APRES TRENTE ANNEES DE GUERRE DU
PEUPLE LES MASSES IMPOSENT PARTOUT LEUR VOLONTE
"Nos troupes
sont entrées dans /es villes de Pakse, Savannakhet,
Thakket avec l'accord du gouvernement et à la demande
des forces armées loyales, qui craignent de
n'être pas assez fortes si la droite
réfugiée en Thaïlande tente une action de
force ", a déclaré, le 20 mai, Phoumi
Vongvichit, vice-premier ministre, secrétaire
général du Front Patriotique Lao.
A Savannakhet,
surchargés de fleurs, les chars et les camions des
forces patriotiques sont entrés dans la ville,
accompagnés des troupes de l'armée de
Vientiane venues les accueillir. Tout le long de la route et
dans la ville, la population a acclamé les troupes de
libération, leur faisant une véritable escorte
populaire de paysans, de jeunes qui chantaient des chants
patriotiques.
Ainsi fusionnent
les deux grandes forces qui sont en train d'achever la
libération du Laos après trente ans de guerre
du peuple contre le colonialisme et le
néo-colonialisme : les forces armées
populaires qui puisent leur puissance dans les zones
libérées, et les masses de la zone
contrôlée par Vientiane.
L'EFFONDREMENT DE LA POLITIQUE US
:
LA DROITE CHASSEE DE SES BASTIONS
L'impérialisme américain est
chassé par d'immenses et profonds mouvements de
masse. Les fonctionnaires de l'US-AID sont
séquestrés dans leurs bâtiments à
Vientiane, jusqu'à la dissolution de cet organisme,
l'un des pivots de l'agression US au Laos, comme au Vietnam.
A Savannakhet, ils ont été
relâchés après la neutralisation de la
ville et obligés de quitter le pays.
Les forces de droite ont perdu leurs positions au
sein du gouvernement, ayant été
obligées de démissionner, notamment du
ministère de la défense, dont l'intérim
est assuré par le secrétaire d'état, le
général Khan Ouane Boupha, membre du Front
Patriotique. Maintenant, les forces de droite perdent leurs
bases territoriales, bastions pour leurs complots.
A
Savannakhet régnait par la terreur le prince Boun
Oum, le véritable chef de la droite. Il s'emparait
des terres, organisait le trafic de bois avec la
Thaïlande, pillant ainsi les richesses du Laos avec la
protection des impérialistes. Jamais les masses
n'avaient bénéficié d'aucune
liberté, toute manifestation était
réprimée dans le sang.
Fief de Boun Oum, Savannakhet avait servi de base
à la préparation de complots contre les
gouvernements de coalition qui ont existé à
deux reprises au Laos.
Pour les masses
de Savannakhet, pour tout le Laos, c'est une double
libération, libération de
l'impérialisme US et libération de la
dictature des clans de droite et des chefs féodaux
qui se partageaient et se disputaient les postes dans
l'administration de Vientiane et les faveurs de
l'impérialisme américain.
La force qui
balaie l'impérialisme et ses valets, c'est la
volonté des masses populaires, de toute la population
du Laos, de réaliser la paix, la concorde nationale
et l'indépendance. Jusque dans les forces
armées de la partie de Vientiane, la politique de
division sur laquelle reposait l'agression US avec l'aide de
la droite, est combattue vigoureusement comme le montre la
déclaration des forces aériennes.
Cependant, même contraints de reculer, les
impérialistes américains peuvent nourrir
l'espoir de conserver des positions aux Laos, en cherchant
des hommes prêts à faire leur politique. La
réalisation de ces espoirs devient de jour en jour
plus aléatoire, au fur et à mesure que les
masses populaires imposent de plus en plus massivement leur
volonté partout.
Quelques semaines après la victoire
complète des peuples vietnamien et cambodgien, le
peuple lao réunit les conditions pour remporter
à son tour la victoire complète, dans des
conditions profondément originales, mais en suivant
la même voie de lutte populaire, politique et
militaire, sans compromis, contre l'impérialisme
américain.
G. CARRAT.
Déclaration des
officiers et soldats de l'armée de
l'air
Les officiers et soldat sont unanimes
à se soulever contre les autorités
supérieures, spécialement le
général Bouathong Photi Vongsa (1),
qui travaille contre la paix et la concorde
nationale. Ce général refuse de
collaborer avec le Comité Militaire Mixte
(2) pour assurer la sécurité dans les
bases aériennes, militaires. Il a
semé la division dans les forces
aériennes en réprimant ceux qui
défendent la paix. Il s'obstine dans
l'attitude perfide des valets du
néo-colonialisme, arrogant, il
n'écoute pas la voix des masses. Il a
ordonné le transfert des avions hors de la
base de Vientiane pour préparer des
activités suspectes. Il prend des mesures
disciplinaires qui ne sont pas conformes aux
circonstances actuelles.
1. - Démission sans condition
de Bouathong Photi Vongsa.
2. - Choix d'autres officiers plus
aptes dans la situation actuelle.
3. - Mise de l'armée de terre
sous le commandement direct du ministère de
la défense.
4. - Participation des officiers de
l'armée de l'air au travail de l'Etat-Major
Mixte.
5. - Que le gouvernement d'Union
nationale garantisse la sécurité des
protestataires dont les noms suivent (18 colonels
de l'armée de l'air).
Les officiers et soldats
de l'armée de l'air demandent l'intervention
du gouvernement et du général Khan
Ouane Boupha (3), ministre de la défense
nationale pour qu'ils répondent positivement
à ces exigences.
Si ces exigences ne sont
pas satisfaites nous continuerons à
protester.
(Traduction non officielle, sous
notre responsabilité)
Notes :
(1) Bouathong Pholi
Vongsa, chef de l'armée de l'air, comploteur
de droite a dû
démissionner.
(2) Le Comité
Militaire Mixte mis en place en application des
accords de Vientiane chargé de coordonner
les activités des troupes des deux
armées dans les zones neutralisées.
(3) Khan Ouane Boupha,
ministre par intérim à la suite de la
démission du titulaire de droite, membre du
Front Patriotique Lao.
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Le 5 avril 1974, la population de Vientiane
accueille Souphanouvong, président du Front
Patriotique Lao.
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A THAKKETT, l'esprit
de résistance du peuple lao
A Thakket, l'enthousiasme des masses
à l'arrivée des troupes
révolutionnaires venait aussi du
passé héroïque de la ville,
martyre de la lutte contre l'impérialisme
français. En 1945, Thakket était le
cœur du soulèvement patriotique. En 1946,
les colonialistes français
déclenchèrent un gigantesque
massacre, assassinant des milliers d'habitants,
espérant assassiner l'esprit de lutte du
peuple lao. Tous ceux qui se trouvaient sur le
chemin des troupes françaises étaient
tués, hommes, femmes, vieillards et enfants.
Les abris souterrains où se
protégeaient les femmes et les enfants
étaient arrosés de grenades. Morts et
blessés étaient jetés dans le
Mékong. Les habitants de Savannakhet,
à plus de cent kilomètres en aval, se
souviennent encore des milliers de cadavres et
leurs frères qu'ils ont vu pendant des jours
flotter sur le fleuve.
L'esprit de résistance des martyrs de
Thakket est resté vivant dans la ville. En
se soulevant en janvier contre les chefs
militaires, véritables despotes locaux, ils
ont montré à toute la population sous
domination de la droite, la voie à suivre
pour la libération totale.
C'est cet esprit de résistance
indomptable qui a brisé l'agression US,
c'est lui qui a poussé les masses, au Laos
comme au Vietnam, à s'emparer de la
politique de réconciliation nationale pour
triompher définitivement de
l'impérialisme US.
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LA LIBERATION DE PHNOM-PENH : 2
coopérants témoignent
Nous avons
rencontré des coopérants français,
professeurs à l'université de Phnom Penh, qui
sont revenus en France après la libération de
Phnom Penh, et militent dans l'association France-Cambodge.
Enthousiasmés par la lutte de libération et la
révolution cambodgienne, ils sont profondément
révoltés par la campagne de calomnies contre
le peuple cambodgien développée par les
journaux, la télé, la radio. Dès leur
arrivée à Paris, ils avaient
témoigné pour faire pièce à
cette campagne. Aujourd'hui ils poursuivent leur
dénonciation de la campagne
contre-révolutionnaire contre le peuple cambodgien.
Quelles étaient les conditions de vie
à Phnom Penh avant la libération ?
La vie
était précaire pour tout le peuple de Phnom
Penh, tandis que les profiteurs de guerre,
généraux et commerçants qui profitaient
des marines US et de la misère du peuple, se
remplissaient les poches, les conditions de
réfugiés étaient
catastrophiques.
A
l'Hôtel Cambodiana, hôtel ultra-moderne
construit par Sihanouk et transformé en camp de
concentration, 3 à 4000 réfugiés
étaient entassés, nourris d'hormones, vivant
dans des conditions sanitaires épouvantables, sans
avoir le choix de sortir de l'hôtel. C'était
une véritable extermination de la population
cambodgienne : ces " réfugiés " n'avaient plus
aucun ressort, avaient perdu toute dignité humaine.
Ils ne pouvaient survivre que de la nourriture fournie par
les organisations de charité américaines, qui
sont un instrument du département d'Etat US : elles
maintiennent les réfugiés sur place.
Les Américains menaient ainsi une
véritable guerre contre la population, notamment en
utilisant les réfugiés comme boucliers humains
: pendant les combats, ils étaient maintenus aux
portes de la ville afin qu'ils prennent les coups,
protégeant ainsi l'armée de Lon Nol.
Comment la population a-t-elle participé
à la libération de Phnom Penh ?
A la fac de
sciences, où nous habitions, dans les 20 derniers
jours, des groupes militaires se sont constitués et
on peut affirmer qu'ils ont combattu durement ; ils ont
aidé le front ouest de manière importante,
tant sur le plan militaire qu'en ralliant des hommes de Lon
Nol. Le commandant en chef de la base marine de Phnom Penh
est venu leur apporter dans une jeep tous ses appareils
électroniques de commandement et leur avait
même promis des camions d'armes, qui n'ont pas eu le
temps d'arriver.
Ces groupes n'avaient rien à voir avec les
bandes de voyous qui ont essayé de semer la confusion
juste avant l'arrivée des Forces Armées
Populaires, et qui ont tenté de s'emparer du pouvoir
en arborant un drapeau scout et qu'une grande partie de la
presse a présentés comme les
libérateurs de Phnom Penh.
Comment étaient-ils traités par
le GRUNK ?
Nous avons
recueilli quelques jours avant la libération de la
ville un lieutenant de l'armée de Lon Nol. Il
était mort de peur. Je n'ai jamais vu quelqu'un
d'aussi effrayé ; parce que la propagande de Lon Nol
était très importante, il craignait des
représailles très violentes. Quand les combats
ont été terminés que nous avons entendu
le gardien de l'immeuble crier " bravo, bravo " il est
sorti, il a vu les maquisards, il a vu qu'on ne lui voulait
pas de mal. Ils lui ont demandé de rejoindre la zone
libérée, il est parti. Je l'ai revu le
lendemain, il était venu chercher des casseroles,
puis un autre jour pour chercher autre chose, puis je ne
l'ai plus vu mais il était très content.
C'est ainsi que se passait l'évacuation
de la ville ?
Oui, les
maquisards demandaient aux gens de partir pour des raisons
de sécurité, parce qu'on voulait nettoyer la
ville, mais jamais on ne les forçait. Les gens
partaient, marchaient à leur rythme
s'arrêtaient à leur convenance. Ceux qui
voulaient revenir à Phnom Penh chercher quelque
chose, le pouvaient. L'évacuation de la ville s'est
passée dans des conditions extraordinaires qui
expliquent notre enthousiasme. Il n'y a eu aucune violence,
mais c'était une mesure nécessaire : Phnom
Penh vivait grâce à l'aide US qui n'arrivait
plus depuis janvier. Le meilleur moyen pour assurer la
subsistance de ces centaines de milliers d'hommes
était de leur demander de produire, de mettre en
valeur les rizières, alors que les laisser à
ne rien faire dans Phnom Penh ce
n'était pas très sain, ce n'était pas
ce qui donnait un élan national.
La presse bourgeoise fait grand tapage sur
l'évacuation des blessés...
Oui, on a
même parlé de 25.000 malades
évacués, ce qui est peu vraisemblable vu que
les capacités d'hospitalisation de Phnom Penh sont de
5 à 6000 lits. Il est vrai que les hôpitaux ont
été évacués, mais les
hôpitaux de Phnom Penh étaient de
véritables camps d'extermination. Les conditions
étaient tellement horribles qu'il n'était pas
possible de les visiter et de faire des photos, même
les sœurs de charité US n'avaient pas le droit d'y
pénétrer. Celui qui n'avait pas les moyens de
payer mourait. Je connaissais le frère d'un
étudiant qui avait été accidenté
; il n'avait pas d'argent sur lui, il est mort d'une
hémorragie sans que personne ne s'occupe de lui. De
même les soldats étaient mutilés sans
vergogne pour la moindre blessure. Les conditions d'aseptie
étaient nulles. Les hôpitaux de Phnom Penh
étaient un véritable danger où une
épidémie pouvait toujours se déclarer,
alors qu'à 10 km de Phnom Penh, il y avait des
hôpitaux de campagne du front, beaucoup plus
sûrs. Quant à l'hôpital Calmette,
c'était l'équivalent de l'hôpital
Rothschild en France, seuls y allaient les très
riches.
Qui se trouvait à l'ambassade de France
?
En dehors du
vice-consul et du personnel, il y avait un ramassis
d'anti-communistes, tant mercenaires qui avaient combattu
avec les troupes de Lon Nol, que des patrons d'entreprises
ou de plantations. Il y avait également quelques
vieux résidents qui étaient restés
parce qu'ils trouvaient la vie agréable. Et puis des
étrangers, des journalistes, des gens de l'ONU, de la
croix rouge suisse qui avaient soutenu Lon Nol. Le lendemain
de notre arrivée sont venus le gardien de l'ambassade
de RDA, puis les diplomates soviétiques, non pas
enchaînés mais dans une voiture avec une
camionnette de victuailles qu'ils ont consommées,
installés dans une pièce
climatisée.
Les Français du convoi ne parlaient pas avec
les paysans. Leur témoignage n'est pas
crédible. On a discuté avec une famille dans
un village à 20 km de Udang. Le village était
rasé ; il y avait 100 familles. Nous avons
demandé où elles étaient, on nous a dit
que tout le village était dispersé sous les
boquetaux pour échapper aux bombardements. Ainsi il y
avait 1000 habitants alors que nous avions l'impression
qu'il n'y avait personne. Et les Français disaient
que le village était " désolé ". Nous
nous sommes promenés aux alentours du village et nous
avons vu les travaux. Ils avaient démonté la
voie de chemin de fer qui n'était plus
utilisée pour faire des ponts sur les pistes. Mais le
ballaste et les traverses étaient soigneusement
conservés : il suffisait de remettre des rails pour
que la voie ferrée fonctionne de nouveau. Dans les
champs, les paysans construisaient des canaux. Beaucoup de
femmes travaillaient car les hommes étaient au front.
Des bonzes également alors qu'ils ne travaillaient
pas à Phnom Penh. On nous a dit qu'ils travaillaient
quelques heures par jour pour donner l'exemple. Les travaux
entrepris sont immenses : de grands canaux sont construits
pour aller chercher l'eau très loin. Mais les gens
travaillent décontractés, lorsque nous
passions ils venaient discuter avec nous, ils nous
expliquaient comment ça se passait sous les bombes.
Les Cambodgiens que nous avons vus étaient des
Cambodgiens comme ils étaient avant la guerre, avec
la conscience politique en plus. Ils nous ont dit qu'il
fallait dire la vérité sur la
révolution cambodgienne.
Ainsi l'embargo des informations ne vient pas
des Cambodgiens ?
Non, il vient
des journalistes. Ils ont dit que c'était pour
empêcher que des bobards soient dits. Mais envisager
des représailles de la part des Cambodgiens
était grotesque. Il y avait parmi les Français
des crapules célèbres qui avaient aidé
Lon Nol ; si les Cambodgiens avaient voulu opérer des
représailles légitimes ils l'auraient, pu, ils
n'avaient pas besoin des bobards des journaux thaï
comme prétexte.
Quand on a vu ce qu'ils écrivaient dans les
journaux thaï ça nous a mis dans une
colère noire et nous avons décidé de
rompre l'embargo dès notre arrivée à
Paris. Il faut tout faire pour briser cette campagne de
calomnies.
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