L'équipe de DDC ( Droit
De Citer ) a décidé de soutenir l'intervention de
l'Otan dans les Balkans (voir articles de DDC n°16 de mai 1999
et Convergences B-H supp au n°27 de Mars/Avril 1999) et cela au
mépris de l'information en occultant complètement tout
ce qui ne va pas dans le sens de la rédaction de
DDC.
Pour une fois DDC se retrouve en phase avec une majorité de
l'opinion publique. Nous savons que l'opinion publique est aussi, un
enjeu stratégique important, que les médias de ce point
de vue là, ont bien joué leur rôle. Il
était déterminant qu'une partie de l'opinion " de
gauche " ou " progressiste " soit elle-même " troublée
", pour paralyser son action et en fin de compte permettre
l'acceptation, la justification et le soutien à l'intervention
impérialiste dans les Balkans. DDC ne s'est pas non plus
différencié du discours dominant, malgré ses
affirmations (édito du n°16). Il est facile de jeter
l'anathème, de se présenter comme étant les
seuls qui n'ont pas "oublier les ravages et les désastres
humains de 10 années de délire raciste et
ultra-nationaliste des dirigeants de Belgrade "*(1). Facile et pas du
tout innocent de réduire " l'opposition à la guerre "
à des pacifistes, des munichois, des " pro-serbes ", des
rouges-bruns, ou pro-milosévic...
Sur des registres différents DDC, Dizdarevic, Convergences
B-H, comité Kosovo etc... reprennent l'ensemble de ces
qualificatifs pour les " coller " sur tout ce qui ne rentre pas dans
le moule de la pensée unique. Ne voir que des fascistes,
rouges-bruns etc... (ils étaient présents et ils ont
tentés une percée dans le mouvement anti-guerre), c'est
faire preuve d'un manque de discernement phénoménal,
d'un aveuglement total. Il est particulièrement honteux
d'assimiler les manifestations anti-otan à des "
manifestations qui défendaient Milosévic "*(2) comme
l'écrit Dizdarevic *(3) dans l'article de DDC intitulé
" Des drapeaux pour les fascistes ".
Les Editions Prolétariennes ont signé en 1998,
plusieurs textes (avec d'autres organisations) dont l'un s'intitulait
" La lutte de libération nationale des Albanais du Kosovo est
une lutte juste. Les communistes doivent la soutenir ! " le 28/04/98
et l'autre le 24/06/99 ". Au Kosovo :
Ni oppression serbe, Ni intervention impérialiste ". Nous nous
sommes clairement positionnés lors du déclenchement des
bombardements de l'Otan, en disant " Non à l'Otan -
Autodétermination du peuple du Kosovo ", nous nous sommes
situés politiquement face à deux contradictions de
classe. La première est un conflit entre un peuple
nationalement opprimé (le peuple albanais du Kosovo ) et son
oppresseur (le régime serbe). La deuxième est la guerre
entre les forces impérialistes et la Yougoslavie
représentée par le régime de Milosévic.
Le prétexte " humanitaire " invoqué par les puissances
impérialistes pour justifier l'intervention militaire contre
la Yougoslavie, ne doit pas nous aveugler au point de nier
l'oppression serbe au Kosovo, la question nationale et le droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes. Ce prétexte ne
doit pas non plus être considéré comme " la moins
pire des solutions ", l'évolution de la situation au Kosovo
montre que les droits des peuples ne passent pas par la
présence de l'Otan et des autres structures
impérialistes dans les Balkans. Nous sommes donc aussi, contre
l'occupation militaire de la région.
Nous disons :
-l la guerre déclenchée le 23 mars est une guerre
impérialiste, elle vise la domination et non la
libération des peuples, elle n'est pas seulement l'oeuvre des
USA, mais aussi celle de l'Etat Français.
-2 la politique suivie par Milosévic est une politique
réactionnaire tant à l'égard des travailleurs,
des étudiants qu'à l'égard des
minorités.
-3 les peuples ont droit à l'autodétermination, qu'ils
soient Serbes, Kosovars, Monténégrins...
Ce qui domine dans les articles de DDC, c'est la BOSNIE comme
référence omniprésente., avec l'idée que
" en Bosnie on a laissé faire trop longtemps " " au Kosovo il
faut réagir ". De ce constat, découle la question " que
fallait-il faire ? " et la réponse, que l'intervention de
l'Otan c'est " la moins pire des solutions ". Nous retrouvons cette
logique, dans l'ensemble des positions favorables à
l'Otan.
La guerre en Bosnie a été un laboratoire pour les
futures guerres des puissances occidentales. Les gouvernements de ces
puissances ne se sont pas gênés, après avoir dit:
Milosévic = Hitler, pour se mettre d'accord avec lui sur le
partage " ethnique " de la Bosnie (accord de Dayton).
C'est avec l'appui de ces puissances que la Croatie a expulsé
les serbes de la Krajina. Le fascisme, le racisme, ce n'est pas la
folie d'un homme, mais une politique précise. L'argument de la
" folie " d'Hitler a permis d'innocenter l'impérialisme qui a
généré le fascisme. Le fascisme, le racisme, ne
sont pas nés avec la guerre en Bosnie. Depuis 10 ans les
horreurs ne se résument pas à la Bosnie.
Les causes internes qui ont amené à l
'éclatement de la Yougoslavie, sont les conséquences du
capitalisme yougoslave, du libéralisme économique, des
contradictions du capitalisme en crise..., cependant nous ne pouvons
nier les causes externes de cet éclatement (le rôle des
grandes puissances, reconnaissance de la Croatie etc...).
Depuis 10 ans des organisations, des intellectuels, des ONG, ont
patiemment entretenu le mythe d'une " Europe passive face à
l'horreur ", d'une " ONU neutre et impuissante " ils ont
justifié par avance l'intervention de l'Otan.
Il est assez surprenant de voir des intellectuels (Convergences
etc...) se prononcer ouvertement pour " le recours urgent à
une intervention militaire terrestre "*(4) et réclamer " une
aide matérielle et militaire à la résistance
Kosovare "*(5). Quel courage !!! surtout venant de la part de
personnes qui n'ont jamais eu de cesses de cracher sur les
révolutionnaires dans le monde, de nier la
légitimité de la " violence " des peuples au
Pérou, au Philippines, en Palestine, ou plus récemment
au Kurdistan. Le prétendu radicalisme de ses beaux-parleurs
va-t-en-guerres, vole vite en éclats lorsqu'ils sont
confrontés à la réalité. Même
certains militaires connaissant le terrain, faisaient remarquer
combien l'éventualité d'une " intervention terrestre "
serait meurtrière et parfaitement irresponsable.
DDC déclare avoir choisi de " défendre les
solidarités humaines... "*(6)..." quitte à affronter
l'incompréhension ou la colère d'une partie de la
gauche ".*(7)
En effet DDC se retrouve en porte-à-faux avec: le Monde
Diplomatique, les Zappatistes, l'extrême-gauche,
Mumia-abu-jamal etc....qui sont tous contre la guerre dans les
Balkans. La coalition Verts-PS-RPR-DL-comité Kosovo etc...
elle se retrouve pour " tomber à bras raccourcis " sur
Régis Debray qui a eu le tort de penser autrement que les "
imprécateurs-coalisés ". Régis Debray qui,
même si nous avons de grosses divergences avec lui aujourd'hui,
reste de toutes façons un intellectuel qui a su en son temps
choisir le camp des adversaires de l'impérialisme US en aidant
concrètement le CHE, ce qui lui valut un procès et la
prison en Bolivie.
En ce qui concerne le P " C " F ( les amis de Robert Hue), Il n'est
pas étonnant qu'avec ses positions le P " C " F se soit
divisé, voire subdivisé entre les favorables à
l'intervention et les non-favorables, les anti-Milosévic et
les pro-Milosévic. Pas étonnant non plus qu'avec
l'impérialisme américain désigné comme
seul ennemi, certains responsables du P " C " F se soit fait
piéger par une pétition " anti-guerre " officié
par l'extrême-droite. Le P " C " F a de fait cautionné
l'intervention impérialiste et la participation du
gouvernement dans lequel il siège. Il a maintenu l'opposition
à la guerre sur le terrain pacifiste (sans parler du
caractère impérialiste de celle-ci) , entretenu les
pires illusions sur les structures internationales (ONU, UE,
OSCE...). Quand Jospin lui a demandé de choisir entre les
manifs contre la guerre et la cohésion de la majorité
gouvernementale, il choisira. le P"C"F restera au gouvernement
coûte que coûte, quoi qu'il arrive... car il partage
l'ensemble des orientations réactionnaires de celui-ci.
En apportant une caution à la construction du nouvel ordre
impérialiste mondial, DDC ne peut que se revendiquer
difficilement d'une quelconque " radicalité " ou " alternative
" vis-à-vis du système capitaliste dominant.
*(1) Edito de " Droit De Citer " n° 16 de Mai 1999.
*(2) Article de Zlatko Dizdarevic DDC n°16 (Mai 1999).
*(3) Zlatko Dizdarevic était rédacteur en chef du
principal journal de Sarajevo " Oslobodenje ".
*(4) Convergences Bosnie-Herzégovine (supplément au
n°27 Mars/Avril 1999).
*(5) Covergences B-H.
*(6) Edito de DDC n°16.
*(7) Edito DDC 16.
le 04/07/99 - Editions Prolétariennes / Mairie place de
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