FRONT ROUGE n°155 -08 mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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CONTRE
LE CHOMAGE,
UNITÉ POPULAIRE

      Face à la montée du chômage sous toutes ses formes, la combativité de la classe ouvrière ne désarme pas. Aux côtés des travailleurs de Grandin, Everwear, Teppaz, Fantasia, et de nombreuses petites entreprises menacées de fermeture, les sidérurgistes d'Usinor viennent d'entrer en lutte contre le chômage partiel. Ce ne sont encore que les premières ripostes à la politique de crise de la bourgeoisie, mais de plus en plus clairement apparaît la nécessité d'engager un combat d'ensemble et de classe contre cette politique.
      C'est tout le sens des propositions d'organisations, de revendications, développées par notre Parti. Sur la base d'une plate-forme politique qui embrasse tous les aspects du chômage, pour en montrer la liaison indissoluble avec la nature même du capitalisme, il s'agit de renforcer les sections syndicales d'entreprise, pour rompre avec la démobilisation engendrée, entretenue par les dirigeants révisionnistes et réformistes. Il s'agit encore plus largement que dans les entreprises de développer partout des comités de lutte contre le chômage, pour briser l'isolement des luttes d'usines, pour forger l'unité des ouvriers en activité et des chômeurs, pour mobiliser toutes les victimes, à un degré ou à un autre, du chômage. Dans la lutte difficile qu'engagent les travailleurs contre le chômage, il est possible et nécessaire de rassembler une large unité populaire. Mais à l'heure où les faux communistes du P " C "F parlent d' " union du peuple de France ", il importe de préciser et la cible et les contours de cette unité populaire. 

UNE UNITE POPULAIRE POUR FAIRE PAYER LA CRISE A LA BOURGEOISIE

      Alors que les travailleurs, tout en engageant la lutte, se posent la question d'en finir avec une société où le chômage ne fait que s'aggraver, les révisionnistes du P "C" F s'évertuent à essayer de les convaincre que l'issue n'est pas dans la révolution, mais dans une gestion différente du capitalisme.
      Expliquant que " la crise n'est pas fatale ", ils mettent en avant une argumentation démagogique de " relance de la consommation ", susceptible, selon eux, de résorber le chômage. Mais cette démagogie cache mal leur désir de gérer le capitalisme et... le chômage. Malgré un durcissement apparent, un semblant d'appel à l'action, ils n'ont en fait d'autres perspectives à offrir aux travailleurs que la possibilité d'une victoire électorale de l'Union de la Gauche. Et pour que cette possibilité ait quelque chance de devenir un jour réalité, l'alliance qu'ils proposent, c'est celle des ouvriers et des petits patrons, c'est en définitive l'alliance des exploités et des exploiteurs, dont ne seraient en fait exclus que quelques archi-milliardaires.
      La logique de cette alliance, c'est la reconnaissance de la rentabilité capitaliste comme d'une loi devant laquelle les ouvriers ne peuvent que plier, c'est la trahison des intérêts fondamentaux de la classe ouvrière au profit de ceux de la petite bourgeoisie.
      L'unité populaire, impulsée par notre Parti, n'a rien de commun avec une telle alliance contre-révolutionnaire. Elle procède d'une toute autre logique : celle des travailleurs. Elle part du point de vue qu'il n'y a pas d'autre issue au problème du chômage que d'en abattre la racine, le système capitaliste.
      Face à la crise de la bourgeoisie, dont l'extension du chômage est une des manifestations, il ne s'agit en aucune manière de chercher à sa place des solutions à ses difficultés. Au contraire, dans la lutte contre le chômage, il s'agit de faire payer la crise à la bourgeoisie, d'aggraver ses difficultés.
      Voilà la base sur laquelle se construira l'unité populaire contre le chômage : le refus de toute collaboration de classes qui s'exprime dans le mot d'ordre: * Pas un seul licenciement, à la bourgeoisie de payer la crise ". Son ciment, c'est la classe ouvrière, ouvriers en activité et chômeurs.

UNE TELLE UNITE POPULAIRE EST POSSIBLE ET NECESSAIRE

      Aujourd'hui une unité populaire large peut se réaliser sur de telles bases.
      D'une part, en effet, le chômage ne touche pas seulement la classe ouvrière, mais aussi d'autres couches de la population. D'abord les petits paysans bien sûr, rejetés tous les jours en plus grand nombre vers les usines, mais aussi les employés (PTT, hôpitaux, etc.), dont beaucoup sont auxiliaires et à la merci d'une rupture de contrat. Ce sont aussi les jeunes, particulièrement ceux des CET, qui seront 600 000 dès juillet à chercher du travail, ou encore les femmes sans emploi.
      De multiples liens unissent ces couches à la classe ouvrière. Rares en effet sont les familles paysannes, où un enfant au moins n'est pas ouvrier, ou élève d'un CET.
      Aujourd'hui, d'autre part, et c'est sans doute l'aspect le plus important, ces couches ont les yeux tournés vers la classe ouvrière. Depuis plusieurs années, les paysans les plus résolus insistent sur l'unité de leur combat avec celui de la classe ouvrière. La vente directe de produits agricoles est déjà une tradition du mouvement paysan révolutionnaire. Mais il ne s'agit plus seulement des paysans. De larges couches d'employés sont entrées en lutte ces dernières années : ceux des grands magasins, les employés de banque, puis récemment les postiers et les hospitaliers. Leurs revendications, leurs formes de lutte, les ont rapprochés de la classe ouvrière. En même temps, la barrière de l'idéologie du fonctionnaire, le corporatisme qui assurait à la bourgeoisie une relative neutralité de ces couches ont été ébranlés. Des aspirations révolutionnaires ont commencé à se faire jour dans ces couches. Et au travers de leurs luttes, mais surtout de leurs échecs, de nombreux travailleurs de ces couches ont compris la nécessité de l'unité avec la classe ouvrière pour la satisfaction de leurs revendications mais aussi dans un combat commun pour une autre société. De la même façon, de nombreux intellectuels, enseignants ou élèves n'acceptent plus le rôle que leur assigne la bourgeoisie dans l'asservissement idéologique de la classe ouvrière. Ils aspirent à se mettre à son service.
      Cette unité populaire aura de multiples moyens de s'exprimer dans la lutte contre le chômage, en particulier dans les comités de lutte. Elle est la condition pour transformer le rapport de force entre la bourgeoisie et le prolétariat, transformer la situation " d'attente " actuelle en une offensive d'ensemble de la classe ouvrière contre le chômage.
      Elle est aussi le moyen pour que, sur un point précis, le chômage, commencent à se tisser de solides alliances de classes en vue de la révolution et de l'instauration du pouvoir des ouvriers et des paysans.

Frédéric MONTAGNET

 

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