REFUSONS DE SERVIR DE
COBAYES
AU PROGRAMME NUCLEAIRE DE
LA BOURGEOISIE
Manifestations à Bugey,
Fessenheim, Erdeven, Flamanville, protestations et
pétitions à Braud, la Palme, la lutte contre
la politique nucléaire du gouvernement s'amplifie, et
s'étend peu à peu à toutes les communes
" choisies " par l'EDF pour l'implantation de ces centrales
nucléaires. Dernièrement, ce sont les
scientifiques dont certains travaillent au Commissariat de
l'Energie Atomique, qui, dans une pétition se sont
dressés contre les décisions du gouvernement
en matière d'énergie nucléaire : 1500
signatures ont déjà été
recueillies.
Ce que visent ces
différentes luttes, ce n'est pas l'énergie
nucléaire en tant que telle, mais l'orientation
actuelle du programme nucléaire français, et
les conditions dans lesquelles il est mis en œuvre.
Quelles sont les revendications
posées ?
Essentiellement l'exigence que ne
soient construites de centrales nucléaires que dans
la mesure où tout danger d'accident, de radiations
graves, aura été écarté et que
toutes les mesures de sécurité
nécessaires auront été prises. Et
l'exigence de stopper la construction des centrales tant que
toutes les assurances n'auront pas été
données.
A en croire les dirigeants
de l'EDF, et les ministres, le programme nucléaire ne
présente que d'infimes risques qui ne valent pas la
peine d'être considérés étant
donné tous les avantages de l'énergie
nucléaire.
Mais s'agit-il vraiment de risques
imaginaires ? La question demande un examen plus
sérieux que les rapides dénégations de
l'EDF.
Vingt centrales nucléaires sur les bords
du Rhin, dans quelques années, 10 de chaque
côté. Contre cette perspective, 15.000
manifestants, dont de nombreux Français ont
affronté les policiers à Wyhl (RFA) et les ont
chassé du territoire où doit être
édifiée une centrale nucléaire.
CONTRE LES DANGERS DES CENTRALES
NUCLEAIRES
Le
fonctionnement normal d'une centrale nucléaire
présente plusieurs risques sérieux,
liés au caractère particulier de ce
combustible : l'uranium qui est radio-actif.
Il s'agit d'abord de radiations
rejetées par la centrale nucléaire, et dont
les effets sont mal connus. D'après l'agence de
l'environnement US, malgré leur faible taux ces
radiations risquent de provoquer entre 500 et 2500 morts
supplémentaires par cancer dans les 150 années
à venir, à condition de maintenir un faible
taux de radioactivité ; ce qui mésestime
l'augmentation prévue du parc de centrales
nucléaires. Ces évaluations ne tiennent pas
compte des autres risques : risques génétiques
(déformations chromosomiques) qui sont difficilement
chiffrables. Les réacteurs choisis par l'EDF
rejettent notamment dans l'atmosphère, en
fonctionnement normal du Krypton 85, et de l'iode 131,
éléments radioactifs, en doses infimes certes,
mais qui peuvent se concentrer en certains points de la
chaîne alimentaire, c'est à dire que la
radioactivité, présente dans l'eau, en dose
infime, peut se concentrer à des taux dangereux dans
les poissons, ou les oiseaux, mangeant ces poissons ou tout
autre animal qui se nourrit des oiseaux, on arrive ainsi
jusqu'à l'homme. Le plancton de la rivière
Clinch qui reçoit les affluents de l'usine atomique
d'Oak Ridge aux USA est 10.000 fois plus radioactif que
l'eau dans lequel il vit. Que risque-t-il de se passer, du
plancton au poisson et du poisson à l'homme, au bout
de quelques dizaines d'années ? Il n'est pas
actuellement possible de répondre avec certitude
à cette question, d'écarter les risques d'un
revers de manche en prétextant que les radiations des
centrales sont inférieures à la
radioactivité naturelle.
Le
fonctionnement d'une centrale c'est aussi une pollution
thermique aux conséquences inconnues. Environ 60% de
la chaleur produite par les réacteurs
nucléaires est rejetée sous forme de chaleur
soit dans l'atmosphère soit dans un fleuve ou dans la
mer. Le Rhin et le Rhône qui refroidiront les
centrales nucléaires verront la température de
leurs eaux s'élever de plusieurs degrés.
Quelles en seront les conséquences pour la faune et
la flore, déjà mises à mal par la
pollution industrielle ?
Une
centrale atomique en plus d'électricité
produit également des déchets radioactifs
résultats de la fission de l'uranium. Ces
déchets subissent d'abord une désactivation
dans une piscine, pendant quelques mois où ils
perdent alors 98 % de leur radioactivité. Mais la
radio activité restante est encore très
dangereuse, et il n'est pas possible de les disperser
à l'air libre. Si certains déchets perdent
leur radioactivité en une dizaine d'années,
certains éléments demeurent radioactifs sur de
très longues périodes (24.000 ans pour le
plutonium 239).
Une partie des déchets
après retraitage est recyclée et sert à
nouveau dans les centrales nucléaires, une autre
partie est séparée en déchets de
moyenne radioactivité qui sont enterrés et
déchets de longue durée stockés en
attendant une solution... Ces déchets contiennent 1 %
de plutonium il faut donc les préserver de
l'extérieur pendant 24.000 ans ! Pour éviter
qu'ils ne prennent une trop grande place : l'aire de
stockage de l'usine de La Hague sera saturée en 1980,
il est prévu de les solidifier en les incluant dans
des blocs de verre. Il n'existe actuellement aucune garantie
sur la stabilité à très long terme du
verre, même si c'est plus sûr que la solution
précédente qui consistait à rejeter les
déchets en mer, dans des contenaires de
béton.
Enfin, on ne peut négliger les
risques d'accident grave de fonctionnement d'une centrale.
Si une explosion nucléaire n'a aucune chance de se
produire dans un réacteur, le manque de fluide
réfrigérant : l'eau en l'occurrence peut
provoquer une catastrophe. Dans ce cas, à la suite
par exemple d'une rupture de canalisation, le cœur du
réacteur n'étant plus refroidi, atteint
rapidement une très haute température, le
métal de la cuve entre en fusion, l'ensemble des
métaux fondus s'enfonceront alors dans le sous-sol et
des éléments très radioactifs
contamineraient la région environnante. Les risques
ont été calculés... pour fixer les
tarifs des compagnies d'assurance ; bilan prévu :
2300 morts, 6 milliards de dollars de dégâts,
775 km2 de territoire contaminés pour des millions
d'années. La probabilité de cet accident
calculée en fonction de toutes les précautions
prises, est très faible mais existe. Les parades
prévues ne sont pas réellement sûres
pour l'instant, une simulation effectuée aux USA a
totalement échouée, l'accident provoqué
volontairement, n'a pas pu être stoppé par les
techniques prévues.
Ces risques sont encore accrus par le
fait que l'EDF, et le Commissariat à l'Energie
Atomique ne possèdent pas la maîtrise des
techniques mises en œuvre dans les centrales construites
sous licence US et connaissent mal ses
particularités.
La dépendance vis-à-vis
des USA dans ce domaine a plusieurs conséquences
graves :
En cas d'accident dans le
fonctionnement des centrales, les firmes US enverront les
directives nécessaires pour réparer les
avaries, mais sans être tenues de fournir
d'explication sur les raisons et l'origine de la panne ou de
l'accident.
Les perfectionnements apportés
à partir des centrales fonctionnant aux USA ne seront
pas transmis aux constructeurs français.
- En cas
de déficience reconnue des centrales, les firmes US
peuvent décider l'arrêt total de leur
fonctionnement et l'imposer aux centrales
françaises.
- Si le
constructeur français apporte des modifications
à ses centrales, il s'expose à ne plus
être couvert pour les accidents survenant par la
suite, les firmes US pourront dans ce cas refuser et de
réparer et de couvrir les dégâts
éventuels.
LUTTONS POUR NOTRE SECURITE
Les risques présentés
par les centrales nucléaires, dans l'état
actuel des techniques, ne sont ni infimes, ni imaginaires
comme le prétendent les responsables de l'EDF et les
membres du gouvernement. De nombreux incidents se sont
déjà produits, montrant que les techniques
utilisées sont loin d'être au point. On a
relevé en 1973, 861 anomalies de fonctionnement dans
les centrales nucléaires américaines, dont 371
qui auraient pu être sérieuses et 18 qui le
furent réellement et cela pour des centrales du type
de celles construites en France.
Des accidents très
fréquents se produisent au niveau des gaines de
protection des matériaux radioactifs qui se
déforment, l'EDF le reconnaît et admet que
cette technique n'est pas sûre mais elle
prétend qu'étant donné l'urgence des
besoins énergétiques, il n'est pas possible de
retarder le programme nucléaire, en attendant que
toutes les techniques aient été
éprouvées
Dans ces conditions, la
décision de construire en France d'ici 1980 une
cinquantaine de centrales nucléaires selon le
procédé US montre le mépris de la
bourgeoisie pour les conditions de vie des masses.
Nous ne rejetons pas
définitivement tes centrales nucléaires, mais
s'engager dans cette voie suppose que toutes les
précautions ont été prises, que les
risques sont parfaitement maîtrisés. Or nous
savons que le capitalisme fait toujours passer le profit
avant la sécurité des travailleurs. Nous le
constatons chaque jour dans les usines, dans les mines et
dans notre environnement. Avec le nucléaire, les
dangers sont encore accrus, et à la différence
des techniques précédentes, les
éléments radioactifs libérés, la
destruction de l'environnement auront des effets durables
dont héritera une France socialiste. C'est pourquoi
nous soutenons les luttes contre les implantations des
centrales dans les conditions actuelles, lutter maintenant
pour imposer qu'aucune centrale ne soit construite tant que
toutes les conséquences ne seront pas parfaitement
connues et tous les risques surmontés, c'est lutter
pour nos conditions de vie futures y compris sous le
socialisme.
Serge
LIVET
LE
"TOUT-ELECTRIQUE...
TOUT-NUCLEAIRE"...
Jusqu'en 1973, la politique énergétique
de l'impérialisme français était
fondée pour l'essentiel sur le pillage du
pétrole des pays producteurs du Tiers Monde. Les pays
impérialistes, imposant un prix ridiculement bas aux
pays producteurs, avaient progressivement tiré une
part croissante de leur énergie du pétrole
importé ! Ainsi la France avait
dévalorisé ses propres ressources en charbon,
en énergie hydraulique et la recherche d'une
technique nucléaire indépendante (la
filière uranium naturel - graphite, gaz) parce qu'il
était plus rentable de consommer du pétrole :
la lutte des pays producteurs pour imposer un juste prix du
pétrole, qui a conduit au quadruplement en un an de
son prix, a bouleversé les plans des pays
impérialistes, de la France, en particulier, dont la
balance commerciale est devenue déficitaire. C'est
pour tenter de remédier à cette situation
nouvelle que l'impérialisme français
déploie tous ses efforts, dans le but d'être
moins dépendant du pétrole des pays arabes,
qu'il ne peut plus piller comme avant.
Le 4 mars 74, Messmer annonçait la
décision du gouvernement français de
construire d'ici 1980 une cinquantaine de centrales
nucléaires et dès 1974, 1975, 13 centrales de
1000 MW chacune (1MW = 1 million de watts). La politique du
" tout pétrole " devrait progressivement être
remplacée par la politique du " tout
électrique, tout nucléaire " : " la
priorité, nous la donnons à
l'électricité et dans
l'électricité nous la donnons à
l'électricité nucléaire ". La nouvelle
politique énergétique comme la
précédente est fondée presque
exclusivement sur une seule source d'énergie, la
moins chère dans l'immédiat, celle qui permet
de réaliser le plus rapidement possible les meilleurs
profits.
L'EDF, chargée de réaliser le
programme nucléaire, a fait appel pour construire ses
centrales nucléaires aux techniques US qui sont pour
l'instant les moins coûteuses sur le
marché.
Elles sont basées sur la technique dite "
filière uranium enrichi - eau légère "
(LWR) se présentant sous deux variantes. La variante
Westinghouse à eau pressurisée (PWR) et la
variante Géneral Electric à eau bouillante
(BWR). Douze des 13 centrales mises en chantier en 74-75
seront des PWR, construites en France par Framatome, filiale
des Schneider et de Westinghouse sous licence de ce dernier.
Pour ces firmes, le profit est immédiat, et les
commandes assurées pour un certain temps, c'est ce
qui explique la bataille que se sont livrés les
trusts de l'acier de Wendel et Usinor pour le contrôle
de Framatome.
Une centrale nucléaire se compose
schématiquement :
- d'un réacteur où les atomes
d'uranium sont soumis à un processus de fission,
c'est-à-dire qu'ils éclatent en plusieurs
fragments, en libérant une grosse quantité
d'énergie.
- d'un circuit d'eau primaire qui recueille
l'énergie de fission de l'uranium sous forme de
chaleur. Pressurisée, l'eau reste liquide à de
très hautes chaleurs.
- d'un circuit d'eau secondaire recevant la chaleur
du circuit primaire d'eau chauffée qui se transforme
en vapeur et va actionner un alternateur qui produit de
l'énergie électrique.
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