FRONT ROUGE n°156 -15 mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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DÉNONÇONS LES CALOMNIES
ET LES RAGOTS DE LA PRESSE BOURGEOISE !

      Depuis la libération de Phnom Penh par les Forces Armées de Libération et les masses populaires cambodgiennes, une campagne de calomnies sans précédent se développe dans tous les moyens d'information de la bourgeoisie. Au moment où la preuve est faite en Indochine qu'un peuple, même petit, peut vaincre l'impérialisme, même " super-puissant ", notre bourgeoisie cherche d'abord à empêcher notre peuple de suivre l'exemple donné par les peuples cambodgien et vietnamien. Cette campagne se développe avec d'autant plus d'hystérie que l'impérialisme français, en difficulté, s'aligne politiquement, beaucoup plus que par le passé, sur l'impérialisme US : l'essentiel des " informations " concernant les " massacres " de Phnom Penh ne provient-il pas, par agences de presse et journaux américains interposés, des services d'intox de la CIA ?

      Cette campagne générale comporte des aspects divers. D'une part, sous ses formes les plus grossières, elle consiste a faire passer les " Khmers rouges " (entendez les forces de libération), pour des monstres assoiffés de sang, avec force détails tous plus imaginaires les uns que les autres. D'un autre côté, un journal comme " Le Monde ", après avoir participé largement à cette première campagne, se livre aujourd'hui à un travail de sape beaucoup plus subtil.

      C'est ainsi par exemple que dans un article " qui gouverne le Cambodge ? ", Patrice de Beer plus correct par ailleurs sur la question des " massacres ", insinue que des contradictions importantes se manifesteraient au sein du peuple cambodgien et de ses organisations. Se fondant une fois de plus sur des " on dit ", il prétend qu'il y aurait par exemple des contradictions entre le GRUNK et le FUNC... c'est-à-dire entre le Front Uni National qui rassemble les masses et le Gouvernement qui n'est rien d'autre que son émanation : d'après M. de Beer, ils disposeraient chacun de troupes distinctes, alors que les seules forces armées qui existent ont toujours été, dans le cadre du FUNC et sous l'autorité du GRUNK, les Forces Armées Populaires de libération, uniques forces armées du peuple. De la même façon. M. de Beer voit dans la révolution khmère un " phénomène typiquement paysan ". Et de nier le rôle de la classe ouvrière, d'opposer la révolution cambodgienne à la révolution chinoise. Mais il n'est pas possible de faire aussi bon marché de la lutte de la classe ouvrière cambodgienne pour la libération, de sa mobilisation dans les villes, des cadres qu'elle a fournis à la lutte dans les campagnes. Dans une brochure entièrement consacrée a cette question, le Front indique : " La classe ouvrière et la classe paysanne ont toujours constitué le noyau de toutes les forçes patriotiques. Dans ce noyau, la classe ouvrière forme l'avant garde, toujours prête à consentir les sacrifices suprêmes pour l'intérêt supérieur de la nation et du peuple tout entier ".

      Malgré toutes ses calomnies, la bourgeoisie n'empêchera pas le peuple de France de retenir les leçons de la lutte du peuple cambodgien ; non, les forces de libération ne sont pas des massacreurs, mais des libérateurs : non, le peuple cambodgien n'est pas divisé, mais uni dans son Front, autour de son Gouvernement ; non, la révolution cambodgienne n'est pas une espèce de retour au Moyen Age, elle fait partie Intégrante de la révolution prolétarienne mondiale dans laquelle notre peuple a aussi sa place à tenir.

EN AVANT POUR LE QUOTIDIEN COMMUNISTE !

      Devant cette campagne monstrueuse contre nos frères et nos camarades khmères, que la presse, la télé et la radio bourgeoises ont fabriqué, il eut fallu une réplique quotidienne, du tac au tac. L'absence d'un quotidien communiste s'est, aussi en cette occasion, cruellement fait sentir. Cette dernière campagne écœurante de la presse bourgeoise pourrie renforce notre détermination à tout mettre en œuvre pour que le quotidien communiste de la classe ouvrière et du peuple de France voit le jour dans les meilleurs délais.


LA presse bourgeoise et le Cambodge :
intoxication, falsification

            PROCÉDÉS MÉPRISABLES, MENSONGES ÉHONTÉS.
      La " une " du Figaro du vendredi 9 mai faisait état de " 300 cadavres, gorge ouverte, sur le marché de Phnom Penh ", selon le " témoignage accablant " du professeur Bernard Picquart, chirurgien en chef de l'ex-hôpital Calmette, qui affirmait : " J'ai vu trois cents cadavres égorgés sur le marché central " (L'Aurore du même jour lui, se référant sans doute aux mêmes sources ne comptait que " 200 têtes coupées sur la place du marché ").
      Or, le soir même, Picquart revenait sur ses déclarations : il confessait à présent n'avoir " jamais vu tout ça ", il ne tenait ses " informations " que de deuxième, voire de troisième main et toujours d'individus anonymes !

            LE FIGARO : LA MAIN DANS LE SAC
      Toujours à la " une " du Figaro du 9, un " récit exclusif New York Times -Figaro " de Sydney H. Schanberg. Or on apprenait le 10 au matin que l'article du journaliste avait été quelque peu " remanié " par le Figaro : des paragraphes entiers favorables au peuple khmer supprimés, lignes et phrases haineuses rajoutées. C'est cela la " liberté " et I' " objectivité " de la presse selon le Figaro !
      Encore ce Figaro pourri du 9. On peut voir p.3 la photo d'un Cambodgien hurlant et brandissant un revolver. Légende du Figaro ; " ce document l'un des premiers parvenus en Europe, montre un jeune Khmer rouge en pleine hystérie ". Or ce n'est pas la photo d'un " Khmer rouge ", il ne porte pas l'uniforme des FAPLNK, mais celle d'un membre du curieux " Monastio " dirigé par le " général " Hem Keth Dara, fils de Hem Keth Pava ex-" ministre de l'intérieur " du fantoche Long Boret ! Les révolutionnaires khmers auraient accusé ce " Monastio " de semer la division et d'être manipulé par la CIA et Lon Nol.
      En vérité cette photo est tirée d'un reportage diffusé la veille à la télé et assorti d'un commentaire délirant : le journaliste était incapable de faire la différence entre un soldat des FAPLNK et un individu du " Monastio ", allant même jusqu'à prétendre que le drapeau rouge et bleu frappé d'une croix scout blanche était celui des " Khmers rouges " alors qu'il s'agit là du signe de ralliement des gens de Keth Dara !

            LES VÉRITABLES PROMOTEURS DE L' " EMBARGO " SUR L'INFORMATION.
      Décrété lors de l'arrivée du premier convoi à la frontière thaïlandaise, l'" embargo " n'a pas été " dicté " par les révolutionnaires khmers. Selon un témoin (France Culture 10 mai) ces derniers ne comprenaient pas les raisons de I' " embargo ", ils encourageaient au contraire les journalistes à dire tout ce qu'ils avaient vu. Ainsi la presse bourgeoise a pu se répandre sur les " otages ", et le Monde (6 mai) a mêlé sa voix à ce chœur unanime en reprenant la déclaration du porte-parole des journalistes : silence " afin de ne pas compromettre la sécurité des personnes devant quitter le Cambodge cette semaine ".

            VIVE L'AMITIÉ DES PEUPLES KHMER ET FRANÇAIS ! !
      Chaque jour, dans leurs luttes, les révolutionnaires et les masses travailleuses de France sont calomniés par cette même presse bourgeoise. Tout ce qui est progressiste et révolutionnaire dans le monde est en butte à la haine de classe de ces " journalistes policiers ". Mais rien ne pourra empêcher que se renforce l'amitié et la solidarité entre les peuples du Cambodge et de France !

Hervé GAY.


DE CURIEUX 'OTAGES'…

      Les responsables du GRUNK et du FUNC, notamment M. Khieu Samphan, avaient, à de nombreuses reprises, demandé à tous les étrangers d'évacuer Phnom Penh, Certains n'ont pas cru devoir prendre en considération ces recommandations. C'est le cas de la plupart de ceux qui se sont retranchés dans l'Ambassade de France.

      Parmi ceux gui ont trouvé " refuge " à l'Ambassade, il y a d'abord les kollabos, les Sirik Matak, Dy Bellong " conseiller " de Lon Nol, Ung Bun Hor président de I '"assemblée nationale " fantoche (avec sa serviette bourrée de dollars), Luong Nol ministre " fantoche " etc...

      Parmi les Français, hormis quelques coopérants honnêtes, la majorité se composait de tristes individus : lieutenants de la légion, mercenaires français de Lon Nol, colonialistes en tout genre.

      On a beaucoup parlé des conditions de vie dans l'Ambassade, de la " pénurie de vivres ", de la " mort lente " (Minute). Tout cela est faux : " Parfois en écoutant ces nouvelles... la situation " précaire "... nous étions simplement en train de boire du whisky et de fumer de longs cigares " (Schanberg, Figaro 9 mai, " nous n'avons jamais manqué de provisions " (id). Par exemple, le 20 avril, certains Français donnèrent une réception " privée " au Champagne. Comme le rapporte un témoin M. Martinie, les révolutionnaires khmers ravitaillaient les " retranchés ", mais ce sont les " gros bras " qui " gardaient " l'Ambassade, qui empêchaient de sortir pour se ravitailler ! Mêmes les caniches de certaines " réfugiées " ont été convenablement nourris !

      L'égoïsme était le trait dominant des relations entre les retranchés. Les Journalistes ont rapporté le vol de la vaisselle de l'Ambassade, le pillage des locaux du personnel Cambodgien après leur départ du 20 avril.

UN COMPORTEMENT RÉPUGNANT.

      Les révolutionnaires et le peuple khmers ont tout fait pour assurer aux différents convois en route vers la frontière un ravitaillement, un hébergement et des conditions de transport convenables. " Au hasard de la route, on a pu, à plusieurs reprises, apprécier le sens de l'hospitalité et la générosité khmères " rapporte Cazaux de l'AFP.

      Or beaucoup de Français se sont conduits d'une façon répugnante, se jetant " sur la nourriture comme des bêtes affamées, piétinant la vaisselle, se bousculant, se servant plus qu'ils n'en pouvaient manger sans se soucier des autres " (Monde 8 mai). Pire encore dans une pagode " plusieurs Français défoncent des armoires de paysans qui leur avaient accordé l'hospitalité " (Monde, 8 mai).

      Tous ces faits démentent la campagne de la presse " pourrie ", ils montrent quelle était l'idéologie de la plupart des Français du Cambodge : égoïsme, mépris du peuple, rapacité. Idéologie bourgeoise dont le peuple cambodgien ne veut plus.

MINUTE:
Pour une opération " Talon Wise "... " Made in France " (1)

      On connaît bien les racistes-fascistes de Minute, inutile de s'étendre... Poussant des hurlements hystériques dans le numéro de ce torchon du 7 mai, ils avancent leur " proposition " pour " libérer " les " otages de l'enfer de Phnom Penh " ; " Nous avons actuellement une escadre dans l'océan Indien. Nous avons des bateaux, des avions - capables de rivaliser sur le marché du siècle avec les plus modernes avions américains - des fusées qui font l'admiration des connaisseurs, un armement que le monde entier se dispute et quelques unités de choc dont les spécialistes ne servent pas encore d'animateurs au club Méditerranée. Etait-il donc impossible - mais non : impossible n'est pas français ! - était-il donc extrêmement difficile de réaliser comme l'ont fait les Américains, un arrachement de nos compatriotes au ras des bambous ? ".
      Ces vitupérations de nostalgiques d'un temps révolu ne doivent pas nous laisser indifférent : n'oublions pas que celui qui contrôle complètement Minute aujourd'hui, n'est autre qu'Alain Grioterray, Républicain Indépendant, comme Giscard, chef de file de l'impérialisme français !

      (1) : " Talon Wise " est le nom donné par les Américains à l'opération de sauvetage de leurs hommes.

 


LAOS :

Application intégrale des accords de Vientiane !

      Depuis 30 ans les trois peuples Indochinois luttent pour leur indépendance. Toutes leurs victoires, ils les ont remportées ensemble. Après les victoires des peuples vietnamiens et cambodgiens, le peuple lao connaît des conditions plus favorables que jamais. Au Laos aussi, après deux ans de lutte pour l'application des accords de Vientiane, le peuple a acculé l'impérialisme à la défaite.
      A Vientiane des milliers de manifestants ont arraché le drapeau de l'ambassade US et des bâtiments de l'US.AlD. Les manifestants exigent en même temps la démission des ministres de droite " avec l'aide des réactionnaires de l'intérieur les impérialistes ont pratiqué une politique de sabotage non seulement de la paix et de la concorde nationale, mais aussi de l'économie du pays ".
      La démission des ministres de l'économie et de la défense, Sannanikone et Champassak, chefs de file de la droite la plus soumise à l'impérialisme américain, c'est l'échec de la politique de l'impérialisme US depuis la signature des accords de Vientiane, en février 1973.
      Les accords de Vientiane étaient une première défaite de l'impérialisme US au Laos : les forces étrangères devaient se retirer du Laos, les forces spéciales créées par la CIA devaient être dissoutes, un gouvernement provisoire d'union nationale et un comité politique consultatif mis en place, les libertés démocratiques assurées.
      L'impérialisme US comptait mettre à profit la formation du gouvernement d'union nationale pour annuler les victoires du peuple lao, en s'appuyant sur les sabotages de la droite. Les organismes US restaient en place, notamment l'US.AID (organisme d' " aide ", pivot de l'intervention US), mais les 110 conseillers regagnaient chaque soir la Thaïlande. Les forces spéciales de Van Pao étaient formellement intégrées à l'armée de Vientiane, pour une grande partie, et se livraient à des opérations de grignotage ; les seigneurs de la guerre de l'armée royale prétendaient régner en maîtres sur " leurs " régions, sur " leurs " villes.
      C'était un faux calcul : les forces patriotiques ont imposé l'application de certains points importants des accords de Vientiane, outre la formation du gouvernement et du conseil consultatif. Le programme politique adopté par le gouvernement consacre les droits démocratiques de la population dans les zones contrôlées par la partie de Vientiane. Les villes de Luang Prabang et de Vientiane ont été neutralisées, les forces armées du Pathet Lao y sont entrées pour en assurer le contrôle avec l'armée de Vientiane sur une base d'égalité. L' " Assemblée Nationale ", dominée par la droite pro yankee la plus soumise, a été dissoute. Sur le plan militaire les opérations d'empiétement ont été repoussées ; les forces de Van Pao sont dénoncées violemment par les masses.

      Deux ans après les accords de Vientiane, le rapport de forces a profondément changé. Au sein de la partie de Vientiane les clans de droite ont été isolés, leurs principaux chefs éliminés du gouvernement. Du côté des forces patriotiques, les masses des villes ont mis à profit la neutralisation de Vientiane pour s'exprimer et s'organiser, grâce à la présence des forces patriotiques. 21 organisations de masses ont été créées pour défendre leurs intérêts, pour imposer l'application de l'accord. Aujourd'hui elles s'en prennent directement à tous les obstacles empêchant l'application des accords : ambassade US, droite vendue à l'impérialisme US, forces Van Pao. Dans les autres villes les masses exigent les libertés démocratiques : à Thakek, le gouverneur a fait tirer sur les manifestants, mais il a du accepter qu'une commission mixte vienne " régler le conflit " et finalement permette aux masses de commencer à s'organiser.

      La puissance du Front Patriotique Lao est dans les masses des villes, et dans les masses des zones libérées : là le peuple a conquis le pouvoir, a chassé l'impérialisme des quatre cinquième du pays. Cette base, l'impérialisme US n'a pu l'entamer ni pacifiquement, ni par les opérations d'empiétement, comme il n'avait pu la réduire par la guerre de destruction totale. Cette base solide garantit le succès dans la lutte pour l'application intégrale des accords de Vientiane : le retrait complet de l'impérialisme US du Laos.
      La gigantesque défaite de l'impérialisme US en Indochine est l'œuvre des trois peuples Indochinois, Vietnam, Laos, Cambodge. Ensemble ils ont combattu, leur victoire est commune. L'héroïque peuple lao remportera la victoire totale !

Le 11/5/75

Grégoire CARRAT. 

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