l'Humanité Nouvelle n°84 p4 -11
janvier 1968- organe central du Parti Communiste
Marxiste-Léniniste de France
LES PROVOCATIONS
POLICIÈRES
ET
RÉVISIONNISTES
CONTRE LE 1er
CONGRÈS DU P.C.M.L.F.
Notre
Congrès ayant été retardé pour
des raisons d'organisation, il était tout à
fait prévisible, dans ces conditions, que le pouvoir
aurait le temps de mettre au point des moyens de
répression, mais le caractère privé du
lieu du Congrès ne lui permettait pas, sans qu'il
viole sa propre légalité, d'intervenir
directement contre le Congrès lui-même.
Dans ces
conditions, il était à prévoir qu'il
tenterait d'utiliser contre nous les révisionnistes,
les laissant passer après leur avoir fait
connaître les lieux, dans le but de se servir d'eux
pour justifier ensuite l'intervention des forces de police
au nom du " maintien de l'ordre ". C'est là en effet
maintenant un processus devenu classique depuis l'agression
révisionniste du meeting de la Mutualité le 5
mai 1967 à Paris.
C'est bien là en effet ce qui s'est
passé, mais le pouvoir n'avait pas prévu notre
fermeté et notre vigilance pour échapper
à toute provocation, et, tout comme les
révisionnistes, il n'a pas pu empêcher la
création de notre Parti !
Dès la veille du Congrès, dans la
nuit, était mis en place un important service de
policiers de contrôle qui barrait toutes les voies
d'accès roulables au lieu du Congrès. Chaque
voiture qui arrivait devait stopper, et, sous la menace de
mitraillettes, chaque occupant devait remettre ses papiers.
Un gendarme prenait tous les détails
d'identité avec soin, y compris les noms et
prénoms des pères et mères même
décédés depuis longtemps !
Aussitôt le service d'ordre et de
sécurité du Congrès décidait
d'organiser le passage des délégués par
d'autres itinéraires, soit par des voies plus
difficilement carrossables en voitures et encore non
contrôlées, soit par des sentiers forestiers ou
de campagne. Toute la nuit et une partie de la
matinée, s'acheminèrent ainsi,
échappant aux contrôles policiers, la plus
large majorité des délégués.
Le 30 décembre au matin, les forces de "
l'ordre " s'étant rendu compte de leur échec,
renforcèrent leur dispositif et multiplièrent
leurs manoeuvres d'intimidation en faisant sillonner les
routes environnantes par des camions bâchés
chargés de gardes républicains. Une voiture
des " renseignements généraux " tenta de
pénétrer dans la propriété
privée en exigeant de rencontrer le camarade paysan
propriétaire. Mais ses occupants en furent pour une
tentative vaine.
La séance de nuit dura jusqu'à 3
heures du matin, tandis que le service de
sécurité fonctionnait normalement et assurait
la protection des congressistes.
C'est le 31 décembre que le commando de
permanents révisionnistes tenta l'opération de
provocation qui aurait pu justifier l'intervention des
forces chargées du " maintien de l'ordre
".
Dans le début de l'après-midi, un
camarade du service de sécurité en
surveillance se trouva brusquement face avec deux hommes qui
tentèrent de l'intimider en le menaçant de
deux revolvers. Ce camarade, malgré les canons des
deux revolvers braqués sur lui, se mit à
courir et donna immédiatement l'alerte au
Congrès. Aussitôt un groupe de six militants
sortit pour donner la chasse à ces intrus que tout
naturellement le jeune ouvrier qui les avait vus avait
spontanément baptisés " ce sont des fascistes
" !
Mais aussitôt commençaient
à retentir de nombreux coups de feu qui semblaient
provenir de plus loin.
En effet, les deux permanents
révisionnistes surpris s'étaient
repliés précipitamment, se regroupant avec les
autres membres de leur commando, et étaient
tombés sur un autre poste de surveillance, deux cent
mètres plus bas, en pleine forêt.
Déjà les six camarades partis a leur poursuite
les rattrapaient. Sous la menace de leurs revolvers, les
révisionnistes avaient contraints nos militants
à s'allonger par terre, mais ceux-ci, courageusement,
n'avaient pas tardé à réagir et
engageaient la lutte inégale contre le commando.
C'est alors que les nervis envoyés par
Waldeck Rochet s'affolèrent. Pris de panique parce
qu'ils ne sont courageux, et pas même, qu'à
condition d'être très largement
supérieurs en nombre, et lorsqu'ils ont au poing des
armes dont sont démunis leurs adversaires, ils se
mirent à tirer précipitamment sur nos
militants mais frappèrent le plus souvent à
côté des points de mire. On a pu
décompter plus de dix coups de feu. L'un d'eux
parvint cependant à loger une balle de calibre 11,43
dans le pied du camarade Christian Maillet, de la
région Marseille- Provence, qui avait réussi
à se débarrasser de trois des agresseurs dans
une dure lutte physique, en leur criant qu'ils n'auraient
jamais raison de véritables communistes ! Ce camarade
a vingt-six ans de parti !
Le Camarade Raymond Casas, parvenu sur les
lieux, échappa à deux balles tirées
contre lui presque à bout portant par une main
tremblante. A l'adresse du jeune nervi qu'il avait en face
de lui, il ne put s'empêcher de lui crier: " Mais vous
êtes devenus complètement fous ! " Son bon sens
prolétarien ne pouvait en effet s'expliquer autrement
pareille stupidité.
Le camarade Jurquet, fils de notre
secrétaire politique, de la Section de Marseille, fut
contraint de suivre les agresseurs, sous la pression de
revolvers collés contre son dos, mais bientôt,
conservant tout son sang-froid, il profita d'un instant
d'inattention de ses ravisseurs pour jeter à terre
l'un d'eux, bousculer les deux autres avec lesquels il roula
dans un fossé, puis réussit à
s'échapper bien que couvert de coups, sous les coups
de feu.
Pendant ce temps la protection du lieu du
Congrès était renforcée, mais cela ne
plaisait pas à la police, qui fit bientôt
intervenir deux gardes républicains
précédés d'un énorme chien-loup
auquel l'un d'eux commandait: " Attaque! Attaque! " et qui
brandissaient aux poings leurs revolvers !
Un camarade fut mordu légèrement,
tandis que l'unanimité des congressistes
regroupée devant le siège du Congrès
entonnaient une ardente " Internationale ".
Alors, pouvoir et révisionnistes durent
constater l'échec complet de leurs tentatives, le
Congrès put continuer ses travaux dans une
extraordinaire ambiance.
On peut véritablement dire que notre
Parti communiste marxiste-léniniste de France est
né sous les balles des traîtres au communisme
que sont devenus les khrouchtchéviens
français.
En fait, ce ne sont pas même les cinq ou
huit nervis, qui sont venus là revolver aux poings,
tremblant de tous leurs membres comme le froussard Pecout,
qui sont les véritables responsables. Et c'est une
première raison qui justifie la décision de
notre Comité central de n'intenter contre eux aucune
poursuite, d'autant plus que la justice bourgeoise
s'empresserait évidemment de reconnaître en eux
ses propres serviteurs et les protégerait. Mais le
peuple, la classe ouvrière, eux, constituent la
véritable justice et c'est à eux que nous
déférons ces petits provocateurs sans
envergure. Ainsi, un camarade encore membre du parti
s'est-il spontanément présenté au
journal La
Marseillaise pour protester
contre de telles méthodes. L'ancien
séminariste Georges Righetti, également
secrétaire fédéral, a eu ce mot
vraiment pittoresque dans sa bouche: " Tu ne les connais pas, toi, les prochinois !
Ils sont pires que le "diable" ! ". Voici le malheureux Righetti en proie aux
affres de sa foi originelle ! Puis il a ordonné
l'expulsion des locaux de La
Marseillaise de ce camarade de
base indigné. Mais ce n'est pas tout: nous sommes
déjà informés des réactions
nombreuses de camarades de la base du PCF, qui se
désolidarisent sans équivoque de telles
pratiques et désavouent ceux qui les ont
ordonnées. C'est notamment le cas de plusieurs
ouvriers de la Transat, de médecins de la Mutuelle
CGT, de militants syndicalistes, etc. La
préméditation ne fait pas l'ombre d'un doute.
C'est le Comité central lui-même qui a
ordonné l'exécution de cette provocation.
D'ailleurs, nous en étions informés depuis
déjà plus d'une semaine.
En effet, le directeur des ventes de
La Marseillaise, le père du jeune voyou Maurice Pecout,
avait apostrophé dans la rue un de nos camarades, en
lui disant, la veille de Noël : "Alors, c'est pas
aujourd'hui, votre Congrès ? ... Nous savons que
c'est à Marseille ! Vous allez voir, tout est
préparé, on va tout vous démolir et on
va vous foutre en l'air !"
Mais ce qui est plus sérieux, ce sont
les propos tenus par Georges Lazzarino, membre du
Comité central, en privé et aussi
publiquement, le samedi 30 décembre aux Salons Saint-
Louis à Marseille, au cours de l'apéritif
fraternel ( encore un !) organisé en l'honneur des
"cadres" révisionnistes du département, avec
force bouteilles de champagne et autres vins fins. Pour nous
en tenir au compte-rendu publié par La Marseillaise
dès le lendemain matin, voici ce que dit ce
spécialiste des mensonges lancés contre les
marxistes-léninistes: " Ceux-ci (les
monopoles), conscients des
résultats catastrophiques de leur politique
économique et sociale, font s'agiter toute une
série de groupuscules gauchistes, maoïstes,
trotskystes. L'intérêt du mouvement de masse,
dit-il avec force, nous commande une rigueur exemplaire
à l'égard de ces groupuscules. "
La rigueur des revolvers,
n'est-ce pas, monsieur Lazzarino ?
Vous voici pris sur le fait: En effet, deux, et
certainement pour le moins trois, des hommes de main que
vous avez lancés dans les bois de Puyricard, ne
sont-ils pas justement des permanents de votre quotidien
La Marseillaise ? Les ouvriers de l'imprimerie ne savent-ils
pas que ces gens-là bénéficient de
toutes vos sollicitudes et qu'en définitive leurs
fonctions de typographes, de titreur pour Lanzada, ne sont
que des couvertures ?
Nous n'en diront pas plus publiquement pour
aujourd'hui.
C'est à la seule classe ouvrière,
propre, saine, écoeurée de tels
procédés que nous en appelons, et à
personne d'autres. Elle a su rejeter les méthodes des
sabianistes, comme des doriotistes. Elle saura
inéluctablement rejeter les mêmes
méthodes reprises maintenant par les dirigeants
révisionnistes, qui utilisent à cette fin des
hommes sur lesquels ils peuvent faire pression, les "
permanents ".
|