le 03/01/2006

LA QUESTION DES SYNDICATS ET L'INTERVENTION DES OUVRIERS ML

......La période est marquée par une adaptation toujours plus grande des organisations syndicales à l'état bourgeois et à la gestion du capitalisme. Les quelques tentatives de regrouper les équipes syndicales combatives, encore attachées à la lutte des classes sont restées lettre morte du fait de l'éparpillement et de l'absence d'un programme politique révolutionnaire mais aussi dans l'illusion entretenue dans le redressement des organisations syndicales réformistes (CFDT, CGT) ou dans la " radicalité " des organisations syndicales nouvellement créées (SUD, CNT).
...... Les organisations syndicales sont plus que jamais un frein à la révolution socialiste en cela qu'elles cultivent le trade-unionisme et la division de la classe ouvrière, et qu'elles sont l'expression politique de l'aristocratie ouvrière. Toute lutte pour le développement de la conscience de classe du prolétariat sera désormais une lutte contre le réformisme, contre les agents bourgeois dans la classe ouvrière.
Est-ce à dire que les ouvriers marxistes-léninistes ne doivent plus intervenir dans les organisations syndicales et dans les luttes économiques de la classe ouvrière. Non, les ouvriers marxistes-léninistes doivent intervenir dans la lutte de classe quotidienne mais dans le but unique de démontrer à la classe ouvrière que le réformisme est une impasse politique, que seule la révolution socialiste est capable de supprimer l'exploitation de l'homme par l'homme, le capitalisme. L'intervention dans les organisations syndicales ne doit avoir comme seul but d'y dénoncer les bureaucrates syndicaux et d'y créer des noyaux ouvriers communistes capables de porter dans les luttes économiques l'auto-organisation des ouvriers et le programme révolutionnaire.
" Pour savoir aider la masse et gagner sa sympathie, son adhésion et son appui, il ne faut pas craindre les difficultés, les chicanes, les pièges, les outrages, les persécutions de la part des chefs (qui, opportunistes et social-chauvins, sont dans la plupart des cas liés directement ou indirectement à la bourgeoisie et à la police) et travailler absolument là où est la masse. "
Lénine, la maladie infantile du communisme (" le gauchisme ", 1920)
...... Lénine critiquait les " gauches " allemandes et hollandaises en cela qu'elles refusaient de lutter " là où est la masse ". Cette position politique est utilisée aujourd'hui encore par nombre d'organisations marxistes-léninistes pour justifier l'investissement dans les organisations syndicales réformistes. Elles oublient pour l'essentiel que le marxisme-léninisme est un guide pour l'action et non un dogme, et qu'aujourd'hui la grande majorité de la classe ouvrière est hors les organisations syndicales. Les conditions objectives justifiant la position léniniste du travail des communistes dans les syndicats n'étant plus réunies, il convient de développer une activité indépendante communiste dans les entreprises car sinon nous allons continuer à nous couper de la classe ouvrière dans le sillage de ces organisations syndicales réformistes qui ne sont plus que l'expression politique de l'aristocratie ouvrière.
" L'opportunisme ne peut plus triompher aujourd'hui complètement au sein du mouvement ouvrier d'un seul pays pour des dizaines et des dizaines d'années, comme il l'a fait en Angleterre dans la seconde moitié du XIXeme siècle. Mais, dans toute une série de pays, il a atteint sa pleine maturité, il l'a dépassée et s'est décomposé en fusionnant complètement, sous la forme du social-chauvinisme, avec la politique bourgeoise. "
Lénine, l'impérialisme stade suprême du capitalisme, 1916
...... La masse ouvrière est aujourd'hui hors les syndicats mais la cible des marxistes-léninistes doit être de gagner les éléments avancés de la classe ouvrière, les ouvriers d'avant-garde à la nécessité de construire le Parti. Où sont aujourd'hui ces éléments avancés, quelle vision ont-ils de l'organisation syndicale ?
Tout d'abord, les éléments avancés de la classe ouvrière sont ces ouvriers qui défendent le concept de classe pour soi, c'est-à-dire qu'ils ont conscience de la nécessité de renverser le système capitaliste et d'avoir des intérêts propres et historiques à défendre. Il va de soi que cette conscience est limitée en cela que les ouvriers avancés ne voient pas encore comment avancer vers la construction du Parti. Quel est le rôle des ouvriers ML ? De laisser ces camarades ouvriers avancés végéter dans des structures syndicales traîtres qui leur imposent de ne pas faire de politique dans les syndicats, qui les poussent au mieux vers l'anarcho-syndicalisme faute de mieux ? Non, les ouvriers ML doivent aider ces camarades ouvriers à s'organiser pour la révolution socialiste c'est-à-dire à mettre la question du Parti en avant.
Les deux principales organisations ML aujourd'hui en France, de part leur longue histoire et leur implantation dans la classe ouvrière posent chacune ce problème :
L'ocml Voie Prolétarienne dit : " ces travailleurs se posent de multiples questions pour lesquelles ils n'ont pas de réponses. Ils sont par exemple, nombreux à réclamer que les directions syndicales impulsent le combat, alors même qu'ils savent qu'elles ont de multiples attaches avec le système capitaliste et ne sont pas prêtes à en bouleverser les fondements. Inversement ces directions prétendent attendre que le mouvement spontané se lève, alors même que , s'il a lieu, elles s'y opposeront de toutes leurs forces. "
Manifeste de l'ocml Voie Prolétarienne, 2004
Le Parti Communiste des Ouvriers de France (Pcof) dit : " Si d'un côté le contrôle des organisations réformistes sur le mouvement est moins prégnant, si la recherche d'une alternative révolutionnaire dans une frange avancée est plus palpable, il y a aussi une certaine tendance au corporatisme en matière de lutte économique et d'anarcho-syndicalisme en matière de lutte politique. "
Rapport politique du 5eme Congrès du Pcof, 2002

Les camarades voient la réalité mais refuse de la transformer, les uns défendant la nécessité de l'unité des " équipes syndicales combatives ", les autres " une ligne lutte de classe pour la Cgt ".
Ces deux conceptions ne font que prolonger l'illusion dans la révolutionnarisation des syndicats, et politiquement renforcer l'anarcho-syndicalisme comme substitut à l'organisation communiste, ET éloigner les éléments avancés des organisations marxistes-léninistes.

Nombre d'ouvriers avancés sont aujourd'hui hors des syndicats et comment pourrait-il en être autrement ? C'est une donnée objective aujourd'hui, chaque trahison des luttes s'accompagnent d'une nouvelle désyndicalisation et parfois de la constitution de collectifs anarcho-syndicalistes auto-proclamés " syndicats ".(création de Sud Auto, Sud Michelin etc…). Certains ouvriers avancés suivent les réformistes radicaux et les trotskystes dans cette voie mais pour la seule raison qu'il n'y a pas de politique alternative des marxistes-léninistes sur la question, sinon dire " nous devons rester dans les syndicats pour démasquer les bureaucrates ".
Merci, les ouvriers avancés ont compris cela depuis longtemps et en cela ils sont aujourd'hui un pas en avant des organisations marxistes-léninistes.

Nous, les ouvriers ML nous sommes conscients de cette situation et nous voudrions voir les organisations ML défendrent un autre programme dans la classe ouvrière, un programme politique communiste qui renforce les éléments avancés dans la volonté de créer ce Parti dont tout le monde parle mais que personne ne construit aujourd'hui. Ce programme et la construction du Parti passe par l'unité des marxistes-léninistes dans un travail communiste dans les entreprises. Ce travail les ouvriers ML le mènent isolés, il convient de le coordonner avec ou sans les organisations marxistes-léninistes existantes. Avec si elles font un bilan autocritique de leur construction et du travail mené dans la classe ouvrière, sans si elles restent accrochées au travail syndical comme moteur de leur construction.
C'est pourquoi, l'appel à un Collectif de Coordination Ouvrier Marxiste-Léniniste s'adresse à la fois aux militants ouvriers isolés et aux organisations marxistes-léninistes existantes, espèrant créer les bases d'un débat salvateur déjà posé par le passé (critique de l'unité de Flins de l'Ujc(ml), positions de l'Ufc(ml) sur les syndicats) et jamais résolu depuis.

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Appel à la constitution d'un Collectif de Coordination Ouvrier Marxiste-Léniniste

(02/01/2006)