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UNE JUSTICE QUI MARCHE
MIEUX...
POUR FRAPPER PLUS
FORT
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Les
24 et 25 avril derniers, l'Assemblée nationale a eu
à discuter d'un projet de réforme du Code de
Procédure Pénale (C.P.P.). Un projet de
réforme " libéral " à la manière
de Giscard.
La question peut
paraître ardue et inintéressante. En fait elle
est très importante car le C.P.P. est la seule
garantie dont on peut disposer face à l'arbitraire
policier. Bien sûr les garanties qu'il contient sont
totalement insuffisantes : déjà quand il avait
été adopté en 1958, il avait en fait
servi à légaliser la procédure
inadmissible de la garde à vue grâce à
quelques concessions sur des points jugés moins
décisifs par la police. Mais celle-ci avait
déjà à l'époque protesté
contre les restrictions qu'on apportait à son
arbitraire. Car le C.P.P. peut permettre de se
défendre contre certaines pratiques policières
ou irrégularités de la justice bourgeoise.
Aujourd'hui les abus de cette
justice sont devenus si criants que la bourgeoisie finit par
s'en alarmer elle-même : plus personne ne croit
à cette comédie judiciaire, Ainsi, grâce
au système de la détention provisoire, on a pu
maintenir plusieurs années en prison des
accusés avant de les juger ; c'est un retour aux
lettres de cachet de la monarchie. Aussi, poussé par
les révoltes dans les prisons et ne pouvant plus
faire l'autruche devant la déconsidération
totale de sa " justice ", Lecanuet, sous-ministre de la
police depuis que Poniatowski décide à sa
place dans son propre domaine, a voulu proposer une
réforme du C.P.P. et du Code pénal. En fait il
a simplement repris, en supprimant les mesures trop "
libérales ", un projet élaboré par ses
prédécesseurs Pleven et Taitinger, "
libéraux " notoires, et que la bourgeoisie avait mis
en sommeil.
Ce projet est un exemple
frappant de ce qu'est la démagogie Giscardienne. La
bourgeoisie a fait toute une publicité sur son
libéralisme car il limite la détention
provisoire à 6 mois et Lecanuet a été
très ferme là-dessus, contre certains
députés bourgeois qui voulaient réduire
le champ d'application de cette mesure. Mais il faut savoir
que d'après les statistiques de la bourgeoisie elle
ne touchera qu'une très faible partie des
détenus provisoires. On voit jusqu'où va le
libéralisme ! Alors que c'est le système de la
détention provisoire lui-même qui est un
scandale permanent. De plus Lecanuet a refusé de
laisser supprimer le rôle suspensif de l'appel du
procureur contre une décision de mise en
liberté provisoire : c'est-à-dire que le
procureur, qui dépend directement du ministre et agit
sur son ordre, peut s'opposer à la remise en
liberté d'un prévenu simplement en faisant
appel ! On voit de moins en moins où est le
changement.
Par
contre on le voit tout de suite quand on aborde le reste du
projet. La réglementation de la détention
provisoire, c'était le sucre autour de la pilule ;
voici maintenant la pilule ; là, même la
commission des lois, qui est largement dominée par la
majorité, s'est opposée au ministre. D'abord
Lecanuet veut remplacer la juridiction collégiale en
correctionnelle par un juge unique. Le prétexte est
que cela libérerait des juges et permettrait
d'accélérer la justice. La
vérité c'est qu'il est plus facile de faire
pression sur un juge que sur trois. Sur ce point Lecanuet a
dû céder face à la commission :
l'accusé peut demander d'être jugé par
trois juges, mais il ne peut l'exiger. Mais le juge unique
est désigné par le Président du
Tribunal et non par l'Assemblée
Générale. Comme le président et les
vices-présidents, s'ils ne reçoivent pas
d'ordres du ministre, sont directement nommés par
lui, on voit que les juges uniques seront bien
choisis.
De
même Lecanuet a mis au point une réforme de la
compétence des tribunaux qui permet de choisir le
tribunal qui jugera l'accusé en le changeant
simplement de prison.
La
fin du texte contient une modification des nullités
qui les rendront plus difficiles à demander. Les
nullités servent de sanction à la
procédure : si elle est irrégulière,
elle est annulée. En fait les tribunaux refusent en
général d'annuler la procédure
malgré les irrégularités de la police.
Le texte adopté leur facilitera largement la
tâche.
Par
contre le projet ne parle pas de la procédure de
flagrant délit qui permet de juger quelqu'un en
dehors de toutes garanties. Là aussi Lecanuet a
dû céder face à la commission qui lui a
imposé que l'accusé puisse avoir un avocat
dans cette procédure.
Mais
le point sur lequel l'opposition a été la plus
violente entre le gouvernement et la commission a
été la création d'une juridiction
d'exception pour les délits économiques et
financiers. Après la Cour de sûreté de
l'état, les tribunaux militaires, voilà une
juridiction économique. Mais sous le terme "
économique " Lecanuet range beaucoup de choses :
infractions fiscales, douanières, mais aussi
opérations commerciales frauduleuses, construction et
urbanisme. Le texte est même si vague qu'on pourrait
très bien l'appliquer pour les chèques sans
provision et les traites en retard. C'est aussi la
volonté de faire échapper aux juridictions
habituelles tous les domaines ayant donné lieu
à des scandales qui révélaient la
pourriture du capitalisme. Cela a choqué la
commission, mais la majorité a
préféré suivre son ministre.
Claudius-Petit a clairement dit pourquoi : " Si nous ne
sommes pas capables de défendre jusqu'aux limites du
possible les fondements du droit... sous prétexte que
l'opinion publique est prévenue contre tel auteur
d'infraction - ou supposé tel - ou contre tel
industriel, et qu'il apparaît que, renversant le mot
de Victor Hugo : " moins vous serez misérable, plus
vous serez condamné ", parce que personne n'osera
plus vous défendre, alors notre liberté
individuelle est en danger ". Grâce à
Lecanuet et à sa majorité, messieurs de la
bourgeoisie peuvent se rassurer: ils seront jugés
entre eux et on pourra suivant les nécessités
politiques étouffer ou faire éclater tel ou
tel scandale.
On
voit donc que grâce à des concessions anodines
à la " liberté " individuelle le gouvernement
a pu introduire d'importantes modifications au droit qui
choquaient même une fraction de la bourgeoisie tant
elles contredisent le droit bourgeois libéral
traditionnel. Derrière les sourires charitables de
Lecanuet et les bavardages pseudo-libéraux, c'est en
fait un renforcement du pouvoir répressif de
l'appareil d'état bourgeois qui se fait.
Yves BEAUMONT.
Les
révisionnistes
défendent le "service
public"
de la justice !
Déclaration le 24 avril de Maxime
Kalinsky, député
révisionniste, lors du débat sur la
réforme du C.P P. : " Les difficultés
que rencontrent les justiciables pour obtenir qu'un
arrêt soit rendu rapidement tiennent à
la disproportion croissante entre les besoins
à satisfaire pour assurer un fonctionnement
normal du service public de la justice et les
moyens insuffisants que permet de mettre en place
le budget de l'Etat ".
Ainsi pour les faux communistes du P"C"F la
justice qui fonctionne en France n'est pas une
justice de classe, une arme de la bourgeoisie
contre le prolétariat, c'est un " service
public " au dessus des classes, qui répond
à des " besoins ". Gageons que les ouvriers
que le P"C"F trompe encore seront surpris
d'apprendre que pour leur parti c'est un de leurs
besoins d'être expulsés des usines
qu'ils occupent, condamnés quand ils
manifestent etc...
Nous ne voulons pas plus d'argent pour
la justice bourgeoise comme le demandent les
révisionnistes, nous voulons une justice
populaire dans une France socialiste.
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A PROPOS D'UN ARTICLE DU
"MONDE"
Le Monde, Journal
anti-communiste, passe aussi pour un journal sérieux.
Eh bien, ce n'est pas vrai. Dans ses éditions du 10
et 11 mai, il publie sous la plume d'un certain Brigouleix
une sorte de reportage sur l'extrême gauche dans
lequel on apprend tour à tour, figurez-vous, que
le PCR (ml), notre Parti, est une scission de
l'Humanité Rouge, qu'il entretient avec les
révisionnistes des relations suspectes, que, dans
Front Frouge, nous injurions périodiquement
l'Humanité Rouge et que les militants de ce groupe
doivent " assurer leur sécurité " d'abord
contre ceux du PCR, que les campagnes menées par
les trotskystes sur l'armée nous " trouvent
d'ailleurs tout à fait sur la défensive ".
Voilà tout ce qui est dit à propos de notre
Parti, voilà ce qui, selon Brigouleix,
définit, caractérise le PCR (ml). Voilà
qui est faux, non seulement à propos des points
soulevés, mais aussi et surtout par omission. Que de
haine pour notre Parti et de grasse sympathie pour ceux qui
le combattent !
l Rappelons
d'abord que ceux qui ont scissionné au sein du
mouvement marxiste-léniniste sont ceux qui, non
seulement ont refusé avec arrogance de se soumettre
à la volonté de l'écrasante majorité des
militants marxistes-léninistes, mais qui ont depuis
dégénérés au point de
défendre pour l'essentiel la politique
gouvernementale, au point de considérer comme
secondaire la contradiction bourgeoisie/prolétariat
dans notre pays, contredisant sur ce point, notamment, tous
les enseignements du marxisme-léninisme et de la
pensée Mao Tsé Toung.
l Quant aux
relations suspectes entretenues par notre Parti avec les
révisionnistes, chaque jour illustre bien le climat
d'harmonie dans lequel elles se déroulent en effet !
exclusions des militants marxistes-léninistes de la
CGT sous l'impulsion du P"C"F , coups, tracts calomniateurs,
voilà tout le suspect de ces relations. Cependant,
que penser de cette directive interne du P"C"F dans laquelle
on encourage vivement les militants à ne rien
entreprendre contre les provocations de l'Humanité
Rouge, lesquelles ont pour effet de ramener au P"C"F les
militants sincères en désaccord avec la ligne
révisionniste et hésitants.
Tract distribué
par l'Humanité Rouge lors de l'agression
contre le rassemblement de Thionville
organisé par notre parti.
Là ou ce Brigouleix
passe la mesure c'est quand il soutient froidement que Front
Rouge " injurie périodiquement " l'HR. Voilà
un petit monsieur qui écrit sans savoir. Brigouleix
ne lit pas Front Rouge. Il pontifie dans " Le Monde " sur
l'extrême gauche, sans s'entretenir un seul instant
avec les responsables de notre Parti, sans prendre la peine
de venir aux conférences de presse, sans assister
à une seule mobilisation de notre Parti mais, ultime
désinvolture, sans lire notre tournai. S'il le
lisait, il se rendrait compte que non seulement nous
n'injurions pas le groupe susdit dans nos colonnes, mais que
nous n'en parlons pas. Notre principe consiste
à faire porter tous nos coups sur la
dénonciation de la bourgeoisie et du
révisionnisme. Les rares exceptions à cette
règle coïncident avec des méfaits
particulièrement graves dudit groupe.
Mais
pourquoi ce Brigouleix s'acharne-t-il à
débiter des contre-vérités
?
Enfin, Monsieur le spécialiste de
l'extrême gauche, qui menace la sécurité
de qui ? Qui a appelé à
détruire notre Parti au lendemain de son
congrès constitutif ? Qui a attaqué le
rassemblement communiste du 3 novembre dont vous n'avez
soufflé mot ? Et qui a attaqué les meetings de
soutien aux ouvriers de Coder à Marseille et le
rassemblement communiste à Thionville ? Qui,
révélant sa véritable nature, vient de
dénoncer par tract les noms, adresses de nos
militants de Thionville et de Nancy ? Devinez.
Quant aux campagnes
menées dans l'armée par notre Parti et par ses
Cercles Jeunesses, si vous n'êtes pas au courant,
informez-vous. Enquêtez un peu auprès des
soldats. Cela vaut bien, vous savez, les deux ou trois
discussions que vous avez dû avoir autour d'un pot au
quartier Latin avec quelques trotskistes et qui vous ont
fourni la substance de cet article superficiel et
mensonger.
Décidément, de
Pfister en Brigouleix, " Le Monde " n'aime pas notre Parti.
C'est d'ailleurs le seul journal, avec l'Humanité,
à n'avoir pas parlé du Tribunal Populaire de
Liévin. C'est normal, la bourgeoisie n'a pas
d'affection particulière pour le prolétariat.
Mais si être attaqué par l'ennemi est une bonne
chose, que ce ne soit pas, s'il vous plaît, par des
paltoquets.
Rhône-Poulenc
Textiles (Lyon) :
Un marxiste-léniniste
exclu de la C.G.T
A l'usine
Rhône-Poulenc Textiles (Belle-Etoile) de Lyon, un
camarade a été exclu de la C.G.T. par la
Commission Exécutive (dont les membres sont choisis
par la direction révisionniste du syndicat) et sans
avoir été convoqué. Prétexte
avancé : " participation à la diffusion de
tracts injurieux et diffamatoires portant atteinte aux
intérêts moraux de l'organisation et de ses
adhérents ".
Dans un tract
signé du camarade et diffusé massivement, le
camarade demande " Suis-je coupable d'être un militant
politique ? " alors que " en distribuant un tract du PCR, je
n'ai fait que professer une opinion en dehors de
l'organisation syndicale ", " suis-je coupable de ne pas
avoir pu m'exprimer autrement ? ", alors que " les militants
du P"C"F qui s'efforcent de contrôler notre syndicat
m'ont tenu dans l'isolement, m'ont même interdit 2
fois l'accès du local syndical ?... " J'accuse les
membres du P"C"F qui ont manœuvré pour me faire
exclure d'avoir violé cet article des statuts... ".
Puis il explique : " C'est parce que je considère
qu'il y a beaucoup plus de bon que de mauvais dans la
C.G.T., que j'y adhère (...), que j'y adresse mes
camarades en difficulté... Nous ne critiquons pas
pour démolir la C.G.T. mais au contraire pour la
renforcer. Lorsque les dirigeants syndicaux font le boulot
du P"C"F au lieu de défendre les revendications des
travailleurs, l'intérêt de la C.G.T., c'est que
nous les dénoncions et que nous appelions les
travailleurs à l'unité syndicale sur la base
de revendications " et il conclut : " camarades
cégétistes, arrachons la direction de notre
syndicat des mains du P"C"F ! Pour obtenir la satisfaction
de nos revendications, renforçons la C.G.T. ! " Une
pétition réclamant sa
réintégration a recueilli plus de 70
signatures de syndiqués ou non syndiqués ;
très peu de travailleurs acceptent son exclusion.
Correspondant Rhône-Poulenc Textiles
(Belle-Etoile) Lyon le 9/5/75
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