Cambodge: victoires de la guerre du
peuple
D'après Ford, si le Congrès ne vote pas
crédits demandés pour le Cambodge "les
forces cambodgiennes (fantoches de Lon Nol) seraient
obligées dans quelques semaines de se rendre aux
insurgés", Kissinger affirme de son
côté que sans aide supplémentaire, la
chute de Lon Nol est "certaine". Quel plus bel aveu de
défaite d'une politique d'agression ininterrompue
pendant cinq ans, face à un petit pays dont le peuple
veut reconquérir son indépendance.
DEFAITES CUISANTES POUR LES YANKEES.
Phnom Penh étouffé, le Mékong
coupé, l'aérodrome de Pochentong près
de Phnom Penh cible d'attaques de plus en plus
précises, la survie même du régime de
Lon Nol est mise en cause par la grande offensive du peuple
cambodgien commencée au premier janvier.
Le régime Lon Nol apparaît aux
yeux de tous clairement pour ce qu'il est : rien, une
marionnette dans les mains de Kissinger. C'est
l'impérialisme US qui avait mis Lon Nol au pouvoir en
1970 pour étendre la guerre d'agression à
toute l'Indochine dans l'espoir de vaincre le peuple
vietnamien. C'est l'impérialisme US qui a
été vaincu : il a déjà
été obligé de reculer devant le peuple
vietnamien, il doit plier une nouvelle fois devant le peuple
cambodgien.
L'offensive actuelle est un coup
décisif porté à la
"khmérisation" de la guerre mise sur pied par les
yankees. Des soldats cambodgiens équipés par
les USA, encadrés par des "conseillers" US,
étaient chargés d'imposer au peuple cambodgien
la domination américaine.
Les bataillons ainsi constitués sont
taillés en pièces un par un ! les soldats
enrôlés de force rallient le camp des forces
populaires ! La "khmérisation" de la guerre
s'écroule face à la guerre du peuple
cambodgien, dirigé par le GRUNK, pour
reconquérir l'indépendance nationale.
UNE VICTOIRE DE TOUT LE PEUPLE CAMBODGIEN.
C'est le peuple cambodgien tout entier est dressé
contre le régime Lon Nol, contre l'agression US. Pour
soutenir les forces de libération tout le peuple dans
la zone libérée est mobilisé. A
l'arrière des troupes, la population des environs de
Phnom Penh a multiplié par cinq ses capacités
de transport pour approvisionner le front. Sur le
Mékong les habitants venaient aider les soldats
à décharger les péniches
capturées. Sur tous les fronts les habitants aident
les soldats à récupérer le
matériel militaire, à relever les
blessés pour les ramener à l'arrière.
Par contre, les habitants des régions occupées
par les fantoches refusent d'alimenter les troupes de Lon
Nol. Les habitants de Phnom Penh, d'autres villes notamment
Battambang, ripostent violemment aux tentatives de
recrutement forcé des troupes fantoches, s'emparent
des stocks de vivres cachés par les fantoches et les
distribuent équitablement, manifestent de plus en
plus violemment contre les conditions de vie que leur impose
le régime Lon Nol. Soixante mille habitants de ces
régions ont rejoint la zone libérée. Un
commandant de la région de Battambang
déclarait il y a quelques jours : "Le peuple ne
nous soutient pas. Il vaut mieux cesser le combat". Des
soldats désertent, des bataillons se mutinent,
refusent de monter au front.
LES MANOEUVRES DE KISSINGER
La seule issue qu'entrevoit le belliciste Kissinger, prix
Nobel de la paix est la poursuite de l'agression et son
aggravation, II demande au Congrès US de voter un
supplément d'aide de 220 millions de dollars. Le
Congrès a refusé !
Il en a assez de voir des millions de dollars
engloutis par des régimes incapables d'imposer la
politique US et corrompus, d'autant que nombre de
sénateurs hostiles à l'octroi d'une aide
supplémentaire, comme Jackson, souhaitent que les
Etats-Unis augmentent leur soutien à l'Etat sioniste
et accroissent leur présence militaire au
Moyen-Orient. Les décisions du Congrès
n'empêchent pas Kissinger d'engager de plus en plus de
forces au Cambodge. Des bombes qui absorbent
l'oxygène sur 3 km2 et détruisent ainsi toute
vie ont été récemment larguées
sur le territoire libéré ; d'anciens pilotes
yankees pilotent des avions du pont aérien, dans des
avions fournis par l'armée US. Des appareils US ont
été abattus sur tous les champs de bataille.
Pour tourner l'interdiction prononcée par le
Congrès d'utiliser des militaires US, l'armée
de Taiwan a pris en main l'aviation de Lon Nol. Au cours du
mois de Janvier, l'impérialisme US a envoyé
des avions thaïlandais et saïgonnais pour
bombarder le territoire libéré.
GRUNK A PHNOM PENH
Ni les milliards de dollars déversés en
Indochine, ni les bombardements les plus barbares de
l'histoire de l'humanité n'ont empêché
les yankees de subir de cuisantes défaites au Vietnam
et au Laos. Ils n'ont pas entamé la volonté du
peuple cambodgien de recouvrir l'indépendance, ni
empêché d'emporter d'importantes victoires. Au
cours du 2ème Congrès du FUNK tenu les 24, 25
février dans la zone libérée, le GRUNK
a réaffirmé sa volonté de
détruire la clique de Lon Nol.
Toutes les manœuvres de l'impérialisme
US pour ouvrir les négociations en vue de
créer un prétendu gouvernement de coalition
ont échoué. Elles ne visaient qu'à
maintenir le fantoche Lon Nol et ses acolytes au Cambodge,
pour y mener la politique US. Lon Nol ne représente
aucune fraction de la population, il ne représente
que l'impérialisme US. Le peuple cambodgien tout
entier est représenté par le GRUNK, seul. La
victoire du peuple cambodgien contre l'impérialisme
US c'est le GRUNK à Phnom Penh.
Le peuple cambodgien et ses dirigeants
sauront repousser les manœuvres US ainsi que toutes les
manœuvres d'autres puissances impérialistes pour
tenter de profiter de leur victoire. Les 5 dernières
années de la lutte armée les ont, entre autre,
mis en garde contre l'autre super -puissance, le
social-impérialisme soviétique qui pendant 3
ans s'est obstiné à reconnaître Lon Nol
comme représentant du peuple cambodgien,
accréditant un ambassadeur à Phnom Penh,
refusant de soutenir le GRUNK, ne révisant ses
positions que quand la victoire des forces populaires leur
est apparue inéluctable !
Pour tous les peuples d'Indochine l'offensive
en cours est leur lutte. La RDV a protesté contre le
pont aérien à partir de Saïgon, le GRP,
au cours d'une visite dans la zone libérée, a
affirmé son entière solidarité avec le
peuple cambodgien : la victoire du peuple cambodgien sera un
nouveau pas vers leur victoire commune, l'éviction
totale de l'impérialisme US hors d'Indochine.
Grégoire CARRAT
manifestation des lycéens contre le
régime pourri de Lon Nol
au cours d'un communiqué commun
:
LE GRP ET LE GRUNK SALUENT
L'UNITE DES
PAYS DU TIERS-MONDE CONTRE
L'IMPERIALISME
En décembre 1974, une délégation du
Gouvernement Révolutionnaire Provisoire (GRP) et du
Front National de Libération (FNL) du Sud Vietnam a
rendu visite dans les territoires libérés du
Cambodge au Gouvernement Royal d'Union Nationale du
Cambodge. Ainsi a été souligné, au cœur
même d'un pays que l'impérialisme a
tenté vainement de s'assujettir, la solidarité
des peuples d'Indochine qui ont, grâce à la
guerre populaire, infligé de cinglantes
défaites à l'impérialisme. Ainsi, comme
le montre le passage du communiqué commun des
délégations des deux pays que nous publions, a
été souligné aussi, comment les
victoires remportées par ces peuples contribuent
à l'unité du Tiers Monde qui grâce
à cette unité porte aujourd'hui des coups
décisifs à l'impérialisme.
" Les deux parties déclarent
à nouveau leur ferme soutien, comme auparavant, ainsi
que dans l'avenir et en toutes circonstances, aux peuples
arabes qui sont en train de lutter sous toutes les formes,
en faisant usage de tous leurs moyens pour faire face aux
sionistes israéliens agresseurs, en vue de
libérer le territoire de la Palestine et le
territoire des pays arabes occupés brutalement par
Israël.
Les deux parties soutiennent
entièrement la déclaration commune de la
Conférence au Sommet des pays arabes tenue dans la
ville de Rabat, selon laquelle ils ont décidé
de reconnaître officiellement l'Organisation de
Libération de la Palestine comme l'unique
représentant légitime et légal du
peuple de Palestine. Les deux parties se réjouissent
vivement des nouvelles victoires du peuple de Palestine sur
l'arène internationale. (...)
Les deux parties se félicitent de ce
que la force d'union des pays non alignés se
développe sans arrêt et elles déclarent
se solidariser de façon ferme et inébranlable
avec tous les pays non alignés d'Asie, d'Afrique et
d'Amérique Latine qui se dressent contre
l'impérialisme et le néo-colonialisme pour
l'indépendance, la liberté, la
souveraineté nationale complète sur les plans
économique et politique, la souveraineté sur
leurs propres ressources naturelles. Les deux parties
apprécient très hautement le succès
historique de la Conférence au Sommet des pays
non-alignés tenue en septembre 1973 à Alger et
se réjouissent vivement de la nouvelle victoire de ce
mouvement. En tant que membre à part entière
de la grande famille des pays non-alignés, les deux
parties déploieront tous leurs efforts pour apporter
leur part de contribution active au mouvement de lutte
légitime et juste des peuples des divers pays dans
cette grande famille ".
Le point sur la
situation militaire
En tous les points du territoire
cambodgien que les fantoches de Phnom Penh contrôlent
encore, les forces armées de libération
(FAPLNK) ont lancé depuis le début du mois de
janvier une grande offensive. Après avoir
libéré 95% du territoire cambodgien depuis
l'intervention US en mars 1970, le peuple cambodgien
dirigé par son Gouvernement royal d'union nationale
du Cambodge (GRUNK) poursuit la libération des
territoires que la clique de Lon Nol semblait tenir le plus
solidement, aujourd'hui réduite à de simples
enclaves encerclées par les zones
libérées. C'est le cas notamment de la
province de Battambang, adossée à la
Thaïlande, où les yankees avaient
envisagé de transférer Lon Nol en cas de
menace grave sur Phnom Penh : les positions fantoches
tombent les unes après les autres ; la capitale de
district Maung au sud de la province a été
libérée, isolant la province de Phnom Penh
tandis que la route de Phnom Penh à Battambang est
sur tout son parcours libérée.
Après avoir brisé les
ceintures de défense autour de Phnom Penh au cours de
la saison sèche de 1974 et contraint les forces
fantoches rescapées à reculer dans la ville,
les forces armées populaires (FAPLNK) poursuivent la
destruction systématique des postes militaires tout
autour de la ville.
Après avoir, en
1974, pris le contrôle de toutes les routes qui
menaient à Phnom Penh, détruisant tous les
postes militaires fantoches chargés de permettre
l'acheminement du matériel U.S. destiné aux
fantoches, les FAPLNK ont pris au cours du mois de janvier
le contrôle des rives du Mékong depuis la
frontière avec le Vietnam, jusqu'à Phnom Penh,
ainsi que le contrôle du Tonle Sap au nord de la
ville.
Aucun bateau n'est parvenu à
Phnom Penh depuis le début du mois de janvier. Tous
les convois envoyés, depuis Saïgon par les
Américains ont été obligés de
rebrousser chemin dès qu'ils atteignaient la
frontière du Cambodge, ou ont été
détruits, leur cargaison étant
récupérée par les FAPLNK aidées
de la population des rives.
C'est la destruction
massive du matériel et des troupes du régime
Lon Nol, matériel fourni par l'impérialisme
U.S., troupes encadrées par les "conseillers" U.S.
(135 navires ont été détruits en
janvier sur le Mékong, 40 dans les premiers jours de
février) ; depuis, le Mékong n'est plus
utilisé. Près de 20.000 soldats fantoches ont
été mis hors de combat, un
général tué ainsi que le gouverneur de
Udong. Des milliers d'armes de tous calibres, plus de 10
tonnes de munitions ont été
saisis.
Ce qui est en cause
aujourd'hui, c'est la possibilité pour le
régime fantoche de continuer malgré l'appui
américain à exister sur une parcelle du
territoire cambodgien.
La route du Mékong
coupée, il ne reste pour ravitailler les fantoches en
armes et en munitions que l'aéroport de Pochentong.
Le pont aérien, mis en place par les yankees, au prix
de cinq millions et demi de dollars en deux mois ne permet
d'acheminer que 18.000 tonnes de matériel, contre
120.000 tonnes qui étaient acheminées par le
Mékong.
L'aéroport est la
cible d'attaques de plus en plus nombreuses des FAPLNK.
"C'est l'enfer", déclarait un pilote américain
blessé sur l'aéroport ; les cargos laissent
tourner leurs moteurs pendant le déchargement pour
pouvoir décoller plus vite.
L'aide américaine
ne pouvant parvenir à Phnom Penh, ni dans les autres
villes encore "contrôlées" par Lon Nol, le
régime Lon Nol n'est plus
rien.
A PHNOM-PENH :
La classe
ouvrière
à la pointe du
combat
La lutte dans les villes occupées par Lon Nol
est très vigoureuse. A Phnom Penh les ouvriers sont
à la pointe du combat Les ouvriers de l'usine de
textile Chip Tong ont engagé une lutte résolue
contre leurs conditions de vie.
La lutte a été
préparée plusieurs jours à l'avance par
des réunions. Le 17 décembre la grève a
éclaté, chacun avait sa tâche, apposer
des banderoles, participer à un groupe
d'auto-défense contre une éventuelle intrusion
de la police militaire, se poster en sentinelle.
Les mots d'ordre des banderoles visaient
directement le régime Lon Nol: "défaite
au plan de fermeture des usines pour recruter les
ouvriers", "libération immédiate et
inconditionnelle de tous les ouvriers détenus
illégalement par l'administration
félonne", "paiement immédiat de leurs
salaires aux ouvriers", "du riz à vendre et
à distribuer en quantités suffisantes aux
masses laborieuses", "pour les ouvriers lutter c'est
vivre, ne pas lutter c'est mourir", "Nous luttons
pour la victoire finale".
Pour régler les salaires impayés,
les ouvriers ont mis en vente du tissu fabriqué par
l'usine, à un prix à la portée des
bourses des habitants pauvres. De nombreux "clients"
apportent aux grévistes du riz cuit.
Des centaines de policiers venus pour
déloger les ouvriers de l'usine sont
empêchés d'intervenir par les habitants
solidaires des grévistes qui les huent et leur
barrent la route, ceux qui parviennent à l'usine sont
repoussés par les ouvriers qui contre attaquent
à l'aide d'armes improvisées.
De telles luttes affectent de nombreuses usines
de Phnom Penh, Kampot, Battambang. La terre brûle sous
les pieds de Lon Nol et de ses maîtres yankees jusque
dans ses repaires.
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