Racisme, fascisme et syndicalisme Intervention syndicale |
Le racisme: sa cause principale est
à trouver dans le capitalisme même. Son système
d'exploitation et d'asservissement qui tue, pille partout dans le
monde et dont les premières cibles sont les travailleurs et
les pauvres des différents pays.
Depuis longtemps, la France est considérée par les
immigrés potentiels comme une terre d'accueil: Polonais,
Italiens, hier, puis Espagnols, Portugais, Algériens et
marocains.
En n'oubliant pas qu'il y a encore peu de temps, les " ratonnades "
n'étaient pas réservées aux algériens,
aux arabes mais aux ...bretons, et ensuite aux " polaks " et aux "
ritals "...
De qui les nationalistes parlaient-ils en écrivant dans le
journal " La Patrie " en 1896 :
" Ils arrivent telles des
sauterelles (...)ils sont sales, tristes, loqueteux. Tribus
entières immigrant vers le Nord. Ils s'installent chez les
leurs, entre-eux "
....Pas des travailleurs arabes mais des travailleurs italiens !
L'institut national d'études démographiques (INED)
souligne, à juste raison qu'un français sur cinq aurait
un parent ou un grand-parent étranger, soit 10 millions de
personnes.
La croissance s'est ralentit dès 1974, date du premier choc
pétrolier provocant les premières montées
importantes du chômage. A ce moment, le gouvernement en place a
fermé les frontières à toute nouvelle
immigration. Cela n'arrêtera pas la montée progressive
du chômage, démontrant s'il le fallait que "
chômage " et " immigration " ne sont pas liés.
Deux exemples :
De 1978 à 1983, 74 000 travailleurs immigrés ont
été licenciés dans le
Bâtiment/Travaux-Publics. Ils ont représenté 80%
des licenciements de ce secteur. Pas un seul " Français " n'a
pris la place d'un immigré licencié !
Dans l'automobile, de 1972 à 1982, 51 000 étrangers ont
été débauchés sans que la situation ne
s'améliore. Ce qui tort le cou à toutes les
idées reçues sur l'immigration et principalement
à celle qui affirme qu'un immigré dehors, c'est un
travail pour un français.
La proportion d'étrangers est stable depuis 1931 :
-6.3% en 31
-6.7% en 1987
-6.3% au recensement de 1990
Concernant la sécurité sociale et son soi-disant "
pillage " par les immigrés, les élèves de l'ENA
en 1984, constatent que les immigrés ont " consommé "
pour 10 milliards de prestations, soit 6.3% des dépenses
totales. Or, ils sont 8.3% des cotisants et paient 7.6% des
cotisations totales. Les immigrés contribuent pour 1 milliard
de plus qu'ils ne consomment.
Pour ce qui est du régime " retraite ", les immigrés
ont touché 5.4 milliards, soit 5.03% des dépenses
totales. Or, ils sont toujours 8.3% des cotisants et paient 7.9% des
cotisations. Un fait certain : les immigrés paient les
retraites des " français ", car 4% d'entre-eux ont plus de 65
ans contre 9.8% des français.
La haine de l'étranger en a toujours fait le
bouc-émissaire idéal dans les périodes de
chômage. Dans un sondage, début 1995, 62 % des
français, toutes catégories sociales confondues, se
déclaraient perméables aux idées racistes. Ce
pourcentage est aujourd'hui en augmentation.
En France, il existe une relative " protection " des travailleurs.
Est-il alors si anormal, si illégal qu'un travailleur
étranger touche dûment ses droits au chômage,
alors même qu'il a cotisé comme tout un chacun des
travailleurs du pays ?
Qui n'a pas vu traîner dans son atelier, sur son chantier, dans
son bureau et ailleurs, ces mauvaises photocopies, censées
être drôles par leur racisme outrancier et parfois
censées être l'émanation de groupes islamistes
radicaux, affirmant leur suprématie sur la " race blanche "?
(Un militant FN qui distribuait cette prose sordide dans les boites
aux lettres de sa ville a été récemment
condamnée par la justice).
Ces feuillets infâmes passent de mains en mains et parfois par
celles des délégués du personnel qui ne trouvent
rien à redire....quand ils ne sont pas directement
affichés sur les panneaux réservés aux instances
représentatives du personnel.
Le racisme s'est accéléré dans la foulée
du conflit armé contre l'Irak en 1991. Mais bien avant, le
discours raciste tenu principalement par le FN était
déjà passé dans la classe politique et la
population en général. Pas un " grand " parti n'aura
été épargné. A Droite, avec les " odeurs
" de Jacques CHIRAC, " l'invasion " de GISCARD D'ESTAING mais aussi
à Gauche avec la dénonciation, en 1983, des
grévistes de TALBOT manipulés par les " ayatollah ",
jusqu'au " bulldozer " de Vitry....
A marcher dans le sillon raciste pour " ramener " les
électeurs perdus, cela ne sert qu'à faire progresser le
FN. Les électeurs préférant toujours l'original
à une photocopie.
Il fut même un temps, où le FN aurait posé " les
bonnes questions " mais donnerait les mauvaises réponses.
Tous ces discours et cette politique ont amené ces
dernières les années :
-Les camps de rétention
-Les lois racistes de PASQUA / DEBRE / CHEVENEMENT
-Les charters
Et ces dernières années, le plan Vigipirate (toujours
en cours), en fait une véritable " chasse aux faciès "
qui a conduit à plusieurs milliers de reconduites à la
frontière.
C'est aussi l'extension des interdictions de regroupement familiaux
alors même que l'ensemble des conditions nécessaires est
rempli par les travailleurs immigrés qui en ont fait la
demande.
Le racisme n'épargne aucune discussion, tant au travail qu'en
dehors. Il n'est pas une discussion qui ne se termine par ce "
problème de l'immigration ", porteur de tous les maux de la
société.
On ne peut pas parler du racisme sans en venir à cette force
haineuse montante qu'est le FN et l'extrême-droite en
général. Ce qui n'exclut pas, bien au contraire, les
combats à mener contre toutes les politiques de même
nature de Droite ou de Gauche. Se souvenir des SDF virés des
centres-villes et de la reprise des lois PASQUA-DEBRE par
CHEVENEMENT.
En 1984......8% des ouvriers votaient FN
En 1988.....19%
En 1994.....19%
En 1995.....27% - (33% selon certains sondages)
En 1995....28% des chômeurs votaient FN
Il faut évidemment relativiser la
représentativité de ces pourcentages qui ne se font
qu'en rapport au nombre de votants. Calculé sur le nombre des
inscrits, ce pourcentage dégringole en dessous des 10%.
La base sociale de l'électorat FN s'est élargie. Si le
vote FN reste élevé dans les couches classiques sur
lesquelles prospèrent le fascisme (petite bourgeoisie,
artisans, commerçants...), il rallie maintenant une partie de
l'électorat ouvrier.
Ce qui amène le FN à se prétendre
démagogiquement comme étant le premier parti ouvrier de
France.
C'est évidemment le racisme qui agit en tout premier lieu, qui
sert de " ciment idéologique " à tous ceux qui votent
FN.
Mais si auparavant, il s'agissait d'un vote protestataire, ce n'est
plus le cas depuis quelques années. Les électeurs FN
souhaitent l'application du programme FN (tout du moins de ce qu'ils
en connaissent car on parle rarement de son programme
économique antisocial.
Cela est le résultat d'une politique anti-ouvrière
menée depuis 1981 et qui se poursuit aujourd'hui :
-Restructurations industrielles
-Plans de licenciements
-Déréglementation du travail
-Culte de l'entreprise
-Individualisme, les " gagnants " contre les " perdants "
-Précarité, exclusion
-Démantèlement des Services publics
-Ascension sociale limitée, peur de l'avenir
-Politique urbaine désastreuse
-Inégalités, " qualifiés " et " non
qualifiés ", " hommes " et femmes "
Toute cette politique anti-ouvrière et antisociale, trahissant
les aspirations de la classe ouvrière et de la population
laborieuse, illusionnée par la " victoire de la Gauche ", est
encore aujourd'hui à l'oeuvre, ouvrant un véritable
boulevard au parti raciste et fasciste qu'est le FN.
A cela est venu s'ajouter l'événement majeur qu'a
été l'effondrement du bloc de l'Est
matérialisé par la chute du Mur de Berlin et par le
retour de ces pays à une politique dictée par le FMI et
la Banque Mondiale. Partout, comme en ex-URSS, elle se
révèle d'ailleurs désastreuse pour les peuples
aujourd'hui. La fin provisoire d'exemples concrets, même si
déformés, de ce que peut être une
société socialiste a ranimé chez les
possédants un anticommunisme virulent, par peur des
révoltes populaires et qu'aujourd'hui encore, les peuples en
lutte pour une autre société ne s'arme de l'outil
forgé par des générations de
révolutionnaires.
Sans compter l'effet de pourrissement politique due aux scandales
politico-financiers et puis l'attitude plus que trouble d'un
Mitterand, fidèle à son passé vichyste,
vis-à-vis de cette même extrême-droite.
C'est en s'appuyant très largement sur les difficultés
sociales que le FN a basée toute sa stratégie politique
sur le rejet des immigrés.
Quand on ne s'attaque pas au patronat, origine de ses
difficultés, c'est l'immigré qui est en ligne de mire.
Fascisme et démocratie expriment les mêmes rapports de
production. Son anticapitalisme n'est qu'un habile maquillage.
Au sein des centrales syndicales, peu de débat sur le racisme
et le FN. Même si dans les publications syndicales, la place
faite au combat à mener dans les syndicats contre ces dangers
commence tout juste à grandir. Rappelons-nous qu'il n'y a pas
si longtemps, dans le courrier de l'Hebdo-CGT, des lettres de
lecteurs laissaient éclater leur racisme primaire annulant
leur abonnement parce que l'Hebdo " parlerait trop des
immigrés ".
Ces difficultés de débattre se répercutent
d'autant plus fortement à la base avec les syndiqués,
les travailleurs.
Il est notoire qu'un nombre trop important de militants syndicalistes
est imprégné de ce racisme. Souvent d'ailleurs, tout du
moins à l'heure actuelle, ce sont des militants à qui
il manque une culture politique et syndicale.
Peu de militants et de salariés connaissent la
réalité du programme du FN. Si celui-ci était
tout d'abord de type ultra-libéral, il a pris en compte depuis
1992, la nouvelle dimension sociale et populaire de son nouvel
électorat (rédaction du programme des " 300 mesures "
en 1993).
Rien ne dit d'ailleurs qu'il a abandonné totalement son
ultralibéralisme, mais aujourd'hui ce qui est mis en avant par
la " préférence nationale " est aussi une tentative de
tromper les travailleurs par un discours social-raciste plus
racoleur.
-Communauté de travail et d'intérêts entre
patrons et travailleurs français (on peut reconnaître
là une constante du fascisme, la négation de la lutte
des classes).
-Concernant les syndicats, le FN se propose de briser ce "
privilège " qu'est le monopole de représentation et il
a déjà commencer en fermant les Bourses du travail
à Toulon et à Nice (même si Peyrat a
quitté le FN, il n'en a jamais renié les
idées).
- "Apartheid " quant à l'opposition " nationaux " et "
étrangers " pour la Sécurité sociale, le
RMI...
Après le noyautage de syndicats classique (FO et CFTC
d'après le guide du militant FN), le FN a entrepris de
créer ses propres structures syndicales et ce, d'autant plus
rapidement que le succès a couronné sa première
tentative; le FN Police. Il a mis en place un FN-RATP, en attendant
d'autres FN... Même s'il y a eu un coup d'arrêt à
ces menaces, ce coup d'arrêt est juridique et non pas dû
à la lutte des travailleurs, ce qui aurait été
une réelle victoire.
La politique frontiste c'est surtout un programme de
flexibilité totale, le droit de licencier sans restriction,
l'interdiction du droit de grève, la remise en cause de la
Protection sociale, etc...
On n'est pas très loin de la politique anti-ouvrière
menée aujourd'hui par le gouvernement de la gauche
plurielle.
Si le bruit des bottes et des rangers n'est pas encore à
l'ordre du jour, n'oublions pas qu'en cas de nécessité,
les partis de Gauche, n'assurant pas la " mission " assignée
par la bourgeoisie, le fascisme serait le recours. Le fascisme
n'étant qu'une expression particulière du capitalisme
et non pas une excroissance étrangère du capitalisme.
En temps voulu, la bourgeoisie fait son choix : aujourd'hui, la
Gauche plurielle et demain ???
Il n'est d'ailleurs pas impossible que ce soit, en partie les
mêmes hommes qui servent la démocratie parlementaire et
le fascisme, et vice-versa. L'expérience de l'Etat fasciste de
Vichy et l'après Libération, ou des Papon on pu
continuer leurs basses-oeuvres en est la preuve.
L'exemple récent du Chili en est une supplémentaire. Le
départ de Pinochet n'empêche pas que des hommes l'ayant
servi continue à participer à la vie politique du
pays.
Alors si, comme il est souvent dit que le syndicalisme est un rempart
contre le FN (Journal CGT " Exigences " n°2), il est temps, plus
que temps de s'atteler à la tâche et foncer pour ne plus
que le FN et son programme ne progressent parmi nos camarades de
travail et qu'enfin, la riposte, la contre-attaque se mette en
marche.
A cet égard, le mouvement social de Nov/Décembre 1995 a
montré que face à la puissance des travailleurs en
grève, les diviseurs racistes, les fascistes n'ont plus
d'existence réelle !
L'immigration dans l'histoire de toute société n'a
jamais été un problème et moins encore
aujourd'hui où le capital financier ne connaît aucune
frontière. Libre circulation pour tous !
Je finirais par un slogan repris dans toutes les manifestations :
C'est la misère, le
régression sociale, le capitalisme, qu'il faut combattre pas
les immigrés !
Infos tirées de
diverses publications
S. BUQUET (
Correspondant des E.P. )