l Kampuchea démocratique socialiste en marche Interview du camarade Pol Pot (2) - Q : Au cours de notre bref séjour dans votre beau pays, nous avons eu des preuves que votre révolution coupe radicalement avec le passé. Quel modèle de société êtes-vous en train de construire ? R : Nous n'avons pas de modèle pour bâtir
notre nouvelle société. Le Congrès
national spécial qui s'est tenu à la fin du
mois d'avril 1975 a bien précisé que le
rôle déterminant dans la révolution,
dans la guerre de Libération nationale, est tenu par
le peuple ouvrier et paysan qui constitue l'écrasante
majorité de la population. C'est ce peuple ouvrier et
paysan qui a supporté le plus lourd fardeau dans la
révolution, aussi c'est ce peuple ouvrier et paysan
qui doit bénéficier le plus des acquis de la
révolution, à présent comme à
l'avenir. Le préambule de notre Constitution a
également stipulé ce point. Notre aspiration
est de construire une société où
règnent pour tous le bonheur, la
prospérité, l'égalité, où
il n'y a pas de classe exploiteuse ni de classe
exploitée, ni exploiteurs ni exploités, et
où tout le monde participe aux travaux de production
et à la défense nationale. C'est sur ces bases
et dans ce but que nous édifions la nouvelle
société. Ainsi, l'édification de la
nouvelle société est entreprise
conformément aux aspirations de l'ensemble du peuple,
et notamment celles du peuple ouvrier et paysan qui
constitue la majorité écrasante de la
population. - Q : D'après ce que nous avons vu dans cette phase de votre révolution, vous avez mis toutes vos forces nationales pour développer l'agriculture. Auriez-vous l'intention de développer aussi l'industrie et comment comptez-vous créer la base technique, c'est-à-dire comment allez-vous former les cadres nécessaires pour cette orientation, car pour le moment, à notre connaissance, vous n 'avez ni universités ni écoles techniques ? R : Nous avons des objectifs et des plans pour développer rapidement l'industrie. En nous basant sur l'agriculture, nous nous efforçons de développer l'industrie. Nous estimons que pour avoir une économie indépendante, nous devons développer l'agriculture, l'industrie, l'artisanat et les autres secteurs. Aussi, c'est une orientation sur laquelle nous portons beaucoup d'attention. Mais pour édifier l'industrie, où trouver des capitaux ? Nous nous appuyons pour cela sur l'agriculture. Par exemple, nous avons établi des relations commerciales avec les camarades yougoslaves. Nous exportons des produits agricoles et nous importons des produits industriels, à la fois pour les besoins de l'agriculture et pour ceux de l'industrie. Parallèlement à cela, nous avons une politique pour former rapidement de nombreux techniciens nationaux. Si nous parlons de facultés, d'enseignement supérieur et secondaire comme auparavant, ils peuvent vous paraître inexistants, mais nous formons des techniciens à partir de la base. Dans les coopératives, il y a plusieurs ateliers spécialisés où les études sont étroitement liées au travail de production. Il en est de même dans les usines, à Phnom Penh comme dans les provinces (...). Nous formons nos techniciens à partir de la base et nous élevons leur niveau technique au fur et à mesure. Ils participent aux travaux de production, et ils acquièrent des expériences concrètes, positives et négatives, qui les font progresser.
Avant la Libération, certains parmi vous sont déjà venus plusieurs fois au Kampuchea. A ce moment-là, il y avait très peu de techniciens nationaux. Il y avait beaucoup plus de techniciens étrangers. Maintenant, nous attachons une grande importance à la formation de techniciens nationaux. (...) Nous portons beaucoup d'attention à ce problème de développement industriel et à la formation de techniciens nationaux. Nous élèverons le niveau de nos techniciens nationaux par nos propres moyens. Nous estimons pouvoir le faire à un certain degré. En alliant étroitement les études à la pratique concrète, ils acquièrent progressivement des expériences. Ensuite, ils iront en stage dans des pays amis où ils étudieront et accroîtront leurs connaissances scientifiques et techniques. Ce sont là les principes sur lesquels nous nous basons. Mais nous n'enverrons nos stagiaires que dans des pays amis. | |