L'HUMANITÉ ROUGE n° 493 -mercredi 19 mai 1976
Quotidien des communistes marxistes-léninistes de france

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Les nationalisations: une solution miracle ? (3)

EDF-GDF: A L'OFFENSIVE
CONTRE LE RÉVISIONNISME

        L'article publié hier a montré que, sur la base d'une baisse du salaire réel, les travailleurs étaient fortement combatifs, mais qu'ils devaient affronter la ligne des dirigeants révisionnistes de défense de la hiérarchie, du capitalisme lui-même. L'évolution récente de cette lutte montre bien qu'un combat sans merci est à mener contre le révisionnisme, même pour arracher la satisfaction des revendications immédiates.

      Les révisionnistes ont été aussi contraints de développer devant les travailleurs leur ligne sur cette question, leur projet politique. A. Le Guen, dirigeant de la fédération CGT, membre du conseil d'administration de la CCAS et du Comité central du PCF, a bien précisé sa position: "Nous sommes attachés au respect INTÉGRAL de la hiérarchie."

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LES RÉVISIONNISTES
ET LA HIÉRARCHIE
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      Toutes les publications CGT, les tracts actuellement diffusés, prennent pour cible centrale la position de la CFDT, les "augmentations égales pour tous". Citons rapidement : " La position de la CFDT est erronée car elle tend à remettre en cause la hiérarchie des salaires". "La défense de la hiérarchie des salaires est un des aspects de la résistance des travailleurs à l'exploitation capitaliste qu'ils subissent". " Quel que soit le régime économique (capitaliste ou socialiste) on constate que les salaires sont différenciés en fonction de l'emploi qu'occupent les travailleurs". "Par ses propositions démagogiques et incohérentes d'augmentations égales pour tous, la CFDT ne clarifie donc pas les problèmes et tend à abaisser le niveau revendicatif" ."Cette position va dans le sens de la politique du pouvoir et du patronat (donc des directions générales), qui, sous couvert d'une prétendue "réduction des inégalités sociales" consiste à s'en tirer aux moindres frais par une répartition égalitaire de la pénurie et, en fait, à tromper les travailleurs afin de leur faire accepter l'austérité au nom des sacrifices pour tous", etc.
      Cette lutte sur l'objectif revendicatif, sur la hiérarchie, ne tourna pas souvent à l'avantage des dirigeants révisionnistes, tout au moins là où les militants et adhérents CFDT osèrent affronter publiquement les révisionnistes et contribuer à les démasquer. Il est en effet clair qu'avec cette campagne les dirigeants CGT montrent leur vrai visage: celui de bourgeois qui veulent perpétuer le système d'exploitation capitaliste, maintenir la même exploitation des travailleurs, sous la même hiérarchie, en remplaçant les détenteurs actuels du capital et du pouvoir d'État par leur clique de traîtres. Bref un véritable capitalisme monopoliste d'État, à la mode russe.

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LA GRÈVE
DE L'INFORMATIQUE
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      Après la satisfaction des revendications des magasiniers d'Issy-les-Moulineaux qui avaient, grâce à 48,heures de grève, paralysé le fonctionnement des ordinateurs par rupture du stock de papier, début février , l'ensemble des services de l'informatique se met en grève à Issy-les-Moulineaux, Clichy, Orléans, Lyon et Toulouse. Des comités de grève sont élus, chaque jour des assemblées générales décident de la poursuite de la grève, gênant considérablement les directions dans ce secteur stratégique: arrêt de l'envoi des factures d'électricité et de gaz.
      Parmi les revendications figurait la levée du blocage actuel dans le passage d'"exécution" à "maîtrise" (similaire au problème du passage de OS à OP dans l'industrie), qui concerne de très nombreux travailleurs dans tous les services d'EGF. Les possibilités d'étendre la lutte à l'ensemble du personnel étaient donc réunies. Mais les fédérations laissèrent la grève totalement isolée et cloisonnée et ne firent même rien, surtout la CGT, pour informer le reste du personnel.
      Après trois semaines de grève, le mouvement devait être arrêté début mars sur pression des dirigeants révisionnistes, rien n'ayant été obtenu sur l'essentiel. La détermination des grévistes, les assemblées générales, les comités de grève faisaient peur aux révisionnistes !
      La même tactique devait être employée quelques jours après, puisque en pleine grève de la SNCF les fédérations CGT et CFDT appelaient à une grève de 24 heures pour le 7 avril, soit quinze jours après, au lieu de contribuer à étendre le mouvement immédiatement à l'ensemble du secteur public et nationalisé.

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LA GRÈVE DU 7 AVRIL
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      Le seul objectif commun que les deux fédérations CGT et CFDT purent définir pour cette nouvelle grève de 24 heures était l'ouverture de négociations, puisque la fédération CFDT continuait à défendre les augmentations égales pour tous. Mais ces augmentations tant réclamées étaient déjà fixées au 15 avril ! C'était donc un nouveau mouvement pour canaliser la combativité des travailleurs, pour avoir l'air de faire quelque chose, sans prendre le risque d'un mouvement d'ensemble.
      De nombreuses sections, et même des syndicats, CFDT et CGT, refusèrent cette mascarade, sur la base de l'échec des grèves de novembre 1975. Dans d'autres cas, les grévistes dépassèrent les consignes de coupures qu'ils avaient reçues et arrêtèrent à deux reprises la SNCF et le métro parisien. Au total la participation à la grève ne fut que de 55 à 60 %, nettement au-dessous des actions habituellement lancées par la CGT et la CFDT.
      Rien d'étonnant, dans ces conditions, que les négociations du 15 avril entre les fédérations et les directions ne débouchent sur rien d'autre que l'application de la fameuse "convention salariale".

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LA GRÈVE TOURNANTE
DU 27 AU 29 AVRIL
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      Après l'échec de cette négociation, les deux fédérations CGT et CFDT se rencontrèrent à nouveau. Mais la fédération CGT exigea que la CFDT abandonne sa revendication de "300 F pour tous". Devant le refus de celle-ci, elle rompit tout contact et décida de lancer seule, toujours pour redorer son blason à la veille des élections, sur son mot d'ordre de 15 % hiérarchisés, des grèves de 24 heures tournantes par régions du 27 au 29 avril.
      Nouvel échec: dans de nombreux centres le taux de participation à la grève atteint à peine 10 %, les travailleurs montrent ainsi leur volonté de refuser les augmentations entièrement hiérarchisées et la farce des grèves de 24 heures, tournantes ou non. Pour faire croire cependant à un succès de cette grève, les responsables CGT incitèrent les grévistes à couper le courant plus que d'habitude.

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LES SANCTIONS
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      Les directions en profitèrent pour sanctionner des grévistes ayant coupé le courant : 4 blâmes au centre de Bourg-la-Reine, ainsi qu'à Lille, Valenciennes, etc. toujours contre des militants de base de la CGT. La réaction des travailleurs ne se fit pas attendre. Dès le lendemain des sanctions, à Bourg-la-Reine, ils décidaient la grève reconductible jusqu'à la levée des sanctions, l'occupation du centre, l'élection d'un comité de grève, des coupures des industriels, le dépannage gratuit des "abonnés domestiques" .Localement la CFDT décida de participer au mouvement contre ces sanctions, malgré l'opposition de la fédération qui estimait qu'il s'agissait d'une opération électorale de la CGT.
      Le lendemain un rassemblement des travailleurs de la région parisienne était organisé au siège de la direction générale par la fédération CGT pour exiger la levée des sanctions. Les syndicats CFDT de la région parisienne décidèrent de participer à cette manifestation. Devant le personnel rassemblé, le secrétaire général adjoint de la CGT prit la parole et réussit à ne pas dire un mot des sanctions, mais parla uniquement des fameux 15 % hiérarchisés, ce qui provoqua de nombreux débats parmi les participants.
      Devant le refus des directions générales de céder, nouveau rassemblement le 5 mai.
      La grève continuait et se durcissait à Bourg-la-Reine, le chef de centre y avait été séquestré plusieurs heures et les travailleurs avaient décidé de bloquer la direction générale jusqu'à la levée des sanctions. Nouvelle astuce des révisionnistes: ils négocièrent un compromis boiteux (du nom du directeur général d'EDF) : les sanctions étaient "suspendues pour complément d'enquête". Et les révisionnistes présentèrent cela comme la levée des sanctions, criant victoire: la CGT était enfin efficace ! Ce qui permettait de faire reprendre le travail et d'éviter un mouvement d'ensemble.
      Mais dès le surlendemain, le directeur général annonçait que, vu son complément d'enquête, les sanctions étaient maintenues ! L'orage était passé, le travail avait repris, la manoeuvre avait joué à plein. Dès cette annonce, de nombreuses cartes CGT volèrent en éclat à Bourg-la-Reine et les révisionnistes furent traités de traîtres.
      Les deux fédérations CGT et CFDT se revoyaient le 7 mai justement pour envisager leur participation à la "journée d'action" CGT-CFDT du 13 mai. Les révisionnistes, venant d'apprendre le maintien des sanctions, proposèrent à la CFDT de faire une grève de 24 heures contre les sanctions. La CFDT refusa, puisque pour elle les sanctions étaient levées. La CGT garda son information et la réunion ne dura que quelques minutes. Le 10 mai les révisionnistes pouvaient claironner: " Face aux sanctions, la CGT est la seule à agir, la CFDT fait le jeu des directions."
      Tous ces faits peuvent plutôt ressembler à un roman de la série noire. Mais ils démontrent à quoi en sont réduits les dirigeants révisionnistes pour empêcher le mouvement de masse de se développer, pour canaliser la combativité des travailleurs. Mais ils soulèvent là des pierres pour se les faire retomber sur les pieds.

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LES COMMUNISTES
MARXISTES-LÉNINISTES
DANS L'ACTION
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      Tous ces éléments le montrent bien: les directions, le pouvoir, mais aussi les révisionnistes sont aujourd'hui sur la défensive. Le mouvement de masse se développe et s'approfondit à EGF. Comme ailleurs. Le rôle de la CFDT, même s'il reste souvent ambigu, est positif car il montre que les révisionnistes ne sont pas seuls, qu'il peut exister une alternative de classe à leur trahison.
      Encore faut-il que le mouvement de masse soit dirigé sur de justes bases prolétariennes. C'est justement le rôle, dans le mouvement, des communistes marxistes-léninistes et de leur parti. La lutte pour des augmentations égales pour tous, pour imposer la démocratie prolétarienne, pour les assemblées de travailleurs prenant des décisions, pour des comités de grève, si elle est indispensable, ne suffit pas. Il n'est pas de victoire possible pour les revendications, il n'est pas d'unité réelle des travailleurs sans une lutte sans merci contre le révisionnisme, pour dénoncer sa pratique totalement bourgeoise, pour montrer leur perspective de prise du pouvoir et de maintien du système capitaliste, pour organiser la classe ouvrière et lui redonner confiance en fixant bien le but : la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat.  

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