1er Mai 2006 à
Thessalonique
- Deux camarades de Nantes se sont rendus en
Grèce à l'occasion du 1er Mai après
avoir établis des
- contacts avec les camarades du Parti Communiste de
Grèce marxiste-léniniste (KKE ML) durant
les dernières semaines. Le KKE ML est une des
quatres organisations en Grèce se revendiquant du
marxisme-léninisme et de la Pensée Mao
Tsétoung. Les trois autres organisations qui en
sont des scissions sont le ML KKE (Parti Communiste
marxiste-léniniste de Grèce), le EKKE
(Mouvement Communiste Révolutionnaire de
Grèce) et le KOE (Organisation Communiste de
Grèce).
- Nous avons donc rejoint les camarades à
l'occasion du défilé du 1er Mai 2006 dans
la ville de
- Thessalonique, ville ouvrière et historique du
mouvement ouvrier de Grèce. D'ailleurs, cette
année coïncidait avec la commémoration
de l'insurrection ouvrière de 1936 dans la ville,
suite au massacre d'ouvriers du Tabac par les forces
armées. Le lieu de rendez-vous était
précisément une stèle
commémorative de cette insurrection, fleurie et
drapée du drapeau rouge faucille et marteau pour
l'occasion. Le 1er Mai est traditionnellement en
Grèce, une manifestation où chaque courant
politique présente un pôle à un
endroit défini à l'avance, il n'y a donc
pas de manifestation unitaire mais plusieurs
manifestations qui ne se rejoignent pas. A Thessalonique,
nous avons donc vu quatre manifestations se
déroulées dans quatre grandes
artères parallèles de la ville sans jamais
se croiser : celle du parti révisionniste KKE et
de sa fraction syndicale le PAME, celle des
sociaux-démocrates et des directions syndicales,
celle des trotskystes et anarchistes, celle des
marxistes-léninistes à laquelle nous avons
participé.
Le pôle marxiste-léniniste a
rassemblé quelque 500 militants, des quatre
organisations précédemment citées.
L'assistance était ouvrière et jeune, peu
d'immigrés, sauf quelques camarades albanais ou
turcs mais sans banderoles spécifiques. Les
camarades nous ont demandé de prendre la parole
pour adresser notre salut fraternel de
marxistes-léninistes de France aux camarades
grecs. Tout en expliquant que nous étions des
militants isolés nous avons salué les
efforts des camarades grecs dans la construction d'un
parti communiste marxiste-léniniste et
expliqué que c'était la tâche
principale aujourd'hui des communistes
marxistes-léninistes de France. Nous avons
également expliqué dans cette adresse
fraternelle notre souci d'apprendre de
l'expérience riche des camarades grecs dans cette
construction. D'ailleurs, nous avons eu la surprise de
voir que notre démarche était
partagée par d'autres militants de France, car
nous avons rencontré lors de cette manifestation
des camarades du Cercle Communiste
marxiste-léniniste de Lorient qui travaillent
depuis des années avec les camarades grecs. Ce
sont des anciens militants du PCMLF qui maintiennent une
activité sur leur ville. Nous nous sommes promis
de rester en contact pour les luttes à venir. A
l'occasion de cette rencontre, un des camarades
lorientais, d'origine grecque nous a raconté
à quelle tragédie avaient été
confrontés les marxistes-léninistes grecs.
Après la défaite de la guerre civile
grecque en 1951, les cadres du Parti se
réfugièrent en Ouzbékistan à
Tachkent sous la protection de l'URSS de Staline.
Après l'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev
et des révisionnistes soviétiques, ceux-ci
firent un putsch de la direction du parti grec, envoyant
les dirigeants marxistes-léninistes en
déportation en Sibérie, tuant certains et
imposant une nouvelle direction au parti. Certains
marxistes-léninistes revinrent en Grèce
pour reconstruire le Parti sur des bases
marxistes-léninistes. Ils furent à
l'origine du KKE ML. Certains de ces camarades encore en
vie étaient présents dans le cortège
du KKE ML durant ce 1er Mai.
- Nous avons été ensuite conviés
à une discussion avec deux dirigeantes
ouvrières de ce parti et un
- jeune camarade militant à Chypre. Nous avons
fait un état des lieux du mouvement
marxiste-léniniste en France ainsi qu'un
compte-rendu politique du mouvement contre le CPE
à leur demande. Pour leur part, elles nous ont
expliqué l'origine et le développement du
mouvement marxiste-léniniste en Grèce, tout
en pointant également le fait de la division des
organisations, situation similaire à la France. Un
des acquis des camarades nous semble être leur
volonté collective de se réapproprier
l'histoire du communisme sur la base de leur analyse du
révisionnisme, de la restauration en URSS et en
Chine, un choix de dire " notre histoire nous appartient,
c'est à nous d'en faire le bilan, pas aux
bourgeois ". Cette méthode leur a permis de faire
du communisme, non un repoussoir pour les masses mais un
espoir pour construire un monde nouveau. De plus, nous
avons également appris que ces camarades ont fait
depuis longtemps le choix d'une prolétarisation
continue de l'organisation ce qui les a
préservé de déviations
petites-bourgeoises inhérentes à la
direction de ces organisations par des
éléments de la petite-bourgeoisie. Ces
camarades dirigeantes étaient toutes les deux des
ouvrières municipales (éboueuses) ! Le
travail théorique du KKE ML sur l'histoire du
communisme a fait l'objet d'un ouvrage du parti, traduit
partiellement en anglais et que les camarades nous ont
fourni en vue d'une traduction et d'une diffusion en
français. Enfin, la discussion s'est
achevée sur le compte-rendu du jeune camarade
chypriote qui nous a expliqué les efforts du parti
pour se construire y compris de manière
clandestine dans la partie turque de l'île.
Rendez-vous fut pris pour leur initiative
d'un Meeting anti-capitaliste, anti-impérialiste
à Athènes, du 4 au 7 mai 2006, en marge du
Forum Social Européen.
Meeting anti-capitaliste,
anti-impérialiste des 4 au 7 mai 2006 à
Athènes
- L'idée des camarades du KKE ML était de
créer un espace alternatif au Forum Social
Européen,
- dans le cadre d'une critique des alter-mondialistes
petits-bourgeois. Pour les camarades, l'époque que
nous vivons est toujours celle de l'impérialisme
et les pseudo-théories sur
l'ultra-libéralisme et la mondialisation comme "
phénomène nouveau " sont à
rejeter.
Dans ce cadre, et avec le soutien des
autres organisations marxistes-léninistes de
Grèce (à l'exception notoire du KOE qui a
préféré se rendre au Forum Social
Européen des alter-mondialistes), le KKE ML a
organisé quatre jours de débats et de
rencontres sur de nombreux sujets. On a noté la
présence de nombreux militants turcs et grecs et
de délégations allemandes, ukrainiennes,
italiennes, norvégiennes, iraniennes et irakiennes
parmi lesquelles des représentants de la
résistance irakienne communiste.
Le programme a été le
suivant :
- Le 4 mai : Droits démocratiques, lois
anti-terroristes, hystérie anti-terroriste dans la
société et les lieux de travail. Les
mouvements de révoltes urbains et la gauche
radicale.
- Le 5 mai : Attaques contre les droits sociaux et
politiques de la jeunesse, la jeunesse comme pouvoir
contestataire. Attaques du capital et la lutte commune
des travailleurs d'Europe, l'expérience de Mars en
France et les luttes ouvrières en Europe.
- Le 6 mai : Guerre impérialiste, la
résistance des peuples et la solidarité
dans les Balkans et au Proche-Orient. La
résistance irakienne. La question chypriote.
- Le 7 mai : La gauche au XXIeme siècle, la
perspective socialiste et révolutionnaire.
Nous n'avons pas pu assister à tous les
débats, ni à toutes les journées car
nous avons du rentrer en France plus rapidement que
prévu, mais nous avons pu assister au débat
sur le CPE et le mouvement de Mars en France, où nous
avons défendu notre vision des choses, en particulier
le camarade ayant participé en tant que jeune
travailleur d'Edf au mouvement des étudiants et
lycéens sur Nantes, pour expliquer la trahison des
directions réformistes et les tentatives des jeunes
d'étendre à la classe ouvrière son
mouvement par une lutte contre toute forme de
précarité et pas seulement contre le
CPE.
Quoiqu'il en soit, en tant que militants
isolés nous nous sommes fait un devoir de rendre
compte de notre expérience au plus grand nombre, en
invitant les marxistes-léninistes de France à
établir des contacts avec les camarades grecs, dans
le but d'avancer vers la construction d'un authentique parti
communiste marxiste-léniniste ici.
E. (cheminot) et A. (électricien)
Le 12 mai 2006
|