FRONT ROUGE n°157 -22 mai 1975- hebdomadaire
organe central du
Parti Communiste Révolutionnaire (m.l.)
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LES VINGT ANS DU PACTE DE VARSOVIE 

L'OTAN : INSTRUMENT D'AGRESSION ET D'EXPANSION DE L'IMPERIALISME US.

    Le 4 avril 1943 était signé le pacte de l'OTAN par les pays capitalistes occidentaux (sauf l'Allemagne occidentale) sous la baguette de l'impérialisme US. La signature de ce Traité représentait le couronnement logique de tout un édifice politique qui s'échafaudait depuis longtemps. Dans son célèbre discours de Fulton, le 5 mars 1946, Churchill avait ouvertement préconisé la nécessité de former sans délai une étroite alliance militaire entre, les USA et la Grande-Bretagne afin d'intervenir au plus tôt contre l'URSS avant que celle-ci ne possède la bombe atomique. Le 13 janvier 1948, le politicien réactionnaire américain Dewey. candidat à la Maison Blanche, déclarait : " Nous perdons la Chine, c'est au tour de l'Europe maintenant ". Ainsi, le premier grand revers de l'impérialisme américain en Asie s'accompagnait d'une intensification de son expansion en Europe occidentale.
    Dès sa création, l'OTAN fut un pacte militaire entièrement soumis à l'impérialisme US. au double but avoué d'imposer l'hégémonie US en Europe occidentale (pendant militaire du plan économique Marshall de 1948), et d'être l'instrument d'agression de l'impérialisme contre le camp socialiste.

LE TRAITE DE VARSOVIE : LEGITIME DEFENSE

    Les accords de Paris du 23 octobre 1954 ouvraient les portes de l'OTAN à l'Allemagne occidentale. Le réarmement de l'Allemagne revancharde dans le cadre de l'OTAN, achevait le dispositif agressif mis sur pied par l'impérialisme US pour se lancer dans l'aventure militaire contre le camp socialiste en Europe Le 13 novembre 1954, l'URSS protestait contre ces accords et proposait une réunion à Moscou de tous les Etats européens en vue d'élaborer un système de sécurité collective dans cette région. Les efforts pacifiques de l'URSS furent vains.
    Aussi était-il devenu urgent pour les pays du camp socialiste de se défendre contre les préparatifs d'agression de l'impérialisme et des revanchards. Ainsi naquit le 14 mai 1955 le Traité de Varsovie, organisation militaire de légitime défense des pays socialistes d'Europe, conformément à l'article 51 de la Charte des Nations Unies.

CONTRE-REVOLUTION EN URSS

    Début 1956 se tient le XXème Congrès du PCUS, congrès de la contre-révolution et du révisionnisme triomphant. Dès lors, sous la direction de Khrouchtchev puis de Brejnev, l'URSS de Lénine et de Staline, le premier pays socialiste au monde, dégénère en un pays capitaliste impérialiste : l'appareil d'Etat de la dictature du prolétariat devient l'appareil d'Etat de la nouvelle bourgeoisie bureaucratique.
    Dès lors qu'en URSS le socialisme se transforme en son contraire, le Pacte de Varsovie, d'instrument de légitime défense qu'il était, est totalement converti en un instrument aux mains des révisionnistes chauvins de Moscou pour la réalisation de leurs buts.

LA CONVERSION DU PACTE EN UN INSTRUMENT D'INTEGRATION ET D'AGRESSION DU SOCIAL IMPERIALISME

    De moyen de défense collective contre les menaces d'agression impérialiste, le Pacte de Varsovie s'est transformé en un moyen d'attaque contre ses propres membres. Ses objectifs sont les objectifs de la politique étrangère soviétique visant à dominer et à soumettre les autres peuples, à pénétrer économiquement et militairement dans les autres pays, à sauvegarder les zones d'influence du social-impérialisme et à les élargir. Ces caractères sont particulièrement évidents quand on analyse l'organisation du Pacte : on constate alors une intégration organique sous direction soviétique, une absence de coordination fonctionnelle et une dépendance opérationnelle totale vis à vis de l'URSS.

    L'intégration organique : toutes les forces armées des pays membres sont placées sous la direction d'un commandement dit " unifié ". En fait le commandant en chef a toujours été un Soviétique. L'organisation des forces armées de chaque pays est calquée sur celle de l'URSS (du ministère à l'escouade). La standardisation des armements et des équipements est complète et sont pour l'essentiel fabriqués en URSS. Le Pacte possède un Comité consultatif politique qui est saisi lorsque se posent des problèmes de politique internationale par exemple. Mais comme l'indique son nom il n'est que " consultatif " et ne décide de rien, le commandement unifié dirigé par les Soviétiques est autonome du Comité, En outre, le siège de la Commission permanente du Comité est à Moscou et son Secrétariat est installé dans les locaux même du ministère des Affaires étrangères soviétique !

    Bien que l'article 7 du Pacte prévoit que " les parties contractantes s'engagent à ne participer à aucune coalition ou alliance et à ne conclure aucun accord dont les buts seraient en contradiction avec ceux du présent Traité ", les Soviétiques ne se sont pas gênés, comme l'ont souligné avec justesse les communistes albanais, pour conclure en 1963 un traité tri-partite (GB-USA URSS) sur " l'arrêt partiel des essais nucléaires ", puis en 1968 un Traité URSS-USA sur la " non prolifération des armes nucléaires ", bafouant du même coup la lettre et l'esprit du Traité, la souveraineté des autres pays membres.

    La " Coordination fonctionnelle " envisage le stationnement des troupes soviétiques sur le territoire des pays membres et l'utilisation des forces du Pacte. Or, depuis 1968 les troupes soviétiques dans les pays satellites ont augmenté de plus de 20% si bien qu'en 1973 les forces terrestres soviétiques s'élevaient à 30 divisions (soit 300.000 hommes). L'article 8 du Pacte exclut toute opération de police ou de maintien de l'ordre de la part des troupes du Pacte dans un pays membre : l'agression de la Tchécoslovaquie montre à l'évidence ce qu'il en est de cette clause. En fait, le déséquilibre entre l'URSS et les autres membres du Pacte est tel que l'utilisation des institutions du Pacte demeure à l'entière discrétion des Soviétiques.

    La dépendance opérationnelle des pays membres vis à vis de l'URSS est fondée sur la situation de monopole de cette dernière : les " alliés " dépendent de l'URSS pour les armes importantes. Par exemple, la fabrication d'un ensemble complet d'équipement ou la constitution d'une réserve de guerre permettant des actions militaires indépendantes sont soumises à l'autorisation des maîtres du Kremlin. L'URSS possède un monopole absolu pour ce qui est de la fabrication, du choix de l'emplacement et de l'utilisation de la gamme des armes nucléaires tant tactiques que stratégiques. Par ailleurs, les forces aériennes, comme les autres sont placées sous commandement soviétiques : les " alliés " ne peuvent posséder " en propre " que des appareils d'interception ou d'appui. Seule l'URSS fabrique, possède et contrôle les bombardiers à long ou moyen rayon d'action.

    Ainsi, l'intégration militaire et politique des pays révisionnistes par le biais du Traité de Varsovie (et dont le pendant économique est le COMECON) représente aujourd'hui le principal mécanisme visant à leur intégration territoriale à l'URSS. C'est la méthode la plus " efficace " pour liquider tout signe d'indépendance ou de souveraineté des pays satellites.

    La formidable armada, que sous couvert du Pacte les Soviétiques ont massé en Europe orientale, ne correspond nullement, tant en quantité qu'en qualité, à des mobiles de " défense ". En 1973 les troupes soviétiques stationnant en Europe ont augmenté de 50% leur force aérienne tactique. A cette date on estimait qu'en Europe de l'Est et dans la Russie d'Europe étaient concentrées les 3/5 des troupes terrestres et plus des 3/4 des forces aériennes, les 3/4 des missiles de portée moyenne étaient braqués vers l'Europe occidentale. Par rapport à 1968, l'artillerie soviétique en Europe orientale a plus que doublé et le nombre des chars soviétiques en RDA s'est accru de plus de 30%. En janvier 1973 (mais ces chiffres sont aujourd'hui sensiblement dépassés) les forces du Pacte alignaient en Europe :

        - Flanc Nord et Europe centrale : 4.200 avions de combat tactique, 37 divisions d'Infanterie (370.000 hommes), 28 divisions mécanisées (16.000 chars)

        - Flanc Sud (Méditerrannée) : 1.200 avions de combat tactique, 21 divisions d'infanterie, 9 divisions mécanisées (5.700 chars).

    Les " réserves " stationnées dans les trois régions militaires de la Russie d'Europe s'élèvent à 30 divisions d'infanterie (300.000 hommes) et plus de 3.000 chars !

    La disproportion flagrante entre les forces militaires du Pacte et celles de l'OTAN, la nature même des manœuvres conjointes des armées du Pacte qui ont pour thème la " pénétration profonde en territoire ennemi ", l'arrivée sur la " ligne de front " de troupes spéciales soviétiques calquées sur le modèle des " marines " US, notamment en RDA, démontrent, d'une manière indiscutable, que l'Etat-Major militaire des dirigeants soviétiques a substitué à une stratégie défensive une stratégie fondamentalement offensive, agressive.

LE PACTE DE VARSOVIE CONTIENT EN LUI-MEME SA PROPRE NEGATION

    Les peuples des pays de l'Europe de l'Est aspirent à l'indépendance et à la souveraineté nationales, ils comprennent de mieux en mieux la véritable nature du Traité de Varsovie. L'invasion de la Tchécoslovaquie, pays membre du Traité, n'a pas uniquement ouvert les yeux au peuple tchécoslovaque !
    L'armée soviétique quant à elle, éduquée par les nouveaux tsars dans l'esprit du chauvinisme grand-russe, de l'expansion territoriale et de l'hégémonie politique et militaire, ne possède pas la cohésion, l'esprit combatif et la force qu'on lui prête. Comme toutes les armées impérialistes elle semble forte de l'extérieur, mais de l'intérieur elle est pourrie. On se souvient de l'épidémie de " dépressions nerveuses " qui a frappé les rangs de l'armée soviétique pendant l'occupation de la Tchécoslovaquie ! Les jeunes soldats soviétiques étaient partis combattre la " contre-révolution " en " sauveurs ", mais ils ne virent qu'un peuple en lutte pour reconquérir son indépendance et sa souveraineté nationales, ils n'étaient que des " agresseurs " !

LUTTONS POUR LA DESTRUCTION DES BLOCS AGRESSIFS !

    Les peuples d'Europe qui ont déjà connu deux guerres mondiales dévastatrices, aspirent à la paix, à l'indépendance, à la sécurité et à la coopération. Ils peuvent vivre sans l'OTAN et sans le Pacte de Varsovie.
    La lutte contre l'OTAN et le Pacte de Varsovie, contre ces deux blocs agressifs manipulés par les deux super-puissances, constitue une lutte pour le renforcement de la souveraineté nationale, une lutte pour la liberté et l'indépendance, pour assurer l'égalité dans les relations internationales. S'opposer à la présence de ces deux blocs agressifs militaires, c'est s'opposer au danger de déclenchement d'une guerre agressive à laquelle se préparent les deux superpuissances.

Hervé GAY


Les "grognards" de l'empire

    Les révisionnistes bulgares, qu'on dit pourtant être les plus fidèles " sujets " du Kremlin, sont mécontents du fonctionnement du COMECON (Conseil d'Entraide Economique). Et ils le disent ! Dans le dernier numéro de 1974 de la revue Relations Internationales, les révisionnistes bulgares se plaignent qu'au sein du COMECON le " principe de l'avantage réciproque " soit bafoué par les " camarades " soviétiques. Au nom de la " division internationale du travail " et de " l'intégration économique " sauce soviétique, chaque " démocratie populaire " se voit cantonnée à un certain type de développement et de production économiques. Pour l'une ce sont les minerais, pour l'autre les machines outil, etc. La Bulgarie, quant à elle, est considérée comme le " verger " de l'empire soviétique : produire et exporter en URSS et dans les autres " démocraties populaires " ses produits agricoles et alimentaires, voilà sa tâche ! Or les Bulgares ont constaté qu'en 1971, par exemple, les prix des machines et des équipements qu'ils doivent importer d'URSS étaient de 19% plus élevés que ceux du marché mondial, tandis que les prix des produits agricoles et alimentaires qu'ils doivent exporter vers l'URSS étaient de 19% moins élevés que ceux du marché mondial ! Or la Bulgarie exporte vers l'URSS près de la moitié de sa production de légumes frais, fruits et tabac et 78% de ses conserves alimentaires, tandis qu'elle en importe l'essentiel des produits industriels dont elle a besoin.

    On voit ainsi que la " coopération fraternelle " dans le COMECON ne fonctionne que dans un sens ! Le pillage et l'exploitation que l'URSS fait subir aux " pays frères " est un pillage et une exploitation de type colonial. Ces méthodes du social-impérialisme mécontentent fort les peuples dominés des " démocraties populaires " et exacerbent les contradictions entre les différentes cliques révisionnistes au pouvoir 


 

Une armada d'agression (extrait d'une brochure

de Novosti, intitulée "la paix est bien gardée")

    " Ces dernières années, on a vu se développer rapidement les troupes aéroportées. Elles sont destinées à combattre les moyens d'attaques nucléaires sur les arrières ennemis, à exploiter rapidement le succès des attaques nucléaires sur les objectifs ennemis situés en profondeur des lignes adverses, à aider les troupes au sol à s'emparer des centres administratifs et industriels de l'adversaire, à se rendre maîtres des lieux de franchissement des grands cours d'eau et des têtes de pont qui s'y trouvent, des défilés de montagnes et d'autres régions difficilement accessibles, ainsi qu'à accomplir d'autres missions.


Manœuvres de débarquement…

    Les troupes aéroportées sont dotées de moyens de lutte perfectionnés. Elles disposent actuellement des véhicules blindés lance-roquettes et de transport du personnel qui assurent aux troupes aéroportées la rapidité de déplacement au sol, de moyens efficaces anti-chars et de DCA, de canons et obusiers modernes, de puissantes armes automatiques, de moyens de transmission et de guidage.

    Pour les troupes aéroportées on a mis au point différentes techniques de parachutage qui permettent de parachuter sur les arrières de l'ennemi à la fois les combattants, le matériel de guerre, les munitions, le carburant et d'autres charges.

    Les possibilités de l'aviation de transport militaire, sa capacité de chargement et son rayon d'action ont grandement augmenté. Les avions de transport modernes, militaires, sont à présent en état de parachuter et de mettre à terre chars, remorques, voitures, matériel du génie, et de transporter à de grandes distances les troupes et le matériel lourd.


Largage de troupes aéroportées

    Un exemple concret des possibilités immenses et de la puissance destructive des troupes aéroportées a été fourni par les manœuvres " Dvina " réalisées en Union Soviétique en mars 1970. Au cours de ces manœuvres les géants de l'air " Antei " et les avions de transport militaire; AN 12 ont transféré et largué sur les arrières de " l'adversaire " en quelques minutes toute une division aéroportée avec leur équipement complet en armes légères et lourdes. " 

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