LA QUESTION DES SYNDICATS ET
L'INTERVENTION DES OUVRIERS ML
......La période est marquée par une
adaptation toujours plus grande des organisations syndicales
à l'état bourgeois et à la gestion du
capitalisme. Les quelques tentatives de regrouper les
équipes syndicales combatives, encore
attachées à la lutte des classes sont
restées lettre morte du fait de
l'éparpillement et de l'absence d'un programme
politique révolutionnaire mais aussi dans l'illusion
entretenue dans le redressement des organisations syndicales
réformistes (CFDT, CGT) ou dans la "
radicalité " des organisations syndicales
nouvellement créées (SUD,
CNT).
...... Les organisations syndicales sont plus que
jamais un frein à la révolution socialiste en
cela qu'elles cultivent le trade-unionisme et la division de
la classe ouvrière, et qu'elles sont l'expression
politique de l'aristocratie ouvrière. Toute lutte
pour le développement de la conscience de classe du
prolétariat sera désormais une lutte contre le
réformisme, contre les agents bourgeois dans la
classe ouvrière.
Est-ce à dire que les ouvriers
marxistes-léninistes ne doivent plus intervenir dans
les organisations syndicales et dans les luttes
économiques de la classe ouvrière. Non, les
ouvriers marxistes-léninistes doivent intervenir dans
la lutte de classe quotidienne mais dans le but unique de
démontrer à la classe ouvrière que le
réformisme est une impasse politique, que seule la
révolution socialiste est capable de supprimer
l'exploitation de l'homme par l'homme, le capitalisme.
L'intervention dans les organisations syndicales ne doit
avoir comme seul but d'y dénoncer les bureaucrates
syndicaux et d'y créer des noyaux ouvriers
communistes capables de porter dans les luttes
économiques l'auto-organisation des ouvriers et le
programme
révolutionnaire.
" Pour
savoir aider la masse et gagner sa sympathie, son
adhésion et son appui, il ne faut pas craindre les
difficultés, les chicanes, les pièges, les
outrages, les persécutions de la part des chefs (qui,
opportunistes et social-chauvins, sont dans la plupart des
cas liés directement ou indirectement à la
bourgeoisie et à la police) et travailler absolument là où
est la masse. "
Lénine, la maladie
infantile du communisme (" le gauchisme ",
1920)
...... Lénine critiquait les " gauches "
allemandes et hollandaises en cela qu'elles refusaient de
lutter " là où
est la masse ". Cette position
politique est utilisée aujourd'hui encore par nombre
d'organisations marxistes-léninistes pour justifier
l'investissement dans les organisations syndicales
réformistes. Elles oublient pour l'essentiel que le
marxisme-léninisme est un guide pour l'action et non
un dogme, et qu'aujourd'hui la grande majorité de la
classe ouvrière est hors
les organisations syndicales.
Les conditions objectives justifiant la position
léniniste du travail des communistes dans les
syndicats n'étant plus réunies, il convient de
développer une activité indépendante
communiste dans les entreprises car sinon nous allons
continuer à nous couper de la classe ouvrière
dans le sillage de ces organisations syndicales
réformistes qui ne sont plus que l'expression
politique de l'aristocratie
ouvrière.
" L'opportunisme ne peut plus triompher
aujourd'hui complètement au sein du mouvement ouvrier
d'un seul pays pour des dizaines et des dizaines
d'années, comme il l'a fait en Angleterre dans la
seconde moitié du XIXeme siècle. Mais, dans
toute une série de pays, il a atteint sa pleine
maturité, il l'a dépassée et s'est
décomposé en fusionnant complètement,
sous la forme du social-chauvinisme, avec la politique
bourgeoise.
"
Lénine,
l'impérialisme stade suprême du capitalisme,
1916
...... La masse ouvrière est aujourd'hui hors
les syndicats mais la cible des marxistes-léninistes
doit être de gagner les éléments
avancés de la classe ouvrière, les ouvriers
d'avant-garde à la nécessité de
construire le Parti. Où sont aujourd'hui ces
éléments avancés, quelle vision ont-ils
de l'organisation syndicale ?
Tout d'abord, les
éléments avancés de la classe
ouvrière sont ces ouvriers qui défendent le
concept de classe pour
soi, c'est-à-dire
qu'ils ont conscience de la nécessité de
renverser le système capitaliste et d'avoir des
intérêts propres et historiques à
défendre. Il va de soi que cette conscience est
limitée en cela que les ouvriers avancés ne
voient pas encore comment avancer vers la construction du
Parti. Quel est le rôle des ouvriers ML ? De laisser
ces camarades ouvriers avancés végéter
dans des structures syndicales traîtres qui leur
imposent de ne pas faire de politique dans les syndicats,
qui les poussent au mieux vers l'anarcho-syndicalisme faute
de mieux ? Non, les ouvriers ML doivent aider ces camarades
ouvriers à s'organiser pour la révolution
socialiste c'est-à-dire à mettre la question du Parti en
avant.
Les deux principales organisations ML
aujourd'hui en France, de part leur longue histoire et leur
implantation dans la classe ouvrière posent chacune
ce problème :
L'ocml Voie
Prolétarienne dit : "
ces travailleurs se posent de
multiples questions pour lesquelles ils n'ont pas de
réponses. Ils sont par exemple, nombreux à
réclamer que les directions syndicales impulsent le
combat, alors même qu'ils savent qu'elles ont de
multiples attaches avec le système capitaliste et ne
sont pas prêtes à en bouleverser les
fondements. Inversement ces directions prétendent
attendre que le mouvement spontané se lève,
alors même que , s'il a lieu, elles s'y opposeront de
toutes leurs forces.
"
Manifeste de l'ocml Voie
Prolétarienne, 2004
Le Parti Communiste des Ouvriers
de France (Pcof) dit : "
Si d'un côté le
contrôle des organisations réformistes sur le
mouvement est moins prégnant, si la recherche d'une
alternative révolutionnaire dans une frange
avancée est plus palpable, il y a aussi une certaine
tendance au corporatisme en matière de lutte
économique et d'anarcho-syndicalisme en
matière de lutte politique. "
Rapport politique du 5eme
Congrès du Pcof, 2002
Les camarades voient la
réalité mais refuse de la transformer, les uns
défendant la nécessité de
l'unité des " équipes syndicales combatives ",
les autres " une ligne lutte de classe pour la Cgt
".
Ces deux conceptions ne font que
prolonger l'illusion dans la
révolutionnarisation des syndicats, et politiquement
renforcer l'anarcho-syndicalisme comme substitut à
l'organisation communiste, ET éloigner les
éléments avancés des organisations
marxistes-léninistes.
Nombre d'ouvriers avancés sont
aujourd'hui hors des syndicats et comment pourrait-il en
être autrement ? C'est une donnée objective
aujourd'hui, chaque trahison des luttes s'accompagnent d'une
nouvelle désyndicalisation et parfois de la
constitution de collectifs anarcho-syndicalistes
auto-proclamés " syndicats ".(création de Sud
Auto, Sud Michelin etc…). Certains ouvriers avancés
suivent les réformistes radicaux et les trotskystes
dans cette voie mais pour la seule raison qu'il n'y a pas de politique alternative des
marxistes-léninistes sur la question, sinon dire "
nous devons rester dans les syndicats pour démasquer
les bureaucrates
".
Merci, les ouvriers avancés
ont compris cela depuis longtemps et en cela ils sont aujourd'hui un pas en avant des
organisations marxistes-léninistes.
Nous, les ouvriers ML nous sommes
conscients de cette situation et nous voudrions voir les
organisations ML défendrent un autre programme dans
la classe ouvrière, un programme politique communiste
qui renforce les éléments avancés dans
la volonté de créer ce Parti dont tout le
monde parle mais que personne ne construit aujourd'hui. Ce
programme et la construction du Parti passe par
l'unité des marxistes-léninistes dans un
travail communiste dans les entreprises. Ce travail les
ouvriers ML le mènent isolés, il convient de
le coordonner avec ou sans les organisations
marxistes-léninistes existantes. Avec si elles font
un bilan autocritique de leur construction et du travail
mené dans la classe ouvrière, sans si elles
restent accrochées au travail syndical comme moteur
de leur construction.
C'est pourquoi, l'appel à un
Collectif de Coordination Ouvrier
Marxiste-Léniniste
s'adresse à la fois aux militants ouvriers
isolés et aux organisations
marxistes-léninistes existantes, espèrant
créer les bases d'un débat salvateur
déjà posé par le passé (critique
de l'unité de Flins de l'Ujc(ml), positions de
l'Ufc(ml) sur les syndicats) et jamais résolu
depuis.
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