, courant du PCF le plus proche de nos idées. Au lieu de creuser le fossé qui nous sépare, tentons de le combler ! A propos des trotskistes : Je t'avoue que la situation complexe du PCF m'échappe un peu. Néanmoins, je suis d'accord pour dire que la CC ne devrait pas collaborer avec les trotskistes. Tu as raison à 100%. Ils sont sur la mauvaise voie, c'est clair. Pour autant, cela n'en fait pas des traîtres. J'ai récemment lu une interview de "Partisan" avec JJ Karman, un trotskiste infiltré au PCF et qui participe à la liquidation au profit de sa secte (PT). Je reste pantois, mais je ne vais pas accuser l'OCML-VP de traîtrise, même si je pense qu'ils ne devraient pas faire de publicité pour Karman. Voilà en somme, quelles sont mes idées à ce propos. Je tiens à te remercier pour tes indications. Je vais tenter de participer au forum sur internet. Nous nous retrouverons encore pour d'autres discussions enrichissantes. Salutations communistes, Mao ning. Membre du PTB à Bruxelles. Le 29/02/2000
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Je vais reprendre divers points de ton message du 29/02/2000. Tu dis:" je peux te confirmer, que l'avis du PTB
est certainement qu'il faut sortir du P"C"F et fonder un
véritable PCML." Cet avis n'apparaît
pas clairement dans Solidaire. Nous abordons, là, le passage ou tu dis:" Il
faut un nouveau PCML." Suffit-il de dire cela, pour
que ce " nouveau PCML" devienne une
réalité ? bien évidemment non. Les
lecteurs d'EP-Infos, les sympathisants, les membres des EP,
savent combien la question d'un Parti ML est au cœur de
notre démarche. Ils savent aussi que le combat pour "
réaliser l'union de tous ceux qui se disent
m-l." est difficile. -celle de croire et de faire croire, que le P"C"F peut être changer de l'intérieur -celle de croire en une scission de masse sur une base ML à l'intérieur du P"C"F C'est sur ce terrain là qu'est l'essentiel du travail politique de la CC. Ce que je reproche surtout à la CC, c'est la confusion qu'elle entretien entre le passé, le présent et le futur du P"C"F. Le sous-titre du journal "Intervention Communiste" est: "Journal de la CC pour la Continuité Révolutionnaire et la Renaissance Léniniste du PCF" tout est dit dans ce sous-titre: --la "Continuité Révolutionnaire" pour le passé et le présent --la " Renaissance Léniniste du PCF" pour l'avenir Ce qui fait, qu'il devient impossible pour la CC de se battre pour un véritable Parti Communiste ML, car selon elle: -le Parti existe déjà -il est toujours révolutionnaire, communiste, de classe etc… -il est menacé par la mutation réformiste de R. Hue Toute la logique politique de la CC s'est axée sur le thème de "sauver le PCF". L'importance, l'influence de la CC (ou d'autres courants…) a été grossi pour justifier cette tactique. L'opportunisme politique avec des membres de l'ex-direction (pro-Marchais) révisionniste du P"C"F est aussi une pièce importante dans le puzzle de la CC. C'est pourquoi j'écrivais dans mon message précédent :<< Des militants sincèrement communistes il en a encore au P"C"F, mais ce que regroupe aussi la CC, c'est aussi des révisionnistes refusant la mutation social-démocrate de leur parti.>>…<< la question est bien comment convaincre et rallier ceux qui pensent être d'authentiques communistes au sein du P"C"F, pour en tirer les leçons et aller de l'avant.>>…<<Depuis 91 que la CC existe, elle aura finalement contribué à ce que d'authentiques communistes restent dans le P"C"F et ne prennent pas directement en main la création/fondation d'un véritable PC Révolutionnaire.>>. À la fin de ton
message tu dis:" A propos des trotskistes : Je t'avoue
que la situation complexe du PCF m'échappe un peu.
Néanmoins, je suis d'accord pour dire que la CC ne
devrait pas collaborer avec les trotskistes. Tu as raison
à 100%. Ils sont sur la mauvaise voie, c'est clair.
Pour autant, cela n'en fait pas des traîtres."
Là, je ne suis pas d'accord avec toi, la CC a choisi
une tactique précise, il faut qu'elle en assume tous
les aspects. Si tactiquement, on peut dans certaines
conditions faire un travail avec des trotskystes (ou des
anarchistes…) pourquoi pas ? seulement il faut être
clair sur l'objectif que l'on se fixe. Par exemple aux EP,
dans le cadre du travail politique pour combattre "les
lois Aubry-lois pourries" nous avons contacté
très largement et y compris des travailleurs
influencés ou mem-bres d'organisations trotskystes,
là, la ligne de démarcation était une
rupture conséquente sur un axe essentiel de la
politique anti-ouvrière de la gauche plurielle. Tu parles de la "secte PT", je ne suis pas d'accord avec ce terme, pas plus que celui de " gang Krivine et Laguillier" que tu emploi dans un autre message. Tu as sûrement lu sur EP-Infos que nous avons critiqué les trotskystes de LO-LCR, sur des choses précises, c'est pourquoi les termes de "secte" ou de "gang" ne sont pas très utiles politiquement. Quant à Partisan,
je pense que le sens donné à l'interview de
Karmann était claire dans la tête de VP. Je
crois simplement qu'une petite précision sur
l'origine de la Gauche Communiste et une analyse critique de
celle-ci aurait été utile dans le même
n°. Les responsables de Partisan
savent très bien au sujet de la Gauche
Communiste ( et de la CC ) ce qu'il en est, et ils ne se
font aucune illusions à leur sujet. Quand tu disais
que l'avis du PTB est certainement qu'il faut sortir du
P"C"F et fonder un véritable PCML, je peux te dire la
même chose en ce qui concerne VP. D'ailleurs
même si l'initiative a avorté, VP est une
organisation qui a répondu favorablement au processus
unitaire lancé par les EP et le CEP le 22 mars 98.
Quant au reproche " qu'ils ne devraient pas faire de
publicité pour Karman", je crois que cet
argument ne tient pas debout car: Voilà les quelques réflexions que je voulais te livrer.
Salutations communistes D. pour les EP le 2 mars 2000 |