l'Humanité Rouge n°637 - 3 mars 1977 - p6

informations générales

 

Assises nationales contre
la pollution industrielle
et les maladies professionnelles

UN PAS EN AVANT DANS LA LUTTE
CONTRE LA POLLUTION

Comme nous l'avons relaté dans notre précédente édition, le week-end dernier se sont tenues à Paris
les premières Assises nationales contre la pollution industrielle et les maladies professionnelles, à l'appel du Comité de liaison et d'information sur la santé et les conditions de travail (CLISACT ). Ces assises sont véritablement un pas en avant.
Le sérieux des travaux comme la bonne organisation des assises, mais surtout le thème choisi et le
pourcentage assez élevé d'ouvriers et de petits paysans (un quart des participants) était une première garantie de succès que le déroulement des travaux ne démentira pas.

LA PAROLE
AUX TRAVAILLEURS

Le premier fait marquant, était sans aucun doute la ferme volonté de donner la parole aux travailleurs :
ouvriers d'usine qui expliquaient leurs conditions de travail dans le forum sur les maladies professionnelles ; travailleurs du nucléaire venus de La Hague ou de Marcoule, dans le forum sur le nucléaire ; petits paysans, dans le forum sur l'alimentation, etc.
 
Tous ces témoignages étaient très fouillés et très documentés, suivis de questions posées par une
assistance soucieuse de connaître en détail la vie dans les usines, les conditions de travail des paysans et d'en tirer les conclusions.

DES INTELLECTUELS
AU SERVICE DE LA CLASSE OUVRIERE

Il y avait aussi de nombreux hommes de sciences, certains célèbres comme Haroun Tazief ou les
professeurs Minkowski et Suchet, et beaucoup de chercheurs, de techniciens, de médecins du travail, de vétérinaires.
 
Tous étaient unis par la volonté de mettre leurs connaissances scientifiques au service de la lutte de la
classe ouvrière et aussi d'apprendre de la classe ouvrière, car c'est elle qui, dans les usines, souffre dans sa chair des maux du capitalisme.

UNE GRANDE VOLONTÉ
D'UNITÉ

Comme la pollution industrielle, sous ses multiples aspects, frappe non seulement les ouvriers, mais
aussi les petits paysans et la population environnante, comme les trusts capitalistes étendent de plus en plus leurs tentacules au-delà des frontières, le CLISACT avait mis le thème de l'unité au centre de ses travaux. Des syndicalistes (CFDT pour la plupart), dénoncèrent les manoeuvres de division patronales au sein des usines, des petits paysans dénoncèrent la bourgeoisie qui voulait faire tomber sur les ouvriers la responsabilité de la pollution dégagée par les usines, etc.
 
Des membres des comités de lutte contre la catastrophe de Seveso, venus d'Italie, donnèrent une
dimension internationale aux assises. Ils expliquèrent à la fois les conditions de travail dans les usines italiennes (Olivetti par exemple), la lutte de la population de Seveso en unité avec les ouvriers, le rôle des médecins progressistes dans cette lutte.

MENER LA LUTTE

Le second thème mis au centre des travaux était que la lutte est possible. C'est un point capital.
Non seulement personne ne prêcha la fuite, ou la marginalisation, comme "solution" mais de plus, de nombreux intervenants ou bien dénoncèrent ces "solutions" de facilité qui ne changent rien ou bien insistèrent sur la nécessité de la lutte. Et là encore il fut souligné à maintes reprises que la lutte devait partir des usines, être dirigée par les ouvriers eux-mêmes.

UN GRAND INTERÊT POUR LA CHINE

L'étude de la réalité chinoise, des solutions que trouve peu à peu la Chine socialiste, fut présente dans
presque tous les forums et en assemblée générale.
Toutefois, bien que certains enseignements en aient été tirés, les travaux n'ont pas permis de dégager
vraiment toutes les leçons de ces analyses.
Toutefois, cette volonté constante de prendre la Chine socialiste comme point de référence est un fait
éminemment positif, riche d'espoirs.

UNE CERTAINE CONFUSION POLITIQUE

Une constatation marqua explicitement tous les travaux : les maux de la pollution sont des maux du
système capitaliste lui-même. Il faut donc changer de système. Mais là les perspectives ouvertes ont été très vagues.
 
Des mots furent lancés comme "démocratie directe", "gouvernement populaire et démocratique",
"autogestion sanitaire", "contrôle ouvrier sur la santé", etc. autant de concepts flous pour le moins, derrière lesquels chacun pouvait mettre un peu ce qu'il voulait, d'autant plus qu'il n'y eut aucune discussion sur ce sujet.

DES ILLUSIONS
RÉFORMISTES

Ce flou au niveau politique (quelle société voulons-nous) n'a pas été sans certaines illusions de type
réformistes.
De nombreux intervenants (syndicalistes CFDT surtout) ont parlé de la possibilité de faire des CHS,
actuellement outils du patron, des outils des travailleurs. De même, l'idée que l'on pourrait mettre la médecine du travail au service des travailleurs est dangereuse. Seul un rapport de force créé dans la lutte peut faire reculer le patronat.
Mais là n'est pas la véritable solution. Pour en finir avec la pollution, il faut en finir avec le capitalisme.
 
Voilà pourquoi nous pensons que ces assises furent très positives: une documentation fouillée et
détaillée, des Perspectives anticapitalistes affirmées sont des conditions indispensables pour que la lutte contre la pollution devienne une partie intégrante de la lutte de classe. Et c'est cela que les participants ont trouvé.

 

Adresse du CLISACT
56 rue des Guipons
94800 Villejuif
Tél : 677 28 30

Infos et notes des EP (avril 2006) :
Le CLISACT fut lancé à la suite de la mobilisation autour du TRIBUNAL POPULAIRE DE LIÉVIN

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