L'Humanité Rouge (Quotidien des communistes marxistes-léninistes de France)
n°970- mardi 18 avril 1978- page 2

Kampuchéa démocratique

            Trois ans après: une société socialiste en marche

                                                                                                                 Interview du camarade Pol Pot (1)

      Il y a trois ans, le 17 avril 1975, l'Armée révolutionnaire du Kampuchea entrait dans Phnom Penh et libérait ainsi la totalité de son pays.

Le peuple du Kampuchea, enfin maître de son pays après des siècles d'esclavage et de dépendance, et ayant en même temps brisé les anciens rapports de production capitalistes et féodaux, s'adonnait avec la même force que lors de la guerre de libération nationale à la reconstruction de son pays. Il édifie depuis sa patrie socialiste, sous la direction du Parti communiste du Kampuchea qui l'a guidé jusqu'à la victoire.
   Nous publions dans ce numéro, et dans nos trois prochains numéros, de larges extraits de l'interview accordée par le secrétaire du Comité central du PCK et Premier ministre du gouvernement du Kampuchea, Pol Pot, à une délégation de journalistes yougoslaves qui ont visité le pays dans le courant de mars.

      - Respecté camarade Pol Pot, vous allez bientôt fêter le troisième anniversaire de la libération de votre pays. Voudriez-vous nous dire quels sont les résultats marquants dans la construction et la reconstruction du pays pendant ces trois années ?

R : Je réponds avec plaisir à votre question. Au cours de ces presque trois dernières années, nous avons obtenu un assez grand nombre de résultats satisfaisants dans le relèvement et l'édification du pays, mais je voudrais tout d'abord vous dire qu'il nous reste encore beaucoup à faire.
  Le premier résultat marquant est que nous avons résolu le problème agricole, notamment dans le domaine de la riziculture. Avoir résolu le problème de la production rizicole, c'est avoir suffisamment de riz pour nourrir notre peuple. En 1976, notre plan prévoyait un rendement de trois tonnes de paddy à l'hectare. Nous avons atteint 80 à 90% de cet objectif, ce qui nous a permis de résoudre les conditions de vie de notre peuple et de procéder également à des exportations de riz. En 1977, notre plan prévoyait un rendement de trois tonnes de paddy à l'hectare pour une récolte et de six tonnes à l'hectare pour deux récoltes par an. Nous avons réalisé ce plan à près de 100%, ce qui nous a permis d'obtenir, en 1977, une production de paddy bien supérieure à celle de 1976, d'améliorer les conditions de vie de notre peuple et d'augmenter la quantité de riz exporté.

      Notre devise est : " Si nous avons du riz, nous pouvons tout avoir " parce que le peuple peut manger à sa faim, nous avons du riz à exporter et nous pouvons importer les produits dont nous avons besoin. Les résultats obtenus dans la production agricole reposent sur des bases constituées par des aménagements hydrauliques fondamentaux que nous avons déjà réalisés. Ces aménagements hydrauliques constituent un acquis important qui assurent à l'avenir la production rizicole et agricole. Et une fois résolu le problème agricole, les autres secteurs comme l'industrie, l'artisanat, les secteurs social et culturel peuvent, à partir de cette base, également se développer.
      Un autre résultat marquant est que nous avons éliminé le paludisme à 90 %. Aussi, les conditions de vie de notre peuple dans le domaine de la santé se sont-elles beaucoup améliorées.
      Un autre résultat marquant est l'élimination fondamentale de l'analphabétisme qui fut une tare de l'ancienne société. Certes, dans l'ancienne société, il y avait des facultés, lycées, collèges et écoles primaires dans les villes, mais la majorité de la population rurale était analphabète. Maintenant, nous avons résolu fondamentalement ce problème. Notre peuple sait lire et écrire. Ce sont là les bases qui permettront à notre peuple d'accroître, au fur et à mesure, son niveau culturel. Ce n'est pas une partie seulement de la société, mais c'est le peuple tout entier qui peut apprendre et étudier. Nous nous appuyons sur ces fondements pour développer l'éducation et l'instruction.
      Quant aux autres résultats, ils sont moins marquants, mais je voudrais vous dire que nous avons créé et développé le réseau sanitaire dans tout le pays. Chaque coopérative a son centre médical et son centre de fabrication de médicaments traditionnels, nationaux et populaires.

Dans la nouvelle société, un effort important est fait pour éliminer l'analphabétisme     

Nous avons des médecins dans tout le pays, dans toutes les coopératives et même dans les régions les plus reculées du pays. Le niveau de ces médecins est encore élémentaire, mais en nous appuyant sur cette base, nous développerons, au fur et à mesure, leurs compétences.

      En ce qui concerne l'artisanat et les ateliers, il n'y a pas de réalisations spectaculaires. Mais nous avons créé partout un réseau d'ateliers. Chaque coopérative possède ses artisanats et ses ateliers. Ce sont là les bases pour développer l'artisanat et permettre de l'acheminer progressivement vers l'industrialisation.
      Ce sont là un certain nombre de résultats marquants. Ils ont été obtenus grâce aux efforts de notre peuple, sous la direction de notre Parti communiste du Kampuchea. Le peuple travaille de ses propres mains, constate lui-même les résultats de son travail et il en est enthousiasmé.

 

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Suite de l'interview dans HR n°871è

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