FRONT ROUGE n°156 -15 mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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Giscard au Maroc :

UN ATOUT DE PLUS

POUR L'IMPERIALISME FRANÇAIS

      " Accueil particulièrement chaleureux. ", " des centaines de miliers de personnes ", pluie de pétales de roses, bain de foule dans la médina de Fez, chasse au sanglier dans l'Atlas... Le voyage de Giscard au Maroc a fait les délices de la presse, qui n'a manqué aucun détail " couleur locale " pour décrire ce grand rassemblement organisé par Hassan II, à grand renfort de camions, pour amener les paysans de tout le pays sur le parcours, offrir à Giscard, et s'offrir à lui-même, cette " immense acclamation ".
      C'était la première fois qu'un chef de l'Etat français se rendait en visite officielle au Maroc depuis l'indépendance, après la " marocanisation " des anciennes terres coloniales et de certaines entreprises, la nationalisation des phosphates et de l'exportation. En 1932, les colons occupaient 1 200.000 ha de terres usurpées. En 1973 ils n'en possédaient plus que 200.000. L'Etat marocain a pris des participations dans des entreprises, comme la principale raffinerie de sucre, la Cosuma, qui appartenait jusqu'à la fin des années 60 à des capitalistes marseillais ; dans les mines comme celtes d'Halouli et Mibladen, qui appartient à Pennaroya-Maroc. Aujourd'hui, même si ce sont les notables, les hauts fonctionnaires, les caïds, les présidents des conseils communaux, qui ont accaparé à leur tour les terres des anciens colons, même si l'impérialisme français possède toujours la majorité des banques, et par là-même une grande part de l'industrie, il ne peut plus se comporter comme avant. Il est contraint de compter avec la lutte des pays du Tiers Monde pour la récupération des richesses nationales, et Giscard a, par exemple, été contraint de dire : " II est normal que les matières premières produites par les pays en voie de développement soient payées équitablement à un prix rémunérateur... ".
      Mais il n'est pas question pour lui d'abandonner la partie. Il a expliqué ainsi le choix de ses déplacements pendant sa première année de présidence : " je me suis rendu aux Antilles puis dans de grands Etats méditerranéens, toutes régions où se pose le problème du développement ! " Ce n'est sans doute pas un lapsus qui lui fait mettre sur le même plan, des pays qui sont aujourd'hui encore des colonies de l'impérialisme français, et les pays d'Afrique du Nord ! Son projet est clair : faire face à la montée du Tiers Monde, essayer de garantir et de consolider ce qui reste de sa main mise, arracher de nouveaux marchés. Aujourd'hui encore, une grande partie de la production du matériel agricole, des engrais, des mines, des conserves, reste entre les mains d'entreprises françaises, par l'intermédiaire des banques. On retrouve au Maroc les Schwartz-Haumont, Wendel Sidelor, Ugine-Khulmann, les ciments Lafarge, Simca, Berliet, Péchiney-St. Gobain... L'huile est fabriquée par des sociétés françaises, comme Lesieur, les 9/10 des usines de conserve de poisson sont françaises. Ces sociétés réalisent encore des profits colossaux, en payant des salaires de misère, en faisant travailler des enfants. L'armée et la police marocaines sont parfois encadrées par des Français. Des milliers de travailleurs marocains ont du venir travailler en France, ou dans d'autres pays européens, chassés par le chômage.
      Si, sous la pression des masses marocaines, Hassan II a du prendre un certain nombre de mesures qui ont pu affaiblir l'impérialisme français, réduire son champ de manoeuvre, Giscard essaye malgré tout de lui garder au Maroc une place prépondérante, face aux autres impérialismes, en particulier US, et face aux luttes du peuple, pour la terre, et pour la récupération des richesses nationales. Le communiqué final de sa visite souligne que " les capitaux français doivent prendre une place plus importante à la réalisation du plan de développement du Maroc " qu'ils seront protégés. L'exportation adressée par Giscard aux Français résidant au Maroc de " bien servir la France au Maroc " est claire. Même s'il peut encore compter sur Hassan dans une grande mesure, toutes ses tentatives se heurtent dès à présent à la lutte de masses pour une indépendance complète.


ITALIE :

Halte à la répression

du mouvement révolutionnaire

      Le gouvernement Moro a présenté au Parlement, en vue d'une rapide approbation, une des lois les plus graves de 30 années de Démocratie Chrétienne, une série de mesures définies " ordre public ", dont le seul objectif est de multiplier les exactions de la police.
      Cette loi réactionnaire dont la paternité revient à Fanfani voit le jour au moment où il a été permis à l'assassin de Claudio Varalli de passer la frontière suisse, où ont été relâché les trois fascistes arrêtés pour l'attentat de Brescia, où a été remis en liberté Miceli le comploteur fasciste. Et c'est grâce au vote du parti fasciste MSI que précisément le 25 avril ont été approuvés par la commission de la Chambre les pires articles de cette loi.
      On veut traduire en termes de loi la lutte contre les extrémismes opposés, mais les faits parlent clairement : cette formulation est un prétexte pour permettre à tous les partis bourgeois de s'unir pour approuver cette loi.
      Les objectifs de la loi sont les suivants :
1) La répression du mouvement politique populaire et révolutionnaire qui s'oppose à la DC et à ceux qui font alliance avec elle.
2) Un renforcement réactionnaire de l'Etat bourgeois en donnant à la police des pouvoirs plus étendus :
Pouvoir plus grand à la police d'arrêter n'importe quel citoyen.
            - Autorisation de perquisitionner et de conduire au commissariat tout participant à une manifestation.
            - Possibilité de tirer pour les policiers et les carabiniers. Immunité pour les policiers qui commettent des actes             criminels.
            - Relégation, comme au temps des fascistes, pour les opposants au régime.
            - Peines encore plus graves pour ceux qui se défendent contre la violence policière.
            - Limitation de la liberté provisoire.
      Ces mesures furent approuvées également par le PSI au sommet du centre-gauche de mars. Chacun à leur tour le P"C" I et le PSI ont donné leur accord par des votes favorables ou par l'abstention à la plupart des articles de la loi. Au plus fort de la mobilisation anti-fasciste, Berlinguer a rencontré Moro le 18 avril pour donner le feu vert à l'opération de répression contre les forces populaires et révolutionnaires qui n'acceptent pas comme l'unique solution politique celle des rapports entre la DC et le P"C"I.
      Tous les révolutionnaires ont participé à la manifestation du 6 mai contre les mesures réactionnaires contre l'actuel climat de répression : à Catane, quatre militants du PC (ml) l et un militant du " Movimento Studentesco " ont été condamnés à des peines de 2 à 4 ans de prison ferme pour une action populaire contre l'augmentation des prix des transports publics : deux militants du PC (ml) I à Bari et une autre à Venise ont été arrêtés pendant la manifestation anti-fasciste du 18 avril. D'autre part le militant révolutionnaire Marini a été condamné à 9 ans lors du procès en appel ; le commandant de partisans G.B. Lazagna est toujours en prison sans aucune preuve à charge ; et il y a des dizaines et des dizaines d'inculpations contre les militants anti-fascistes ; de plus, il faut signaler la manœuvre orchestrée par la justice contre Avanguardia Operaia : les magistrats de Milan ont en effet décidé de mener une enquête sur Avanguardia Operaia dans l'intention de la déclarer " association subversive ", afin de poursuivre ses dirigeants et ses militants et d'arriver à la mettre hors la loi. L'initiative est partie du juge Viola et s'inscrit dans la ligne de Fanfani qui veut mettre au centre même de la campagne électorale la question réactionnaire de " l'ordre public ". Pour faire face au processus de fascisation de la démocratie bourgeoise en Italie qui amènerait à la seule existence des rapports DC/P"C"I, il faut plus que jamais renforcer la lutte d'opposition populaire contre le régime démocrate - chrétien et contre le compromis historique.


II y a 30 ans,

le massacre de Sétif

      Le 8 mai 45, le peuple fête la victoire sur le fascisme. En Algérie à Sétif, Ie même jour, les masses populaires descendent dans la rue pour fêter elles aussi cette victoire, et réclamer l'égalité des droits et la justice. La répression est brutale : l'armée et la police françaises, les colons, organisés en milices, massacrent 45.000 Algériens. Pendant une semaine, dans toute la région de Sétif, la population de villages entiers est égorgée, jetée dans des fosses communes. Ratissages, enfumades, tanks, bombes, balles : au peuple algérien qui demandait plus de justice après avoir servi de chair à canon dans la guerre, le colonialisme français répondait par le massacre.
      La bourgeoisie française avait peur. Sortie diminuée de la guerre, elle ne voulait à aucun prix que les peuples qu'elle dominait se soulèvent, s'organisent. L'exemple de Sétif, ne devait pas s'étendre à toute l'Algérie, à tous les peuples de l'empire colonial. C'est pourquoi, à Sétif, elle a frappé si vite et si fort. Au premier rang de ces massacreurs, le P"C"F au gouvernement, qui exige avec sa filiale locale, le P"C"A, plus d'énergie dans la répression des patriotes algériens, par une délégation du P"C"F et du P"C"A auprès du gouvernement général d'Algérie : " Elle s'est entretenue des provocations des agents hitlériens du Parti du Peuple Algérien et d'autres agents hitlériens camouflés dans des organisations qui se prétendent démocratiques. Cette coalition criminelle, après avoir vainement tenté de faire éclater des émeutes de la faim a réussi à faire couler le sang... La délégation a estimé que ces mesures (de châtiment rapide et impitoyable des provocateurs) appliquées sans délai contribueraient à ramener le calme ", peut-on lire dans " Alger Républicain ", journal du P"C"A, le 12 mai 45. Le P"C"F encourage cette répression, apportant à l'impérialisme français son secours, lui prouvant ses capacités à gérer ses affaires.
      Mais le 8 mai 45 pour le peuple Algérien, a en réalité ouvert des perspectives nouvelles à la lutte. Devant la répression sauvage, il a compris qu'il n'y avait qu'une solution, la lutte armée. Les massacres de Sétif ont condamné la voie du réformisme, de l'intégration dans le système colonial ; ils ont scellé le sentiment national du peuple algérien, sa volonté d'arracher l'indépendance nationale. Ses premières actions qui, en novembre 54, donneront le signal de la lutte armée pour la libération nationale, sont les fruits de cette prise de conscience massive de la nature du colonialisme. Aujourd'hui encore, le peuple Algérien manifeste chaque année sa haine de l'impérialisme le 8 mai. Il se souvient du million et demi de patriotes qui n'ont pas reculé, même devant la mort pour conquérir l'Indépendance.


LES COMBATTANTS PALESTINIENS MULTIPLIENT

LEURS ACTIONS EN TERRITOIRES OCCUPES

      Le samedi 3 mai, plusieurs roquettes ont été tirées par les forces de la Révolution Palestinienne contre le siège de la Knesset (parlement) et le quartier des départements ministériels sionistes, dans le quartier de Dreveh She Anan à Jérusalem. Ces tirs ont atteint les objectifs et ont causé à l'ennemi de grandes pertes en hommes et en matériel. Des ambulances, des véhicules de secours et de pompiers sionistes ainsi qu'un grand nombre de militaires sionistes sont accourus sur les lieux et ont été pris par un deuxième tir de roquettes causant aussi de lourdes pertes parmi les forces de l'ennemi ; les combattants palestiniens avaient bombardé la ville de Tibériade le 16 avril dernier avec des roquettes d'une grande force destructive d'une longueur de 2 mètres pesant chacune 70kg.

      24 heures après les tirs sur la Knesset, les fedayin ont fait sauter un des immeubles utilisés par les services de renseignements israéliens à El Qods. " Pour la seconde journée consécutive les révolutionnaires ont contraint les sionistes à se réfugier dans les abris " a indiqué le communiqué militaire, publié par le commandement général des forces de la Révolution Palestinienne, qui poursuit ainsi : " Nos révolutionnaires ont reçu l'ordre de frapper les centres vitaux à l'intérieur de Jérusalem et ce malgré toutes les mesures de sécurité mises en place par les autorités d'occupation à la suite de l'attaque de samedi ".

      Lundi soir, les fedayin ont détruit plusieurs usines et dépôts dans la région industrielle de Tel Aviv et mis hors d'état de nuire de nombreux soldats sionistes. Ils avaient déposé des charges explosives dans différents quartiers de la région industrielle de Harkivet à Tel Aviv, Ces charges ont explosé à l'heure indiquée causant ainsi des incendies dont les sionistes ont eu le plus grand mal à venir à bout.

      Malgré la répression déclenchée après ces opérations de grande envergure, la lutte dans les territoires occupés se développe, se renforce.

PALESTINE VAINCRA !

A l'occasion du 27è anniversaire de l'occupation de la Palestine par les sionistes, la GUPS organise un meeting à Paris, le jeudi 15 avril à 20 h 30 Maison du Liban, Cité Universitaire.


Hommage à Julio Alvarez del Vayo,
militant anti-fasciste, président du FRAP

      Julio Alvarez Del Vayo, président du FRAP est mort le 3 mai, au terme de 70 ans d'une vie militante au service du peuple espagnol, à l'âge de 84 ans.
      En 1936, il était ministre des affaires étrangères, au moment du soulèvement fasciste. Il dénonça la criminelle politique de non-intervention défendue en France par Blum et le Front populaire. Puis il fut Commissaire Général à la Guerre. Partisan de la résistance jusqu'au bout, il quitta l'Espagne en 1939 pour l'exil au cours duquel il n'a cessé de lutter.
      Comme il l'avait fait pour la révolution d'octobre en URSS, il a défendu la révolution chinoise dans des articles et des livres.
      Il condamnait fermement les révisionnistes espagnols ; parmi les premiers il rejeta la politique de " réconciliation " et la " voie pacifique " de lutte contre le fascisme.
      Il mena une bataille constante pour l'unification des forces anti-fascistes espagnoles. En janvier 1971, à la fondation du comité coordinateur PRO-FRAP, il était élu membre de la direction. Après la création du FRAP, il en fut élu président.
      José Alvarez Del Vayo est mort sans abandonner un seul instant son poste de combattant anti-fasciste. Quelques jours avant sa mort, il intervenait à un meeting commémorant l'anniversaire de la République Espagnole. Il a pu avant de mourir saluer, au nom du FRAP, l'héroïque victoire du peuple vietnamien.

HONNEUR A JULIO ALVAREZ DEL VAYO !
LE PEUPLE ESPAGNOL RENVERSERA LE FASCISME ! 

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